À propos

Ici pas de bons plans resto ou hôtel… Juste les "aventures" d'un type qui prend son sac à dos et voyage dès que possible avec ses joies, ses découvertes et surtout ses galères.
Voyage entrepris à cinq à la découverte de l'Europe de l'Est. Retour en image sur les différents lieux et villes traversés, leurs histoires riches et parfois méconnues.
Du 14 au 29 juillet 2015
16 jours
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L'idée de découvrir la Lettonie nous est apparue sept ou huit mois avant le début de ce voyage. En effet, l'été précédent nous avions réalisé notre premier voyage entre amis loin de la France, et nous avions découvert l'Estonie et en particularité Tallinn, qui fut une immense surprise et un énorme coup de cœur. Ce voyage fut donc la poursuite naturelle de la découverte des pays baltes.

Départ à 4h du matin, direction l'aéroport Charles de Gaulle. 3h de route, 3h d'attente, 3h de vol et nous voilà enfin arrivés à destination, après une descente en avion comportant quelques petites montagnes russes fort sympathiques. Nous nous dirigeons immédiatement vers notre auberge de jeunesse à 5 minutes du cœur de la vieille ville. Nous avons donc accès à toutes les attractions qu'offre cette ville.

Riga compte 650 000 habitants et, de ce fait, se trouve être la plus grande ville des trois pays baltes. La Lettonie, indépendante depuis 1991, a connu une importante crise économique, dorénavant surmontée, dans les années qui ont suivi l'indépendance. L'atout premier de cette ville, c'est qu'elle est à taille humaine. Ici, pas de métro juste quelques trams et bus qui quadrillent parfaitement la ville. Nous faisons un petit tour dans la partie piétonne de la vieille ville, mais il nous apparaît évident qu'il faille trinquer à notre premier jour de vacances qui s'annoncent peu reposantes. Comme partout dans l'Est, la bière n'est pas chère et plutôt bonne.

Après cette petite pause, il est temps de visiter sérieusement. La première chose frappante dans cette ville est l'architecture : l'époque médiévale cohabite avec des bâtiments de style Art Nouveau. C'est cette particularité qui a permis à la vieille ville de Riga d'être classée au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

Le bâtiment le plus atypique de la ville sert désormais de résidence au président de la Lettonie. Il s'agit de la maison des Têtes Noires (Melngalvju nams) datant de 1344 et servant aux marchands de passage.

Melngalvju nams  et la vieille ville

Outre la vieille ville, nous avons pu nous balader le long de la Daugava, le fleuve qui se jette dans la Baltique et visiter la cathédrale orthodoxe reconnaissable à ses dômes dorés.

En plus des lieux précédemment cités, il y a deux monuments totalement différents mais incontournables dans cette ville :

- Le palais du la culture et des sciences, monument typique datant de l'époque soviétique, extrêmement imposant et contrastant avec le reste de la ville. Sa construction a d'ailleurs irrité beaucoup de Lettons car en 1953, Riga était toujours en ruine et l'argent utilisé pour construire ce bâtiment aurait pu être mieux utilisé selon eux.

Le bâtiment en tant que tel n'est pas beau mais il s'en dégage une atmosphère particulière, même s'il faut marcher une bonne vingtaine de minutes, le coup d’œil vaut le détour.

- Le Monument de la Liberté au pied duquel, en 1987, les Lettons ont commémoré les victimes de l'ère soviétique. Cette manifestation a relancé le mouvement d'indépendance dans une période où l'URSS était fragilisée. Avant cet événement, sa construction a permis d'honorer les morts de la guerre d'indépendance lettone ayant eu lieu entre 1918 et 1920.

Bien sûr comme partout à l'étranger, Riga possède son lot d'images ou de situations amusantes. En voici un petit aperçu sur ces photos.

Autant l'entrée pittoresque du magasin de souvenirs et les messages poétiques aux bars paraissent normaux, autant le magasin me sidère. Comment une boutique comme celle là peut elle subvenir à ses besoins? J'ai fait des recherches mais je n'ai malheureusement pas trouvé si la Lettonie était le leader incontesté de la vente de Crocs...

Riga étant une destination très sûre et peu étendue en superficie, deux jours suffisent pour la visiter pleinement, pour profiter de ses restaurants comme de sa vie nocturne réputée comme la meilleure de la région. Nous pouvons même certifier que cette réputation n'est pas exagérée, vu les immenses terrasses bondées recouvrant des places entières.

Riga est un parfait mélange des cultures venant de l'Europe de l'Est et de l'Ouest. Ce fut 3 jours très agréables entre dépaysement et habitudes, mais coupés par une demi-journée à Jūrmala, la station balnéaire branchée du pays.

J2
après-midi

La journée avait plutôt bien commencé et le soleil était sorti mais voilà, même en été le temps sur les côtes de la Baltique est capricieux et nous essuyons de grosses averses. C'est à ce moment précis que l'idée d'aller à Jurmala surgit.

Située à seulement 25 km de la capitale, elle est reliée à cette dernière par une ligne ferroviaire fréquentée. Elle est connue pour sa station balnéaire et son haut niveau de vie, elle est surnommée par certains le « Saint-Tropez de Lettonie ». Sa situation privilégiée en fait la première destination de week-end des habitants de Riga. Elle est également connue pour le nombre important de maisons en bois datant du 19 ème siècle, et compte 414 bâtiments historiques protégés.

Nous voilà donc en route pour la gare et se dresse devant nous le premier obstacle : une guichetière ne parlant pas un mot d'anglais. Grâce à l'existence de nos bras et nos cordes vocales nous réussissons à obtenir nos tickets.

Au passage et en bonus, nous avons eu notre premier cours de letton : la ville ne se prononce pas comme elle se lit mais [JOUURMALA]. Maintenant ça paraît évident mais dans un pays où nous savons simplement dire bonjour (au passage cela se prononce Labdien - oui si je peux essayer de faire éclore une vocation pour l'apprentissage du letton pour quelqu'un, ce sera ma petite fierté personnelle ), la difficulté n'est pas perceptible de la même façon.

