Il a pas mal plu cette nuit mais au réveil, le ciel est plutôt dégagé.
Après le petit déjeuner, je prends la route vers le nord de l'île.
J'ai prévu 1h30 pour être sûre de ne pas être en retard. Heureusement car il y avait plusieurs endroits de travaux sur la route.
C'est dommage que je n'ai pas eu le temps de faire des stops photos car là encore, côté île, c'est superbe. Il y avait aussi le lever du soleil et quelques belles plages. J'essaierai de faire ça avant de rendre la voiture.
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On a pris une bonne pluie, dans le pick-up, pendant le trajet pour Papeenoo puis il y a eu de nouveau du soleil.
Pour le début de la vallée, je ne suis pas du bon côté, il vaut mieux être à gauche.
La route est défoncée depuis le début. Et avec la pluie, il y a des trous d'eau. On a l'autre 4x4 devant nous.
Au bout de quelques minutes, ils ont enlevé la protection qui nous protégeait pour mieux voir la vallée et être debout si on le voulait.
J'ai passé tout mon temps debout. C'était mieux pour le dos, mes jambes servaient d'amortisseurs.
Papeenoo est la seule vallée qui traverse l'île de part en part.
On va faire de nombreux stops pour parler de faune, de flore, de culture, de religion et tout autre chose.
C'est aussi la pharmacie de l'île avec de nombreuses plantes qui peuvent servie, entre autre, de remèdes.
Je mettrai des photos qui n'ont parfois rien à voir avec ce que j'écris.
Notre guide s'appelle Teuai et c'est sa nièce notre chauffeur (elle est hôtesse de l'air sur Air Tahiti aussi). Sa famille a respecté la tradition qui consiste que l'ainé d'une famille soit adopté par les grands parents qui transmettent la culture. C'est ce qui a été fait pour lui.
Les savoirs sont transmis entre femmes et hommes. Ce ne sont pas les mêmes savoirs.
Il ne parle pas très bien français car dans les années 60, l'école n'était pas prioritaire (il parle plutôt bien français).
Le savoir reste dans la famille grâce à la transmission orale, rien ne peut être volé. Si quelqu'un a besoin de quelque chose, on lui donne mais on ne montre pas comment ça a été fait. Si on soigne quelqu'un, on ne le fait pas payer.
La nature n'a pas besoin de nous, c'est nous qui avons besoin d'elle.
Il nous montre une feuille qui est de la famille du taro. Il y en a une quarantaine de variété. Celle-ci qui s'appelle Ape,il faut l'éviter car la feuille est toxique.
Par contre son tubercule qui peut faire entre 2 et 3 m, peut se manger.
C'est une plante qui sert de parapluie dans un sens et de parasol dans l'autre. Et en plus, c'est biodégradable, ça ne pollue pas et ça sert de compost.
Mais quand il était plus jeune, on le traitait de pauvre.
On a parlé aussi de la communication au travers de la vallée.
Il y a toujours des Mape au bord de la rivière. Quand on frappe dessus, le bruit se propage dans la vallée. Ils utilisaient un code de type morse pour que les autres ne comprennent pas.
Quand on était sur les hauteurs et qu'il n'y avait plus de mapé, on utilisait la conque. On coupait la pointe de façon plus ou moins importante pour avoir un son plus ou moins aigu ou grave.
Maintenant c'est interdit de ramasser des conques , c'est une espèce protégée.
Avant, tu devais souffler avant de vouloir accoster quelque part. Si on répond tu peux, sinon tu accostes pas.
On est arrivés au niveau du premier gué où il y a une les anguilles.
Elles se reproduisent en mer puis remontent dans la rivière.
Elles peuvent tenir 24h hors de l'eau. Quand il y a une cascade qui les empêche de passer, elles coupent par la terre.
Elles peuvent vivre environ 70 ans.
Ce qui fait qu'elles ont les yeux bleus c'est la cataracte.
Un lien se crée avec un animal dans une famille, il devient l'animal totem et c'est pour ça que l'animal devient sacré.
L'arbre à pain
Il y avait 70 variétés d'arbres à pain avant et maintenant il y en a moins de 10.
Il est très important dans la vie polynésienne que ce soit le bois, l'écorce ou le fruit.
-La plupart des vieilles églises sont toujours deboutscat on mettait des morceaux d'arbre à pain pour solidifier comme on ferait avec de l'acier maintenant.
Et comme ils utilisaient de la chaux, qui contient du sel, cela traite le bois et évite les insectes.
-Le uru est soit mangé en légumes, pas mûr donc pas sucré. Soit on le laisse mûrir pour qu'il soit sucré et c'est un fruit. Il est sans gluten et on peut en faire de la farine.
-Écorce des branches. Ça donne le tapa qui servait pour les vêtements. À force de taper l'écorce, on double la taille originelle.
