Visite de la Villa Majorelle | Nancy

La Villa Majorelle est LE symbole de l’Art Nouveau à Nancy et je vous invite à la visite avec moi...
13 septembre 2024
1 jour

Quelques dates :

1879 - A la mort d'Auguste Majorelle, ses deux fils Jules et Louis reprennent l'entreprise familiale spécialisée dans l'industrie d'art, ébénisterie, ferronnerie, verrerie et faïence.

1885 - Mariage de Jane Kretz et Louis Majorelle, de leur union naît Jacques Majorelle l'année suivante.

1898 - Louis Majorelle commande à l'architecte Henri Sauvage les plans de sa maison.

1900 - Les ateliers Majorelle connaissent un grand succès à l'Exposition universelle de Paris.

1901 - Louis Majorelle est vice-président fondateur de l’École de Nancy, aux côtés d’Émile Gallé, Antonin Daum et Eugène Vallin.

1901-1902 - Construction de la "Villa Majorelle, Jane, Louis et Jacques s'y installent.

1916 - La maison est bombardée, elle va connaître d’importantes transformations.

1931 - Après avoir progressivement vendu le jardin, la famille se sépare de la villa. Acquise par le Ministère des Ponts-et-Chaussées, elle est transformée en bureaux pour l'administration.

1996 - La villa Majorelle est protégée au titre des Monuments historiques.


Fruit de la collaboration d’Henri Sauvage, influencé par Hector Guimard, et de Lucien Weissenburger, cette belle maison à trois étages, construite pour Louis Majorelle et sa famille, présente plusieurs fenêtres en demi-cercles et des motifs floraux couvrant les extérieurs. Louis Majorelle produisit lui-même les ferronneries ainsi que le mobilier intérieur, les lambris ou encore l’escalier. Il choisit d’installer son studio au troisième étage de la villa, sous le toit à pignons, avec une somptueuse baie vitrée arquée aux formes évoquant les branches d’un arbre. La maison se nomme Villa JIKA (pour Jane Kretz, l’épouse de Louis Majorelle).

La famille Majorelle est une famille d’artistes et d’industriels nancéiens. À la fin du XXe siècle, l’affaire familiale est prospère et connaît un succès colossal lors de l’Exposition universelle de 1900, à Paris. Les ateliers Majorelle sont en collaboration avec la manufacture Daum et ouvrent de nombreux magasins dans tout le pays.

L'artiste et entrepreneur Louis Majorelle, installé depuis 20 ans à Nancy, souhaite déplacer ses ateliers qu'il juge trop étroits. Il décide alors d'acheter un terrain à sa belle-mère, Mme Kretz, dans le quartier appelé alors Médreville : il s'agit d'un territoire composé essentiellement de terres agricoles et de quelques propriétés bourgeoises et faisait alors partie des terres que la municipalité de Nancy avait choisies pour étendre son urbanisation répondant à l'augmentation de la population. Il choisit, par commodité, de faire installer sa maison à proximité de ses ateliers.

Façade nord :

En 1898, Louis Majorelle décide d'employer Henri Sauvage, un jeune architecte parisien que Majorelle a rencontré pendant ses études à Paris et avec lequel il a déjà travaillé pour le Café de Paris. Le choix de Sauvage s'explique par la volonté de Majorelle de maintenir des liens avec le milieu artistique parisien mais aussi parce que le seul exemple d'architecture innovante à l'époque à Nancy est l’œuvre d'Eugène Vallin, architecte mais aussi ébéniste et ainsi concurrent de Majorelle. L'architecte travaille avec la collaboration de Lucien Weissenburger, qui supervise aussi le chantier des usines Majorelle.

La porte d'entrée

La villa est en partie détruite par un bombardement allemand en 1916 durant la Première Guerre mondiale. Certaines parties de la villa sont détruites dont le vitrail de Jacques Gruber de la cheminée. Il sera remplacé par un nouveau vitrail aux motifs orientaux sans doute inspirés du voyage de Jacques Majorelle (fils de Louis Majorelle) au Maroc.

