Après trois mois de voyage, on s'est dit que c'était l'occasion d'expliquer notre quotidien et notre ressenti un peu plus en détails. Oui, ça fait 4 mois qu'on est partis, mais on a mis longtemps à finir l'article.
ATTENTION !
Cet article est long, il est possible qu'il vous plonge dans un ennui profond. On l'a écrit pour répondre aux questions qu'on nous pose souvent sur notre mode de vie. Si vous pensez que ça va vous ennuyer, allez tout à la fin de l'article et lisez "Qu'est-ce qu'on pense de la France à l'étranger ?", c'est instructif.
COMMENT ON FAIT POUR DORMIR ?
L'une de nos préoccupations majeure durant ce voyage, c'est sans doute de savoir dans quel lieu on va passer la nuit. Il est rare que l'on passe deux nuits au même endroit, donc pratiquement chaque jour, cette question se pose. Souvent, les trois possibilités qui s'offrent à nous sont les endroits payants, le camping sauvage ou le couchsurfing. On doit donc choisir entre le prix élevé des chambres ou des campings, le danger et l'inconfort du camping sauvage et le couchsurfing, qui demande de l'anticipation et de la ponctualité. Sachant qu'on s'est fixé une limite de 20€ par jour pour nous deux toutes dépenses confondues, ce n'est pas toujours évident de choisir. Parce que 20€, ça va vite. Très vite.
Pour vous donner une idée, voici les différents types d'endroits dans lesquels on a dormi depuis notre départ :
31% Couchsurfing
21% Camping
15% Famille / amis
10% Camping sauvage
10% Hotels / Chambres
3% Bus
3% Chez l'habitant
3% Refuges
3% Jardins
On évite au maximum les hôtels et les campings dans les pays comme l'Autriche ou dans les zones touristiques des cités balnéaires parce que c'est trop cher.
LE CAMPING
Au cours de l'été, la meilleure solution était le camping (payant). Il y avait (presque) tout ce dont on avait besoin pour un petit prix, c'est à dire la sécurité, une douche et du calme. Bon, parfois le calme et les prix abordables n'étaient pas au rendez-vous, mais c'était toujours agréable de se réveiller tôt avec le soleil. Maintenant qu'on est dans la basse saison, les campings sont fermés pour la plupart, donc on privilégie un autre type d'hébergement, le couchsurfing.
LE COUCHSURFING
Le couchsurfing c'est magique. On rencontre toujours des gens hyper sympas qui nous apprennent plein de trucs et qui souvent, n'hésitent pas à nous laisser les clés de leur appartement quand ils s'absentent.
Par contre, la petite contrainte, c'est qu'on doit adapter notre rythme à celui de notre hôte qui ne se couche pas forcément à 21h tous les soirs. Il y a eu une semaine où chaque soir, on nous faisait goûter les alcools du coin, et franchement, c'est plus de notre âge d'être bourrés tous les soirs !!! C'était un peu dur de repartir le matin pour visiter les villes et faire du stop.
Il y a du couchsurfing vraiment partout, même dans des patelins comme Nove Mesto pod Smrkem, "in the shithole in the middle of the woods" (dans un trou à merde au milieu de la forêt) pour reprendre les mots de Filip, notre hôte de Nove Mesto pod Smrkem.
Mais surtout, pour le couchsurfing il faut se connecter sur internet pour lire des dizaines de profils et envoyer plein de messages, ce qu'on n'a pas toujours le temps de faire. Parce que pour 10 demandes envoyées, on n'a souvent qu'une réponse. Certains membres s'amusent à cacher des messages au milieu de leur profil pour vérifier qu'on a bien lu leur profil jusqu'au bout. Concrètement ça donne quelque chose comme ça : " Ecrivez "pigeon" dans votre demande. Si vous ne le faites pas, je ne répondrai pas" ou " Pour que je sache que vous avez bien lu mon profil, répondez à cette question : Si vous pouviez vous transformer en animal, lequel choisiriez-vous ?" Il y a aussi ceux qui ne daignent répondre qu'aux "demandes personnalisées". On ne se voit vraiment pas écrire "Salut Marko, j'ai vu sur ton profil que tu aimais la peinture sur abat-jour, le mushrooming, les cochons d'Inde et que tu travaillais comme consultant en logistique dans une zone portuaire. Mais figure-toi que nous aussi !! C'est diiinngue non ?!" On comprend que les gens cherchent à filtrer un peu les couchsurfers, surtout dans les grandes villes où il y a beaucoup de demandes, mais soyons honnêtes, les gens sur couchsurfing veulent un endroit où rester pour la nuit ; ce serait être complètement hypocrite de dire qu'on est à Prague parce qu'on a vu le profil génial et inspirant de Jaroslav.
