Cambodge - au coeur du royaume khmer

Les temples d'Angkor et Battambang
Du 13 au 23 février 2019
11 jours
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C’est sous un soleil de plomb que nous quittons avec regret Don Khon. Après environ 40 mn de pirogue pour rejoindre la terre ferme, nous avons encore une dizaine d’heures de voyage pour atteindre notre destination finale, Siem Reap au Cambodge.

Nous attendons une bonne heure notre bus en papotant avec un jeune couple en tour du monde. Le bus est confortable et peu rempli. Au fur et à mesure des arrêts, on se rend vite compte que la compagnie de bus a fait du surbooking : les pauvres passagers qui montent une heure seulement après nous, doivent s’asseoir sur des tabourets en plastique entre les rangées de sièges, et ne sont pas franchement ravis.

Nous arrivons à la frontière terrestre entre le Laos et le Cambodge, une des frontières les plus corrompues au monde. Nous avons entendu et lu maintes histoires sur ce passage de frontière qui n’est jamais agréable. Dès la descente du bus, nous sommes mis dans l’ambiance : les conducteurs du bus se sont déjà installés pour prêter main forte aux douaniers et demandent USD40 à chaque passager pour le visa cambodgien et le passage de frontière. Sauf que le visa ne coûte officiellement que USD30 par personne et que le passage de frontière est gratuit… Un beau petit profit pour les douaniers si vous multipliez ces USD10 supplémentaires, par les centaines de touristes qui passent la frontière chaque jour.

Nous refusons de donner notre argent à ces filous et nous présentons plutôt au bureau d’à côté qui nous demande malgré tout USD2 par personne pour le passage de frontière (les enfants ne paient pas). Cette somme n’est inscrite nulle part et va directement dans la poche des douaniers. Nous devons également payer USD2 par personne si nous n’avons pas de photo d’identité à disposition, ça fait cher la photocopie de la photo du passeport ! Je ne sais plus quelle était la raison donnée pour le paiement des 4 autres dollars… Et enfin USD30 pour le visa, ça c’est normal. Nous refusons d’abord de payer les sommes non officielles mais il est très compliqué de se rebeller alors que la moitié du bus a déjà tout payé. Par ailleurs, nous avons eu écho de nombreuses histoires où les voyageurs refusaient de payer les USD10 en plus, attendaient des heures et rataient le bus qui partait sans eux. Un vrai dilemme…

Il est vrai que la somme n’est pas exhorbitante mais le principe même de se faire prendre pour un pigeon et de n’avoir aucun recours (car il faut bien passer la frontière) est particulièrement énervant. Les douaniers ne sont pas du tout sympas, voire agressifs car ils sont en position de force. Nous payons à contre-cœur et avons hâte de quitter cet endroit. Nos passeports nous ont été retirés pour que les équipes cambodgiennes puissent y apposer le visa d’entrée dans le pays. Il nous reste à marcher pendant quelques minutes pour passer la frontière qui se résume à une barrière toute simple. Milan fait des blagues au douanier cambodgien, plutôt avenant, et l’ambiance se détend un peu.

Nous récupérons enfin nos passeports avec un beau visa coloré et devons maintenant patienter pour donner nos empreintes et faire une photo pour les douaniers cambodgiens. Nous retournons ensuite dans le bus, après avoir rapidement mangé un plat de nouilles aux légumes.

Première surprise du Cambodge : ici tout se paie en dollars américains. La monnaie officielle est le Riel mais contrairement aux cambodgiens, les étrangers ne peuvent pas retirer cette devise dans les distributeurs automatiques. Par contre, pour chaque achat, les commerçants nous rendent la monnaie en dollars ET en riels si besoin. Il faut donc jongler avec deux monnaies différentes et être vigilant pour ne pas avoir trop de Riels en fin de séjour car il est difficile de les échanger ensuite.

Le trajet en bus est interminable, nous arrivons enfin à Siem Reap vers 21h, après une journée de voyage. Nous trouvons un tuk-tuk qui nous amène à notre hôtel, réservé en avance. Notre première impression de Siem Reap est plutôt positive : la vie est vivante, joyeuse même si bruyante, et donne envie de s’y attarder.

