Nous revoilà ! Ça fait un mois qu'on vous a laissés sans nouvelles, et pour cause, le confinement numéro 3 ! Mais bon, on aurait quand même pu vous dire où on est.
Quand on vous avait laissés à Cherbourg la dernière fois, on partait pour deux jours de rando sur le GR223, vers la Pointe de la Hague au nord-ouest du Cotentin. Ça a donné ça :
Une baignade bien frisquette, des paysages de rêve et un spot bivouac exceptionnel Après, on a pédalé une journée, et le soir, il y a eu ça :
Encore lui put*** Alors on a encore pédalé deux jours, on a passé une super soirée dans la famille et dans la caravane de Lisa (merci encore à vous !), et on a vu ça :
Et puis au final, on est arrivés là :
Et voilà ! Après deux bonnes semaines de pédalage le long des côtes normandes, des plages du Débarquement au Tour de Manche, on a garé nos vélos en face... du Mont Saint Michel, où on a loué un gîte à prix imbattable. On y a passé tout le mois, partagés entre la lassitude de changer nos plans, tout le temps, constamment, et la détermination à continuer malgré tout.
Antoine, toujours hyperactif, s'est pas mal occupé et a trouvé des personnes à aider : il a passé un temps considérable à planter des oignons et ramasser des poireaux et navets chez Michel et Valérie, des maraîchers bio, et a consacré ses vendredis aux distributions alimentaires des Restos du Cœur dans la ville la plus proche.
On a profité de la chance qui nous était offerte de découvrir la Baie du Mont Saint Michel vide de tout touriste, à pied, à vélo, et même... à cheval ! Une expérience originale, cadeau d'Antoine pour mon anniversaire, qui m'a laissée avec des courbatures impressionnantes et qui a laissé Antoine... sur les fesses, après un mouvement d'humeur de son cheval !
Le Mont Saint Michel dans tous ses états Et puis, comme chaque fois qu'on est confinés, on a développé nos compétences culinaires, apprenant à cuisiner les spécialités locales - coquilles Saint Jacques et camembert !
Et puis pour nos anniversaires respectifs, on a été bien gâtés en colis nourriture par nos familles ! Merci ❤️❤️❤️Mais ce dernier mois a aussi et surtout été l'occasion de faire le point, et de regarder en arrière avant de regarder vers l'avant.
Vous vous souvenez de notre programme initial ?
Autant vous dire qu'il n'a pas grand chose à voir avec ce que l'on a fait réellement. Nos modifications d'itinéraire se font à un rythme aussi frénétique que l'apparition de nouveaux variants du Covid. Ce qui ne change rien au fait que depuis notre départ, le 9 octobre, nous avons vécu tout un tas de belles choses. La Grande Traversée du Jura, le bénévolat à l'association des Sheds en Alsace, la découverte de l'accueil social en Terre Amoureuse, le vélo en plein hiver de Mulhouse à Orléans, la visite d'une école démocratique, la semaine aux Restos du Coeur... Mais ce qui nous a le plus marqués tous les deux, sans hésitation, c'est notre expérience à Grande Synthe auprès des migrants. C'est ce qui a fait le plus de sens, ce dans quoi nous nous sommes sentis les plus utiles, ce que nous avons eu le plus de mal à vivre, puis à quitter. Pendant ce confinement, nous avons approfondi le sujet via quelques lectures et documentaires, dont on vous recommande d'ailleurs deux titres :
Butterfly, de Yusra Mardini, une réfugiée syrienne devenue athlète olympique après avoir tiré à la nage son bateau de fortune menacé de naufrage dans la mer Egée.
Lesbos, la honte de l'Europe, écrit par Jean Ziegler en sa qualité d'observateur du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés auprès du camp de réfugiés de Lesbos, en Grèce.
On a été tellement marqués par ce qu'on a lu, que pendant une semaine on a sérieusement envisagé de sauter dans un avion pour la Grèce et de passer six mois là-bas pour aider les dizaines de milliers de réfugiés qui y sont parqués dans des conditions inhumaines.
Et puis on a décidé, finalement, de rester en France, d'une part car on a dit qu'on ne prendrait plus l'avion, d'autre part car il y a aussi des réfugiés en France, et encore d'autre part car on a à peine fait la moitié de notre Tour de France.
Notre voyage est, par essence, écologique, puisque nous nous déplaçons à vélo ou à pied, ou en train lorsque les circonstances (au hasard, le Covid) nous y obligent. Nous achetons de quoi manger auprès des producteurs locaux, le plus souvent bios, nous boycottons les supermarchés, nous récupérons des livres dans les boîtes à livres et nous vivons du contenu de nos sacs à dos.
Puisque tout cela est acquis, et qu'il faut bien faire des choix, nous avons décidé de recentrer notre programme autour de deux alternatives davantage solidaires qu'écologiques, et nous avons redessiné notre itinéraire.
Dès lundi, si Macron le veut, nous reprendrons donc nos vélos direction l'ouest, via la suite de la Vélomaritime (EV4), puis le sud par la Vélodyssée (EV1). La jonction entre les deux se fait à Roscoff, à 5km de Santec, où nous avions passé le premier confinement et eu l'idée de ce tour de France.
Au programme donc, la traversée de la Bretagne puis la descente de la côte atlantique jusqu'aux Pyrénées.Au début du mois de juin, nous arriverons au Village Emmaüs de Lescar-Pau, où nous participerons à la vie locale pendant trois semaines aux côtés des autres habitants (dont des migrants et personnes démunies) qui vivent et travaillent pour la communauté, dans un environnement très éco-responsable.
Début juillet, nous abandonnerons nos vélos pour rejoindre en stop Menton, où nous passerons l'été dans une nouvelle association d'aide aux réfugiés, à la frontière franco-italienne : Kesha Niya, littéralement "pas de problème" en kurde.
A la mi-août, pour clôturer cette belle aventure, quoi de plus beau et logique que de faire notre retour dans les Alpes par... la montagne ! Un mois et 500 kilomètres de randonnée à travers ce massif exceptionnel, de Nice à Chamonix. On devrait avoir plus chaud (et grimper davantage - 30 000 mètres de dénivelé positif) que dans le Jura !
Et puis ce sera le retour à la vraie vie, mais on n'en est pas encore là.
Voilà donc notre nouveau programme, même si on se rend bien compte qu'il risque encore d'évoluer pas mal de fois.
En tout cas, le beau temps a l'air bien installé et ça nous réjouit de laisser enfin l'hiver derrière nous. Le meilleur est à venir !
Ps1 : Suite à un incendie des serveurs de MyAtlas, la plupart des photos de tous les articles ont été perdues. On les remet au fur et à mesure, mais on ne vous cache pas que c'est un peu fastidieux, surtout sans ordinateur !
Ps2 : Maintenant que les déplacements vont être autorisés et que les terrasses vont réouvrir (inch'allah), n'hésitez pas à nous faire signe si vous voulez vous joindre à nous le temps d'un verre ou d'une étape !