Et on le dit et on le répète, le couchsurfing c'est trop bien !
Il y a aussi deux fois en Estonie où des gens qui nous ont pris en stop nous ont proposé de dormir chez eux. Il y a eu Mart, le chef cuisinier qui tient un hôtel à Pärnu et Vallo, un pompier de Tallinn.
LE CAMPING SAUVAGE
Pour le camping sauvage, on est un peu mieux organisés qu'au début. Maintenant, quand on décide de dormir comme des vagabonds, on s'impose certaines règles. Une fois qu'on a décidé de camper dehors, on essaie de commencer à s'installer avant la tombée de la nuit (oui, alors maintenant c'est juste impossible parce qu'avec le changement d'heure, la nuit tombe à 17h pétantes - Lena n'a pas du tout apprécié le changement d'heure). On évite aussi de dormir en ville dans les parcs parce que c'est dangereux (oui, on l'a déjà fait, c'est mal, on sait). Entre les sans-abris, les gens alcoolisés et la police, on est bien mieux à la campagne.
Pour trouver un emplacement, on cherche sur Google Earth une zone à la lisière de la forêt qui n'est pas trop éloignée des habitations. Si on est trop près des maisons, on risque de croiser des gens qui n'apprécieront pas de voir notre tente ; mais si on s'enfonce dans la forêt, on risque d'être réveillé par des sangliers, des gros oiseaux, des renards ou des ours.
Le problème avec ces animaux sauvages, c'est qu'ils vivent la nuit et sont attirés par la nourriture. Il y a 3 ans, pendant nos vacances, un renard nous avait déjà dévalisé nos p'tis suisses, notre chocolat (3 tablettes quand même) et notre jambon, alors maintenant, on range la nourriture dans des boites et dans des sacs étanches pour limiter les odeurs. Et pour plus de sécurité, on va suspendre le tout à un arbre un peu éloigné de la tente (très éloigné quand on entend des grognements d'ours).
À plusieurs reprises, on a dû sortir de la tente en pleine nuit pour éloigner des renards qui n'arrêtaient pas de faire leurs cris de Nazgûls, ou pour dégager des chats (ou pour remettre du bois dans le feu pour éloigner les ours, mais ça vous le savez déjà). Dernièrement, Vivien a même dû sortir à plusieurs reprises parce qu'un type rôdait autour de la tente.
Quand on a dormi à Ljubljana, ça n'a pas été très agréable. On s'est installé vers 21H dans un bosquet au milieu des champs, et en allant faire pipi, Vivien a eu la joie de trouver un cadavre de biche fraîchement décédée, à 10m de la tente. C'était sûr que si on restait là, ce serait le défilé des charognards toute la nuit. Et puis on s'est dit que ce n'était pas très sain de dormir là, alors on a tout remballé (Ô joie...), et on a bougé quelques centaines de mètres plus loin, dans le noir, le brouillard, et la bouillasse des champs.
Mais ce qui pose le plus de problèmes avec le camping sauvage, c'est sûrement l'hygiène. On peut toujours se laver avec l'eau d'un lac ou d'une rivière mais avec le froid du matin, la pluie et le manque d'intimité, souvent on préfère remettre ça au soir quand on a accès à une vraie salle de bains. Pour faire simple, le camping sauvage c'est bien, mais pas deux nuits de suite.
LES ENDROITS "NÉGOCIÉS"
On a aussi dormi dans d'autres endroits plus ou moins payants, comme dans le port de plaisance d'un lac en Pologne, dans des "champs à tente" (c'est un principe polonais, je crois ; c'est un terrain de camping sans infrastructure et la plupart du temps sans eau. Un mec passe le matin en voiture pour récolter l'argent), et dans le jardin d'un hostel en Lituanie. On a aussi dormi dans le jardin d'un chalet à louer, et dans un chalet inutilisé sans eau courante, qu'une dame nous a loué en sachant pertinemment qu'on ferait pipi autour, puisqu'elle nous a interdit l'accès aux sanitaires de son restaurant. Et on a dormi aussi dans des jardins de particuliers.
LES CHAMBRES
Quand on paie une chambre pour la nuit, en général, on en profite pour suspendre nos vêtements mouillés, la tente et les sacs de couchage. À peine arrivés, on repère où sont les radiateurs, et on s'installe comme des Tziganes. L'humidité, c'est l'un de nos plus grands ennemis. On est parés face au froid et à la pluie, mais pas trop contre la rosée, la condensation et le brouillard, alors les radiateurs sont nos amis.
