Nous décidons pour cette étape sportive de combiner deux treks : celui de la Laguna 69 et celui du Santa Cruz, pour partir 4 jours et 3 nuits, en autonomie avec nos vivres et notre tente ! Nous allons donc parcourir environ 80 kilomètres à pied, au cœur de la Cordillère Blanche. Celle-ci abrite les plus hautes montagnes tropicales du monde... Cela promet d'être encore une expérience incroyable !
Jour 1
Nous débutons ce premier jour, en quittant la ville de Huaraz, où nous nous sommes un peu acclimatés à l'altitude, pour Yungay. De là, nous trouvons un colectivo pour nous conduire jusqu'au départ de la randonnée qui nous mènera à la Laguna 69. Elle se nomme ainsi car, lorsqu'il a fallu référencer toutes les lagunes du Parc National Huascaran, celles qui n'avaient pas déjà été baptisées ont reçu un numéro selon leur ordre de référencement. La marche débute sous le soleil, à 3850 mètres d'altitude. Nous réalisons la montée jusqu'à la lagune dans un décor montagneux très beau, entourés de ruisseaux, de vaches, de petits lacs et de grandes cascades.
Après 3 heures de marche, et 750 mètres de dénivelé positif, nous atteignons un coin de paradis... La lagune est d'un bleu turquoise vif. Les couleurs des montagnes environnantes, oscillant du blanc au gris foncé, créent un contraste si fort avec l'eau que cela paraît irréel... C'est un tableau parfait devant lequel nous pouvons déjeuner !
Le retour, par le même chemin, est bien plus rapide... Ainsi, en début d'après-midi nous pouvons attraper un colectivo au bord de la route pour nous amener dans un nouveau village, nommé Vaqueria, d'où commence le trek du Santa Cruz. Le but maintenant est de trouver un endroit pour poser notre tente... Quand nous arrivons dans le petit village perdu de Collo, après quelques kilomètres de marche, nous sommes abordés par une vieille dame qui nous propose de passer la nuit dans son jardin. Bingo, c'est là où nous ferons notre première halte. Elle s'appelle Maria, et nous rencontrons son mari, son fils, sa belle-fille et sa petite-fille qui vivent avec elle. Les grands-parents sont d'anciens agriculteurs et ont une vie très modeste. Leurs lavabo, toilettes et douche sont au fond du jardin et leur pièce de vie est rudimentaire. Ils sont très sympathiques, et nous passons une bonne partie de la soirée à discuter. Ils ont beaucoup de questions sur la vie en France et notre vision du Pérou ! Nous en profitons pour apprendre de nouveaux mots en Queshua, langue qu'ils parlent plus que l'espagnol et la petite-fille, qui veut apprendre le français, consigne méticuleusement chaque mot que nous lui partageons dans un petit carnet. Elle veut devenir ingénieur système, un peu comme Marion et voyager en France...
Jour 2
Au lever du soleil, nous repartons, sous un peu de pluie pour débuter nos trois jours de marche dans la Parc National Huascaran. Celui-ci s'étend sur plus de 3400 kilomètres carrés, est classé comme patrimoine naturel mondial de l'UNESCO et recouvre 140 km de la Cordillère Blanche. La première journée de randonnée est constituée essentiellement de montées, pour passer de 3500 mètres d'altitude à 4200 mètres. Nous marchons à travers la nature verdoyante, croisons des vaches, des chevaux, des mules, ou encore des lamas.
Le "crachin breton" ne nous quitte pas de la journée, jusqu'à ce que nous installions notre tente, au milieu des sommets montagneux.
Le ciel est si menaçant que nous nous activons pour cuisiner nos pâtes dehors avant le déluge... Nous n'avons pas le temps de finir notre cuisine, qu'une très grosse averse de grêle nous surprend... En quelques minutes le sol passe du vert au blanc !
Ce n'est malheureusement que le début des intempéries : pendant plus de 5 heures, nous subissons la pluie, la neige, les grêlons, le vent et surtout l'orage, dans l'abris précaire que constitue notre tente, avec une intensité qui fait froid dans le dos... Seuls, au milieu des montagnes, nous n'en menons pas large ! Heureusement, nous pourrons passer le reste de la nuit sous une météo plus tranquille, relativement au sec par rapport à ce que notre abris a subi !
Jour 3
Le lendemain matin, c'est fatigués par la nuit tumultueuse mais contents d'avancer que nous reprenons le chemin des sommets. Au programme, 20 kilomètres de marche, pour monter au point culminant de notre trek puis redescendre dans la vallée de l'autre côté de la montagne. Le paysage a blanchi depuis hier, il a beaucoup neigé cette nuit ! Nous débutons la journée dans un brouillard opaque... Mais très vite, la vue sur le paysage environnant se dégage, et les nuages stagnant donne une note mystique à ce qui se trouve sous nos yeux... On dirait que les montagnes flottent tout autour de nous !
