Nous arrivons au bord du lac Saint-Jean sous un ciel grisâtre et venteux. On ne voit pas l’autre rive et le lac moutonne, on pourrait se croire au bord de la mer au mois d’octobre... brrrr on ressort les pantalons et les polaires.
À Roberval, nous trouvons un emplacement dans un camping municipal gratuit. Gratuit!!🤨😀🤩Nous on est super contents mais Niaouli beaucoup moins. Il y a des chiens dans presque tous les fourgons autour, alors une fois n’est pas coutume malgré la porte grande ouverte elle reste assise à surveiller l’extérieur depuis l’intérieur. Nous avons le droit à des « ohhh tu as vu il y a un chat il est troppppp cuuuuutttteee» et les gens ont bien raison. Elle est super cute 🥰. Hein quoi gagas de notre chat? ... non pas du tout... Je vois pas de quoi vous parlez. Vers 21h30 quand tout fût enfin calme, elle a filé dans la nuit pour explorer son terrain de chasse du soir.
8 Août
Aujourd’hui nous visitons le village historique de Val Jalbert. Construit en 1901 pour loger les ouvriers du moulin à pulpe de monsieur Jalbert, cet ancien village de compagnie à été abandonné à partir de 1927, suite à fermeture de l’usine de pâte à papier mécanique. Les maisons vidées du jour au lendemain de leurs occupants se sont progressivement délabrées. Val Jalbert est devenu un village fantôme jusqu’à la fin des années 60. Le Canada a fini par y voir un site historique d’intérêt et a mis progressivement les moyens pour rénover et aménager le lieu pour les visites. Aujourd’hui on circule entre une partie restaurée qui a l’allure du village de l’époque et une partie maintenue tant bien que mal en état.
Nous commençons par remonter le temps. Devant nos yeux le village propre et moderne des années 20. Les maisons jumelées sont peintes en blanc et vert à l’extérieur et à l’intérieur c’est peinture et papier peint s’il vous plaît. Toutes avaient l’eau, l’électricité, une sorte de petite cuisine aménagée et des toilettes à l’étage. Dans certaines ils y avait même des machines à laver électriques!!! On croise sur les trottoirs les habitants de Val Jalbert, l’agent de poste, le directeur du magasin général, des travailleurs et les religieuses qui tiennent le couvent-école.
Au bout de cette rue animée nous tombons en admiration devant la chute tumultueuse de 74 mètres de haut. C’est de cette chute que tout est parti. L’eau a apporté l’énergie nécessaire au moulin. L’eau a apporté le bois au moulin. Le moulin a donné vie et prospérité au village.
De celui-ci il ne reste que les murs en pierre et quelques morceaux de machines mis en valeur par la muséographie et un film immersif . On est maintenant incollables, ou presque, sur la fabrication de la pâte à papier mécanique.
En continuant notre visite, nous découvrons alors l’autre partie du village. Celle qui est silencieuse, celle où le temps a fait son œuvre. Ici commence le village fantôme de Val Jalbert.
L’ambiance est tout autre. Nous marchons au milieu de maisons éventrées exposant sous nos yeux les ruines des vie qu’elles ont abritées. D’autres tentent de rester debout le plus longtemps possible grâce a l’étayage, comme conscientes de leur rôle de vieilles gardiennes, de l’histoire et des secrets de la vie de Val Jalbert. Mais pour combien de temps encore?
A la sortie de cette visite nous sommes contents de retrouver notre petite Niaouli qui elle est pleine de vie. Elle sort des fourrés du parking à notre appel et on a le droit à une bonne séance de câlin et de roulage dans les cailloux.
Les vie se font, se défont ,le temps passe et la vie continue...
9 août
Après une nuit sur le parking du zoo de Saint-Félicien, qui n’est d’ailleurs pas le plus moche des spots que l’on ait fait, nous sommes au taquet dès l’ouverture. Le zoo de Saint-Félicien présente les écosystèmes des régions boréales.
Ceux du Canada y tiennent une place importante avec un immense enclos de 30 hectares où tous les animaux se côtoient. On y circule dans un petit train grillagé sur un sentier de 4 kilomètres. Les animaux sont en liberté et nous en cage.
Pendant notre tour nous verrons plusieurs animaux mais les caribous et les wapitis ne se montreront pas. Mais maintenant on sait à quoi ça ressemble en vrai un orignal😀.
Dans les régions boréales on trouve à notre plus grande surprise des singes. Mais pas que...
Le soleil étant de retour nous n’avons pas pu nous empêcher de craquer pour une glace molle. Enrobage chocolat blanc érable pour moi, Flo a été plus classique dans son choix: chocolat au lait.
En quittant le zoo nous décidons de retenter notre chance dans la cueillette des bleuets, la région du lac Saint-Jean étant réputée pour cela. Nous trouvons une petite exploitation qui fait de l’auto cueillette en libre service 24/24. Cela nous arrange bien car il est 19h quand nous arrivons sur place.
Nous voilà accroupis dans un champ de bleuets au soleil couchant. On est heureux comme tout. Les bleuets sont en quantité et bien mûrs. Ils faut faire attention de ne pas marcher sur les plants car le champ n’est pas du tout organisé en lignes. C’est plutôt touffe par ci touffe par là au milieu des mauvaises herbes. L’agriculteur a tout compris il laisse sont champ vivre sa vie, il laisse ses clients récolter, peser et payer dans une petite boîte.
