Après avoir essayé notre voilier, Nahine, l'an passé dans les calanques de Marseille, voici le récit de notre départ, en direction des Baléares qui sera notre première grande étape de ce voyage.
Juin 2019
7 jours
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Avant de commencer ce carnet, laissez moi vous expliquer ce projet de voyage au long cours.

Au mois de mai 2018, nous achetions avec mon chéri un gibsea 31DL. Au cours de l'été, nous étions partis pendant trois semaines dans les calanques marseillaises (carnet ici), puis une fois au port, nous commencions les travaux.

L'hiver passe, les travaux reprennent au printemps et en mai 2019, le bateau, Nahine de son petit nom, retourne à l'eau.

Notre voyage, nous le voyons sans contraintes, ni de temps ni de direction. Nous savons que dans un premier temps nous allons aux Baléares, et ensuite nous voudrions aller en direction de la Grèce. Seule certitude, c'est que nous partons.

Amoureux de nature, de photographie pour moi, de pêche pour lui.

J'espère, avec ces carnets, vous faire voyager à travers la Méditerranée.

Et si un jour vous croisez le petit voilier blanc et bleu Nahine, n'hésitez surtout pas à venir dire bonjour !

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Nous y voilà. Après 3 mois de travaux, 7 jours sur 7, pour la réfection de notre voilier Nahine, acheté l'an passé, nous larguons les amarres et quittons notre place au chantier naval où nous avons passé ces dernières semaines.

Le bateau est comme neuf, l'équipage qui pour le moment se compose de 4 personnes est à bloque, nous voilà embarqués dans une folle aventure sans retour, en route vers l'inconnu, en route vers la mer, la Méditerranée, qui si elle le veut bien nous fera découvrir de splendides paysages, et les émotions qui sont propres aux voyageurs, et surtout aux marins.

Nous quittons le port de pêche par le pont tournant de 18h, c'est un jeudi, car la superstition veut qu'on ne parte pas un vendredi. Notre première nuit, nous la passons au mouillage de Port-camargue, tout simplement. Ainsi, le lendemain, nous serons prêts, et en forme, pour cette première étape qui nous emmènera au Cap d'Agde pour fêter dignement le premier jour de l'été.

La Camargue nous offre un dernier beau coucher de soleil. Nous trinquons et nous endormons sereins. Enfin le voyage commence.

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Au matin, nous levons l'ancre, cap sur l'ouest. Le cap d'Agde en ligne de mire.

Le début se fait au moteur, le temps est très beau mais le vent trop faible pour avancer à la voile. A 9h nous hissons la grande voile, mais ne pourrons couper le moteur. A 13h30, nous arrivons, avec un vent de ouest Sud ouest qui se lève bien. Dans l'avant port, nous nous amarrons à une "fleur de mouillage", petit ponton flottant en forme de croix, et qui est gratuit.

Le fort du Brescou 



Nous qui prévoyons de sortir un peu en ville pour la fête de la musique, le vent qui s'est bien levé nous empêche d'aller à terre avec l'annexe, et c'est donc à bord que nous célébrons l'été. Nos petites enceintes font ce qu'elles peuvent pour assurer les festivités, mais on est heureux !




La journée du lendemain nous allons nous promener sur la côte, et rejoignons des amis. L'un des matelot doit repartir le jour suivant, on refait la fête et on rentre à pas d'heure.

La plage de sable noir du Cap d'Agde 
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Après ces deux nuits passées au Cap d'Agde, nous reprenons notre chemin à trois, toujours vers l'ouest.

Nous partons au lever du soleil, au moteur encore, toujours pas de vent... Mais à 10h un petit vent d'Est se lève, nous envoyons la gv et le génois, coupons le moteur, et profitons enfin d'un vrai moment de voile ! Avec une vitesse de 4,7 noeuds, nous filons ! Puis, doucement, le vent faiblit et nous devons rallumer le moteur vers 13h.

En milieu d'après-midi, les Pyrénées se dévoilent à l'horizon, et vers 16h nous remettons les voiles pour terminer cette nav' qui nous amène pour finir à la très belle ville de Collioure.

La ville de Collioure 

A 17h nous prenons une bouée, et c'est donc en 10h que nous avons parcouru 49 milles nautiques.

