À propos

Ici pas de bons plans resto ou hôtel… Juste les "aventures" d'un type qui prend son sac à dos et voyage dès que possible avec ses joies, ses découvertes et surtout ses galères.
Ces petits pays, méconnus et traînant une mauvaise réputation, ont pourtant beaucoup à offrir pour ceux voulant sortir des sentiers battus et se dépayser: rencontres, plage, volcans et lac de cratère
Du 10 au 23 février 2020
2 semaines
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10
fév

Après cette demi-journée glaciale de canyoning nicaraguayenne, c'est au bord de l'hypothermie que je me prépare à lever le camp pour le Honduras. En sortant de la maison des guides, j'aperçois le bus qui vient de partir... Super timing, plus qu'une heure à attendre pour grimper dans le prochain. Par chance, moins de 10 minutes après un taxi arrive, avec un canapé sur le toit et légèrement en surcharge vu le bas de caisse proche de la route. Je lui fais signe, je grimpe, mes jambes me crient (encore) au secours pour le manque d'espace et c'est parti pour la frontière.

Une fois là bas, les premières affiches concernant le nouveau coronavirus sont bien visibles et les douaniers masqués montrent qu'ils prennent le problème déjà très au sérieux, en tout cas bien plus qu'en France dans le même temps j'ai l'impression. C'est rapide et pour avoir le tampon de sortie je dois payer une taxe. On est au Nicaragua alors payer en Cordobas me semble logique… mais non ici seuls les dollars US sont acceptés. Le gars m’envoie dans un bar à la recherche d'un type qui pourrait me faire le change. Bon en réalité il m'envoie clairement voir son pote.. Pas le choix mais je vais vraiment me taper un taux de change bien dégueulasse ! Mais contre toute attente, pas du tout et je dois perdre dans l'affaire à peine 0,30 € par rapport au change officiel. Tout se passe comme sur des roulettes, je récupère le passeport et me coltine les 500 mètres à pied pour arriver au guichet hondurien. En 3 minutes c'est plié, je paye cette fois une taxe d'entrée, encore une fois en dollar et me voilà de nouveau au Honduras plusieurs mois après ma première incursion.

Pour aujourd'hui pas de grosse étape au programme : San Marcos de Colon à moins de 15 km de là. Evidemment, le collectivo pour y aller ne part pas de suite et se retrouve très rapidement blindé. Pour sortir de la zone frontalière, il faut montrer pattes blanches. Traduction : un contrôle d'identité effectué par des flics assez intimidants armés de leurs fusils mitrailleurs. Tout le monde y a droit sauf le gringo tout palot à l'arrière qui a juste droit à un "bienvenido" de la part des flics.

La ville n'est pas franchement un must to see du pays, et d'ailleurs il n'y a pas de touristes qui s'arrêtent ici plus que les quelques heures nécessaires pour chopper un nouveau bus pour rallier la capitale. Et comme les bus ne circulent pas le soir et la nuit de peur des attaques et des agressions, il n'y a plus aucun départ pour aujourd'hui. Arrivé en ville, la quête de l’hôtel où dormir tourne vite court. Depuis partout dans le centre ville il est possible de voir un mur indiquant la présence de l'un d'eux. Vu l'offre hôtelière du coin, 3 hôtels en tout et pour tout dans des états disons... pas vraiment neufs, je choisis le premier qui offre le luxe de fournir un ventilateur.

Comme ses voisins du Salvador et du Guatemala, le Honduras n'est pas vraiment connu pour être un pays calme et très sécuritaire. Il suffit de taper ce nom sur Youtube ou n'importe quel moteur de recherche pour tomber sur ce qui peut se faire de pire en terme d'insécurité. En me baladant dans la ville, je n'ai pas ressenti d'hostilité mais pas mal de regards plutôt remplis de curiosité. Il faut dire que je ne passe pas vraiment inaperçu tant au niveau des vêtements, du teint ou de la taille.