Arrivés à JOUURMALA et, comme les nuages sont assez loin, nous décidons d'aller nous baigner... enfin nous baigner comme des personnes frileuses. J'ai donc sorti mon plus beau maillot de bain, des fleurs orange délavé sur un fond noir, pour faire honneur à l'événement.

Qu'on se le dise, été ou pas, la Baltique est froide. Il faut soit être un local soit ne plus avoir de thermorécepteur sur la peau pour rentrer dedans sereinement...

Bon ce qui devait arriver arriva : il se mit à tomber des cordes. Les pizzas et les bières seront notre réconfort pour attendre que cela se calme. A la sortie du restaurant, le soleil a refait son apparition et nous pouvons enfin en profiter avant de repartir à Riga.

Nous avons naïvement cru que l'on passerait entre les gouttes, et ça a presque réussi. En toute honnêteté, Jurmala ne vaut pas le coup si le planning est un peu serré. C'est juste une station balnéaire et une plage comme nous en avons en France.

J5

Troisième étape en Lettonie : la ville de Sigulda à une cinquantaine de kilomètres de Riga.

Le matin, direction la gare ferroviaire une nouvelle fois. Le train arrive et il faut compter environ 1h30 de voyage pour arriver à destination. Le train paraît vieux de l'extérieur et encore plus lorsque l'on pénètre à l'intérieur. Pourtant une surprise de taille nous attend : Il est équipé d'un Wifi plutôt performant. Quand on pense que la SNCF ne se donne même pas la peine d'essayer... Preuve que rien n'est insurmontable.

Sigulda se situe dans le Parc National de la Gauja, le plus ancien de Lettonie et le plus étendu des pays baltes. De très nombreux monuments historiques jalonnent la ville. Comme la veille, il fait un temps exécrable, mais nous nous faisons violence et partons à la découverte de la ville. Rien de bien exaltant à se mettre sous la dent jusqu'au début d'après midi. Le soleil revenant, nous partons à la découverte du nouveau château au style architectural Néo-Gothique.

Après avoir marché 40 minutes dans la direction opposée [merci à la personne qui avait la tâche de lire la carte] nous arrivons enfin dans un parc avec le château au fond d'une longue allée fleurie.

Le long de celui-ci se trouve la statue d'Atis Kronvalds, célèbre écrivain et enseignant letton du XIX ème siècle. Construit en 1878, le château a servi de quartier général à l'armée allemande durant la seconde guerre mondiale et l'opération Barbarossa. Après la guerre, il a servi de maison de campagne aux officiers soviétiques.

Derrière ce château se trouve un deuxième : une forteresse médiévale construite en 1207 par les Frères de l'épée. Durant la saison estivale, la forteresse est le théâtre de représentations chevaleresques et de diverses manifestations médiévales. A la fin du XIXème, le château ne comprenait que des ruines mais devant l'afflux de touristes à la fin du XXème, de grands travaux ont été entrepris pour rénover l'édifice.

Il est possible de monter au sommet de la forteresse, relativement bien préservée,et d'admirer les environs. Au loin, au-dessus de la forêt qui paraît sans fin, nous pouvons apercevoir le château de Turaida, localisé sur la rive opposée de la Gauja. Nous pouvons y accéder grâce à un téléphérique qui survole le parc à 45 mètres de hauteur sur environ 1,2 kilomètre. Pour les amateurs de sensations, il est possible à mi-chemin de faire un saut à l'élastique au dessus de la Gauja. Dommage, nous étions trop peureux (et/ou radins) pour s'adonner à cette activité.

Il est maintenant temps de regagner la gare pour rentrer à Riga et se préparer à passer notre dernière soirée en Lettonie. Demain c'est le grand départ pour notre deuxième pays du séjour et le troisième pays balte : La Lituanie.

J6àJ10

Nous nous apprêtons à quitter la Lettonie en direction de Vilnius. 300 kilomètres séparent les deux capitales, soit approximativement 4h30 de voyage en bus. Avant d'aller à la gare routière, nous faisons un tour au marché central de Riga, un des plus vieux d’Europe, s'étendant sur 16 000 m².

Arrivés à Vilnius en début d'après-midi sous 30°, nous filons directement à notre appartement. Nous logeons dans une résidence étudiante déserte l'été mis à part quelques touristes qui occupent certains logements. Nous sommes parfaitement situés, juste au-dessus d'une rue avec bars et restaurants tout du long. Justement nous jetons notre dévolu sur l'un d'entre eux, et quel choix judicieux : j'ai mangé le meilleur burger de toute ma vie ! Si jamais je devais retourner un jour à Vilnius, j'irais en priorité remanger dans cet établissement.

Ce qui nous frappe en premier lieu c'est bel et bien le calme de la ville. Même si quelques terrasses sont remplies, il n'y a pas foule et nous avons pas l'impression de suffoquer comme cela peut être le cas dans certaines villes comme Prague ou Barcelone. Au cours de notre balade dans le centre historique classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, nous passons sur diverses places et devant plusieurs édifices religieux dont l'église Saint-Anne, le théâtre national avec sa sculpture des trois muses, l'église Sainte-Catherine, la place de l’hôtel de ville, l'église orthodoxe et la porte de l'Aurore. Cette porte, construite lorsque Vilnius était peuplé de Polonais, est aujourd'hui un lieu de pèlerinage important pour la communauté catholique de Pologne. Toujours aussi peu de monde, et la soirée arrivant, la ville ne se remplit toujours pas. C'est au final très agréable de ne pas lutter pour trouver une table ou aller boire un verre.

Le lendemain nous continuons notre visite par la place de la cathédrale et la Tour de Gédimas. La cathédrale a la caractéristique d'avoir un beffroi sur son parvis, chose assez peu habituelle dans cette région du monde. C'est la principale église de tout le pays, ce qui en fait un centre spirituel très important mais lors de récents travaux, un autel et le plancher d'un temple païen ont été mis à jour ainsi que la plus ancienne fresque murale du pays dans une des chapelles souterraines.

