Carnet de voyage

La suite de notre voyage en Europe

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Une nouvelle page pour vous raconter la suite de notre voyage en Europe ! Le lien de notre blog précédent : https://www.myatlas.com/LenaEtVivien/europe
Avril 2017
30 semaines
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Publié le 26 mai 2017

Le 14 avril, on est arrivés en stop en Grèce, pour marcher dans le plus profond canyon du monde, les gorges de Vikos.

Comme on est arrivés dans une petite ville la veille de Pâques, on n'a pas pu changer nos Lek albanais contre des Euros. Donc on a décidé de partir à l'aventure avec nos réserves de nourriture et de tuer un peu de gibier en cas de rupture (nan, je déconne ^^). Les gorges de Vikos, c'est vraiment un endroit chouette pour crapahuter. On a passé trois jours dedans, à écouter les conversations des crapauds et le chant de la rivière. On s'est pris une bonne grosse pluie sur la tête, suivie d'une bonne grêle comme on n'en fait plus. On vous avoue que malgré notre équipement, on a fini tous mouillés.

En arrivant au bout du chemin, à Vikos, on ne pouvait toujours pas trouver d'Euros. Alors, Rolanda, une Hollandaise​ qu'on avait croisé en chemin a eu pitié de nous quand elle nous a vu manger nos tartines de pain rassis au sucre et elle nous a offert à manger. Elle nous a même proposé de nous prêter 50€, et qu'on la rembourse une fois rentrés en France. C'est fou ce que ça redonne foi en l'humanité de voyager !

Les gorges de Vikos 
Les bébêtes dans les gorges de Vikos 

Après Vikos, on a repris notre route. Près de Ioannina, on a rencontré Dimitris, un ferru de chasse. Sa chambre est remplie de têtes de bêtes empaillés, d'armes, de serpents et de lézards en bouteilles, et d'insectes plantés sur des petits clous. Il était très fier de sa collection. Nous, on a trouvé ça un peu malsain d'avoir son lit sous une étagère de reptiles morts. Heureusement, on a dormi dans la tente dans le jardin, avec l'herbe mouillée et les moustiques vivants.

Sur la route vers Meteora 

Le 18 avril, on est arrivés à Meteora. C'est un lieu plein de formations rocheuses étranges avec des monastères plantés dessus. C'est magique, surtout quand il y a de la brume.


Meteora 
La faune et la flore de Meteora 

Après ça, on a repris notre longue route pour le Péloponnèse, et en chemin, alors qu'on commençait à désespérer pour la nuit, une famille nous a hébergés près d'Athènes, c'était génial.

Quand on faisait du stop, un monsieur nous a déposé à Corinthe, juste sur le canal qui sépare le Péloponnèse du continent. C'est impressionnant !

De Meteora à la Magne 

Et enfin, le 21 avril, on est arrivés dans la calme région de la Magne. C'est un endroit pas encore très connu des touristes, ce qui lui permet de garder tout son charme. Les gens sont très accueillants, et vu qu'il y a peu de gens sur les routes, le stop marche très bien. On a donc passé quelques jours à parcourir la Magne en stop. En s'arrêtant par hasard dans un village, on a croisé Thanos, le Grec qui nous avait pris en stop à la frontière albanaise 10 jours plus tôt. Le monde est tout petit !

Il y a beaucoup de très belles plages et de petits ports choupis, et l'architecture médiévale donne un autre visage à la Grèce, qu'on imagine la plupart du temps parsemée de maisons bleues et blanches. Comme c'est une région isolée, on a vu énormément de maisons abandonnées en très bon état.

Dans la Magne, on a dormi dans une école pour la première fois. En Italie, on demandait tout le temps à dormir dans des écoles, mais à chaque fois, on nous accueillait dans un autre endroit. On a aussi dormi dans une gigantesque maison en construction, sur une falaise au-dessus de la plage et dans des oliveraies.

La Magne 

Dans la Magne, on n'a pas pu prendre de douche pendant plusieurs jours. Du coup, on s'est lavés dans la mer. Le sel, ça désinfecte !

La Magne 

On a quitté la Magne à regret, et on est arrivés en stop à Athènes, pour aller voir cet Acropole, dont tout le monde parle tant. Ça nous a paru grand, très grand, et magique, du fait que ces gigantesques structures tiennent encore debout après tant de siècles. Ça nous a plu et on ne regrette pas d'y être allés, mais on vous avoue en secret qu'on a préféré la vallée des Temples en Sicile, parce que c'est un site bien plus grand, qui surplombe une vallée magnifique et qui abrite bien plus de choses à voir que l'Acropole, et une documentation bien plus fournie et accessible. Et surtout, quand on marche, on n'est pas noyé dans un océan de perches à selfies. Voilà, c'est dit.

À Athènes, on a séjourné dans le quartier des artistes et des anarchistes, Exarhia, et on a aimé l'ambiance qui y régnait. Le soir, on a mangé un gyros au milieu d'un square remplie de gens pas pressés, dans une bonne odeur de cannabis. Des gens dansaient avec des chiens, d'autres mangeaient des souvlakis (brochettes), et tout le monde avait l'air de se sentir bien.

Athènes 

Après Athènes, on s'est dirigés vers notre destination suivante, à savoir Melnik, en Bulgarie. "Mais vous n'avez vu que ça en Grèce ?!" me direz-vous, et je vous répondrai que la Grèce, c'est comme l'Italie, si on veut la ratisser en long, en large et en travers, il faut y passer plusieurs mois, et payer des ferrys pas gratuits pour aller sur les îles. Or, notre porte-feuilles n'est pas un puis sans fond, et nous avons encore quelques endroits à voir dans d'autres pays. En planifiant notre trajet, on n'avait même pas prévu d'y passer, parce qu'on pensait qu'on n'aurait pas assez de temps. Mais ce bref séjour nous aura sacrément donné envie de revenir, parce qu'on a adoré l'accueil des Grecs, et parce que les paysages sont à tomber par terre. Et bien sûr, autre critère primordial pour nous, on y mange terriblement bien !

Bref, on a voulu sortir d'Athènes, et on a bien galéré. Heureusement, on a rencontré des gens super, comme Thanos, qui nous a proposé de dormir dans un local sur son terrain avec ses abeilles et ses poules, et qui nous a invité sur son bateau pour deux semaines, cet été ou un autre, pour aller voir les îles grecques. Il y a aussi Yannis, un routier qui nous a offert toute la nourriture que sa femme lui avait préparé avec amour. Yanis, pendant le trajet, il a vu une abeille, et il nous a dit qu'en Grec, 'abeille' se dit 'melissa'. Mais quand on a voulu lui expliquer que Melissa, en France, c'est un prénom, il a cru que c'était mon prénom. Alors pendant tout le trajet, il m'a appelée Mélissa.

Le trajet en stop entre Athènes et la Bulgarie 

On se répète, mais on a beaucoup aimé la Grèce. Les Grecs aiment leur pays, ils en sont fiers et ils veulent le faire découvrir aux étrangers. Pour vos vacances, si vous hésitez entre la Croatie et la Grèce, je vous conseille de loin la Grèce. C'est moins cher, il y a moins de touristes au m², et les gens nous ont paru plus chaleureux.

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Publié le 17 juin 2017
Les pyramides de sable de Melnik 

Le 3 mai, on est arrivés en Bulgarie, dans un minuscule village, où un monsieur nous a laissé dormir à côté de sa vache, de son veau et de son chien. Le lendemain, on est partis en stop vers Melnik, et en chemin, on a croisé un vendeur de yahourt qui nous a donné 1kg de yahourt. Ça nous a fait plaisir parce qu'on n'avait plus grand chose en stock, mais on s'est demandé comment on en viendrait à bout. Bah oui, parce qu'à deux et sans frigo, ça en fait du yahourt à manger vite !

Arrivés à Melnik, alors qu'on cherchait une chambre, une mamie s'est mise à nous courir après en chaussons dans le lit asséché de la rivière pour nous proposer une chambre. Elle nous a fait un peu de peine avec ses bas troués et son arthrose, alors on a préféré aller dormir chez elle que dans un hôtel​ plein de touristes allemands.

Melnik 

Autour de Melnik, il y a des montagnes, et dans ces montagnes, on peut admirer des pyramides de sable formées par l'érosion. C'est un paysage hors du commun. C'est l'endroit qu'on a préféré en Bulgarie. En se promenant, on a croisé des serpents, dont un beaucoup trop long et épais à mon goût. On a aussi croisé des tas de chiens qui protégeaient des tas de moutons et de vaches.

Les pyramides de sable de Melnik 

Après Melnik, on a décidé d'aller faire un tour à Sofia, la capitale. On a trouvé la cathédrale orthodoxe Alexandre-Nevski très belle. Elle est immense, et qu'on soit à l'intérieur ou à l'extérieur, on en prend plein les yeux.

À part ça, on n'a pas été subjugués par la ville. Alors oui, on s'est pris des trombes d'eau sur la tête, mais même une fois le soleil remis en place, on n'a pas trouvé l'endroit foufou.

Sofıa 

À Sofia, il y a un monument à la gloire de l'Armée Rouge. Sa particularité, c'est que les soldats de ses bas-reliefs changent de look au fil de l'actualité. Au lieu de vous en dire plus, je vous renvoie vers cet article, qui en parlera mieux que moi. Et si vous voulez voir les photos des différentes tenues des soldats, c'est par  !

Les soldats de l'Armée Rouge changent de look
Le monument à la gloire de l'Armée Rouge 

Après Sofia, on avait prévu de prendre un train de nuit pour aller à Istanbul. C'était sans compter sur la guichetière de la billetterie internationale. Cette femme odieuse a essayé par tous les moyens de nous voler en nous donnant de mauvaises informations, en ne voulant pas répondre à nos questions et en nous criant dessus. Avant de partir, on avait lu qu'en Bulgarie, la corruption était encore très présente, et là, on en avait un exemple très désagréable sous les yeux. Elle cherchait à nous embrouiller dans les prix et les nombres de couchettes par compartiment en nous donnant des prix faramineux, pour se mettre quelques billets dans la poche. Heureusement, une Américaine qui avait déjà pris ce train et qui connaissait les prix est arrivée à notre secours et elle a remis les choses en place. Ah, la corruption, ce fameux symptôme d'un État qui ne tourne pas rond ; on s'en passerait bien. J'ai trouvé par hasard cet article du Figaro qui parle de la corruption en Bulgarie. Il date de 2009, mais d'après ce qu'on a vu et entendu, peu de choses ont changé depuis. Je reproche juste une chose à cet article : comme le reste des média mainstream, il montre la Russie comme un grand méchant pas beau et l'Union Européenne comme le héros gentil et intègre. J'aurais juste apprécié plus de nuances.

J'ai pris des trains de nuit à plusieurs reprises déjà, en France, en Allemagne, et en Ukraine, et ces différentes expériences ne m'ont pas aidé à raffoler de la chose. Et pourtant, j'ai aimé celui qui nous a emmené à Istanbul. D'abord, le responsable de notre wagon était un homme tout a fait charmant et poli, ce qui était d'autant plus agréable après notre entretien avec la guenon du guichet à la gare de Sofia. Ensuite, le compartiment était propre, agréable et spacieux, et dedans, nous n'étions que deux. Les responsables de wagons prenaient un soin particulier à répartir les gens dans les compartiments pour que personne ne se retrouve dans un compartiment avec un inconnu. Ça permet de dormir sans avoir peur de se faire voler ses affaires et ça permet aussi d'avoir un peu d'intimité.

Notre nuit a été rythmée par les contrôles des billets, des passeports, des bagages, et des compartiments. À 3h du matin, on a dû sortir du train pour aller montrer nos passeports à la douane turque. Donc autant vous dire qu'on n'a pas dormi beaucoup.

Notre arrivée en train à Istanbul 

Arrivés à Istanbul, on a mangé un loukoum pour la forme, et on a pris le chemin de l'appartement de Benoît. Benoît, c'est un Belge qui vit à Istanbul avec sa femme turque, Aysun. On l'avait rencontré en Italie et il nous avait chaleureusement invité chez lui.

À notre arrivée, il nous a préparé un petit déjeuner royal et on a pu se reposer un peu. Benoît est guide culinaire, c'est à dire qu'il fait visiter la ville à travers les pratiques culinaires d'Istanbul. On découvre des endroits dans lesquels on ne serait jamais allés tout seuls, et on goûte à toutes sortes de choses succulentes. Donc quand il nous a emmené découvrir son quartier, Beşiktaş, et le quartier de Taksim, il n'a pas hésité à nous montrer tout un tas d'endroits et à nous faire goûter tout un tas de trucs délicieux et inconnus pour nous.

La nourriture à Istanbul 

Avant de venir, j'avais lu qu'il y avait entre 15 et 20 millions d'habitants à Istanbul, et je m'étais dit que ça devait être une grande ville étouffante. Et en fin de compte, pas du tout. Le Bosphore fait respirer la ville et les nombreux parcs permettent de se reposer la tête.

On avait prévu de rester 3 ou 4 jours chez Aysun et Benoît. Au final, on est restés une semaine. On s'est rendu compte qu'on avait besoin de recharger les batteries parce qu'on était complètement à plat. Et surtout, Istanbul est une ville tellement grande, que même une semaine, ça ne suffit pas.

Istanbul nous a émerveillés, il y a une ambiance magique dans cette ville. Plus tard, en Serbie, Jelena, une hôte de couchsurfing​ nous a dit "When I was in Istanbul, it was so magical that I could imagine the carpets flying, like in the tales !" J'étais entièrement d'accord avec elle.

À Istanbul, il y a les belles mosquées, le chant du muezzin, les cris des maraîchers, le calme des pêcheurs sur le pont de Galata, les ferrailleurs qui parcourent les rues avec leurs charettes. Il y a les odeurs de nourriture, la cohue dans le bazar, les discussions entre mouettes, le ballet incessant des bateaux, les femmes au voile intégral, les femmes en mini-jupes. Il y a les tziganes qui vendent des fleurs ou qui pèlent des figues sauvages, les chats errants, les pistaches roses vertes ou violettes dans les échoppes, les loukoums au safran, les ramasseurs de tasse de thé vides.



