Il fait déjà très très chaud ce matin à Managua. Cette capitale de 2 100 000 habitants, se situe à seulement 56 mètres au dessus du niveau de la mer. Or, plus nous descendons vers le sud et vers l’altitude zéro, plus la chaleur et l’humidité deviennent pesantes ! C’est donc déjà bien réchauffés que nous entamons notre visite de la ville... 😅 sans guide digne de ce nom, puisque depuis que nous sommes au Salvador, nous voyageons avec le Petit Futé, bien moins fonctionnel que le Lonely Planet (qui existe cependant en anglais pour ces pays).
Après 35 minutes de marche, dans les rues et grandes avenues de Managua désertées...
... nous arrivons à la Catedral Metropolitana Immaculada Concepcion de Maria, au moment de la messe du dimanche matin, rassemblant plus de 2 000 personnes chaque semaine ! Cette nouvelle cathédrale de Managua, œuvre de l’architecte mexicain Diego Lagorreta, fut inaugurée en 1993, pour remplacer l’ancienne cathédrale, très endommagée par le tremblement de terre de 1972 et donc inutilisable. De facture résolument contemporaine, voire postmoderne, elle surprend immanquablement le voyageur et fascine ou irrite.
Version Mickeyville de la Catedral Metropolitana La suite de notre visite nous conduit à la Plaza Rotonda Inter avec l’effigie de Hugo Chavez, ancien dirigeant du Venezuela et nouvelle icône latino-américaine anti-capitaliste, et ces fameux arbres que vous avez pu apercevoir illuminés hier ! Il s’agit de gigantesques arbres métalliques colorés dont certains disent que chacun d’entre eux, plus de 140 dispersés dans la ville, aurait coûté jusqu’à 20 000$ au contribuable...
Chavez et les arbres de vie, une ambiance… Alors pourquoi ces arbres ? Que symbolisent-ils ? Ils sont installés depuis 2013, à la demande de Rosario Murillo, l’épouse du Président Daniel Ortega, fanatique de ce symbole représentant l’Arbre de la Vie dessiné par Gustave Klimt en 1909. Le message au peuple est que ces arbres lui porteront chance, mais dans un pays où la déforestation fait rage, où les professeurs reçoivent un salaire mensuel de moins de 40$ par mois, où l’argent public est continuellement détourné et où les élections truquées sont un sport national, certains évoquent un nouveau symbole du pouvoir politique en place, une grande farce narguant le peuple impuissant... Les grandes avenues désertes, où ces arbres sont plus nombreux que les passants, semblent leur donner raison…
Après 2 long kilomètres, toujours sans croiser âme qui vive et en plein soleil, nous arrivons sur la grande Plaza de la Revolution, où se trouve la miraculée Antigua Catedral Metropolitana de Santiago de Managua.
Antigua Catedral Metropolitana Construite peu avant 1931, détruite par le premier tremblement de terre, elle ne fut inaugurée qu’en 1938 pour le centième anniversaire de la ville. Et en 1972, elle fut sévèrement touchée par la deuxième secousse tellurique du siècle. Depuis, elle serait encore en restauration (?) et suscite un étrange sentiment de décalage et d’anachronisme!
A ses côtés trône fièrement la Casa Presidencial ou Palacio Nacional, d’une facture résolument néoclassique, pas forcément belle, construite après la destruction de l’ancien palais, également lors du tremblement de terre de 1972.
Palacio Nacional, et ses portraits à vertu pédagogico-nationalistes.Non loin, se trouve également la fontaine en marbre de Ruben Dario (pour notre part, nous connaissions surtout Brigitte 😉) ornée de vers du consacré poète national.
De là, nous voyons apparaître une nouvelle place immense, toujours aussi peu fréquentée, sur laquelle se mêlent les fameux arbres de vie, un monument en l’honneur de Jean Paul II, un monument à la gloire de Sandino (héros de la révolution pour l’indépendance dans les années 1930)...
... et une magnifique vue sur le Lac de Managua et les sommet qui l’entourent !
Le Lac Nicaragua En poursuivant notre route (oui ça commence à faire quelques kilomètres, nous trouvons nous aussi, parce que n’oublions pas que nous sommes à pied ! 😅), nous arrivons au Paseo Xolotlan, aussi appelé Mickeyville par Thierry qui n’apprécie pas beaucoup de se sentir géant dans une ville de minipouces 😜 ! Cette reconstitution en miniature du centre-ville d’avant le tremblement de terre de 1972, permet de mieux comprendre le passé de la capitale...
Mickeyville ... en plus de découvrir la multitude d’églises et de cathédrales du pays, à Donaldville !
Donaldville et Daisy Les Disneytowns sont associées en ce lieu, à une grande piscine, pour la plus grande joie des enfants, mais aussi à une reconstitution de la maison familiale de Sandino, énième épisode de propagande nationalisto-révolutionnaire. Les rappels incessants aux héros de l’indépendance des années 30, puis au mouvement Sandiniste des années 80, qui a mis fin à la dictature des Somoza, masquent difficilement l’essoufflement du régime actuellement au pouvoir, auquel contribuent sans nul doute les USA, qui n’ont jamais voulu à leur porte d’un pays sous influence communiste, voire simplement soupçonné de velléités d’indépendance économique vis à vis des multinationales nord américaines. Le Nicaragua reste, seulement « précédé » par le Honduras, un des pays les plus pauvres d’Amérique Latine, ce que les dérives autoritaires et répressives du gouvernement Ortega ne peuvent camoufler.
(In)esthétique de la révolution Nous sommes à présent bien fatigués, mais en même temps les rues se remplissent, ce qui nous incite à poursuivre notre découverte par une promenade au Parque Luis Alfonso Vasquez, lorsque tout à coup nous nous retrouvons nez-à-nez avec des mini-champions de baseball, le sport national du Nicaragua. Après l’église le matin, voilà où l’on retrouve les habitants de la capitale le dimanche aprés midi ! 😅
Assister à un match de baseball est une véritable expérience culturelle ! Les enfants ont déjà tout des grands, uniforme comme gestuelle, font le show et rassemblent des parents tout aussi concentrés que leur progéniture ! 😄
Au bord du stade siège un monument à la mémoire de Roberto Clemente, célèbre joueur d’origine portoricaine, décédé en 1972 dans un crash d’avion, alors qu’il apportait une aide humanitaire aux sinistrés du tremblement de terre, doublement héros pour le Nicaragua.
L’étoffe des héros Enfin, il est temps de nous remettre de cette chaude journée grâce à un bain rafraîchissant dans la piscine de l’hôtel et à un excellent repas en terrasse... sous une pluie tropicale ! 😂
Bain, mais aussi repas…rafraîchissants 😉À Michel