On essaie aussi de faire la lessive, parce que sentir le marécage ou la fumée de réchaud, c'est cool, mais un peu de savon de temps en temps, ça ne fait de mal à personne. Chaque jour, on lave nos sous-vêtements en prenant notre douche avec du savon, et on les fait sécher sur nos sacs. Mais quand on peut, on lave tout, à la main ou à la machine si c'est possible ; alors la chambre devient un véritable champ de vêtements où poignées de porte, tringles à rideaux et chaises sont réquisitionnées comme séchoirs.
Ça arrive qu'on prenne une chambre et qu'on soit PAS CONTENTS parce que c'est NUL. Comme dans un camping slovaque (surprenant...) où on a payé 20€ pour une maisonnette toute pourrie dans laquelle il faisait froid (photo 1). Les sanitaires étaient à l'extérieur, le monsieur du camping nous a répété 15 fois qu'il ne fallait pas rester plus de 3 minutes sous la douche, et au final, on n'a pas eu d'eau chaude du tout. Le lit de la chambre était cassé, alors on a dû mettre les matelas par terre. Et le mec, sous une pluie battante, nous explique qu'il y a du wifi, mais seulement tout au fond du camping, sous le pin derrière l'arbre tout là-bas. Bref, ce mec, si je le recroise, ça devrait pas bien se passer pour lui. Mais comme parfois on a vraiment besoin d'un toit, on doit accepter ce genre de situations qui ne nous plaisent pas du tout.
Il y a aussi la fois où on a loué une chambre, et c'était dégoutant. Tiens, bah c'est encore en Slovaquie, c'est fou non ?! C'était le lendemain de la nuit avec les ours, alors on avait besoin d'une bonne douche et d'un bon lit. On a fait le tour vite fait avec la propriétaire, ça avait l'air bien. Et puis petit à petit, on s'est rendu compte que tout était sale ; il y avait des restes de crachats dans le lavabo, Vivien a dû déboucher le siphon de la douche pour qu'on puisse se laver, et les assiettes dans le placard avaient été rangées sans passer par la case "vaisselle".
COMMENT ON FAIT AVEC NOS SOUS ?
Après 3 mois de voyage et 11 pays traversés, on a dépensé au total 1996 € ; soit en moyenne 22,9 euros par jour, ou 665 euros par mois. On avait prévu un budget maximum de 25€ par jour, mais en espérant rester sous la barre des 20€. Avant de partir, on avait peur de ne pas y arriver, mais finalement ça va. On verra comment ça se passe dans les autres pays.
Voici en moyenne comment on dépense nos sous en un mois :
Total des dépenses : 665€
Nourriture : 383€
Logement : 132€
Transports : 70€
Téléphone : 40€
Équipement et autres trucs : 23€
Mutuelle : 10€
Frais bancaires : 5€
Pour garder un œil sur notre budget, chaque soir, on note toutes nos dépenses dans un petit carnet, comme des petits vieux. Au début on pensait que dans certains pays on dépenserait moins que dans d'autres mais au final, chaque semaine on arrive à peu près à la même somme. C'est psychologique, si on dépense peu, on finit toujours par se lâcher dans les jours suivants avec une chambre payante, un resto ou des pâtisseries.
Souvent, nos hôtes nous font la liste exhaustive de tous les musées, zoos, festivals de cinéma, et restaurants panoramiques qu'il faut absolument voir dans la ville. Et quand on explique qu'on a que 20€ pour la journée, ils nous disent "Oui, mais je crois que ce n'est pas très cher." Sauf qu'on préfère manger le midi plutôt qu'aller visiter le musée de la torture. Ça arrive qu'on paie pour voir quelque chose, mais c'est très rare.
COMMENT ON SE DÉPLACE ?
Non, on ne fait pas que marcher, parce qu'on n'a pas envie. On ne marche que quand le coin est sympa. Parce que si on voulait tout faire en marchant, on passerait dans des banlieues pas belles, des centres commerciaux, on longerait des autoroutes et... ça ne nous intéresse pas trop. Sinon, on privilégie le stop. On prend aussi le bus, le car, le train, et on utilise Prevoz en Slovénie, l'equivalent de l'ancien Blablacar français.
LE STOP
Là où le stop marche super bien : la Slovaquie (non, ils n'ont pas que des défauts, les Slovaques), la République Tchèque (hormis les alentours de Prague), et les États Baltes.
Et on n'a pas encore testé, mais tout le monde nous dit qu'en Italie, le stop, ça ne marche pas, et que ce n'est même pas la peine d'essayer.
