C'est encore émerveillés par les couleurs du Karijini que nous reprenons la route qui nous fera toucher la côte nord. Nouvelle étape d'une nuit au roadhouse d'Auski pour faire le plein d'essence, puis c'est parti mon kiki pour 280 kms de route désertique, ça va nous changer !! Ah bah non, finalement nous ne faisons que quelques centaines de mètres avant de croiser un énième road train, celui qu'il ne fallait pas… et hop un caillou malencontreux vient fissurer le pare-brise. Argh, on ne sait pas si on doit continuer de rouler ou bien faire demi-tour pour retourner au roadhouse. Finalement la fissure s'agrandit à vue d'œil, alors on retourne à Auski, et on appelle le loueur du van, qui nous dit qu'on est au milieu de nulle part (à bon ?) et que si l'on doit faire changer le pare-brise, nous devrons le faire à Port Hedland, soit notre prochaine étape. On nous dit de ne pas paniquer, un pare-brise c'est costaud, même avec une fissure, et qu' il ne cassera pas en roulant (euh vous êtes sûrs ?). La personne me demande de rappeler quand nous serons arrivés, et qu'elle nous dira où nous rendre pour faire changer ce *** de pare-brise. Nous reprenons le volant, pas super sereins, mais que faire ?
Nous avons emprunté le rouleau de scotch à la caisse de la station service, histoire de renforcer tout ça, mais nous nous apercevons bien vite que c'est peine perdue, car la fissure continue de grandir !!! Bon j'avoue les 280 kms nous ont parus trèèèès longs !
Nous nous posons à Port Hedland, et rappelons notre loueur. Nous tombons cette fois-ci sur un jeune bien sympa, et plutôt accommodant, qui nous explique que comme il nous reste 2 mois de route il y a de grandes chances que nous ayons de nouveau maille à partir avec des road trains et/ou des cailloux. Sachant que nous n'avons pas pris l'extension de garantie pour le bris de glace ( ben oui, on prend jamais les extensions de garanties… enfin jusqu'à maintenant…), il nous conseille de rouler tranquilles ( euh…) comme ça, et de ne le faire changer qu'à la fin de notre séjour. La fissure n'est pas gênante pour la conduite, et à part si on se fait arrêter par la police ( ah mais non monsieur l'agent, ça vient juste d'arriver, et je cherchais justement un garagiste, vous n'en connaitriez pas un dans le coin ?) cela ne posera pas de problème. Ok, on va faire ça alors, car un pare-brise coûte environ 400$ ( 280€) à faire changer, alors autant ne le faire qu'une fois !!!
Allez, stoppons là les tracas, cet aléa ne va pas nous miner le moral bien longtemps ! D'autant qu'il y a comme un goût de Jurassic World dans l'étape que nous visons. En effet, nous avons découvert, en discutant avec une autre famille de voyageurs français, qu'à Broome sont visibles des traces de dinosaures dans la roche à marée basse ! N'en dites pas plus, on doit aller voir ça, c'est une " Odyssée des Nosaures" ! Nous n'avions pas envisagé de monter aussi haut, mais l'occasion est trop belle ! En plus ça ne nous fait faire "que" 1200 kms supplémentaires A/R ...
En plus c'est sympa, car on voit sur la carte que nous allons emprunter la route de la côte, ça va être chouette de retrouve la mer ! Ah non, en fait la route longe bien la côte, mais à 15 km à vol d'oiseau… Nous ne reverrons la mer que 300 kms plus loin, lors de notre étape à Eighty mile Beach, pour laquelle nous faisons ces 15 bornes par une piste poussiéreuse et un peu tape-cul, mais qui nous emmène dans un spot vraiment sympa !
La route n'étant finalement, encore, que désert, vent brûlant et chaleur, nous changeons un peu notre façon de faire et allongeons nos étapes pour rejoindre Broome en deux longues journées de conduite.
Pour le coup, La pause à Eighty mile Beach est absolument bienvenue, et nous aurons la bonne surprise d'apprendre au détour d'une conversation, que c'est la saison de ponte des tortues et que nous aurons peut-être l'occasion d'en apercevoir à marée haute le soir vers 22h. Nous n'aurions même pas osé en rêver !
