La fin de notre trip en Australie mais la découverte de la vraie australian way of life !
Mars 2019
4 semaines
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Le panneau de Darwin marque (enfin) notre retour à la civilisation. Mais c'est aussi notre dernière étape et nous avons le cœur un peu lourd. On décide de noyer tout ça dans un verre de vin face au chatoyant coucher de soleil de East Point. Le temps d'un instant nous retrouvons calme et sérénité avant d'être encore plongé dans de nouvelles aventures. Mais moins joyeuses que d'habitude car nous partons à la rencontre d'une jeune ado qui semble être abandonné dans ce parc au beau milieu de la nuit. Il s'avère qu'elle a fugué de son foyer. Elle nous raconte ses péripéties et nous explique comment elle est arrivée ici. Mais aussi dans son foyer. On peine niveau vocabulaire mais le mot "suicide" se veut limpide... Une sale histoire que nous nous efforçons de lui faire oublier le temps d'un instant. Un lien se crée mais malgré tout elle refuse catégoriquement toute forme d'aide. Et il est impossible pour 2 étranger en van de prendre un charge une jeune de 15 ans. On finit par trouver une solution. Pas la meilleure mais c'en est une. Nous partons et appelons la police quelques mètres plus loin, qui nous affirme envoyer une patrouille pour la récupérer. La culpabilité nous quittera quand nous aurons des nouvelles quelques jours après et qu'on la sait en bonne santé.

Pour autant, le lendemain, notre esprit est toujours un peu embrouillé. Nous décidons de prendre un Airbnb en dehors de la ville pour pouvoir nous reposer. Nous arrivons donc dans la magnifique maison de Melissa et Steve, perdu dans la campagne environnante. Connaissant un peu les australiens, j'explique à Melissa que nous cherchons du travail. Pas manqué, elle nous propose de rester quelques jours pour... nettoyer leur cimetière pour chiens (tout est possible ici !). Moi qui rêvais de faire du whoofing, nous voilà servi. On vit enfin à l'australienne ! Et on sympathise bien avec ce drôle de couple au 6 chiens. On leur fait même une "french food" et Steve semble apprécier la mousse au chocolat ! Eux fournissent le vin et nous passons une "lovely" soirée comme ils disent. La discussion bat son plein et on se sent comme à un repas entre ami. C'est au détour d'une conversation que j'apprends à Melissa que j'étudie la science politique. Stupeur ! Sa sœur, Kezia, travaille justement à l'Assemblée législative du Northern Territory. Elle en est même la directrice ! Il n'en faut pas plus pour que, 3 jours après, celle-ci nous invite à faire une visite privée.

C'est dans ce cadre que nous rencontrons Kezia qui va se révéler être notre hôte pour la fin de notre périple en Australie. Nous sommes reçus comme des princes, ou plutôt comme des diplomates français. Elle veut d'ailleurs que l'on signe le registre de son bureau. Mieux, sa secrétaire nous propose un "rafraîchissement" et nous nous retrouvons tous dans son bureau, digne de l'ovale américain, en train de discuter. Elle a même fait demander la jeune stagiaire, doctorante en science politique, pour que l'on puisse "discuter de nos études" ! Cette journée n'est qu'une succession de merveilleuses surprises qui se finira dans un resto où l'on mange crocos et émeus après que j'ai eu l'occasion d'occuper son siège et son marteau dans l'Assemblée. Cette femme est incroyable et cette ouverture aux autres et d'esprit chez un politicien m'était inédit. Et en dehors du travail c'est pareil, elle nous propose de venir travailler chez elle la semaine qui suit. Mais d'ici là, nous partons quelques jours à Pine Creek, dans les terres, pour faire un HelpX.