Le stop, c'est bien pour rentrer dans une ville, mais pas pour en sortir. À chaque fois on galère, on prend des bus ou des trains pour s'éloigner du centre, et au final on attend toujours très longtemps. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, moins il y a de passage, plus les gens nous prennent. Quand il y a du monde sur la route, les gens sont plus stressés, il doivent faire plus attention, et ils pensent que comme il y a du monde, quelqu'un d'autre s'arrêtera forcément.
Les gens qui nous prennent en stop ont souvent des voitures minuscules avec plein de trucs dedans. Certains font des détours de 50kms pour nous amener au bon endroit. Peu de femmes seules se sont arrêtées, et les gens qui ont des enfants dans la voiture ne s'arrêtent pratiquement jamais.
On nous demande beaucoup pourquoi on n'a pas de pancarte quand on fait du stop. C'est simple, ça marche beaucoup moins bien ! Si on écrit Berlin et que quelqu'un va 10 km plus loin, il ne se sent pas concerné. Si quelqu'un doit s'arrêter avant Berlin, il se dit qu'il n'a pas envie de faire de détour. Bref, le mieux, c'est sans pancarte. On essaie d'être souriants, même si parfois on attend 1H et qu'on a mal au bras. Plein de gens nous font coucou, on a même eu droit à quelques doigts d'honneur.
Les poids lourds ne s'arrêtent pas souvent parce qu'ils n'ont pas le droit de prendre plus d'un passager. Donc ceux qui s'arrêtent sont vraiment sympas parce qu'ils s'exposent à de grosses amendes.
QU'EST-CE QU'ON MANGE ?
Comme des clochards !
Vous vous doutez bien qu'avec un sac à dos à porter et un budget limité, on achète peu et pas cher. Et globalement, nos repas ressemblent un peu à ça...
On essaie de grapiller des petites choses par-ci par-là. Dans les magasins, on prend des poignées de sacs plastiques au rayon légumes ; vu qu'on repart toujours avec nos déchets, il nous faut des sacs poubelles. Dans les fast-food, on demande si on peut remplir nos gourdes, avec de l'eau froide ou de l'eau bouillante selon les besoins. L'eau bouillante, c'est top pour se faire un thé, ou pour que la cuisson des pâtes prenne moins de temps avec le réchaud. Dans les toilettes publiques, on prend un rouleau de papier toilette de temps en temps, parce qu'on ne se voit vraiment pas en acheter par paquets de 6, et on prend des essuie-mains, qui nous servent toujours à quelque chose. Quand on a l'occasion, on remplit notre pot de miel et notre pot de sel, et on met des sucres dans nos poches quand on est dans un café.
Comme vous pouvez le voir sur la première photo, on s'est fait des pâtes avec le réchaud derrière un arrêt de bus le long d'une voie rapide de Białystok. Trop glamour n'est-ce pas pas... N'empêche que parfois on fait du stop pendant longtemps, alors on a besoin de faire des pauses pour manger ! D'autant plus que le trajet en stop peut être long. Et comme vous le savez sûrement, manger est une de nos activités préférées, donc on s'en fiche si on ressemble à un couple de clodos.
Notre limite, quand on fait les courses, c'est nos sacs, il faut que tout rentre ! Quitte à mettre bananes, légumes et biscuits dans nos crocs. On veille aussi à ne pas acheter des choses trop lourdes, et à emporter juste ce qu'il faut en eau. Parfois on manque de réserves, et on se retrouve dans un village sans magasin avec presque plus rien à manger. Mais on préfère épargner notre dos et ne pas transporter 3 jours de nourriturre juste "au cas où".
Comme on est curieux, on fait un compromis entre le pas cher et le local, et on essaie de goûter un peu à tout. Mais ce n'est pas parce qu'on a peu d'argent qu'on mange n'importe quoi. De plus en plus, on essaie d'éviter l'huile de palme et les graisses hydrogénées (mission quasi-impossible), et on essaie de privilégier le poisson et les œufs à la viande. On fait attention à manger un peu de tout parce qu'on bouge quand même pas mal.
On ramasse aussi ce qu'on trouve en chemin, comme les mirabelles, les prunes, les noix, la menthe, le romarin, la sauge ou le laurier. Une fois, on a ramassé tellement de mûres qu'on en a fait une confiture le soir dans un gîte.
Parfois, les gens nous donnent des choses. Mart, en Estonie, nous a préparé un petit sac pour qu'on ne meurre pas de faim, une dame qui nous a loué un chalet nous a donné un poisson fumé et un pain, et plein de gens en couchsurfing ont insisté pour qu'on reparte avec des tonnes de nourriture. On a parfois eu du mal à refuser des panoplies de pots de confitures, de compotes maison et de miel, des bouteilles d'alcool et des kilos entiers de fruits.
