Arrivés début juillet à la pointe Nord-Est de l'île, nous partons à la découverte de la belle et sauvage Majorque au grès de nos navigations, avant de continuer vers l'Ouest.
Juillet 2019
15 jours
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Arrivés à Porto de Pollenca après notre première traversée, nous avons profité de la ville pour refaire quelques pleins, et nous voilà prêts à découvrir l'île de Majorque.

Nous décidons dans un premier temps de ne faire que quelques milles pour aller au mouillage de l'île de Formentor. A l'ouest de cet îlot se trouvent des bouées payantes, et à l'est le mouillage y est gratuit, tout en faisant attention à ne pas poser ni son ancre ni sa chaîne sur les posidonies, algues vertes fortement protégées avec raison ici aux Baléares car elles sont à la fois le poumon et la pouponnière de la mer, et permettent aussi de réchauffer les eaux qui permettent ainsi à la vie de prospérer.

Bel endroit pour notre premier mouillage majorcain 

Nous resterons deux nuit dans ce mouillage, où les fonds marins sont exceptionnellement beaux. On enchaîne les plongées qui nous révèlent la richesse marine de l'île. Les espèces de poissons sont nombreuses (sars, saups, Sarans, girelles et girelles paons, Castagnoles, etc...), et la flore est variée et colorée.

Le reste de la journée nous chillons, mangeons, jouons à des jeux de société et profitons de l'été. Le capitaine chasse au harpon (un loup et deux sars), les matelots s'y essayent sans résultats encore. Bref c'est la belle vie !!

Aperçus sous marin  
Saups ☼ 
La belle vie ♥
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Nous continuons notre exploration avec la très jolie Cala Murta un tout petit peu plus à l'Est. Nous décollons doucement dans la matinée et arrivons alors qu'encore peu de bateaux sont là dans ce nouveau mouillage. Un peu profonde, entourée de roches saillantes, la crique, plus sauvage, est paradisiaque et l'eau y est d'un bleu turquoise magnifique.

En fin de journée, nous partons à trois faire une balade à terre, accueillis à notre arrivée sur la plage par un petit âne sauvage qui trouve bien des friandises et de la compagnie auprès des baigneurs. Nous avons longé par un chemin la côte sud de la Cala à l'ombre des pins et admiré avec un peu de hauteur la crique qui se vide de ses visiteurs.

Le lendemain, nous restons sur place. Pour plonger, l'endroit est idéal, regorge de vie comme l'autre jour, et on y découvre une petite grotte avec une entrée sous marine plutôt facile d'accès. On se balade le long de falaises rocheuses, d'énormes coussins de posidonies et des étendues d'un sable très clair.

Girelle Paon mâle  
Blennies 
A gauche un labre, et à droite un castagnole 



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Après ces quelques premiers jours dans les calas majorcaines, nous revenons pour deux soirs à Porto de Pollenca pour déposer les copains qui s'en vont et faire les pleins d'eau du voilier. Le plan étant qu'ensuite nous partons pour la côte nord de Majorque car on nous a conseillé quelques beaux endroits, et nous souhaitons rejoindre la Cala Castell dans un premier temps.

Nous quittons donc le mouillage tôt (nous, ce sont les gars courageux qui se lèvent à 6h), pour faire un peu de voile dans la baie de Pollenca avant d'aller s'ancrer dans une Cala sous le Cap Formentor pour la nuit. Pour ma part, je me réveille plus tard, alors que le vent est levé et que toutes voiles dehors nous zigzaguons au grès du vent. À peine ai je le temps de commencer mon petit déj qu'une pélamide (d'abord prise pour une bonite, bref c'est pas encore ça), mord à la cane à traîne. La voilà à bord pour le plus grand bonheur de l'équipage et du pêcheur 🐟. Fontaine de sang dans le cockpit et photos souvenirs sanglantes. Le thé est froid mais les filets sont au frigo !

Douce soirée dans le jolie Cala En Gossalba aux falaises découpées. 

Nous arrivons donc milieu d'après midi dans la Cala. Il y a du vent et l'air s'est rafraîchi, et nous sommes quelques uns dans cette petite calanque. Le soir nous goûtons la pélamide.

