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Nos premiers pas sur le sol néo-zélandais nous amènent jusqu'au centre ville d'Auckland, où nous avons réservé une auberge pour quelques nuits. Le check-in à peine effectué, nous nous affalons sur le lit de notre chambre et on s'endort à 19h pétante. Le long voyage et le décalage horaire (+10 heures) ont eu raison de nous !

YMCA Hostel 
Notre chambre 

Nous profitons de ces premiers jours d'acclimatation pour effectuer les démarches relatives à notre visa travail.

La carte bancaire locale est presque obligatoire pour éviter les charges allouées à chaque paiement avec une carte bleue française. En commençant par l'ouverture d'un compte, nous choisissons un partenaire de la BNP, la Westpac, qui nous assure également des retraits et des virements sans frais entre les deux banques, mis à part le taux de change. Lors du rendez-vous pris du jour au lendemain avec le banquier, nous passons une bonne demi-heure à parler voyage et dix petites minutes à ouvrir un compte commun.

Le numéro IRD (Inland Revenue Department Number) est nécessaire pour travailler en Nouvelle-Zélande. S'il n'est pas demandé, les revenus touchés sont calculés sur la base de l'indice d'imposition le plus élevé, il est donc préférable d'en avoir un. De plus, certains employeurs exigent obligatoirement ce numéro avant toute embauche. Depuis février 2017, il est possible d'effectuer cette demande directement en ligne sur le site des autorités néo-zélandaises. C'est ce que nous faisons, et deux jours plus tard nous recevons un e-mail mentionnant nos numéros.

Nous achetons également une carte sim nationale ainsi qu'un téléphone. Posséder un numéro néo-zélandais permet d'échanger plus facilement avec les employeurs, qui n'apprécient pas vraiment être sur-taxé en appelant sur un numéro français. En optant pour Spark, nous prenons une carte sim pré-payée. Chose intéressante, l'entreprise possède dans le pays de nombreuses bornes ressemblant à des cabines téléphoniques, devant lesquelles il est possible de se connecter gratuitement en wi-fi une heure par jour. Utile pour les backpackers que nous sommes !

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Avant de partir à l'aventure, il faut trouver le compagnon de route qui va partager notre vie et nous guider sur des milliers de kilomètres : un VAN aménagé ! Parcourir le pays en nomade est quelque chose de très répandu ici, tout comme en Australie. Chaque année, des milliers de personnes adoptent ce mode de vie pendant quelques mois, voire une année ou deux. On achète un véhicule en arrivant, on dort dedans, on mange dedans, on vit dedans, on parcourt le pays avec, puis on le revend en partant.

Trouver la perle rare peut se faire de différentes façons. Il existe des entreprises spécialisées dans la vente et la location, des sites internet comme le bon coin local, ou encore les réseaux sociaux.

Ca fait des mois que nous parcourons les multiples pages Facebook (les Français en Nouvelle-Zélande, les francophones en Nouvelle-Zélande, Vente de vans en Nouvelle-Zélande, les branleurs en Nouvelle-Zélande) à la recherche du van idéal. Chaque jour, une bonne dizaine d'offres sont postées. Il n'y a que l'embarras du choix, surtout à l'approche de l'hiver quand la plupart des backpackers rentrent au pays et bradent les prix de leur véhicule.

Déjà en France, nous avions flashé sur un Nissan Urvan, vendu avec deux kayaks, une paire de ski, deux cannes à pêche, une planche de body-surf, des masques/tubas et tout un tas d'autres goodies. Seul inconvénient, il avait près de 318 000 km au compteur et était de 1996, donc plutôt vieux. Toujours en vente lors de notre arrivée sur Auckland, nous contactons néanmoins les vendeurs, car il nous plaît beaucoup ce van ! La rencontre dure près de sept heures à parler de tout et de rien, ils sont fort sympathiques et nous finissons même par faire un restaurant ensemble le soir... Puis nous craquons pour de bon sur leur van, négocié à 4500€ (au lieu de 4650€, oui nous sommes de fins négociateurs). Ils sont contents d'avoir trouvé des acheteurs et peuvent poursuivre leur aventure vers l'Australie. Quant à nous, on est fiers de notre nouvelle acquisition !

Le fameux VAN
Charlie et Alicia, nos vendeurs bordelais 

Acheter une voiture en Nouvelle-Zélande est sûrement une des choses les plus simplistes au monde. les vendeurs sont allés à un bureau de poste remplir un papier de leur côté, et deux jours plus tard nous allons dans un autre bureau remplir un second document. Présentation des passeports, 9 dollars à payer, le changement de propriétaire se fait en 5 minutes !

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Le WOF (Warrant of Fitness) correspond à notre contrôle technique français, mais doit être fait tous les 6 mois pour les voitures datant d'avant l'année 2000, et 12 mois pour les autres. Une voiture qui passe ce contrôle ne veut pas dire qu'elle fonctionne à merveille, mais seulement qu'on y sera en sécurité. On nous remet une vignette à apposer sur le pare-brise. Le WOF de notre van ayant été fait une semaine avant la vente, nous sommes donc tranquille jusqu'en novembre 2018.

La Vehicule licensing ou Rego est une redevance pour pouvoir rouler en Nouvelle-Zélande, payable pour une période de 3, 6 ou 12 mois et qui autorise à conduire le véhicule que nous possédons. Le coût de la Rego varie selon le véhicule (voiture ou van), et selon qu'il s'agit d'un véhicule essence ou diesel. A l'achat de notre van, la Rego est valable un mois supplémentaire.

Le RUC (Road Charge User) est une taxe qui ne concerne que les propriétaires de véhicule diesel et qui doit être payée en achetant des kilomètres auprès de la poste. En fonction du kilométrage qui apparaît sur le compteur et du nombre de kilomètres achetés, on remet un document à mettre sur le pare-brise et qui indique jusqu'à quel kilométrage on est autorisés à rouler. Nos amis bordelais nous ont vendu un van diesel avec 2000 km "offerts", ce qui nous laisse un peu de marge pour le début du périple.

Self-Contained : c'est un véhicule qui dispose d'équipements suffisants pour nous rendre autonome pendant trois jours. Pour obtenir cette certification, on doit disposer d'une réserve d'eau fraîche, d'un réservoir d'eaux usées avec un tuyau d'évacuation, d'un évier ainsi que de toilettes. Ces véhicules labellisés permettent de camper dans plus d'endroits que les véhicules qui ne le sont pas. Notre van étant certifié jusqu'en 2021, nous n'avons pas à nous occuper du renouvellement.

La certification Self Contained , le RUC et la REGO
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Dès le lendemain de notre arrivée, nous avons la chance de trouver sur Facebook une annonce stipulant qu'une entreprise est à la recherche d'une trentaine d'employés pour travailler début juin dans leurs pépinières d'arbres fruitiers pour une durée de 3 mois, soit tout l'hiver (les saisons sont inversées). Super occasion pour nous qui voulons trouver un emploi le plus rapidement possible, qui plus est pour une période aussi longue. Nous sommes rassurés car nous allons pouvoir économiser un maximum d'argent pendant la période hivernale, et profiter à fond du voyage lorsque les beaux jours pointeront le bout du nez.

Nous avons une semaine et demie devant nous avant de commencer, et après trois nuits passées à l'auberge et quelques aller-retours pour visiter le centre ville, nous prenons la route de l'Est pour rejoindre tranquillement la ville de Hastings, dans la grande région viticole de Hawke's Bay.

La manœuvre avec le van pour sortir d'Auckland risque rester dans nos mémoires pendant longtemps. Ici, on roule du mauvais côté de la route. On appréhende tellement la conduite à gauche avec un véhicule aussi long et dans une ville à la circulation si dense, qu'on a la riche idée de retarder l'échéance le plus longtemps possible. Résultat, on part de nuit, histoire d'accroître un peu plus le stress de la première conduite ! Nous nous dirigeons vers le camping situé hors de la ville le plus proche, à une vingtaine de minutes de route. Cela nous paraît durer une éternité ! Le GPS nous fait passer un peu partout dans la ville avant de nous faire prendre une 2 fois 4 voies où tout le monde roule à 100 tandis que nous ne dépassons pas les 80 km/h. Nous rions nerveusement : "Si tu m'avais dit il y a 6 mois qu'on se retrouverait en train de conduire sans assurance sur une route de Nouvelle-Zélande dans un van avec des kayaks sur le toit, je ne t'aurais jamais cru". L'arrivée au camping nous soulage grandement ! Heureusement nous nous adoptons vite à cette conduite inversée.