Siem Reap a une offre hôtelière particulièrement étoffée et de qualité. Nous avons réservé au Dom boutique hotel et sommes ravis de l’endroit qui est charmant. En plus, nous apprenons avec plaisir que nous sommes upgradés et que nous avons droit à une suite familiale pour le même prix. Nous avons donc une suite composée de deux immenses chambres communicantes et d’une double salle de bains, sans oublier un petit balcon, un vrai bonus !

Dom boutique hotel 

Nous sommes tellement épuisés du voyage que nous dinons rapidement avant d’aller nous coucher pour un repos bien mérité.

Le lendemain, nous démarrons la journée par un petit déjeuner au bord de la piscine, l’endroit est vraiment joli et le personnel de l’hôtel adorable. Nous enchaînons par une séance d’école, les enfants râlent car ils préfèreraient aller se baigner mais la règle est simple : pas d’école = pas de piscine ! Et puis, il y a pire comme salle de classe non ?

Nous allons déjeuner en ville et partons explorer Siem Reap. L’objectif est de trouver un tuk-tuk qui pourra nous promener de temple en temple pendant 3 jours. En chemin, nous nous arrêtons pour donner nos pieds à manger aux poissons… ou presque ! Initialement, c’était mon idée car j’ai toujours voulu le faire en France, mais une fois devant les poissons affamés, je fais moins la maline. Je trempe la main pour voir mais n’aime pas du tout la sensation de toutes ces bouches de poissons en même temps et passe mon tour, tout comme Ilena. Fred et Milan sont plus courageux et donnent leurs pieds aux poissons nettoyeurs de peaux mortes, l’expérience a l’air amusante.

Le mari de la dame qui s’occupe des poissons est conducteur de tuk-tuk, elle nous le présente et le courant passe bien, nous décidons de l’engager pour les 3 prochains jours.

Le soir, nous avons organisé un diner surprise aux enfants : les copains des ‘10 pieds autour du monde’ (Cyrille, Aurélie, Alban, Clémence et Baptiste) sont également à Siem Reap et c’est avec joie que petits et grands se retrouvent autour d’un diner cambodgien. Nous avons rencontré les 10 pieds sur un forum de familles autour du monde et nous sommes vus à plusieurs reprises avant de partir (ils habitent à 20mn de chez nous). Par la suite, nous avons énormément échangé avec eux sur les préparatifs de voyage, pendant plusieurs mois. Comme ils font aussi le tour du monde mais dans le sens inverse du nôtre, le Cambodge était le seul endroit où nous pouvions nous retrouver en chemin.

Retrouvailles avec les '10 pieds autour du monde' 

Le lendemain, notre chauffeur de tuk-tuk vient nous chercher à l’hôtel. Les temples d’Angkor sont situés à seulement quelques kilomètres du centre de Siem Reap. Nous achetons nos pass (62 euros par personne pour 3 jours, les enfants ne paient pas). Une partie des revenus du site sert à financer la préservation des temples, leur rénovation et les fouilles archéologiques toujours en cours.

Erigée entre le IXème et XV siècle, la cité d’Angkor est un site archéologique de plus de 400 km2, composé de centaines de temples et ruines, construits au cœur de la forêt. Le site actuel est inscrit depuis 1992 au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La première journée est consacrée à la visite des principaux sites de la cité khmer. Nous découvrons avec bonheur le site de Ta Prohm. Si vous avez vu les films ‘Indiana Jones et le temple maudit’ et ‘Tomb Raider’, vous savez exactement de quel site je parle ! L’endroit est immense (60 ha) et somptueux… C’est un des seuls temples qui ait été laissé quasiment dans le même état que lors de sa re-découverte au début du 20e siècle. Ici, la nature a repris ses droits et les arbres, racines géantes et autres végétaux s’entremêlent avec les pierres… L’endroit est juste magnifique.

