Quito est la capitale du pays mais surtout la seconde plus élevée au monde (2800 mètres). Seule La Paz, la capitale de la Bolivie, avec ses 4100 mètres au plus haut la devance sur cette liste.
C'est donc dans cette ville que se trouvera notre "camp de base" aussi bien utile pour s'acclimater à l'altitude que pour rayonner aux alentours à la découverte de la nature et d'intéressants chemins de randonnées.
Il n'existe pas de vol direct entre Paris et Quito, nous avons donc choisi de faire une escale à Atlanta. Premier vol de 8 heures parfait, escale durant quelques heures mais avec les formalités et les mesures qu'il faut pour transiter sur le sol américain, nous patientons longuement dans la file.
C'est d'ailleurs de là qu'a été emmenée une famille entière dans une salle à côté pour un interrogatoire nettement plus poussé que le nôtre. Pourquoi ? Simplement parce que ses membres avaient le malheur d'avoir un teint un peu mat et que la femme avait les cheveux voilés. Ah les States... MAKE AMERICA GREAT AGAIN ? Si jamais tu me lis, c'est pas avec ce genre de comportement que ça risque d'arriver Donald...
Le second vol était plus court mais avec des turbulences tout le long, si bien qu'à une quinzaine de reprises, mon léger sommeil a été troublé par l'annonce du commandant de bord pour le bouclage des ceintures. Ça y est maintenant, on est arrivé à Quito à 23h heure locale mais 5h du matin pour nous.
Retrouvailles à l'aéroport avec le 3ème luron et sa copine dans le terminal de l'aéroport et nous voilà quelques minutes plus tard à l'appartement. Avec ce long voyage, je me dis qu'il va être tellement facile de s'endormir, et pourtant ce ne fut pas le cas à cause du décalage, de l'altitude et du chien venant quelques fois nous réveiller.
Les jours où notre pote travaille, nous irons de notre coté nous balader dans Quito ou faire des randonnées dans les environs accessibles en taxi ou transport en commun.
Le premier matin c'est la première prise de contact avec la ville et plus précisément avec le parc de La Carolina situé dans le centre même. Ce parc est assez fréquenté par les habitants qui souhaitent se défouler sportivement notamment grâce à des installations diverses comme des terrains de foot, évidemment, de rugby, des nodules de musculation et une immense piste d'athlétisme. Ajoutés à cela de nombreux marchands de glace ou de babioles à la sauvette, et l'on obtient un bon mélange typique de l'ambiance sud-américaine bien différente de celle que l'on connaît en Europe.
Le côté moins positif pour nous autres pauvres habitants des plaines du centre de la France, ce sont les légers effets de l'altitude même si nous ne sommes qu'à 2800 mètres. Sans parler de la forte circulation et de la pollution importante, d'autant que Quito est situé dans une cuvette, qui ne transforment pas vraiment la balade en une promenade de santé.
Comme de nombreuses villes du continent sud-américain, Quito révèle une architecture espagnole de l'époque coloniale. La Plaza Grande est la place principale et le lieu de rencontres des Quitenos. C'est ici que l'on trouve le palais présidentiel, une cathédrale et une sorte de galerie débouchant sur une cour intérieure de plusieurs étages avec magasins et restaurants en nombre.
On passe également devant un des lieux les plus importants de la ville et même du pays : l'Eglise de la Compagnie. Même si de dehors la façade n'a rien d'époustouflant, c'est l'intérieur qui fait sa renommée car tous les murs sont recouverts de fines feuilles d'or. Il faut croire qu'ils n'étaient pas spécialement pressés car il aura juste fallu 160 ans pour achever sa construction.
Le premier soir, on va prendre nos premières bières dans un bar un peu spécial. Effectivement on pénètre dans une église aménagée. L'ambiance est conviviale et l'on peut même se peser avec des balances datant d'une époque assez lointaine. C'est bien utile parce que si tu vois que tu as grossi mais que tu as déjà commandé d'autres bières, tu pourras culpabiliser et donc boire encore d'autres bières pour oublier : c'est certainement la meilleure stratégie commerciale qui existe.
Le lendemain, retour dans le centre pour manger ensemble : restaurant typique avec un almuerzo équatorien. On y retrouve notre ami avec un de ses collègues de travail français lui aussi, et bossant dans le tourisme depuis quelques années notamment au Nicaragua. Après le repas, on décide de partir en haut de la basilique del Voto Nacional pendant que les deux retournent bosser.
Avec ses deux tours d'une hauteur d'environ 80 mètres, elle offre un panorama sur le vieux Quito et sur la colline d'El Panecillo (le petit pain) visible entre les deux flèches. Elle est considérée comme le plus grand lieu de culte d'Amérique du Sud et même si il reste quelques détails à finir, il n'aura fallu que 40 ans pour construire la structure actuelle. Selon certaines croyances, le jour de la fin du monde sera le jour où la construction de l'église sera achevée. Pour accéder au toit et aux tours, il faut prendre plusieurs échelles assez raides, mais la vue en vaut vraiment le coup, et c'est là que l'on se rend compte de l'étendue de la ville car il est impossible d'en voir le bout. En effet, Quito s'étend pratiquement sur 50 km du nord au sud.