Nous décidons de rouler une heure par jour et de passer par des villes et endroits connus, histoire de se familiariser avec le pays et de repérer les choses à faire lorsque nous repasserons par là au printemps.

A la découverte des premiers free-camps 

On fait l'expérience des premières machines à laver dans les laveries et on personnalise l'intérieur du van pour en faire notre petit nid cosy.

On a le plaisir de faire la connaissance des gravel roads. Ces routes permettent d'accéder à des endroits isolés de l'île. Non goudronnées et parfois étroites, il faut rouler à une allure très réduite et tout le monde trouve ça normal, on en trouve plein dans le pays. En l'espace d'une semaine, on aura l'occasion d'en rencontrer trois.

Chose étrange, voire même impensable pour nous Français, les honesty box sont monnaie courante en Nouvelle-Zélande. Ce sont des stands de produits en vente situés un peu partout en bord de route. Le concept est assez simple, on se sert et on règle sur le principe de l’honnêteté, à savoir en glissant l’argent dans une petite boîte prévue à cet effet. Personne n'est présent pour contrôler, et en plus de ne pas payer, il pourrait être très facile de partir avec la caisse. Visiblement ça n’effleure pas du tout, mais alors pas du tout l’esprit des néo-zélandais. Nous croisons une vendeuse de mandarines qui a la gentillesse de nous offrir en supplément d'un petit sac les deux fruits qu'elle tient dans la main.

Mais pourquoi ils vendent des mandarines au mois de juin, ils sont bizarres ce n'est pas la saison !

Il faut un léger temps de réflexion pour se souvenir que le mois de juin annonce le début de l'hiver dans l'hémisphère sud. On s'adapte doucement !

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MyAtlas : permet d'écrire les articles du blog même sans connexion, et de les publier dès qu'il y a du réseau. Les photos prises avec le smartphone peuvent directement être chargées depuis cette application.

PVTistes : la bible du backpacker. C'est un site communautaire qui regroupe des conseils et astuces sur le départ vers un pays étranger, les démarches à effectuer, comment trouver du travail, parcourir le pays, les choses à savoir, que faire en cas d'urgence, etc... Très utile !

Couchsurfing : partout dans le monde, des hôtes accueillent des voyageurs sur un bout de canapé ou dans une chambre d'amis, pour le simple plaisir de la rencontre et de l'échange. L'application permet de rencontrer ces personnes qui nous hébergent gratuitement et de partager quelques jours de leur quotidien. Un bon moyen de se ressourcer entre deux nuits en van.

La Météo : à suivre de près lorsqu'on passe ses journées en van ! Comme a dit une dame que nous avons rencontrée "In New-Zealand, you can get the all four seasons in only one single day"

Traducteur Français-Anglais : pour les quelques mots de la langue de Shakespeare qui manquent à notre vocabulaire.

Convertisseur dollars/euros : afin de connaître le juste prix des choses !

Banques : C'est qu'on en a ouvert des comptes différents pour limiter les frais inter-banques, ceux des taux de change et des transferts d'argent !

Hostelworld : pour trouver une auberge de jeunesse, hôtel au meilleur prix.

Gaspy : cette application permet de trouver grâce à la géolocalisation la station essence la plus proche, proposant le carburant le moins cher.

MAPS : on peut télécharger des cartes routières d'un pays pour ensuite utiliser le GPS en mode hors ligne, ce qui permet de limiter la consommation de DATA et de trouver son chemin, même quand il n'y a aucun réseau et qu'on est perdu en pleine montagne.

CamperMate / Wikicamps / Rankers Camping : ce sont des applications spécifiques à la Nouvelle-Zélande et à l'Australie qui montrent tous les campings existants dans ces deux pays. Certains sont réservés aux véhicules autonomes, d'autres non, beaucoup sont gratuits. On peut aussi trouver l'emplacement de toilettes publiques, des points de vidange pour vider les eaux usées et faire les recharges d'eaux potables, les banques et distributeurs de billets, les stations essence, épiceries, points wi-fi, offices de tourisme, hôpital, postes de police, douches publiques, laveries automatiques, etc.

L'usage de ces applications est quotidien !

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Après une dizaine de jours à vagabonder sur les routes en prenant nos marques, nous arrivons enfin à Hastings, à la recherche du backpack qui avait diffusé l'annonce pour le job.

Littéralement le backpack désigne le sac à dos dans sa version anglaise. Du coup, le backpacker est celui qui se balade avec un sac à dos et le backpack est par extrapolation la maison du voyageur. C'est une auberge de jeunesse qui peut entretenir un partenariat avec des employeurs. Quand ces derniers ont besoin de personnel, l'auberge diffuse des annonces. Les voyageurs répondent à l'offre et décrochent un emploi ainsi qu'un endroit où dormir. C'est du gagnant-gagnant, l'entreprise n'a pas à se soucier du logement des nouveaux employés et l'auberge remplit ses chambres vides.

Dans notre cas, nous avons également la possibilité de dormir pour un prix réduit dans notre van sur le parking, tout en bénéficiant au même titre que tout le monde des installations telles que la cuisine, la salle de bain ou les toilettes.

Une fois les papiers d'arrivée signés avec Rob le propriétaire de l'auberge, on s'empresse de prendre une bonne douche et de recharger nos chers appareils électroniques.

On fait la connaissance d'autres voyageurs arrivés une semaine avant nous, un français et un allemand, qui flânent sur la terrasse. Un peu plus tard dans la journée, un couple de français (Seb et Maeva) qui ont aussi répondu à l'offre, arrivent à l'auberge. On commence réaliser que ce n'est peut-être pas pendant ces quelques semaines de travail qu'on va améliorer notre anglais. C'est sans compter sur le débarquement de trois autres couples français le soir même ! Ils s'étaient en fait tous rencontrés lors d'un précédent job et s'étaient suivi jusqu'à Hastings pour continuer un bout d'aventure ensemble. Nous qui espérions ne pas croiser de francophones pour être en totale immersion, c'est plutôt loupé !

Le jardin et la cuisine commune 
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Deux jours après notre arrivée à l'auberge, on a tous rendez-vous sur le site principal du job situé à quelques kilomètres, pour signer les contrats et rencontrer notre futur manager Blair ainsi que son équipe de permanents. La plupart des backpackers sont français (on en compte 13 !), mais on croise tout de même d'autres nationalités : deux japonais, deux chiliens, deux allemands, et une canadienne. On nous explique le fonctionnement de l'entreprise, les règles de sécurité, et on apprend qu'il y a en tout cinq sites sur lesquels on est susceptible d'être envoyés. Blair nous enverra des messages chaque soir pour nous indiquer l'endroit où se rendre le lendemain, suivant le planning établi. On commence demain !

Premier réveil difficile dans le van avec le froid hivernal matinal. Il fait encore nuit et il faut se presser pour ne pas arriver en retard ! On n'a plus vraiment l'impression d'être en "vacances" !

Notre premier travail consiste à couper les branches empêchant la pousse des petits arbres fruitiers et de leur bourgeon. L'ambiance est détendue, la musique nous accompagne sur une enceinte portative et le chef d'équipe Shane est sympathique.

Une petite pause s'impose 
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Voilà trois jours à peine qu'on a commencé à travailler que Blair nous invite chez lui pour regarder un match de rugby entre la Nouvelle-Zélande et la France. Au programme : barbecue et buffet offert, on ramène nos bières et en avant Guingamp ! On n'aurait jamais imaginé que notre tout nouveau manager nous fasse une telle proposition. On peut même dormir sur place dans nos vans au beau milieu du jardin ! Nous qui hésitions sur l'endroit où aller pour boire un verre tout en regardant le match, nous sommes ravis.

Pour situer un peu, trois matchs test (amicaux) sont prévus entre les deux équipes au cours du mois de juin. A ce titre, les tricolores se déplacent en Nouvelle-Zélande pour affronter les All Blacks et la première rencontre se déroule au stade Eden Park à Auckland. A un an de la coupe du monde au Japon, il faut que notre équipe se prépare !

