Atterrissage réussi à Santiago de Chile ! Les six heures de vol depuis Bogota seront finalement passées très vite. Nous voilà donc de retour en terres Chiliennes, plus de quatre mois et demi après les avoir quittées. Et après avoir découvert le Nord du pays, la suite de notre périple nous emmenera cette fois-ci vers le Sud !
Nous ne nous attarderons pas dans la capitale Chilienne. Un choix motivé par les nombreux retours négatifs que nous avons eu de cette ville. En effet, la demi-journée que nous y passons est largement suffisante. La métropole est plutôt sale, pas très belle et il y règne une atmosphère peu rassurante. C'est sans regrets que nous nous couchons tôt puisque demain il faut se lever tôt !
Ce matin, nous sautons dans le premier bus afin de rejoindre la ville de Valparaiso, située à environ 120 km de Santiago. 1h30 plus tard, nous aperçevons les premières maison de la ville portuaire Chilienne. Connue pour ses funiculaires à fort dénivelé et ses maisons colorées qui se dressent sur les flancs de différentes collines, la ville est aussi considérée comme une des capitales mondiales du street-art !
Pour le déjeuner, Marion tient absolument à manger une des spécialités locale, qu'elle a pu découvrir lors de son dernier passage dans la ville il y a 6 ans. Une petite demi-heure plus tard, nous nous retrouvons donc devant une énorme assiette de chorrillana, un plat très riche à base de frites sur lesquelles on ajoute différents types de viande, des œufs, des oignons caramélisés... et une succulente sauce au vin rouge. Excellent !
Pour decouvrir Valparaiso, et sa très riche histoire, nous décidons de nous inscrire pour une visite guidée de la ville. Finalement, nous passerons plus de 3h30 à sillonner les étroites ruelles de la cité portuaire ! Un après-midi très enrichissant pendant lequel nous apprenons énormément sur cette ville et de façon plus globale, sur l'histoire du Chili...
C'est donc sous la forme d'une visite virtuelle que la suite de cette article sera écrit, avec une partie des anecdotes apprises lors de cet après-midi !
La visite commence sur la place principale de la ville, la plaza Sotomayor. Le bâtiment de la Marine militaire Chilienne est sans conteste l'édifice le plus impressionnant de la place. Inspiré dans son architecture par l'hôtel de ville de Paris, nos yeux sont inévitablement attirés par le superbe édifice et sa couleur bleue pastel.
Notre guide, une jeune femme originaire de la ville, nous explique que la Marine Chilienne est peu aimée par les habitants car elle a soutenu la politique de Pinochet. De son point de vue, ce sont aussi des privilégiés car ils ont de très bons salaires et beaucoup d'avantages, de part leur statut, mais finalement peu de responsabilité dans le climat de paix actuelle...
Un impressionnant monument, érigé en mémoire de la victoire Chilienne à Iquique lors de la guerre du Pacifique, trône fièrement au centre de la plaza Sotomayor. Trois gardes protègent constamment ce dernier symbolisant l'agrandissement du territoire Chilien, au détriment du seul accès à la mer que possédait la Bolivie... Un sujet qui divise aujourd'hui la société alors qu'une part de la population serait pour rétrocéder l'extrême Nord du Chili à la Bolivie.
La place Sotomayor débouche directement sur le port de Valparaiso. Au XIXe siècle, la ville était le port le plus important d'Amérique du Sud ! Et pour cause, les nombreux bateaux européens voulant rejoindre les mines d'or de Californie trouvaient refuge dans cette ville, puisqu'elle avait l'avantage de posséder une position géographique idéale, après un long voyage pour contourner le continent Sud-Americain. L'affluence d'immigrants européens est d'ailleurs encore visible de nos jours puisqu'elle a marqué de son emprunte l'architecture et les institutions culturelles de la ville.
Avec la création du canal du Panama, en 1914, la ville a subitement totalement perdu de son attrait et a sombré dans la pauvreté... Jusqu'à être rétrogradée troisième port du Chili ! Il fallu plus de 50 ans à la ville pour sortir la tête de l'eau puisque depuis 2001, un élan nouveau s'est emparé de Valparaiso avec l'essor du tourisme, grâce auquel, la ville retrouve petit à petit son attractivité d'antant !
En remontant vers la place, notre guide nous arrête devant la caserne des "bomberos". Si être pompier est une vocation en soit, le devenir au Chili l'est d'autant plus puisque les pompiers ne sont pas payés, pire ils doivent donner une somme d'argent pour faire partie de la caserne. Il y a encore peu, ils devaient même payer les péages pour pouvoir intervenir sur les incendies ! Les engagés en tant que pompiers ne le sont pas à temps plein et cumulent cet emploi avec leur vraie profession. À noter que leur domaine d'intervention se limite quasi exclusivement aux incendies urbains.
Les différents quartiers de la ville sont délimités de manière topographique, puisque la ville est bâtie sur un ensemble de plusieurs collines. Il a fallu qu'elle adapte ses infrastructures pour pouvoir rendre certains quartiers plus accessibles avec la création de plusieurs "ascenseurs", excellente alternative aux nombreux escaliers raides et interminables reliant les différents cerros (collines). C'est en prenant l'un de ses fameux ascenseurs que nous rejoignons la cerro Alegre, l'un des endroits les plus réputés de la ville portuaire.