En 1931, quelques années après le décès de son père, Jacques Majorelle vend la propriété familiale alors qu’il s’est déjà installé au Maroc. Le Ministère des Ponts-et-Chaussées acquiert la maison pour y installer ses bureaux. Ce choix peut apparaître surprenant pour une maison particulière assez éloignée du centre ville et des administrations locales. Peu de modifications seront effectuées au sein de la villa à l’exception de la terrasse sur la façade nord. Cet espace a été considéré comme trop exigu et un bow-window a alors été construit afin d’agrandir la pièce et de pouvoir y aménager des bureaux. Cet ajout a été détruit en août 2019 lors de la rénovation intérieure de la villa afin de revenir à l’état de la maison du vivant de son commanditaire, Louis Majorelle.

La terrasse

A gauche le bow-window en 2010 à droite après la restauration, la terrasse comme à son origine

Si le Ministère des Ponts-et-Chaussées a acquis la propriété, il n’avait pas l’utilité du vaste jardin de près d’un hectare. Aussi, le terrain a été loti en 25 parcelles (de 194 à 637 m²) et une nouvelle rue, qui a pris le nom de Louis Majorelle, a été créée à cette période. Plusieurs maisons de ce lotissement se révèlent caractéristiques de l’architecture des années 1930.

Vue de la villa coté est

L’achat de la Villa Majorelle par le Ministère des Ponts-et-Chaussées a permis de conserver en l’état cette maison emblématique de l’Art nouveau nancéien. Alors que d’autres édifices issus de ce mouvement artistique étaient, jusque dans les années 1980, détruits ou largement modifiés. L’École de Nancy a connu une rapide et longue désaffection depuis la première guerre mondiale jusque dans les années 1970. Dans ces années, l’Art nouveau a été redécouvert dans divers pays et villes européennes et a commencé à être étudié et protégé.

 Vue arrière de la villa

En janvier 1975, le secrétariat d’État à la Culture a inscrit, à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, plusieurs édifices École de Nancy dont des immeubles et maisons d’Émile André, la Villa Bergeret de Lucien Weissenburger ainsi que la Villa Majorelle. C’est le seul monument inscrit dans sa totalité, c’est-à-dire tant pour son architecture que pour son décor extérieur et intérieur (vitraux, boiseries, grès , …). En 1996, le Ministère de la Culture décide d’améliorer la protection de cette maison. La Villa Majorelle est alors Classée Monuments Historiques en totalité, y compris le mur de clôture et le portail, selon le motif suivant précisé dans l’arrêté : « en raison du caractère pittoresque de ses volumes et de l’exceptionnelle créativité de son décor intérieur, dû en grande partie à Louis Majorelle et Gruber pour les verrière".

Vue de la villa ouest

En bleu : La cuisine et l'office, ces pièces à l'heure actuelle servent de vestiaire et de billetterie.

En rose : La salle à manger et le salon

En violet : l'escalier

Bienvenue chez les Majorelle ! Quel accueil ! La porte d’entrée est vitrée afin de laisser entrer largement la lumière à l’intérieur du hall d’entrée. Elle symbolise le passage entre l’intérieur et l’extérieur de la maison, l’ouverture vers la nature. Elle est doublée d’une grille en fer forgé étamé ornée d’un décor inspiré de la monnaie du pape, que l’on retrouve dans le hall d’entrée et dans la montée d’escalier. Ces ouvrages de ferronnerie ont été exécutés dans l’atelier de ferronnerie de Majorelle créé en 1890 afin de pouvoir réaliser des pièces en bronze, en fer forgé et des serrureries pour les meubles produits par les ateliers de menuiserie.

Le meuble porte-manteau et parapluies dessiné par Majorelle.