En attendant nous partons nous balader sur la plage. C'est marée basse, ce n'est pas une plage où l'on se baigne car l'eau est trop loin, et même lorsque nous finissons par la toucher nous n'avons de l'eau que jusqu'aux mollets ! Je me régale à parcourir le sable à la recherche de coquillages, je pourrais y passer des heures ! D'ailleurs c'est bien ce que je fais. Ils sont tous plus beaux les uns que les autres, je les ramasse tout en sachant que je ne pourrai pas les garder…d'une part parce que cela serait trop lourd dans le sac à dos, d'autre part parce que le ramassage de coquillage est interdit, et que les douaniers à l'aéroport ne seront peut-être pas d'accord pour qu'on les emmène en Inde ! Mais le plaisir est là, et je les laisserai en partant. Gabriel en profite pour pratiquer l'art éphémère des dessins et sculptures en sable.
Le soleil décline, les couleurs sont magnifiques (j'ai l'impression de dire toujours la même chose !!), nous assistons à son coucher, c'est paisible à souhait !
Et c'est l'heure d'aller saluer les tortues. On nous a donné quelques instructions pour assister à la magie du moment sans pour autant les embêter. C'est presque la pleine lune, et nous voyons la plage sous une lumière fantomatique. Les tortues reviennent toujours pondre sur la plage sur laquelle elles sont nées. Elles sortent de l'eau à marée haute, rampent jusqu'au plus haut qu'elles peuvent, puis creusent un trou avec leurs pattes arrières, avant de pondre dans le trou et de recouvrir le tout avec du sable. L'opération peut prendre plusieurs heures, et les épuisent totalement. Elles rejoignent ensuite la mer en rampant de nouveau.
Ce soir nous n'aurons pas le plaisir d'en voir, mais en revenant à notre van nous discutons avec 2 jeunes qui en ont vu une retourner dans l'eau. Un peu déçus, nous nous disons qu'heureusement nous sommes là demain soir encore, alors peut-être ? Et oui, Karma nous a fait ce cadeau, le lendemain soir nous la voyons nous aussi au moment où elle retourne dans l'eau. Nous pouvons voir ses traces dans le sable, et l'endroit complètement retourné où elle a pondu. Elle est immense, entre 1,5 et 2 mètres de long. Le moment est indescriptible ! Elles est épuisée, nous le voyons à la façon dont elle mobilise ses dernières forces pour atteindre l'eau, et dont elle cherche son souffle dans l'opération. La rencontre fut aussi brève qu'émouvante, et nous nous en retournons dans notre mini-maison sur roue en étant conscients du privilège que nous venons de vivre.
Pas de photo de la tortue, sauf celle faite par Gabriel !Nous atteignons Broome le lendemain, après encore une grosse journée de vent brûlant , et après avoir décidé d'avaler l'asphalte fin de pouvoir se poser sans faire de stop dans le désert.
Nous trouvons un caravan park nous accueillant volontiers parmi ses arbres à l'ombre providentielle ! La piscine n'est pas pour nous déplaire non plus ! Nous avons pris un peu de retard pour les devoirs à rendre de Gabriel, et décidons de rester ici 5 jours. Au programme, en plus des devoirs, la recherche des fameuses traces de dinos, l'illusion d'optique appelée ici Staircase to the moon, qui a lieu 3 jours par mois de mars à octobre au moment de la pleine lune. Le sort à voulu que nous arrivions le 1er jour du dernier mois de visibilité du phénomène !! Il y aura aussi la visite du parc de sauvetage des crocos de mer, et la balade sur la plage au coucher du soleil (ouais on sait on est pas très originaux !) pour voir passer les caravanes de dromadaires promenant les touristes.
Les traces de dinos …! Pas possible de manquer ça quand on s'appelle la famille Nosaure ! Je m'attends, en arrivant sur la plage concernée, à trouver des panneaux indiquant la moindre patte visible dans les rochers. Il n'en est rien ! Nous y allons à marée basse, qui tombe en fin de journée. Encore un peu on croirait que c'est un fait exprès, parce que vous vous en doutez je vais encore vous dire à quel point lumières et couleurs sont sublimes !
Nous crapahutons parmi les rochers, en scrutant au plus près la surface minérale en croyant apercevoir des pattes dans la moindre anfractuosité. Pour finir, nus réalisons qu'à moins d'une chance incroyable ou d'un hasard encore plus incroyable, nous ne les verrons pas. Flo regarde quand même sur internet si une info nous aurait échappé, et il trouve carrément des coordonnées GPS nous dirigeant tout droit sur notre Grâal ! Waou, elles sont là depuis 140 millions d'années !
Ces empreintes sont connues officiellement depuis 2008. La communauté aborigène de la région, qui connaissait ces traces depuis des milliers d'années à travers leurs légendes orales, souvent sous forme de chant, a pris contact avec des paléontologues afin de partager cette connaissance dans le but de les protéger, car un gigantesque projet d'exploitation de gaz naturel devait prendre naissance à cet endroit. Les scientifique ont pu relever des milliers d'empreintes ( bon nous on en a vu 3 mais c'est déjà beaucoup ! ) réparties sur 25 kilomètres et il s'agit de l'assemblage le plus divers découvert sur la planète… Décidément l'Australie nous aura fait nous sentir bien petits...