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Nous quittons la Cala En Gossalba tôt, du vent est annoncé, on va sortir les voiles !! Le départ se fait néanmoins au moteur, avec la Gv pour appuyer jusqu'à passer le cap Formentor. La mer est belle et l'équipage de bonne humeur, la chaleur a repris de plus belle. Nous prévoyions d'aller nous poser à la Cala Castell, mais la météo nous fait changer d'avis et nous continuons notre chemin jusqu'à la réputée Cala Sa Calobra.

Une fois passé le Cap, le vent s'établit, et c'est avec joie que nous déroulons le génois, mettons les voiles en ciseaux et c'est parti nous longeons la magnifique côte nord qui se dévoile à nous, abrupte et sauvage, à une jolie vitesse atteignant les 5 noeuds. À 15h le vent forci, nous ramenons les voiles bâbord amure, puis affalons la grand voile à l'approche de la baie pour ne finir qu'avec un petit bout de génois à plus de 5,5noeuds.

Enfin nous arrivons à l'entrée de cette calanque qui se divise en deux criques. Les falaises qui l'entourent sont immenses, grandioses et à la fois un peu effrayantes avec leurs aspérités et leurs teintes sombres parfois. La crique où nous mouillons est remplie de bateaux quand nous arrivons à 16h, mais nous ne nous démontons pas. Nous mouillons une première fois, mais l'ancre ne se plante pas très bien,il y a plus de 10m de profondeur et le fond est fait de petits graviers, et nous nous retrouvons trop proche d'un énorme voilier de charter, alors on recommence ! La deuxième sera la bonne, puis en quelques minutes 3 voiliers partent, faisant une place rassurante autour de nous.

Nous pouvons donc admirer enfin cet endroit un peu mystique, bien que très (très) touristique. Un petit bout de plage d'à peine 20m de long se loge aux creux de hautes falaises et dévoile derrière elle le lit d'une rivière au cœur d'un oasis de verdure. À couper le souffle.

Donc une fois que nous avons bien mouillé, petite baignade, puis balade à terre. La plage est bondée, mais en s'avançant dans les gorges, nommées Torrent de Paréis, nous sommes presque seuls. Le spectacle est saisissant. Les hautes falaises grises et ocres se resserrent. À cette époque, il ne subsistent que quelques flaques profondes, mais la rivière ne coule plus, et la balade peut durer des heures. Des chèvres sauvages, sentinelles du lieu, nous observent depuis les aplombs rocheux. Nous marchons une petite heure entre des roches toutes plus folles les unes que les autres, avant de rebrousser chemin à cause de la nuit qui tombe.

Avant de regagner le bateau, nous prenons le chemin qui mène au village et aux parkings où se garent les visiteurs. Le chemin, à flan de falaise, doit même se frayer un passage dans la pierre, et nous devons ainsi passer dans des tunnels pour rejoindre le hameau de pêcheurs qui aujourd'hui accueille plus de touristes que de poissons je pense. À notre retour, le soleil se couche en dorant le ciel de couleurs vives. La cala s'est un peu vidée, nous allons dormir sur nos deux oreilles.

L'incroyable Torrent de Pareis 
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Le lendemain je repars à terre pour une nouvelle balade (quasiment la même que la veille) et je suis toujours étourdie par la beauté de cet endroit. Le soleil est déjà haut dans le ciel, la chaleur s'installe et des sortes de martinets tournent dans les gorges au dessus des points d'eau.

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Partie Ouest de la cala 

L'après midi c'est snorkeling, ou chasse pour le capitaine, qui après 10minutes est revenu, victorieux, avec deux gros rougets grondins ! C'est un festin que voilà (sauf pour moi, j'ai goûté, j'ai pas aimé).

Cette Cala fût, selon moi, la plus belle de notre voyage, elle est à voir, à découvrir, à re découvrir, à explorer bref ! Foncez y si vous allez à Majorque

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Après la magnifique Cala Sa Calobra, nous voici à Porto de Soller, non sans avoir chassé un dernier rouget, et profiter de cette belle eau turquoise.

