Nous quittons le Cambodge pour une nouvelle aventure asiatique : le Vietnam.
Point histoire :
Viet serait la vietnamination du chinois "Yué" ou "lointain marginal". C'est ainsi que les Han (chinois) nommaient les divers "barbares" qui se partageaient leurs frontières. Les Viets étaient les Yué du sud. Ils habitaient les cinq montagnes, région légendaire où régnèrent trois empereurs : l'un découvrit le feu, l'autre la divination et le dernier la riziculture. Mais un jour les Han arrachent les cinq montagnes aux Viets, et c'est alors l'exil vers le sud. Mais les Yué se révoltent en l'an 39, une insurrection générale conduite par deux femmes (évidemment toujours les mêmes qui bossent) de poigne, les sœurs Tru'ng, ce qui nécessite l'intervention d'un grand général chinois. Pour reprendre la main, la dynastie chinoise des Tang doit implanter des colons, puis conquiert le sud et le rebaptise An Nam : le sud pacifié.
Des siècles plus tard, les Viets se battent sur tous les fronts : contre les Chinois et les Cham. Un viet, Ngô Quyên, va enfin libérer le pays. Il se proclame empereur, après sa mort le pays se divise en 12 principautés féodales qui se déchirent.
Première dynastie : les Ngô de 939 à 967. Puis les Dinh de 967 à 980, ils reconnaissent la suzeraineté chinoise et paient des tributs pour avoir la paix. Puis vint la dynastie des Lê de 980 à 1009, qui lui, bat les chinois, écrase les Khmers et les tourne contre les Cham. Sa dynastie cimentera durablement l'unité nationale, avec une nouvelle religion : le bouddhisme.
1009 : dynastie des Ly qui brilleront pendant deux siècles jusqu'en 1225. Beau bilan : transfert de la capitale à Hanoi, le bouddhisme religion d'Etat, construction de monastères et de palais, relais postaux, renforcement des digues... Un Etat est né.
Puis nous passons à la dynastie des Trân. En, 1279, les Mongols ont conquis la Chine et tentent de poursuivre leur conquête, mais les vietnamiens leur refusent le passage et les battent. Puis, ils reconnaissent de nouveau la suzeraineté chinoise...
Les chinois administrent le Vietnam en provinces chinoises, culture locale détruite, instruction en chinois... Les lettrés viets prennent le maquis et en 1428, sous les ordres de Lê Loi, les guérilleros harcèlent avec succès l'occupant chinois.
Une fois de plus les chinois sont K.O. Lê Loi monte sur le trône en 1428 sous le nom de Lê Thai To et appellera son royaume Dai Viet : le grand Viet. Ce Napoléon à la sauce indochinoise promulgue un code civil, réorganise le pays, transforme ses troupes en paysans-soldats, fonde un collège... Mais en 1527, le dernier Lê sera renversé.
Après quelques dynasties qui ne tiennent pas longtemps, le prince Nguyên Anh se fait proclamer empereur de tout le Vietnam et fonde la dynastie Nguyên en 1762.
Puis c'est au tour de la France d'envahir le pays, qui sera placé sous son protectorat le 6 juin 1884. L'empereur Hàm Nghi est fait prisonnier en 1888 après trois années de résistance anti-française, il sera déporté en Algérie où il se marie avec une française dont il aura 3 enfants.
Un nouvel empereur plus docile est nommé à sa place, il s'agit de son frère, Dông Khanh. Le gouverneur français Paul Doumer réorganise le pays afin de le rendre plus rentable : on enseigne désormais le français, la science administrative et le cadastre. Il septuple la production de riz, bâtit 2500 km de voies ferrées, 17 500 km de routes en pierres, crée une nouvelle monnaie, et vend de l'opium.