Direction maintenant le château de Vilnius qui a été en grande partie détruit et dont il ne reste que la tour de Gédimas. C'est un des symboles de la ville et même du pays car représenté sur la monnaie avant le passage de la Lituanie à l'euro. Une partie du château fut détruite en 1390 par les chevaliers teutoniques et n'a jamais été reconstruite. Ce n'est que lors de l'annexion de la Lituanie par les Tsars au XIXème siècle que la majorité des bâtiments furent détruits.

Lorsque que nous montons au somment, toute la ville apparaît devant nous.

L'endroit est parfait pour faire des photos panoramiques et pour bien voir la ville historique,la rivière Néris et la ville moderne avec ses quelques buildings tout de verre et d'acier.

C'est au sommet de la tour qu'en 1988, alors que la Lituanie est sous domination soviétique, que fut hissé le drapeau lituanien lors du mouvement indépendantiste qui aboutira deux ans plus tard à la création de l'état lituanien. A l'intérieur de la tour, se trouve une exposition sur l'indépendance de la Lituanie et plus généralement des états baltes avec le fameux épisode de la "Baltic Way".

Le 23 août 1989, environ 2 millions de Lituaniens, Lettons et Estoniens ont formé une chaîne humaine sur près de 600 km allant de Vilnius jusqu'à Tallinn, en passant par Riga. Cette action avait pour but de condamner la colonisation soviétique du passé et de montrer l'espoir de ces peuples dans le futur devant l'affaiblissement de l'URSS à cette époque.

Pour finir la journée, nous avons découvert une particularité de Vilnius : La république d'Uzupis, une des micro-nations présentes dans l'Union Européenne.

J7
après-midi

En préparant le voyage, je suis tombé sur un article expliquant qu'à l'intérieur même de Vilnius, une micro-nation a vu le jour grâce aux habitants du Quartier d'Uzupio ("au-delà de la rivière" en lituanien). Ce quartier est situé dans un méandre de la Vilnia, et pour y pénétrer, il faut traverser un des sept ponts qui font office d'entrées officielles. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour attiser ma curiosité et j'en ai donc parlé à mes compères de voyage qui ont accepté très rapidement la visite, visiblement très intéressés aussi.

Même si la République d'Uzupis est officieuse, celle-ci dispose de son drapeau, de sa constitution, de ses lois, de ses dirigeants, de son journal, de sa fête nationale, de son hymne et même de son armée régulière constituée de douze hommes.

Le drapeau de la république d'Uzupis et le "panneau frontière"  

La république est peuplée d'environ 7000 habitants. Considéré comme un vieux quartier décrépi à l'époque de l'URSS, Uzupis devint la résidence des artistes qui installèrent des ateliers dans les caves laissées vacantes. Peu à peu, le quartier fut transformé en lieu de bohème, surnommé le "Montmartre Lituanien". D'ailleurs ce dernier entretient des liens avec le quartier parisien.

Le 1er Avril 2001, la déclaration de la Constitution permet la déclaration de l'Indépendance. Cette déclaration en lituanien, fut par la suite traduite en 18 autres langues, dont le français. Parmi les 41 articles qui la composent, nous pouvons lire :


Voici la constitution complète :

  1. L'Homme a le droit de vivre près de la petite rivière Vilnia et elle a le droit de couler près de lui
  2. L'Homme a le droit à l'eau chaude, au chauffage durant les mois d'hiver et à un toit de tuile
  3. L'Homme a le droit de mourir, mais ce n'est pas un devoir
  4. L'Homme a le droit de faire des erreurs
  5. L'Homme a le droit d'être unique
  6. L'Homme a le droit d'aimer
  7. L'Homme a le droit de ne pas être aimé, mais pas nécessairement
  8. L'Homme a le droit d'être ni remarquable ni célèbre
  9. L'Homme a le droit de paresser ou de ne rien faire du tout
  10. L'Homme a le droit d'aimer le chat et de le protéger
  11. L'Homme a le droit de prendre soin du chien jusqu'à ce que la mort les sépare
  12. Le chien a le droit d'être chien
  13. Le chat a le droit de ne pas aimer son maître mais doit le soutenir dans les moments difficiles
  14. L'Homme a le droit, parfois, de ne pas savoir qu'il a des devoirs
  15. L'Homme a le droit de douter, mais ce n'est pas obligé
  16. L'Homme a le droit d'être heureux
  17. L'Homme a le droit d'être malheureux
  18. L'Homme a le droit de se taire
  19. L'Homme a le droit de croire
  20. L'Homme n'a pas le droit d'être violent
  21. L'Homme a le droit d'apprécier sa propre petitesse et sa grandeur
  22. L'Homme n'a pas le droit d'avoir des vues sur l'éternité
  23. L'Homme a le droit de comprendre
  24. L'Homme a le droit de ne rien comprendre du tout
  25. L'Homme a le droit d'être d'une nationalité différente
  26. L'Homme a le droit de fêter ou de ne pas fêter son anniversaire
  27. L'Homme devrait se souvenir de son nom
  28. L'Homme peut partager ce qu'il possède
  29. L'Homme ne peut pas partager ce qu'il ne possède pas
  30. L'Homme a le droit d'avoir des frères, des sœurs et des parents
  31. L'Homme peut être indépendant
  32. L'Homme est responsable de sa Liberté
  33. L'Homme a le droit de pleurer
  34. L'Homme a le droit d'être incompris
  35. L'Homme n'a pas le droit d'en rendre un autre coupable
  36. L'Homme a le droit d'être un individu
  37. L'Homme a le droit de n'avoir aucun droit
  38. L'Homme a le droit de ne pas avoir peur
  39. Ne conquiers pas
  40. Ne te protège pas
  41. N'abandonne jamais

Lorsque nous sommes entrés dans cette république, nous avons pu voir les deux sculptures symboles d'Uzupis. Elles sont toutes deux l'oeuvre du sculpteur local Romas Vilčiauskas et datent également toutes deux de 2002.

La petite sirène est assise sur une niche, dans un mur de la berge de la Vilnia. On dit que c’est elle qui attire à Užupis des personnes du monde entier. Ceux qui ne résistent pas à son charme restent à Užupis pour toujours.