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Il s'agit d'un échange de bons et justes services où nous troquons quelques heures de travail contre un toit et de la nourriture. Nous nous retrouvons donc chez Gaye, une marginale qui vit dans une maison autonome en plein bush. Elle a sa source d'eau, son énergie solaire et cultive la quasi totalité de ce qu'elle mange. Bien que le logement soit rustre, une tente planté dans un "donga" (sorte de mobil-home un peu pourri), l'expérience est riche. Nous peignons, désherbons, prenons soin des "pineapple patch" ou encore de ses arbres fruitiers. Un jardin d'Eden où on trouve goyave, mangues, gingembre, curcuma, ananas, etc. C'est encore l'occasion de découvrir un autre style de vie qui, en l’occurrence, rejette une partie des fondamentaux de la société capitaliste. Mais le manque assez brutal de confort (et de sécurité !) commence à peser à Salomé. Et même si elle supportait le hurlement des dingos pendant la nuit, les araignées dans la douche ouverte, tout comme les bêtes qui viennent gratter le mobil-home quand on dort, la vue, d'un peu trop près d'un serpent fut de trop. Nous quittons donc notre HelpX avec pour objectif le plus gros parc d'Australie : Kakadu.


Le parc est très symbolique du Nord de l'Australie. On se retrouve à mi-chemin entre le désert et les tropiques, et avec une nature particulièrement hostile. Le parc est d'ailleurs quasi totalement fermé. Nous sommes toujours dans la "wet season" et une partie des routes et sentiers sont submergés. D'autant plus que c'est une période où pullulent les crocodiles. Il y en a environ 10 000 ce qui représente 10% de tous les crocos du Northern Territory.

Nos randonnées sont donc limitées mais nous pouvons tout de même apprécier les collines sacrées de Nourlangie, les terrifiants billabongs ou la mystique Adelaide River. Nous essayons d'aller jusqu'à Ubir, le lieu le plus connu du parc, mais nous tombons sur une route inondée où un aborigène vient... s'y baigner. Il mériterait un Darwin Awards ! Ne voulant pas rester sur ma fin, je traîne Salomé sur un des seuls sentiers ouverts. A priori tout était très bien avant qu'un ciel menaçant s'amène. On force un peu le pas et, dans sa course, Salomé se prend une énorme toile d'araignée en pleine tête. C'est la crise ! Surtout quand elle verra la bête ensuite, une belle "golden orb" de la taille de ma main. Et les mauvaises surprises ne vont pas s'arrêter là. Le sentier se rapproche dangereusement d'un billabong où la végétation est si dense qu'on ne voit à peine l'eau. Ça devient inquiétant. On tombe sur un panneau qui se veut explicite : "Des crocodiles marins ont été aperçus TRES proche du sentier" suivi de l'inutile"soyez vigilants". On traversera ce passage au pas de course et sur nos gardes. En arrivant au van Salomé est dans une colère noire comme si je pouvais être responsable de la faune locale ! Dans la précipitation, je ne fais ps le plein et je pensais être "laaarge". Et mes calculs auraient été bons si... la pluie n'avait pas recouvert notre route de 80cm d'eau ! Une vraie rivière qui serait apparue en 30mn.

Nous faisons donc demi-tour pour nous retrancher dans un superbe camping où les wallabies, par dizaines, viennent nous saluer. Il y a une belle piscine et des petites ballades autour qui remplaceront celle de Kakadu. Le lendemain je pars donc avec ma petite carte qui indique tout de même des crocos dans tous les plans d'eau. La dame de l'accueil m'a aussi mis en garde en m'interdisant de m'en approcher. A croire qu'un client y est passé ! Faut dire qu'ils exagèrent un peu, ils ont même mis un pont balançant traversant le billabong. Et c'st à peine s'il touche pas l'eau. je me croirai dans un remake raté d'Indiana Jones. Et c'était un leurre de penser que le sentier serait entretenu. Je croise des dizaines d'énormes araignées avant de me retrouver dans les hautes herbes à côté d'un point d'eau que je ne peux même pas apercevoir. Je crois que mon hypocondrie a laissé le pas au masochisme et je me demande ce que je suis venu faire ici seul. Tout ça pour me prouver en être capable. L’ego des hommes...! Et alors que je marchais, je distingue enfin le billabong et le fameux pont prêt à craquer. Par challenge, je me parie pouvoir monter dessus. C'est à ce moment qu'un énorme bruit résonne. Comme si quelqu'un avait fait une bombe dans ce petit lac. Je ne l'ai pas vu mais j'en suis sûr : c'est un crocodile. Heureusement qu'il a eu peur de moi, il m'avait probablement pas bien vu non plus ! Fini les challenges, je rentre en courant jusqu'au van. En plus il est l'heure de partir car aujourd'hui nous allons au... "jumping crocodile".

