Ma famille étant partie, il nous fallait aller de l'avant et concrétiser une étape majeure du roadtrip : la Tasmanie. Après avoir profiter encore quelques jours des alentours de Melbourne à St-Kilda et ses pingouins, au couvent d'Abbotsford et son restaurant sur donation Lentils as Anything mais aussi et surtout de l'Open d'Australie (où nous avons fini sur des places réservées à la presse), nous faisons cap sur l'île.
Je l'ai joué finement en évitant tous les spoils sur ce lieu décrit de tous comme un bout de paradis. C'est ce que nous verrons après 9h de traversée du plus lent ferry au monde...! Toujours est-il que cette partie du voyage est déjà enivrante. Passez la baie de Melbourne et le détroit de Sorrento, nous rentrons réellement dans l'océan et faisons cap sur les confins du bout du monde. Qui se matérialisera en 1er lieu par Devonport, petite ville portuaire au nord de l'île. Nous resterons trop longtemps dans son freecamp à chercher du travail qui n'existait pas. Les fermes voisines affirment que la saison est mauvaise et le nombre de malheureux backpacker s'entassant dans notre camp confirme que, cette année, l'île ne sera pas celle aux trésors !
Le 1er jour en Tasmanie commence, pour moi, ici. Nous décidons de répondre à cette impasse par "et alors?". Si le travail n'est pas là, le voyage reprend ! Une belle échappatoire que l'on s'autorise qu'en WHV alors qu'il faudrait aussi y songer dans notre vie en France. Allez on part ! Duuude rugit avec cette décision, accompagné de notre playlist et un moral de nouveau au beau fixe. Nous faisons route vers la fameuse Cradle Mountain. Nous longeons d'abord la côte, calme et reposante, avant de s'aventurer en altitude. Le climat est bien plus doux qu'à Melbourne où la canicule fait rage en cette saison (et où des habitant s'amusent à cuire des steaks sur le capot de la voiture !). En entrant dans les terres, le paysage change également. Le territoire est bien plus sauvage et bien moins "méditerranéen" que sur le mainland. Cradle en sera l'aboutissement. Le soir nous verrons wallabies, oiseaux, forêt et surtout un merveilleux wombat sorti de son terrier pour nous saluer. Pour ceux qui n'ont pas la référence, il s'agit probablement de l'animal le plus adorable en ce bas monde. C'est un mini ours brun tout rondouillard doté d'une petite tête ronde, tout comme sa truffe et ses deux yeux de taupes. La seule chose carré chez cette bête est sa crotte !
Le soir nous optons pour un freecamp à côte du parc où des places ont été délimité en plein cœur d'une forêt. On se croirait au beau milieu du Vercors et, comble de bonheur, il fait froid ! Bien que ce soit l'hiver en France et que tout le monde se plaignait du froid, croyez-moi qu'après les 30-40°C connu jusqu'alors, la buée s'échappant de ma bouche le matin est comme un second souffle. Le froid est sec et anesthésie l'intérieur de mon corps. Le climat idéal pour notre programme : grimper au sommet du Cradle Mountain. Le bus nous pose dans une plaine où tout est vert foncé et une passerelle de pin nous invite dans la forêt. On se croirait dans les Ardennes (ou au moins l'image que je m'en fait). L'air est frais. Le bruit du ruisseau, des oiseaux et du bois qui craque nous plonge dans une ambiance mystique. Qui sera renforcé quand on atteindra le 1er lac de la randonnée. C'est un paysage de haute montagne où se reflète dans l'eau calme, les pics entourant le bassin. La cabane de pêcheur plante définitivement le décor. Nous continuons de marcher, de grimper et de croiser lacs et forêts. Nous arrivons finalement au pied du sommet. Après 4h de marche il nous faudra 2h de plus juste pour cette pointe. Une "rando" qui se révèle être de l'escalade sur de gros rochers éboulés. C'est à 4 pattes, sur les genoux et en s'aidant des mains que nous progressons. Des pauvres pics de métal plantés dans la roche indiquent la direction sans pourtant préciser quel chemin emprunter. Un pas de travers et c'est un retour à la case départ. C'est autant une horreur à grimper qu'une bénédiction à l'arrivée. Nous avons vu sur tout la vallée et les lacs en contrebas. La pierre nous entourant, brune et acérée, fait penser au Mordor ! Le temps s'arrête un instant. Une sensation de sérénité que je garderai pendant la descente et que je retrouve en écrivant ces mots.