L'ange soufflant quant à lui est le symbole le plus important. Le fait qu'il souffle permet, métaphoriquement, de réveiller le monde qui l'entoure.

Nous nous enfonçons plus profondément et au fil des rues qui se dressent devant, il nous apparaît de vieux bâtiments dont certains dans un état délabré voire même quasiment en ruines. Cependant les habitants tentent de rafistoler les habitations comme ils le peuvent, mais toujours de façon artistique. Au final, même si esthétiquement le quartier ne nous en met pas plein la vue, le fait qu'il y ait des peintures/ sculptures / graffitis un peu partout fait que l'on se plaît à flâner au milieu de ces rues et ruelles.

Avant de partir, nous décidons de faire une pause dans un bar le long de la rivière avec pour bonus une balançoire juste au dessus du cours d'eau. Le cadre est plutôt sympa pour prendre une bière, ou alors un cidre qui fera des ravages pour le seul membre féminin de notre dangereuse expédition.

C'est tout pour la dernière après-midi passée dans l'aire urbaine de Vilnius. Le lendemain, nous prendrons la direction de l'attraction majeure proche de la capitale.

J8


Cap sur Trakai à une trentaine de kilomètres à l'Ouest de Vilnius. Le bus qui assure la liaison entre les deux villes date de l'époque soviétique. Très sale et pas vraiment confortable, il m'a fait penser aux bus de ramassages scolaires que je prenais quand j'étais petit. Cependant, certains ne sont pas de mon avis et arrive à communier avec Morphée pendant la demi-heure de trajet.


Le bus nous dépose au milieu de Trakai. La ville est située au milieu de collines, de forêts et surtout sur une presqu'île s'avançant sur le lac Galvé, l'un des 200 lacs de la région. L'attraction principale de la ville est le fameux château de style gothique construit sur une île .

Cette ville était un des berceaux de l’État lituanien, un centre militaire et politique important, le siège des Grands-Ducs de Lituanie ainsi que la capitale de la Lituanie.

Plus récemment, lors de la Seconde Guerre mondiale, la ville est le lieu d'exécutions de masse de la population juive. Plusieurs milliers de Juifs sont massacrés dans le cadre de la Shoah par balles par des Lituaniens collaborateurs des nazis.

Aujourd’hui, Trakai attire les visiteurs en tant que lieu de villégiature pour se reposer de la vie de la capitale.

Nous nous baladons le long des rives du lac et découvrons qu'il est possible de faire un tour en barque, en voilier et même en pédalo.

Autour du lac se trouvent des terrasses de restaurants et autres bars et ce jour-là il y a foule. C'est aussi une zone de baignade assez réputée même si l'eau paraît vraiment froide. Nous nous dirigeons vers le château sur l'île au milieu du lac. On peut y accéder soit par bateau soit à pied par un pont. Nous avons fait le tour extérieur de l'édifice mais ne sommes pas allés à l'intérieur. Le château datant du XIVème, bien conservé, est de couleur brique, ce qui lui donne un charme et un aspect atypique.

Après cette escapade à pied, la visite se continue sur l'eau avec la location de pédalos. Ceci permet d'avoir un autre point de vue sur l'île. L'activité s'avère autant fatigante, lorsque que le compère fait semblant de pédaler, que périlleuse. Périlleuse parce qu'au beau milieu du lac, il a fallu passer d'un pédalo à l'autre pour changer les équipages. Malheureusement aucun des quatre autres n'a fini à l'eau !

Après cette nouvelle expérience, un incident diplomatique et également 3.5 kilomètres à pied, nous retrouvons enfin le meilleur bus du pays. Toujours aussi sale mais beaucoup plus confortable après une journée comme celle-ci.

J9

Dernier jour en Lituanie et au programme, la ville de Kaunas, à l'Ouest de Vilnius. Nous montons dans un minibus pour quasi deux heures de route. Ce fut le pire trajet du séjour. Le chauffeur, possiblement alcoolisé vu sa diction, devait être le Michael Schumacher lituanien car le slalom entre les files de voitures et les dépassements avec rabattement au dernier moment n'avaient aucun secret pour lui. Bref après cette simulation de F1, nous arrivons donc, en vie, à la gare routière de Kaunas et prenons immédiatement la direction de la vieille ville.

Kaunas est la deuxième ville de Lituanie avec 340 000 habitants ainsi que le port fluvial le plus important des pays baltes. Elle a été temporairement la capitale de la Lituanie durant l'entre deux guerres, Vilnius étant en territoire polonais.

Elle est constituée de deux parties distinctes. Une partie moderne, qui ne diffère en rien de nombreuses autres villes, et un centre piéton aux rues pavées et à l'architecture rendant la balade agréable et dégageant une atmosphère de tranquillité. Nous passons devant un monument symbolique, à savoir l'Église Saint-Michel-Archange construite en 1895 pour la population russe orthodoxe de Kovno (nom de Kaunas lorsque celle-ci était rattachée à l'Empire russe).

Deux rues sortent du lot : Vilnius Street est la rue principale de la Vieille Ville. La vie ici est très dynamique avec ses nombreuses terrasses, de nombreux magasins et des musées qui attirent l'attention des touristes. La deuxième est Laisves Aleja qui est la plus grande rue piétonne d'Europe, longue de 1,7km, reliant Vilnius street et la cathédrale de Kaunas.

L'heure du déjeuner étant passée depuis un certain temps, un repas pris dans une chaîne de restaurant très répandue dans le pays fera office de banquet. Comme partout en Lituanie, nous mangeons beaucoup pour presque rien.

Preuve que nous sommes aux portes du Paradis, un match des championnats du monde de Hockey ayant eu lieu la même année, et auquel deux d'entre nous avaient eu la chance d'y assister, est diffusé.

En nous dirigeant vers le château, on peut apercevoir un monument avec tous les jumelages que cette ville possède ; lorsque un homme proche de nous se rend compte que nous sommes français, il vient tout en spontanéité et gentillesse, m'expliquer les circonstances du jumelage avec Grenoble. Je dois bien avouer que même si mon anglais est loin d'être parfait, le langage mi-anglais mi-lituanien/russe ne m'a pas aidé à comprendre ce qu'il me raconte.