La plupart des français répondent présents et c'est une file de campervans qui débarque chez Blair. On est accueillis par sa femme Joe, ainsi que quelques amis et leurs voisins. Le barbecue est en cours et le salon a été aménagé en conséquence. Quel bonheur de voir une cheminée allumée et de profiter d'un peu de chaleur avant de retrouver le froid glacial de nos vans !

The French Corner  : Lara, Clarence, Manon, Seb, Maeva et Julien

On fait plus ample connaissance avec Blair et les autres backpackers. C'est intéressant de connaître les raisons diverses et variées qui poussent chaque personne à partir faire un voyage à l'autre bout du monde. Blair quant à lui est une personne adorable, généreuse, qui a l'air d'avoir le coeur sur la main et qui se soucie de ses employés.

On se prend une sacrée raclée par les All Blacks et la soirée continue sur fond de musique où chacun montre ses talents de danseur jusqu'à tard dans la nuit. On passe un très bon moment et il est temps d'aller dormir dans nos vans aux vitres givrées par le froid.

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Au bout d'une semaine au sein de la nursery, on décide de partir du backpack pour plusieurs raisons. Les commodités de l'auberge sont un gros atout en période hivernale, mais on a l'impression de dépenser de l'argent inutilement en sachant qu'on a un véhicule self-contained avec lequel on peut dormir gratuitement : on veut tenter les trois mois de travail en free-camps. Si le froid du soir et les heures de boulot quotidiennes jouent sur notre moral, on reviendra chercher le confort du backpack.

Cette décision est aussi provoquée par le fait que Rob le propriétaire n'a pas l'air d'être une personne honnête. On entend dire qu'il fait payer des tarifs différents pour un même séjour à la semaine, certains sont obligés de régler à l'arrivée, pour d'autres ça peut attendre le départ. Il vient tout juste de reprendre l'auberge et l'ambiance a beaucoup changé depuis. Il n'est pas très ouvert, ne s'occupe pas vraiment de l'entretien (changement des bouteilles de gaz vides, nettoyage des toilettes). Mais inutile de rentrer dans les détails, on n'aime pas trop ça donc on décide de lever le camp !

Suite à cette décision commune prise avec quelques couples, on reste soudés pour braver le froid ! C'est dans les vans qu'on va passer nos soirées désormais !

Ce soir on partage notre salon pour un bon petit dîner ! 

Chaque free-camp à ses règles. On peut dormir sur certains que deux nuits par mois, d'autres trois, voire quatre. Les plus proches de notre lieu de travail se situent à Hastings et à Napier, ville située à une vingtaine de kilomètres.

Des councils (sortes de mairies) régissent ces règles au sein d'un district. Au council de Hastings, le décompte des nuits est remis à zéro en début de mois. A celui de Napier, ce décompte se fait au mois calendaire. Si on arrive le 10 du mois sur un free-camp, on peut y retourner le 10 du mois suivant.

Au total, on ne peut dormir que 10 nuits par mois dans les free-camps d'un même district.

C'est un vrai casse-tête de ne pas outre-passer les règles et éviter de se retrouver un matin avec 200$ d'amende sur le pare-brise ! En effet, des rangers (contrôleurs) passent fréquemment dans la nuit pour vérifier que nous sommes bien self-contained et notent les numéros de plaque pour vérifier nos droits. C'est aussi pour éviter ces désagréments qu'on était bien à l'auberge ! Mais ça fait partie du jeu.

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Les jours passent, l'hiver s'installe pour de bon et il ne fait pas chaud !

Deux équipes sont constituées, la team A et la team B (la nôtre). A partir de maintenant, nous travaillerons sur des sites différents. Le chef d'équipe Shane reste avec la première équipe, tandis que nous serons supervisés par des employés permanents, qu'on appellera entre nous les "gilets jaunes".

On rencontre donc au bout d'une semaine Romain, Perrine, Geoffrey et Manon, deux autres couples (français bien entendu !) qui travaillaient sur un autre terrain jusqu'à présent et qui font désormais parti de notre équipe. Quelques autres nationalités sont avec nous et on arrive à parler un peu anglais : Andrew est britannique, Huang est vietnamienne, Franzie est allemande et Camila est chilienne.

Le travail n'est jamais le même, ici on ramasse et on trie des branches pour en faire des petites bottes qui seront vendues et serviront à entretenir le feu dans les foyers néo-zélandais, à côté nous trions des noyaux de pêche.

Triage de branche 
Il n'y aurait pas un peu de favoritisme ? 
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Le troisième match test de rugby à Dunedin dans l'île du Sud est l'occasion de nous retrouver dans un pub sur Napier, pour boire un coup entre français à la santé du XV de France.

Marine et Lancelot, rencontrés au backpack chez Rob et qui avaient travaillé les deux premiers jours avec nous, reviennent tout juste d'un court séjour en Australie. Ils vont reprendre le travail au sein de notre équipe. Décidément, notre petit groupe de français ne cesse d'augmenter au fil des jours !

On compte beaucoup d'autres compatriotes avec des drapeaux tricolores autour de nous. Lors de la Marseillaise, c'est à celui qui chantera le plus fort, les locaux nous filment et applaudissent à la fin du chant. Puis c'est à notre tour d'observer un silence respectueux au passage de leur hymne national God Defend New Zealand, dont les paroles viennent d'un poème écrit dans les années 1870 par un immigrant irlandais. L'ambiance est sympa et bon enfant, mais on se prend tout de même une troisième sacrée défaite. Va falloir bosser les gars avant la coupe du monde de l'an prochain !

Cheers 

On s'est vite rendu compte que le rugby occupait une place prépondérante ici, aucun autre sport ne rivalise en termes de popularité et de ferveur. On comprend pourquoi leur équipe nationale est la meilleure du monde. Dès le plus jeune âge, les enfants sont éduqués aux valeurs du sport. Toutes les écoles ou presque forment des équipes, transmettent le goût de l’effort et du collectif. Elles affichent fièrement les anciens pensionnaires devenus joueurs professionnels en modèles de réussite. Il y a des tournois organisés entre écoles, lycées, universités et toutes les villes possèdent un stade ou un terrain. Chez eux, le rugby est plus qu'un sport, c'est un véritable mode de vie.

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Un dimanche, on profite du beau temps sur un free-camp pour ranger notre maison sur roulette et faire un peu de ménage. On bricole et on s'entraide sur l'entretien du van. Notre vocabulaire mécanique s'améliore de jour en jour, aussi bien en anglais qu'en français ! Le van fait tellement partie de notre quotidien qu'il constitue un vrai troisième compagnon de route. Il guide notre voyage et il ne vaut mieux pas qu'il nous lâche, car cela remettrait en question la suite de notre périple. On en prend donc bien soin !

Le Pump Track est notre free-camp de prédilection. On peut y faire la vidange des eaux usées, recharger nos bouteilles en eau potable, les toilettes sont propres, le parking à deux pas de la plage est grand et il y a toujours de la place pour dormir.

Les gens du voyage 
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Jour particulièrement pluvieux, on finit trempés jusqu'aux os, mais la bonne humeur demeure au rendez-vous.

Il pleut tellement qu'on rentre se mettre à l'abri dans le camion qui nous a transporté sur le site, en attendant que ça se calme.

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Un matin, Blair nous fait la surprise de nous offrir un petit déjeuner barbecue à la néo-zélandaise, composé de saucisses et de sweet cream corn fritters, un met d'origine américaine composé de maïs crémeux et sucré, cuit sous forme de pancake. Délicieux !

La pause de 15 minutes se transforme en un moment convivial de trois quart d'heure, au plus grand plaisir de toute l'équipe.

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Après le rugby, on passe au foot avec la coupe du monde organisée en Russie. Les Bleus sont en 8ème de finale, on compte aller voir le match dans un pub. Malheureusement, le football n'étant pas un sport très répandu dans le pays (peut-être en raison du fait que les néo-zélandais soient très mauvais dans cette discipline), on ne trouve aucun bar qui diffuse la rencontre avec l'Argentine. On ne veut pas tenter de passer une soirée dans notre ancien backpack chez Rob de peur de se faire envoyer balader. En effet, on a eu des retours de la part de ceux qui sont restés chez lui, il n'est pas du tout content que dix personnes soient parties alors qu'on avait trouvé un travail "grâce" à lui.