Le fameux Hô Chi Minh étudie au collège, puis s'engage comme "boy" sur le vapeur Latouche-Treville et arrive à Marseille 40 jours plus tard. Il travaille en parcourant le monde, il apprend la mécanique à Londres, découvre les syndicats à New-York, constate en Afrique l'universalité de la domination coloniale. Puis il part en Russie où le Komintern le forme à la clandestinité et à la direction de la révolution de 1925 à 1927 il s'immerge dans la révolution chinoise tout en élaborant un noyau de groupe communiste vietnamien. Il sort un journal qui prêche communisme et nationalisme et rassemble un millier de militants. Le 3 février 1930, il fonde le parti communiste indochinois (PCI).
Au Vietnam, les révoltes se multiplient contre les français, réprimées durement. Le PCI se retrouve décimé et Hô Chi Minh est mis en réserve à Moscou.
En 1941, Hô Chi Minh gagne l'extrême nord-est du Tonkin en passant par la Chine. Il traverse à pied les montagnes et pose sa valise à Pac Bo dans une grotte. Là, il déballe sa machine à écrire (ça devait être lourd à trimbaler) et repense son projet. Il organise une réunion des cadres du PCI au cours de laquelle la création d'une organisation paramilitaire est décidée : Viêt Nam Dôc Lâp Dong Minh Hôi : "Ligue pour l'indépendance du Vietnam", plus connue sous le nom de Vietminh. Leur but est la lutte anticolonialiste contre les Japonais et les Français. En 1944, ils arment le Vietminh. Les Etats-Unis (ça faisait longtemps) combattent le vieil ordre colonialiste, histoire de s'imposer comme les patrons de nations nouvelles.
Le 9 mars 1945, les japonais demandent au gouverneur l'accord de placer l'Indochine sous l'autorité unique de l'armée japonaise : il refuse. Ce même jour, des officiers français invités à dîner par l'état-major japonais sont décapités au sabre et dans les jours qui suivent 460 soldats français prisonniers sont massacrés. Dans l'ensemble de L'Indochine, ce même jour, 3000 soldats français sont tués par les japonais.
Les japonais désignent un empereur et se placent en protecteur à la place de la France, l'indépendance est proclamée le 11 mars. Le Vietminh avec l'aide des services secrets américains se développe dans tout le nord. Le 2 septembre 1945, après la capitulation japonaise, Hô Chi Minh proclame à Hanoi l'indépendance du Vietnam et la création de la république démocratique du Vietnam (RDV).
Mais la France n'en reste pas là... Avec l'aide de la Grande-Bretagne, ils débarquent en octobre 1945 sous le commandement de Leclerc. Le 6 mars 1946, un accord est signé : la France reconnait la république démocratique du Vietnam, son parlement et son armée, mais dans le cadre de l'Union française. La réunification du pays sera soumise à un référendum (on aime bien ça, nous les français), mais en attendant les affrontements devront cesser. Malheureusement la France ne tient pas parole. Hô Chi Minh refuse le démembrement du Vietnam, les affrontements se multiplient.
Le 19 novembre 1946 un incident éclate entraînant des tirs entre deux patrouilles. L'amiral Thierry d'Argenlieu donne l'ordre de bombarder les quartiers populaires : 6000 morts.
Le 19 décembre 1946, plusieurs attentats se produisent à Hanoi et Hué contre les positions françaises. Le Vietminh déclenche officiellement la guerre d'indépendance et Hô Chi Minh déclare : "Que tous se lèvent pour s'opposer au colonialisme, défendre la patrie."
Enfin, après multiples péripéties, la France accorde l'indépendance au Vietnam en juin 1948. Après les accords de Genève le 21 juillet 1954, le Vietnam est divisé en deux pays distincts. Tout le territoire nord constitue la République démocratique du Vietnam avec Ho Chi Minh à sa tête. Au sud s'installe la République du Vietnam gouvernée par Ngô Dinh Diêm, un catholique anticommuniste, il a le soutien des Américains. Il fait la chasse aux opposants et très vite les Etats-Unis prennent la place laissée vacante par la France.
