13 avril
On retourne au Nouveau Mexique où nous attendent d'autres vieilles pierres. Ça en fait beaucoup mais elles sont concentrées dans la même zone et cela nous permet de laisser passer un peu de temps pour que la neige fonde dans les montagnes avant que nous ne montions plus au nord.
Après avoir traversé de beaux paysages de far west, on arrive dans la petite ville d'Aztec qui abrite le site historique du même nom.
14 avril
Le nom d'Aztec a été donné par les colons espagnols et est sans rapport avec ce peuple mexicain bien que des objets tels que des plumes de perroquets attestent d'échanges commerciaux parfois lointains (jusqu'au Mexique), des distances impressionnantes pour l'époque, à couvrir à pieds, le cheval ne faisant pas encore partie du paysage.
Le site, construit vers 1100 comprend plusieurs ensembles dont un seul est encore visible aujourd'hui. Les bâtiments, construits autour d'une place s'élevaient jusqu'à 4 étages, comprenaient 400 pièces et sont construits en pierre et en bois pour les poutres des planchers. Impressionnant!
Les Anasazis ont néanmoins quitté les lieux, après seulement 200 ans d'utilisation.
On peut visiter l'immense kiva reconstruite comme à l'époque et se perdre dans les pièces en enfilade du rez de chaussée du bâtiment principal.
On n'oublie pas le tour du musée et notre carnet de "Not so junior ranger" cette fois ci. Ça nous a bien fait rigoler. Nous ne sommes pas les seuls adultes à faire ce genre de choses. C'est rassurant !
15 avril
La prochaine étape est un site historique, Chaco Culture National Historical Park de son nom complet. Celui là est perdu au milieu de rien, établi au sein du canyon de Chaco. La visite se mérite, il faut emprunter une piste effet tôle ondulée pendant une trentaine de kilomètres.
C'est looonnnggg et ça vibre tellement qu'on croit que les placards vont finir par se vider.
Ce qui est rigolo c'est qu'une fois au parc, la route est goudronnée. Qu'est-ce que c'est agréable! Le service des parcs pourrait demander une rallonge budgétaire pour en faire de même sur la piste d'accès, ça serait sympa!
Au visitor center, on apprend qu'il y aura un atelier astronomie avec une ranger du parc. Cool!
Du coup, comme ça finira tard, on va pour une fois payer le camping. De toute façon, on ne se voyait pas reprendre la longue piste après une journée de visite.
On va mettre notre petite pancarte sur notre emplacement pour signifier qu'il est réservé et c'est parti pour la découverte des lieux, un joli canyon parsemé de plusieurs "villages" en ruines.
On commence par une visite guidée du plus grand des ensembles, le Pueblo Bonito.
On nous explique qu'il comptait 600 pièces réparties sur quatre étages ainsi que 40 kivas, grandes pièces cérémonielles semi-enterrées. Impressionnant ! Il subsiste des morceaux de murs qui nous permettent d'avoir un aperçu de la hauteur. On voit les énormes poutres en bois qui constituent une partie des planchers de chaque étage.
Tiens, d'ailleurs, on ne voit pas d'arbres dans le canyon. Peut-être y-en avait-il à l'époque ?
Eh bien pas du tout. Les archéologues on pu démontrer avec des méthodes scientifiques que les troncs provenaient de forêts situées à une centaine de kilomètres de Chaco. C'est une distance colossale pour transporter de telles charges, à la sueur des hommes qui plus est.
C'est là toute la folie de ce projet. Il faut s'imaginer que le but premier de ces bâtiments n'était pas de servir d'habitations. En effet, on estime à seulement 100 personnes la population du Pueblo Bonito et 2000 dans l'ensemble de la vallée.
Le canyon de Chaco était une sorte de carrefour d'échanges et de rencontres. La plupart des pièces étaient en enfilade et aveugles. Il y avait donc beaucoup de place pour le stockage. On y stockait du grain en vue d'une éventuelle mauvaise récolte dans l'une ou l'autre communauté plus ou moins proche.
Des artisans venaient également pour y travailler et échanger leurs réalisations.
Bref, un projet ambitieux pour ne pas abriter grand monde... Le site a pourtant été déserté, comme celui d'Aztec, vers l'an 1300. Pourquoi des constructions ayant demandé de tels efforts ont-elles été abandonnées si rapidement? Des historiens pensent que de longues périodes de sécheresse ont conduit les Anasazis à quitter les lieux et à s'intégrer aux autres communautés environnantes.
Les descendants des peuples autochtones, se basant sur la tradition orale, pensent que les occupants des lieux étaient leurs ancêtres et ont choisi de partir, par tradition nomade et ont fondé les nations actuelles (Hopi, Zuni...)
Faute d'écrits et de preuves matérielles, la désertion des anciens pueblos conserve une part de mystère.
Le guide nous montre à la fin quelques objets d'époque: de la poterie ainsi qu'une paire de claquettes en yucca.
Après la visite, on monte au sommet de la falaise pour admirer le pueblo vu d'en haut. C'est vraiment impressionnant. Pour ne rien gâcher, le paysage est magnifique.
Le soir venu, place à l'atelier astronomie. On se rend dans la salle de projection du centre d'accueil. La vache! On est nombreux à vouloir regarder les étoiles! La ranger nous explique à quoi ressemblent les différents corps célestes que nous pourrons être amenés à observer avant des nous inviter à sortir pour nous rendre à l'observatoire. C'en est un vrai, en forme de dôme, comme dans les films. On est ravis, c'est la première fois que l'on a l'occasion d'en visiter un. Il n'est pas très grand, il faudra passer en groupes d'une dizaine de personnes.
On a de la chance, on est dans le wagon de tête. On se fait juste damer le pion par un groupe de girls scouts. On espère qu'elles iront vite au dodo!
Ça va être à nous, il faut attendre que le toit pivote afin que l'ouverture coïncide avec la porte. Le télescope est là, il y a même la petite échelle sur roulettes pour atteindre l'oculaire quand il est trop haut. Première observation de la soirée, la nébuleuse d'Orion. Une tache lumineuse entourée d'une sorte de brouillard.
On laisse la place aux suivants et comme il fait très froid, on se réfugie dans le fourgon pour patienter. La foule des curieux s'est bien réduite à cause de la température. Cool pour nous, on va pouvoir observer plus de choses!
Cette fois, place à une galaxie dont on ne se rappelle plus le nom (à base de chiffres et de lettres), on distingue dans le télescope un point légèrement diffus. Il faut dire qu'elle est située à quelques 36 000 années lumières de nous!
La dernière star de la soirée est en fait une planète: Mars. Comme pour la galaxie, il faut grimper sur l'échelle pour l'admirer. Nous sommes un peu déçus, la période n'est pas optimale, on distingue donc un point beaucoup plus gros que les autres, mais flou. Tant pis pour nos rêves d'observation de cratères rouges. Il est à présent l'heure de nous installer au camping pour la nuit.
On profite de la matinée du lendemain pour approfondir la visite du Pueblo Bonito et de ses recoins, sans groupe cette fois-ci pour plus de liberté de mouvements.
De nouvelles merveilles nous attendent, il nous faut emprunter la piste au sud, plus longue que celle empruntée la veille. Au final, bien que certains passages rocheux étaient un peu plus difficiles à négocier, on a pu apprécier le calme apporté par une surface plus lisse. Ouf!