Ta Prohm

C’est ici aussi que Milan disparait pendant près de 30 minutes (sûrement les plus longues de ma vie !). Il boude car il ne veut pas visiter de temples (il est vrai qu’on en a vu des tonnes depuis le début de notre périple) et fait une pause un peu trop longue ; quelques minutes d’inattention et nous ne le trouvons plus… Il y a déjà beaucoup de touristes et l’endroit étant immense, impossible de le retrouver seuls. Nous essayons de nous rassurer en nous disant qu’il parle de mieux en mieux anglais et sera capable de demander de l’aide à l’un des nombreux membres de la sécurité et qu’il a en plus un bracelet d’identification avec nos coordonnées. Mais le temps passe et toujours pas de Milan à l’horizon. Les larmes me montent aux yeux, je cherche en vain mon fils et je panique. Fred est un peu plus calme que moi mais très inquiet quand même. Je vais voir un des vigils qui montre beaucoup d’empathie et appelle ses collègues immédiatement. 10mn plus tard, il me rassure en me disant qu’un de ses collègues a retrouvé notre petit chéri, ouf… Milan n’est pas très fier de lui et a un peu paniqué aussi, je ne sais pas si je dois juste le serrer dans mes bras ou le disputer (alors je le serre fort dans mes bras !). Dur d’être parent parfois !

Nous poursuivons la visite en gardant nos deux poussins près de nous. Nous découvrons aussi Bayon, le temple aux milles visages, sûrement notre temple préféré, Preah Khan, et d’autres plus petits dont j’ai oublié le nom. Il fait vraiment très très chaud, il y a beaucoup de monde dans chaque temple, les enfants sont épuisés et ne veulent même plus descendre du tuk-tuk pour visiter les derniers temples.

Bayon 

Nous les trainons quand même jusqu’à Angkor Wat. Symbole du Cambodge, ce temple est même représenté sur le drapeau national. C’est le temple le plus connu d’Angkor et beaucoup le considèrent comme la 8ème merveille du monde. Nous avons aimé ce temple mais c’est loin d’être notre préféré - Bayon, Ta Prohm ou Banteay Srei nous ont plus éblouis ou intéressés. Malgré tout, nous passons beaucoup de temps à nous balader dans l’enceinte du temple.

Nous avons également la chance de pouvoir admirer le coucher du soleil sur Angkor Wat (et nous ne sommes pas seuls !), dont l’ombre se reflète dans l’étang aux nénuphars qui est juste devant, un chouette moment.

Nous rentrons à l’hôtel nous rafraîchir dans la piscine avant de nous préparer pour sortir diner. Nous allons boire un verre à Pub Street, la rue animée de Siem Reap. C’est très touristique, bruyant et les boissons, comme la nourriture sont de mauvaise qualité, nous irons diner ailleurs.

Pub Street 

Le lendemain matin, réveil à 4h30 pour découvrir Angkor Wat au lever du soleil. Notre chauffeur de tuk-tuk vit à 1h30 de Siem Reap et s’est levé encore plus tôt que nous mais nous attend avec le sourire. Les enfants sont cools et jouent le jeu même si c’est vraiment dur pour eux (pour nous aussi…). Il y a peu de monde dans les rues mais à l’approche d’Angkor Wat, nous retrouvons de nombreux touristes en tuk-tuk ou à vélo qui ont eu la même idée que nous. Nous avons néanmoins une très bonne place pour admirer le spectacle. M. le soleil prend son temps et égrène ses rayons au compte-gouttes. Nous patientons pendant près d’1h30 avant que le soleil ne soit complètement levé. Le spectacle est beau et les couleurs magnifiques mais nous avons de loin préféré le lever du soleil sur les temples de Bagan.

Angkor Wat au lever du soleil 

Nous allons prendre un petit déjeuner et démarrons notre journée de visites de temples à 7h30. Il n’y a pas encore beaucoup de monde et il fait bien plus frais que la journée, c’est agréable. A 9h, il fait déjà très chaud. Nous découvrons la terrasse des éléphants et la terrasse du roi lépreux. Les sculptures sont très bien conservées et le lieu vraiment chouette. De nombreux singes en liberté jouent à côté, insouciants et malicieux. Milan et Ilena sont plus fascinés par ce spectacle que par les temples !

Terrasse du roi lépreux et terrasse des éléphants 

Nous enchainons les temples, petits, plus importants et essayons de comprendre l’histoire de cette magnifique cité grâce à un guide que nous avons acheté pour l’occasion. Je tente d’intéresser les enfants en leur racontant l’histoire de chaque temple mais ils sont bien fatigués du réveil plus que matinal.