On a trouvé les Stamboliotes super sympa, très souriants et très ouverts. Et pourtant, on nous a dit que ça dépend des quartiers, qu'il y a des quartiers jeunes qui bougent, comme des quartiers très conservateurs, comme Üsküdar par exemple.

On s'est senti à l'aise dans cette ville immense, on s'est sentis en sécurité. Et pourtant, nos familles s'inquiétaient. "Il y a des attentats là-bas !" Oui, mais à Paris il y en a plus.

Aysun et Benoît nous ont dit que pour les touristes, il n'y a pas trop de soucis à se faire, mais pour les Turcs, c'est pas trop ça. Dans le quartier de Taksim, le parc Gézi a été occupé par des manifestants pendant 3 mois en 2013. Quand je dis occupé, ça veut dire que les gens se sont installés avec leurs tentes. Il y a eu des morts et des blessés, c'était pas de la tarte au sucre. Depuis, la ville a aménagé l'espace autour du parc pour simplifier l'intervention des forces de l'ordre. Et depuis le 29 avril 2017, le site wikipédia est inaccessible en Turquie. Le gouvernement accuse le site de participer à une campagne de dénigrement de la Turquie. Et par-dessus le marché, les résultats des dernières élections sont très contestées. Bref, ce n'est pas rose pour les habitants.


À Istanbul, on a l'impression qu'on peut trouver tout ce qu'on veut. D'ailleurs, on a vu des fruits qu'on avait jamais vus avant. On ne s'est pas senti oppressés par les commerçants qui nous proposaient leurs produits.

À Kadiköy, on a tellement aimé des loukoums qu'on est retourné dans le magasin. Le vendeur , Burhan, nous a trouvé des tabourets et nous a offert un thé. Il nous a raconté un peu sa vie, et ce type est trop swag.


À Istanbul, il y a des chiens et des chats errants partout, et ce sont les habitants qui s'en occupent. Ils leur donnent leurs restes de repas et leurs font des gratounettes en passant. Les chats surtout, ne sont pas à plaindre. Il y a des petits abris pour eux dans la rue, en bois ou en plastique, avec des couvertures, des bols remplis de croquettes et de ronron, et des bols d'eau. Il y a beaucoup de magasins animaliers et les ventes de croquettes marchent bien.


À Istanbul, on peut aller sur un banc et se prendre un chat sur les genoux un quart d'heure, ou jouer avec un chien dans un parc à la pause déjeuner. Ça détend, c'est du bonheur partagé, tout le monde y gagne. D'ailleurs, Aysun nous a dit que grâce aux chats, Istanbul n'a pas de rats.

En revanche, la question des chiens errants fait polémique depuis plusieurs siècles, puisque certains veulent les protéger, d'autres veulent les éliminer. Ainsi, en 1910, 60 000 chiens ont été déportés sur une île déserte et ont fini par s'entredévorer et par mourir les uns après les autres. On a vu mieux comme décision municipale... Aujourd'hui, beaucoup de chiens sont amenés dans les forêts autour d'Istanbul, ce qui n'est pas une solution non plus, puisqu'ils ont du mal à trouver à manger, malgré des camions de croquettes amenés regulierement par des associations.

Chats et chiens d'Istanbul

À Istanbul, on a eu l'impression que les gens vivent beaucoup dehors, sortent souvent, ont une vie bien remplie. On a eu l'impression aussi d'être dans une ville à la mécanique bien huilée, l'impression que les gens ici savent vivre ensemble.

Au détour d'une rue, on a croisé Eddy, un voyageur parisien qu'on avait croisé un mois auparavant en Albanie. Quand on s'était rencontrés, ni lui ni nous n'étions sûrs d'aller à Istanbul. À Istanbul, il séjournait chez des amis dans une rue parallèle à celle de Benoît. Le monde est tout petit = )

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Publié le 29 juin 2017

À Istanbul, on avait pris un peu de temps pour faire le point sur notre voyage. On avait regardé ce qu'il nous restait en temps, en argent, et en endroits à voir. C'est là qu'on a décidé d'aller un peu plus vite en faisant moins de stop, et en utilisant plus les trains et les bus. Il nous restait beaucoup d'endroits à voir, et on a dû en enlever quelques-uns pour ne pas devoir courir.

On avait pensé faire un petit tour de la Turquie, mais vu la taille de la Turquie, notre tour aurait été tout sauf petit. Donc on a sagement repris notre train de nuit pour retourner visiter quelques endroits en Bulgarie.

Le 15 mai, à 6h du matin, on est arrivés chez Dinko pour visiter Plovdiv, la plus vieille ville d'Europe. Cette ville fortifiée a été érigée par les Thraces vers 4000 av. J.C. Ensuite, elle est devenue romaine. Du temps des Romains, il y avait sept collines autour de la ville, un aqueduc, un cirque et un théâtre. Comme à Rome. En 2019, Plovdiv sera la capitale de la culture.

Plovdiv 

Après, on a pris des trains et des bus et on a marché et on a fait du stop, et on a fini par arriver dans un village qu'on nous avait conseillés, Koprivchtitsa. On a pris une chambre pour une nuit, et à chaque fois que les propriétaires nous voyaient, ils accouraient en disant : "Problem ?! There is problem ?!" C'était plutôt déstabilisant. On a trouvé le village mignon, mais pas au point de faire un détour monstre pour y aller, donc on a été un peu déçus. Mais peut-être​ que l'intérêt, c'est de randonner autour ? On ne le saura pas, parce qu'on n'y retournera jamais.

Koprivchtitsa 

La Bulgarie est un très beau pays, il y a de belles choses à voir. Malheureusement, à quelques exceptions près​, nous n'avons pas apprécié l'accueil des Bulgares. Et malheureusement, ce qui fait un pays, ce sont les gens qui y habitent. Pour rien au monde je ne remettrai les pieds dans ce pays. En cherchant des infos sur internet, je suis tombée sur des avis très négatifs de touristes sur tripadvisor, sur booking et sur google ; j'ai trouvé ça très triste. Ce sont des gens qui comme nous on trouvé le pays très beau, mais qui, malgré leurs efforts, ont été confrontés à un manque crucial de politesse et de savoir-vivre.

En Slovaquie, beaucoup de Slovaques s'étaient montrés froids et désagréables avec nous. Et bien là, on a trouvé les Bulgares bien pires. D'ailleurs, chaque personne qui a déjà été en Bulgarie ou qui connait quelqu'un qui y a été a une histoire deplaisante à nous raconter. On a entendu plusieurs histoires de voitures volées, de serveurs pas sympas, et de gens avec des comportements bizarres. La dernière en date est tout simplement géniale : à Odessa, un Allemand nous a raconté qu'alors qu'il roulait de nuit dans sa voiture en Bulgarie, il a dû piler parce qu'au milieu de la route se trouvait un mec avec une kalachnikov. Le mec en question à braqué son arme sur la voiture parce qu'il voulait... des clopes. Voilà. Si vous êtes en manque de sensations, c'est le pays idéal.

Jusqu'à maintenant, il y a deux endroits qu'on a eu hâte de quitter. La Slovaquie, à cause de la froideur des gens, la Sicile, à cause de la saleté, et maintenant, on peut en compter un troisième, la Bulgarie, à cause du manque l'amabilité des gens. Nous sommes tombés sur des Slovaques et sur des Bulgares très sympas, mais c'était des exceptions. Sur 24 pays, deux nous ont un peu refroidi. Il est évident que ce n'est que notre avis, et qu'il ne faut pas s'arrêter dessus sans aller vérifier ce qu'il en est par vous-mêmes. Des gens ont adoré leur voyage en Bulgarie. Peut-être que vous adorerez aussi. Il ne faut pas se fier à tout ce qu'on vous raconte = )

C'est donc avec joie que nous avons quitté ce pays, et que nous sommes arrivés en Macédoine. On a décidé de faire un tour dans la capitale seulement, à Skopje.

Skopje 

Skopje est une sorte de ville-musée, utilisée par le gouvernement pour montrer au reste du monde (et surtout à la Grèce) à quel point la Macédoine est un pays aux origines ancestrales.

Il y a une gué-guerre entre la Macédoine et la Grèce, parce que pour les Grecs, la Macédoine est historiquement une région grecque, du coup, la Macédoine (le pays) devrait s'appeler autrement. À cause de ça, la Grèce bloque la reconnaissance internationale de la Macédoine depuis 1991 et l'appelle ARYM (Ancienne République de Macédoine). Et pour les Grecs, l'histoire de la Macédoine fait partie intégrante de l'histoire grecque. Alors quand les Macédoniens ont proclamé Alexandre le Grand comme leur héros national, quand ils ont utilisé son nom pour baptiser l'aéroport de la capitale en 2006, et quand en 2009 ils en ont fait une statue de 22m à côté de son fidèle destrier (Bucéphale pour les intimes), binh... Les Grecs ils ont pas aimé.

Sur la page concernant le stop en Grèce sur le site Hitchwiki, on a lu ça :

"It would be smart not to mention "Macedonia" as a country. Greeks call "Macedonia" the northern part of Greece. If you're going to the former Yugoslav Republic of Macedonia, and want to avoid the political conversation, just say that you're going to Skopje."

Et effectivement, quand un Grec nous a pris en stop dans son camion et qu'on lui a dit qu'après, on allait en Macédoine, il a tiqué. Il a dit "Non, vous n'allez pas en Macédoine, vous allez à Skopje."

Se promener dans Skopje, c'est un peu comme se promener à Disneyland. Le centre-ville est rempli de statues géantes, de fontaines démesurées, de bâtiments antiques gigantesques fraîchement construits, et il y a de la musique classique dans les rues. Tout cherche à montrer que la Macédoine est le berceau de l'Europe. Le meilleur de leurs ancêtres, c'est Alexandre le grand. Bon, en gros, ils ont complètement craqué. Certes, les Macédoniens ont des origines très anciennes, mais crier sur les toits que c'est un pays uni depuis des millénaires... C'est mentir. Beaucoup de Macedoniens en ont marre : le gouvernement jette l'argent des contribuables par les fenêtres pour construire des statues géantes, et des façades à moulures en polystyrène qui ne dureront pas 5 ans, alors que les gens sont dans l'ensemble très pauvres.

Petite anecdote parlante :

Une statue de Prométhée a été érigée en face du Parlement (ce qui a bien sûr suscité le mécontentement des Grecs). La nudité de ce charmant dieu grec ayant heurté la sensibilité de quelques personnes, la municipalité a demandé au sculpteur de lui fabriquer un petit quelque chose pour cacher tout ça. C'est probablement la culotte la plus chère du monde que lui a fabriqué le sculpteur, puisqu'elle a coûté la modique somme de... 100 000 €. Au même moment, une petite fille est morte parce qu'elle avait besoin de quelques milliers d'euros pour financer son opération, et le gouvernement a refusé de payer. Cela a suscité beaucoup de colère de la part des Macédoniens, et plusieurs manifestations se sont ensuivies.

Beaucoup de gens pensent que le gouvernement trompe les citoyens en leur communiquant des budgets mensongers. Ils disent que s'il faut tant d'argent pour construire cette statue, comment se fait-il qu'elle ressemble à une statue de carton-pâte ? Et du coup, les membres du gouvernement ne se mettraient-ils pas une bonne partie de l'argent dans les poches ? C'est un état où la corruption en politique bat son plein (encore un, me direz-vous), et les Macédoniens sont un peu fatigués de ça. Oliver, qui nous a hébergés, nous a confié qu'il adorait la Scandinavie, parce que là-bas, tout est bien rangé, à sa place, il y a des lois et les gens s'efforcent de les respecter.

On a bien aimé Skopje parce que c'est une ville vraiment étrange, toutes ces statues partout, c'est joli. Mais comme beaucoup de Macédoniens, on trouve que l'argent des contribuables devrait plus servir à améliorer les services publics et à rendre ses citoyens heureux, qu'à construire des monuments en carton-pâte pour persuader le reste du monde de la légitimité de la Macédoine.

Et on n'a pas trop aimé le fait que le gouvernement macédonien soit complètement anti-Albanais. Une partie de la Macédoine faisait partie avant de l'Albanie, du coup, c'est logique qu'il y ait une population albanaise. Mais comme la Macédoine essaie à tout prix de montrer qu'il y a une nation unie macédonienne qui existe depuis des lustres, ça le fait pas d'avoir des Albanais dans le pays. Un peu comme Hitler qui disait que les vrais Allemands étaient blonds aux yeux bleus et les Juifs n'étaient pas des vrais Allemands, vous voyez le danger ? En plus, j'ai vraiment kiffé les Albanais, et ça me dérange qu'une bande de débiles les embête alors qu'ils sont chez eux depuis plusieurs siècles.

Avril 2017, Skopje 

Et oui, tant de choses à dire sur un si petit pays !

Statue qui se demande si les politiciens de Skopje vont continuer leurs bêtises encore pendant longtemps 
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Publié le 24 juillet 2017
Prizren, Kosovo 

Après la Macédoine, on avait prévu d'aller au Kosovo, puis en Serbie. Sauf que ce n'est pas si simple ! Un Américain rencontré en Croatie nous avait prévenu, et en cherchant sur internet, on a découvert comment s'y prendre. Petite explication ! Si vous voulez aller au Kosovo, puis en Serbie : comme la Serbie ne reconnait pas le Kosovo, le passage à la frontière n'est pas simple. EN FAIT : si vous arrivez au Kosovo, on vous met un tampon du Kosovo sur le passeport. Quand vous sortez du Kosovo et que vous arrivez à la frontière serbe, il y a de grandes chances pour que la douane serbe ne vous laisse pas passer en Serbie parce que vous avez un tampon kosovar. DONC : soit vous allez d'abord en Serbie, puis au Kosovo et vous ne remettez les pieds en Serbie que si vous avez changé de passeport entre-temps ; soit vous utilisez votre passeport pour entrer au Kosovo, et votre carte d'identité pour entrer en Serbie, comme ça, la douane ne voit pas le tampon. C'est cette option qu'on a choisie. Voilà. Donc la guerre est finie depuis 1999 mais certaines choses sont encore compliquées au niveau international. Il reste encore plein de pays qui ne reconnaissent pas le Kosovo, vous pouvez voir lesquels ici.