Le cocotier
Il y a 5 étapes pour la noix de coco. Pour les 3 premières, il faut aller les chercher sur l'arbre.
1ère étape, très verte. L'eau n'est pas sucrée et cela sert en médecine. C'est antiseptique.
2ème étape. L'eau est sucrée et l'intérieur est gélatineux.
3ème étape. La noix de coco est fermentée.
4ème étape. C'est lorsque la noix de coco est prise et qu'il n'y a presque plus d'eau. C'est celle qui permet de faire le lait de coco.
5ème étape. La noix de coco germée. Le mâle sort sur le côté et la femelle sort au milieu.
L'intérieur de la noix est cotonneux. On peut la mettre entière au four Tahitien pendant 4h.
À ce moment là, il reste au niveau de l'écorce, de l'huile qui sert d' anti moustique, de garde chaleur et hydratation de la peau
Bourre : j'ai encore appris de nouvelles utilisations : pinceau, scotch britch, filasse.
La cascade fait 75m.
Barrage
Il n'y a presque plus d'eau dans la rivière à cause du détournement de l'eau. Avant on pouvait naviguer sur la rivière ce qui n'est plus le cas.
La cascade sort directement du rocher.
Il a utilisé des noix qu'il avait ramassé pour nous montrer leur lampe de l'époque. C'est à partir de ces noix brûlées qu'on récupère la suie pour faire l'encre des tatouages.
Il nous a aussi expliqué la signification de son tatouage qui place le nombril au centre de la mer, la pluie, le soleil, la montagne donc de la nature.
On a poursuivi la route jusqu'à un site historique reconstitué.
Chacun devait amener son repas mais il nous a amené des petites choses qu'il a cuisiné suivant les recettes de sa grand-mère : marshmallow de coco, Poe façon crêpes (excellent) et du pain coco. On avait aussi du pamplemousse qui avait un petit goût de citron vert.
Il y a eu un moment baignade avant le repas. Pour moi, l'eau est beaucoup trop froide 🤣 et il ne faisait pas assez chaud.
À la fin du repas, il nous a montré comment emballer les restes avec les feuilles de cordyline.
Il nous a aussi expliqué que le tubercule de la cordyline était utilisé avant pour conserver l'eau pendant les longs voyages.
Il faut la faire cuire 4 à 7 jours.
Il suffit d'enlever le tour, de le couper en morceaux puis de la mâcher. En plus, comme c'est sucré, ça donne de l'énergie.
On a continué la route qui est à flanc de montagne et on a fait un stop à 600m.
Il y a un Marae construit au milieu de la vallée. Normalement ils sont toujours au bord de l'eau. Il a été construit à l'époque où il était interdit de poursuivre leurs anciennes croyances et ils se sont cachés dans la vallée.
Il nous a montré comment était faite les peintures rouges sur le corps des maîtres de cérémonie des marae avec le fruit du rocoulier. Par contre, ça ne se mange pas. Cela servait aussi de crème solaire lors des voyages en bateau.
Teuai est un chorégraphe de l'île. Il a monté des spectacles qu'il a joué dans lemonde. En 1994, il a créé un spectacle sur l'histoire de cette vallée.
En Polynésie, il n'y a pas un seul historien pour s'intéresser à la culture polynésienne. Avec un ami, il a écrit un livre, Tupuna "ce qui est arrivé à nos ancêtres". Les historiens n'ont pas voulu en entendre parler. Au bout de 8 ans, ilsont trouvé quelqu'un pour l'éditer en France et là, il est entrain d'être traduit en anglais et Polynésien.
Sa compagne s'est carrément inscrite à la fac d'histoire pour pouvoir après faire une thèse sur l'histoire de la Polynésie.
À notre arrivée au tunnel, on en est à la moitié de la vallée. Ça sera le point le plus élevé, 800m.
Il nous montre deux façons de retirer l'écorce des branches pour avoir quelque chose de souple ou rigide. Il nous a montré des chaussures qu'il a faite avec.
La descente est très raide et agitée. On se fait tout le dénivelé en peu de temps. On est presque tous debout pour amortir les secousses.
On voit un premier lac, Vaihiria du nom de la rivière. On est allés à côté du lac.
À cet endroit, il a utilisé la conque pour nous montrer l'écho incroyable dans la vallée.
Puis on s'est arrêtés devant la cascade ayant servi à la pub de Tahiti douche.
On est passés à côté du réservoir lac bleu qui a l'air d'une baignade bien sympa quoique froide je suppose 🤣.
Le reste de la route se fait dans une vallée étroite où la lumière ne passe pas beaucoup.
La descente autre été un peu fatiguante mais que cette vallée mérite cette découverte.
On a eu de la chance avec la météo car ça a été couvert toute la journée mais il n'a pas plu.
Par contre, le retour a été difficile car il s'est mis à bien pleuvoir, de nuit et sans lumière. Il fait noir à Tahiti et les phares n'éclairent pas très bien.