(Article écrit le 30 mai, publié tardivement par fatigue, puis manque de batterie, puis manque de réseau, puis bug du site qui a tout effacé)
Ça y est, c'est l'été ! On les avait presque oubliés au fond de nos sacoches, mais c'est bel et bien en short/tee-shirt et barbouillée de crème solaire que je vous écris sur le seul mètre carré d'ombre du grand terrain de foot où on va planter la tente ce soir, à Rochefort.
On n'a plus peur de rien, on campe carrément dans l'arsenal maritime... 410 kilomètres parcourus depuis notre départ de Nantes il y a une semaine, dont deux jours de "vacances" sur l'île de Ré (je mets des guillemets parce que 65km de vélo sur l'île le deuxième jour, je n'appelle pas ça des vacances, même si le soir c'est pizza au camping).
Après deux jours de pluie, et surtout de vent comme on n'en avait jamais eu, le temps est enfin revenu au beau fixe. Soleil, terrasses et océan, ça nous change du vélo en hiver en pleins confinements! On se plaindrait presque d'avoir trop chaud et d'être trop piqués par les moustiques, et de tout ce pollen qui attaque mes yeux. Jamais contente.
Le premier soir, on a découvert par hasard qu'un ancien collègue d'Antoine était désormais animateur dans un camping à Saint Brévin les Pins, au niveau de l'embouchure de la Loire : pile notre première étape! Farès nous a accueillis dans son mobil-home et on a pu participer aux animations du camping avant de dormir au sec, le mobil-home quasi secoué par le vent.
Merci à Farès et à l'équipe du Camping Paradis ! Le lendemain, notre arrivée en Vendée s'est fait sous des bourrasques impressionnantes, m'obligeant parfois à pousser mon vélo sur plusieurs centaines de mètres par peur d'en tomber. Les marais sont particulièrement exposés et n'offrent pas le moindre endroit un peu abrité où planter la tente, et on a dû pédaler à 6 ou 7 km/h pendant deux heures avant de trouver un endroit convenable. Dur dur. On s'est rendus compte, Antoine et moi, qu'on n'avait pas du tout le même rapport à l'effort et à la souffrance. Moi, j'ai passé la journée à pester, à demander pourquoi on s'infligeait ça, à penser avec nostalgie au boulot que j'avais pourtant été si heureuse de quitter, et je n'avais envie que d'une chose : prendre un billet de train pour Hendaye et mettre fin à tout ça. Et pendant ce temps, Antoine... kiffait. Il était content d'avoir de la difficulté et du challenge. Deux conceptions bien différentes...
Le sourire c'est juste pour la photo Enfin depuis ce jour, ça va mieux, et on profite des découvertes que l'on fait chaque jour. En Vendée et en Charente Maritime, on est dans la région du sel et des huîtres. On a d'ailleurs fait la rencontre d'Alexis, un saunier (personne qui travaille dans les marais salants), qui nous a interpellés à la sortie d'un magasin bio où il livrait son sel et nous a invités à passer la nuit chez lui. Il vit avec sa compagne dans un mobil-home sur le terrain où ils retapent une maison, et on a dormi au milieu des sachets de sel, dans le garage. Le soir, il nous a cuisiné une omelette aux salicornes, des petites plantes vertes très salées qui ne poussent que dans les marais et qui valent une fortune. Et ils ont tous les deux sorti leurs... cornemuses, pour un concert improvisé et super entraînant. Ça m'a donné envie de m'y mettre ! Affaire à suivre ... Le lendemain, Alexis nous a invités à la visite guidée de son marais et on a pu apprendre plein de choses sur le ramassage du sel.
Merci à Alexis et Zoé pour leur accueil ! La veille, on est passés à l'île de Noirmoutier via un passage qui n'est ouvert que deux heures par jour, à marée basse. Malgré des kilomètres chaotiques en plein vent et sur des grosses pierres, on a observé fascinés des milliers - oui, des milliers !- de personnes chaussées de bottes qui pratiquaient la pêche à pied. Des retraités charentais qui ramassent des palourdes, apparemment. Un spectacle impressionnant.
Entre Pornic et la Rochelle, le littoral a assez peu d'intérêt, très bétonnisé. Par contre, on était drôlement contents quand au terme d'une journée de 120 km (mais qu'est-ce qui nous a pris ??), on a traversé le Pont de l'île de Ré et débarqué sur cette île réputée pour être le paradis du vélo. Je m'attendais à une usine à touristes mais j'ai été agréablement surprise : l'ensemble est très nature et aéré, et on peut vite se retrouver (presque) seuls. Il y a de charmantes ruelles de maisons blanches aux volets verts, 100km de pistes cyclables au milieu des vignes ou au bord de l'océan, un grand et beau phare, des marchés colorés, des petits ports très mignons au milieu des villes, entourés de tout un tas de restos animés. Un peu attrape touristes les restos, mais on ne s'est pas fait attraper et on a pu se faire un festin de fruits de mer en bord de plage, à l'écart de la foule, à la Cabane Océane qu'on vous recommande si vous passez dans le coin. L'été ça doit quand même être invivable car rien qu'en ce mois de mai, il y a avait foule sur les pistes cyclables. Des petits vieux qui pédalent à 2km/h sur leurs vélos électriques, des familles avec leurs rejetons qui prennent toute la place, des groupes de jeunes qui se fichent du code de la route, des piétons qui se fichent des vélos, des vélos de route qui se fichent des VTC... Tout un monde.
Ça, c'est des vraies vacances Ce matin, on est repartis de l'île de Ré pour Rochefort, que je connaissais particulièrement pour le film des Demoiselles de Rochefort (grosse déception, la place principale ne ressemble pas à celle du film) mais qui a aussi un bel arsenal maritime avec notamment une reconstitution de l'Hermione, une ancienne frégate trois mâts. Et sur la route, on a passé quelques heures à La Rochelle, une ville pour laquelle on a eu un gros coup de coeur avec ses remparts Vauban, ses halles, son immense port et toutes ses terrasses au soleil.
Demain on continue vers le sud, objectif Pau dans deux semaines ! (dans une semaine du coup, puisque le temps que je publié l'article on est déjà dans les Landes!).
Des jolies découvertes : fresques en coquillages des Sables d'Olonne, boîte à livres, Bambi et glace à la Fraiseraie de Pornic