Les Blanfroy en vadrouille: le retour des USA

Trois nouveaux mois. Cette fois dans l’ouest américain. Canyons, terre rouge et plein d’autres découvertes.
Du 19 mars au 20 juin 2023
94 jours
Dernière étape postée il y a 1 jour
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Publié le 5 mai 2023

20 mars

Ça y est ! Nous voilà à Ciudad Acuña. On fait le tour de la ville pour arriver au point frontière. On le connait, on était passé là début janvier.

Première surprise, la route de sortie du pays ne passe pas par le bureau d'immigration mexicain. On ne veut pas prendre de risque et avoir un tampon de sortie sur nos passeports, on ne sait jamais. Il faut traverser le flux qui arrive des USA pour rejoindre le bâtiment abritant les administrations.

Cette fois-ci, tout se passe normalement et rapidement, ouf!

C'est reparti, on re-traverse le Rio Grande. Une douanière américaine contrôle nos passeports au milieu du pont. On se demande à quoi ça sert, il y a des aubettes avec barrières un peu plus loin.

On redonne nos passeports, le douanier nous demande d'où l'on vient et ce qu'on vient faire aux États Unis. Des questions qui nous sont plutôt familières. Il nous fait signe de nous garer sur l'aire de contrôle un peu plus loin.

Là, les agents sont plus nombreux, ils nous expliquent qu'il vont contrôler le fourgon. On leur demande s'il faut mettre Niaouli dans son sac. Ils me montrent deux grandes cages à quelques mètres. Je la prends dans mes bras et vais la déposer dans la plus propre des deux, ça fait bizarre de la laisser comme ça...

Sitôt après, le douanier nous indique le bâtiment d'immigration. Je lui demande si je peux aller chercher le portefeuille dans la boîte à gants pour avoir de quoi payer le visa. Réponse, allez d'abord à l'immigration, vous verrez ce qu'ils vous diront. OK OK

On se retrouve donc à patienter dans une grande salle avec de nombreux guichets mais très peu d'employés. Il n'y a qu'un seul autre "client" mais il nous faut quand même attendre un moment.

On se fait rappeler par une dame qu'il est interdit d'utiliser un téléphone portable dans la salle. Ah ok. On est désolés. En même temps, on n'était pas captivés par la télé réglée sur une chaîne mexicaine...

L'employée finit par nous appeler, prend nos passeports et nous interroge longuement. D'où vient-on? Combien de temps comptons-nous rester aux États-Unis? Quel est notre travail ? Combien de temps comptons nous voyager?

Elle note scrupuleusement nos réponses sur un papier puis nous renvoie patienter sur les chaises. Aïe ! Ça ne sent pas bon tout ça... On n'a pas spécialement envie de retourner au Mexique, d'autant que notre visa mexicain était presque expiré.

On n'en mène pas large. La dame discute avec ses collègues puis part dans un bureau. En plus pendant ce temps, ses collègues dehors fouillent notre maison qui roule en notre absence. Pourvu qu'ils ne cassent rien!

Et le pauvre petit chat qui ne doit rien comprendre dans sa cage.

Au bout d'un temps qui nous a paru interminable, la fonctionnaire nous rappelle. Elle nous pose encore des questions sur notre disponibilité et demande comment on finance le voyage. Claire lui montre ses relevés de compte sur son téléphone. Ça a l'air de lui convenir. Elle sort deux papiers de sa machine et les tamponne. Il y a écrit 19 juin 2023 dessus. La pression retombe, on a bien le droit à 90 jours de présence sur le territoire.

On discute un peu et on lui demande si elle est habituée à recevoir des voyageurs comme nous. Elle nous répond que non et que c'est pour cela qu'elle posait plein de questions.

Note pour plus tard, passer aux grands postes frontière où ils sont habitués, ça sera moins stressant!

On paye au dernier guichet et on peut récupérer nos passeports en règle.

On parle à l'agent du guichet et on apprend que les douaniers américains sont vachement mieux payés que les français. Par contre ils ont moins de vacances. On aimerait bien faire un mix de ça !

On n'oublie pas de récupérer Niaouli, qui n'a pas l'air plus perturbée que ça et on redémarre.

Nous revoilà aux USA, quel soulagement !


Le spot du soir sera le supermarché. L'occasion de se ravitailler et de mettre l'excellent WiFi à profit.

On y restera 3 jours, un peu plus que prévu mais nous avons été malades. Vous en connaissez beaucoup des gens qui ont passé deux mois au Mexique et qui chopent la tourista aux États Unis ?

Une fois remis, on prend la route du nord. C'est assez monotone pour l'instant, du désert et encore du désert. On finit par arriver à Roswell, la ville connue pour ses histoires d'ovnis et d'extraterrestres. On vous avoue, ça ne nous intéresse pas du tout ! C'est juste une étape car on veut attendre quelques jours avant de repartir vers le nord histoire d'éviter un climat trop hivernal.