Nous rentrons en milieu d’après-midi nous reposer et profiter de la piscine. Les enfants s’en donnent à cœur joie. Le soir, nous retrouvons Cyrille, Aurélie et leurs enfants pour un bon repas sur le sky bar d’un chouette restaurant. Nous passons une excellente soirée à parler de voyages, de la vie de famille à 4 ou 5, 24/24 et nous quittons en se disant qu’on essaiera de se revoir lors de notre prochaine étape à Battambang.

Natural House skybar 

Le lendemain, c’est journée de repos. Mais avant la piscine, il faut d’abord avancer sur l’école. Il y a plusieurs familles françaises dans l’hôtel et les enfants ont juste hâte de retrouver leurs copains. Nous les libérons après une bonne séance de maths et français et passons le reste de la journée en mode vacances.

Dernière journée de visites le lendemain, sûrement la plus forte émotionnellement. Le dernier temple, Banteay Srei, se trouve à 25km de Siem Reap. Dédié à la déesse Shiva, ce temple est également appelé ‘le joyau de l’art Khmer’. A mes yeux, ce surnom est totalement mérité - j’ai tout aimé : les couleurs, la finesse des sculptures, l’ambiance…

Banteay Srei 

Nous terminons la matinée par la visite du musée des mines anti-personnel (‘Landmines museum’). Nous ne savons pas trop à quoi nous attendre en allant visiter cet endroit qui nous a été recommandé par une autre famille. Nous sommes accueillis chaleureusement dans un musée familial minuscule et nous équipons d’un audiophone en français pour faire la visite. Ce musée a été créé par un cambodgien, Aki Ra, volé à sa famille à l’âge de 5 ans pour devenir enfant-soldat dans les troupes des Khmers rouges. Après la guerre, il dédie son temps à déminer le Cambodge de manière traditionnelle, à la main avec très peu d’outils, un exercice périlleux. Il a également créé une douzaine d’écoles pour les enfants mutilés par les mines anti-personnels et les enfants pauvres des villages. Ces mines sont déclenchées exclusivement par les victimes qui marchent dessus par exemple et peuvent être actives pendant près de 150 ans. Même si le nombre de victimes a bien diminué depuis 20 ans, les mines anti-personnel font encore des ravages au Cambodge et tuent d’innocents civils. Il resterait encore 4 à 6 millions de mines anti-personnels non désamorçées au Cambodge. L’objectif du pays est d’avoir désamorcé toutes les mines d’ici 2025.

Grâce à cette visite, nous comprenons beaucoup mieux la triste histoire du Cambodge et ce que ce pays a dû traverser sous le règne de Polpot. Milan et Ilena sont très intéressés par l’histoire du pays (intérêt renforcé par Fred qui lit un roman autobiographique sur le Cambodge et leur raconte l’histoire au fil des jours). Nous avons été tous les 4 très touchés par cette visite (et en particulier Fred que j’ai rarement vu aussi ému après une visite de musée). Nous sommes remplis d’admiration pour ce pays qui a tellement souffert et a vu sa population décimée (25 % de la population tuée par les khmers rouges en seulement quelques années), et tente malgré tout de se reconstruire et d’avoir confiance en l’avenir. Un bel exemple de résilience…

Notre étape à Siem Reap s’achève déjà. Nous avons adoré la ville, notre hôtel, la beauté des temples et l’ambiance en général. Nous avons également découvert une population locale souriante, aimable, avec un réel sens du service et une envie de faire plaisir. Les cambodgiens sont adorables et ont beaucoup d’humour.

Dans chaque pays que nous visitons, Milan adore faire des blagues aux locaux. La dernière en date : aller demander l’addition au restaurant en bougeant les lèvres mais sans son. Eclats de rires garantis chez les serveurs qui sont d’abord interloqués et ensuite hilares.

Milan met un point d’honneur à arriver dans chaque pays en ayant appris en amont à dire le minimum, à savoir ‘bonjour’, ‘aurevoir’ et ‘merci’. Ces petits détails font toute la différence et permettent d’interagir plus facilement avec les locaux. Ces moments d’échanges avec la population locale sont nos moments préférés du voyage et nous font aimer davantage chaque pays que nous découvrons sous mille facettes. Nous adorons papoter avec les conducteurs de taxi ou de tuk-tuk, le personnel des hôtels ou restaurants, les commerçants etc et comprendre leur mode de vie, l’histoire de leur pays et les différences culturelles.

