A la mi mai, nous prenons les vélos pour 1200km de vélo le long de la façade atlantique, de Roscoff (Bretagne) à Hendaye (Pays basque)
Mai 2021
3 semaines
Partager ce carnet de voyage
1

Bien arrivés en Pays de la Loire ! Après cinq jours de vélo à travers la Bretagne, nous sommes arrivés jeudi soir à Nantes, où nous avons été chaleureusement accueillis par Cassandre, mon ancienne manager, son mari Max et leur bébé de deux mois.

Au cours de ces journées de vélo, on a essentiellement longé le canal de Brest à Nantes sur une voie verte très plate. Ce canal de 364km, initié sous Napoléon en 1803, comporte pas moins de 238 écluses ! Le métier d'éclusier est d'ailleurs un métier à plein temps accessible sur concours de la fonction publique, même si aujourd'hui le fonctionnement des écluses est surtout électrique. Sur la moitié des écluses, les éclusiers sont logés dans la gare attenante qu'ils transforment en havres de verdure, où poules, oies et moutons picorent gaiement au milieu des jardins fleuris. Sur l'autre moitié, les gares sont abandonnées et les éclusiers suivent les bateaux en voiture ou à vélo pour leur ouvrir le passage. Sachant que le passage d'une écluse prend environ 20 minutes, il faut un sacré bout de temps aux plaisanciers pour parcourir l'intégralité du canal !

A travers la Bretagne... 

En tout cas, ces gares abandonnées sont précieuses pour les cyclovoyageurs puisqu'elles offrent des abris plus qu'adaptés à la pluie. Comme partout en France, on n'a pas échappé à une météo bien capricieuse et on a changé autant de fois de vêtements qu'il y a d'écluses sur le canal. Un soir, on a eu la chance de trouver une gare ouverte et de dérouler notre bâche sur le sol poussiéreux pour dormir au sec. Antoine a même fait un feu dans la cheminée, après avoir lavé vélos et sacoches dans le canal.

Un autre soir, on s'est pris un tel déluge qu'on a loué une mini cabane spécial cyclistes dans un camping, sur les conseils de cyclovoyageurs rencontrés sur notre route : Jeanne, Xavier et leur petite Zoé de 11 mois dans sa carriole qui font le tour de France à vélo en 3 mois!!! Quand je trouve ma situation un peu difficile, je pense à eux. On les recroise régulièrement et ils sont un modèle d'organisation et de motivation.

Deux soirs, deux déluges, deux abris bien différents

A Nantes, Cassandre et Max nous ont très gentiment proposé de profiter de leur maison ce weekend alors qu'ils n'y étaient pas, et on a sauté sur l'occasion pour visiter la ville. Une très jolie ville d'ailleurs, en bord de Loire, qui fait preuve de pas mal d'originalité dans son paysage urbain. On a visité Nantes en compagnie d'Alan, un ami d'Antoine, qui nous a fait découvrir les spécificités de la préfecture de la Loire Atlantique. Un toboggan pour descendre des remparts du château des Ducs de Bretagne, un miroir d'eau, des anneaux de Burren (le Burren des colonnes à Paris), des trampolines en pleine ville pour tester l'apesanteur sur la lune... Et les "machines", dont un éléphant géant qui déambule sur les docks et arrose avec sa trompe les curieux ! Et puis bien sûr, on a fait notre première terrasse à la Cantine, un lieu alternatif en bord de Loire. Avant de terminer par une soirée crêpes chez Alan et Élise !

Le lendemain, on a continué à visiter Nantes, profité de la réouverture des cinés et fait une heure et quart de queue au commissariat pour faire nos procurations en vu des élections régionales. Antoine est aussi allé chez le coiffeur pour rectifier les dégâts causés par ... moi et ma paire de ciseaux. Et on s'est reposés chez Cassandre et Max, que l'on remercie de nous avoir accueillis et prêté leur maison !