Bref, le 20 mai, on est entré au Kosovo, à Prizren, et ça nous a plu. De toutes les mosquées que j'ai vu pendant le voyage, c'est celle de Prizren que j'ai préférée, la mosquée de Sinan Pacha.

Prizren 

On n'a pas trouvé de couchsurfing, et on vite compris pourquoi : on est arrivés la veille du Bunar Fest. Le Bunar Fest, c'est un festival pendant lequel il y a une course dans la rivière. Une cinquantaine de personnes montées sur des chambres à air de tracteur vont dans la rivière, et le premier arrivé au bout de la ville a gagné. Nan mais franchement, pourquoi s'acheter un yacht quand on a une chambre à air de tracteur ?

Bunar Fest 

À Prizren, on a trouvé les gens très gentils, très ouverts, et ça nous a donné envie d'y revenir un jour pour faire de la randonnée et pour visiter d'autres endroits. En plus, beaucoup de mecs ont des yeux bleus à tomber par terre.

Comme prévu, pour repartir du Kosovo et aller en Serbie, les douaniers ont essayé par tous les moyens de nous soutirer notre passeport, en nous disant qu'on ne pouvait pas passer la frontière avec nos cartes d'identité. On a répété en boucle qu'en n'en avait pas, et qu'il y avait des accords entre la Serbie et l'UE qui nous permettaient de passer, et ils ont fini par nous laisser entrer. On s'est dit qu'on avait bien fait de prendre nos passeport et nos cartes d'identité.

Avant de mettre les pieds en Serbie, j'étais persuadée que les Serbes, c'étaient des gens bêtes et méchants. Pour moi, ils étaient à l'origine de la guerre en Yougoslavie. Tous les morts, les violés et les mutilés, c'était eux. Mais je le pensais juste, je ne le disais pas. Je pensais ça parce que c'est ce que j'avais entendu dans les media et dans mon entourage, et ne connaissant rien de la Serbie, j'étais restée là-dessus. En apprenant qu'ils ne reconnaissaient pas le Kosovo, je m'étais dit : "C'est normal, ils sont serbes." Et puis à l'hostel, au Kosovo, le patron de l'hostel nous a raconté des trucs vraiment pas cools que les Serbes avaient fait à sa famille, alors ça n'a rien amélioré. Je me disais tout ça sans avoir de réelles connaissances sur le déroulement de la guerre, sans connaître le moindre Serbe et sans rien savoir de la Serbie. Je sais que les préjugés, quoiqu'on en dise, quoiqu'on fasse, on en a tous, c'est comme ça que notre cerveau fonctionne ; mais je sais aussi qu'ils ne reflètent pas toujours la réalité. Donc j'avais envie d'aller en Serbie, histoire de vérifier. Et j'ai bien fait, parce que les Serbes, bah ils sont pas "bêtes et méchants". La guerre qu'il y a eu en Yougoslavie est quelque chose de beaucoup plus complexe que "C'est les Serbes qui ont commencé". Chaque Serbe n'a pas forcément tué, violé ou mutilé quelqu'un pendant la guerre. Si des gens ont fait ça, ils l'ont fait dans un contexte de guerre particulier. De nouveaux Serbes sont nés depuis. Les décisions des politiciens ne sont pas forcément les mêmes que celles des citoyens. Voilà. Donc non, le premier Serbe que j'ai rencontré ne m'a pas sauté à la gorge avec un couteau, il m'a payé une bière et offert son modeste canapé pour aller lui-même dormir par terre.

Petit aparté sur les préjugés


Le préjugé est le fruit du fonctionnement normal du cerveau. Pour survivre, l'humain associe le danger à sa cause. Si j'arrive dans un pays, et que dès les premières minutes, un homme me vole mon sac à main, mon cerveau associe cet incident désagréable au nouvel environnement dans lequel je viens d'arriver, et je vais penser que ce pays est dangereux. C'est comme ça que les bébés apprennent. Un bébé qui se brûle va associer le feu au danger. Et c'est comme ça qu'on devient raciste aussi : "Je suis blanche, je vis entouré de blancs, un homme noir m'insulte dans la rue, je vais penser que tous les hommes noirs insultent les inconnus dans la rue". Donc c'est normal d'avoir des préjugés, et les gens qui en ont ne sont pas forcément des gros connards. Mais c'est important d'essayer de vérifier s'ils reflètent ou non la réalité. Ça évite des baffes, des guerres, des assassinats et des malentendus désagréables entre voisins de pallier.

Belgrad

Belgrad n'est pas une ville magnifique. Il y a beaucoup de bâtiments moches et gris. Mais il y a quand même des rues sympas, avec de belles façades colorées de style austro-hongrois, et surtout, on a trouvé qu'il y avait une bonne ambiance.

Belgrad 

Il y aussi une forteresse qui surplombe le Danube, avec un grand parc, et c'est très sympa de s'y promener.

La forteresse de Belgrad 

Vuk Stefan, notre hôte couchsurfing, nous a montré l'ancienne gare de Belgrad, détruite. Quelques jours plus tôt, elle abritait encore des milliers de réfugiés venus d'Irak, d'Afghanistan et de Syrie, mais la mairie l'a détruite pour poursuivre un projet immobilier.

La "Route des Balkans" est un chemin par lequel beaucoup de réfugiés arrivaient dans l'Union Européenne. Il passait par la Serbie. En mars 2016, les lois ont changé ; l'Union Européenne a fermé ses frontières, et les réfugiés se sont retrouvés coincés en Serbie. Sauf que d'autres réfugiés ont continué d'arriver, quotidiennement. C'est dans l'ancienne gare de Belgrad qu'ils se sont "installés", pour la plupart. Malheureusement pour eux, cet hiver a été particulièrement vigoureux, et c'est dans des conditions inhumaines que les réfugiés ont essayé de survivre malgré tout. L'ancienne gare n'a ni portes, ni fenêtres, ni chauffage, ni au courante. Ils devaient donc se laver par des températures allant jusqu'à -15°C. Pour écrire dans ce blog, je fais de mon mieux pour ne pas vous raconter de salades, donc je vérifie souvent les informations que je vous sers. Et pour la première fois, j'ai pleuré en faisant mes recherches. En lisant des articles de presse et des pages internet d'ONG. J'ai appris que des migrants se faisaient battre, voler, déshabiller, humilier par les polices croate, hongroise et bulgare. Beaucoup de migrants. Voilà, je sais pas trop ce que je peux vous dire d'autre. Je vous laisse le soin de lire ces deux articles, que je n'ai pas réussi à terminer.

Ici, un article du Courrier des Balkans, en Français, très complet.

Ici, un article du Guardian, en anglais.

Refugees Not terrorists 

Après Belgrade, on est arrivés chez Jelena et Dalibor, qui nous ont fait visiter la ville de Novi Sad, ville à vivre idéale, selon nous. Là-bas, il y a des forêts, de belles maisons colorées, des festivals, du théâtre, plein d'associations, d'animations, et la taille de la ville est humaine Le seul petit inconvénient si vous voulez vous y installer, c'est qu'il faut apprendre le serbe.

Novi Sad 

Le 28 mai, on a pris le train pour Budapest. J'étais déjà venue deux fois, et ça ne m'avait pas trop enchantée. Et là, si, j'ai vraiment aimé cette ville. Comme quoi, tout dépend de la personne qui nous accompagne !

En route pour Budapest 

On est allés se promener dans Buda, la partie haute de la ville. C'est super chouette = )

Buda 

Le deuxième jour, on est allés se baigner dans les thermes de Széchenyi. Ce sont des termes avec des saunas, des hammams, des bassins qui ont des températures plus ou moins élevées, et dans l'eau, il y a des minéraux, comme du souffre par exemple, et leur concentration varie selon les bassins. Vivien adore les bains chauds, et j'ai cru qu'il ne sortirait jamais de l'eau.

Dans les thermes, en Hongrie, il y a des hommes qui jouent aux échecs dans l'eau.

Les thermes de Széchenyi 

À Budapest, on a dormi dans un camping, mais on a aussi passé une nuit en couchsurfing chez deux Indiens, Bibek et Shyshi (autographe extrêmement subjective). Bibek est un Sikh, c'est pour ça qu'il a un turban sur la tête. Son turban ne lui sert pas à aller tuer de pauvres catholiques innocents en se faisant exploser dans le métro, comme le pensent beaucoup de gens, mais tout simplement à ranger ses cheveux. Parce qu'en fait, dans la religion Sikhe, il est interdit de se couper les cheveux. La pratique de la religion sikhe se base sur la gentillesse, la prière et les bonnes actions. Donc la plupart du temps, les Sikhs sont des gens adorables, comme Bibek. En ce qui concerne Shyshi, on a passé plusieurs minutes à essayer de prononcer son prénom, mais on n'a jamais réussi.

Pest 

Et si un jour vous voulez apprendre le hongrois, je vous envoie courage, force et détermination, parce que ça va pas être de la tarte, j'vous l'dit !

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Publié le 15 août 2017
Dans les rues de Sighișoara 

Le 31 mai au soir, nous sommes arrivés en Roumanie. Vivien s'était déjà un peu renseigné sur la Roumanie, mais moi, je ne connaissais rien du pays. Et quand on ne connaît rien d'un pays, qu'est-ce qu'on fait ? Et bien on laisse notre cerveau faire sa tambouille avec ce qu'il entend dans les médias et dans la bouche des amis. Donc pour mon cerveau, la Roumanie, ça donnait ça :

"Roumanie : Pays qui se compose de tas de paille plantés sur des bâtons, de montagnes pleines d'ours avec des grosses griffes, et de forêts sombres avec des vampires dedans. Au milieu de tout ça, un vieux monsieur super sympa tient une fourche en souriant à côté de sa charrette et de son cheval et propose un verre d'alcool de prune à 50° à chaque personne qui passe. Quelques Tsiganes font de la musique le soir autour d'une roulotte pendant que des chiens errants fouillent dans les poubelles."

Alors effectivement, c'est un petit peu ça, la Roumanie ; mais pas seulement. Mais je n'avais même pas prévu qu'il puisse y avoir des villes dans ce pays ! Et pourtant, toutes les villes qu'on a visitées sont magnifiques ! La Roumanie a été une véritable surprise pour moi, je suis très contente d'y être allée. Je compte bien y retourner d'ailleurs, pour aller voir les oiseaux dans le delta du Danube et l’architecture en bois de la région des Maramur.

La première ville qu'on a vu est Cluj-Napoca. On a beaucoup aimé : c'est coloré, ça bouge, les gens sont sympas, et l'architecture est super jolie.

Cluj Napoca 

Après Cluj, on est allés faire un tour à Sibiu.

Dans le train pour Sibiu

Depuis qu'elle a été capitale européenne de la culture en 2007, Sibiu est une ville très dynamique. Il y a tout le temps des festivals, des concerts et des expos.On a adoré se promener dans les petites rues médiévales.

À Sibiu, on a été hébergés chez Andrea et Radu. Andrea récupère des chats et des chatons chez elle pour s'en occuper et les faire adopter. Quand on est arrivés, il y avait 7 chats et 9 chatons. Autant dire que ça fait beaucoup pour un petit appartement. Un tigré rampait dans le salon parce que ses pattes arrières ne répondaient plus ; un tricolore sautait sur les meubles en faisant tomber des pots de fleurs ; un angora grimpait sans arrêt sur nous pour avoir des caresses ; et un blanc était enfermé dans la salle de bain parce qu'il avait le sida des chats ; par conséquent, il était impossible d'aller faire pipi sans être harcelée par ce pauvre matou, qui par-dessus le marché avait les testicules vert fluo à cause de son traitement. Les chatons faisaient leurs besoin au gré de leurs déplacements sur le carrelage, ça sentait très fort le pipi de chat. Pendant ce temps-là, Radu jouait à Counter-Strike en fumant des Marlboro, et Andrea parlait aux chats en anglais en essayant vainement de nettoyer derrière eux. Ce fût une expérience inoubliable, comme vous pouvez vous en douter.

Sibiu 

Après notre séjour chez les chats, on est passés faire un tour à Sighișoara. Je me répète mais encore une fois, c'est une petite ville médiévale très jolie, très colorée, et très agréable. Comme à Cluj Napoca, il faisait si chaud qu'on a dû aller se réfugier dans le cimetière, à l'ombre des arbres.

Sighisoara 

Le 5 juin, on est arrivés à Brașov chez Andrei Flavius, un passionné de randonnée et de course à pied. Il nous a fait découvrir la ville à la vitesse de la lumière pour se dépêcher d'aller prendre son avion. Il nous a laissé son appart pour quelques jours, on a trouvé ça super sympa. Brașov est la ville idéale pour les gens qui veulent vivre à la fois à la ville et à la campagne. Comme Édimbourg, c'est une ville très culturelle, où il y a une vie étudiante et du travail, et en même temps, c'est une ville reposante entourée de collines vertes. On a adoré.

Brașov 

Comme on était pas loin, on est parti faire un tour au château de Bran, le fameux château de Dracula.

Bran 

On en a aussi profité pour aller faire une radonnée à côté de Brașov, à Zarnesti, dans les gorges d'une rivière, et on s'est fait saucer. On est rentrés complètement trempés, mais avec la ferme intention de revenir, parce que la Roumanie c'est vraiment magique comme pays.