Nous arrivons enfin au château/ forteresse qui a été érigé au XIVème siècle. C’était le poste de défense le plus important. Le château a résisté à plusieurs sièges mais a ensuite été presque entièrement détruit par l’armée russe en 1655 . Maintenant ne subsistent seulement qu’une tour et une partie du mur rattachée.

Avant de repartir vers la gare routière et de refaire les quelques kilomètres qui nous en séparent, une façade attire notre regard. Il s'agit du théâtre de la vieille ville recouvert par une oeuvre de street art nommée "Wise Grandpa" de l'artiste Gyva Grafika. C'est certes particulier mais pas dénué de beauté.

Retour à Vilnius pour notre dernière soirée en Lituanie, et pour fêter un anniversaire. La merveilleuse idée d'avoir pris le gâteau au gout pistache - framboise, arrosé de bière en bouteille plastique à moindre prix, graveront des souvenirs difficilement oubliables dans nos mémoires. Par contre pour nos estomacs, les ressentis peuvent être légèrement différents...

J10àJ13

Départ de Vilnius vers midi avec en ligne de mire une arrivée tardive dans la capitale polonaise. Après plus de 10 heures de route et un passage de frontière avec vérification des passeports, sans aucun problème pour nous, mais avec des douaniers lituaniens tatillons avec les passagers russes, le bus nous dépose au cœur de la capitale, au pied de plusieurs gratte-ciel dans le centre financier de Varsovie. On distingue aussi le Palace de culture et des sciences similaire à celui de Riga. Direction l'auberge de jeunesse et surtout un endroit où manger vu que durant le trajet, seules quelques chips nous ont tenu de repas. Comme à minuit, nous n'avons rien trouvé, nous nous séparons en deux groupes : l'un rentre à l'auberge pour se reposer et l'autre part faire un tour pour trouver de quoi manger. Sur les cinq de départ, nous ne sommes plus que trois chasseurs dans cette jungle urbaine en quête d'une source de nourriture.

Au bout de 20 minutes, on tombe enfin sur un MacDo, qui fera très bien l'affaire. Mais comme tout se mérite, nous décidons de commander un burger local en littuanien. Je mets donc tout le monde au défi de prononcer " Zasmakuj W Jakosci" et que l'interlocuteur comprenne. Ce fut un échec, pas cuisant, mais un échec quand même.

Rendez-vous le lendemain matin, sous un grand soleil, pour aller découvrir une ville riche en histoire. Son histoire moderne est d'ailleurs douloureuse, car en 1940, les nazis parquèrent les Juifs dans un ghetto ce qui constituait la première étape de la Solution Finale. Trois ans après, les Juifs se soulevèrent durant l'insurrection du ghetto mais tinrent seulement un mois, après quoi les SS décimèrent les survivants. Aujourd'hui, rien ne subsiste du ghetto hormis un monument rendant hommage à ce soulèvement.

En 1944, l'insurrection de Varsovie menée par la résistance polonaise à l'intérieur même de la ville dura deux mois. Un monument/sculpture commémore cet événement. Douloureuse donc car à la sortie de la seconde guerre mondiale, 84 % des bâtiments de Varsovie sont détruits.

C'est plus grande ville de Pologne et la plus peuplée avec 1,8 million d'habitants mais la vieille ville (Stare Miasto) est dense et peu étendue. Cette partie de la ville a été entièrement détruite en 1945 et a pu être reconstruite à l'identique uniquement grâce à des toiles de maîtres.

La Vieille Ville est un labyrinthe de ruelles pavées, de façades ornées et de places très fréquentées par les touristes, avec de nombreuses galeries, des restaurants ou des cafés. Selon un local avec qui nous avons discuté, ce quartier est peu fréquenté par les Varsoviens à cause des prix excessifs et du nombre important de touristes. C'est dans cette partie de la ville que se trouve la place du château ou Plac Zamkowy, avec la Colonne du Roi Sigismond qui se dresse et surplombe la Vistule.

La Place du Marché  ( Rynek Starego Miasta )avec le symbole de la ville en son centre 

En s'enfonçant dans la vieille ville depuis cette place, nous tombons sur la Place du Marché, le centre névralgique du quartier, bordée de maisons bourgeoises richement décorées. En son centre se trouve la statue d'une sirène, symbole de Varsovie, ornée d'un bouclier et d'une épée promettant la protection des habitants lorsqu'ils sont dans le besoin.

La visite de la ville se poursuit et nous décidons de partir à la recherche du ghetto de Varsovie signalé dans un dépliant trouvé dans l'auberge faisant éloge d'un site à visiter. Nous suivons notre GPS sans grande conviction et les coordonnées associées ne menant nulle part, jamais nous ne le trouverons, même après avoir demandé à des gens dans la rue, qui d'abord étonnés de notre recherche, se montrèrent désolés de ne pas pouvoir nous aider.

Cependant au cours de cette recherche, nous sommes tombés sur une image frappante mêlant la tradition/l'Histoire à la modernité. Un cliché contrastant entre une église toujours débout et utilisée, avec, en arrière plan, les premiers buildings de la ville moderne.

Avant de reprendre la route dès le lendemain matin, une dernière soirée s'impose pour nous remettre de cette dernière journée car nous avons arpenté la ville tout l'après midi pour voir et retenir le plus d'images possibles vu le court laps de temps que nous avons passé ici.

On embarque donc dans un bus de la compagnie nationale, dans lequel nous sommes mieux traités que lorsque nous voyageons avec une compagnie aérienne : collations, écran individuel, boissons etc...Le voyage le plus court du séjour mais l'un des plus agréables.

J14


VU D'ENSEMBLE :

Auschwitz fut le plus grand camp de concentration créé par les Nazis situé à 60 kilomètres de Cracovie. Il s'agissait en fait d'un immense complexe concentrationnaire avec deux, puis trois camps principaux et de multiples "annexes". De plus, un camp d'extermination fut installé au sein du deuxième camp principal.