Notre prochaine étape nous emmène à Battambang, un peu plus à l’ouest. Nous voulions y aller en bateau mais en raison de la saison sèche, nous devons nous rabattre sur le bus.

Un van vient nous chercher à l’hôtel pour nous amener à un autre bus. La passagère française assise derrière nous me regarde avec insistance et me demande si je suis Isabelle… En effet, nous avons échangé à plusieurs reprises sur un forum de tourdumondistes et elle m’a reconnue… Le monde n’est pas si grand !

Dans le prochain épisode, je vous raconterai nos aventures à Battambang. Au programme : singes, chauve-souris et beaucoup de bons moments en famille. D’ici là, prenez soin de vous, on vous embrasse fort.

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Nous arrivons à Battambang à l’ouest de Siem Reap, après 4h de trajet environ. Dès la sortie du bus, les chauffeurs de tuk tuk nous sautent dessus pour nous emmener à notre hôtel.

Nous avons volontairement choisi un hôtel loin du centre qui n’a aucun charme. L’hôtel est entouré de champs et semble perdu au milieu de nulle part (en n’étant qu’à 2kms du centre-ville pourtant). Nous avons une chambre familiale spacieuse et loin du bruit, tout à fait ce que nous cherchions.

Il est déjà tard quand nous arrivons, nous dinons dans le restaurant de l’hôtel. A peine arrivés que les enfants sont déjà partis en exploration et je retrouve Milan en train de papoter et de faire une partie de billard avec une cliente de l’hôtel qui ne parle qu’anglais.

Le lendemain, nous louons deux scooters pour explorer la région. Ce qui semblait être une bonne idée s’avère ne pas l’être en début de journée : nous n’avons pas trouvé de plan des environs et partons un peu à l’aveuglette, même l’appli maps.me ne fonctionne pas ici. Il faut déjà traverser la ville qui grouille de véhicules dans tous les sens. Personne ne respecte les priorités, le code de la route ne doit pas exister ici non plus et je redouble de vigilance pour suivre Fred sans accident car les scooters déboulent de partout, parfois à contre-sens.

Après ces multiples expériences à deux-roues en Asie, je pense être prête à braver le pont de Bezons à scooter à 8h30 le matin sans aucun problème ! Ici, il faut forcer le passage ou patienter toute la journée… Donc on fait comme les locaux, on force le passage et on se débrouille !

Nous nous perdons maintes fois, tout le monde s’énerve, et s’ensuit une belle dispute entre Fred et moi. En nous perdant, nous découvrons la campagne cambodgienne et ses petits villages typiques. Les maisons sont en bambous ou faites de bric et de broc, des petites échoppes jalonnent la route : boissons, épicerie, babioles en plastique, fruits/légumes ou de l’essence pour les scooters dans des bouteilles en plastique, il y en a pour tous les goûts.

Nous retrouvons enfin notre chemin et rejoignons le bamboo train. Le bamboo train, qu’est-ce que c’est ? Des anciens rails réhabilités pour faire voyager les touristes dans le temps. L’expérience est plutôt amusante : nous montons tous les 4 sur une palette en bois, un petit garçon et un conducteur nous accompagnent. Et c’est parti pour la balade, assis sur des coussins, posés sur des nattes de bambou, elles-mêmes posées sur deux essieux. L’essieu arrière est relié à un moteur à essence 6CV (c’est le Lonely Planet qui le dit !) par des courroies de ventilateur. La palette file sur les rails voilés à travers la campagne, traverse des ponts, rencontre un troupeau de vaches qui s’est perdu… Les enfants profitent de l’expérience à fond ! Il n’y a qu’une seule ligne de rails donc quand un autre bamboo train arrive en sens inverse, on descend, les deux conducteurs enlèvent la palette des essieux, retirent les essieux des rails pour laisser passer l’autre bamboo train et remontent le tout de l’autre côté (vous suivez ?).

Après cette pause ferroviaire inédite, nous reprenons la route et profitons d’avoir des scooters pour nous arrêter à l’école Phare Ponleu Selpak.