La nourriture constitue le plus gros de notre budget mensuel. On dépense un peu plus que quand on vivait dans un appart, mais c'est pour plusieurs raisons. D'abord, acheter des petites quantités revient généralement plus cher, et nous, on est vraiment obligé de faire ça, on ne peut pas se permettre de porter un kilo de kiwi en promo. Ensuite, on est aussi là pour se faire plaisir, donc de temps en temps, on va au restaurant, dans des bars ou dans des pâtisseries.
Pour l'instant, les trois pays où on a vraiment pu se lâcher au restaurant, c'est la Lituanie, l'Ukraine et la Pologne. Niveau prix et quantité, c'est vraiment bien.
Généralement, on prend un plat pour deux, et on mange des fruits avant, comme ça on est vraiment callé et on est pas tenté de reprendre un plat.
ET L'ÉQUIPEMENT ? ÇA VA ? PAS TROP FROID ?
Et bien jusque-là, non ! On a rarement eu si peu froid en hiver. On n'a jamais eu des vêtements aussi efficaces contre le froid et la pluie que maintenant. Et pourtant, on a déjà dormi par -4°C. S'il pleut, on peut continuer à marcher sans problème, nos pantalons de pluie nous permettent de nous asseoir sur des bancs trempées où dans l'herbe gelée. Seules nos chaussures finissent parfois par être humides après une journée à marcher dans la boue ou dans les hautes herbes.
Et avec nos sacs de couchage... On a trop chaud 90% du temps parce qu'ils sont VRAIMENT prévus pour des basses températures. En fait, le plus important, quand on dort dehors, c'est d'avoir un bon matelas qui isole du froid. Et le nôtre est juste génial. On l'a crevé 2 fois déjà, mais c'était à cause d'un bricolage de Vivien, jamais à cause du sol ou de nos grosses fesses. On l'a réparé sans souci. Par contre, dès qu'on bouge ou qu'on se retourne, ça fait un bruit d'enfer, comme un ballon de baudruche qu'on frotte (n'achetez pas un Exped Duo pour passer un weekend torride avec votre doudou dans un camping complet en haute saison). D'un côté, c'est pas hyper discret, mais en même temps, ça permet de signaler notre présence aux bêtes du coin. Généralement, quand on entend un rongeur qui remue des feuilles aurour de la tente, il suffit de faire du bruit en bougeant un peu le matelas et la bestiole prend peur et se met en silencieux. Évidemment, ça ne marche pas à tous les coups.
Nos bonnêts en laine d'oppossum et de mérino sont super chauds (même si niveau sexy-attitude, on peut vraiment trouver mieux). Malheureusement, celui de Vivien a dû être remplacé suite à un fort rétrécissement en machine. Nos bonnêts nous servent aussi la nuit. On les rabat sur nos yeux et ça nous permet de dormir même quand il y a de la lumière. Et je vous assure que dans un dortoir de 10 lits dans un hostel, où certains se couchent à 1h du matin et d'autres se lèvent à 5h, c'est trop bien.
Les boules Quies sont également nos plus grandes alliées dans ce genre d'endroits. Par contre, en camping sauvage, on a arrêté de les mettre, on préfère entendre ce qui se passe autour.
On nous a aussi demandé si nos vêtements en laine de mouton mérino ne nous grattaient pas trop. Et bien non, et pourtant, même nos sous-vêtements sont en mérino. Et moi qui passe ma vie à avoir les pieds congelés, je constate une nette amélioration. Vivien peut désormais aller se coucher sans hurler en touchant un de mes doigts de pieds. Donc si vous avez des tendances à la congélation, allez vous acheter des vêtements en mérino ! C'est un peu plus cher que du synthétique ou du cotton, mais c'est trop bien ! Vous pouvez regarder chez Icebreaker, c'est notre préféré. Cliquez ici pour aller faire un tour sur leur site. Et vous pouvez aussi cliquer là pour aller voir ce qu'ils font chez Woolpower. Pour vos vacances au ski ou votre jogging matinal en plein mois de janvier, c'est ce qu'il y a de mieux.Par contre, avec Woolpower, ne vous attendez pas à des vêtements sexy, la majorité de leurs produits sont unisexes. Sinon, il y a aussi du mérino chez Decathlon et chez GoSport, mais d'après ce qu'on a pu voir, les rares produits qu'il y avait étaient plutôt moches, et de qualité moyenne. Sinon, au Vieux Campeur, ils proposent beaucoup de mérino et beaucoup de marques différentes, dont Icebreaker et Woolpower.