Zarnesti 

Le 10 juin, on est arrivés à Bucarest. Beaucoup de gens, y compris des Roumains, nous avaient dit "Vous verrez, c'est une ville grise et moche. Je crois qu'elle ne vous plaira pas." Sauf que nous, on a trouvé la ville très chouette. Certes, il y a des endroits moches, mais c'est comme ça dans toutes les capitales. On a beaucoup aimé l'architecture, l'ambiance, et les parcs. À Bucarest, les Roumains se la pètent, parce qu'ils ont un arc de triomphe, comme à Paris.

Bucarest 

La dernière ville qu'on a visitée en Roumanie s'appelle Iasi. On peut y voir l'église des Trois-Hiérarques et ses façades entièrement décorées de pierre sculptée (oui, dit comme ça, ça à l'air chiant, mais je vous assure que ça vaut le coup d'oeil !) et le palais de culture, qui fait un peu penser au château dans Shrek.

Iasi 

En Macédoine, Oliver nous avait demandé si on allait visiter tous les pays des Balkans. Enthousiastes, on avait répondu que oui. Et là, il nous a demandé : "Même la Moldavie ?" Quand on lui a répondu que non, on n'irait pas en Moldavie, il a dit "C'est marrant, de tous les voyageurs que j'héberge, tout le monde a prévu de visiter les Balkans, mais personne ne va en Moldavie."

Effectivement, nous aussi, on n'avait pas du tout prévu d'y aller, parce qu'on avait entendu dire qu'il n'y avait rien à voir. On ne sait pas trop si c'est par défi ou par curiosité, mais suite à cette conversation, on a décidé d'aller faire un tour dans la capitale, à Chisinau. La Moldavie est un pays extrêmement pauvre, écartelé entre la Roumanie et l'Ukraine, c'est-à-dire entre la Russie et l'Union Européenne. Le climat politique est pas très cool, et il y a énormément de corruption. Son indice de développement humain (IDH) se situe juste après celui du Vietnam, et son PIB par habitant est le même que celui du Soudan. Bref, pas étonnant que les Moldaves émigrent par millions pour aller travailler à l'étranger.

Chisinau, la capitale de la Moldavie

Et il y a une chose à savoir su la Moldavie : sur son territoire se trouve la Transnistrie, aussi appelée République Moldave du Dniestr. C'est un état plutôt étrange, non reconnu internationalement. Seules l'Ossétie du Sud, d’Abkhazie et le Haut-Karabagh reconnaissent la Trasnistrie. Vous n'avez jamais entendu parler de ces territoires ? Nous non plus. La Transnistrie est le dernier territoire soviétique. Petit exemple : il y a une statue de Lénine devant le siège du Soviet Suprême. Bref, on n'y est pas allés, ça avait l'air trop barré et trop dangereux comme endroit.

Ah, et encore une chose : le Prout est le fleuve qui forme la frontière occidentale de la Roumanie.

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Publié le 8 septembre 2017

Voilà, nous avons quitté cette région que l'on appelle les Balkans. Mais les Balkans, c'est quoi au juste ?

Les Balkans, c'est l'ensemble du territoire qui regroupe les pays de l'ancienne Yougoslavie (la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Serbie, le Kosovo et la Macédoine), l'Albanie, la Grèce, la Bulgarie, la partie occidentale de la Turquie, et la Roumanie. Mais surtout, ce sont des pays unis par une culture commune, une histoire partagée, et un sentiment d'appartenance à une identité des Balkans.

Les Balkans 

Si vous voulez un aperçu des Balkans, vous pouvez jeter un coup d’œil à ça :

Top 10 Crazy things about living in Bosnia and Herzegovina

Sinon, vous pouvez regardez les films d'Emir Kusturica, commeChat noir, chat blanc(1998), Promets-moi (2007), ou La Vie est un miracle (2004), ou Le Temps des Gitans (1989). Sinon, il y a le tout dernier, il est encore au cinéma, il s'appelleOn the Milky Road, je ne l'ai pas encore vu.

Dans les Balkans, il y a...

Des restes de la guerre en ex-Yougoslavie

Avant, dans les Balkans, il y avait la Yougoslavie, gouverné par le régime communiste de Tito. Quand on dit communiste, on s'imagine souvent Staline qui a tué plus de gens qu'Hitler, mais il ne faut pas mélanger, la Yougoslavie n'avait pas le même fonctionnement que l'URSS. Bref, une guerre a éclaté en 1991. Elle a duré 10 ans, 7 mois et 12 jours, c'est-à dire longtemps. Comme c'est un conflit très récent qui a touché beaucoup de communautés et de kilomètres carrés, tout n'est pas redevenu rose par magie du jour au lendemain. Il y a eu des massacres, des crimes, des viols, des bombardements, et des sièges.

Mais les choses changent, à différentes vitesses selon les pays, mais elles changent. La Croatie et le Monténégro s'en sortent très bien grâce à leur littoral magnifique, qui leur a permis de s'enrichir avec le tourisme, et la Slovénie, forte de ses frontières avec l'Italie et l'Autriche, s'est beaucoup développée aussi. Même si pendant longtemps, les touristes ont évité les pays dans lesquels il y avait eu la guerre, la tendance s'inverse.

Ruines en plein centre de Mostar, Bosnie-Herzégovine

De la corruption

Les Balkans ne seraient pas les Balkans tels qu'ils sont sans la corruption. Au niveau politique, c'est pas l'éclate partout, et la corruption a une fâcheuse tendance à venir remplacer la vie politique fragile de certaines états. Pour la Roumanie, l'Albanie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine et la Bulgarie, la corruption fait partie de la vie.

 Chat noir, Chat blanc

Un mix incroyable de religions

Dans les Balkans, il y a principalement des orthodoxes, des catholiques et des musulmans. Et bien sûr, d'autres minorités viennent ensuite compléter ce tableau déjà bien compliqué. En Albanie, au Kosovo, et en Bosnie-Herzégovine, on entend l'appel à la prière, et le son des cloches des églises orthodoxes et catholiques. Je ne vais pas vous mentir, selon les endroits, la cohabitation des religions se passe plus ou moins bien au niveau politique. Mais globalement, j'ai été sidérée de voir l'harmonie qu'il y avait entre les différentes communautés.

De nombreux pays des Balkans ont été pendant longtemps occupés par les Ottomans, qui sont musulmans. J'en profite pour dire que les mosquées, je trouve ça tellement convivial comme lieu de culte ! Et en même temps, c'est un lieu idéal pour se reposer la tête. Bref, j'adore me vider la tête dans les mosquées.

Des bisous sur les icônes

Les Orthodoxes embrassent les icônes dans les églises. Chacun leur tour. C'est bon pour le système immunitaire ! Dans les églises orthodoxes, il y a aussi des hottes aspirantes au-dessus des bougies.

De la musique des Balkans !

Dans les voitures qui nous pris en stop, on a entendu beaucoup de musique des Balkans, mais très peu de musiques américaines. Si vous voulez un rapide apercu, je vous conseille la bande originale du film Chat noir Chat blanc, de Kusturica.

Chat noir, Chat blanc 

Nikola Tesla

Vous connaissez Edison et pas Tesla ? C'est normal, Edison avait le sens des affaires, tandis que Tesla était "juste" un inventeur de génie. Ce n'était pas un businessman, du coup ses travaux sont longtemps restés dans l'ombre, et il a fini sa vie dans la misère. Pourtant, c'est à lui qu'on doit le courant alternatif, et tout plein d'autres trucs chouettes. Et en 1901, tout le monde s'est foutu de sa gueule quand il a parlé d'internet sans fil. Il est né dans une famille serbe orthodoxe en Croatie, qui à l'époque se trouvait dans l'Empire d'Autriche, et il est parti vivre aux Etats-Unis. Il a eu la nationalité autrichienne, puis américaine. Donc pour faire court, tout le monde se l'arrache aujourd'hui.

Des dinars serbes, avec la tête de Nikola Tesla 

Une absence notoire de bacs à douche

En Albanie et en Bulgarie, la douche est bien souvent un pommeau de douche au bout d'un tuyau à côté des toilettes. Le bac à douche n'est pas encore un concept à la mode. Du coup, le principe, c'est de mettre de l'eau partout dans la "salle de bain". Quand on ne connaît pas, ça surprend.

Des touristes Allemands

Il y en a partout. À tel point que les locaux nous prenaient pour des Allemands quand ils nous voyaient arriver avec nos sacs à dos. Donc ils nous parlaient allemand.

Une poubelle pour le papier toilette

En Grèce, en Albanie et en Turquie, souvent, quand on va aux toilettes, on doit jeter le papier non pas dans les toilettes, mais dans une poubelle.

DE LA VIANDE

Mes chers amis végétariens, sachez que j'ai presque failli vous rejoindre ! On a ingurgité tellement de viande en Macédoine, en Serbie, en Roumanie, en Albanie et en Bosnie qu'on en a été un peu dégoûtés. Encore maintenant, on en mange très peu, on a vraiment été écœurés. Dans les Balkans, vous trouverez partout des čevabčiči. Ce sont des sortes de petites saucisses grillées, et c'est très bon. Mais avec modération. Vivien trouve que c'est beaucoup trop salé.

 čevabčiči 

Des bureks

Le burek est un feuilleté salé. Le feuilletage n'est pas fait avec de la pâte feuilletée comme nous la connaissons en France, mais avec de la pâte filo, plus fine. Le burek peut être à la viande, au fromage blanc, aux épinards, aux patates ou aux champignons. C'est idéal comme repas parce que c'est bon, nourrissant et pas cher. Mais comme pour le kébab, il peut y avoir de mauvaises surprises, et vous pouvez tomber sur un burek dont vous vous souviendrez toute la journée parce qu'il arrive que les conditions sanitaires du burekier soient un peu oulala. Avec tous les burek qu'on a mangés, on a été malades que deux fois, autant dire presque jamais. Burek se dit suburek ou placinta en roumain, banica en bulgare, byrek en grec. Notre burek préféré à été mangé en Grèce.

Des bureks 

Des Baklavas

À base de sucre, de beurre, de sucre, de noix, de beurre et de sucre, il vous permet d'exploser votre quota de calories. Si vous n'arrivez plus à vous lever de votre chaise, c'est que votre baklava est trop gras. Si vous avez mal aux dents, c'est qu'il est trop sucré. Comme le burek, le baklava est originaire de l'Empire Ottoman. Notre baklava préféré a été dévoré à Istanbul.

Les baklavas et leurs variantes

Du yahourt et du feta

Vous pensiez avoir tous les yahourts possibles et imaginable dans le long rayon de votre supermarché ? Faites un tour dans les Balkans ! Ils ont toutes sortes de yahourts et de fromages blancs différents, on s'y perd. Dans certains pays, quand on commande un burek, on peut demander à le manger avec un yahourt, ça fait partie du plat, en quelque sorte. Une fois, un Albanais a voulu nous offrir le déjeuner. Comme on ne savait pas quoi prendre, on a dit "comme toi". Et on s'est retrouvé avec un bol de 500g de yahourt nature et une soupe. 500g, ça fait beaucoup !

Et pour le feta, c'est pareil que le yahourt. Il peut y avoir cinq bacs identiques à la crèmerie, il n'y a pas écrit la même chose sur les étiquettes. Ça, on l'a surtout vu en Albanie et en Grèce.

Bref, les Balkans, c'est un grand mix de cultures, de religions, de langues, c'est une terre chargée d'histoire, et surtout, il y a une ambiance qu'on ne trouve nulle part ailleurs. On a adoré, ça nous a complètement dépaysé. Allez-y !

Chat noir, Chat blanc 
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Publié le 10 septembre 2017
Odessa 

Le 14 juin, on est partis de Chisinau pour aller à Odessa, en Ukraine. Ça paraît simple, dit comme ça, mais en fait on a bien galéré pour trouver des informations sur les bus. Pour aller à Odessa, on peut prendre le trajet le plus court qui passe par la Transnistrie ; cette option a une durée plutôt aléatoire, puisqu'elle dépend des relations entre la Moldavie, la Transnistrie et l'Ukraine ; de plus, la "douane" de Transnistrie déleste souvent les poches des voyageurs lorsqu'ils entrent sur le territoire, au gré de leurs envies. Sinon, il y a une deuxième option, qui consiste à faire un gros détour pour ne pas passer par la Transnistrie ; c'est cette option qu'on a choisie. Dans tous les cas, les routes sont très très abîmées, et les amortisseurs du mini-bus, bien en-dessous des critères que l'on a en France. Je n'arrivais pas à lire tellement ça bougeait, et ma tête a failli toucher le plafond plus d'une fois. On aurait dit un mini-bus rempli de joyeuses sauterelles. Tout le monde sautait sur son siège. Ce fût un trajet inoubliable !

On est arrivés à Odessa, et on a cherché l'appartement de Borys, notre hôte de couchsurfing. Comme il ne répondait pas au téléphone et qu'on ne savait pas dans quel bâtiment ni à quel étage aller, on accostait les gens qui sortaient de l'immeuble, et on leur montrait la photo de Borys en leur demandant "Connaissez-vous cet homme ?" Et on a finit par trouver une dame qui nous a amené sous son balcon. Borys a fini par nous voir et il nous a ouvert la porte.

Odessa, c'est une ville culturelle agréable, avec des plages, des promenades sous les arbres, et des gens sympas. J'ai trouvé que ça parlait beaucoup le russe là-bas.

Odessa 

Le 16 juin, on est arrivés en train à Kiev, la ville aux églises incroyables.

Kiev n'est pas pour moi la ville de rêve parce qu'il y a beaucoup de voitures, mais c'est sympa de se promener le long du Dniepr. Il y a des pêcheurs, des amoureux, et des gens qui se baignent sur les plages.

Kiev 

Comme c'était sur le trajet, on est repassé par Lviv, ville dans laquelle on était déjà venu au début du voyage. Ca nous a permis de voir des endroits qu'on n'avait pas eu l'occasion de voir la première fois qu'on était venus. On a séjourné chez Sergiei, un couchsurfer qui hait les Russes et qui d'ailleurs, n'en accepte pas chez lui. Il nous a fait entrer dans un bar très particulier, Kryjivka. A l'entrée, un homme armé crie "Gloire à l'Ukraine !" et pour qu'il vous laisse passer, il faut lui répondre "Gloire aux héros !". Il vous demandera peut-être s'il y a des Russes avec vous, ce à quoi il faut répondre "non" bien entendu. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce lieu était une cachette de l'armée ukrainienne. Aujourd'hui, c'est un bar à l'ambiance militaire, ou on peut voir des anciennes armes, et tirer sur le portrait de Poutine.