Qu'à cela ne tienne, on va passer la soirée dans une autre auberge de jeunesse ! On en dégote une pas chère dans le centre ville, disposant d'un dortoir de 10 à 35$ la nuit, soit 3,5$ par personne. Pas cher ! Quitte à fêter une victoire, autant ne pas avoir à prendre le volant après... Et puis une nuit au chaud ne serait pas de refus ! Le responsable à l'accueil est français, il compte bien visionner le match.

Une fois n'est pas coutume, on se fait tout beau en mettant de côté les vêtements qu'on remet inlassablement tous les jours (ah les backpackers et leur vie de bohème), et on se rend à l'auberge. Le responsable, répondant au doux prénom de Merlin, nous informe que les 35$ la nuit ne sont pas pour le dortoir complet, mais sont à régler par personne. On aurait pu s'en douter, ça paraissait trop beau.

Après moult discussions, on arrive à négocier la soirée sur place, disposer de la cuisine, du salon et de la terrasse, et on promet de partir dès le coup de sifflet final. Un free-camp est situé à 5 minutes à pied, on ira dormir là-bas. Les festivités commencent à 18h, et beaucoup d'entre nous ne verront pas le match diffusé bien trop tard, 2h du matin heure locale. Seul Lancelot tiendra jusqu'à la fin !

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Ces quelques semaines sédentaires nous ont donné l'envie de faire un peu de sport après les heures de travail. On s'est donc inscrit dans une salle de fitness, ce qui nous a permis de faire une pierre quatre coups. Douche, recharge des appareils électroniques et même... vaisselle dans les douches ! Ainsi on peut se dépenser, ça fait du bien après des heures de travail hivernal de pouvoir prendre une bonne douche et se relaxer un peu.

Il faut dire qu'en finissant la journée à 17h, il fait froid et la nuit tombe rapidement. La seule chose à faire et d'aller se garer dans un free-camp, personne n'a assez de place pour accueillir du monde dans un seul van, donc c'est chacun chez soi. Le salle de sport donne un peu de peps à ces fins de journée !

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Chaque matin, c'est une farandole de vans qui débarquent sur le lieu de travail. Il ne fait pas bien chaud à 7h30, heureusement le soleil est régulièrement au rendez-vous.

La logistique n'est pas le point fort de l'entreprise. On se retrouve fréquemment à attendre qu'on nous dise quoi faire. Quelques fois, on doit patienter que le tracteur revienne de l'entrepôt, d'autres fois il faut revenir en arrière chercher les outils qui manquent. Il arrive que les gilets jaunes ne soient même pas sûr du travail à effectuer. On peut être en plein milieu d'une tâche, et on les voit arriver pour nous dire d'arrêter pour faire autre chose.

Il faut dire qu'à la base, ils sont salariés mais pas managers ! On ne va pas se plaindre, ça nous permet de bavarder et le temps passe ainsi bien plus vite.

Les relations avec la hiérarchie ne sont pas les mêmes que ce qu'on connaît en France. Les codes sont différents, à commencer par le vouvoiement qui n'existe pas en anglais. Les rapports sont moins formels et moins stricts que ce à quoi on est habitués. Il y a moins de barrières entre le manager et les salariés, et il est commun de se retrouver à l'occasion d'une sortie pour partager un moment convivial. Ce n'est pas une règle absolue, mais elle s'applique dans notre cas.

Et avec un boss en or, qui lors de son discours du premier jour nous dit qu'il veut qu'on soit une "grande famille", on se dit alors que l'ambiance doit être bien pire ailleurs !

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Dormir dans un van en plein hiver n'est pas vraiment conseillé aux personnes frileuses, encore que le micro-climat sur Hawke's Bay est relativement doux par rapport au reste du pays.

On se couvre donc un maximum, écharpe, duvet, pull, doudoune et couette pour tenter de se réchauffer ! On utilise une petite technique pour gagner quelques degrés : on allume le gaz de la cuisine pendant une dizaine de minutes. L'habitacle est petit, la température grimpe vite. La chaleur s'échappe aussi rapidement une fois le gaz éteint, on a tout juste le temps de s'emmitoufler et de se coucher !

Le plus dur est de se lever la nuit et sortir du van pour aller au petit coin. Il faut se traîner jusqu'à la porte qui fait un boucan pas possible, sortir dans le froid sans écraser son compagnon, on se retrouve pieds nus sur le sol mouillé à la merci du vent et parfois de la pluie, c'est plutôt sympa. Les taies d'oreiller faisant office de rideaux ont du mal à contenir la lumière matinale, heureusement on a ce qu'il faut !

On se rassure en se disant que c'est qu'une étape à passer, que les beaux jours vont vite arriver et que le meilleur est à venir. Et puis c'est nous qui l'avons voulu tout ça !

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On est vendredi soir et la France joue son prochain match du tournoi. La question de l'endroit où visionner la rencontre pose toujours problème. De plus, certains travaillent le lendemain, nous y compris (Blair proposant sur la base du volontariat de bosser le samedi matin, on fait généralement partie de ceux qui lèvent la main). Donc pas de grosse soirée en perspective.

On pose nos vans sur un free camp appelé Richmond, qui n'a pas l'air d'être contrôlé par les rangers.

Petit exercice de maths en faisant un calcul reprenant l'histoire d'un maximum de dix nuits autorisées par mois sur un seul district. Au bout de vingt nuit cumulées sur les deux districts de Hastings et Napier, on ne saurait pas où aller sur les dix derniers jours du mois !

Au free-camp de Richmond, certains backpackers dépassent largement le quota autorisé sans prendre d'amende. Du coup, on y dort assez fréquemment. Heureusement que ce free-camp n'est pas surveillé, car dans le cas contraire nous devrions aller sur un autre district assez éloigné et rouler longtemps.

On n'est pas bien là ? 

Façon backpacker, on se retrouve tous dans le van de Perrine et Romain. Claire préfère se préserver pour la journée de travail du lendemain, et va donc se coucher sur les coups de minuit avant le début du match. Malheureusement pour elle, étant garé juste à côté du van alpha, elle ne dormira que très peu...

On va regarder le match en partage de connexion sur un ordinateur grâce à un site spécialisé. Impossible de se connecter au site et le match commence. On prend un autre ordinateur, ça fonctionne mais on n'a pas de son. On se rabat donc sur un smartphone. L'écran est du coup minuscule, il faut que quelqu'un le maintienne (merci Geoffrey) pour que tout le monde puisse voir. Cette fois l'image s'arrête de façon inopinée ! Il nous faut attendre à chaque fois de longues minutes avant de revenir au direct du match. Et c'est sans compter sur l'inconfort que peut procurer sept personnes cloîtrées les unes sur les autres dans un van !

Au final, on apprend les deux buts marqués par la France contre l'Uruguay grâce aux notifications d'information envoyées par nos téléphones, sans pouvoir les voir en direct ! On ne voit rien du match, mais on passe un moment de franche rigolade. Romain fera nuit blanche et ira travailler le lendemain les yeux bien fatigués, avec cependant assez d'énergie pour se moquer gentiment des quelques Uruguayens fraîchement arrivés au travail. Une petite sieste sera tout de même requise en fin d'après-midi !

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C'est le dernier jour de travail pour ce sympathique couple qui arrive à la fin de son trip et s'apprête à rentrer en France. Ils ramènent un goûter qu'on partage à la pause du matin, c'est l'occasion de montrer nos talents de chanteurs sur des classiques du répertoire français comme les Lacs du Connemara ou la Tribu de Dana. La musique nous accompagne pour le reste de la journée, entre musiques latines (l'équipe B est maintenant composée d'Argentins, Uruguayens et Chiliens) et musiques francophones. Tout le monde se met d'accord sur la Macarena et ça part en chorégraphie au beau milieu des champs !

Avec nos gilets jaunes : Guy, Phil et Harlow 

Le soir on va au restaurant pour marquer le coup, que ça fait du bien d'être au chaud et de se faire servir assis confortablement à une table !

