Jour 76 - Jeudi 24 décembre
Ça y est, après bientôt deux mois passés aux côtés de l'Association des Sheds, notre séjour à Kingersheim s'achève.
On commençait à se sentir chez nous ici et ça nous fait tout drôle de reprendre la route ! On a d'ailleurs été bien gâtés cette semaine par des dîners (merci Dominique, Yves et Laurence), des biscuits maison (merci Jeannine et Martine), des manalas et du kouglof (merci Beck), un superbe panier garni (merci les Sheds), des tendeurs pour nos vélos (merci Anne-Loïs) et même une invitation à passer le réveillon de Noël ! (merci Marie et Dany!!).
De notre côté, c'est dans une action pour les migrants que nous nous sommes investis. En effet, une trentaine de mineurs isolés et une dizaine de familles de migrants sont logés par le département dans un hôtel de Kingersheim. En collaboration avec le Collectif migrants et les Sheds, nous avons donc organisé une collecte de boîtes de Noël comportant un vêtement chaud, un produit d'hygiène, une douceur, un loisir et un petit mot. Lundi matin, sous la direction d'Olga, la pâtissière de Sheds, nous avons mis la main à la pâte pour préparer un grand gâteau de Noël.
Mardi soir, nous avons chargé une cinquantaine de boîtes dans la camionnette et nous sommes rendus à l'hôtel où nous avons préparé les cadeaux et de belles assiettes pour offrir un petit moment de réconfort aux migrants. Même si la plupart sont musulmans, ils comprennent quand même la signification des fêtes de fin d'année dans leur pays d'accueil. Le maire de Kingersheim, des élus, des représentants du département et de l'ASE étaient également présents, avec les bénévoles du collectif migrants. Situation sanitaire oblige, la distribution s'est faite très rapidement, les migrants étant invités à manger et boire leur verre de jus de pomme... dehors ! La plupart était en short et en tongs, et on espère vivement que les boîtes contenaient des vêtements chauds ...
Nous avons pu échanger avec la gérante de l'hôtel qui nous en a dit plus sur la situation de ces jeunes : tous sont en transit pour 6 à 18 mois, même si certains en profitent pour aller à l'école, apprendre le français ou effectuer un stage. Ils reçoivent trois repas par jour par le département ainsi que 30€ d'argent de poche par mois, qui servent essentiellement à payer leurs produits d'hygiène, prendre le bus ou appeler leurs familles en Guinée, au Mali ou en Afghanistan. A part la gérante, ils n'ont pas grand monde sur qui compter, surtout depuis les confinements: les cours de français qui leur étaient dispensés par des bénévoles du Collectif Migrants ont été interrompus, et ils ne reçoivent que rarement la visite d'une éducatrice. Leur situation reste toutefois bien meilleure que celle que nous allons bientôt voir à Calais...
En parlant de Calais, une fois n'est pas coutume, nos plans ont complètement changé. Si vous aviez bien suivi, on devait se rendre à Calais en stop pour rejoindre une association d'aide aux migrants et y être bénévoles pendant quelques semaines. Mais entre-temps, on est tombés sur un appel à projet pour devenir les Ambassadeurs de la Vélomaritime, une vélo route qui va de Dunkerque à Roscoff (Finistère). On vous en dira plus si notre candidature est retenue mais toujours est-il que le projet ne peut s'effectuer qu'à partir du mois d'avril. Et comme Calais est située au début de la Vélomaritime, on s'est dit qu'on pouvait décaler notre itinéraire pour n'y arriver qu'en mars.
Et comme en plus on n'avait pas envie de faire du stop et qu'on préférait se lancer un nouveau défi sportif, on a décidé sur un coup de tête de partir faire l'Eurovélo 6, direction Orléans ! L'Eurovélo 6 est l'une des grandes voies cyclables mises en place au niveau européen. Celle-ci relie l'Atlantique à la Mer noire en longeant les principaux fleuves européens : la Loire, le Rhin et le Danube. Cette année, on va se contenter de la partie française : après en avoir fait un petit bout cet été avec ma sœur, Lucie, et le frère d'Antoine, Simon (la plus belle partie, celle des châteaux de la Loire), on va en faire une plus méconnue, de Mulhouse à Orléans, en traversant la Bourgogne.
En 48h, Antoine a réglé la partie équipement, négocié une réduction chez Decathlon et en est revenu avec deux magnifiques vélos et tout l'attirail nécessaire : sacoches, cuissards, vêtements de pluie,... Du matériel nécessaire pour les 3500km de vélo au programme de notre Tour de France !
Pour cette première partie de 800km, qui devrait débuter sous la neige selon les prévisions météo (le Jura ne nous a pas servi de leçon, on cherche les ennuis ...), on emmène bien sûr la tente et les sacs de couchage zero degré, mais on va aussi et surtout tester Warmshowers : un réseau qui met en relation les cyclistes pour offrir ou bénéficier d'une douche chaude, et en général aussi d'une nuit au sec et d'un bon repas. On a déjà reçu plusieurs réponses positives et enthousiastes : des soirées chaleureuses et revigorantes en perspective !
Sur la route, on a également prévu des périodes de quelques jours en wwoofing dans des lieux que nous avions identifiés avant notre départ : on travaillera dans des fermes en échange du gîte et du couvert. On est super excités par cette nouvelle aventure, avec une seule appréhension : celle de se prendre la pluie et le froid sans aucun endroit où s'abriter (resto, bar, musée...) grâce à ce bon vieux Covid. Destination Orléans donc, où on conclura notre Eurovélo 6 chez Simon. Et pour la suite, on verra : la perspective d'un troisième confinement qui viendrait tout chambouler nous a découragés pour planifier février aussi bien que nous avions planifié notre périple alsacien en novembre !
Le week-end dernier, Margo et Simon, la sœur et le frère d'Antoine, nous ont rendu visite. On s'est fait une petite virée dans les "Plus Beaux Villages" alsaciens, un régal de voir ces endroits sans les foules habituelles des marchés de Noël annulés cette année ! On a passé une chouette après-midi à déambuler dans les rues, vin chaud à la main, chantonnant Vive le Vent sur la musique diffusée par les hauts parleurs. On était bien contents d'avoir de la famille pour deux jours et d'improviser un petit réveillon anticipé, et on en profite pour vous rappeler que vous êtes tou.te.s les bienvenu.e.s pour nous rejoindre sur une étape !
Ah oui, dernière anecdote : experience insolite pour Antoine, qui a été recruté comme figurant pour un film dirigé par Clovis Cornillac ! Il a joué le rôle d'un soldat allemand pendant la guerre, dans une scène avec Léa Drucker qui descendait du train. J'étais également censée faire partie du tournage, mais j'ai manqué les essayages à cause de mon test positif au Covid... Un mal pour un bien, car j'ai ainsi échappé à la coupe au carré façon années 30 qui m'aurait gâché la figure pendant un moment !
Sur ce, nous vous souhaitons un Joyeux Noël, en famille ou non, prenez soin de vous ! 🎄🤶🌟