Ce qu'il y a de bien avec le mérino, c'est que c'est naturellement antibactérien. Dans la vraie vie, Vivien et moi, on se douche une fois par jour et on change de vêtements tous les jours. Alors on appréhendait un peu pour le voyage, on se demandait si on n'allait pas se sentir sale en portant le même T-shirt plusieurs jours de suite. Quand la dame au Vieux Campeur m'a dit "Vous pouvez porter ce haut jusqu'à 10 jours d'affilée", je me suis juste dit "beurk". Mais on s'est vite rendu compte que c'était pas du pipo. Généralement, on les lave tous les 3-4 jours, et on ne se sent pas sale du tout, il n'y a pas d'odeurs ; et pourtant, on bouge beaucoup !
Niveau solidité, nos vêtements tiennent le coup ; pourtant on les maltraite un peu avec les ronces et on les porte tout le temps. Même s'ils sont fabriqués dans de très bons matériaux, ça reste des vêtements ultra légers, donc assez fragiles. On commence à voir quelques signes d'usure sur les pantalons et sur le drap de soie, et la trousse de couture a déjà été sollicitée. En partant, on se doutait bien qu'en un an, certaines choses devraient être réparées ou renouvelées.
Sinon, nos lampes frontales ont fini dans la poubelle d'un camping ; il y avait un défaut de fabrication et parfois, elles ne s'allumaient pas ou s'éteignaient en cours d'utilisation. On les a remplacées par des Petzl.
Sur nos smartphones, on à testé pas mal d'applications. On a essayé de privilégier les applications hors ligne parce que ça fonctionne partout et sans restrictions. En voici quelques-unes qu'on utilise beaucoup :
Locus map (fonctionne hors ligne) : un GPS avec enregistrement, modification et importation de parcours (.gpx) et plein d'autres fonctions. Seul petit défaut : il est assez lourd et prend son temps pour démarrer. Pour 8€ (version pro), il donne la météo partout dans le monde et propose d'autres trucs sympas. Une application complète, mais qui est surtout optimisée pour les randonneurs.
Mappy.cz (fonctionne hors ligne) : GPS tchèque similaire à Google map, mais qui propose des cartes hors ligne. Il a la particularité de faire apparaître les sentiers touristiques et les pistes cyclables : pratique pour improviser un trajet sur place en évitant de marcher le long d'une voie rapide. Ça donne aussi le nom des arrêts de bus et le numéro des bus qui y passent, et le fond de carte est plus complet (magasins, monuments, etc.)
Google Earth (nécessite une connexion) : je pense que beaucoup d'entre vous connaissent cette application, c'est une modélisation 3D de la Terre avec des images satellites. On l'utilise pour regarder dans quel champ on peut planter la tente (quand il fait nuit ou si on n'est pas encore arrivés sur place). Par contre, à utiliser avec modération via la 3G, sinon votre consommation de données va s'envoler.
Currency (fonctionne hors ligne) : Un convertisseur de devises simple, personnalisable et efficace.
WordReference (nécessite une connexion) : Dictionnaire en ligne qui propose des traductions uniquement entre l'anglais et les autres langues, mais qui a l'avantage d'être assez complet. Sinon, il y a le dictionnaire hors ligne qui, comme son nom l'indique, peut s'utiliser sans connexion, mais qui ne trouve pas toujours ce qu'on lui demande.
Et pour répondre à l'éternelle question qu'on nous pose au moins une fois par semaine :
UN AN ?! MAIS ÇA VA ? VOUS N'AVEZ PAS ENVIE DE RENTRER ? LA FRANCE, VOS AMIS ET VOTRE FAMILLE NE VOUS MANQUENT PAS ?
LE RESSENTI DE VIVIEN :
Je ne regrette pas d'avoir investi du temps et de l'énergie dans ce projet. Au début, avec Lena, on se demandait si ça serait faisable et si ça nous plairait, mais on a vite réalisé qu'on a bien fait de se lancer !
Avant de me décider, je me suis demandé ce que je voulais vraiment faire dans ma vie. Et comme je ne regarde pas la télévision, progressivement je me suis éloigné de la vision du bonheur qui va avec. Parce que comme le dit si bien David Pujadas : "le journal [télévisé] véhicule sans doute une vision du monde : l'idée implicite que le salut et le bonheur résident dans la consommation ou l'accumulation des richesses." (La Source ! - réflexe d'historien ^^). Et quand je vois une pub avec un mec à bord de sa voiture neuve, trop content de traverser une ville (dans laquelle il n'y a jamais de feux rouges et de bouchons *lol) eh bien je n'ai pas vraiment envie de travailler plusieurs années pour ça. Moi, il me faut autre chose. Donc je me suis dit qu'au lieu d'acheter une voiture, on pourrait vendre la nôtre ; et qu'au lieu de travailler pour s'en payer une neuve, on pourrait prendre des vacances d'un an.