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Pattullo's Nurseries vend essentiellement des pommiers et des pruniers de petites tailles. Elle ne distribue pas de fruit, mais possède cependant des arbres qui regorgent de pommes et de citrons.

Blair nous informe qu'on peut se servir nous-mêmes autant qu'on souhaite. Avec son consentement, nous faisons le plein pendant les heures de travail.

Claire se fait un plaisir de cuisiner de délicieuses compotes pour nos desserts d'hiver !

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Blair propose aux deux équipes de venir regarder le match chez lui, il offre le petit-déjeuner et prête son salon. En échange, on s'engage à tous aller travailler en suivant... Avec le décalage horaire, la diffusion est à 6h du matin ! Dur le réveil. Au menu, sweet corn fritter, pancakes, oeufs brouillés, baked beans, café, thé et jus d'orange.

Quel bonheur de nous voir remporter la rencontre et filer tout droit en finale ! On essaye de crier victoire discrètement car la femme et les enfants de Blair dorment encore, c'est amusant de nous voir hurler en chuchotant.

Direction le travail, on emmène Nico, uruguayen fan de foot, qui en bon perdant est venu soutenir l'équipe de France. Lancelot gagne son pari contre Blair, il remporte le droit de porter un gilet jaune (celui des travailleurs permanents), une étoile de shérif et la casquette floquée Pattullo's Nurseries ! Alix et Winter, rencontrés sur un free-camp à la recherche de boulot, arborent fièrement les couleurs de notre pays.

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On entame la période de travail la plus importante pour l'entreprise. Notre équipe va désormais se consacrer à la formation de bundles. Ce sont des lots d'arbres qui seront vendus comme tels aux clients. Il faut les trier par taille, faire des tas de dix, les ranger proprement pour pouvoir ensuite les attacher ensemble, les labelliser, étiqueter le type d'arbre fruitier, les charger et les compter, et ce jusqu'à la fin de la saison.

La somme de travail est conséquente et représente une grosse rentrée d'argent pour Pattullo's Nurseries. On a déjà pris beaucoup de retard à cause de leur machine, premier maillon de la chaîne censée déraciner les arbres, qui a connu de nombreuses pannes mécaniques.

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Soucieux de maintenir l'esprit d'équipe de sa "famille", Blair organise un team-building à sa façon. C'est surtout par plaisir qu'il nous donne rendez-vous sur un terrain de football pour échanger quelques balles. Ce sera son équipe d'amis versus les backpackers. On a peur de se prendre une belle gifle, mais au final ce ne sont que des joueurs du dimanche. On remporte le match haut la main !

On se retrouve ensuite au Roosters, un pub servant des bières à prix raisonnables, pour partager un moment convivial avec Blair.

On finit la journée chez Perrine et Romain qui logent dans un motel. Après 6 mois passés dans leur van, ils ont succombé au confort d'une chambre pour ne pas avoir à affronter l'hiver ! On a l'intention de cuisiner un repas avant d'aller à une soirée où un groupe de musique se produit.

On croise dans la cuisine commune Franzie et Camila, venues rendre visite à Andrew et Huang, eux aussi dormant au motel. Ils préparent à manger et veulent également aller au concert. De fil en aiguilles, on partage nos repas typiques français (mmmh le gratin dauphinois) et vietnamiens, et on finit par tous rester sur place. On passe une super soirée à parler uniquement en anglais.

Never have I ever never been...

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Le dimanche, c'est le jour du seigneur. C'est surtout le jour où on décide de rester tranquille tous les deux. Grâce au wi-fi de la salle de sport, on peut télécharger des séries qu'on regarde toute la sainte journée. On achète une bouteille de pancakes en poudre qu'il suffit de mélanger avec de l'eau pour créer une pâte à faire cuire à la poêle. On adapte nos moyens d'alimentation, c'est très pratique quand on vit en van !

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Blair se rend souvent sur les différents sites d'exploitation pour vérifier que le travail avance bien. Quand on voit son énorme 4x4 arriver au loin, on s'empresse de faire semblant de travailler ! Il a depuis peu un chiot adorable qu'il amène de temps en temps avec lui. On en profite pour prendre des pauses impromptues quand celui-ci vient nous tenir compagnie.

On ne travaille pas toujours du lundi au vendredi. Les jours de pluie, on reçoit un message pour prévenir que ce n'est pas la peine de venir le lendemain, car le sol sera boueux.

D'autres fois, c'est la machine déracinant les arbres qui ne marche pas. Il y a souvent un problème à réparer. Parfois ça ne prend que quelques minutes, et d'autres fois plusieurs jours. Dans ces cas là, on nous invite aussi à rester au chaud dans les vans ! Au besoin, il arrive qu'on aille dans un hangar prêter main forte à l'équipe A, dont le travail est de trier des branches pour en faire des fagots.

Quand la machine tombe en rade au beau milieu de la journée, on nous fait faire des petites tâches par-ci par-là dans le champ. Ce n'est pas bien compliqué, c'est plus pour nous occuper qu'autre chose. On enlève les orties "nettles ! " entre les rangées, on peint de jeunes arbres coupés à ras pour éviter la repousse de bourgeons (on n'a aucune idée pourquoi).

L'ambiance est toujours aussi bonne, autant avec les backpackers qu'avec les gilets jaunes.

Un matin, Claire et Perrine essayent d'expliquer à Blair et Guy qu'elles ne sentent plus leurs doigts de pieds :

- Our fingerfoot are dead.

- Your What ?

Ils sont partis dans un fou-rire sans fin. Pour la comparaison, c'est comme si un étranger dit à un français qu'il ne sent plus ses orteils de main.

Guy est au demeurant une personne à l'humour subtil qui demande fréquemment si on s'est fait caca dessus "Did you poo in your pants this morning ?". Il réclame tous les jours une blague de la part de tout le monde. Malheureusement pour lui, il a toujours droit à la même réponse "Not today, tomorrow bro". Il mange des vers de terre et demande aux filles de tirer sur son doigt pour flatuler. Ça vole toujours très très haut.

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C'est le jour de la grande finale. La diffusion est un lundi à 4h du matin, mais on se doit de voir le match coûte que coûte ! On se creuse les méninges pour trouver l'endroit idéal car le même problème se pose toujours : impossible de trouver un bar, encore moins à cette heure là. Et là, super nouvelle : Alix et Winter rencontrent dans la journée du dimanche un homme dans un fast-food. Il est concierge dans un collège. Actuellement vide car ce sont les vacances scolaires, il propose de venir regarder le match dans l'amphithéâtre de l'établissement sur un écran géant ! Que rêver de mieux ?

On se retrouve devant le portail du collège à 3h30. Il fait nuit noire et l'endroit est désert. On découvre l'amphithéâtre, il est rien que pour nous, on a l'embarras du choix pour les places. On est tous super excités non seulement pour le match qui s'annonce, mais aussi de pouvoir le voir dans un environnement pareil. Il s'avère que le concierge est Laurent Simutoga, un rugbyman qui a joué trois fois en championnat français de Top 14 au sein du Stade Français puis du Stade Rochelais. Quand même ! Suite à une blessure, il a dû renoncer à sa carrière professionnelle et entraîne maintenant des jeunes sur la région.

Le match est grandiose, il y a du bon jeu et on gagne la finale. ON EST CHAMPIONS DU MONDE ! Ca hurle à tout va, des couloirs du collège jusqu'au dehors. Tout le monde se sert dans les bras, il y a même des larmes de joie !

On est fiers d'être français et on partage ce moment de bonheur avec la famille.

Puis on prend la direction du travail, ça va être une rude journée mais ça valait le coup de se lever tôt.

Contrairement à l'effervescence qui doit remplir toutes les villes de France, la deuxième étoile n'est évidemment pas du tout célébrée en Nouvelle-Zélande, et la journée démarre normalement, semblables aux précédentes. Pas de klaxons, pas de monde dans les rues, pas de bruit, comme si rien ne s'était passé ! On a attendu 20 ans pour renouveler l'exploit et il faut qu'on soit à l'autre bout du monde à ce moment là !

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Après une bonne semaine de travail, il fait plutôt bon pour un vendredi soir d'hiver. On organise un feu de camp sur le free-camp de Richmond, le fameux camping non contrôlé par les rangers.