La côte Nord reste absolument sauvage de par ses reliefs qui empêchent toute construction. 

Le déjeuner fini, nous avons allumé le moteur et levé l'ancre direction Soller donc. Pas de vent. Moteur, encore... Cependant la beauté de cette côte si sauvage, si abrupte, avec en quelques endroits une petite touffe de végétation verdoyantes sur le fond sombre de la roche nous fait oublier le bruit incessant du Volvo. En 2 heures, nous arrivons dans la baie de la ville. Il y a déjà pas mal de bateaux aux mouillage, mais nous nous trouvons une place tout à l'ouest de l'anse. Il est 17h déjà, et nous avons une lessive et quelques courses à faire à terre. Missions effectuées, ville un peu sans intérêt, retour au bateau, évidemment quand la nuit tombe le linge n'est pas sec (très intelligent tout ça).

La météo annonçait un coup de sud, qui n'a jamais eu lieu, au lieu de ça une bonne pétole (aucun vent), et à une heure du matin, le gros voilier qui était venu mouillé beaucoup trop près de nous est venu taper le nôtre... Pas si grave en soit mais bon, notre bateau fais peut être 5t, lui devait au moins faire le double... Bref. Finalement le capitaine a passé la nuit dehors pour vérifier que ça ne se reproduise pas, et le lendemain on décide donc de quitter cet endroit pour une Cala où au moins nous pourrons nous baigner. Et bien ce fût un échec, après avoir relevé la première ancre, car nous en avions mis deux : trop fort n'a jamais manqué, et allumé le moteur celui-ci a commencé à claquer bruyamment. On coupe tout, on se prend la tête évidemment parce que le moteur c'est pas l'bonheur. Bon, au final, ce n'est sûrement qu'une histoire de point mort mal mis, mais il est trop tard pour partir, on se résigne, et on remet notre deuxième ancre. C'est l'occasion de trouver de l'eau, et une douche aussi, une vraie !!

Nous rencontrons au port un couple de français très sympas partis sur leur arpège, un vieux voilier de 9m20, et qui traversent l'Atlantique cette année pour les Antilles (grosse pensée à eux) ! On sympathise, on boit un coup, et on se dit qu'on reste deux nuits de plus, pour attendre un ami qui nous rejoint pour 3 semaines.

La deuxième nuit a été encore plus folklorique que la première (et le sera moins que la troisième !). Fort de notre précédente expérience, nous nous tenons sur nos gardes car le mouillage est encore bondé. Et à 23h, c'était parti ! Trois bonnes rafales, juste trois, ont suffit à faire déraper un gros trimaran. Et dans sa course, son ancre et sa chaîne traînées au fond de l'eau ont croisé celles d'un catamaran, et ainsi les deux bateaux sont partis à toute vitesse dans un troisième bateau, puis ont finalement dérivé, emmêlés, jusqu'à la sortie de la baie. Au matin les bateaux étaient toujours là, c'est que ça a du bien se finir tout de même.

Moralité : se méfier des multicoques qui ont plus de chance de déraper.

Troisième jours à Porto de Soller, les conneries continuent. Toujours plus de bateaux dans cette baie qui n'est pas si grande que ça, alors forcément on fini par toujours être trop proche d'un voisin. C'est le cas de cette vedette d'au moins 12m, arrivée dans la journée, abandonnée aussitôt l'ancre jetée par ses occupants pour un restaurant sûrement. Et qui au bout de deux heures faisait des allers retours dans notre étrave. On a donc passé plus d'une heure à repousser le bateau des autres avant que quelqu'un n'arrive sans avoir l'air trop inquiet. Euh ?! Y'en a marre des bouffons sur l'eau !!!

L'après midi, le temps est à l'orage, et peu à peu, tout le ciel devient jaune, un mauvais coup de vent de Sud Ouest est annoncé, des éclairs zèbrent le ciel, et toute la baie prend une étrange teinte orange. Puis s'abat une belle averse, puis le calme revient. Avant la tempête.

Dans la soirée, des dizaines de bateaux arrivent et nous sommes bientôt plus de 40 bateaux dans ce mouillage. Nous nous couchons très tôt, persuadés que la nuit va être longue, et elle le fut.