Le souci, c'est que notre société n'envisage pas trop cette éventualité. Rien qu'au niveau administration (CAF, fournisseurs d'énergie et compagnie), aucune case n'est prévue pour celui qui souhaite voyager et ne plus avoir de résidence. En fait, à part l'année sabbatique de fin d'études, ça paraît trop compliqué. Sauf qu'après les études, on n'a pas forcément 8 000€ en poche. Et une fois dans la vie active, il y a un éventuel CDI à décrocher, un achat de maison ou de voiture en vue, des enfants, la retraite, etc. Donc il faut être motivé parce que c'est un choix qui paraît assez risqué. D'ailleurs, beaucoup de gens m'on dit qu'ils auraient vraiment aimé faire un tel voyage ; mais que ce n'était pas possible dans leur situation. C'est vrai, ce n'est pas simple de lâcher certaines obligations, donc j'ai fait de ce voyage ma priorité, en sachant bien que ce serait sûrement plus compliqué après.
Et pour bien réfléchir à la suite de ma vie, quoi de mieux que d'être loin de tout ? En plus, visiter l'Europe, ça nous permet de rencontrer des tas de gens avec des modes de vie différents, et de voir des pays où l'économie fonctionne autrement ; ça donne plein d'idées !
Depuis trois mois, je profite et je m'enrichis plus que je ne l'ai fait pendant mes études ou mon CDD. En même temps, ce sont des vacances, me direz-vous. Oui, mais de mon point de vue, ce ne sont pas des vacances prolongées, mais plutôt un mode de vie (qui a aussi ses contraintes, comme on l'explique dans cet article). Et pour l'instant, c'est comme ça que je me sens plus épanoui et heureux. Et je réalise que le confort matériel ne me manque pas, même si je ne veux pas vivre indéfiniment comme un vagabond.
Ah oui, encore un truc que j'allais oublier : parfois on nous demande si on voyage exclusivement à pieds ou alors sans argent ; bref, si on a une démarche particulière. Eh bien non, on a juste envie de voyager à notre façon pendant un an, de visiter des lieux qu'on a envie de voir. D'ailleurs, ce voyage serait vraiment différent si je le faisais sans Lena. Pour voyager à deux, il faut parfois faire des compromis ; mais bien souvent, il y a plus d'avantages quand on est avec quelqu'un. Par exemple, pour faire du stop et du Couchsurfing sans se mettre en danger ou pour surveiller les sacs.
LE RESSENTI DE LENA
Je pense à peu près la même chose que Vivien, c'est vraiment enrichissant comme expérience. On apprend chaque jour de nouvelles choses, et on en prend plein la vue. Et oui, peut-être que le retour sera rude, on verra bien, mais je pense que ça vaut vraiment le coup. Il faudra trouver un travail et un logement, sachant que l'un ne va pas sans l'autre, donc ça ne va sûrement pas se faire en un claquement de doigts, mais on sera contents d'être partis.
Je voulais aussi dire que c'est impressionnant de voir qu'on peut voyager autant avec si peu d'argent. Entre le stop, le couchsurfing et la nourriture gratuite distribuée dans les villes, c'est vraiment possible de bouger sans se ruiner.
À Prague, un hôte nous a même donné une astuce pour envoyer des cartes postales sans timbre. À la place du timbre, vous écrivez "STS Student to Student", et vous mettez votre carte dans une boîte aux lettres en espérant que le postier soit cool. On en a envoyé 3 comme ça, et elles sont arrivées =)
Évidemment, ce n'est pas une vie de luxe, ça nous est arrivé de passer 3 jours sans se laver. Parfois on a encore envie de dormir mais on doit se lever et ranger la tente dès le lever du soleil pour ne pas avoir d'ennuis, et ça arrive qu'on doive partager un morceau de wasa et une pomme en deux pour le déjeuner parce qu'on est dans la cambrousse et qu'on n'a pas trouvé de magasin.
D'ailleurs, c'est dans ces moments-là qu'on se rend compte qu'on tient l'un à l'autre ; quand Vivien m'offre la place la moins pentue dans la tente, ou quand je lui laisse ma portion de biscuits alors que j'ai faim, ou quand il se lève pour aller voir à quelle espèce appartient l'animal qui fait ses vocalises devant la tente parce que j'ai les chocottes. Il y a un proverbe africain qui dit :
Toute seule, je n'aurais jamais fait de stop comme ça sur des longues distances, je n'aurais jamais dormi dans une tente dans des parcs, des champs ou des forêts, et je n'aurai pas dormi en couchsurfing chez des hommes seuls.