La nuit tombe toujours aussi tôt, à 17h30 on ne voit plus rien. On va ramasser des branches et des pierres sur la plage située à deux pas, et on s'empresse de faire démarrer le feu car la température chute vite.

Dans la soirée, les urugayens se joignent à nous. Contrairement à nous autres, ils louent une chambre dans une collocation. Ils n'ont pas de van, mais certains ont des voitures et véhiculent ceux qui n'en ont pas, pour aller au travail par exemple. On apprécie beaucoup leur compagnie. Ce sont des personnes simples et très sympathiques. Tous ne maîtrisent pas l'anglais, mais on arrive toujours à se faire comprendre. On a même des conversations en espagnol parfois !

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On profite d'un week-end ensoleillé pour aller voir du pays. Ça fait plus de deux mois qu'on est en Nouvelle-Zélande et on a pratiquement rien vu du paysage.

Vue au petit matin 

Non loin de Hastings se trouve une colline du nom de Te Mata Peak.

Sandwiches et bouteille d'eau dans le sac, on décide de monter jusqu'au pic, accompagnés de quelques français et de Andrew et Huang. La marche est courte quoique fatigante pour nos mollets. Il va falloir s'entraîner si on veut être capable de faire les randonnées à la journée prévues cet été !

En haut de la colline, une jolie vue se présente à nous. On y voit une multitude de vignobles, la rivière asséchée d'Havelock, la ville de Napier au loin et surtout toute la côte Pacifique.

On pique-nique sur les hauteurs en admirant la vue. C'est l'occasion de parler des projets de chacun, les voyages passés, ceux à venir. Il nous tarde les beaux jours pour partir sur les routes au grès du vent !

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Suite à une panne de la machine ou lorsque le terrain est boueux, on bénéficie d'un jour de repos. Avec un peu de chance, il y a du soleil pour la journée ! On établit un camp de fortune et on se prélasse.

On va faire un peu de jogging en bord de plage, on papote avec les copains, on bichonne le van.

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Une fois n'est pas coutume, le bruit de la machine s'arrête en plein milieu d'une rangée d'arbres. Ah, ça sent le chômage technique, on va pouvoir se la couler douce ! C'est quand même assez agaçant car on ne sait jamais combien de temps ça va durer. On saisit l'occasion pour faire des poses photos autour de la bête qui nous donne tant de fil à retordre.

Quand il faut ramasser les bundles, c'est à celui qui arrivera à monter le premier dans le tracteur pendant que les autres restent à l'arrière et font le sale boulot ! Un sacré combat de coqs.

Il faut compter chaque lot qu'on empile sur des racks. Quand ce dernier est plein, un gilet jaune demande combien d'arbres ont été ramassés. Bien évidemment, le jeu consiste à énoncer un nombre au hasard pour faire perdre le fil à celui qui compte.

- I lost the count, tell me a number

- cincuenta y dos

- cincuenta y dos ? Okay

15 minutes de pause le matin, 30 pour manger et 15 pour la pause de l'après-midi quand on finit à 17h au lieu de 15h. Nos repas sont toujours les mêmes, tasse de soupe et sandwichs au thon !

On sympathise de plus en plus avec les sud-américains. Ils nous confient que dans leurs pays, ils leur faut un mois pour gagner ce qu'ils se font en une semaine ici. Et pourtant on est payés au tarif horaire le plus bas ! Ils sont pour la plupart venus en Nouvelle-Zélande pour mettre un maximum d'argent de côté.

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Pour rester en contact avec les proches, on a trouvé la recette parfaite. Un forfait français nous permet de passer des appels et d'envoyer des SMS illimités vers la France, sans surplus de consommation, ni pour nous, ni pour ceux qu'on appelle. De plus, on a le droit à 25 Go par mois d'internet. Free est en partenariat avec Vodafone, un opérateur local, ce qui nous permet d'avoir tous ces avantages.

Du coup, on envoie régulièrement des photos à nos amis, et on peut facilement faire des appels vidéos pour donner des nouvelles à nos familles. En jonglant avec les différents fuseaux horaires, il est l'heure d'aller nous coucher quand nos parents se lèvent pour aller travailler. On les voit en maillot de bain, se plaignant de la canicule, pendant que nous portons pulls et grosses chaussettes d'hiver... La vengeance est un plat qui se mange froid, on attend avec impatience la période de décembre/janvier pour pouvoir les narguer à notre tour !

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Une chose importante à aborder lorsqu'on vit en van, c'est le nettoyage du linge. Ça paraît simple quand on connaît le confort qu'apporte une maison. Il suffit de lancer une machine à laver et on peut voguer vers d'autres occupations en attendant qu'elle se finisse. Mais quand on n'a pas tout ça, ça demande organisation et ça devient une activité à part entière ! Il faut penser à l'inclure dans le planning car ça demande du temps.

Lorsque les anciens propriétaires nous ont vendu le van, une clef bleue à puce figurait sur le porte clef du véhicule. Ils nous ont expliqué qu'elle s'utilise dans des laveries spécifiques, assez répandues dans le pays donc faciles à trouver sur notre route. On insère la clef dans les machines à disposition, rien de plus simple et pas besoin de se déplacer avec de la monnaie. Elle s'approvisionne dans les magasins situés à proximité, il suffit de demander au commerçant de combien on souhaite recharger.

C'est comme ça que tous les samedis, on se retrouve au Liquid Laundromat de la ville. Entre les machines et le sèche linge, on y reste environ 1h30. On n'a pas le temps de faire grand chose en attendant, on n'a pas vraiment d'endroit où aller (les free-camps sont trop loin donc inutile de faire l'aller-retour) et surtout on ne veut pas laisser nos vêtements à la merci du premier venu qui pourrait les emporter avec lui. Il ne manquerait plus que ça !

Heureusement, ces corvées concernent tous les backpackers et les copains viennent parfois nous tenir compagnie. On a tous le même train de vie !

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Fin juillet, un paint-ball est organisé par Blair. Presque tout le monde répond présent ! Deux équipes sont constituées, les mêmes que celles formées au travail, team A contre team B. Certains gilets jaunes sont là aussi, Guy va assurer nos arrières ! Blair va consolider l'effectif de l'autre équipe qui est en sous nombre.

Le terrain est un grand champ (entouré de moutons), sur lequel des barils forment des barricades pour se protéger des balles de peinture.

Deux règles à ne pas enfreindre : ne jamais enlever son casque dans la zone de tir, et ne jamais en sortir l'arme à la main. Les hors-la-loi auront un châtiment exemplaire : ils se placeront dos au mur et deux personnes choisies leur tireront dessus.

Un drapeau est placé au milieu du terrain, le but est de l'amener dans le camp adverse. Dès qu'on se fait toucher, on le laisse tomber et on revient dans son camp la main levée, avant de revenir en jeu.

On fait 3 parties, toutes remportées par notre team, alors qu'on n'a pas du tout respecté les tactiques d'attaque et de défense mises en place. La dernière manche est sûrement la meilleure. Elle démarre alors qu'on est tous au milieu du terrain, dos à dos. On commence à marcher lentement sans regarder en arrière et au coup de sifflet, les hostilités peuvent commencer ! On remporte l'ultime victoire en se "sacrifiant" pour la patrie : tour à tour, on court avec le drapeau à découvert sous une pluie de balles. Quand le porteur se fait toucher, c'est celui de derrière qui récupère le drapeau, jusqu'à la ligne en bout de terrain. We are the best !

Entre deux manches, les menaces de l'organisateur sont mises à exécution. Ceux qui n'ont pas suivi ses règles se retrouvent sur le peleton d'exécution, Blair en fait parti ! Ils se font punir sous les applaudissements et les rires des autres participants.

On remarque que la voiture de Blair garée derrière la zone de jeu a subi un dommage collatéral. Elle a été victime d'une balle perdue, un joli éclat de peinture brille sur une vitre arrière.

Après cette matinée, on se retrouve au motel de Perrine et Romain pour partager de bonnes petites crêpes préparées par les filles, et des tacos. Après l'effort, le réconfort.