On repère un spot dans le désert. Parfait. On n'est pas seuls mais c'est tellement vaste que c'est tout comme. C'est super calme, on va être bien. Par contre, il y a un vent à décorner les bœufs. Tant pis pour notre feu de camp, il attendra.

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En chemin pour le parc national des Geat Sand Dunes, on cherche un spot pour la nuit aux alentours de Santa Fe.Claire en repère deux sur son application, un d'un côté de la ville, l'autre à l'opposé. En regardant d'un peu plus près, il y a l'air d'avoir des sites historiques près des deux. Celui situé au nord ouest a l'air bien plus intéressant, notre choix est fait. Après avoir traversé Santa Fe, on emprunte une route sinueuse qui traverse de magnifiques paysages. On suit le GPS et on se retrouve d'un coup à un endroit qui ressemble à un péage ou à un poste frontière. C'est bizarre en rase campagne ! En plus, on est tout seuls, le GPS se serait-il planté ? A l'Aubette, l'agent jette un œil succinct sur mon permis de conduire. Je lui demande pourquoi il y a un poste de contrôle. Réponse, la route traverse un site de recherche sur le nucléaire. Mais tout va bien, mon permis indique clairement que nous ne sommes pas des espions à la solde d'une puissance étrangère !

On peut reprendre le peu de route qu'il nous reste avant d'atteindre notre lieu de villégiature du jour. Il est situé dans la forêt, il y a de la neige au bord du chemin ! Nous qui étions dans le désert il y a quelques heures, ça nous fait tout drôle ! On renonce à monter la piste défoncée jusqu'au spot indiqué. On se contentera d'un petit renfoncement au bord du chemin. De toute façon, il ne devrait pas y avoir grand passage.

Avant d'aller visiter le lieu historique, il y a quelques curiosités à voir un peu plus loin sur la route. La route serpente au milieu de magnifiques paysages de forêts et montagnes enneigées.

En redescendant dans la vallée, on atteint notre premier objectif. Ici plus de neige. La star locale est le Soda Dam, sorte de barrage calcaire naturel formé par une source qui jaillit du rocher. C'est dingue comment un si petit filet d'eau a pu donner naissance à un aussi gros truc au fil du temps. On monte au sommet du rocher, l'eau sort toujours, elle est bien chaude! En redescendant, on aperçoit même des herbes qui on été pétrifiées par le ruissellement, c'est rigolo.

En parlant d'eau chaude, on est censés en trouver une source non loin d'après la carte. Une fois garés, une marche courte mais raide nous amène rapidement vers deux bassins. On tâte celui du bas, mouais, c'est pas hyper chaud. On enfile quand même nos maillots de bain et on se met à l'eau dans celui du haut. Bilan, c'est plutôt tiède que chaud... C'est sympa quand même 5 minutes mais on espère que les prochaines sources que l'on croisera seront plus agréables.

Après cette parenthèse aquatique, on refait la route en sens inverse pour la visite de notre lieu historique, le Bandelier National Monument. Il s'agit de ruines d'un ancien pueblo, au sein d'un canyon, habité par des indiens anasazis jusque vers l'an 1500. Il y a un village central en rond autour d'une place et, plus impressionnant, des habitations creusées dans la falaise adjointes de constructions en pierre adossées au rocher. Il y a quelques échelles, comme à l'époque pour accéder à l'intérieur de certaines pièces. C'est exigu et au vu du noir sur les parois, ça devait être bien enfumé !Il paraît que les habitants passaient la plupart de leur temps dehors, ceci explique donc la simplicité de leurs habitations. C'est assez dingue de se dire qu'une communauté ait pu se développer dans un endroit aussi inhospitalier de prime abord.La visite nous plaît beaucoup. Le côté historique est intéressant et pour ne rien gâcher, les ruines sont situés dans un magnifique écrin naturel. Le canyon est splendide.On remplit comme à notre habitude le carnet des rangers juniors. Eh oui, le badge se mérite. On finit la balade après la fermeture du centre d'accueil, pas grave, on reviendra demain.

Reconstitution d’habitation
Kiva lieu sacré
Zone d’habitation construite en cercle
Belle cuisine
Chambre en enfilade

On était bien dans la forêt, on retourne y passer la nuit.Après un saut à l'accueil du parc pour prêter serment et récupérer notre récompense, on reprend la route vers le nord. En chemin, on profite pour parcourir un sentier dans un autre secteur, appartenant aussi au parc. Ici, on monte au sommet de la mesa, sorte de plateau qui surplombe les canyons et on redescend via des échelles dans ce qui fut aussi un village à l'époque.Beaucoup de roches se sont effondrées mais il subsiste quelques pièces troglodytes que nous nous faisons un plaisir d'explorer. On réussit à trouver dans l'une d'elles des fragments de poteries, plus ou moins ornés. C'est fou qu'ils laissent ce genre de chose en libre accès. Peut-être estiment-ils en avoir déjà sauvé assez. Là encore, le paysage est superbe, pour ne pas changer.