La Villa Majorelle conserve une grande partie de son décor intérieur. Ce dernier a été exécuté pour une large part, par les Ateliers Majorelle : décors au pochoir du vestibule et des rampants de la cage d'escalier sur le thème de la monnaie du pape, éléments de boiseries de la cage d'escalier et de la salle à manger, plaques de propreté sur le thème des ombelles... Ces éléments décoratifs ont pu être restaurés en 2019 lors de la rénovation intérieure.

Cheminée en grès flammé de Bigot au centre de la salle à manger :

La Villa Majorelle présente également une grande partie de son mobilier d'origine. Dès 1983, le Musée de l'Ecole de Nancy a pu acquérir le mobilier de la chambre à coucher puis en 1996, le mobilier de la salle à manger, acheté auprès des descendants de Jacques Majorelle. Ces dernières années, d'autres pièces ont été acquises dans la perspective de l'ameublement de la villa : porte-plante, devant de foyer, table feuilles de marronnier, ensemble de sièges sur le thème de la pomme de pin, ... Toutes ces pièces ont été réalisées par Louis Majorelle et à l'exception des meubles de la chambre à coucher, pouvaient être commercialisés par la Maison Majorelle.

Lampe Libellule créée en 1903, elle sera un succès dans le catalogue Majorelle. Majorelle s'est associé avec la manufacture Daum pour fabriquer en grande quantité ces lampes Libellules ainsi que d'autres objets en verre.

Exposée au nord, la terrasse sera fermée. Les Majorelle aimaient s'y retrouver comme en atteste d'album de famille. On y retrouve le céramiste Alexandre Bigot, il créa un soubassement en grès émaillé sur le thème de la lentille d'eau. Les peintures décoratives supérieurs sont d'Henri Boyer. Elles évoquent le passage du jour, de l'aube au crépuscule.

La préservation du décor intérieur et du mobilier d'origine permet de témoigner d'un cadre de vie harmonieux et unifié par des thèmes décoratifs, des formes ou des couleurs, principe revendiqué par l’École de Nancy. Elle n'a d'ailleurs jamais été publiée dans les catalogues. Le coloris chaleureux des menuiseries imitant le pitchpin et le tissu créent une atmosphère douce, où le mobilier est particulièrement bien mis en valeur. Le lit, l'armoire, les deux commodes et la table de chevet présentent des lignes épurées, sculptées dans un bois clair incrusté de nacre et de cuivre. Contrairement au reste de la maison, Louis Majorelle a voulu pour la chambre un mobilier inédit, tout à fait unique tant par l'audace de sa forma que par la finesse de son exécution.

La chambre à coucher est typique à la fois des années 1900, avec des lignes dominantes en courbe et contre-courbes, et de l'École de Nancy, avec la forte présence de la nature, ici plus suggéré que représenté, avec en particulier des ailes de libellule et des ocelles du paon. Majorelle choisit d'utiliser des bois clairs (frêne du Japon, bois d'aulne) pour exprimer la gaité et l'intimité, tandis que les courbes évoquent le sommeil et le rêve. Le souci du détail se révèle par l'utilisation de nacre et de cuivre pour les incrustations ainsi que la création de poignées à stylisation végétale en bronze.

Un escalier aux formes courbes nous conduits aux deux étages de la villa. La cage de l'escalier est monumentale par rapport au volume de la villa. De discrètes feuilles de lierre ornent le début de la courbe de la rampe et amène de regard vers la vitrail de Gruber.

Le lustre à décor d'algues surplombe l'escalier. Il est de Louis Majorelle, Jacques Gruber et de la manufacture de Daum.

On y retrouve l'atelier de Louis Majorelle

La Maison dépend du musée de l’Ecole de Nancy et abrite les bureaux de l’antenne nancéienne du réseau international des villes art nouveau : le Réseau Art Nouveau Network.

La Villa Majorelle est un site très prisé à Nancy. Le nombre de visiteurs étant limité par créneau horaire, nous vous conseillons de préparer votre visite en achetant votre billet en avance en ligne ici !

Pour son mobilier, Louis Majorelle a reçu une médaille l'or à l’exposition universelle de Paris en 1900.

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