Lviv 

Toilettes turques

Saviez-vous que dans la langue anglaise les termes "French Toilets " désignent des toilettes turques ? L'endroit où on en a vu le plus, c'est en Ukraine.


Le 22 juin, on est parti à Lublin, une ville polonaise avec un centre historique très beau.

Quand on est arrivés à 21h, on n'avait toujours rien trouvé pour dormir. Les couchsurfeurs, les hostels, les hôtels, tout le monde était complet. Les seuls logements qu'il restait sur booking était des chambres d'hôtel à 200€ la nuit. Un peu désespérée, j'ai demandé à des couchsurfeurs s'il ne connaissaient pas un endroit pour planter sa tente. Deux couchsurfeurs nous ont répondu qu'ils n'allaient pas nous laisser dehors, malgré leurs emplois du temps chargés. On a remercié les deux, et on a choisi d'accepter l'invitation d'Agata, qui nous a amenés chez sa sœur, Natalia. On a passé une super soirée, c'était vraiment sympa. Comme quoi, c'est toujours bien de demander ! En plus, ça nous a fait du bien d'être chez une femme avec un intérieur propre, parce que la plupart des couchsurfeurs qu'on a rencontrés sont des hommes célibataires, et malheureusement, à quelques exceptions près, ils ont tous un gros, gros souci au niveau du nettoyage de leur appart.

Agata nous a expliqué que si tous les logements étaient pris, c'était à cause d'une invasion de Suédois : la moitié de la Suède a débarqué cette semaine-là pour soutenir son équipe de foot, qui jouait à Lublin contre la Slovaquie. Et effectivement, les rues étaient remplies de Suédois ; il y avait des familles avec leurs enfants, des groupes d'amis, des couples, et tout le monde était habillé aux couleurs de la Suède, en jaune et bleu.

Lublin 

Après notre visite de Lublin, on est parti voir Varsovie. J'y avais passé quelques jours une dizaine d'années auparavant, et j'en avais gardé le souvenir d'une ville grise, pluvieuse et maussade. Sauf qu'en 10 ans, il s'en passe des choses ! On est arrivés dans une capitale colorée, avec des façades rénovées, des foules de touristes, des musiciens dans les rues et des cafés et des restaurants partout. La place de la vieille ville était pleine de gens. On s'est promenés dans les rues, et on est allé marcher dans le parc Łazienki, où on a pu admirer le Palais sur l'eau et ses paons, le Théâtre romain, et le jardin botanique.

Pendant les trois jours qu'on a passés à Varsovie, on a vu plusieurs manifestations devant le Palais présidentiel. Ça fait quelques temps déjà que les Polonais manifestent leur désaccord avec le parti au pouvoir, le PiS, qui soit disant passant porte très bien son nom.

Varsovie

Après Varsovie, le but était de rentrer lentement en France, en passant par le Nord de la Pologne pour retourner voir ma famille, se baigner dans les lacs et dans la mer, puis faire un tour à Berlin. On a donc passé quelques jours à se reposer chez ma marraine à Bojano, à la campagne. Par contre, on n'a pas pu se baigner. Alors qu'à Varsovie, il faisait 30°, dans le Nord, il n'en faisait que 15. Une vague de froid et de pluie est arrivée avec nous, et on n'a pas pu profiter des lacs pour se baigner.

Bojano

Après Bojano, on est passé dire bonjour à mes grands-parents, à Sopot. Comme il faisait toujours aussi froid, on ne s'est pas baigné dans la Baltique. À la place, on s'est promenés et on a mangé des gaufres.

Sopot 
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Publié le 28 janvier 2018

Ça fait maintenant plusieurs mois qu'on est rentrés en France, mais je tenais à terminer le récit de notre voyage. Donc pour répondre à plusieurs questions : oui, nous sommes rentrés, oui, nous sommes vivants, et non, nous ne repartons pas pour 6 mois en Asie Centrale, mais nous nous installons en France, à Angers.

Chasse-neige dernier cri à Szczecin en Pologne 

Dans le dernier article, on était en Pologne, dans le Nord. Le 7 juillet, on est partis en stop en direction de Berlin. On s'est mis sur la route devant la maison de campagne de chez mes grands-parents, et le soir, on était à Szczecin, à la frontière allemande, chez une famille qui nous avait pris en stop. On a bu beaucoup beaucoup de bière, et le lendemain, on est arrivés à Berlin avec des Allemands de l'Est qui étaient allé faire leurs courses en Pologne, parce que c'est moins cher.

Berlin, c'est chouette, j'ai toujours aimé cette ville. C'est grand, c'est vert, on y respire et il y a toujours quelque chose à faire. Et puis il y a la Spree, ce fleuve si calme qui travers la ville et qui lui donne un air de campagne à certains endroits.

Berlin 
Le mur de Berlin

Le 12 juillet, on a décidé de retourner en France. En fait, à la base on avait prévu d'aller encore en Suisse, à Lyon, à Angers, et dans les champs de maïs chez ma cousine et son mari près de Vichy. Mais on a dû changer nos plans à cause de Pôle Emploi. Pendant le voyage, on n'a rien touché de Pôle Emploi, parce qu'on ne voulait pas. On a décidé de partir un an, pour ça on a économisé, on s'est préparé, et on ne voulait pas d'aides financières de qui que ce soit. Ne pas travailler pendant un an était notre décision, et recevoir de l'argent de l'État m'aurait vraiment dérangée. Je ne pouvais pas imaginer que de l'argent soit pris chaque mois dans le salaire des gens pour que je puisse tranquilement profiter de mes vacances. En revanche, on s'était dit que quand on rentrerait, on s'inscrirait à Pôle Emploi, le temps de retrouver un job. Exactement comme on l'aurait fait à la fin de notre contrat en boulangerie-pâtisserie si on n'était pas partis en voyage.

Donc avant le voyage, on s'était renseigné pour savoir si après un an, on aurait encore des droits. On s'était renseigné dans deux régions, auprès de cinq personnes, et on a eu cinq réponses différentes. Celle qui m'a le plus choquée, c'est celle d'un employé à l'agence de Reims. Il m'a demandé « Bah pourquoi vous ne demandez pas une aide maintenant ? Ça vous ferait un peu d'argent ! » Je lui ai répondu que j'avais décidé de partir un an en voyage, que pour ça j'avais économisé, et que je ne voulais pas que des gens se lèvent le matin pour me payer des aides alors que je moi je profiterais en voyage. Il a insisté, en disant « Oh vous savez, aujourd'hui tout le monde fraude, ne vous embêtez pas ! » Voilà. Un agent de pôle emploi qui m'incite à frauder, sans gêne. Tout va bien.

Avec nos cinq réponses différentes, on n'était pas beaucoup plus renseignés, mais ce qui ressortait de nos recherches, c'est qu'il fallait s'inscrire chez Pôle Emploi au plus tard un an après la fin du contrat, sinon c'était cuit. Avec ces infos, on s'est dit qu'au mieux, on aurait quelque chose, et qu'au pire, on n'aurait rien. Pour nous, ne rien avoir, c'était pas un drâme, parce qu'on avait prévu de l'argent pour quand on rentrerait. Et donc tout ça pour dire qu'on a essayé de commencer les démarches juste avant de rentrer, c'est à dire à Berlin. Comme on avait un cas particulier, on a voulu appeler le numéro Pôle Emploi avec le numéro spécial pour appeler depuis l'étranger. Et là, j'ai entendu une dame qui me disait ça :

"Ce numéro est réservé aux appels depuis l'étranger. Pour joindre Pôle Emploi depuis la France métropolitaine ou les départements d'Outre-mer, veuillez composer le 3949. Merci de votre compréhension." Pas de doute, on était bien à Berlin, on était entourés de saucisses au curry, de vélos et d'Allemands. Donc c'était bien le numéro pour appeler depuis l'étranger qu'il fallait utiliser. J'ai essayé le 3949 quand même, et là la dame m'a dit qu'il fallait que je compose le numéro pour appeler depuis l'étranger. Bref, Pôle Emploi et ses subtilités. Donc on s'est dit que le plus simple, c'était de rentrer en France pour régler cette histoire, et qu'on irait en Suisse et dans le Sud-Ouest de la France plus tard.

Bref, on est rentrés en stop, et le trajet s'est super bien déroulé. L'aire d'autouroute sur laquelle on s'est mis était remplie d'autostoppeurs français, alors on s'est dit qu'on était vraiment dans la mouise. On avait beau être gentils et mignons, on avait trop de concurrence. Mais au bout d'une demi-heure, Christophe, un Luxembourgeois, nous a fait monter dans son énorme 4x4 noir avec deux autres autostoppeurs. Avec son humour belge, son rire communicatif et ses bières, il nous a amené jusqu'au Luxembourg. Les deux garçons qui étaient avec nous, Ugo et Ulysse, rentraient d'un voyage d'une semaine, pendant lequel ils n'avaient pas dépensé un centime. On a trouvé ça chouette. Je vous mets un lien vers un article qui parle d'eux ici. Christophe nous a laissés tous les quatre sur une aire d'autoroute. Avec Vivien, on a trouvé des gens pour nous prendre en stop, mais comme nous on avait une tente et qu'on pouvait dormir dehors sans souci, on a laissé la voiture à Ugo et Ulysse. Ils nous ont dit par la suite qu'ils avaient réussi à rentrer à Paris avec un routier qui transportait 33 vaches. C'est la magie du stop. On ne sait jamais sur qui on va tomber = )

On a dormi dans notre tente sur l'aire d'autoroute, cachés derrière des buissons, et le lendemain, Marco et Matthias nous ont emmené à Paris, à deux pas de la gare du Nord. C'était deux Allemands qui avaient un faible pour les peluches. Marco m'a offert sa peluche Shaun le mouton quand on est arrivés à Paris, geste ô combien honorifique de sa part.

Retour en France en stop 

Et voilà, après un an, la veille du 14 juillet 2016, on est revenus en France. Ce qui nous a frappé, c'est les migrants entassés sur des couvertures et des cartons près de la porte de la Chapelle. J'avoue que ça a un peu cassé notre enthousiasme. Une fois rentrés, on a passé quelques temps chez ma mère en Picardie pour régler notre inscription chez Pôle Emploi et régler des papiers administratifs, et on en a profité pour se promener dans la région et aller voir la famille de Vivien dans les Ardennes.


Avilly Saint Léonard 
Quend-Plage, Baie de Somme 
Saint-Valery-sur-Somme 
Gerberoy
Montmartre, Paris

Une fois nos affaires réglées en Picardie, on a décidé d'aller vérifier si la ville qu'on avait choisie pour s'installer nous plaisait vraiment. Donc on est parti visiter Angers, dans l'Ouest.

Quand on est partis en voyage, on ne savait pas du tout où on habiterait en revenant. On pensait quitter la France et s'installer au Luxembourg, en Suisse, ou en Italie. On en avait assez de la France, on se disait que l'ambiance n'était pas terrible, que les taxes étaient très élevées, et qu'ailleurs, l'herbe sêrait sûrement plus verte. On avait décidé que si on s'installait en France, ce serait à Montpellier, parce que cette ville est super chouette et que là-bas, il fait chaud.

Au fil du voyage, on s'est rendu compte que l'herbe n'était pas si verte ailleurs. En regardant dans les autres pays, on a découvert qu'en France, on avait beaucoup de chance, et que ce n'était pas si mal finalement. Que les trains ne sont pas trop en retard (#l'Italie), qu'ils sont hyper neufs (#Roumanie) et pas chers par rapport à notre niveau de vie (#Slovénie). Que nos routes sont belles et praticables (#Moldavie, Pologne, Ukraine), que notre pays est grand et qu'il y a de tout à l'intérieur ; la mer, la montagne, la campagne, les châteaux, les belles villes. Que les Français ne sont pas si mal payés par rapport à leur niveau de vie (#Ukraine). Qu'ils ont plein d'aides sociales ; les APL, les bourses étudiantes, la sécu (#Albanie, où beaucoup de gens ne peuvent pas se payer le dentiste). Que le matériel médical dans les hôpitaux publics est bon (#Croatie, Roumanie), qu'on a de l'eau potable partout et en toute saison (#Albanie), qu'il ne fait ni trop chaud ni trop froid (#Les Balkans où en hiver ça caille un max et en été, c'est la canicule). Qu'on a de la bonne nourriture (#Bulgarie), qu'on a plein de trucs à manger en hiver, et pas seulement des patates et du chou (#Slovaquie), et qu'on a du bon pain (#beaucoup de pays).

L'Italie, c'est génial, mais pour les vacances. On ne se voyait dans des rues italiennes sur-caféinées où les vespas klaxonnent et manquent à chaque instant de nous renverser. On aspirait à plus de calme. Le Luxembourg et la Suisse, on n'y était pas allés, mais on en avait beaucoup entendu parler pendant notre voyage, et on se disait que c'était trop "parfait" pour nous. Trop calme, du coup. Et puis Montpellier, on s'est un peu renseigné, et on a découvert que la ville n'était pas si géniale que ça. Beaucoup de gens du Nord viennent s'installer à Montpellier, ce qui énerve les locaux, du coup ça rend l'intégration compliqué. Et puis apparemment, trouver du travail, ce n'est pas si évident, et puis on a beaucoup entendu dire que la ville était souvent sale. On n'avait plus trop envie d'y habiter.