Trois camps de grandes dimensions près de la ville polonaise d'Oswiecim constituaient le complexe : Auschwitz I, Auschwitz II (Birkenau) et Auschwitz III (Monowitz).

Vue aérienne du complexe d'Auschwitz-Birkenau en Juin 1944 

DESCRIPTION ET HISTOIRE D'AUSCHWITZ I : 

Sa construction commença en mai 1940 mais les SS ne cessèrent d'étendre les contours physiques du camp en utilisant le travail forcé des détenus. Les premiers prisonniers étaient des prisonniers de droit commun allemands et des prisonniers politiques polonais. Ce fut surtout un camp de concentration mais qui possédait un four crématoire ainsi qu'une chambre à gaz. Les SS menèrent des recherches pseudo-scientifiques sur des bébés, des jumeaux et des nains et des expériences diverses sur des adultes. Entre le four crématoire et le baraquement des expériences se dressait le "Mur Noir", où les gardes SS exécutèrent des milliers de prisonniers.

Le "Mur Noir" et un mirador dans le camp d'Auschwitz I 

Arrivés à Cracovie, nous nous dirigeons directement dans un office de tourisme pour prendre une excursion à la journée pour visiter Auschwitz. En effet, il est possible, passé une certaine heure, de visiter les camps I et II seuls. Quitte à faire cette visite autant prendre un guide mais il faut pour cela passer par un organisme. Nous avons la possibilité grâce à l'office du tourisme de suivre cette visite en français.

Nous voilà donc partis le lendemain matin pour la ville d'Oświęcim et la première mauvaise surprise de la journée intervient lorsque notre bus se gare sur le parking. Près d'une dizaine d'autres bus sont déjà garés, ce qui indique que nous allons être nombreux sur le site.

Une fois le ticket d'entrée en poche, il faut patienter jusqu'à ce que l'on nous appelle selon la langue choisie. On nous fournit un casque relié au micro du guide. Ce dernier arrive et parle parfaitement le français, avec quasiment aucun accent.

ARBEIT MACHT FREI 

" ARBEIT MACHT FREI " - Le travail rend libre. C'est en passant sous cette inscription, après avoir franchi la barrière avec un grand "HALT" visible, que nous pénétrons dans le camp d'Auschwitz I, devenu maintenant un musée. Au travers des différents bâtiments nous pouvons voir des salles représentant les origines des différents prisonniers, les citations, les portraits ainsi que les effets personnels des victimes. Certaines salles sont très difficiles à supporter quand on réalise que la très grande majorité des propriétaires de ces objets ont été exterminés.

Le block 11 ou "block de la mort" était le lieu de jugement des prisonniers, jugement se soldant par la mort. C'est également dans ce block qu'on peut voir des cellules ou les cachots les prisonniers étaient entassés et ne pouvaient que rester debout.

Lorsque l'on sort, nous marchons entre les différents bâtiments qui composent le camp, devant la cour d’exécution avec le fameux "Mur Noir" jusqu'à arriver devant la maison de Rudolf Höss, commandant général du complexe d'Auschwitz. Cette maison où il vivait avec sa famille se trouvait juste à coté du four crématoire... D'ailleurs il a été pendu ici-même, sur le lieu de ses crimes après sa condamnation lors de ses procès à Nuremberg et à Varsovie.

La visite du camp I terminée, nous reprenons le bus pour aller quelques kilomètres plus loin visiter le camp II.

DESCRIPTION ET HISTOIRE D'AUSCHWITZ-BIRKENAU ( AUSCHWITZ II ) : 

La construction d'Auschwitz-Birkenau commença en octobre 1941. Le camp s'étendait sur 175 ha et comprenait des sections pour les femmes, les hommes et les Tziganes. C'est le camp qui compta le plus grand nombre de prisonniers.

Des essais conduisirent à l'adoption du Zyklon B pour tous les gazages menés à Auschwitz. Quatre fours crématoires de grandes dimensions furent construits par des firmes allemandes entre mars et juin 1943. Chacun possédait trois parties : une zone de déshabillage, une grande chambre à gaz, et les fours crématoires proprement dits. Les SS poursuivirent les opérations de gazage à Auschwitz-Birkenau jusqu'en novembre 1944.

Avec les déportations venant de Hongrie, le rôle d'Auschwitz-Birkenau dans la destruction des Juifs d'Europe atteignit son plus haut degré d'efficacité. En mai 1944, la plus grande vague de déportations vers Auschwitz commença. En juillet 1944, près de 440 000 Juifs hongrois avaient été déportés à Auschwitz-Birkenau. Les SS envoyèrent directement la plupart d'entre eux dans les chambres à gaz, sans même sélectionner les adultes valides pour le travail.

La visite se poursuit avec le même groupe, et nous rentrons dans Birkenau. Nous pouvons apercevoir la tristement célèbre porte d'entrée avec les rails pénétrant dans le camp. Il faut bien avouer que cette image prend vraiment aux tripes.

Il y avait à l'origine 300 baraquements en bois et en brique, mais il en reste seulement environ 70. Cependant, des cheminées sont visibles à perte de vue, seuls vestiges encore debout des baraquements. Nous nous approchons d'un wagon à bestiaux semblables à ceux qui était utilisés pour les déportés.

Au fond du camp se situent les chambres à gaz et les fours crématoires que les nazis ont fait sauter avant de laisser le camp, dans un ultime essai de cacher leurs crimes. Non loin de là, un mémorial à été érigé et comprend 21 stèles avec le même texte traduit dans 21 langues : " « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d'hommes, de femmes et d'enfants, en majorité des Juifs de divers pays d'Europe, soit à jamais pour l'humanité un cri de désespoir et un avertissement ".

La dernière étape est la visite d'un baraquement entièrement restauré. C'est en rentrant à l'intérieur que l'on se rend compte à quel point les conditions étaient cruelles et inhumaines. Le plus frappant et choquant a été la découverte de tags réalisés par des visiteurs sur les murs du baraquement. La nature humaine est parfois vraiment désolante mais malheureusement nous ne sommes pas au bout de nos surprises...