Cette école/organisation à but non lucratif permet à des centaines d’enfants défavorisés d’accéder à un enseignement de qualité. Initialement créée en 1996 par un professeur de dessin français qui souhaitait aider les enfants des camps de réfugiés à surmonter les traumatismes vécus pendant la guerre, l’endroit s’est développé en un véritable centre pluriartistique. L’école dispense des cours traditionnels mais également des cours d’art visuel, de cirque, de danse et de musique.

Nous visitons l’endroit avec l’un des employés de l’école et assistons à des répétitions de cirque, danse, musique : les élèves de tous âges sont passionnés et mettent du cœur dans leurs activités. Nous avons du mal à quitter les répétitions du spectacle de cirque qui nous enchante. Nous achetons des billets pour le spectacle du lendemain soir.

Retour à l’hôtel : nous nous préparons pour retrouver les ’10 pieds autour du monde’ qui sont également à Battambang. Première expérience du scooter de nuit pour moi, les chemins de terre, les ornières, le tout quasiment sans lumière, je n’aime pas du tout…

Nous retrouvons nos amis voyageurs dans un restaurant bien sympa, le diner est joyeux pour les petits comme pour les grands. Cette fois, nous nous quittons vraiment, la prochaine réunion sera en région parisienne dans 6 mois. Bonne suite de voyage les copains !

La journée du lendemain est consacrée à deux activités principales à l’hôtel : séances d’école et piscine ! Les séances d’école se succèdent et ne se ressemblent pas : il faut en permanence adapter nos méthodes d’apprentissage aux enfants qui font des progrès par paliers, réviser la leçon précédente, refaire des exercices pour bien assimiler la leçon, trouver des manières ludiques d’aborder les sujets. Pas toujours simple de s’improviser instituteurs mais les enfants avancent bien. Toutefois, nous serons heureux de remettre les enfants à l’école avec des professionnels de l’éducation dans quelques mois. Un grand bravo aux profs, vous faites un métier fantastique et très difficile !

Il y a plusieurs familles dans l’hôtel : une famille québecoise à l’accent chantant et une famille française. La petite bande de 5 loulous s’en donne à cœur joie dans la piscine, fait des parties endiablées de cache-cache dans l’hôtel qui se prête tout à fait à ce jeu (on l’a testé avec les enfants !), des chasses aux crapauds dans le jardin… Les rires des enfants résonnent dans l’hôtel, un vrai plaisir…

Le soir, nous prenons un tuk tuk pour retourner à l’école Phare : au programme, un spectacle de cirque par des élèves d’une vingtaine d’années, déjà confirmés. Certains élèves diplômés de l’école de cirque Phare commencent ensuite une carrière au Cirque du Soleil.

Pour un spectacle amateur, c’est du très haut niveau. Le chapiteau est au complet et les numéros s’enchaînent pour notre plus grand plaisir. Un mini-orchestre composé d’élèves de l’école de musique accompagne les numéros, le spectacle est magnifique, très dynamique et plein d’humour, on n’a pas envie que ça s’arrête. Les enfants n’en perdent pas une miette. Un beau moment en famille.

La journée du lendemain commence par une session d’école de nouveau, ça râle chez les petits mais c’est la règle du jeu. Petit tour par la piscine avant de partir pour une après-midi en tuk tuk.

Le conducteur parle bien anglais et est vraiment sympa. Nous enchaînons les visites d’ateliers traditionnels : production de papier de riz vendu ensuite aux restaurants pour confectionner les nems et rouleaux de printemps, production de chips de bananes : tout est fait à la main avec minutie et le résultat est croustillant, sucré et délicieux ! Nous finissons par le riz gluant, cuit dans des tubes de bambou, également très bon.

Il fait toujours très chaud, nous nous arrêtons régulièrement pour acheter de l’eau. Nous finissons par la visite d’une maison traditionnelle khmère, construite avec plusieurs types de bois, souvent précieux et résistants aux intempéries et au passage du temps, c’est très joli.

La descendante des propriétaires (la maison ayant été construite en 1920) nous explique que les maisons des riches familles avaient été confisquées par les khmers rouges pendant la guerre, afin d’en faire des lieux de battage de riz, de stockage de matériel lourd et aussi de cuisine collective. Après la guerre, le premier arrivé dans la maison pouvait récupérer la maison pour son usage personnel. Cette famille a eu la chance de pouvoir récupérer sa maison, ce qui n’a pas été le cas de tout le monde dans les environs.