Dimanche, on a repris la route vers le sud, mais on vous garde ça pour le prochain article. Spoiler alert : il pleut et il y a (beaucoup) de vent.

 Ah oui et ça c'était notre premier resto la jour de la réouverture, à Redon! On n'a pas perdu notre temps !

Bonne reprise des cinés restos et spectacles à toutes et à tous ! :)

2

(Article écrit le 30 mai, publié tardivement par fatigue, puis manque de batterie, puis manque de réseau, puis bug du site qui a tout effacé)


Ça y est, c'est l'été ! On les avait presque oubliés au fond de nos sacoches, mais c'est bel et bien en short/tee-shirt et barbouillée de crème solaire que je vous écris sur le seul mètre carré d'ombre du grand terrain de foot où on va planter la tente ce soir, à Rochefort.

On n'a plus peur de rien, on campe carrément dans l'arsenal maritime... 

410 kilomètres parcourus depuis notre départ de Nantes il y a une semaine, dont deux jours de "vacances" sur l'île de Ré (je mets des guillemets parce que 65km de vélo sur l'île le deuxième jour, je n'appelle pas ça des vacances, même si le soir c'est pizza au camping).

Après deux jours de pluie, et surtout de vent comme on n'en avait jamais eu, le temps est enfin revenu au beau fixe. Soleil, terrasses et océan, ça nous change du vélo en hiver en pleins confinements! On se plaindrait presque d'avoir trop chaud et d'être trop piqués par les moustiques, et de tout ce pollen qui attaque mes yeux. Jamais contente.

Le premier soir, on a découvert par hasard qu'un ancien collègue d'Antoine était désormais animateur dans un camping à Saint Brévin les Pins, au niveau de l'embouchure de la Loire : pile notre première étape! Farès nous a accueillis dans son mobil-home et on a pu participer aux animations du camping avant de dormir au sec, le mobil-home quasi secoué par le vent.

Merci à Farès et à l'équipe du Camping Paradis ! 

Le lendemain, notre arrivée en Vendée s'est fait sous des bourrasques impressionnantes, m'obligeant parfois à pousser mon vélo sur plusieurs centaines de mètres par peur d'en tomber. Les marais sont particulièrement exposés et n'offrent pas le moindre endroit un peu abrité où planter la tente, et on a dû pédaler à 6 ou 7 km/h pendant deux heures avant de trouver un endroit convenable. Dur dur. On s'est rendus compte, Antoine et moi, qu'on n'avait pas du tout le même rapport à l'effort et à la souffrance. Moi, j'ai passé la journée à pester, à demander pourquoi on s'infligeait ça, à penser avec nostalgie au boulot que j'avais pourtant été si heureuse de quitter, et je n'avais envie que d'une chose : prendre un billet de train pour Hendaye et mettre fin à tout ça. Et pendant ce temps, Antoine... kiffait. Il était content d'avoir de la difficulté et du challenge. Deux conceptions bien différentes...

Le sourire c'est juste pour la photo 

Enfin depuis ce jour, ça va mieux, et on profite des découvertes que l'on fait chaque jour. En Vendée et en Charente Maritime, on est dans la région du sel et des huîtres. On a d'ailleurs fait la rencontre d'Alexis, un saunier (personne qui travaille dans les marais salants), qui nous a interpellés à la sortie d'un magasin bio où il livrait son sel et nous a invités à passer la nuit chez lui. Il vit avec sa compagne dans un mobil-home sur le terrain où ils retapent une maison, et on a dormi au milieu des sachets de sel, dans le garage. Le soir, il nous a cuisiné une omelette aux salicornes, des petites plantes vertes très salées qui ne poussent que dans les marais et qui valent une fortune. Et ils ont tous les deux sorti leurs... cornemuses, pour un concert improvisé et super entraînant. Ça m'a donné envie de m'y mettre ! Affaire à suivre ... Le lendemain, Alexis nous a invités à la visite guidée de son marais et on a pu apprendre plein de choses sur le ramassage du sel.