Nous sommes fans de ces bêtes, que voulez-vous ! Je vous passe notre arrivée dans le centre où un croco est déjà affaissé sur le bord de la Mary River et l'animateur vient avec un anaconda de 3m sur les épaules. Quel accueil ! On monte à bord et on aperçoit déjà une femelle foncer sur nous. A force de les nourrir, ils ont compris quand venir. Le show commence et le présentateur accroche un bout de viande au bout d'une longue perche. L'idée est de montrer que l'animal peut littéralement sortir de l'eau à la verticale pour venir chercher son goûter. Et avec un mâle de 5m c'est plus qu’impressionnant, surtout dans un bateau qui en fait 10 ! Et la chance est avec nous car l'animateur aperçoit un aigle marin sur le retour. A peine montre-t-il le bout de viande que le rapace s'élance et l'attrape en plein vol.

Là c'est sûr, nous avons fait le plein d'aventures et nous pouvons rentrer à Darwin avec de nouvelles histoires à raconter.

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Nous rentrons chez Melissa et Steve comme si on rentrait à la maison après quelques vacances. On se sent chez nous. Et d'autant plus qu'ils ont une surprise pour nous et nous propose de loger dans leur caravane suréquipée. Les 2 français qui y vivaient ont fini leur travail dans leur ferme de... crocodiles (oui oui) et nous pouvons donc en profiter. Aujourd'hui nous allons travailler chez Kezia qui nous accueille sur son beau tracteur. Il s'avérera qu'elle en fait un tour tous les matins avant d'aller à l'Assemblée. Quelle vie ! Ici aussi nous sommes reçus comme des princes et elle nous laisse même un plateau repas, des bières et nous conjure d'utiliser le jacuzzi dès qu'on a envie. La Great Northern (bière) dans le spa de la présidente a une sacrée saveur. Notre vie à Darwin est improbable et tous les jours on vit quelque chose d'incroyable. Et une de ces choses sera le feu de joie que fera quelques jours après. Kezia et Lisa, sa compagne, ont invité la famille et des amis et on boit un coup après avoir tout brûlé. Elle me laisse même le luxe de balancer l'essence. Pendant un instant je me croirai au Texas ! Et ce soir là, Kezia et Lisa nous propose d'aménager chez elles car elles ont une chambre de libre.

A partir de là on a vraiment vécu local. Notre journée type est un peu de travail dans le jardin où on apprend à maîtriser la flore tropicale. Nous buvons ensuite une bière avec Kezia et Lisa et admirons le soleil se coucher dans les champs avant d'être rappeler à l'ordre par la grand-mère qui a besoin d'un coup de main pour rentrer les chèvres. Et voilà qu'il est déjà l'heure de "My Kitchen Rules", le show préféré de Lisa, à mi-chemin entre Top Chef et les Anges de la Téléréalité. Un bon moment qui s'accompagne systématiquement d'un bouteille de vin rouge que nous offre les filles. Tous les soirs oui. Elles sont bien pires que les français ces australiennes ! Nous mangeons ensuite en discutant ou en regardant des films comme cette belle soirée où tout le monde a fini en chantant Abba. Oh, et les chiens aussi sont là. Ils font partie intégrante de la vie ici et ils ont leur place sur le canapé. Il y a Armani, Zorro et Vinni. Nous tombons dans cette routine qu n'en est pas une mais une réelle découverte tous les jours. Surtout au travail ! Après avoir travaillé pour Kezia, on aide son autre sœur à monter un piège à dingos (ils viennent manger les chèvres), ou sa mère à désherber et prendre soin des cochons, des ânes ou des canards. pour être plus efficace, Kezia me fait l'honneur de me prêter son "ute", un magnifique pick-up aux couleurs de Phantom. Il a même des klaxons personnalisés et un haut parleur pour se la jouer flic à Dallas. En plus d'être ozzie on est des fucking farmers ! Quel bonheur. Je vis ma vie rêvé ! Et surtout un jour où Kezia me ramène un petit travail du boulot. Elle me demande un résumé d'un document sur la prostitution dans le Northern Territory car cela va être en débat prochainement. Ma journée est donc découper par tout ce que j'aime faire et je me promets de vivre un jour ainsi.