À minuit, une première rafale nous réveille, nous sautons sur le pont et déjà quelques bateaux commencent à déraper et partir vers le fond de la baie. Le vent forci de plus en plus, il y'a bien 35noeuds établis, et 55 dans les rafales. Autour de nous quasiment tous les bateaux se décrochent et dérapent. Des petits bateaux de locaux emmènent même leur corps mort (bloc de béton coulé avec une bouée en surface sur laquelle les bateaux s'accrochent) avec eux, et finissent au large...

C'est très dur, notre moteur est allumé pour soulager la chaîne et les ancres sur les trop grosses rafales, mais nous ne dérapons pas. Il faut dire que les garçons, en prévision, sont aller regarder plusieurs fois nos ancres, et l'une d'elle est prise sous une roche. Le voilier fait de grandes embardées de droite et de gauche. Pour ma part je suis démunie et je prie juste pour que tout ça tienne jusqu'au bout.

Cela faisait déjà trois heures que nous battayions, lors ce qu'une vedette avec une famille décide de venir tenter de remouiller à côté de nous, voyant que nous ne bougeons pas. À bord, des gens complétement incompétents et dépassés par ce qu'il se passe. Ils jettent leur ancre, qui accroche notre chaîne et en remonte le long. Leur vedette vient percuter de plein fouet notre tribord. Je hurle, j'insulte (je sais, ça ne sert à rien), je pleure, et on repousse comme on peut cette masse bien plus grosse que notre Nahine. Au bout de 5 très longues minutes et moult explications de notre part pour leur expliquer comment faire, nous arrivons à nous démêler, et ils s'en vont en donnant un grand coup d'accélérateur, leur bateau monte presque sur notre pont, il plie tous les chandeliers et tape dans les haubans, manque de percuter notre capitaine. Je suis à bout. Je fond en larme, j'ai bien cru que nous perdions notre voilier... Et le vent souffle toujours, et ce jusqu'au matin. À 5h30 je finis par m'écrouler de fatigue. Les garçons restent encore dehors, le vent souffle fort encore, puis commence doucement à faiblir. Et c'est donc pendant 6h que nous aurons batailler sur le pont, une nuit très éprouvantes pour tout le monde.

A 7h nous nous levons, le spectacle est effrayant. Alors que nous étions plus de 40 la veille, nous sommes à peine une dizaine au matin. Les "survivants" se saluent et se sourient, une tasse de café à la main, des cernes sous les yeux, et une petite fierté dans les prunelles.

Pour nous s'en est assez, la baie de Soller nous aura définitivement porté la poisse, donc après cette folle nuit blanche, nous quittons la baie, d'autant plus qu'un vent de Nord ce coup ci est annoncé, nous retournons à Porto de Pollenca pour un repos bien mérité !

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A 7h30, après un signe d'au revoir aux rescapés de la nuit, nous quittons Porto de Soller, épuisés, mais avec la ferme intention de se reposer à l'arrivée. Nous repassons devant les falaises Nord, d'une grande beauté avec la lumière du soleil qui se lève, malheureusement nous ne sommes pas les seuls à avoir été éprouvés cette nuit là, et des volutes de fumée s'élèvent dans le ciel. Un incendie s'est visiblement déclaré dans la nuit à cause des orages et c'est avec tristesse que nous voyons hélicoptères et canadairs s'affairer à éteindre le feu...

Le capitaine dort, alors que nous nous relayons à la barre pour s'accorder de petites siestes rapides. Deux gros dauphins passent à quelques mètres du bateau, comme pour nous féliciter d'avoir tenu cette nuit.

Le vent est là de Nord Ouest, et nous avançons bien à la voile. Le cap Formentor passé, le vent est plus fort et les dernières heures s'avèrent sportives, car s'il y a en moyenne 10 noeuds de vent, les rafales montent à 18 nds et tout le monde est mobilisé pour barrer et choquer les voiles s'il le faut pour ne pas coucher le bateau et c'est bien éprouvant après cette maudite nuit et ces 12 heures de nav' forcées.

