Directement arrivés à Cracovie en fin d'après midi sous une chaleur écrasante, nous allons déposer nos affaires dans notre auberge de jeunesse (Tutti Frutti Appartments) pour profiter le plus rapidement de nos derniers jours.
Cracovie est la troisième ville de Pologne avec 800 000 habitants. C'est également la ville la plus touristique de Pologne, ce qui s'explique par le fait que contrairement à d'autres grandes villes polonaises, elle n'a pas été détruite pendant la guerre. Le centre historique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial des sites depuis 1978.
Son style mêlant les architectures gothique et baroque est donc resté quasiment intact depuis l'édification de la vieille ville. Cependant, les habitants ont quand même connu des périodes difficiles, notamment les Juifs cloisonnés dans le ghetto. Seul 7000 d'entre eux ont survécu à la guerre. A la fin de celle-ci, les communistes polonais, considérant Cracovie comme une ville bourgeoise, ont voulu changer son visage en la prolétarisant. Pour réussir cela, ils ont construit l'énorme cité stalinienne à l'Est, maintenant rattachée à la ville elle-même.
Direction la Grand-Place (ou Rynek ) qui est le centre névralgique et le plus bel endroit de Cracovie. Mesurant un peu moins de 200 mètres de long, elle est une des plus grandes places d'Europe. Depuis le moyen âge, cette place accueillait des marchands, et cela jusqu'au milieu du XIXe siècle. Sur la place se trouvent une multitude de restaurants et de bars. Nous jetons notre dévolu sur le restaurant situé au pied du Beffroi de l'hôtel de ville. Ce dernier sert même même de cuisine pour le restaurant. Ici rien n'est cher, comme pour tous les lieux visités depuis une dizaine de jours.
Juste à côté, se trouve la sculpture d'une tête couchée appelée "Eros Bandato" érigée en 1999. Il fut d'ailleurs assez difficile d'en prendre une photo, car c'est une attraction très prisée des enfants qui grimpent à l'intérieur pour se faire photographier. Une fois le cliché réalisé, nous voilà partis au delà de la place dans les petites rues alentours.
Avant d'atteindre ces rues, nous passons devant la basilique Sainte-Marie, qui fait partie, avec les cathédrales Alexander Nevsky de Tallinn et de Sofia, des édifices religieux que je préfère. Elle est constituée de deux tours, une de 80 mètres et l'autre de 69 mètres, et date du XIVème siècle.
Nous entendons alors une mélodie provenant de la tour nord appelée le "Hejnal". Depuis le XIVème, elle est jouée toutes les heures, de jour comme de nuit, à quatre reprises dans la direction des quatre points cardinaux. C'est un membre des sapeurs pompiers de la ville qui joue la mélodie à la trompette, et qui salue la foule d'un signe de la main une fois celle-ci terminée.
La légende du Hejnał aurait pour origine l’invasion mongole de 1241. Lorsque le garde en haut de la tour, aperçut les Mongols s’apprêtant à attaquer Cracovie, il donna l'alerte. Une flèche lui transperça alors la gorge et la mélodie s'interrompit.
La Fabrique d'émail d'Oskar Schindler
Schindler, membre du parti nazi, obtient la fabrique en 1939 après que celle-ci est confisquée car son dirigeant était juif. Il employa des Juifs, au départ pour des raisons économiques. Mais il semble que la sauvagerie de la déportation lui fit comprendre que sa position lui donnait une chance d’aider ces personnes.
Schindler réussit, grâce à ses contacts et à des pots-de-vin, à créer un sous-camp de travail. Ses ouvriers habitaient des baraques, loin du commandant psychopathe du camp de Płaszów, Amon Goeth. L’usine devint un abri pour environ 1 100 personnes, un endroit où les conditions sanitaires et les rations alimentaires étaient nettement meilleures que dans le camp.
Ayant vu le film relatant l'histoire de Schindler, nous avons décidé d'aller visiter la fabrique. Nous ne sommes pas de très grands fans de musées, mais les articles et dépliants que nous avons trouvés ont éveillé notre curiosité. Il faut marcher une vingtaine de minutes depuis le Rynek pour arriver à la fabrique. Jour spécial pour les étudiants européens et pour les moins de 25 ans, à l’occasion me semble t'il des journées des patrimoines, l'entrée était gratuite.
L'usine est maintenant un musée sur l'histoire de la Pologne, et plus particulièrement de Cracovie, occupée durant la seconde guerre mondiale. On déambule dans des salles où sont montrées les conditions de vie des habitants de Cracovie mais aussi l'histoire des Juifs de la ville. Ces derniers ont connu le ghetto, puis le camp de travail de Płaszów et enfin la déportation. Nous pouvons également observer des objets appartenant aux membres des SS, comme leurs uniformes, armes et tous les insignes et plaques qu'ils firent apposer dans Cracovie pendant son occupation.