Système D pour la cuisine 
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C'est tellement agréable de contempler au petit matin les plaines ensoleillées de la région de Hawke's Bay. Des champs paisibles de moutons nous entourent, on a vu pire comme environnement de travail. La route étant éloignée de nous, on n'entend aucun bruit de moteur mis à part celui du tracteur de l'agriculteur voisin, qui possède le champ où l'entreprise fait pousser ses arbres. Car oui, il faut savoir que Pattullo's Nurseries ne possède pas de champ, elle loue chacun d'entre eux à différents propriétaires.

• • •

Un jour, la météo est particulièrement mauvaise. Pourtant boueux suite à une nuit pluvieuse, Blair nous fait tout de même venir sur le site. Il reste beaucoup de bundles à faire ! L'équipe A vient même nous prêter main forte. La journée est morne et on n'a pas chaud pendant les pauses.

 Craig, le gilet jaune sympathique malgré ses airs méprisants aux premiers abords

Il se remet à pleuvoir en fin d'après-midi, alors que la journée de travail touche à sa fin. Il n'en faut pas beaucoup pour qu'une bataille de boue commence. Ca court dans tous les sens, ça glisse sur le sol, les alliances se font et se défont, on ne fait confiance à personne. On a de la terre partout sur le visage, dans les cheveux et les vêtements sont trempés, on est bon pour passer la soirée à la laverie. Les permanents essayent de faire preuve d'autorité mais ont du mal à se faire écouter !

Les départs du champ ne sont pas une mince affaire, tous les vans sont enlisés. Alors qu'on fait un semblant de toilette, les affaires sales dans de gros sacs poubelles, voilà qu'on doit aller pousser le véhicule des copains !

On se retrouve à la salle de sport pour prendre une douche plus que bienvenue, les visages verts de terre.

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Début août sonne le départ pour deux couples qui s'en vont vers de nouvelles aventures : Seb, Maeva, Julien et Lara.

On se retrouve au Roosters pour leur dire au revoir. Toute notre équipe est présente.

À la fermeture du pub, on se rend à la maison où logent une partie des urugayens, Nico, Mathias, Lucia et Paula. On fait la connaissance de leurs colocataires, un allemand et d'autres argentins et uruguayens. Ce soir c'est Latino party!

Lucia possède une enceinte qui produit différents sons quand on la tapote. Il n'en faut pas plus pour faire les enfants en tapant dessus au rythme de la musique. Mathias raffole de Partenaire particulier et essaye tant bien que mal de chanter les paroles. On apprend à danser le Chuchua, sorte de chanson enfantine aux pas légèrement ridicules. Elle a aussi sa version française ! Et hop, on se met tous en rond et c'est parti pour une chorégraphie synchronisée. Un des argentins rit tellement qu'il est obligé de s'asseoir, tant la situation est dérisoire. On enchaîne avec La danse des canards, qu'on va éviter de décrire.

Les Latinos sont fidèles à leur image de bons danseurs, en se déhanchant sur des musiques espagnoles. Ça donne envie de partir en Amérique du Sud, peut-être un prochain voyage qui se profile ?

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Sujet omis jusqu'à présent : la mécanique du van. Evitons les sujets qui fâchent ! Notre maison roulante est bien sympa et on en est très heureux, cela dit on ne le lui fait pas complètement confiance. Il n'est plus tout jeune, et on ne connaît pas toute son histoire. Pour l'instant, on est au travail, entourés de personnes qui peuvent nous aider en cas de besoin, mais que fera-t-on s'il nous lâche quand on sera seuls sur les routes du sud perdus en pleine montagne ?

Surtout qu'on n'a pas pris d'assurance vu qu'elle n'est pas obligatoire en Nouvelle-Zélande. Mea culpa, on joue avec le feu. On se promet d'en prendre une dès la fin du job.

Le van est un peu l'essence du backpacker. Il représente un gros investissement et doit tenir jusqu'à la revente. Toute la suite du voyage est compromise si on se retrouve avec une épave. C'est qu'on en voit passer sur les réseaux sociaux des posts de malheureux dont le véhicule vient de rendre l'âme et qui implorent de l'aide !

Par peur de vices cachés, on avait début juin préféré le porter à un garage afin d'effectuer les vérifications d'usage. Catastrophe ! Notre cher ami était en poor condition, grosse fuite d'huile et tout le tintouin, les réparations risquaient coûter chères.

Désemparés, on était allés voir un autre garagiste qui nous avait demandé de lui amener le van le lendemain matin. On abandonnait notre maison à 7h sur le parking du garage après avoir glissé les clefs dans la "boîte aux lettres" (plutôt un trou dans une porte, on a entendu les clefs retomber sur le sol), et c'est pas très rassurés avec le sentiment bizarre d'être à la rue qu'on est partis au travail, véhiculés par Maeva et Seb. À la débauche, le verdict avait été sans appel : il fallait changer la boîte de direction, ça coûtait un bras, il nous appelait dans la soirée dès qu'il aurait contacté son fournisseur. La difficulté de l'anglais pour l'explication des termes mécaniques n'arrangeait en rien la situation !

Finalement, après double vérification, il y avait seulement un vérin à changer au niveau de l'essieu avant, c'était quand même une belle différence ! Un peu contradictoires les bonhommes. Il nous a aussi changé le réservoir d'huile pour stopper les fuites. Ascenseur émotionnel, on s'en est plutôt bien tirés.

Quelque semaines plus tard, Blair nous dit de ne pas hésiter à venir le voir pour tout problème personnel ou souci avec le van. Ça fait plusieurs années qu'il travaille avec des voyageurs, il connaît nos préoccupations. Ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd ! Le précédent garagiste n'ayant vérifié que l'extérieur, on s'empresse d'aller le voir pour demander s'il a un bon contact qui pourrait contrôler le moteur. En effet, on entend de drôles de bruits parfois quand on conduit. Blair nous trouve un rendez-vous et c'est lui-même qui nous ramène depuis le garage, le temps que notre compagnon de route passe sous le billard. Et tout ça pendant les heures de travail !

Là aussi, pas de grosses réparations à faire, seulement deux ceintures accessoires à changer, la première est trop vieille et la seconde avait été montée à l'envers... On se questionne sur l'utilité du WOF (passé deux semaines avant notre achat, ce qui nous avait mis en confiance en lisant l'annonce) et les compétences des professionnels de la mécanique. Enfin bon, tout se finit bien, on a dégoté une bonne carriole qui en a dans le ventre malgré ses nombreux kilomètres au compteur !

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On est tous d'accord que la chose la plus pénible quand on vit sur les routes sont les tâches ménagères. La pire d'entre elles est sans aucun doute la vaisselle, qui doit être faite quotidiennement ! Quand on ne la fait pas dans les douches de la salle de sport, tous les points d'eau sont propices. Ça va des toilettes publiques jusqu'aux dump station, en passant par l'évier des salles de pause au travail ! Inutile de le cacher, c'est généralement Claire qui s'attelle à cette corvée.

On se retrouve vite avec un tas d'assiettes et de couverts sales dans le fond du van si on n'est pas assez assidus ! Et les odeurs qui vont avec...

On a parfois le droit à des réflexions de la part des locaux quand ils nous observent à l'œuvre, surtout quand ils voient Romain sortir des toilettes pour dames.

- What are you doing in the ladies?

- Oh, sorry!

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La machine faisant toujours des siennes, on alterne nos journées entre les champs quand cette dernière veut bien fonctionner, et le hangar où on rejoint l'équipe A pour le tri des branches. On n'aime pas trop aller là-bas car on s'y sent enfermés, le travail est moins amusant et monotone. Et on est davantage surveillés !

Tout le monde s'exerce à faire les noeuds, la partie la plus pénible du travail. Allez les filles, on s'entraîne !

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Camila et Franzie arrêtent le boulot, elles partent se dorer la pilule sous le soleil des îles Fidji. Leur soirée de départ organisée à l'auberge de Rob est aussi l'occasion de fêter les 30 ans de Camila.

On se retrouve chez Romain et Perrine pour se préparer. On achète de quoi faire la fête, banderole Happy Birthday, chapeaux et verres à bière. Question organisation, on gare nos van (le nôtre et celui de Winter et Alix) sur le parking du centre ville qui fait office de free-camp la nuit. La soirée est située à seulement une quinzaine de minutes à pied, c'est parfait pour nous. Le chemin se fait en chansons, on s'enjaille gentiment.