Donc on a cherché une ville sympa où se poser en France. On voulait une ville ni trop grande ni trop petite, avec beaucoup d'espaces verts, beaucoup d'évènements culturels, avec des logements pas trop chers et du travail. Et au fil de nos recherches, on est tombés sur Angers. Des amis qui y avaient vécu nous ont confirmé dans notre choix, et on a décidé d'aller visiter la ville pour voir si elle nous plaisait vraiment. Donc on a pris un AirBnB et on est partis en Flixbus. J'en profite pour dire que le Flixbus, c'est bien parce que c'est pas cher et que ça dessert beaucoup de villes dans beaucoup de pays, MAIS si vous êtes très vieux, en surpoids, ou que vous n'aimez pas faire pipi sur un surface en mouvement, c'est pas bien.

Angers 

Angers nous a plu. On s'est dit que c'était une ville chouette, et qu'au pire, si on découvrait que la ville ne nous convenait pas, on pourrait toujours bouger.

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Le 4 août, on savait dans quelle ville et dans quel pays on voulait habiter. C'était un bon début.

Mais avant de s'installer, on devait encore aller voir de la famille et des amis en Suisse, à Lyon, et dans des champs de maïs près de Vichy. Parce qu'un an sans voir les gens qu'on aime bien, ça fait long ! Et puis il fallait aussi qu'on aille récupérer nos diplômes de boulanger et de pâtissière à Reims, parce qu'on était partis en voyage avant qu'ils ne soient prêts. Du coup on a pris un Flixbus et on est partis à Lyon, voir Stevana et Gaby. On voulait partir en stop, mais traverser Paris en stop, c'est fastidieux. J'en profite pour dire que Stevana a eu son diplôme et qu'elle est officiellement vétérniaire et que c'est trop la classe !

Lyon 

De Lyon, on voulai aller à Bâle, en Suisse, en stop. Un Allemand nous a amené dans un village à côté de Belfort, et à partir de là, on est restés méchamment coincés. Je me suis dit que comme le jour tombait, il fallait frapper aux portes pour dormir chez quelqu'un, parce que cette fois, on n'avait pas notre tente avec nous. Vivien était extrêmement sceptique, il pensait que ça ne fonctionnerait pas parce qu'on était des Français en France et que les gens auraient moins pitié de nous. Finalement, la première dame chez qui on a sonné était en pyjama et elle nous a offert des tomates de son jardin, et la deuxième nous a proposé la chambre d'amis. Comme quoi, c'est toujours bien de demander ! Le lendemain, après plusieurs heures à faire du stop en plein soleil, on est allé prendre le train.

Belfort 

Le 22 août, on est arrivés à Bâle, Basel pour les intimes. On a été accueillis par Bilal, un ancien pote taupin de prépa. On a adoré la ville ! Tout le monde là-bas a l'air parfait et gentil et mignon et riche. Et puis l'architecture est super chouette. Et LE truc qui m'a le plus plu, ce que les gens se baignent dans le Rhin ! Ils prennent des sacs étanches, ils mettent leurs affaires dedans, ils se mettent en maillot de bain et ils se laissent porter par le courant, en se reposant sur le sac étanche, qui flotte grâce à l'air qu'il y a dedans. Il y a des gens qui rentrent du travail comme ça. Je trouve ça complètement génial. La ville nous a tellement plu qu'on a pensé un moment s'installer là-bas. Et puis on a vu que tout était trop joli, trop propre, trop parfait pour nous. L'ambiance ne nous allait pas. Et surtout, on s'est dit qu'on aurait beaucoup de mal à s'intégrer. Et puis Bâle... c'est germanophone. Rien que ça, nous ça nous refroidit tout de suite.

Bâle

De Bâle, on avait le projet ambitieux et irréalisable de partir en stop jusqu'à Moulins, dans les champs de maïs de ma cousine et de son mari, c'est à dire en pleine cambrousse. En stop, quand on part d'une petite ville vers une grosse, généralement, ça se passe bien. Mais l'inverse, c'est souvent compliqué. On a roulé jusqu'à Montbéliard, et là, on est restés coincés. Comme c'était impossible d'arriver à Moulins en train avant la nuit, correspondance foireuse oblige, on a fait le trajet en deux jours en train, en faisant une halte à Dijon. Ca valait le coup, parce que Dijon, c'est vraiment une ville sympa.

Dijon 

Chez ma cousine et son mari, il y avait toutes nos affaires depuis un an. On les avait entreposées dans son grenier. Comme on n'avait pas encore de logement à Angers, on ne pouvait pas encore faire de déménagement. Mais pour trouver un logement, il fallait qu'on se base à Angers quelques temps, donc on a réservé un AirBnB pour le mois de septembre. Pour nos recherches, il nous fallait nos papiers, nos ordinateur, nos vélos, et il fallait aussi qu'on soit présentables pour les visites d'appartements, alors il fallait des vêtements qui ne soient pas des vêtements de randonnée. On a emprunté le van de ma cousine, on a mis nos affaires pour survivre pendant un mois de AirBnB dedans, et on est partis chez ma mère récupérer les affaires qui restaient là-bas. On a laissé toutes nos affaires dans le AirBnB et on est repartis rendre le van à ma cousine. Et après, on est revenus en Blablacar. En fait, rentrer de voyage, c'est de la logistique. On a récupéré des affaires en Picardie et en Auvergne, sans avoir de logement fixe, et il fallait maintenant en trouver un. On s'est pas mal creusé la tête pour savoir comment on allait faire pour faire le moins de trajet possible tout en récupérant toutes nos affaires et en étant SDF, mais même en faisant au mieux, on a fait beaucoup beaucoup de kilomètres.

Moulins 

Pour trouver un logement, il fallait qu'on trouve un travail, mais pour trouver un travail, il nous fallait un logement. Et ainsi de suite. Nous, on a décidé de faire les choses dans l'ordre, c'est à dire de chercher d'abord un logement, mais on avait un dossier bien pourri. En gros, dans les agences immobilières, il fallait qu'on dise : "Bonjour, on cherche un T3 sympa, on n'a pas de travail, et on n'a pas travaillé depuis un an !" Alors on a tout fait pour avoir l'air sérieux, j'ai mis mes lunettes, j'ai attaché mes cheveux, Vivien a mis une chemise, et on a tourné les choses autrement, pour que les agences immobilières ne nous envoient pas promener. On a dit un truc qui ressemblait plutôt à ça : "Bonjour, on cherche un T3 parce qu'on va avoir un enfant, on a beaucoup d'argent parce qu'on est boulangers-pâtissiers, d'ailleurs on est tellement riches qu'on est partis en vacances pendant un an. On va retrouver un travail sous peu, ça recrute beaucoup dans le métier. D'ailleurs on ne va postuler que dans les meilleurs boulangeries-pâtisseries de la ville." Certains agents immobiliers nous ont éconduits tout de suite, mais d'autres nous ont laissé une chance. Sauf qu'on était début septembre, la ville d'Angers accueillait 3000 étudiants de plus pour la rentrée, beaucoup de logements universitaires avaient fermé, et les agences immobilières avaient été dévalisées. On a visité ce qui restait, c'est à dire des horribles appartements crasseux avec moquette et odeur de couche dans l'ascenseur. Et puis un jour, on a visité un super maison, et on l'a réservée direct. On avait la chance d'être les premiers à la visiter, et il nous l'a fallait absolument, alors on est allés dire à la voisine propriétaire à quel point on était des gens gentils, riches, mignons, on a glissé dans la conversation qu'on lui apporterait régulièrement des pâtisseries et qu'on comptait rester très longtemps dans cette maison.

Notre dossier a été accepté, et on a dû trouver une solution pour attendre que les locataires quittent la maison. Notre réservation dans le AirBnB se terminait le 30 septembre et on ne pouvait rentrer dans la maison que le 3 octobre. Du coup, on a loué un van, on a mis toutes nos affaires dedans, et on est allé faire une virée sur les bords de la Loire pendant 4 jours, en dormant dans le van le soir. Quand je vous dis que rentrer de voyage c'est de la logistique !

Virée en van sur les bords de la Loire 

Le 3 octobre, on a ENFIN pu rentrer dans notre maison. Comme on avait peu d'affaires, on a vécu en mode camping jusqu'au déménagement.

Camping dans notre nouvelle maison 

Le 12 octobre, on est retourné une dernière fois à Moulins dans les champs de maïs de ma cousine et on a déménagé toutes nos affaires à Angers, dans notre nouvelle maison. Pour la première fois depuis un an, on n'était plus SDF.

Le déménagement 

Maintenant, il ne nous restait plus qu'à vider tous nos cartons, fabriquer les meubles qu'il nous manquait, laver tous nos vêtements et tous nos draps qui sentaient le grenier, et aller acheter plein de trucs qui nous manquaient.

Depuis, j'ai travaillé en tant que vendeuse au mois de décembre au Comptoir Irlandais. Depuis février, je travaille à La Bovida, et Vivien travaille dans une entreprise de conditionnement de viande. Trouver du travail avec la ligne "voyage d'un an" sur le CV, ça n'a pas été de la tarte, il a fallu être persévérant et très convaincant.

Voilà, nous sommes rentrés et installés, il ne nous manque plus qu'un chat. On tenait à écrire cet article sur notre retour et notre installation parce que c'est un moment très important du voyage. Dans les voyageurs qu'on a croisés sur notre chemin, dans les livres et dans les blogs, et dans nos amis, certains ont mal vécu leur retour. Beaucoup de couples se sont séparés en rentrant, ou quelques mois après. Beaucoup ont eu le blues à cause de la routine qui s'installait de nouveau dans leur vie. Certains sont repartis tout de suite après parce qu'ils ne supportaient pas leur quotidien devenu trop calme.

Alors pour mettre toutes les chances de notre côté, on a essayé d'anticiper au maximum. On a prévu un moment pour aller voir nos amis et notre famille, un moment pour régler les papiers administratifs, un moment pour trouver un logement, un moment pour s'installer, et un moment pour chercher du travail. Parce qu'on ne peut pas tout faire en même temps. On a prévu de l'argent pour que tout se passe pour le mieux, et on a beaucoup réfléchi à l'aménagement de notre maison, pour qu'on s'y sente bien. Quand on s'est retrouvés dans le AirBnB d'Angers, après avoir passé un an ensemble 24h/24, on avait besoin de se retrouver seul chacun de notre côté. Vivien avait besoin de rester dans son coin dans l'appartement, et moi j'avais besoin de sortir en permanence, je ne supportais pas de rester enfermée. Au début, ça n'a pas été évident, mais on a essayé de communiquer au maximum pour que ça se passe bien, et on réussi à s'adapter.

Maintenant qu'on a un chez-nous, on a envie d'inviter des amis, surtout qu'il y a beaucoup de personnes parmi vous qu'on n'a pas pu aller voir depuis qu'on est rentrés. Alors si vous voulez venir faire un tour à Angers, n'hésitez pas à vous manifester !

Nous à l'arboretum d'Angers
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Publié le 25 avril 2020

J'écris cet article pour répondre aux questions qui reviennent souvent.

Sommes-nous devenus hippy ?

"Est-ce que comme en voyage, vous continuez à vivre dans le froid ? À dormir par terre ? À prendre des douches tous les deux-trois jours ? À manger dehors sur un banc quand il fait -5° C ? à vous habiller en vêtements de randonnée ? à vivre avec 10 € par jour ?"

Et bien... pas vraiment non.

Après un an sans confort, on apprécie aujourd'hui d'avoir une douche, de l'eau chaude et potable, des toilettes, des casseroles, une cuisinière électrique, un four, des vêtements de ville, du CHAUFFAGE, et plus de sac à dos de 16kg à porter. C'est super agréable.

On a croisé des gens qui sont devenus un peu hippy sur les bords après leur voyage. Certains ont laissé tombé leur mode de vie d'avant et vivent dans un endroit pas très propre qui ressemble un peu à un squat, il y a toujours plein de gens chez eux et ils ne se prennent pas trop la tête. Nous on aime bien notre chez-nous alors je ne pense pas que notre maison finisse par ressembler à un squat. Par contre, dès qu'on aura un travail, on compte activer notre compte Couchsurfing pour héberger des gens, alors effectivement, il y aura peut-être souvent du monde chez nous.

Le voyage, ça nous a changés ?

Le voyage a quand même changé notre comportement et notre vision des choses. Quand on voit des sans-abris dans le froid, on ne réagit pas de la même façon, parce qu'on sait ce que c'est que d'avoir froid et d'avoir la dalle. On a plus de facilités à parler aux gens qu'on ne connait pas, aussi. En ce qui me concerne, quand je suis avec des gens, j'ai tendance à moins parler et à plus écouter les autres. À chaque fois qu'on montait dans une voiture ou qu'on était hérbergés chez des gens ont devait raconter notre voyage, et je crois qu'au fil du temps je me suis lassée. Maintenant, je me dis que quand j'écoute quelqu'un, j'apprends des choses, alors que quand c'est moi qui parle, je n'apprends rien.

Et avec nos 10€ par jour, on a appris à faire gaffe à ce qu'on dépense, c'est devenu automatique. Et quand on sort, ne serait-ce que quelques heures, on prend toujours de quoi survivre dehors : de l'eau, à manger, des mouchoirs et des vêtements de pluie. On a gardé l'habitude, ça finira sûrement par nous passer. On a dormi dans tellement d'endroits pas sécurisés qu'on a le sommeil plus léger maintenant. La nuit, on est plus à l'affût des petits bruits et on se réveille plus facilement. Les premières nuits qu'on a passées dans la maison, je pensais par moment que quelqu'un s'était introduit chez nous, et je mettais du temps avant de me rappeler que la porte était fermée à clef et qu'on était chez nous. Mais ça aussi, ça va finir par nous passer. On s'oriente beaucoup mieux avec et sans carte, et on arrive à savoir en combien de temps on peut parcourir une distance à pied. Et on a vécu tellement de situations où on était épuisés, où on ne savait pas où dormir, où il fallait quitter un endroit à cause d'un souci, qu'aujourd'hui on gère beaucoup mieux les problèmes. On le fait beaucoup plus calmement et de manière beaucoup plus pragmatique.

Qu'est-ce qui nous a le plus marqué ?