Le petit panier se remplit doucement mais sûrement une poignée pour lui, une pour mon estomac!
Ce soir c’est crumble et cette fois notre envie de dessert ne nous a pas pris tout la journée 😜
Culture générale
Histoire de Val Jalbert
Cette industrie répond principalement à la demande des États-Unis où la presse et la publicité consomment de plus en plus de papier.
C’est dans ce contexte économique que l’homme d’affaires Damase Jalbert (1842-1904) entreprendra en 1901 la construction d’une usine de pâte à papier, une pulperie, sur la rivière Ouiatchouan dans la région du lac Saint-Jean.
Il entreprend alors la construction de la pulperie sur la rivière Ouiatchouan, d’un barrage au sommet de la chute la plus en aval et d’un chemin de fer devant rejoindre un port du lac Saint-Jean.
Afin de loger les travailleurs de l’usine, le promoteur fait construire des maisons à proximité de l’usine qui deviendra un véritable village de compagnie.
Au début, le village compte 111 personnes. Malheureusement, Damase Jalbert décède en 1904 et la compagnie de pulpe Ouiatchouan passe aux mains d’investisseurs américains qui rebaptisent l’entreprise Ouiatchouan Falls Paper Company et le village Ouiatchouan Falls. Lourdement endettés avant même l’achat de la pulperie, les investisseurs américains déclarent faillite trois ans plus tard.
En 1907, la Compagnie de Pulpe de Chicoutimi, sauve le moulin à pulpe de la Ouiatchouan. Il achète graduellement les actions, devient gérant et fait agrandir l’usine et modernise les infrastructures telles qu’une chambre des meules munie de trois turbines reliées à 10 défibreuses, ce qui permet à terme de doubler la production de pulpe. Le village de Val-Jalbert est alors en pleine expansion.
En 1915, la législation québécoise permet au village de Saint-Georges de Val-Jalbert de devenir une municipalité à part entière, offrant ainsi aux élus une voix égale à celles des dirigeants de la compagnie. On crée une commission scolaire et par la suite un couvent-école sous la direction de la congrégation des sœurs de Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Chicoutimi.
De 1917 à 1919, le village de Val-Jalbert connaît un nouveau développement urbain à l’image du modèle américain. On aménage des égouts, des aqueducs, des bornes-fontaines, des trottoirs en bois et on construit de nouveaux logements ouvriers modernes munis de l’électricité comme dans les grandes villes du Québec.
La prospérité est alors au rendez-vous même si la grippe espagnole qui suivra la Première Guerre mondiale frappera durement la petite communauté de Val-Jalbert.
Les derniers investissements ont lieu en 1920 avec l’aménagement d’une salle équipée d’un écorceur à tambour pour l’usine et la construction de dix nouvelles maisons doubles dans le village. En 1926, un nouveau cartel du papier montréalais, la Quebec Pulp and Paper Mills Ltd., rachète la Compagnie de Pulpe et de Pouvoirs d’Eau du Saguenay. Cette acquisition entraîne un dernier regain de productivité dans l’entreprise. Le village compte alors 950 personnes.
Des rumeurs de fermeture commencent toutefois à se répandre et entraînent un exode des ouvriers et de leur famille vers d’autres lieux. L’industrie de la pulpe connaît un déclin soudain, provoqué par la popularité de la pâte chimique.
La fin approche pour Val-Jalbert. Le 5 août 1927, la compagnie publie l’avis suivant : « Par suite du mauvais état du marché de la pâte mécanique, nous cesserons les opérations à l’usine de Val-Jalbert le 13 août à minuit pour un temps indéfini. »
Une douzaine d’employés et quelques contremaîtres et ingénieurs restent pourvoir au fonctionnement de la dynamo, à l’entretien et au chauffage de l’usine et à la gestion de ce qui reste des affaires municipales.
En 1930, il ne reste que 50 personnes au village qui deviennent alors propriétaires de leur terrain et maison. Ils partiront progressivement et Val Jalbert deviendra un village fantôme,
Comment fabrique-t-on de la pâte à papier mécanique à Val Jalbert ?
Le bois, de l’épinette est coupé dans les bois en hiver. Il est apporté par l’eau, à la fonte des glaces, en amont de la chute.
Là, il est coupé en billots de 60 cm et acheminé par convoyeur jusqu’à la salle d’écorçage. Cette étape consiste à enlever toute trace de l’écorce du tronc. D’abord manuelle, elle fut mécanisée avec des écorceuses mécaniques. Cette machine était appelée par les ouvriers l’avaleuse de doigts.
Le bois nu arrivait par des petits canaux intérieurs jusqu’à la salle des défibreurs. Les ouvriers récupéraient les billots et les enfournaient un à un dans le sens de la largeur, dans la defibreuse qui détachait la fibre ligneuse du bois par broyage. Les fibres de bois tombent dans d’autre canaux qui les apportent à des tamis pour ne gardée que les fibres les plus fines. La pâte ainsi obtenue est alors étalée et pressée. Elle n’est pas encore utilisable telle quelle, il faudra une autre usine pour en faire du papier.