Arrivés à l'auberge, ceux qui sont déjà présents finissent leur repas calmement mais il est temps de faire la fête !

Les invités arrivent petit à petit. Équipes A et B sont réunies, ce qui nous fait pas mal de nationalités différentes : français, uruguayens, argentins, anglais, allemands, vietnamiens, japonais, chiliens.

On trinque à la santé de chacun :

- Cheers !

- Proost !

-  !

- Salud !

- Kanpie !

Il est temps de souffler les bougies ! On décline la chanson d'anniversaire dans toutes les langues, à commencer par l'anglais. Et un verre de tequila pour fêter ça ! Et bataille de gâteau au chocolat aussi...

Difficile de faire une photo de groupe en gardant son sérieux, il y a toujours des petits rigolos pour faire les zouaves !

Quand il n'y a plus d'alcool, il y en a encore ! On entame le cubis de vin blanc directement au goulot, et la soirée repart de plus belle ! On enchaîne les photos souvenirs, car bientôt tout ce sympathique petit monde continuera sa route aux 4 coins du monde.

La soirée se finit pour nous à 6h du matin, quand tout le monde est parti se coucher et qu'il est temps de rentrer.

Sur le chemin vers le parking, Romain et Perrine ont la bonne idée de nous proposer d'aller à leur motel situé non loin pour "manger des croques monsieur". Au lieu de nous rendre tranquillement à notre van, on les suit pour se retrouver à 4 dans un lit trop petit... On dormira à peine 1h30 dans des conditions difficiles !

La journée du lendemain sera placée sous le signe du repos.

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Nous avons élu domicile depuis quelques temps sur un autre free-camp qui n'a pas l'air d'être contrôlé, situé à juste 5 min du travail ! Calme et avec peu de circulation, on s'y sent plutôt bien. Du coup, on s'y rend presque tous les soirs en semaine. Des poules sauvages viennent nous tenir compagnie chaque matin. Pas farouches, elles monteraient dans les vans si on ne les rappelait pas à l'ordre. On leur fait cadeau du reste des repas de la veille.

Romain et Perrine ont quitté leur motel pour finir les derniers jours de travail sur les free-camps avec nous. Le confort n'est plus le même ! Haaaan haaaan

Routine habituelle, on fait chauffer les moteurs 10 minutes avant de partir, on essuie la buée formée pendant la nuit sur les vitres, brossage des dents, chaussures de travail et on s'arrache la vache !

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Encore un day-off en pleine semaine ! Pendant que les filles restent ensemble, les garçons partent avec deux latinos dans un cyber-café. La route se fait dans le lit à l'arrière de la voiture de Nico !

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Chaque matin, Les gilets jaunes ont droit à un vrai défilé de vans. C'est qu'il y aurait presque un bouchon au moment de se garer !

Les jours rallongent, le printemps n'est plus très loin, le soleil est de plus en plus présent.

On approche de la fin de la saison. Celle-ci est censée se terminer fin août, mais de récents événements ont fait changer d'avis quelques backpackers, nous y compris.

A cause du retard engendré par les pannes à répétition de la machine, la team A nous a rejoint dans les champs depuis une quinzaine de jours. Les clients commencent en effet à s'impatienter, et Blair reçoit de nombreux coups de fils. Il faut accélérer la cadence.

Nous travaillons désormais sous la direction de Shane. Chef d'équipe, il est avec la team A depuis le début. On sent qu'il s'est pris d'affection avec les membres de son équipe et ça se ressent au travail. Du coup, on se sent quelque peu lésés, surtout quand il change toute l'organisation que nos gilets jaunes avaient mis en place. Le poste le plus pénible étant celui des nœuds, on constate que ce sont toujours les mêmes qui s'y collent.

Il en résulte des rebellions ! Un matin, tout le monde se pointe sur le site après une nuit de pluie. Shane nous accueille tour à tour et avec regrets nous annonce qu'on ne travaillera pas aujourd'hui. Légèrement énervés de ne pas à voir reçu de message et de s'être levés pour rien, on apprend plus tard dans la matinée de la part des urugayens que Shane leur a dit de se rendre au hangar sans nous en parler. II leur a demandé de nous mentir, on ne trouve pas ça digne d'un manager. C'est la goutte d'eau pour Andrew et Huang qui envoient un message à Blair pour lui signaler leur démission, il ne retourneront pas travailler.

La situation se dégrade réellement lorsqu'un jour la plupart des gilets jaunes ne répondent pas présents. Ils font une sorte de "grève" car ils en ont marre de ne pas être écoutés.

Résultat, c'est Blair en personne qui vient le lendemain à l'embauche au point de pause (blessé après s'être enfoncé un forêt dans le bras chez lui, il est en arrêt maladie depuis une semaine), pour nous faire un discours sur les règles à respecter. Si on n'est pas content, on s'en va. La team A part travailler dans le champ, on reste sur place pour pouvoir lui parler en comité restreint. On lui expose notre point de vue, car il n'a eu que la version des gilets jaunes, mais ne semble pas vouloir écouter. On lui annonce donc que la saison se termine pour nous (Winter, Alix, Marine, Lancelot, Romain, Perrine et nous) immédiatement car on ne veut plus travailler dans cette mauvaise ambiance. Les backpackers des deux équipes ne se parlent même plus entre eux ! La situation a dégénéré en l'espace d'une semaine, et ça en devient ridicule. Les Latinos quant à eux restent car ils ont besoin de gagner de l'argent.

Blair se radoucit en comprenant alors qu'il y a des bons et des mauvais arguments dans les deux camps, surtout lorsque quelques larmes commencent à couler. On imaginait plutôt la fin de saison chez lui autour d'un gros barbecue comme il avait promis ! La discussion évolue et on discute avec lui de nos projets de voyage à venir. On lui confie qu'à part ces derniers jours, on a passé de très bons moments au sein de l'entreprise, on ne regrette pas d'avoir travaillé pour ce super patron aux petits oignons avec ses employés. On a fait également de géniales rencontres qu'on n'oubliera pas. On part dans le champ dire au revoir à NOS gilets jaunes, Phil, Craig et Harlow. Ce dernier nous fait honneur d'un adieu façon maori, nez contre nez, c'est apparemment un grand signe de respect. Guy est malheureusement introuvable. Après une dernière accolade avec Blair, désolé que ça se finisse comme ça, on quitte pour de bon les terres de Pattullo's Nurseries !

Ca y est, c'est les vacances !

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Pour notre dernière soirée sur Hastings, on se donne rendez-vous au Carl Jr, une chaîne de restauration rapide américaine non implantée en France. On partage un moment agréable avant de se rendre à la collocation des urugayens pour continuer les festivités.

Quelques démonstrations de danse et un dernier Chuchua viennent ambiancer la soirée. Nico, qui est parti se coucher (car mine de rien il y en a qui bossent le lendemain), a droit à une entrée en fanfare dans sa chambre alors qu'il s'apprête à dormir. Il s'en souviendra de cette ultime danse des canards !

On passe une excellente dernière soirée. Le fait qu'on ne soit pas sûr de tous se revoir un jour nous fait apprécier encore plus ce bon moment. Puis il temps de dire au revoir. On se promet de se retrouver dès que l'occasion se présentera, we keep in touch comme on dit !

Ultime photo de groupe
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On passe la nuit sur le free camp de Puketapu. Le lendemain, il y a comme un air de fin de vacances. On est partagés entre l'envie de continuer notre route et l'envie de rester avec tous les gens qu'on a rencontrés. Certains restent quelques jours de plus dans les environs, d'autres hésitent sur le chemin à prendre, les derniers vont essayer de trouver un autre boulot. Pas de travail en perspective pour nous, on veut profiter de notre liberté maintenant !

On part faire les fous dans le parc à enfants, on échange quelques passes de ballons de foot, on nourrit les poules, on plaisante, on fait une chorale sur des chansons françaises. Il ne manque que le barbecue.

Le départ s'éternise sur le camping, on repousse les ultimes aux revoirs jusqu'en début d'après-midi. Une dernière accolade... Et c'est l'heure de prendre la route !