L'Europe, on y habite mais on ne la connait pas

Un certain nombre de personnes nous ont dit et nous disent encore "Vous n'avez fait QUE l'Europe ?" Et ça nous fait sourire. On a été a été frappés de constater à quel point on ne connaissait rien de l'Europe. On n'est pas allés bien loin, et pourtant on a découvert plein de choses. On a découvert qu'il y avait des cultures différentes au sein même de l'Europe, des religions différentes, et beaucoup de différences entre les pays au sein d'une même religion. En Sicile, on nous disait souvent "Ici, c'est déjà l'Afrique". En Bosnie-Herzégovine, on avait l'impression d'être à Istanbul. Ce qui a construit l'Europe, ce qui en fait sa puissance et sa beauté, c'est justement ce grand mélange de cultures et de religions, et je ne pense pas que ce soit une bonne idée de vouloir tout uniformiser dans le cadre de l'Union Européenne. Parce que cette uniformisation se fait sur le modèle de l'Europe occidentale : France, Bénélux, Allemagne, Autriche. Et les pays européens ne ressemblent pas tous à l'Europe Occidentale. Selon moi, cette uniformisation ne peut pas fonctionner partout, ou alors c'est au détriment de l'identité, et donc de la force de chaque pays.

Les humains sont gentils (sisi !)

J'ai été frappée par l'hospitalité et la générosité des gens. Souvent, on n'ose pas demander, on se dit que les gens vont nous envoyer promener. Alors que la plupart du temps, il suffit de demander. Et puis si quelqu'un nous dit "non", c'est pas grave. Des gens qui nous connaissaient depuis 2 minutes nous ont laissés leur maison. Des maraîchers nous ont donné des sacs énormes de fruits. Une fois, on marchait dans un vent glacial en Italie, et on a demandé s'il n'y avait pas des invendus dans une pizzeria ; le patron a dressé une table pour nous et nous a préparé une pizza. Je suis épatée. Ça montre que nous les humains, on est vraiment stupides et on passe notre temps à faire des conneries, mais on a quand même un bon fond !

L'Albanie, c'est un pays génial

J'ai été frappée aussi par les conditions de vie en Albanie. C'est un pays qui a beaucoup souffert de la dictature et qui a été isolé pendant très longtemps. L'albanie a beau faire partie de l'Europe, l'eau potable y est une denrée rare. En été, il y a souvent des pénuries. Nous avions entendu que dans certains endroits, les enfants n'avaient jamais vu de touristes, alors ils leur jetaient des cailloux. Nous avons vécu ça à Gjirokaster, qui est pourtant une ville touristique (pour l'Albanie). On marchait autour du château avec un Suédois qu'on avait rencontré à l'hostel, et un gamin s'est mis à le suivre en lui jetant des cailloux. Désemparé, le Suédois a souri au gamin en lui faisant coucou et en se prenant des cailloux dans le dos, et le gamin a fini par se lasser. Cet épisode n'a en rien altéré mon respect et mon admiration pour les Albanais. Ils en ont bavé, ils en bavent encore, mais ils m'ont donné l'impression de faire face à l'adversité avec calme, bienveillance et détermination. J'ai vraiment trouvé que les Albanais étaient des gens cools qui ne se prenaient pas la tête avec des considérations inutiles. Hier j'ai entendu une famille parler albanais dans un magasin, et ça m'a fait super plaisir d'en croiser dans ma ville. J'adore l'Albanie = )

Les migrants, leurs conditions de vie et l'accueil qu'ils ont reçus

Et bien sûr, j'ai été frappée par le nombre et la situation des migrants, et l'accueil qui leur a été fait. En 2015 a commencé une crise migratoire sans précédent au Moyen-Orient et en Europe. Et nous, on est parti en 2016, année pendant laquelle le flux de migrants a continué d'évoluer. Voyager dans 27 pays en un an, ça nous a donné du recul sur la situation. C'est un peu comme si on avait vu la situation des migrants en Europe vue du ciel. Évidemment, en 2015, on suivait l'actualité depuis la France à ce sujet, on entendait les débats houleux, les gens qui disaient "Il faut ouvrir nos frontières, nos maisons", ceux qui disaient "Il faut fermer nos frontières" ou "Il faut d'abord s'occuper de nos sans-abris", et ceux qui disaient "Il faut faire quelque chose, mais quoi ?" Et nous aussi, comme tout le monde, on avait un avis sur le sujet, et comme tout le monde, on se demandait comment ça allait évoluer. On a suivi ça avec nos yeux de Français en France. Et là, pendant le voyage, on a vu les situations dans chaque pays, les réactions des locaux, et on a rencontré des gens qui travaillaient avec les migrants, au sein de la Police et dans des associations. On a aussi rencontré des migrants qui nous demandaient de l'argent, parfois de manière agressive, et on a vu des douaniers fouiller les trains. Et tout ça, ça a complété notre vision des choses, nos informations sur la situation.

Il y a plusieurs choses qui m'ont beaucoup marquée concernant les migrants. On s'est très vite aperçu que comme en France, l'amalgame terroristes/musulmans/migrants/Syriens était à l'honneur dans beaucoup de pays. On a été choqués par la réaction de pratiquement TOUS les Polonais, les Tchèques et les Slovaques qui nous ont pris en stop quand on disait être Français. Les premiers mots, c'était "C'est vrai qu'en France vous avez plein de Noirs/d'Arabes ?", et après, ils demandaient souvent pourquoi on les laissait entrer chez nous, ou d'autres questions comme ça. Ce phénomène de racisme est notamment dû au fait que dans ces pays, il y a peu de personnes de couleur. Ces populations ont souvent dans la tête l'image d'une intégration râtée des immigrés musulmans en France, avec attentats à la carte. Mais c'est aussi dû à l'ignorance. Et c'est tellement dommage. On a bien senti que ce n'était pas dû forcément à de la méchanceté quand on est intervenu dans une classe de collège en cours de géopolitique en République Tchèque. Un professeur nous avait hébergé pour la nuit et le matin, il nous avait proposé d'intervenir dans sa classe sur notre ressenti en tant que Français ET en tant que voyageurs en Europe au sujet des attentats en France. En fait, en discutant avec ces ados, on s'est rendu compte que pour eux, les musulmans pratiquaient TOUS une religion qui les obligeait à tuer, à soumettre les femmes, à être barbus et à se comporter en connards. J'ai été obligée de leur expliquer qu'une religion touche à une partie très intime de chacun, donc qu'elle n'est pas considérée de la même manière par tout le monde, et surtout, que les religions ne se pratiquent pas de la même manière dans tous les pays, et qu'il est important de souligner qu'elle joue un rôle dans le fonctionnement de certains Etats. Bref, que c'est hyper compliqué. Et là, un blond aux cheveux longs de 13 ans m'a demandé "Ok, je n'avais pas pensé à tout ça. Mais moi, je ne sais pas du tout ce que c'est un Musulman. Dis-moi ce que c'est un musulman." Les gamins ont dans la tête le schéma "musulman = bombe+barbe+femme violentée", grâce à nos amis les média notamment. Mais en fait, concrètement, ils n'ont aucune info sur la religion musulmane. La porte ouverte aux amalgames dangereux. Cet ado m'a vraiment prise au dépourvu. Du coup, je lui ai parlé de la vie quotidienne d'un ami musulman que je connais qui habite en France. Je lui ai dit que ses parents sont nés en Algérie, que lui a grandi en France. Il est professeur de français, il s'habille normalement, il a des lunettes, quand il est avec des amis et qu'il y a du porc dans un plat, il mange autre chose parce qu'il ne mange pas de porc, exactement comme quelqu'un qui ne mange pas de poisson parce qu'il n'aime pas ça. De temps en temps il va peut-être à la mosquée de sa ville, je ne sais pas, il ne me l'a jamais dit. Je pense qu'il croit en Allah, je ne sais pas, il ne me l'a jamais dit. Il a une petite amie, il n'est pas marié, il est très sympa et très ouvert d'esprit. J'ai essayé de lui expliquer que la plupart des musulmans en France sont des gens normaux avec une vie normale. Et ça l'a étonné. J'ai bien souligné que les terroristes qui avaient commis les attentats à Paris étaient des terroristes, qu'ils n'ont pas fait les attentats PARCE QUE ce sont des musulmans. Et j'ai senti alors que quelque chose s'était débloqué dans la tête de ces ados tchèques. En fait, ils ne savaient pas ce que c'était un musulman, il fallait juste qu'on leur explique que c'est quelqu'un de normal. J'ai ajouté que tout le monde n'était pas comme mon ami professeur, que certains enfants d'immigrés, incapables de mettre le doigt sur leur identité, devenaient du jour au lendemain extrémistes dans leur pratiques religieuses, pour essayer de trouver une place dans la société. Et que ça, c'était en partie dû à l'incapacité des gouvernements à assumer leur passé. Des gens aujourd'hui sont perdus parce qu'on n'a rien fait pour les intégrer, eux et leurs familles.

On nous a alors demandé pourquoi il y avait autant de musulmans en France, et là on a mis les pieds en plein dans une autre cause de cet amalgame infernal : beaucoup ignorent le passé colonial de la France (y compris les Français). J'ai alors expliqué un petit peu que le Maghreb et la France, c'était une longue histoire, et que les Maghrébins n'avaient pas décidé d'émigrer en France juste comme ça pour le fun, histoire d'aller voir la Tour Eiffel.

Bref, après démêlage de l'amalgame, je me suis rendue compte qu'avec toute cette ignorance et ce mauvais traitement de l'information par les média et les esprits apeurés, on était grave dans la merde.

En Italie, on a rencontré plusieurs personnes qui travaillaient avec les migrants. Elles nous ont toutes dit que la prise en charge des demandes d'asile étaient mal encadrée. Par exemple, si on donne à un Lybien un papier de droit de séjour d'une semaine, il peut le jeter à la poubelle et il continuera à rester sur le territoire. Parce que le système est hyper mal fait. La loi prévoit qu'un demandeur d'asile puisse raconter son histoire, pour que l'Etat puisse accepter ou refuser la demande. Mais beaucoup de demandeurs ne connaissent pas leur droits, ni les démarches qu'il faut faire, et ainsi, beaucoup de gens errent dans les rues et attendent.

J'ai été choquée par les douaniers qui ont fouillé le wagon dans lequel on était. On était en Serbie, et on allait à Budapest, en Hongrie, donc on entrait dans l'UE. Ils ont fouillé le wagon comme s'ils s'attendaient à ce qu'un migrant sorte d'un accoudoir ou d'une poubelle. On aurait dit un sketch.

Et surtout, j'en ai déjà parlé dans l'article "De Prizren à Budapest", j'ai été choquée de voir les locaux de l'ancienne gare de Belgrad juste après leur destruction par la mairie. Des centaines de gens avaient passé l'hiver là, à se laver dehors par -15°C, vivant dans un bâtiments ouvert, dans des conditions inhumaines. Je remets ici le lien de la page du Courrier des Balkans qui traite de la situation des migrants dans les Balkans en temps réel. Et ici, je mets le lien d'une BD qui m'a beaucoup plus sur les sans-papiers, que j'ai trouvé très bien faite et très complète. Et oui, je vous saoule peut-être avec mes histoires de migrants, mais on a été projetés en plein dedans, alors ça m'a beaucoup marquée.

Le point de vue de Vivien sur ce voyage :

Les étapes de notre voyage d'un an. On a commencé par le trajet en violet, ensuite en orange, jaune, vert puis bleu

Quand on pense à un "voyage d'un an", on s'imagine avoir assez de temps pour parcourir le monde et voir tout ce dont on rêvait. Sauf que quand on commence à y regarder de plus près, on s’aperçoit qu'un an ça peut passer très vite ! D'ailleurs, pendant notre voyage, beaucoup de gens nous on demandé pourquoi on se limitait seulement à l'Europe, alors qu'on aurait pu en profiter pour visiter l'Asie par la même occasion. Et on sentait une certaine incompréhension quand on leur répondait que non, on n'avait pas le temps et que notre emploi du temps était déjà trop chargé. C'est normal, en même temps, quand on travaille et qu'on a que quelques semaines de vacances par an, on se dit qu'avec une année entière on pourrait tout faire.

Pourtant, quand on regarde le tableau ci-dessous, on s’aperçoit que finalement on a pas passé énormément de temps dans les pays qu'on a visités. Alors si on avait entrepris de visiter un ou deux autres continents en plus, notre voyage aurait été bien différent ; on aurait dû se limiter à passer quelques jours dans une capitale ou un lieu hautement touristique avant de le quitter pour aller dans le pays suivant. Mais nous, on a préféré passer un peu plus de temps dans chaque pays. Des pays pas toujours très attractifs pour les touristes, d'ailleurs.

(Oui, c'est pas tout à fait un voyage d'un an, il aura plutôt duré 11 mois)

Finalement, voyager pendant 11 mois à travers 26 pays, ça revient à passer "seulement" deux semaines par pays, en moyenne. Et avec notre rythme, en deux semaines, on arrivait à visiter environ cinq lieux différents. Que ce soit pour les randonnées, les villes ou les villages, pour chaque endroit ça donnait en gros 1 jour de trajet + 2 jours sur place. Alors, dans certains petits pays comme les États baltes, on a réussi à faire le tour en moins de deux semaines. Mais pour beaucoup d'autres pays, visiter seulement 5 ou 6 endroits, ce n'était pas suffisant et on aurait loupé trop de choses qui valaient le détour. C'est pour ça qu'on a passé trois mois en Italie par exemple : on n'arrivait pas à quitter ce pays tellement il y a de choses à voir. Et même en Italie, il y a plusieurs endroits qu'on voulait voir mais qu'on n'a pas pu visiter, faute de temps. D'ailleurs, voici quelques photos des lieux qu'on a retiré de notre trajet pour ne pas que notre voyage d'un an se transforme en voyage de deux ou trois ans.

