Le Dr Gilletta a présenté son propos, de façon très accessible par trois interrogations pragmatiques :
Le rôle de l'alimentation dans la survenue de MICI ?
(donc avant même d'être concerné par le Crohn ou la RCH !, Ca concerne tout le monde !)
Grâce à des études scientifiques, principalement américaines, on sait aujourd'hui de façon certaine que "l'environnement" (au sens mode de vie) joue un rôle indubitable dans la survenue d'une MICI et que le risque de déclarer une MICI est accru par le tabagisme, la forte consommation de viandes rouges et la faible part alimentaire de fibres tels que les fruits et légumes.
Le point clé à retenir c'est que les grands "responsables" au niveau alimentaire qui augmentent le risque de déclencher une MICI sont les produits ultra-transformés ! Le pain industriel, les plats surgelés et/ou préparés, les pâtes à tartiner et autres fromages industriels sont en première ligne sur le banc des accusés.
La conservation des aliments et particulièrement la congélation ainsi que les additifs sont les principaux facteurs à prendre en compte. Concernant les additifs, un accent a été mis sur les émulsifiants et en particulier le carraghénane aussi appelé par son petit nom "E 407" ! C'est un épaississant souvent retrouvé dans les cordons bleus industriels, crèmes glacés, laits végétaux et autres produits à tartiner. A savoir que cet additif est autorisé, même en agriculture biologique, et le pallier est fixé à un taux compris entre 0 et 75mg/kg/jour par l'Union Européenne. A haute dose, le E407 majore significativement le risque de développer une MICI.
On sait aujourd'hui que l'alimentation modifie le microbiote (l'ensemble des micro-organismes) de l'intestin est que les produits d'origines végétales et les graisses insaturées sont plutôt favorables au développement de BONNES bactéries pour l'organisme contrairement aux produits d'origines animales et les graisses saturées (retrouvées dans les produits ultra-transformés !) peuvent causer des dommages, des inflammations et sont responsables du développement de mauvaises bactéries pour l'intestin.
Que manger avec une MICI ?
Lorsque l'on est atteint d'une MICI, l'important est d'adapter son alimentation à son niveau de symptômes. En cas de poussées, il est préférable d'éviter de manger ce qui crée des gaz et ballonnements pour laisser ses intestins au repos. En poussée sévère, un régime sans résidu est souvent conseillé (sans fibres végétales) mais est à limiter dans le temps. En effet, il est préconisé de réélargir son alimentation dès que possible pour éviter les carences. Cela est également valable pour les régimes spéciaux qui peuvent soulager les symptômes (FODMAPS, Sans gluten, sans lactose, etc.) pendant quelques semaines.
Une alimentation diversifiée et équilibrée est à rechercher sur le long terme.
A l'heure actuelle, la communauté scientifique n'a pas démontré de lien évident entre alimentation biologique et rémission même si on sait qu'une alimentation issue de l'agriculture biologique est plus riche en magnésium, en zinc et en oméga 3 et 6 favorables au microbiote.
Par contre, des études scientifiques récentes montrent un lien entre la consommation importante de viandes rouges et transformées, d'œufs et d'alcool ET des rechutes / apparitions de nouvelles poussées.
La nutrition peut-elle être considérée comme un traitement ?
Alors que les scientifiques ne se penchaient pas du tout sur cette question et que les médecins ne parlaient que très peu alimentation pendant les consultations de gastroentérologie encore récemment, aujourd'hui SCOOP !! NEWS !!!
L'alimentation commence à être considérée comme un traitement à part entière !
En effet, une étude israélienne (Levine A. et al., 2019) (!) publie des résultats plus qu'encourageants sur un régime le Crohn Disease Exclusion Diet (CDED) qui consiste à exclure certains aliments ( matières grasses animales, blé, produits laitiers, viande rouge ou transformée, émulsifiants, édulcorants) et à en privilégier (fruits et légumes), d'autres avec des aliments obligatoires journaliers à consommer : du blanc de poulet frais 150 à 200g, 2 œufs, 2 bananes, 1 pomme crue, 2 pommes de terre cuites vapeurs et réfrigérées avant ingestion.
Un indice inflammatoire alimentaire (IIA) a même été crée pour identifier les aliments à risque inflammatoire.
Lors d'un échange dans la salle, la question de la température de cuisson a également été soulevé, le Dr Gilletta a effectivement précisé qu'elle avait un rôle délétère à haute température comme les fritures contrairement au cuisson vapeur qu'on peut d'ailleurs retrouver dans le régime / traitement CDED !
Côté local, l'AFA forme des diététiciennes sur ces questions et mets à jour des informations sur MICI Connect.
Vive l'alimentation saine, équilibrée et de saison !