Les Vietcong, héritiers du Vietminh et combattants communistes du sud du Vietnam continuent le combat multipliant les attentats terroristes. Leur objectif est de chasser les américains et de réunifier le pays. Les premiers hélicoptères américains arrivent le 11 novembre 1961, ça y est les Etats-Unis ont mis le doigt dans l'engrenage de la guerre.
Dès octobre 1962, les américains affrontent les Vietcong. Pendant ce temps, ils n'arrivent pas à contrôler Diêm, et avec le feu vert de Washington, ils organisent un coup d'état et l'assassinent le 2 novembre 1963. Ironie du sort, trois semaines plus tard, Kennedy est assassiné à Dallas. Il est remplacé par Lyndon B. Johnson, qui ne veut que la guerre et en aucun cas un retrait des troupes. Sa crainte est l'avancée du communisme en Asie.
L'Amérique enverra près de 3 millions d'hommes sur toute la durée de la guerre. Un nouveau type de guerre voit le jour : la guerre "moderne", médiatique, scientifique, informatique. Exception faite de l'arme nucléaire, tout a été utilisé au Vietnam. On résonnait en "mégamorts", on ne disait plus "tuer" mais "sur-tuer".
Les américains ont beau déployer la plus forte armée du monde, ils se heurtent à un ennemi impalpable, invisible, introuvable. Ils s'attendaient à une bonne guerre frontale, mais non, ce n'est qu'une guérilla qui se déroule dans les rizières, dans les jungles tropicales étouffantes. "Quiconque fait 5 m à travers les herbes géantes mérite une décoration" écrit un soldat américain à sa mère. L'ennemi est paysan le jour, Vietcong la nuit.
Ce sont deux cultures qui s'affrontent : d'un côté, les enfants du Coca-Cola et du rock'n'roll sortis fraîchement des campus des années 1960, de l'autre, des hommes sans âge, maigres, disciplinés, tenaces, endurcis par des années de clandestinité, chaussés de sandales découpées dans des pneus.
Alors q'une trêve générale est décrétée pour la fête du Têt (le nouvel An vietnamien), le 30 janvier 1968, des troupes vietcong soutenues par des unités nord-vietnamiennes, attaquent le même jour 37 villes importantes du sud et des dizaines de villes secondaires. A Saigon, l'ambassade des Etats-Unis réputée imprenable est envahie par un commando de 19 combattants qui parviennent à la tenir pendant 6 heures. Au bout de 10 jours de combats acharnés, l'offensive est écrasée. Sur le plan militaire c'est un échec pour les communistes, mais c'est une victoire politique et psychologique.
Des pourparlers de paix se déroulent à Paris, mais l'arrivée de Nixon à la maison blanche va relancer de plus belle le conflit. Dès 1969, les américains commencent à bombarder le Cambodge, pays pacifique qui s'était tenu à l'écart jusque là, pour détruire les sanctuaires vietcong. Ho Chi Minh meurt le 2 septembre 1969.
Les Etats-Unis bombardent encore et encore le pays. Puis début 1975, le déferlement des soldats communistes provoque une panique générale. Le 30 avril 1975, les chars de l'armée du nord entrent dans Saigon et prennent la ville, le gouvernement sud se rend. La guerre du Vietnam est officiellement finie. Saigon devient Ho CHi Minh ville en hommage au père de la révolution vietnamienne.
En 1976, enfin, il n'y a plus qu'un seul Vietnam...
Le passage de la frontière entre le Cambodge et le Vietnam fut rapide et simple par rapport à celui avec le Laos. Puis, ensuite nous avons pris un minibus, qui nous a menés jusqu'à un arrêt où nous avons attendu 2 heures avant de repartir dans un autre minibus pour 7h de route pour faire 200 km...! Les arrivées dans les pays sont toujours longues et épiques !!
Can Tho Découverte d'une nouvelle ville dans un nouveau pays demain !