Merci à Alexis et Zoé pour leur accueil ! 

La veille, on est passés à l'île de Noirmoutier via un passage qui n'est ouvert que deux heures par jour, à marée basse. Malgré des kilomètres chaotiques en plein vent et sur des grosses pierres, on a observé fascinés des milliers - oui, des milliers !- de personnes chaussées de bottes qui pratiquaient la pêche à pied. Des retraités charentais qui ramassent des palourdes, apparemment. Un spectacle impressionnant.

Entre Pornic et la Rochelle, le littoral a assez peu d'intérêt, très bétonnisé. Par contre, on était drôlement contents quand au terme d'une journée de 120 km (mais qu'est-ce qui nous a pris ??), on a traversé le Pont de l'île de Ré et débarqué sur cette île réputée pour être le paradis du vélo. Je m'attendais à une usine à touristes mais j'ai été agréablement surprise : l'ensemble est très nature et aéré, et on peut vite se retrouver (presque) seuls. Il y a de charmantes ruelles de maisons blanches aux volets verts, 100km de pistes cyclables au milieu des vignes ou au bord de l'océan, un grand et beau phare, des marchés colorés, des petits ports très mignons au milieu des villes, entourés de tout un tas de restos animés. Un peu attrape touristes les restos, mais on ne s'est pas fait attraper et on a pu se faire un festin de fruits de mer en bord de plage, à l'écart de la foule, à la Cabane Océane qu'on vous recommande si vous passez dans le coin. L'été ça doit quand même être invivable car rien qu'en ce mois de mai, il y a avait foule sur les pistes cyclables. Des petits vieux qui pédalent à 2km/h sur leurs vélos électriques, des familles avec leurs rejetons qui prennent toute la place, des groupes de jeunes qui se fichent du code de la route, des piétons qui se fichent des vélos, des vélos de route qui se fichent des VTC... Tout un monde.

Ça, c'est des vraies vacances 

Ce matin, on est repartis de l'île de Ré pour Rochefort, que je connaissais particulièrement pour le film des Demoiselles de Rochefort (grosse déception, la place principale ne ressemble pas à celle du film) mais qui a aussi un bel arsenal maritime avec notamment une reconstitution de l'Hermione, une ancienne frégate trois mâts. Et sur la route, on a passé quelques heures à La Rochelle, une ville pour laquelle on a eu un gros coup de coeur avec ses remparts Vauban, ses halles, son immense port et toutes ses terrasses au soleil.

Demain on continue vers le sud, objectif Pau dans deux semaines ! (dans une semaine du coup, puisque le temps que je publié l'article on est déjà dans les Landes!).

Des jolies découvertes : fresques en coquillages des Sables d'Olonne, boîte à livres, Bambi et glace à la Fraiseraie de Pornic
3

C'en est fini du vélo! Mardi, nous sommes arrivés à Hendaye après 1400 kilomètres sur la Vélodyssée, depuis Roscoff.

Hendaye marque la dernière étape de notre périple à vélo entamé le 26 décembre à Kingersheim (Alsace) et qui nous a conduits, au fil des mois et des saisons, de Mulhouse à Orléans, du Havre à Roscoff puis à Hendaye. 3500 kilomètres au compteur, une seule crevaison, trois déraillements et un vélo volé. Et des centaines de souvenirs!

La dernière fois, on vous avait laissés à Rochefort, et depuis, on a pédalé à travers les forêts du Sud-Ouest, de la Gironde aux Pyrénées Atlantiques en passant par les Landes. On a pu découvrir tous ces noms bien connus de la côte atlantique : Royan et son bac pour traverser l'estuaire, Lacanau, le phare du Cap Ferret, les belles maisons de la "Ville d'hiver" d'Arcachon, Biscarrosse, Mimizan... Les paysages se composent essentiellement de forêts - des centaines de kilomètres d'une pinède dont l'étendue s'admire du haut de la Dune du Pilat.