Après une douche à la capitainerie, nous nous promenons dans les rues de cette cité charmante, aux ruelles étroites, aux maisons colorées et où rivalisent de beauté les bougain-villiers et autres essences fleuries, donnant à la ville des airs de village.

Aperçu du petit port 
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Pour ma part, j'ai adoré Collioure, s'y balader est très agréables, et les environs, que nous n'avons malheureusement pas eu l'occasion de découvrir, semblaient offrir une diversité de paysages propres aux montagnes.

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Après une nuit quelques peu mouvementée du fait de la houle rentrante, nous partons tôt, et sous un beau soleil, au moteur.

Notre prochaine étape est Cadaqués, ville de Dali aux belles maisons blanches, et surtout notre première ville espagnole. Entre nous, le cap creus, réputé chez les marins comme un passage qui peut être dangereux par mauvais temps, mais c'est au moteur, sans vent et sur une belle mer sans houle que nous le passons. Nous avons même le luxe de passer entre les rochers noirs, où se prélassent des oiseaux de mer.

Espagne nous voilà ! On hisse les drapeaux de courtoisie espagnol et catalan.

Arrivée sur Cadaqués, et le mouillage où nous amarrons le voilier 

En début d'après midi, nous voyons la ville et amorcons notre entrée dans la baie. Le mouillage est très réglementé, et nous devons nous mettre à une bouée payante si nous voulons profiter sereinement de l'endroit. Bon. Très bien, on nous annonce 20€, c'est correct, bien qu'aucuns services ne soient proposés (ni douche, ni eau potable). Nous pourrons néanmoins laisser le voilier avec l'esprit tranquille pour visiter la ville.

En fin d'après midi, nous partons en vadrouille. Nous avons quelques minutes de marche le long du littoral pour rejoindre le centre, et nous découvrons enfin la ville blanche, déjà bien animée par les visiteurs.

Nous déambulons dans les ruelles, admirant l'architecture de certaines grandes demeures, puis poussons jusqu'à Port Lligat, petit village de pêcheurs de l'autre côté de la colline, ou Salvador Dali a construit sa maison éponyme, devenu un musée.

La baie est ravissante et les champs d'oliviers s'étalent devant nous. Il y a également de nombreux figuiers de barbaries. L'endroit est charmant, mais nous ne tardons pas, la nuit commençant à tomber.

Le lendemain, nous devons récupérer deux amis qui nous rejoignent pour quelques jours

Découverte de Cadaqués
Déambulation 
Port Lligat, et la maison Salvador Dali 
A droite, Gala, qui appartenait à Salvador Dali, et qui est conservée ici, au petit port de pêcheurs 

Un employé du port vient nous voir dans la matinée, nous lui donnons le reçu que nous ont donné la veille ses collègue, mais voilà qu'il nous demande 30€ de plus... Et oui, 20€ c'était pour l'après midi ! Après moult négociations, car il n'est pas question pour nous de payer 50€ pour être sur une bouée loin du centre, nous donnons 20€ supplémentaire, et se sera bon pour la nuit qui vient ! Non de non !

Nous passons la journée à préparer et vérifier le bateau en vue de la traversée qui nous attend, on glande aussi, on se repose, on lit.

On va également faire un petit tour dans l'eau, et j'en profite pour enfin tester mon appareil photo étanche, les fonds marins ne sont pas très riches, car bien proches de la ville, mais c'est tout de même l'occasion de nous baigner et voir quelques poissons.

A gauche des saups, à droite un étrange poisson prédateur (qui n'aura rien chassé) 

En début de soirée les copains embarquent. Nous voilà désormais cinq, prêts pour les 150 milles qui nous séparent de notre destination, Majorque !

Tout le monde se couche tôt, demain levé 5h30, cap au sud.

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Le réveil sonne, nous sommes tous excités. Nous voilà partis pour deux jours et une nuit de navigation en direction de Majorque, première île de notre périple.

La météo s'annonce clémente, avec du vent du Nord, parfait pour nous pousser gentiment vers notre destination.

A 5h30, c'est le départ, le soleil n'est pas encore levé, la mer est belle et il n'y a pas de vent. Nous avancons donc doucement au moteur, et disons au revoir au continent. puis un petit vent de Sud se lève, et nous hissons GV et génois pour appuyer le moteur. Cap au 180° plein Sud ! Le vent s'établit, nous coupons le moteur, mais devons le rallumer vers 10h. Ensuite le vent tourne et c'est avec 13 noeuds de Nord-Nord-Est que nous mettons nos voiles en ciseaux pour avancer doucement à 3.7 noeuds, puis repassons les voiles tribord amûre avant le déjeuner.