Du haut de cette colline, le point de vue sur le port et sur la place Sotomayor en contrebas est superbe. On distingue cette étrange cube de verre teinté "coiffant" un bâtiment ancien bâti en pierre. C'est une société Marine qui a fait pression pour bâtir cette surélévation contemporaine (dénotant avec l'architecture générale de la ville). Elle a obtenu gain de cause après un long bras de fer, pour des raisons économiques évidemment... Ironie du sort, le centre historique de Valparaiso ayant été inscrit au patrimoine de l'UNESCO après sa réalisation, le fameux "cube" fait, au même titre que les autres bâtiments, partie de ce patrimoine.
Monter en haut de la colline Alegre, c'est aussi l'occasion de découvrir le magnifique Palacio Baburizza, curiosité architecturale et construction précurtrice dans bien des domaines, notamment dans le système de plomberie (première maison avec douche chaude de l'Amérique Latine). À la mort de son propriétaire initial, seulement deux ans après sa construction, elle fut rachetée par un chilien parti de rien ayant fait fortune dans le transport de bovins vers la région d'Atacama (une idée lumineuse à l'époque car cette partie du pays n'avait pas accès à la viande fraîche). Laissée à l'abandon pendant de longues années, elle e été totalement rénovée, et réaffectée comme Musée des Beaux-arts, pour le plaisir des observateurs que nous sommes.
Les quartiers de Cerro Alegre et Cerro Concepcion concentrent la majeur partie des œuvres de street-art de la ville. Impossible de faire plus de 10 mètres sans tomber sur une fresque ou un escalier coloré. Assez ironiquement, cet art de rue, faisant de nos jours la réputation de Valparaiso en attirant des centaines de visiteurs, n'est pas initialement une volonté de la ville... c'est en fait tout l'inverse !
Les habitations, et autres édifices de la ville, se retrouvant très régulièrement vandalisées par des tags disgracieux, les propriétaires doivent constamment repeindre leurs façades. Pour éviter cela, ils préfèrent payer un artiste pour réaliser une fresque sur leur propriété. Le "code" de l'art de rue interdisant de réaliser un graf' sur une fresque, c'est une sorte de protection des façades de la ville.
Si certaines fresques sont purement esthétiques, la plupart d'entre elles racontent une histoire. C'est notamment le cas de l'immense peinture murale du Pasaje Gálvez qui est une représentation imagée d'une grande partie de l'Histoire du Chili.
De la conquête espagnole (et les massacres subient par les tribus Mapuche) au régime dictatorial de Pinochet, l'artiste réussi à nous faire voyager à travers les époques. L'occasion pour notre guide de nous parler de la révolution étudiante de 2011 visant les frais exorbitants demander par l'état nécessaires pour avoir accès à l'éducation.
L'emprise des États-Unis sur le pays est aussi représenté de manière caricatural... Mention spéciale pour le détournement critique de Mc Donalds.
Depuis le séisme de 1730 ayant littéralement rayé de la carte la ville de Valparaiso (d'une magnitude de 8.7 sur l'échelle de Richter), les maisons ont été reconstruites avec une structure en bois (la ductilité du matériau étant plus adaptée à la réponse sismique) ainsi qu'un remplissage en brique d'adobe, sorte de mélange de terre et de paille. Pour protéger ces façades perméables, des containers ont été découpés et disposés comme tôles de protection. Finalement, cette "peau" technique en est devenu tout autant esthétique, donnant aux bâtiments de la ville un style brut et multicolors !
Après cette visite guidée très enrichissante, nous restons encore quelques heures à flâner au milieu des fresques colorées du quartier Concepcion. Nous passons notamment par le Paseo Dimalow et son superbe panorama, nous grimpons ensuite le très beau "escalier piano" avant de finalement rejoindre notre auberge par un escalier arc-en-ciel.
Le lendemain, nous nous éloignons un peu du centre-ville pour explorer les hauteurs de la ville. Après avoir englouti un bon petit-déjeuner, nous nous dirigeons vers la Carcel (ancienne prison réhabilitée en parc culturel), où fut emprisonnés de nombreux opposants au régime dictatorial de Pinochet.
Puis nous continuons notre chemin jusqu'à La Sebastiana, ancienne résidence pittoresque du poète chilien Pablo Neruda. Une belle maison à étage aux formes contemporaines offrant une vue dégagée sur le Pacifique.
Nous redescendons finalement vers le port. En longeant la mer en direction de Villa del Mar, il est possible d’apercevoir des lions de mer ayant élu domicile sur de vieilles plate-formes abandonnées. Entre ceux qui se battent pour gagner quelques centimètres carrés sur leurs voisins et ceux qui dorment paisiblement avant de se faire piétiner par un nouvel arrivant, on prend plaisir à contempler le spectacle pendant quelques minutes !
Alors que le soleil commence à se montrer, il est temps de retourner vers notre auberge afin de récupérer nos sacs. Et après un dernier petit tour au cœur des quartiers historiques et un dernier plaisir culinaire, avec la dégustation de succulents empanadas chiliens, il est temps de reprendre la route et de retourner vers la capitale car c'est de Santiago qu'un bus de nuit nous attend, direction le Sud !