Notre chemin passe par de petites lagunes, qui reflètent les sommets et le spectacle est incroyable !
Les dernières centaines de mètres de montée sont très rudes, sur un chemin compliqué, où se sont déposés plusieurs centimètres de neige fraîche.
Après un effort physique considérable, toujours flanqués de nos gros sacs à dos, avec la difficulté supplémentaire de l'altitude, nous atteignons enfin le Punta Union, à 4750 mètres d'altitude ! Au loin, une petite lagune au bleu éclatant nous offre une belle récompense !
Il est maintenant temps de redescendre... Nous remarquons quelques chose d'étrange depuis plusieurs kilomètres... Dans la neige immaculée, des traces, ressemblant à des pattes de chien, atteignent le sommet puis redescendent vers la vallée. Mais c'est impossible de trouver un chien ici, la première habitation se trouvant à 30km, le parc étant interdit aux chiens et cet environnement étant si hostile ! À peine le temps de se faire ces réflexions, que nous voyons apparaître un chien derrière nous (on ne sait vraiment pas d'où il est sorti !!). Il est très amaigri, alors nous sortons nos barres de céréales et partageons notre petit déjeuner avec lui ! Nous le baptisons Dobby et il continuera sa route avec nous !
Nous effectuons la descente sur un sol rendu glissant par la neige et l'eau du ruisseau, avant d'atteindre la vallée, qui nous offre un terrain plus praticable. Parfois, le brouillard se dégage pour nous laisser apercevoir les sommets qui nous entourent, tous plus impressionnants les uns que les autres !
Les passages parmi les troupeaux de vaches et de taureaux deviennent périlleux, car le chien qui nous accompagne attire leur attention et certains chargent même notre petit groupe !! Nous restons donc très prudents pour éviter un coup de corne, mais surtout Dobby les attirent assez loin pour que nous soyons à l'abri ! En fin d'après-midi, une pluie forte commence à tomber. Quand nous atteignons le point de camping de la deuxième nuit, nous avons le plaisir de trouver une cabane en pierre, dont une petite partie du toit est encore présente... Cela permet de nous abriter, le temps que la pluie passe... Après plusieurs heures dans le froid, nous nous rendons à l'évidence : notre réveillon du 31 décembre se fera sous la pluie, dans le froid avec une boîte de thon et du riz... Nous n'avons pas vraiment le cœur à la fête mais la compagnie de notre chien Dobby nous donne du baume au cœur !
Il est temps de monter notre tente déjà bien humide de la veille. On espère qu'elle résistera au terrain détrempé et aux averses de cette nuit pour nous maintenir relativement au sec !!!
À la nuit tombée, notre compagnon à quatre pattes, qui dormait paisiblement depuis notre arrivée, commence à s'agiter, aboyer comme s'il marquait son territoire sur quelques mètres tout autour de notre tente... Nous ne pouvons pas croire qu'après quelques heures seulement en notre compagnie, il va nous protéger... Et pourtant, toute la nuit il montera ainsi la garde, sans répis, c'est incroyable ! Cela nous rassure aussi car nous sommes seuls dans cet immense parc, peuplé de pumas, condors, ours...
Jour 4
Lorsque le jour du 1er janvier se lève, nous repartons pour la dernière ligne droite : 13 kilomètres de descente abrupte nous séparent du village d'arrivée, qui se trouve à une altitude plus basse de 1100 mètres. Nous longeons la rivière, sous une fine pluie et toujours entourés de beaux paysages montagneux.
Nos corps sont fatigués par les efforts successifs et les courtes nuits mais la motivation d'arriver à destination nous donne l'énergie nécessaire pour avancer à un bon rythme !
En fin de matinée, nous atteignons Cachapampa !! Après 3 jours sans croiser aucune personne, nous sommes accueillis par les habitants de ce tout petit village ! La mamie qui tient la petite "tienda" (boutique) est très gentille avec nous et nous explique qu'il n'y a pas eu de randonneurs depuis des jours... À croire que nous sommes les seuls fous à nous lancer dans cette aventure pendant la saison des pluies... La scène qui s'offre à nous est très cocasse : les habitants du village, à l'exception de la mamie et du chauffeur du bus qui nous ramènera dans une ville plus grande sont complètement ivres ! Ici, on fête bien le nouvel an !!! Après avoir nourri une dernière fois notre chien d'adoption, il est temps de lui dire au-revoir...
Ce fut encore une belle épreuve vécue à trois, remplie de moments compliqués et aussi de magnifiques découvertes !!! Encore une fois, la nature nous a rappelé à quel point nous sommes minuscules face à sa force et sa beauté !