Deux salles m'ont davantage interpellé que les autres, d'autant plus que nous visitons ce musée le lendemain de la journée à Auschwitz.
La première est le bureau de Schindler ; sur le mur en face les noms des 1100 personnes qu'il a sauvées sont inscrits. La seconde est un couloir où sont accrochés les longs drapeaux rouges avec la croix gammée, utilisés lors des réceptions officielles du parti Nazi.
Nous finissons la visite devant des panneaux dans le hall d'entrée du musée où sont affichés les portraits des juifs de Schindler, l'un des moments les plus fort de la visite.
Après la fabrique, nous nous dirigeons vers la colline du Wawel, situé le long de la Vistule et abritant un château ainsi qu'une cathédrale. La crypte de cette dernière contient les tombes des anciens rois de Pologne.
En nous dirigeant vers le sommet de la colline, nous apercevons une statue de dragon, emblème de la ville, crachant du feu. Elle fait référence à la légende du "Dragon de Wawel".
Selon la légende, "chaque jour, le dragon battait le chemin à travers la campagne environnante, tuant les habitants, pillant leurs maisons et dévorant leur bétail. Il ne pouvait être apaisé que si les gens du coin lui livraient une jeune fille en face de sa grotte une fois par mois.
Le roi Krakus, voulant en finir avec ce dragon, demanda l'aide aux chevaliers de son royaume pour affronter l'animal. Toutes les filles de la ville furent finalement sacrifiées, sauf la fille du roi, Wanda. En désespoir de cause, le roi a promis sa main à qui pourrait vaincre le dragon. Les plus valeureux des guerriers se battirent contre l'animal mais aucun ne réussit à vaincre le dragon. Un jour, un pauvre apprenti cordonnier, releva le défi. Il fourra un agneau avec du soufre et le plaça à l'extérieur de la grotte du dragon. Ce dernier sortit et dévora rapidement l'animal. Peu de temps après il eut énormément soif. Il se dirigea vers la Vistule et but longuement tellement le soufre l'avait assoiffé. Il continua à boire et son ventre gonfla énormément à mesure qu'il vidait les eaux de la Vistule jusqu'à finir par exploser."
Poursuivant notre escalade, nous arrivons à un belvédère avec vue sur le fleuve et la partie Ouest de la ville. Nous continuons jusqu'à un des lieux les plus importants pour les Polonais : le complexe architectural du Wawel. En effet, pendant longtemps, le Wawel a été le centre du pouvoir ecclésiastique et monarchique de la Pologne du XIème au XVIème siècle, faisant de Cracovie la capitale du pays jusqu'en 1596 où Varsovie lui a été préférée. Les différentes couleurs se marient parfaitement les unes aux autres.
Le long de la Vistule, se trouve "l'Allée des Célébrités" avec des plaques étoilées comme sur Hollywood Boulevard à Los Angeles, avec des noms d'artistes nationaux et internationaux couplées avec leurs empreintes de mains. Tim Roth, Céline Dion, Benedict Cumberbatch et Luc Besson sont quelques-uns des noms inscrits sur les plaques de la promenade.
La dernière après-midi et la dernière soirée passent rapidement et nous rentrons à l'auberge. Nous avons une chambre pour nous cinq mais partageons une salle de bain/toilettes avec une famille occupant l'autre chambre de l'étage. Malheureusement, un des occupants s'est endormi à l'intérieur sans pouvoir se réveiller et nous sommes dans l'impossibilité de l'utiliser, malgré les très nombreux coups frappés à la porte. Ce n'est que vers 6h du matin que le brave garçon a daigné en sortir...
Départ pour être à l'aéroport deux heures avant le décollage mais surprise... Le vol a 5h de retard à cause d'un problème technique sur l'avion ce qui a nécessité le remplacement de celui-ci. Tant pis, on va en profiter pour dormir et attendre patiemment, mais l'avion est rempli de Français, et comme nous pouvons l'imaginer, ça râle énormément ... [Bonjour les clichés !]
C'en est fini de ces 15 jours en Europe de l'Est. C'était notre premier long voyage dans cette partie de l'Europe et nous étions partis avec pas mal de préjugés quant à la population et aux pays.
Non seulement ils ont été balayé mais en plus nous avons découvert des personnes et des modes de vie beaucoup plus "posés" qu'en France. Nous avons énormément apprécié la disponibilité et la gentillesse des gens, les lieux inconnus, les villes traversées ainsi que la nourriture et les différentes ambiances lors de soirée dans les bars. Ce fut une destination parfaite pour un premier voyage en groupe mêlant à la fois sorties culturelles, historiques et soirées animées.
A refaire donc, et très rapidement !