Nous arrivons à 18h au mouillage de Pollenca qui nous offre une très bonne protection contre les vents et la houle et nous assure ainsi un repos total, bien que nous soyons encore tous bien choqués des évènements de la nuit. Néanmoins, après le repas nous nous sommes tous endormis très rapidement. Le lendemain, nous récupérons un nouveau matelot et partons découvrir le sud de Majorque pour ensuite rejoindre l'ile d'Ibiza.

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C'est donc après avoir récupéré notre nouvel équipier, et être repassés rapidement à la Cala En Gossalba pour y passer une nuit, que nous prenons cap au sud ouest, pour explorer la partie Sud de l'île. Un petit vent de NNW se lève progressivement dans la journée et après une heure de moteur nous pouvons faire porter les voiles. Portant, nous avancons doucement sur une mer très belle. Mais, le vent fini par retomber (douce et changeante méditerrannée) et nous finissons cette navigation au moteur et GV.

Et c'est en milieu d'après-midi que nous découvrons la très jolie cala Molto, qui l'est surtout par l'incroyable turquoise de l'eau. Anse ronde bordée d'un côté de roches, et de l'autre de collines boisées, et au centre cette magnifique piscine quoi que très fréquentée.

Nous jetons l'ancre dans un bon fond sableux qui nous assure une très bonne tenue, puis allons profiter de ce bel endroit.

Masque, tuba, les fonds sont très jolis avec cette belle étendue sableuse où fouillent des rougets grondins. Les rochers abritent de petits poissons que nous avons désormais l'habitude de voir : Sars, Serrans, Oblades, Labres, Girelles, Muges, etc...

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Rougets Grondins 

Nous terminons la journée par une balade à terre, et on en profite pour jeter les poubelles. Nous découvrons que, de l'autre côté de notre jolie anse se trouve une magnifique plage de sable fin, mais complétement assaillies par les baigneurs !! On se rend compte à quelle point nous avons de la chance de pouvoir profiter de si beaux endroits sans être engloutis dans la masse. Bref, après cette minuscule incursion avec la foule, nous retournons sur les chemins de la colline où nous empruntons des petits sentiers de chèvres et serpentons dans une belle pinède. La chaleur est encore pesante bien que nous soyons en fin d'après-midi. Nous surprenons une jolie couleuvre siestant sur le chemin et écoutons s'envoler les palombes qui sont nombreuses sur l'île.


Au matin de la deuxième journée, on se réveille bien près des rochers... Le vent ayant complétement changé de direction dans la nuit on se lève en tête à tête avec un cormoran posé au soleil. Rien de grave, mais heureusement que ça ne s'est pas levé dans la nuit inopinément. On remonte donc le mouillage et remettons l'ancre un peu plus loin. On regoûte au bonheur de nager dans cette magnifique piscine puis on en profite pour nettoyer la coque du bateau qui commence à verdire.

Les gars partent ramasser quelques appâts pour la pêche, puis les deux pêcheurs du bord sont partis avec l'annexe pêcher près des falaises à la sortie de la baie. Ils sont revenus 3h plus tard avec une quinzaine de poissons qui furent grillés ou mijotés dans une soupe. Ils ont également ramassé des bulots... Odeur à la cuisson insoutenable !!!

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Après deux nuits passées dans l'accueillante et abritée Cala Molto, nous levons l'ancre à 6h pour continuer vers le sud. Il n'y a pas de vent (encore) et il n'y en aura pas jusqu'à 13h. Le temps se couvre et la mer commence à être agitée, et nous nous arrêtons dans la cala Mondrago après 24 milles et 7 looongues heures au moteur pour manger un bout et voir ce que l'on fait par la suite. C'est une réserve naturelle mais elle n'en est pas moins extrémement fréquentée et la surpopulation créer un brouhaha incessant.

Nous décidons de rester la nuit là malgré le monde, le vent ayant bien forci depuis notre arrivée et le temps n'étant pas engageant pour la navigation.

L'eau est d'un bleu électrique mais une armée de méduses ( une vraie armée ! ) nous condamne à rester sur le voilier, ou à balader à terre. Malgré le peuple, l'endroit est joli et nous débarquons donc à deux et nous promenons le long de l'eau jusqu'à la petite calanque suivante, puis revenons et buvons deux bières à la buvette sur la plage avant de rentrer.