On reprend la route pour de nouvelles découvertes qui ne manqueront sûrement pas de nous émerveiller.

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Nous quittons Bandelier pour un pueblo encore habité, le pueblo Taos. Il se situe un peu plus au nord. Ce ne sont pas des maisons troglodytes mais des habitations en torchis comme dans Lucky Luke.

Outch! Devant le prix d’entrée du village, nous ferons demi-tour. Pas grave, nous continuons notre route vers le Colorado.

Nous avons retrouvé la plaine désertique sans arbres, ici le seul relief sont les grosses touffes d’herbe jaunie par le manque d’eau. C’est plat de chez plat. Nos yeux sont inexorablement attirés par le seul truc qui ressort les montagnes qui se dessine au loin. Ça tombe bien, c’est la qu’on va!

4 Avril

Les montages n’ont pas de contrefort. D’un côté la plaine, de l’autre la pente vertigineuse du relief soudain. Ça monte d’un coup et ça monte haut, très haut. On longe ce mur naturel pour atteindre les Great Sand Dunes, notre premier parc au Colorado.

On les voit de loin les dunes de sable, hautes comme des immeubles. Elles sortent là, sans raison apparente, coincées entre la plaine désertique et les montagnes aux toits de neige. On ne peut pas les louper.

Comment sont-elles arrivés là ? Le programme des rangers junior nous l’apprendra sûrement.

On profite des heures de jour qu’il nous reste pour tenter, malgré le vent, d’escalader le premier rempart de dunes.

On se mange des quantités de sable impressionnantes, ça croustille sous la dent, on a du mal à respirer dans les très grosses rafales et il fait un froid polaire. Alors même si le paysage est magnifique, nous n’arrivons pas à atteindre le sommet. On regarde la descente d’un skieur de dunes et retour au chaud dans la maison qui roule.

On se pose à la sortie du parc dans un petit renfoncement sur le bord de la route. On a une vue imprenable sur les dunes.

Doucement, silencieusement, la neige commence à tomber. Va-t-elle tout recouvrir?

5 Avril

Un petit voile blanc a recouvert les dunes. Le paysage est magnifique, d’autant plus que le soleil est revenu.

Niaouli n’est pas très contente de cette poudre blanche toute froide, elle hésite la patte en l’air puis se décide en allongeant le pas le plus possible 😂😄.

Pas de balade dans les dunes aujourd’hui mais sur les flancs de la montagne.

La neige indiscrète laisse voir la vie nocturne des animaux du parc, lapins, cervidés et lynx ont laissé leurs traces le long du chemin. Grâce à notre super livret de mini rangers on arrive à toutes les identifier👍.

La première balade fait plus de 20km aller retour, nous nous contentons juste des premiers. On se garde pour celle de cette après-midi qui devrait nous emmener au pied d'une cascade gelée.

Nous nous attendions à une randonnée un peu plus poussée mais pas du tout! Comme pour beaucoup de points d’intérêt, des parkings sont aménagés tout près, en 20 minutes, nous voilà arrivés au bord de la rivière qu’il faut remonter sur quelques mètres pour arriver à la cascade.

Nous avançons prudemment sur la rivière gelée, ce n’est pas le moment de se casser une patte. C’est rigolo, sous la glace on entend l’eau qui coule. On espère que la couche de glace est encore bien solide.

On entre dans un défilé de pierre et elle est là. Château de glace blanc et bleuté. C’est impressionnant le froid qu’il doit falloir pour figer tout cela. Brrrrr🥶🥶.

Je tente une glissade sur les fesses mais les glissades incontrôlées debout sur nos pieds fonctionnent bien mieux que ma tentative volontaire 😢😜.

Ce soir, il fait froid vraiment froid; chauffage, couverture, même petit chat vient dormir sous la couette.

6 Avril

6h30, réveil par un ranger, apparemment nous n’avons pas le droit de dormir là. Bizarre, hier personne ne nous a rien dit. Bon on sort difficilement des draps tout chauds. Rien d’étonnant il fait -13°C 🥶🥶 le parebrise est gelé de l’intérieur… pas de grattoir, pas grave, la spatule en plastique fait aussi bien l’affaire.👍.

Après avoir récupéré une sorte de snowboard au petit magasin du coin, on retourne sur les dunes.

Toute la neige a fondu, parfait pour la descente sur sable.

Flo retrouve vite ses réflexes de montagnard et maitrise la descente rapidement. Moi, c’est un autre style 😂🤣😂🤣😂.