Je repère une petite butte un peu excentrée du centre ville et je m'y dirige pour essayer d'avoir une vue des alentours, au coeur d'une région montagneuse. Arrivé à mi-chemin, deux gros chiens me barrent la route et me grognent dessus. Pas envie de prendre le risque de me faire bouffer, je contourne la rue pour arriver encore plus haut. Je me pose sur les marche pour profiter des derniers rayons du soleil déclinants. Le paysage laisse paraître trois éléments distinguables : des montagnes recouvertes de végétation, des palmiers dans les rues et les toits en tôle du centre ville. Pas bien loin d'où je suis assis, une petite tienda tenue par le Clint Eastwood local fait office de seul lieu de vie de toute la rue. Bottes de cowboy aux pieds et chapeau visé sur la tête, il a l'air surpris de me voir ici, et comme il n'y a pas pléthore de clients dans le coin, il vient pour me tenir compagnie. Je pense que c'est toujours délicat d'entamer une conversation avec un inconnu surtout si il ne sait pas si je parle la langue. Pour briser la glace, il sort deux bières de ses frigos et m'en offre une pour trinquer : méthode testée et largement approuvée en ce qui me concerne.

Bref, bavardages sur bavardages et à la nuit tombante, je rentre à l’hôtel. Je remarque que je suis juste en face du marché labyrinthique sous des dizaines de tôles, comme souvent en Amérique centrale. Avant de dormir, j'ai droit certainement au pire poulet que j'ai pu mangé depuis le début du voyage, une sorte de truc à peine mangeable et qui se désagrège dans l'assiette. Je prie pour ne pas passer la nuit dans la position peu enviable d'une victime d'intoxication alimentaire, surtout que demain j'ai encore quelques heures de bus pour atteindre ma prochaine étape. Suspense...

11
fév

Ouf tout va ! Départ donc pour El Salvador avec une pause de quelques jours au bord du Golfe de Fonseca. Comme d'habitude, le bus part du centre presque complet et avant même de sortir de la ville se remplit avec tellement de personnes qu'il n'y a plus de places debout dans l'allée. Le truc quand même cool ici, c'est que si c'est une personne âgée ou une femme enceinte qui se retrouve debout, les gens se lèvent directement même en sachant qu'ils vont passer les deux prochaines heures dans l'allée. J'avoue que l'idée ne m'enchante pas connaissant l'état de certaines routes pourries du Nicaragua mais au final elle est plutôt bonne et le trajet passe relativement vite, même debout. J'arrive à San Lorenzo, petite ville en bord de mangrove dont les Honduriens rencontrés à Léon m'ont dit le plus grand bien. Seulement en descendant, assez interloqué de me voir, un groupe vient à ma rencontrer pour me demander ce que je fais ici et si je ne suis pas perdu. Vu la mine qu'ils tirent quand je dis que je suis là de mon plein gré, je comprends vite que l'idée n'était pas si bonne. En réalité, à part un ponton au bord de l'eau il n'y a rien à faire. Mais ils me confirment ce que j'ai vu et prévu pour la suite : à environ une heure de bus il y a un petit village perdu où des lanchas attendent pour la traversée un petit bras de mer jusqu'à la Isla del Tigre. Changement, je zappe le ponton et je file direct vers l'île ! Super sympa, ils m'embarquent à l'arrière de leur pick-up pour me déposer à l'arrêt qui est apparemment assez loin d'ici. 300 mètres plus tard, ils me débarquent… J'ai déjà évoqué ici qu'un grand nombre de latinos ne sont pas des grands fan de la marche ?

Un bus scolaire passe, puis deux, puis trois... Toujours rien. Un quatrième passe sans s'arrêter et l'aide au chauffeur crie "Coyolito". C'est le signal du départ. Je fais signe, le gars descend en trombe, choppe mon sac, le balance à l'intérieur, me pousse vers l'échelle pour que je l'attrape afin de me hisser à l'intérieur et monte à son tour. Tout ça en moins de 4 secondes, encore mieux qu'en F1 vu que le bus ne s'est même jamais arrêté. A l'intérieur c'est le grand luxe. A part la chaleur étouffante, il doit faire pas loin de 40 degrés, j'ai une banquette pour moi tout seul et pour la première fois depuis plus d'un mois, je peux faire une sieste sans être comprimé. Avant d'arriver à Coyolito, la route monte sur les contreforts d'un volcan avant de descendre en lacets. La vue est incroyable. Le bleu perçant de l'eau, la végétation tantôt verte tantôt jaune cramé et la Isla del Tigre avec sa forme parfaitement conique. En réalité l'île est un volcan éteint depuis bien longtemps, totalement recouverte de forêts avec à son sommet ce qui semble être un phare et des antennes. La vue depuis là haut doit être assez magnifique, et ça tombe bien vu qu'un sentier part d'un petit village côtier pour y accéder.