On a eu globalement très beau temps, à part le jour où de violents orages se sont abattus partout en France. Ce jour-là, après une nuit marquée une pluie incessante, on a profité de deux minutes d'accalmie pour sortir de la tente, mais on n'avait pas terminé de démonter qu'il pleuvait déjà. Trois heures plus tard, ayant parcouru une bonne partie de l'étape du jour avec une moyenne de 22km/h (contre 15 habituellement), c'est trempés jusqu'aux os que l'on a finalement jeté l'éponge et loué une cabane pour cyclistes dans un camping. On a passé les 24 heures suivantes à... sécher. Mais pour une fois c'était drôle, puisque mouillés pour mouillés, autant en rire et en profiter pour rouler dans les flaques !

Mes chaussures et ma sur-selle ont mis 48h à sécher, malgré leur exposition plein soleil! 

Nous avons eu un énorme coup de coeur pour le Pays Basque, ses maisons blanches aux volets rouge foncé, sa gastronomie, ses surfeurs sur les belles plages, les très belles villes de Bayonne et Biarritz, et puis l'apparition, au loin, des montagnes : enfin les Pyrénées ! Mer + montagne = combo gagnant et on a presque pensé à partir vivre à Bidart, se mettre à la pelote basque, apprendre le basque pour converser avec les locaux et ouvrir un bar à tapas. Mais bon finalement, on va rester sur la Savoie :)

Au Pays Basque, pour notre dernière nuit, on a aussi fait le meilleur bivouac de notre carrière. Ce n'était pourtant pas gagné puisqu'on roulait sur la Corniche sur une route dangereuse et pas du tout adaptée aux vélos. Mais en passant la barrière et en marchant une centaine de mètres sur un sentier au-dessus de la mer, on a trouvé LE spot de rêve. On vous laisse juger :

Arrivés à Hendaye de bon matin, on a été accueillis et hébergés trois jours par Mathilde, qui était bénévole sur l'Euro 2016 quand Antoine y travaillait. Ce qui nous a permis de nous poser, de nous balader en ville, de faire une bonne machine et de fêter la réouverture des restaurants. Et puis on a cédé à l'envie de passer quelques heures en Espagne, et on s'est infligé le coton-tige dans le nez pour le plaisir simple de quelques tapas et d'une sangria à Hondarribia, une ville espagnole médiévale qui fait face à Hendaye.

Antoine, qui ne sait décidément pas s'arrêter, est parti une journée pour une randonnée de 36km (!!) dans les Pyrénées pour vaincre sa frustration de ne pas faire la traversée complète que l'on avait envisagée pendant un temps (pour rappel, à la place, on va faire celle des Alpes !). Pendant ce temps, je suis restée tranquille pour me reposer car comme vous l'avez compris, la vie avec Antoine est loin d'être reposante... Et le lendemain, j'ai renoncé aux 160km de vélo qu'il a effectués en huit heures seulement, pause comprise et sans balisage, pour arriver à Pau. C'est ce qui nous a fait réaliser à quel point on avait des rythmes différents, qui justifiait que pendant tout notre périple, je râlais qu'on roule trop et trop vite, et lui qu'on ne roule pas assez... Moi j'aurais fait 50km/jour et lui plutôt 110, et au final on a tourné autour des 80km/jour. Pas mal quand même !

Petit aperçu des Pyrénées, on reviendra ...! 

Vendredi soir, on est donc arrivés à Pau et on a encore roulé quelques kilomètres pour arriver au Village Emmaüs de Lescar, l'alternative écologique et solidaire par excellence dans laquelle on se réjouit de passer les trois prochaines semaines. On peut déjà vous dire que c'est un endroit à couper le souffle ! On vous raconte ça très vite ! ☀️

Depuis Bayonne