Chacun sa méthode, le tout est de s’amuser.

Après plusieurs descentes ou plutôt remontées, nous sommes morts mais Flo aimerait bien faire toute la hauteur des dunes en descente. Il part donc planche sur le dos. Retour au fourgon pour moi, je sors Niaouli en laisse.

Houla, c’est le kiff du petit chat qui se roule roule roule dans le sable chaud. Grâce à elle nous avons gagné une mini plage dans le fourgon 😜.

Flo revient deux heures et demie plus tard, crevé mais content d’être monté tout en haut.

Il est temps de partir mais avant, passage par l’accueil pour rendre notre livret et récupérer notre badge. En plus du serment, il a fallu réciter le poème que nous avions écrit sur la formation des dunes.

Tombe la pluie souffle le vent

Des milliers d’années durant

Créer des dunes ça prend du temps

Il faut donc être patient

Pas sûr qu’on devienne les prochains Victor Hugo 🤣😂😱. Surtout qu’il a fallu traduire ça en anglais et que ça rime!!!!

Sinon la création des dunes sans rime ça donne ça: Depuis quelques milliers d’années le vent dominant est toujours le même. Il transporte le sable d’érosion des montagnes situées de l’autre côté de la plaine. Les montagnes de ce côté-ci forment un mur infranchissable pour le sable. Il se stocke donc là. Les montagnes près des dunes subissent aussi de l’érosion et participent également à la création et à l’entretien des dunes avec l’apport d’un sable plus grossier, voire de petits cailloux qui sont eux transportés par l’eau.


Le sable s’écoule invariablement

Et fait tourner les aiguilles du temps

Il nous faut donc partir maintenant

Petite maison roule roule vers le couchant

Alors ??? Je m’améliore !!! Hein ??? QUOI ??? Toujours pas de Verlaine ou de Baudelaire en moi??? Pffff

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Publié le 17 mai 2023

Ce matin, le réveil nous tire du sommeil. Ce n'est pas très agréable mais il ne s'agirait pas de rater notre train. Un train ? Pour aller où ? Il n'est pas question aujourd'hui d'un simple trajet utilitaire d'un point A à un point B.

Nous sommes venus à Durango pour emprunter le train à vapeur qui depuis 1882 rallie la ville de Silverton pour acheminer passagers et minerai.

On attend ce moment depuis longtemps ! Arrivés à la gare, le train est là, avec ses wagons en bois et sa locomotive à vapeur fumante. Comme dans les films BD et autres dessins animés de notre enfance.

On avait réservé nos billets à l'avance, on peut embarquer.

C'est à l'ancienne, il n'y a pas de quai mais de gros marchepieds ont été disposés pour rendre la chose plus aisée.

On a bien fait de réserver à l'avance, le wagon est presque plein.

A l'heure prévue, le train s'élance doucement, dans le bruit de la locomotive tchou tchou!!!!😜

La traversée de la ville dure un moment et le chauffeur joue du sifflet fréquemment, les riverains doivent être ravis, d'autant qu'en été, il y a 3 allers-retours par jour.

Petit à petit, on prend de la hauteur, des névés apparaissent ça et là, le long de la voie qui finit par se séparer de la route. C'est là que ça devient intéressant, nous allons bientôt pénétrer dans le Animas Canyon, du nom de la rivière qui serpente loin en bas.

Le train avance à flanc de falaise, d'un côté le rocher, de l'autre le vide !

Pour ne rien manquer du spectacle, nous quittons le confort de notre banquette pour aller deux wagons plus loin. Ici pas de fenêtres, pour mieux observer le paysage mais nous ne sommes pas les seuls à avoir eu la même idée.

C'est chouette d'être "dehors", il fait un peu frais avec le vent mais c'est supportable.

On se prend régulièrement dans la figure des escarbilles rejetées pas la locomotive. Ça pique les yeux mais ça fait partie du spectacle.

Le train traverse la rivière sur un pont métallique, le spectacle est grandiose. On se dit qu'a l'époque, il fallait avoir confiance pour prendre le train.

A un moment, le convoi s'arrête. Pas de gare en vue, seulement une citerne d'eau pour faire le plein de la locomotive. Un torrent qui dévale la pente pour se jeter dans la rivière au fond du canyon garde le réservoir bien rempli.

On redémarre pour quelques kilomètres jusqu'à notre but du jour, Cascade Station. On dépasse l'aiguillage puis on recule, cela nous permettra de repartir dans le bon sens.

C'est l'heure du pique nique. On l'a préparé à l'avance, les paniers repas à 15$ pièce ne nous inspiraient pas.

La neige est bien plus présente ici, pas question de s'asseoir par terre, heureusement, on trouve des places assises à côté d'un couple d'américains. Un très long coup de sifflet de la loco nous indique qu'il est temps de remonter en voiture (et nous défonce aussi les oreilles au passage).