Sur le voilier, l'important c'est de n'avoir jamais faim pour éviter le mal de mer, pour le plus grand plaisir de l'équipage qui se régale de pouvoir manger toute la journée !

Nous nous relayons à la barre, ou utilisons le pilote automatique. On se relaie aussi pour les siestes (très importantes à bord ! ), car il faut être en forme pour faire les quarts de cette nuit.

Nous sommes vent arrière ou travers, et le bateau file lentement et sans bruit.

Ainsi la journée passe, on s'occupe en lisant, en mangeant ou en préparant à manger, et on guette un signe de dauphin aussi. Et c'est en fin d'après midi, qu'enfin, le capitaine repère un joli groupe. Voilà une bonne trentaine de dauphins qui nous rejoignent et entourent bientôt le voilier. Tout le monde observe ce magnifique spectacle que nous offre la mer. Des dauphins se relaient pour jouer dans l'étrave, et c'est un véritable émerveillement !!

Puis après une bonne vingtaine de minutes ils s'en vont, mais reviennent une heure plus tard, un peu avant 20h, pour un nouveau spectacle. L'émotion et à son comble et nous ne saurons remercier ces êtres de nous offrir leur présence encore une fois. C'est beau, tout simplement. Le soleil baisse à l'horizon, sur cette fine bande de terre espagnole qui bientôt disparaitra, le ciel s'enflamme et les dauphins jouent et bondissent devant l'étrave.

Nous mangeons, puis ceux qui prennent le quart de milieu de nuit se prépare à aller se coucher. Un dauphin solitaire vient faire un dernier coucou dans les vagues roses, nous sommes comblés ! Puis les quarts commencent. La nuit est belle, pas un nuage à l'horizon, la mer est plate, nous avancons sous pilote au moteur. Autour de nous scintillent le plancton et les méduses phosphorécents. Le ciel d'un noir profond s'habille d'étoile. Il est 22h.

A minuit, le capitaine prend son quart, et à 0h50, il renvoie les voiles car un petit vent de Sud Est s'est levé, on avance à 4.5 noeuds, et ce jusqu'à 6h du matin quand le vent retombera.

A 8h, me voilà seule à la barre, vu que j'ai bien dormi, et à 8h15 apparait l'île de Majorque, bande de terre au loin qui se découpe dans le bleu du ciel et de la mer. Les conditions sont toujours idéales, la mer est d'huile, c'est un bonheur.

Majorque se détache à l'horizon 

A 11h, la cane à traine annonce un poisson !! La capitaine l'empoigne, mais le poisson ferré est visiblement très, très gros et emporte plus de 400m de fil avant qu'il ne se casse. Excitation puis déception donc.

La journée continue au moteur puis ce que le vent nous a définitivement laché. Majorque grossie, on approche du Cap Formentor au Nord-Est de l'île. A un moment l'un de nous repère une sorte d'aileron qui dépasse, on se demande bien ce que c'est, et, en s'approchant, découvrons qu'il s'agit de raies mantas !! Des petits groupes d'une petite dizaine d'individus se succédent nous offrant un superbe comité d'accueil. Les raies dansent de leurs grandes ailes à la surface d'une eau déjà turquoise.

Enfin, nous passons le Cap Formentor et découvrons les grandes falaises majorcaines, et l'immense baie de Pollenca.

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Et c'est après 37h, 150 milles et de nombreuses rencontres marines, que nous mouillons dans la jolie baie de Porto de Pollenca.

Nous avons effectué la traversée pour moitié au moteur et moitié à la voile, ce n'est donc pas trop mal pour une première.

Nous sommes tous simplement fiers de nous, bien que les conditions aient été très tranquilles. Après avoir mouillé, puis soufflé un bon coup, un bel apéro d'arrivée s'impose.

Le joli mouillage de Pollenca, baie de voyageurs, au pied de ces belles montagnes majorcaines

Un grand merci au capitaine, et aussi aux copains qui ont tous bien assuré pour cette belle navigation.


Restez attentifs, hasta luego, pour le récit de notre découverte de la belle île de Majorque... 😉