La traversée en lancha coûte l'équivalent de 0,60 € et prend moins de cinq minutes. Les gilets de sauvetage sont "obligatoires", ce qui signifie ici qu'il faut en avoir un ... mais si tu t’assois dessus pour rendre le siège en bois plus confortable, ça passe aussi. Evidemment, vu le nombre de touristes dans le pays et encore plus dans ce coin isolé, il n'y a que des locaux dans l'embarcation rentrant chez eux. Le capitaine porte un maillot de l'équipe de France et, comme qui ne tente rien n'a rien, je l'aborde en français. L'essai ne fut pas probant mais je m'en tire avec un compliment "T'es comme M'Bappé". Mais oui exactement ! Enfin si on enlève le fait que je cours moins vite, que je suis un peu plus clair de peau, moins riche et un peu plus vieux... Effectivement le compte y est !

Il me dit qu'il connait un hôtel bien placé, pas cher et avec un restaurant donnant sur la plage et que si je souhaite il peut m'y emmener. A peine débarqué je me retrouve devant un hôtel. Alors c'est vrai qu'il y a pas mal de bruit avec le mini port à proximité et des lézards dans les chambres, mais bon on est presque en lisière de jungle sur une île d'à peine 2 000 habitants aussi. Pour 10 balles, à 50 mètres de la mer et 30 des tuk tuk, je n'hésite pas longtemps.

Avant de prendre mes quartiers, je me pose sur la terrasse, et observe la vie quotidienne des gens vivant sur cette île coupée un peu du reste du monde. A chaque arrivée c'est la même scène qui se joue devant mes yeux. Les deux hommes composant l'équipage sautent à l'eau pour guider correctement la lancha jusqu'au ponton de fortune en évitant qu'elle ne rentre en collision avec les autres déjà stationnées ici. Puis à peine le pied posé sur la terre ferme, c'est une nuée de chauffeurs de tuk tuk qui se jettent sur les nouveaux arrivants. Mais les embarcations ne servent pas exclusivement à transporter les personnes, les vivres ou matériaux ont droit au même moyen de transport.

Avec en fond la musique latino s'échappant du vieux poste de radio de la petite échoppe jouxtant la terrasse, c'est une mini société qui interagit sur cette minuscule plage : l'épicier qui vient chercher sa commande auparavant acheminée en bus et complètement écrasée par le voyage, le maçon qui décharge une lancha chargée de parpaings pour les amener un peu plus loin et monter un mur juste à côté du ponton, des femmes faisant leur lessive, des enfants jouant et sautant dans les minuscules vagues, le pêcheur qui mouline et ramène juste de quoi pouvoir se nourrir se soir, les anciens sirotant une bière sur un autre ponton ou encore un équipage qui fait la révision du moteur directement sur l'eau.

Je prends ensuite la direction de la seule vraie ville de l'île. Ici j'ai l'impression que tout le monde peut peindre sa maison de la couleur qu'il veut, sans ce concerter avec ses voisins. Ça donne parfois des mélanges détonants mais aussi un charme certain. Quasiment aucune voiture ne circule sur l'île, les tuk tuk pullulent et sont un moyen de transport facile, rapide et peu onéreux. Une seule route fait le tour de l'île mais la parcourir à pied ne présente que peu d’intérêt car elle est entièrement entourée de forêts qui obstruent la vue aussi bien sur le volcan que sur l'océan.

Le principal lieu aménagé est la marina d'Amapala qui est totalement déserte en cette fin d'après midi. C'est aussi un poste douanier, au même titre que Potosi au Nicaragua. D'ici il est possible de trouver des capitaines de lanchas pour se faire amener directement à Potosi justement mais aussi à La Union située juste en face au Salvador. C'est une option vraiment intéressante car ça m'éviterait de refaire tout le trajet en sens inverse, de reprendre plusieurs bus et passer presque une journée à l'intérieur pour arriver là bas dans quelques jours. Je demande des renseignements aux quelques marins qui sont là et il n'y a pas de problèmes pour faire le voyage. Ah si, il y en a quand même un... Que l'on soit un, deux ou six le prix est fixe. Donc comme le trajet revient à environ 200 € pour la proposition la moins onéreuse, seul c'est compliqué d'envisager cette option. Tant pis, j'aurai donc droit à la journée de transport pour moins de 10 balles.