Cette fois, on reste au chaud pour le retour, bravant quand-même la fraîcheur pour en reprendre plein les yeux lors de la partie la plus vertigineuse.

Ce voyage nous aura transporté à une autre époque, celle des mineurs, pionniers, cowboys, shériffs et hors la loi. Nous redescendons du train en gare de Durango, enchantés par cette expérience peu commune.

Nous reprenons la route pour un coin de nature en attendant de voyager de nouveau dans le temps, beaucoup plus loin cette fois-ci.

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Publié le 24 mai 2023

10 avril

Nous voilà à l'entrée du parc national de Mesa Verde. On attendait cette visite avec impatience. Des ruines de pueblos plutôt bien conservées dans des alcôves à flanc de falaise, qui se visitent de surcroît !

On récupère le traditionnel carnet des rangers junior et on demande à réserver les visites guidées des bâtiments.

Et là, c'est la grosse déception, il est trop tôt dans la saison, il n'est pas possible de les visiter...

Et en plus, une des routes du parc est fermée à cause de la neige. Snif.

Le ranger de l'accueil nous dit que la Spruce Tree House, maison de l'épicéa en français est en accès libre. Chouette !

Il faut rouler pas mal pour atteindre les belvédères qui nous permettront d'admirer les ruines de loin. Le paysage est splendide, il y a encore pas mal de neige en dehors de la route.

Au moins, le parc est loin d'être bondé, il est donc facile de se garer et de profiter tranquillement des points de vue sur Balcony House et Cliff Palace.

Cliff palace
Balcony house

C'est impressionnant, il ne fallait pas avoir le vertige pour vivre ici. Des échelles en bois et marches taillées dans la paroi permettaient au habitants d'aller et venir, parfois chargés de bois, des récoltes ou d'un cerf fraichement chassé.

On se demande quand même à quel moment les gens se sont dits qu'il était plus pratique de s'installer dans la falaise plutôt qu'en haut sur la mesa ou au fond du canyon.

En plus des "grands ensembles" en bon état, on peut discerner ça et là des morceaux de ruines éparpillés le long des rochers. Cela permet de se rendre compte de l'agitation qui devait régner ici autrefois.

Construits par le peuple Anasazi vers la fin du XIIème siècle, ils ont été désertés vers 1300, pour une raison inconnue. Sécheresse selon des historiens, migration normale d'un peuple nomade selon les descendants, membres des communautés pueblo actuelles.

On a gardé pour la fin la visite de la Spruce Tree House. Manque de bol, un panneau nous indique qu'en fait, c'est fermé... Décidément, ce parc dont on attendait beaucoup nous laisse sur notre faim.

12 avril

Nous sommes à Cortez. Après une nuit bruyante sur le parking d'un supermarché, on a envie de calme. On repère dans un des magazines qu'on a récupéré à Durango un National monument, Canyon of the ancients qui est pas très loin. Parfait pour nous.

Il y a une longue randonnée au fond d'un canyon et aussi des pueblos en ruines dont l'un est censé se trouver tout près du stationnement, info confirmée par deux personnes qui terminent leur balade.

On marche un peu, on descend tout au fond du canyon et on s'interroge. Les gens nous ont dit que le village était à 3 minutes de marche, là ça fait bien plus quand même...

De toute façon, une averse commence à nous tomber dessus. Vite! On remonte dans les rochers et on court se mettre à l'abri. La pluie ne dure pas. On remarque sur le panneau du parking qu'il fallait prendre un autre chemin, beaucoup plus plat celui-ci pour les ruines.


Arrivés sur le site, nous sommes ébahis par toutes ces constructions!

En fait, pas du tout, il n'y a rien à voir... Quelques traces tout au plus dans lesquelles seuls des archéologues sont capables de distinguer quelque chose... On se contente du dessin nous montrant à quoi pouvait ressembler la communauté à l'époque.

On a quand même bien fait de venir, notre spot un peu plus loin est juste au bord du canyon et nous nous offrons le luxe de profiter d'un feu de camp, cela faisait longtemps.

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Publié le 31 mai 2023

13 avril

On retourne au Nouveau Mexique où nous attendent d'autres vieilles pierres. Ça en fait beaucoup mais elles sont concentrées dans la même zone et cela nous permet de laisser passer un peu de temps pour que la neige fonde dans les montagnes avant que nous ne montions plus au nord.

Après avoir traversé de beaux paysages de far west, on arrive dans la petite ville d'Aztec qui abrite le site historique du même nom.

14 avril

Le nom d'Aztec a été donné par les colons espagnols et est sans rapport avec ce peuple mexicain bien que des objets tels que des plumes de perroquets attestent d'échanges commerciaux parfois lointains (jusqu'au Mexique), des distances impressionnantes pour l'époque, à couvrir à pieds, le cheval ne faisant pas encore partie du paysage.