La visite finie, et en repartant vers la gare, nous voyons un groupe avec des drapeaux israéliens en train de se prendre en selfie, tout sourire et faisant des signes de la victoire...

Ces deux événements nous ont pas mal décontenancés, et il était temps de repartir vers Cracovie après cette journée éprouvante, même si à ce moment, nous sommes libres de visiter seuls certaines parties du camps laissées de côté durant la visite.

DESCRIPTION ET HISTOIRE D'AUSCHWITZ-MONOWITZ-BUNA ( AUSCHWITZ III ) : 

Auschwitz III fut créé en 1941 à 14 kilomètres de Birkenau pour fournir des travailleurs à l'usine de caoutchouc synthétique de Buna dans le cadre du travail forcé. Cette usine profita de la main-d'oeuvre gratuite fournie par les prisonniers du camp de concentration.

Ceux qui étaient sélectionnés pour le travail forcé étaient enregistrés et des numéros d'identification étaient tatoués sur leur bras. Ils étaient ensuite assignés au travail forcé à Auschwitz ou dans l'un des nombreux camps secondaires d'Auschwitz III.

C'est le seul des trois camps qu'il n'est pas possible de visiter car complètement détruit.

FAUT-IL VISITER AUSCHWITZ-BIRKENAU ?

Cette visite est un incontournable si l'on se trouve à côté de Cracovie ou de Katowice. Mais... je l'ai autant aimée que "détestée".

En effet, le devoir de mémoire, pour que des actes similaires ne se reproduisent plus jamais, est nécessaire. Mais c'est le traitement de ce devoir qui m'a dérangé. Je comprends parfaitement qu'entretenir un site comme celui-ci demande des règles, mais durant cette journée, nous avions l'impression d'être dans un "parc d'attraction", où tout était "chronométré" car il fallait sortir des salles afin qu'un autre groupe puisse y pénétrer.

Selon moi, voir dans toutes les directions des guides suivis par des groupes, dénature ces lieux. Bien sûr cela reste pesant, mais être aussi nombreux sur le site enlève le côté intimiste que l'on peut rechercher lorsque l'on visite des lieux de recueillement ou de mémoire, comme l'ossuaire de Verdun par exemple. Mais il serait bien évidemment difficile de reprocher à des gens de vouloir visiter un lieu aussi important

Cependant, la visite guidée est à mon sens indispensable, déjà parce que notre guide était très disponible et pertinente dans ses commentaires mais aussi car les explications données sont parfois inconnues, sauf si on est un expert de cette période de l'histoire.

En conclusion, il ne faut pas hésiter à aller sur ce site, mais le tourisme de masse, dont nous avons fait partie, a en quelque sorte dénaturé ce lieu important.

J13àJ16

Directement arrivés à Cracovie en fin d'après midi sous une chaleur écrasante, nous allons déposer nos affaires dans notre auberge de jeunesse (Tutti Frutti Appartments) pour profiter le plus rapidement de nos derniers jours.

Cracovie est la troisième ville de Pologne avec 800 000 habitants. C'est également la ville la plus touristique de Pologne, ce qui s'explique par le fait que contrairement à d'autres grandes villes polonaises, elle n'a pas été détruite pendant la guerre. Le centre historique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial des sites depuis 1978.

Son style mêlant les architectures gothique et baroque est donc resté quasiment intact depuis l'édification de la vieille ville. Cependant, les habitants ont quand même connu des périodes difficiles, notamment les Juifs cloisonnés dans le ghetto. Seul 7000 d'entre eux ont survécu à la guerre. A la fin de celle-ci, les communistes polonais, considérant Cracovie comme une ville bourgeoise, ont voulu changer son visage en la prolétarisant. Pour réussir cela, ils ont construit l'énorme cité stalinienne à l'Est, maintenant rattachée à la ville elle-même.

Direction la Grand-Place (ou Rynek ) qui est le centre névralgique et le plus bel endroit de Cracovie. Mesurant un peu moins de 200 mètres de long, elle est une des plus grandes places d'Europe. Depuis le moyen âge, cette place accueillait des marchands, et cela jusqu'au milieu du XIXe siècle. Sur la place se trouvent une multitude de restaurants et de bars. Nous jetons notre dévolu sur le restaurant situé au pied du Beffroi de l'hôtel de ville. Ce dernier sert même même de cuisine pour le restaurant. Ici rien n'est cher, comme pour tous les lieux visités depuis une dizaine de jours.


Juste à côté, se trouve la sculpture d'une tête couchée appelée "Eros Bandato" érigée en 1999. Il fut d'ailleurs assez difficile d'en prendre une photo, car c'est une attraction très prisée des enfants qui grimpent à l'intérieur pour se faire photographier. Une fois le cliché réalisé, nous voilà partis au delà de la place dans les petites rues alentours.

Avant d'atteindre ces rues, nous passons devant la basilique Sainte-Marie, qui fait partie, avec les cathédrales Alexander Nevsky de Tallinn et de Sofia, des édifices religieux que je préfère. Elle est constituée de deux tours, une de 80 mètres et l'autre de 69 mètres, et date du XIVème siècle.

Nous entendons alors une mélodie provenant de la tour nord appelée le "Hejnal". Depuis le XIVème, elle est jouée toutes les heures, de jour comme de nuit, à quatre reprises dans la direction des quatre points cardinaux. C'est un membre des sapeurs pompiers de la ville qui joue la mélodie à la trompette, et qui salue la foule d'un signe de la main une fois celle-ci terminée.

La légende du Hejnał aurait pour origine l’invasion mongole de 1241. Lorsque le garde en haut de la tour, aperçut les Mongols s’apprêtant à attaquer Cracovie, il donna l'alerte. Une flèche lui transperça alors la gorge et la mélodie s'interrompit.


La Fabrique d'émail d'Oskar Schindler 

Schindler, membre du parti nazi, obtient la fabrique en 1939 après que celle-ci est confisquée car son dirigeant était juif. Il employa des Juifs, au départ pour des raisons économiques. Mais il semble que la sauvagerie de la déportation lui fit comprendre que sa position lui donnait une chance d’aider ces personnes.