La houle rentre de plus en plus fort dans le mouillage qui s'est vidé de ses visiteurs et nous ne sommes plus que quatre voiliers. On se fait bien rouler en tout cas et le combo bière+bolognaise+houle fait que je suis malade le lendemain... Avant de dormir, nous rajoutons une ancre à l'aplomb de notre chaine pour dormir tranquilles.

Au matin la houle n'a pas faiblie, la météo annoncée n'est pas bonne, et on décide donc d'aller se réfugier à Porto Petro, 4 milles en arrière, qui offre une zone de mouillage abritée. Nous arrivons dans une anse découpée en plusieurs criques où s'entassent villas et hôtels variés sur tout le bord de mer, et nous sommes obligés de prendre une bouée payante. Bon, ça ne fait pas rêver mais on se résigne et nous pourrons nous reposer pour de bon.

On se fait quand même une petite balade + "mission douche au cas ou" mais il n'y a pas un chemin, pas une rue qui ne soit pas "privé" et on finit par se doucher au bord de la piscine de l'hôtel le plus proche.

Et ça finit en révision du moteur.

Le lendemain nous partons en direction de Palma !

Le mouillage de Porto Petro 
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Platja des Trenc 

10h30, nous avons attendu que le vent se lève un peu pour partir, en route pour la Platja des Trenc, une immense plage qui nous accueillera pour la nuit avant d'arriver à Palma.

Un vent de SSW nous oblige à un près serré mais nous faisons une bonne route Gv et génois en plein. Une heure plus tard nous virons de bord, le vent souffle à 12 noeuds et nous avancons à 3.7 noeuds. A 14h20 nous passons le Cap de ses salines le plus au Sud Est de l'île et arrivons à 17h devant la Platja des Trenc après une belle nav' de 23 milles, au près !

Il y a face à cette immense et belle plage de sable blanc un nombre incalculable de bateaux. On se trouve une place, on met l'ancre et toute notre chaîne et nous voilà bien ancrés l'étrave vers le large avec une magnifique houle d'un mètre qui rentre vers la côte... On aurait presque l'impression de naviguer. Bien-sûr avec cette houle impossible de débarquer pour profiter de cette plage incroyable et de la magnifique pinéde qui la borde. Mais pour nous consoler, nous voilà arrivés sur la côte Ouest qui nous offre un magnifique coucher de soleil. La pleine lune veille cette nuit là et au matin la mer s'est calmée et nous repartons avec un splendide soleil.

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C'est donc parti pour notre dernière nav' avant d'arriver à Palma de Mallorca. À 11h30, nous quittons notre mouillage pour cette nav' de 20 milles. Il en était d'ailleurs grand temps, les placards sont vides et l'équipage quelque peu impatient d'aller voir la ville. Je suis un peu las de naviguer tous les jours ces derniers temps, sans pouvoir profiter "pleinement" d'un endroit, alors pour me donner un peu de courage, je prends la barre dés le début. Un vent d'Ouest à S-O est levé à 10 noeuds environ et le bateau avance bien, et en quelques minutes nous entrons en régate officieuse contre un gros voilier sombre (qui lui n'est au courant de rien évidemment). L'autre est devant mais toute notre stratégie repose sur le fait que nous fassions un meilleur cap que lui et que nous passerons le Cap Blanc sans avoir à virer de bord. Au près ! Les gars réglent les voiles au mieux. Ca s'excite à bord, on va le fumer ! Malheureusement notre adversaire triche éhontément et allume son moteur pour la passage du cap : disqualifié ! Boum ! Nous sommes donc les vainqueurs de cette mini régate non prévue du sud de Majorque !

Bon, passé les festivités, je rend la barre, et à 17h nous arrivons devant la grande ville de Palma. La cathédrale se découpe avec prestance dans le paysage. Nous avons du allumer le moteur pendant une petite heure faute d'assez de vent mais cette nav' de 24,5 milles s'est quasiment fait entièrement à la voile et c'était très plaisant !