Le site, construit vers 1100 comprend plusieurs ensembles dont un seul est encore visible aujourd'hui. Les bâtiments, construits autour d'une place s'élevaient jusqu'à 4 étages, comprenaient 400 pièces et sont construits en pierre et en bois pour les poutres des planchers. Impressionnant!

Les Anasazis ont néanmoins quitté les lieux, après seulement 200 ans d'utilisation.

On peut visiter l'immense kiva reconstruite comme à l'époque et se perdre dans les pièces en enfilade du rez de chaussée du bâtiment principal.

On n'oublie pas le tour du musée et notre carnet de "Not so junior ranger" cette fois ci. Ça nous a bien fait rigoler. Nous ne sommes pas les seuls adultes à faire ce genre de choses. C'est rassurant !


15 avril

La prochaine étape est un site historique, Chaco Culture National Historical Park de son nom complet. Celui là est perdu au milieu de rien, établi au sein du canyon de Chaco. La visite se mérite, il faut emprunter une piste effet tôle ondulée pendant une trentaine de kilomètres.

C'est looonnnggg et ça vibre tellement qu'on croit que les placards vont finir par se vider.

Ce qui est rigolo c'est qu'une fois au parc, la route est goudronnée. Qu'est-ce que c'est agréable! Le service des parcs pourrait demander une rallonge budgétaire pour en faire de même sur la piste d'accès, ça serait sympa!

Au visitor center, on apprend qu'il y aura un atelier astronomie avec une ranger du parc. Cool!

Du coup, comme ça finira tard, on va pour une fois payer le camping. De toute façon, on ne se voyait pas reprendre la longue piste après une journée de visite.

On va mettre notre petite pancarte sur notre emplacement pour signifier qu'il est réservé et c'est parti pour la découverte des lieux, un joli canyon parsemé de plusieurs "villages" en ruines.

On commence par une visite guidée du plus grand des ensembles, le Pueblo Bonito.

On nous explique qu'il comptait 600 pièces réparties sur quatre étages ainsi que 40 kivas, grandes pièces cérémonielles semi-enterrées. Impressionnant ! Il subsiste des morceaux de murs qui nous permettent d'avoir un aperçu de la hauteur. On voit les énormes poutres en bois qui constituent une partie des planchers de chaque étage.

Tiens, d'ailleurs, on ne voit pas d'arbres dans le canyon. Peut-être y-en avait-il à l'époque ?

Eh bien pas du tout. Les archéologues on pu démontrer avec des méthodes scientifiques que les troncs provenaient de forêts situées à une centaine de kilomètres de Chaco. C'est une distance colossale pour transporter de telles charges, à la sueur des hommes qui plus est.

C'est là toute la folie de ce projet. Il faut s'imaginer que le but premier de ces bâtiments n'était pas de servir d'habitations. En effet, on estime à seulement 100 personnes la population du Pueblo Bonito et 2000 dans l'ensemble de la vallée.

Le canyon de Chaco était une sorte de carrefour d'échanges et de rencontres. La plupart des pièces étaient en enfilade et aveugles. Il y avait donc beaucoup de place pour le stockage. On y stockait du grain en vue d'une éventuelle mauvaise récolte dans l'une ou l'autre communauté plus ou moins proche.

Des artisans venaient également pour y travailler et échanger leurs réalisations.

Bref, un projet ambitieux pour ne pas abriter grand monde... Le site a pourtant été déserté, comme celui d'Aztec, vers l'an 1300. Pourquoi des constructions ayant demandé de tels efforts ont-elles été abandonnées si rapidement? Des historiens pensent que de longues périodes de sécheresse ont conduit les Anasazis à quitter les lieux et à s'intégrer aux autres communautés environnantes.

Les descendants des peuples autochtones, se basant sur la tradition orale, pensent que les occupants des lieux étaient leurs ancêtres et ont choisi de partir, par tradition nomade et ont fondé les nations actuelles (Hopi, Zuni...)

Faute d'écrits et de preuves matérielles, la désertion des anciens pueblos conserve une part de mystère.

Le guide nous montre à la fin quelques objets d'époque: de la poterie ainsi qu'une paire de claquettes en yucca.

Porte en T
Porte en angle
Maquette du pueblo bonito
claquette en Yucca

Après la visite, on monte au sommet de la falaise pour admirer le pueblo vu d'en haut. C'est vraiment impressionnant. Pour ne rien gâcher, le paysage est magnifique.

Le soir venu, place à l'atelier astronomie. On se rend dans la salle de projection du centre d'accueil. La vache! On est nombreux à vouloir regarder les étoiles! La ranger nous explique à quoi ressemblent les différents corps célestes que nous pourrons être amenés à observer avant des nous inviter à sortir pour nous rendre à l'observatoire. C'en est un vrai, en forme de dôme, comme dans les films. On est ravis, c'est la première fois que l'on a l'occasion d'en visiter un. Il n'est pas très grand, il faudra passer en groupes d'une dizaine de personnes.