En quittant la capitainerie, une affiche attire mon intention - "QUE ES EL CORONAVIRUS?". Même au fin fond du Honduras, on en parle. Plus les jours passent, moins cette histoire sent bon...

Le lendemain matin départ à 7h, pour monter tout en haut de l'île. Le mieux c'est de partir le plus tôt possible pour éviter de marcher pendant les grosses chaleurs de la journée. Je saute dans le premier tuk-tuk que je croise et me voilà devant le petit hameau d'où part le sentier. Tiens c'est plutôt bizarre, j'ai toujours eu l'impression que quand je partais en rando mon sac était bien plus lourd qu'aujourd'hui .... J'ai complètement zappé de mettre mes provisions et mes bouteilles d'eau dedans avant de partir... Retour en ville, histoire de ne pas tomber en hypoglycémie ou déshydration pendant l'ascension et à 8h tapantes, je fais le premier pas en direction du sommet.

Ça n'a pas l'air d'être une marche très difficile, il doit y avoir environ 5 km pour quelques 900 mètres de dénivelé donc je pense arriver là haut dans deux petites heures. Après seulement quelques minutes de marche, j'entends des cris d'enfants venant d'une petite cabane en bois. C'est l'école du village où tous les niveaux semblent mélangés. Ma curiosité de prof me pousse à aller voir d'un peu plus près et taper un peu la tchatche avec leur prof.

Il a seulement 22 ans, enseigne depuis un an et me fait part des difficultés qu'il rencontre. Outre le fait que certains jours les mômes sont bien pénibles, pour ne pas dire complètement relous, qui peu importe l'endroit est une vérité universelle, il insiste sur le manque de moyens matériels. C'est vrai qu'entre la porte qui ne se ferme qu'avec un petit cadenas, le toit en tôle transformant la pièce en four même tôt le matin car la chaleur est déjà étouffante et les moustiquaires toutes déchirées aux fenêtres, il y a de quoi resté pantois... Travailler dans ces conditions ne doit pas être facile, pour lui mais surtout pour les élèves. D'ailleurs ces derniers semblent interloqués et ravis de voir un gringo dans leur salle. Et c'est un florilège de question "Tu viens de France, mais c'est ultra loin?" - " Comment on dit ça en français?" - " Tu connais M'Bappé?" etc... C'est assez inattendu comme rencontre mais tellement agréable de retrouver rapidement quelques minis repères. En moins de 10 minutes il est possible de voir que dans une classe, que l'on soit sur une île hondurienne ou au fin fond du Poitou, les élèves sont les mêmes : les meneurs avec leurs airs espiègle, ceux qui s'en foutent, les timides qui restent silencieux et le plus loin possible mais aussi les audacieux qui demandent si on peut prendre des photos ensemble. Il y a quand même une différence notable avec nos écoles : les affiches sur les murs parlant ouvertement de Dieu et de religion.

Retour à la rando après cette petite pause pédagogique alors que la première partie grimpe légèrement. Je suis une piste sablonneuse jusqu'à atteindre l'entrée d'une première zone ombragée dans la forêt, ce qui est une bonne nouvelle car le soleil est déjà plutôt agressif. Je ne suis pas encore assez haut pour avoir une vue dégagée sur le golfe et les îles voisines et je rattrape une famille qui grimpe elle aussi tout en haut. Ce sont les gardiens du sommet, enfin plutôt ils travaillent pour une entreprise qui possèdent les antennes installées là bas et sont chargés de vérifier si tout se passe bien. Le fils est déjà là haut depuis une dizaine de jours et aujourd'hui c'est le jour de la visite familiale après quoi c'est le père qui restera là haut à son tour pour une dizaine de jours. Même si ce n'est pas la joie pour la vie de famille, ce travail est bien payé et permet de faire bien mieux vivre sa famille, me dit le père. C'est vrai par rapport à son ancien travail de chauffeur de tuk tuk, il gagne deux fois mieux sa vie.

La pente se fait progressivement un peu plus raide jusqu'à arriver à un endroit dégagé où un mirador a été "aménagé". Tout simple, avec du système D, on peut faire des choses vraiment inattendues. Il suffit juste de monter un siège de bus et de le caler à l'ombre et face à la mer, pour profiter plus que confortablement de la vue grandiose. Je pense que c'est le mirador le plus atypique et sympa que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Le paysage devant mes yeux permet de voir à droite le Honduras et à gauche une île et le volcan Conchagua, tous deux situés au Salvador.