Schindler réussit, grâce à ses contacts et à des pots-de-vin, à créer un sous-camp de travail. Ses ouvriers habitaient des baraques, loin du commandant psychopathe du camp de Płaszów, Amon Goeth. L’usine devint un abri pour environ 1 100 personnes, un endroit où les conditions sanitaires et les rations alimentaires étaient nettement meilleures que dans le camp.

Ayant vu le film relatant l'histoire de Schindler, nous avons décidé d'aller visiter la fabrique. Nous ne sommes pas de très grands fans de musées, mais les articles et dépliants que nous avons trouvés ont éveillé notre curiosité. Il faut marcher une vingtaine de minutes depuis le Rynek pour arriver à la fabrique. Jour spécial pour les étudiants européens et pour les moins de 25 ans, à l’occasion me semble t'il des journées des patrimoines, l'entrée était gratuite.

L'usine est maintenant un musée sur l'histoire de la Pologne, et plus particulièrement de Cracovie, occupée durant la seconde guerre mondiale. On déambule dans des salles où sont montrées les conditions de vie des habitants de Cracovie mais aussi l'histoire des Juifs de la ville. Ces derniers ont connu le ghetto, puis le camp de travail de Płaszów et enfin la déportation. Nous pouvons également observer des objets appartenant aux membres des SS, comme leurs uniformes, armes et tous les insignes et plaques qu'ils firent apposer dans Cracovie pendant son occupation.

Deux salles m'ont davantage interpellé que les autres, d'autant plus que nous visitons ce musée le lendemain de la journée à Auschwitz.

La première est le bureau de Schindler ; sur le mur en face les noms des 1100 personnes qu'il a sauvées sont inscrits. La seconde est un couloir où sont accrochés les longs drapeaux rouges avec la croix gammée, utilisés lors des réceptions officielles du parti Nazi.

Les Juifs de Schindler 

Nous finissons la visite devant des panneaux dans le hall d'entrée du musée où sont affichés les portraits des juifs de Schindler, l'un des moments les plus fort de la visite.

Après la fabrique, nous nous dirigeons vers la colline du Wawel, situé le long de la Vistule et abritant un château ainsi qu'une cathédrale. La crypte de cette dernière contient les tombes des anciens rois de Pologne.

En nous dirigeant vers le sommet de la colline, nous apercevons une statue de dragon, emblème de la ville, crachant du feu. Elle fait référence à la légende du "Dragon de Wawel".

Selon la légende, "chaque jour, le dragon battait le chemin à travers la campagne environnante, tuant les habitants, pillant leurs maisons et dévorant leur bétail. Il ne pouvait être apaisé que si les gens du coin lui livraient une jeune fille en face de sa grotte une fois par mois.

Le roi Krakus, voulant en finir avec ce dragon, demanda l'aide aux chevaliers de son royaume pour affronter l'animal. Toutes les filles de la ville furent finalement sacrifiées, sauf la fille du roi, Wanda. En désespoir de cause, le roi a promis sa main à qui pourrait vaincre le dragon. Les plus valeureux des guerriers se battirent contre l'animal mais aucun ne réussit à vaincre le dragon. Un jour, un pauvre apprenti cordonnier, releva le défi. Il fourra un agneau avec du soufre et le plaça à l'extérieur de la grotte du dragon. Ce dernier sortit et dévora rapidement l'animal. Peu de temps après il eut énormément soif. Il se dirigea vers la Vistule et but longuement tellement le soufre l'avait assoiffé. Il continua à boire et son ventre gonfla énormément à mesure qu'il vidait les eaux de la Vistule jusqu'à finir par exploser."

Poursuivant notre escalade, nous arrivons à un belvédère avec vue sur le fleuve et la partie Ouest de la ville. Nous continuons jusqu'à un des lieux les plus importants pour les Polonais : le complexe architectural du Wawel. En effet, pendant longtemps, le Wawel a été le centre du pouvoir ecclésiastique et monarchique de la Pologne du XIème au XVIème siècle, faisant de Cracovie la capitale du pays jusqu'en 1596 où Varsovie lui a été préférée. Les différentes couleurs se marient parfaitement les unes aux autres.

Le long de la Vistule, se trouve "l'Allée des Célébrités" avec des plaques étoilées comme sur Hollywood Boulevard à Los Angeles, avec des noms d'artistes nationaux et internationaux couplées avec leurs empreintes de mains. Tim Roth, Céline Dion, Benedict Cumberbatch et Luc Besson sont quelques-uns des noms inscrits sur les plaques de la promenade.

La dernière après-midi et la dernière soirée passent rapidement et nous rentrons à l'auberge. Nous avons une chambre pour nous cinq mais partageons une salle de bain/toilettes avec une famille occupant l'autre chambre de l'étage. Malheureusement, un des occupants s'est endormi à l'intérieur sans pouvoir se réveiller et nous sommes dans l'impossibilité de l'utiliser, malgré les très nombreux coups frappés à la porte. Ce n'est que vers 6h du matin que le brave garçon a daigné en sortir...

Départ pour être à l'aéroport deux heures avant le décollage mais surprise... Le vol a 5h de retard à cause d'un problème technique sur l'avion ce qui a nécessité le remplacement de celui-ci. Tant pis, on va en profiter pour dormir et attendre patiemment, mais l'avion est rempli de Français, et comme nous pouvons l'imaginer, ça râle énormément ... [Bonjour les clichés !]

C'en est fini de ces 15 jours en Europe de l'Est. C'était notre premier long voyage dans cette partie de l'Europe et nous étions partis avec pas mal de préjugés quant à la population et aux pays.

Non seulement ils ont été balayé mais en plus nous avons découvert des personnes et des modes de vie beaucoup plus "posés" qu'en France. Nous avons énormément apprécié la disponibilité et la gentillesse des gens, les lieux inconnus, les villes traversées ainsi que la nourriture et les différentes ambiances lors de soirée dans les bars. Ce fut une destination parfaite pour un premier voyage en groupe mêlant à la fois sorties culturelles, historiques et soirées animées.

A refaire donc, et très rapidement !