On a de la chance, on est dans le wagon de tête. On se fait juste damer le pion par un groupe de girls scouts. On espère qu'elles iront vite au dodo!

Ça va être à nous, il faut attendre que le toit pivote afin que l'ouverture coïncide avec la porte. Le télescope est là, il y a même la petite échelle sur roulettes pour atteindre l'oculaire quand il est trop haut. Première observation de la soirée, la nébuleuse d'Orion. Une tache lumineuse entourée d'une sorte de brouillard.

On laisse la place aux suivants et comme il fait très froid, on se réfugie dans le fourgon pour patienter. La foule des curieux s'est bien réduite à cause de la température. Cool pour nous, on va pouvoir observer plus de choses!

Cette fois, place à une galaxie dont on ne se rappelle plus le nom (à base de chiffres et de lettres), on distingue dans le télescope un point légèrement diffus. Il faut dire qu'elle est située à quelques 36 000 années lumières de nous!

La dernière star de la soirée est en fait une planète: Mars. Comme pour la galaxie, il faut grimper sur l'échelle pour l'admirer. Nous sommes un peu déçus, la période n'est pas optimale, on distingue donc un point beaucoup plus gros que les autres, mais flou. Tant pis pour nos rêves d'observation de cratères rouges. Il est à présent l'heure de nous installer au camping pour la nuit.

On profite de la matinée du lendemain pour approfondir la visite du Pueblo Bonito et de ses recoins, sans groupe cette fois-ci pour plus de liberté de mouvements.

De nouvelles merveilles nous attendent, il nous faut emprunter la piste au sud, plus longue que celle empruntée la veille. Au final, bien que certains passages rocheux étaient un peu plus difficiles à négocier, on a pu apprécier le calme apporté par une surface plus lisse. Ouf!

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Publié le 31 mai 2023

17 avril

Place à notre dernière visite au Nouveau Mexique. Il s'agit encore d'un lieu non prévu initialement au programme. On a flashé sur une photo dans un magazine récupéré à Durango, il fallait absolument qu'on vienne ici.

Les Bisti Badlands ont été par le passé un immense marécage peuplé entre autres de dinosaures. Le temps a fait son œuvre, le sol a été recouvert des couches successives qui ont fini par s'éroder sous l'effet des éléments. Cela explique que de nombreux fossiles ont été découverts dans la zone. Peu de chances malgré tout qu'on en trouve, on est surtout venus pour admirer le paysage.

En effet, la pluie, le vent ont sculpté de bien curieuses formations multicolores. Ici, pas de sentier, on déambule comme bon nous semble en cherchant des monticules aux formes caractéristiques. Le plan à l'entrée est vieux et illisible. Heureusement, notre GPS hors connexion a l'air connaître certains lieux que l'on veut voir, chouette!

On chemine au milieu d'un paysage assez incroyable. Difficile de dire si les petites collines sont dures tant elles ressemblent de loin à des tas de sable. Vérification faite, c'est quand même bien solide. On traverse et on longe plusieurs ensembles, colonnes avec ou sans chapeaux, blanches, marron ou rougeâtres. On se laisse aller à imaginer des formes et des silhouettes comme avec des nuages.

On nous a conseillé d'aller voir l'écloserie des œufs d'alien, téléphone en main, je prends la direction indiquée. On croise quelques personnes qui ne parviennent pas à trouver, je leur dis que ce n'est pas très loin en théorie. Me voici donc tel le Messie, montrant le chemin, j'ai un peu la pression, le GPS n'est pas toujours très précis. On finit par arriver sur un terrain plat avec un groupe de malheureux cailloux éparpillés. J'espère que ce n'est pas ce qu'on cherche... Heureusement, le plan s'actualise et me dit qu'il faut continuer un peu. Ouf, on y arrive. C'est rigolo, il y a plein de rochers, d'aspect marbré et de forme ovoïde. Certains sont brisés et creux à l'intérieur, avec les morceaux de coquille éparpillés autour. On espère que les bébés aliens sont déjà loin!

En continuant un peu, on tombe sur le petrified tree. Quelques rondins de bois jonchent le sol. En regardant de plus près et en touchant, il s'agit bien de pierre. L'aspect bois est incroyable, il y a même plein d'éclats autour comme si quelqu'un venait tout juste de fendre un morceau à la hache.

On continue l'exploration en cherchant une arche qu'on ne trouvera pas. On se perd dans les dédales de monticules et on crapahute toujours un peu plus loin en s'émerveillant de ce paysage pittoresque et singulier.