La nuit est tombée, il est temps de nous diriger vers le point de vue qui nous permettra de monter dans la lune… Staircase to the Moon est un phénomène optique qui donne l'impression lorsque la pleine lune se lève au-dessus de la mer, que des escaliers permettent de s'y rendre. Ce sont les reflets dans l'eau striée par les courants qui donnent cette impression. Ce phénomène a lieu sur toute la côte nord, de mars à octobre pendant les 3 jours de pleine lune.
Nous arrivons sur place, où l'ambiance est au marché de nuit avec vente de bijoux et de churros ! Il y a carrément des gradins en pierre sur lesquels les spectateurs sont assis, attendant la lune comme une diva d'opéra ! Un détail me chiffonne cependant, des lampadaires surplombent ces gradins, et nous ne sommes pas sûres qu'ils seront éteints au moment crucial. Ce serait comme assister à une séance de ciné avec les lumières allumées dans la salle. Nous voyons quelques personnes se diriger vers une avancée de terre non éclairée, et faisons le choix de prendre le même chemin, tant pis si nous ne sommes pas tout à fait en face de la "scène".
Nous regardons l'heure, elle est censée se lever à une heure bien précise mais ce fait attendre. Soudain nous la voyons ! Elle est rouge sang, et aucune photo ne pourra lui rendre sa magnificence ! En revanche, peut-être justement du fait ce cette couleur rouge, le phénomène de marches dans l'eau est peu visible. Mais la diva est si belle, revêtue de sa robe rouge que nous repartons avec le sentiment d'avoir assisté à Quelque chose de beau.
Bien plus triviale fut la visite du parc de sauvetage des crocodiles de mer ! La côte nord est, en Australie, leur lieu de vie, et ils sont 150 000, soit la moitié de la population mondiale de crocos de mer !! Ils vivent principalement en estuaires, marais et rivières, mais rejoignent la mer à la saison sèche ( soit en ce moment ! ) Ils sont sur toute la côte nord à partir de Broome, et ce parc est un de ceux qui récupèrent les crocos signalés dans les lieux où ils pourraient rencontrer, voire attaquer des humains. Pouvant faire jusqu'à 7 mètres environ, ils font en moyenne 2 morts par an, souvent des imprudents. Les crocos sont malgré tout protégés, il est interdit de les chasser et de les tuer, mais parfois la population leur tire dessus par peur. Ce sont ces crocodiles, souvent blessés mais pas tués, qui sont recueillis dans les parcs ( celui qu'on a visité n'est pas le seul ). Parfois ce sont les rangers ayant aperçu un animal qui contactent le parc pour l'attraper. Les crocodiles récupérés finissent leur vie dans ces parcs, ce qui peut être long sachant qu'il peuvent vivre jusqu'à 70 ans ! Néanmoins il s'avère que les crocodiles n'ont pas besoin de beaucoup d'espace, et qu'ils sont plutôt heureux du moment qu'ils ont leur propre trou d'eau et éventuellement une femelle (oh bah ça peut nous faire penser à pas mal de monde !)
En tout cas, ils sont particulièrement impressionnants, et l'heure du nourrissage, euh comment dire, je n'aimerai pas être à la place de ces poulets qui leur sont envoyés par dessus la clôture ( mais pas vivants heureusement !)
Nous espérions voir des dromadaires sauvages, car l'Australie possède un cheptel d'un million de dromadaires vivants dans le désert, à l'état naturel, et certains sont juste en-dessous de Broome (ouais, le juste en-dessous australien quoi, et puis celui-là avec un 4X4 !) Les seuls que nous verrons serons des caravanes emmenant les touristes sur la plage au soleil couchant. Certes la plage est magnifique à cette heure, mais je pense qu'à pied c'est tout aussi bien !
Nous serons restés 5 jours sur Broome, la piscine d'eau de mer était la bienvenue car sur cette côte, en dehors des crocodiles, on ne peut pas vraiment se baigner du fait des marées basses importantes…! Le Karijini s'était moins prêté au travail de Gabriel, mais ici il a pu avancer efficacement. Il a presque repris de l'avance !!
Il nous faut maintenant repartir pour redescendre vers notre prochain Grâal, le Nigaloo Reef et ses tortues, raies , poissons et coraux aux coloris insensées !
Anaïs