L'arrivée dans la baie de Palma nous ramène vite à la réalité avec ses multiples cargos de croisière et les nombreux ferrys de touristes, les vedettes, sans compter les énorme cargos de Fret.

Après zig-zag entre tous ces embarcations diverses et variées nous accostons à la pompe à essence pour le plein du bateau et c'est les employés de la station qui s'occupent de nous trouver une place directement dans le réal club de Palma, port que nous avons choisi pour y passer la nuit car en Espagne, comme dans d'autres pays, la plupart des ports sont divisés en plusieurs marinas (privées et publiques) et les prix peuvent alors être variés (ainsi que la qualité des prestations entendons nous bien). Bref, ici à Palma en plein mois de juillet, la place est très chère et nous nous en tirons pour 70€ la nuit. L'avantage c'est que nous sommes au plus proche du centre-ville, et vu la tonne de courses que nous devons faire plus les diverses missions habituelles des moments où nous sommes dans un port, on n'allait pas chaumer.

Donc après avoir fait les pleins d'eau et le capitaine la vidange moteur, organisé nos courses pour demain matin et pris une bonne douche, nous voilà partis en amoureux dans la ville. Le soleil étant déjà couché, nous avons foncer au pied de la cathédrale Catedral-Basílica de Santa María.

Nous avons déambulé dans les fortifiactions et les ruelles autour de la cathédrale, presque désertées de leurs touristes, puis avons rejoint les copains qui nous attendaient au Mojito Bar, bonne musique, bonne ambiance et bonne bière. En venant, nous avons était étonné par le charme des rues qui, si nous ne nous savions pas à Palma, nous auraient semblées celles d'une petite ville tant les batiments sont l'inverse de la modernité. Ruelles étroites, maisons serrées à deux ou trois étages et joliement colorées aux ambiances chaleureuses. L'atmosphère est à la fête et à la vie douce, mais ce joli cocon ne se limite malheureusement qu'à un petit quartier (de ce que nous avons eu l'occasion de voir).

Bref, en se couchant à 4h, le lendemain est difficile pourtant : Y'en a deux qui se lève à 7h30 pour aller inspecter le mât, puis le reste de l'équipage se lève et c'est parti pour une mission courses éclair et efficace. Puis on lave le bateau avant de repartir à midi (ordre de la capitainerie).

Catedral-Basílica de Santa María 

Comme on est un peu morts de fatigue (et ouais quand même) on va s'ancrer devant une plage un tout petit peu plus au Sud Ouest de la ville, ce qui ne fut pas bien reposant car il y avait là un monde incroyable, du clapot, et beaucoup de bruit.

Après une belle grasse matinée, un petit bain, un déjeuner entouré de cent bateaux, on lève l'ancre.

Direction la Cala Blanca, ultime étape avant notre traversée pour l'île d'Ibiza.

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La cala Blanca sera notre dernière étape avant de traverser et rejoindre l'île d'ibiza, se trouvant quasiment à l'extrème sud ouest de l'île, nous n'aurons plus qu'à prendre notre cap au 240°.

Nous avons quitté la non-paisible plage de Palma à 14h30 avec un vent de SSE qui nous poussait gentiment vers l'ouest, mais celui-ci a complétement changé de direction pour finir Ouest, nous obligeant à faire du près. Nous avont tout de même fait 20 milles en 5h, et avons ancré à la Cala Blanca à 19h20. Le soir nous checkons la nav' que nous aurons à faire, départ prévu le sur-lendemain avec de bonnes conditions météo.

Pour cette dernière journée à Majorque, nous nous la coulons douce : snorkeling, chasse sous-marine, et sieste ou lecture essentiellement. La houle qui rentre dans l'après midi nous oblige à nous décaler de l'autre côté de la baie pour une bonne nuit de sommeil. Nous remettons donc l'ancre devant la ville, décor moins joli mais plus de rouli !

C'est une nav d'environ 50 milles qui nous attend le lendemain, direction le nord d'Ibiza !


Nous avons donc passé 15 jours à Majorque, et ce fût une belle découverte. La variété des paysages rencontrés, la beauté de ses eaux en fond une île à découvrire, loin des clichés.