Je reprends la montée pendant une quarantaine de minutes jusqu'à arriver de l'autre côté du volcan. Depuis ici j'ai une vue sur la partie de l'île où je loge et sur le village de Coyolito au pied du Zacate Grande situé sur l'île faisant face d'où partent les lanchas. Arrivé en haut je reçois un accueil assez peu chaleureux et extrêmement agressif de la part d'un gros chien sorti de nulle part. Il faut l'intervention d'un gamin pour que le chien ne me saute pas dessus...

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Toujours en haut, deux hommes font la sieste dans des hamacs. Ils sont ici depuis 3 jours pour se ressourcer et lire la bible. L'un est un homme d'église et l'autre juste quelqu'un qui avait besoin de partir pour dormir apparemment. La conversation arrive sur le sujet de prédilection des latinos : la foi. J'essaye d'esquiver le sujet car je sature de toujours entendre les mêmes arguments sur le monde fait par Dieu mais par politesse, je participe un peu. Je sais que dans ces pays, la religion est l'une des choses les plus importantes dans leur vie mais je ne suis jamais tombé sur quelqu'un qui a essayé de me "convertir" ou a critiqué mon choix de ne croire en rien. En tout cas c'est apparemment béni et protégé par la grâce de Dieu que j'entame la descente et en un peu plus d'une heure, c'est plié.

Il est midi passé, et il fait super chaud. Direction l'autre côté de l'île pour passer l'après midi à Playa Negra à profiter de l'eau chaude, de la nourriture locale et bourrative, des bières à moins d'un euro et surtout des hamacs sur la plage avec les gamins du coin qui jouent au foot à proximité. Si l'on ouvre le dictionnaire à la recherche de "Paradis Terrestre", je pense que l'endroit illustrerait parfaitement bien la définition. Evidemment avec ma peau sensible, baignade en t-shirt pour pas ressortir cramé comme un homard...

Lorsque je quitte l'île en direction du Salvador, je prévois de m'arrêter passer la nuit à Nacaome, une petite ville qui d'après certains guides en ligne est superbe. Pour y accéder, j'ai dû prendre pas loin de 4 bus pour parcourir les 60 km me séparant de celle-ci...

Arrivé là-bas c'est la déception. C'est vrai que la place est sympa mais il paraît que la ville est un véritable bijou colonial. Du coup... où sont passés les bâtisses, l'architecture et les couleurs vives propres à ce genre de villes ? Pour tout dire, l’attraction principale du centre ville est une sculpture d'une... pastèque géante de la taille d'un lampadaire. Changement de plan, je vais rejoindre El Salvador ce soir en espérant ne pas trop galérer pour passer la frontière et rester bloqué vu que les bus salvadoriens s'arrêtent vraiment très tôt à peine la nuit tombée.

13
fév

HOLA CHICOS Y BIENVENIDOS A EL SALVADOR !

Signifiant littéralement "Le Sauveur" en référence au Christ, on sait d'ores et déjà que ce n'est pas ici que la foi et la ferveur va descendre d'un cran comparé aux derniers pays traversés. De Nacaome, il suffit de monter dans un bus en direction de "El Amatillo" pour être déposé à moins de 100 mètres du bâtiment de la migration, peint aux couleurs locales. Étrangement, il n'y a personne à cette frontière et les formalités de sortie se font en moins de 2 minutes. J'en profite pour échanger mes derniers lempiras à un taux de change plutôt très favorable, ce qui constitue peut-être une première pour moi. Il y a environ 250 mètres et un pont enjambant une rivière, frontière naturelle du pays, qui sépare les deux bâtiments migratoires. Evidemment comme toujours, des vélos-taxis attendent pour proposer leurs services... et ça marche ! Je suis le seul des quelques personnes à marcher dans la zone.