Le coucher de soleil approchant, il est temps de rentrer, on traverse une grande flaque de boue séchée. Tiens, c'est drôle, on commence à s'enfoncer légèrement! Le temps de réaliser ça, c'est trop tard, on en a jusqu'à la cheville! Splortch sploutch, on est tirés d'affaire mais on ramène sur nos chaussures un souvenir de cette belle journée.

Pour un lieu surprise, nous avons été enchantés. Il y a donc du bon à avoir une liste d'objectifs qui s'allonge par hasard au gré des discussions et des nos lectures. On trouve un spot un peu plus loin au calme, sur une flaque de boue séchée. Pas fou, j'envoie Claire en éclaireur, c'est bon, ça tient!

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Publié le 5 juin 2023

Nous quittons le Nouveau Mexique pour l’Arizona. Dans nos têtes, l'Arizona c’est sec de chez sec avec des cactus partout. On est donc assez surpris de se retrouver dans une forêt de montagne avec des lacs et de la neige.

L’altitude a eu raison du désert mais ça n’a pas duré, en redescendant vers le parc du canyon de Che(lly). Allez savoir pourquoi, les américains ne prononcent pas la fin du nom… C’est le concept de la syllabe muette… On a vite perdu la forêt de sapins pour une végétation plus éparse. Pinyon pine et juniper tree (merci les rangers junior) mais pas un seul cactus 🌵 on est déçus.

Nous voilà en territoire navajo.

Nous commençons par le canyon del muerto, qui d’après notre guide est le moins impressionnant… OK si ça c’est le moins ouf qu’est-ce que doit être le paysage dans l’autre 😳😳😳. Nous on trouve ça carrément dingue. On est tout en haut de la falaise qui plonge à pic de plusieurs centaines de mètres. En face, un éperon rocheux remonte tout aussi abruptement. Au loin sur l’autre rive du canyon, la paroi de roche rouge fait ressortir le vert de la végétation abondante de la vallée mais point de traces de la rivière qui a sculpté ce paysage grandiose.

Ce national monument ne propose pas de vraies balades, seulement des belvédères le long d’une route qui longe les deux canyons qui le composent.

Chaque vue est différente et magnifique, on en prend plein les mirettes.

Si dans le premier canyon, il n'y pas de rivière, dans celui de Chelly, si. Elle slalome entre les formations rocheuses qu’elle a taillées il y a quelques milliers d’années quand elle était tumultueuse.

Le clou du spectacle est le dernier belvédère 😍😍.

Un pic de roche rouge monte vers le ciel à la jonction de plusieurs canyons, son nom: le spider rock. La légende raconte qu’une femme araignée qui serait à l'origine du monde vivrait au sommet du rocher. On raconte qu'un groupe de jeunes indiens partis à la chasse et poursuivis par les guerriers d'une tribu ennemie aurait été sauvés par Spider Woman qui leur aurait lancé un fil de soie pour leur permettre de grimper sur le rocher et échapper à leurs poursuivants. Les jeunes Navajos sont également avertis que s'ils ne sont pas sages, Spider Woman va descendre de son rocher pour les kidnapper et les emmener jusqu'au sommet pour les dévorer, et que l’on y trouve de nombreux os d’enfants.

De superbe vues sans se fatiguer, j’adore ce parc 🤣👍.

Nous prenons la direction de Monument Valley et pour le coup c’est bon, nous sommes bien dans le désert: plus d’arbre mais toujours pas de cactus !!!!


20 Avril


Après une nuit sur la parking de Burger King, nous avons pris la direction de l’Utah et de Monument Valley. Nous n'irons pas dans celle-ci car elle n’est pas un parc national mais est constituée de terres privées navajo. L’entrée est donc payante: 20 dollars par véhicule mais ceux-ci ne doivent pas faire 20 pieds ou plus. Or, le notre fait pile 20 pieds 😥. il nous faudrait donc réserver et payer un tour en 4*4 en plus... Ensuite, pour accéder au belvédère d’où sont prises la quasi-totalité des photos que l’on peut voir de cet endroit, il faut payer 8 dollars par personne…

Ça commence à faire beaucoup de sous pour un lieu touristique où l’on ne sera pas tout seuls. Nous préférons continuer pour nous rendre à Valley of the Gods quelques kilomètres plus loin. D’après la communauté des voyageurs au long cours, elle est tout aussi jolie et impressionnante mais gratuite puisque gérée par le BLM ( Bureau of Land Management) et beaucoup moins fréquentée.

Nous nous contenterons juste de la route qui longe Monument Valley, cela est déjà très beau et nous n’avons aucun regret.

Un petit tour par le Mexican Hat avant d’aller se trouver un spot dans la vallée des dieux.

Comme il se fait tard, on ne s’aventure pas trop loin sur la piste. On se la garde pour demain quand la luminosité nous permettra de bien profiter du paysage.