De jolis endroits qu'on espère visiter un jour

Donc pour un voyage aussi long que le notre, il faut quand même faire une liste des priorités, et ne pas trop s’attarder en ajoutant d'autres destinations au fur et à mesure. Parce qu'on se retrouve inévitablement face à des opportunités uniques qui n'étaient pas prévues ; comme se faire inviter sur une île grecque, tous frais payés, pour naviguer sur un voilier avec des dauphins. Et c'est un peu frustrant de devoir répondre "Non, désolé, mais on a des trucs plus urgents à faire sur notre liste."

Mais tout dépend de la façon dont on voyage. On aurait aussi pu se laisser aller au gré des opportunités, Par exemple :

"On veut aller en stop à Berlin, vous allez où ?

- A Stockholm.

- C'est joli comme ville ?

-Oui c'est super, montez je vous y emmène !"

Ou alors on aurait pu avoir une organisation plus stricte. A peine arrivés quelque part, on réserve le billet de train pour le départ vers la destination suivante. Et s'il faut plus de temps que prévu pour visiter, eh ben tant pis, on avance.

Bref, il faut trouver un équilibre qui corresponde à nos envies. D'ailleurs, nous, on a décidé de s'enfoncer dans les zones reculées et les petits villages pendant notre voyage. Mais avec un an devant soi et un peu d'argent, tout le monde n'a pas forcément envie, comme nous, d'aller se perdre au fin fond de la Slovaquie dans un petit village peuplé de manouches juste pour admirer une chute d'eau. On peut aussi choisir de ne visiter que des lieux très touristiques, et dans ce cas, on peut voir carrément plus de choses incroyables en un an. Tout dépend de ce que l'on recherche. En tout cas, nous ce qu'on voulait éviter, c'était de faire un tour du monde ponctué de files d'attente dans les aéroports. On voulait rester immergés dans notre voyage, se déplacer en bus sur les routes moldaves avec leurs nids de poules, en wagon couchette en Turquie, etc.


Il y a une autre chose importante quand on veut entreprendre son "tour du monde", c'est d'éviter de se prendre pour un reporter photographique dont l'objectif est de bombarder ses réseaux sociaux avec des photos. Parce que dans les Hostels, on a rencontré pas mal de voyageurs qui donnaient l'impression de ne pas vraiment profiter de leur voyage. Ils publiaient des belles photos chaque jours pour leurs amis (qui devaient être émerveillés et jaloux), mais nous, ce qu'on voyait, ça ressemblait plutôt à une corvée : Levé à 7h00 pour prendre "La" photo incontournables avant que les touristes n'envahissent les lieux ; ensuite, manger en triant ses photos, rentrer à l’hôtel, répondre aux commentaires et faire ses valises pour le prochain selfie dans la ville suivante.

Bref, il faut essayer de voyager pour soi, et pas uniquement pour être celui qui a le CV de voyageur le plus impressionnant. Car oui, il y a une sorte de compétition entre voyageurs pour savoir qui a visité le plus de pays, ou qui a fait la randonnée la plus éprouvante. Et il ne faut pas rentrer dans cette compétition pour éviter, par exemple, de finir par gravir une montagne alors qu'on n'en a pas vraiment envie, juste parce qu'on veut se prouver qu'on est aussi courageux que les autres voyageurs.

En général, face à un randonneur qui se vantait de ses exploits, nous on avait pas (trop) honte de dire qu'on marchait à une moyenne de 2 km à l'heure sur une journée entière (avec des sacs a dos de 15 kg, et en comptant les pause photo, repas et l’installation de la tente). On savait très bien qu'on passait parfois pour des amateurs, mais on a quand même continué avec ce rythme au lieu de se dire qu'on devrait voyager comme les autres, plus vite.

D'ailleurs, on peut reparler un peu de notre façon de voyager. On a fait un choix parmi plusieurs possibilités qui sont plus ou moins confortables et coûteuses quand on veut voyager pendant un an. Donc si vous n'avez pas l'habitude, ou pas l'envie de porter un sac à dos lourd comme nous, c'est tout à fait possible. Il suffit de faire une croix sur le camping et de se replier sur les autres solutions d'hébergement (couchsurfing, hostels, airbnb, train de nuit, etc). Ca permet d'alléger le sac à dos et aussi de réduire pas mal les dépenses avant le départ (matelas, sac de couchage, tente, réchaud, gamelle). Bref, ça coûte moins cher au départ, c'est plus léger, moins dangereux et ça demande aussi moins de logistique. Alors pourquoi s'embêter à faire du camping pendant un voyage si long, me direz-vous ?

Eh bien, ça permet quand même plus de liberté. Quand on veut faire une longue randonnée et prendre le temps d'admirer le paysage, c'est possible. Si on est fatigué et qu'on n'est pas arrivés au bout, on peut dormir sur place. La tente nous a aussi permis d'éviter de payer l’hôtel quand c'était trop cher. Mais il faut relativiser ce point, car on aura seulement dormi 70 nuits dans notre tente, c'est à dire un quart du temps. Et comme on a acheté du matériel de camping ultra léger et ultra cher, je pense qu'on a à peine remboursé cet investissement. D'ailleurs, dans beaucoup d'endroits comme en Amérique latine, on peut passer une nuit à l'hôtel pour 5 € seulement. Et souvent, dans ces pays, le camping est a éviter à cause de l'insécurité.

Donc à vous de choisir, camping ou pas camping : c'est surtout une affaire de goût. Si vous avez peur des renards qui fouillent dans vos affaires la nuit, des ours qui hurlent et des branches qui bougent, optez pour l’hôtel. Mais si vous aimez vous réveiller dans des paysages magnifiques, cuisiner au feu de bois, et que vous laver a l'eau froide ne vous fait pas peur, prenez une tente !

Comme je suis en train d'évoquer les différentes solutions d'hébergement, j'en profite pour vous donner un petit résumé de tout les types d'endroits dans lesquels on a dormi pendant notre voyage. Il y a peut être quelques oublis*, mais cette liste vous donnera une bonne idée de notre façon de voyager.

* Je n'ai pas compté les nuits passées en France, parce qu'on a surtout été hébergés par notre famille et on n'était pas vraiment dans les mêmes conditions que pendant le reste du voyage.

Le nombre de nuits en hébergement gratuits :

(Total : 175 nuits)

  • 75 - Couchsurfing
  • 30 - Camping sauvage
  • 28 - Amis/famille
  • 13 - Chez l'habitant
  • 10 - Woofing
  • 6 - Bâtiments religieux
  • 3 - Hôtels gratuits
  • 3 - Jardins
  • 2 - Maisons abandonnées
  • 1 - Garage
  • 1 - Caravane
  • 1 - École
  • 1 - Refuge catholique pour sans abris
  • 1 - Camping non payé (c'est pas bien mais bon, c'était juste pour une douche ; en plus on avait mal dormi)


Le nombre de nuits en hébergements payants :

(Total : 69 nuits)

  • 33 - Hôtels ou logements Airbnb
  • 31 - Camping
  • 4 - Bus ou train de nuit
  • 2 - Refuge de montagne


Quelques mots sur notre budget

Pendant le voyage, on aura dépensé en moyenne 25.3€/Jours au lieu des 20€ que l'on s'était fixés (soit 760€ par mois). Ce qui revient à environ à 8 500€ en tout, sans compter le matériel acheté avant le départ. On n'a pas calculé, mais à nous deux, on a sûrement acheté au moins 6 000€ d'équipement. D'ailleurs, certains achats se sont révélés inutiles et ont dus être remplacés avant même de partir. Donc au total, ce voyage nous aura coûté environ 14 000 €. D'ailleurs j'en profite pour remercier ma mère qui nous a un peu aidé financièrement. Sans elle, on aurait dû dormir plus souvent dans notre tente au bord des route, ou alors on aurait surement dû écourter notre voyage.

Finalement, un an après, on est presque revenus à notre situation financière initiale. On a un peu moins d'argent sur notre compte, on a plus de voiture et on doit finir de rembourser un petit emprunt (auprès d'un proche) mais on peut presque dire qu'on a déjà remboursé ce voyage.

D'ailleurs, on peut même dire que dans quelques années, ce voyage nous aura rapporté de l'argent. Je m'explique : après avoir établi des dizaines de budgets prévisionnels, les avoir confrontés à la réalité, et après avoir fait des économies partout ou c'était possible, on est devenus très attentifs avec notre argent. Aujourd'hui on a l'impression de beaucoup moins gaspiller.

En tout cas, si vous prévoyez un grand voyage, je ne peux que vous conseiller de garder une bonne somme d'argent de côté. Le budget que l'on prévoit pour un voyage voyage, c'est comme le budget pour les Jeux Olympiques : on est sûrs qu'il sera dépassé !

Quelques remarques sur notre équipement :

Je vous donne mon avis subjectif sur certains éléments de notre équipement.

  • Les chaussures de randonnée en Gore-Tex ne sont pas si imperméables que ça, et pas si respirantes que ça. Pour la prochaine paire que j’achèterai, j'éviterai.
  • Les marques que je conseille pour les chaussures de randonnée : Meindl et Lowa.
  • Exped est une marque de sacs à dos que je trouve vraiment solides, bien conçus et confortables. Par contre ils sont quand même très chers.
  • Les matelas gonflables Exped sont hyper légers et confortables (pour du matériel ultra léger) mais très bruyants. Et là encore, ils sont très chers. Pour un quart du prix, on trouve des matelas très corrects chez Décathlon.
  • D'une manière générale, chez Décathlon on trouve du matériel correct, et surtout, pas à des prix prohibitifs. Car si on veut bénéficier des dernières innovations et des meilleurs matériaux, ça coûte extrêmement cher. Si on ne fait pas des randonnées de plusieurs semaines ou de l'alpinisme, alors pas besoin de chercher à avoir du haut de gamme. Si vous cherchez du matériel que vous ne trouvez pas chez Décathlon, faites un tour Au vieux Campeur à Paris, ou sur www.arklight-design.com. Avec ces trois vendeurs de matériel de randonnée, vous devriez trouver votre bonheur.
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Publié le 16 juin 2017


Lac de Bohinj, Slovénie

On nous demande presque tous les jours quels sont les endroits que l'on a préférés pour leur beauté, leur gastronomie, l'accueil des gens, mais aussi les endroits que l'on n'a pas aimés. Notre voyage n'est pas encore terminé, mais on voulait vous donner notre "top" personnel. Pour le lire correctement, il faut bien garder à l'esprit qu'il est extrêmement subjectif et discutable, puisqu'il ne reflète que notre ressenti, et qu'on n'a visité qu'une infime partie des pays dans lesquels on est allés. D'ailleurs, il ne prend en compte que les pays visités pendant ce voyage.

Ensuite, on n'était pas d'accord sur tout, et Vivien a parfois fini par me donner raison pour pouvoir continuer à lire tranquillement ses articles sur le FMI ou le neuromarketting.

En ce qui concerne nos préférences gastronomiques, vous vous doutez bien qu'avec nos 20€ par jour, on n'a pas pu goûter tous les vins, toutes les bières et toutes les spécialités locales. Et comme tous les tops, ce top est superficiel. Bah oui, sinon il ferait la taille d'un livre.

Comme notre voyage n'est pas terminé, certaines choses sont susceptibles d'être modifiées au fil du temps. Ah, et encore une chose : il n'y a aucun classement.

Région de la Magne, Grèce 

Notre top 3, tous critères confondus : l'Italie, la Grèce et la Slovénie


Les plus belles villes : Rome, Vérone, Matera, Florence, Venise (Italie), Talinn (Estonie) et Sibiu (Roumanie)


Les plus beaux endroits : le lac de Bohinj (Slovénie), la côte amalfitaine (Italie), les Karkonosze (montagnes), la forêt de Białowieża (Pologne), la région de la Magne (Grèce) et les lacs de Plitvičke (Croatie)


Les villes où il fait bon vivre : Wrocław (Pologne) Brno (République Tchèque), Vilnius (Lithuanie), Talinn (Estonie), Celje (Slovénie), Novi Sad (Serbie), Sibiu (Roumanie) et Split (Croatie)


Les plus belles surprises : l'Albanie et la Roumanie


Les déceptions : Koprivchtitsa (Bulgarie) et la Sicile


Les endroits trop touristiques pour ce qu'ils sont : Athènes (Grèce), Dubrovnik (Croatie)


Le meilleur de la gastronomie : l'Italie du Sud, la Sicile, la Grèce et Istanbul (Turquie)


La moins bonne gastronomie : la Bulgarie


Les meilleurs vins : l'Italie et la France


Le meilleur burek : la Grèce


Les meilleurs yahourts : la Croatie, la Bulgarie


Le meilleur Baklava : Istanbul (Turquie)


Les meilleures glaces : l'Italie du sud


Les meilleures bières : la Slovénie, la Pologne et l'Allemagne


Le meilleur accueil des étrangers : la Grèce et Istanbul (Turquie)


Les endroits qui nous ont donné envie de nous en aller : la Sicile et la Bulgarie


Les endroits qui nous ont donné envie de rester : la Grèce et Istanbul (Turquie)


Le pays où on parle le plus anglais : la Slovénie


Le pays où on parle le moins anglais : l'Italie et la France


L'endroit le plus sale : la Sicile


L'endroit​ le plus propre : Vilnius (Lithuanie)


Les grandes villes où on s'est sentis le plus en sécurité : Istanbul (Turquie), Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) et Bucarest (Roumanie)


Les endroits où on ne s'est pas sentis en sécurité : Paris et la Sicile


Les pires routes : la Moldavie (impossible de lire dans le bus. Les passagers sont constamment éjectés de leurs sièges)


Les meilleures routes : l'Allemagne et l'Autriche


Le meilleur endroit pour le stop : la Slovaquie


Le pire endroit pour le stop : l'Italie


Le pays le plus pauvre : la Moldavie


Le pays le plus plat : la Hongrie


Le pays le plus montagneux : le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine


Le pays le plus cher : l'Autriche


Les pays les moins chers : la Macédoine, l'Ukraine, et la Moldavie

Vernazza, Italie