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Heureusement que l'on a trouvé notre bonheur dans cette maison car il est l'heure de franchir l'étape tant redoutée : vendre le van.

Nous avons mis une annonce déjà dans le désert mais la saison humide attire peu de voyageurs dans ce coin de l'Australie. Pas d'inquiétude pour autant, car Melissa m'a proposé de le vendre si jamais je ne trouvais personne. Mais voilà que l'on trouve quelques intéressés dont un couple de français qui finiront par se rétracter. Nous rencontrons finalement un couple d'hollandais, Patrick et Daisy qui en deviendront les propriétaires. Mais avant ça on lui refait une beauté, on le vide et pire, on lui change ses plaques pour le mettre aux normes du Northern Territory. J'ai essayé de garde notre épique 211-XFV mais je me fais rappeler à l'ordre par l'agent du ministère des transports.

Le jour J arrive et nous amenons Duuude pour un dernier petit tour avant d"aller le confier à ses nouveaux propriétaires. Ils sont très sympa et je suis finalement content de passer le flambeau à de telles personnes (même s'ils ont enlevé nos beaux rideaux pour en mettre des moches). Et dans tous les cas j'ai gardé la peluche mascotte du van, renommé mini-Duuude et qui continuera à voyager un moment avec nous.

Nous rentrons le cœur plus que lourd. Nous plongeons donc notre esprit dans la prochaine étape que sera l'Asie, Bangkok et surtout Koh Samui avec la famille de Salomé. Et on se dit qu'il y a que du bon à venir mais aussi à retenir. Si nous devions refaire ce voyage, je ferais exactement le même. Nous avons vécu en van comme des nomades, voyagé quasiment à travers tout le pays, rencontré de géniaux backpackers, nous sommes laissés porter à un rythme de sénateur loin des problèmes et contraintes rencontrés en France, vécu comme des locaux grâce à ces 3 semaines à Darwin et surtout, touché du doigt la liberté totale lors de notre trip dans le désert. Avec du recul, c'est la période la plus riche de ma vie et ce, sur tous les plans. J'étais parti essayé une autre manière de vivre et je me rends compte que cette façon aussi m'a rendu très heureux. A défaut de pouvoir revoyager dans les années à venir, je m'engage à garder cette fibre, ce style de vie qui est avant tout un état d'esprit. Il faut se bousculer dans la vie pour continuer d'avancer, toujours remettre en question ce que l'on pense savoir et ce que l'on pense acquis, toujours se demander "pourquoi" et surtout si dire "pourquoi pas". Il faut s'investir pleinement dans les passions et les envies. Et je redécouvre des mots que j'avais écris 1 mois après être parti qui sont étonnamment une belle conclusion à ce blog : "le voyage n'est jamais qu'une découverte extérieure mais toujours un chemin intérieur vers notre personnalité exempt de ce qui s'est imposé à nous; une table rase, une renaissance."




For Melissa, Steve, Lisa and kezia.

I know that you would like (and should! 😉) improve your french but here some words in english. Actually, I don't need a lot but only two: thank you. Thank you for all you did for us, for your generosity, your sharings, our welcome, and maybe the most important, for showing us how you live. It was exactly what I was looking for during my trip in Australia. I need to know and discover news ways of life. I don't want to be stuck in mine but instead take everything's good in each of them and make a beautiful mix. So, from now till the end, I will welcome people in my house, always have some animals (especially dogs!) around me, drink more red wine in the front of My Kitchen Rules, and, of course, drive a bloody tractor as soon as I can have one !

We already miss you and hope to see you soon in France !