On se décide donc à rejoindre El Panecillo à pied et à gravir les 200 mètres jusqu'à son sommet. En repassant dans la vieille ville, on aperçoit LA vitrine troublante du coin : une boutique avec des centaines de statuettes de la Vierge, de Jésus ou d'anges. Pas de doute on est en Amérique latine... Au sommet de la colline se trouve une statue de la Vierge ailée en aluminium qui veille sur la ville, un des monuments emblématiques de la capitale. A cause de son regard dirigé vers le nord, certains disent qu'elle tourne le dos aux pauvres car les quartiers les plus populaires sont situés au sud. La couronne avec les 12 étoiles représenteraient les 12 apôtres et le serpent avec la tête de dragon qu'elle terrasse serait lui le symbole du péché et du démon.
Plus nous montons et plus les gens se font rares mais ils sont remplacés par des chiens errants. Les ruelles et les passages avec des marches sont également de plus en plus étroits. C'est seulement à quelques centaines de mètres de la statue que nous apercevons sur notre chemin une meute d'une dizaine de chiens, au pelage en assez mauvais état. Même s'ils ne présentent aucune agressivité particulière, nous décidons de faire demi-tour plutôt que de passer au milieu d'eux. Dommage car la colline offre apparemment un panorama sympa sur les pentes du volcan Pichincha qui avait vu la défaite des Espagnols en 1822 dans la bataille décisive pour l'indépendance.
En revenant au QG des rois du tourisme francophone en Equateur, ces derniers nous apprennent qu'ils ne conseillent pas à leurs clients de monter là haut seuls car le quartier n'est pas toujours bien fréquenté. En toute honnêteté, même si l'on voit une certaine pauvreté nous n'avons pas senti d'insécurité particulière ou de mauvais regards de la part des gens habitant ce lieu.
Egalement proche du centre ville se situe le quartier de La Floresta qui est surtout un quartier habité par des gens tournés vers l'art et la culture. C'est ici que l'on peut trouver des sortes de fresques sur les murs, des cafés librairies etc... Ça fait un peu penser à la culture hipster mais avec beaucoup moins de carreaux et de pilosité faciale.
Bien entendu qui dit Equateur dit la fameuse ligne séparant la Terre en deux. Par chance cette ligne passe à seulement 15 km au nord du centre ville. Un site très (trop) touristique y a pris place avec pour symbole un obélisque avec une boule à son sommet, et la ligne passant d'Est en Ouest. Sauf qu'en réalité l'équateur passe à quelques dizaines de mètres de là, dans une sorte de musée en plein air retraçant l'histoire des tribus du pays via des sculptures, des expositions ou des reconstructions. Il est également possible avec un guide de s'adonner à des expériences permettant, normalement, de visualiser les différents paramètres physiques que l'on peut trouver ici par rapport à chez nous.
Il y a plusieurs ateliers proposés, le plus célèbre étant la modélisation du sens de l'écoulement de l'eau. Le guide remplit un bac puis, après avoir placé des feuilles dans l'eau, le vide de part et d'autre de la ligne pour que l'on puisse remarquer les sens différents. Si on le fait sur la ligne même, alors l'eau ne s'écoule pas en suivant un des sens mais seulement tout droit. En réalité, le guide l'avoue, l'expérience est truquée car il faudrait plus d'eau pour qu'elle soit pertinente. C'est la Force de Coriolis qui est ici illustrée qui permet de dévier un corps en mouvement vers sa droite dans l'hémisphère nord et vers sa gauche dans l'hémisphère sud. Le sens des ouragans est également une autre illustration de cette force avec un sens de rotation antihoraire au nord et horaire au sud.
Deuxième test : arriver à faire tenir un œuf sur un clou. L'expérience demande patience et adresse mais peut être réalisée partout sur Terre. Seulement il est normalement plus facile de réussir au niveau de l'équateur car la force d'attraction des pôles s'annule. Si nous réussissons, nous pouvons avoir un certificat délivré par le musée. Alors n'ayant aucune patience et n'étant pas vraiment muni de doigts de fée, je n'ai évidemment pas réussi, mais le gamin de 8 ans qui était dans le groupe, l'a fait sans aucun problème...
Il y a aussi des panneaux expliquant des paramètres que nous n'avons pas pu mesurer ce jour-là. A deux reprises dans l'année aux équinoxes du 23 mars et du 23 septembre le soleil passe exactement sur la ligne et est au zénith à la mi-journée. La conséquence de cette position à ce moment précis est tout simplement que l'on "perd" son ombre.
On est également moins lourd ici d'environ un kilo. Le diamètre de la planète est de 12 712 km aux pôles mais est plus important au niveau de l'équateur avec 12 756 km. Comme nous sommes plus loin du centre de la Terre, la gravité est plus faible donc on y pèse moins lourd. C'est ici qu'il fallait installer le bar/église avec les pèse-personnes pour perpétrer la bonne santé mentale des consommateurs !!
Pour finir, nous décidons, tels des hommes de science, de mener nous-mêmes nos propres expériences. Le postulat de départ : "Un coup de pied bien placé sur la ligne de l'équateur fait-il aussi mal qu'ailleurs ?" Vous n'en aviez pas rêvé, eh bien nous l'avons quand même fait ! Cependant l'expérience fut fort peu concluante...
Maintenant que nous connaissons un peu la ville, il est tant de partir à la découverte d'un autre atout du pays : sa nature et nous allons nous concentrer plus particulièrement sur ses volcans.