Et puis quand j'ai envie de m'arrêter 5 minutes, je vois Vivien marcher, et ça me motive à aller plus loin.
Comme à la maison, on se partage les tâches. Dès qu'on doit camper, on s'y met tous les deux, et en 20 minutes tout est prêt. Je monte la tente, je gonfle le matelas et je prépare tout ce qu'il faut pour le repas, pendant que Vivien fait le feu et met les sardines (planter les sardines, j'aime pas, c'est nul). Et quand on a très envie d'un bain, d'un festin ou d'un grand lit et qu'on doit dormir sous la pluie dans un champ et manger du riz au sel, c'est comme à la maison, on reste gentil et aimable. Sinon, ça fait longtemps qu'on aurait divorcé et qu'on serait rentrés. Parfois, l'un de nous peut être grognon parce qu'il a faim, parce qu'il est fatigué ou parce qu'il veut s'arrêter, et dans ces cas-là, on veille à bien communiquer et à se laisser un peu d'espace, comme ça on évite les accrochages.
En ce qui concerne les protections hygiéniques, j'appréhendais un peu, je me disais que ce serait compliqué (Messieurs, vous pouvez squeezer ce paragraphe si le sujet couches-culottes ne vous branche pas). En partant, j'avais emporté avec moi une cup et des serviettes lavables. J'avais peur de ne pas toujours avoir d'eau pour me laver les mains, je me demandais si les serviettes sécheraient assez vite en hiver, et si je pourrais stériliser ma cup tous les mois. Finalement, c'est super pratique pour voyager ; on arrive toujours à trouver de l'eau, j'ai toujours réussi à stériliser ma cup, et mes serviettes sèchent. Quand j'ai acheté les serviettes lavables Plim, je n'y croyais pas du tout, je me disais que le concept était franchement dégueulasse, que c'était un truc d'écolo mangeur de trucs chelous qui fait pipi dans des toilettes sèches, et que c'était juste pour pouvoir dire "Voilà, j'ai essayé, c'est nul." Et en fait, je suis satisfaite à 100%. C'est carrément moins dégoûtant que les protections jetables. Vraiment. On se sent moins sale et en plus, ça fait faire des économies. J'ai un peu fait la tête quand j'ai vu qu'une serviette coûtait 17€, et puis j'ai fait le calcul et je me suis vite rendu compte que des serviettes lavables me reviendraient 3 fois moins cher sur le long terme. Et puis chez Plim, ils font des serviettes de toutes les couleurs, avec des fleu-fleurs, des rayures, des papillons, des pois... Bref, il y en a pour tous les goûts. Si ça vous intrigue, vous pouvez cliquer là.
Et pour finir, voici quelques phrases qu'on a notées parce qu'elles illustrent bien notre mode de vie.
QU'EST-CE QU'ON PENSE DE LA FRANCE À L'ÉTRANGER ?
On entend un peu la même chose partout. Voici un petit résumé de ce qu'on a entendu : la France, c'est chic, il y a la mode et la gastronomie. Les voitures françaises sont choupies mais c'est de la merde. Il y a plein de musulmans et on est lâches parce qu'on les laisse rentrer chez nous alors qu'ils font des attentats et mettent en danger nos valeurs religieuses. La France c'est pas top en ce moment, c'était mieux avant. Les Français sont chauvins et ne veulent pas faire l'effort de parler anglais en général. Le pays est magnifique.
Globalement les gens aiment bien les Français mais les prennent un peu pour des cons à cause du président et des hommes politiques en général. On est lâches et peureux parce qu'on a laissé les Allemands nous envahir en 40, et on laisse rentrer tous les migrants aujourd'hui. On boit du vin à chaque repas et on est tous spécialisés en œnologie. En France, la moitié de la population porte un béret au quotidien et un T-shirt à rayures bleu marine et blanches.
Voilà les préjugés sur la France chez nos voisins Européens.
Ah, j'oubliais. Pour nous faire plaisir, quand on arrive quelque part, on nous met parfois Zaz, Indila et Louane. C'est le genre de chansons qui s'exporte le mieux apparemment.
Voilà, l'article est enfin fini. On espère avoir répondu aux questions que vous nous posez souvent. Si vous en avez d'autres, n'hésitez pas. Et promis, on n'écrira pas un article aussi long pour y répondre.