Bonjour à toutes et à tous !
Nous voici à Orléans, où nous clôturons la troisième étape de notre Tour de France, après la Grande Traversée du Jura en octobre puis le confinement en Alsace en novembre et décembre.
Un mois jour pour jour après notre départ de Kingersheim, le 26 décembre, nous sommes arrivés à Orléans après 882km sur l'Eurovélo 6 et deux détours wwoofing à la Ferme des Grands Noyers et en Terre Amoureuse.
Après ce dernier séjour à couper des pommes et découvrir l'accueil social, nous avons repris les vélos pour descendre la Loire.
A notre départ de Terre Amoureuse, jeudi dernierDes paysages assez peu intéressants, surtout sur la partie entre Paray le Monial et Nevers où on a surtout roulé sur des "autoroutes à vélo". Les bords de Loire ont l'avantage d'être très plats, mais du coup cela implique une certaine monotonie. Le premier jour, on a roulé tellement vite (un peu de vent dans le dos peut-être) qu'on a pu faire 90km sans trop se fatiguer jusqu'au joli petit village de Bourbon Lancy, où nous avions trouvé un Warmshowers (pour rappel, un logement chez l'habitant spécial cyclistes).
Des détournements originaux de vélos dans le joli village de Bourbon LancyNicolas, vétérinaire spécialisé dans les bovins, avait laissé la maison ouverte et nous avons pu nous poser une bonne heure avant qu'il revienne du travail et nous apprenne à faire des tagliatelles maison. Des discussions intéressantes sur la valeur de l'argent et la médecine à destination des animaux puisque Nicolas cherche d'année en année à réduire son chiffre d'affaires, en prescrivant le moins d'antibiotiques possible... Dans le sens inverse de ce que font bon nombre de vétos... Et pourtant cela nous paraît tellement sensé ! Merci Nicolas pour ton accueil!
Il y avait assez peu d'alternatives écologiques ou solidaires à visiter sur la route, mais nous avons quand même pu le lendemain passer quelques heures à Eotopia, un écolieu fondé par Benjamin Lesage, l'auteur de Sans un sou un poche.
"Vivre fauché mais vivre libre..." 💪On a frappé à la porte, deux garçons nous ont ouvert, et avant même de savoir qui on était ou ce que l'on voulait, ils nous ont gratifié d'un immense sourire et... d'un gros câlin. Autour d'une infusion, ils nous ont expliqué le fonctionnement et la valeur fondamentale de ce lieu alternatif : la liberté. Chacun.e fait ce qu'il ou elle veut, contribue à sa manière, rien n'est imposé, personne ne doit rendre de comptes à personne. Leur objectif étant de vivre avec un minimum d'argent, ils font les poubelles des grandes surfaces pour récupérer les invendus alimentaires et s'équipent chez Emmaüs. Ils organisent des festivals, des rencontres LGBTQ, des ateliers yoga, hébergent les visiteurs de passage dans de vieilles caravanes dispersées sur leur immense terrain. A Eotopia, on dort tard, on lit, on joue du piano, on cultive les légumes dans le jardin collectif, on oublie les gestes sanitaires, on fume uniquement en dehors de la propriété et on prend un seul repas vegan en commun, à 17h. Seulement 5 personnes y sont résidentes permanentes, mais les visiteurs, français ou étrangers peuvent y rester une heure comme un mois ou toute une vie, et faire de leur passage un moment de ressourcement ou un nouveau mode de vie. Eotopia, un dérivé du terme Utopie... En deux heures, on a eu du mal à voir le revers de la médaille, même s'il y a forcément des inconvénients à ce mode de vie sans contrainte et sans argent. Cela pose aussi la question des aides sociales pour compléter l'économie du don, du financement de l'essence et de la voiture pour aller au supermarché etc... Un débat compliqué entre profiter du système et développer une alternative utile à la société. Pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus, un article sur ce lien.
Mais à part qu'il faisait bien bien froid et que ce n'était pas un temple de la propreté, on doit avouer que cette vie faite de liberté, de sobriété et de chaleur humaine faisait plaisir à voir.