Nous remontons dans le tuk tuk pour la dernière étape de la journée : les grottes de Phnom Sampov et les killing caves de Phnom Sampeau.

Notre chauffeur de tuk-tuk nous laisse au début du parcours et nous montons une côte pendant 20mn sous un soleil de plomb, dur… En haut, les Killing Caves. Comme son nom l’indique, c’est dans ces grottes que les khmers rouges lançaient les cadavres de leurs victimes. Les corps des hommes et des femmes étaient placés dans un endroit différent de la grotte et les vêtements encore ailleurs. Un grand bouddha a été placé au milieu, à côté des têtes de morts et os humains encore présents sous l’escalier. L’endroit est glaçant, nous n’y restons pas longtemps et nous n'avons pas très envie de prendre de photos d'un tel endroit.

Nous continuons la marche pour atteindre un temple et sa colonie de singes farceurs et voleurs. Les enfants mangent une glace, celle d’Ilena n’est vraiment pas bonne, elle la jette dans la poubelle. En moins de 2mn, un des singes est venu voir ce qui avait été jeté, s’empare de la glace pour la déguster un peu plus loin. Nous avons bien ri envoyant la scène et au moins la glace aura été mangée par quelqu’un qui l’apprécie.

Des familles de singes avec des nouveaux-nés attirent l’attention des touristes : la scène est juste adorable et Ilena demande si l’on peut adopter le bébé singe :o)

Nous redescendons à temps pour admirer le spectacle naturel qui a lieu tous les jours vers 18h aux grottes de Phnom Sampov. Cette grotte est l’une des 3 grottes de la région qui abrite une colonie de plus d’un million de chauve-souris (une espèce asiatique en particulier, plutôt petite). Il reste seulement 13 colonies au Cambodge, soit quelques 6,5 millions de chauve-souris. Elles s’envolent tous les soirs à la même heure, et en même temps pour aller à plus de 50km de là se nourrir d’insectes. Elles sont particulièrement utiles à l’agriculture cambodgienne car les insectes qu’elles mangent détruisent les cultures de riz. J’ai lu quelque part que ces chauve-souris permettaient de sauver plus de 2 000 tonnes de riz par an et de nourrir ainsi plus de 21 000 cambodgiens chaque année. Elles sont donc très protégées et il est illégal de les tuer.

Le spectacle est saisissant : on entend d’abord un frétillement lointain, puis quelques dizaines de chauve-souris sortent de la grotte. Mais en quelques minutes, ce sont des centaines de chauve-souris qui sortent en même temps dans un ballet magnifique, très coordonné. On se demande comment elles tiennent toutes dans la grotte. La grotte n’en finit pas de recracher des chauve-souris, tout le monde a le nez en l’air pour admirer le spectacle. Les locaux ont bien senti le filon et installé des tables un peu partout pour servir des rafraichissements aux touristes. L’endroit est calme et l’ambiance sereine, c’est agréable.

Nous rentrons ensuite à notre hôtel, il fait déjà nuit noire alors qu’il n’est que 19h. Le tuk-tuk fait un drôle de bruit, un cliquetis bizarre qui nous inquiète un peu. Notre chauffeur s’arrête plusieurs fois et nous confirme qu’il y a en effet un problème avec une des roues. Par mesure de sécurité, il s’arrête sur le bas-côté et appelle un collègue qui nous ramènera à l’hôtel. Tout est fait en moins de 5mn, avec le sourire et des tonnes d’excuses (dont nous n’avions pas besoin !) : l’accueil cambodgien.

Le Cambodge, c’est déjà malheureusement terminé. Nous n’avions prévu que deux étapes dans ce pays par manque de temps (car nous avons quelques contraintes de temps ensuite). Nous avons adoré ce pays et partons un peu frustrés de ne pas avoir vu plus. Nous ne manquerons pas de revenir dans ce pays lors de prochaines vacances afin de visiter le sud notamment.

Notre prochaine étape nous emmènera à Bangkok pour quelques jours. La suite dans le prochain épisode, à bientôt !