Le petit luxe d'Eotopia : une magnifique yourte cachée au fond des bois On a d'ailleurs été tentés d'y rester quelques temps, mais on a repris les vélos sous une pluie battante pour retrouver le lendemain ma soeur, Lucie, à Nevers. Le soir, on a dormi par terre dans le vestiaire méga crade d'un club de foot, mais c'était toujours mieux que monter la tente sous la pluie.
J'étais en train d'éternuer 🙈Le lendemain on a pour la première fois loué un appartement sur Airbnb afin de profiter des retrouvailles avec Lucie, de faire sécher nos vêtements, de cuisiner et de faire une grasse mat. En arrivant en ville, on a traversé la rue commerçante et apparemment on faisait tellement peine à voir, trempés sur nos vélos, que j'ai reçu des encouragements de la part d'un... SDF 😧 On a assez peu visité Nevers puisque de toute façon tout était fermé, mais on a pu se régaler avec une bonne raclette et nos célèbres burgers végétariens champignon/saint nectaire/confit d'oignon et frites de patates douces.
Petite pause churros dans la rue commerçante de Nevers, après la sieste En quittant Nevers dimanche à 16h, on a eu la chance d'éviter les flocons de neige durant les 15km qui nous séparaient de notre prochain Warmshowers. On est tombés sur une famille hyper accueillante dont l'unique soucis était de nous faire nous sentir comme chez nous. Et, chose très appréciable et pas si courante, ils ont compris l'importance de prendre une douche avant de nous poser pour l'apéro, et de nous coucher pas trop tard pour être frais le lendemain. On remercie ici vivement Yannick, Valérie et leurs deux garçons pour leur accueil chaleureux, la pile de crêpes, le petit déjeuner copieux et l'aide pour l'entretien des vélos !
On a clairement amélioré notre rythme de croisière puisque le lendemain, on a terminé notre étape de 70km à 15h. En plantant la tente dans un jardin municipal, on a du coup décidé de boucler les deux dernières étapes en une seule journée. Objectifs : 1/ éviter la grosse journée de pluie prévue le mercredi 2/ arriver à Orléans avant un potentiel confinement.
15h... L'heure normale pour se coucher quand on fait du vélo en hiverDu coup, hier, lever 7h30, la tente était gelée ainsi que le cadenas des vélos qu'on a mis 20mn à ouvrir avec l'aide d'un dégrippant prêté par un dépanneur tombé du ciel, qui nous a un peu pris pour des fous en voyant notre fraîche habitation. Il a eu pitié de nous et a insisté pour nous donner son briquet (?), comme quoi on en aurait plus besoin que lui. On n'était pourtant pas malheureux, et pour la première fois, j'ai même eu chaud en m'endormant. J'ai même pu enlever ma deuxième paire de chaussettes et ma polaire ! Les victoires du quotidien...
Quand la nuit a été fraîche Bref, départ à 9h pétantes pour une arrivée à 18h04 à Orléans. La journée a été dure, 115km dans un froid mordant et je n'avais pas du tout de jambes. Antoine a dû jouer le rôle de la batterie un bon nombre de fois et accepter une mini-pause tous les dix kilomètres, nécessaire à mon mental. En entrant dans le Loiret, les paysages étaient un peu plus sympas que les jours précédents : quelques jolis châteaux, un fleuve glacé, des faons, des cygnes, quelques passages en forêt.
De la Saône et Loire au Loiret en passant par l'Allier, le Cher et la Nièvre Un grand sourire a illuminé mon visage en apercevant au loin les tours de la Cathédrale d'Orléans. Quelques kilomètres plus tard, on a posé nos vélos devant chez Simon, le frère d'Antoine, super heureux d'avoir réalisé cet EuroVelo 6 malgré les conditions météo, mais quand même fourbus et bien contents d'arriver !
Grosse déception, il n'y avait pas de panneau à l'entrée de la villeAujourd'hui c'était grasse mat et journée tranquille avant la reprise du programme demain. On vous en dira plus très vite, mais pour le moment on laisse les vélos au garage !
Comme tout le monde, on attend avec impatience les annonces du gouvernement pour savoir à quoi nous en tenir, et on ne sait pas vraiment de quoi février sera fait.
Affaire à suivre... 😊
1484km parcourus, principalement à pied et à vélo, depuis le départ de notre Tour de France !