Le bâtiment salvadorien est lui aussi peint des mêmes couleurs que le précédent. C'est vrai que si on est pas super calé en drapeau, le combo Nicaragua-Honduras-El Salvador-Guatemala peut faire mal à la tête. Devant lui se tient un stand avec une équipe médicale qui semble équipée pour prendre la température mais qui semble plus occupée à jouer aux cartes. Une fois devant l'agent, c'est la première fois que je vois un bâtiment où tout le monde est masqué. Tant mieux, au moins ça signifie qu'il prenne le problème au sérieux. De toutes les frontières d'Amérique Centrale, c'est ici que j'ai eu droit à toute une série de questions dont les nouvelles sur des symptômes, mes vaccinations etc...

Je quitte le poste en passant devant un garde qui me sourit et me salue chaleureusement. Ni une ni deux je vais le voir pour lui demander des renseignements pour rejoindre la ville côtière de La Union. Je dois prendre un tuk-tuk jusqu'à un carrefour, et de là attendre qu'un bus passe pour y aller direct, enfin par direct j'entends sans changements parce que des détours, il va en faire… Précision importante le prix du tuk-tuk c'est 2 $, à partir de 3 $ c'est de "l'arnaque". Il m'accompagne pour me montrer où en prendre un et surtout pour bien faire comprendre au chauffeur le prix qu'il doit me demander. Je suis pas du genre à penser que le premier contact dans un pays conditionne tout, mais il faut avouer que ça fait un bien fou. C'est d'ailleurs un peu déroutant de voir un gars aussi lourdement armé être si aimable, sans aucune attente en retour.

Sur la route en sens inverse, il y a plus de 4 km de bouchon constitué seulement de camions. Quand tu sais que le passage d'un camion prend au minimum 15 minutes si tout va bien, tu compatis avec les chauffeurs. Par chance, j'attends même pas cinq minutes pour que le bus passe. Pour une fois j'ai de l'espace et je peux être plus à mon aise durant le trajet qu'habituellement. En milieu d'après midi, après 5 bus et un tuk tuk me voilà à La Union. Et le décor est planté : c'est l'armée qui patrouille dans le centre ville et sur la place principale. D'ailleurs en descendant, quatre jeunes sont interpellés et fouillés par les militaires pour voir s'ils appartiennent à un gang ou s'ils sont armés..

Petite parenthèse. El Salvador est connu pour être, avec ses voisins proches, l'un des pays les plus dangereux du continent. Entre les maras, ces gangs de rues extrêmement violents qui s'entretuent, la corruption à de nombreux niveaux et des régions pratiquement interdites aux étrangers… si on lit les nouvelles ça ne met pas en confiance pour aller y faire un petit tour. Voyageant depuis quelques temps déjà, j'ai compris que les titres racoleurs à la BFMTV ou tous les documentaires sensationnels qui pullulent sur YouTube ne sont pas vraiment fiables et qu'aller voir par soi-même est la meilleure option. Depuis 6 mois, le nouveau président qui a été élu a décidé de déployer l'armée dans les villes et régions impactées pour faire baisser la criminalité. En à peine quelques mois, les homicides auraient baissé de 40 %. Très largement en tête des pays au taux d'homicide pour 100 000 habitants, même si c'est l'une des réalités du pays, le limiter juste à sa violence serait réducteur. En rédigeant ce carnet, après avoir quitté le pays, j'espère arriver à retranscrire les cotés marquants, positifs et négatifs, du mieux possible pour casser l'image violente qui colle à la peau de ce pays et en occulte les autres aspects. Bref, retour à La Union.

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Donc La Union est située tout à l'Est du pays et constitue l'un des principaux ports du pays d'où partent les lanchas pour se rendre au Honduras ou au Nicaragua. C'est une ville très peu touristique car elle n'offre pas grand chose à visiter, ce qui fait que les seuls touristes présents sont soit des locaux, soit des voyageurs en transit vers les pays voisins. Cependant, le lieu touristique de la région est le volcan Conchagua qui domine la ville et offre un panorama éblouissant sur tout le Pacifique, le golfe et la Isla del Tigre que je connais plutôt bien maintenant. Je décide de ne pas y aller car j'ai déjà bien eu l'occasion de voir ces paysages et surtout il faut payer une excursion pour monter directement en haut et ne pas s'y risquer à pied car la campagne autour de la ville, pas sûre, est le théâtre de pas mal d'opérations policières. En sachant ça, je décide juste de m'y arrêter pour la nuit et de m'en aller le lendemain matin pour une destination encore non définie.

La propriétaire de la guest house que j'ai trouvée me conseille d'aller faire un tour sur la place principale située à 5 minutes et sur la jetée où se trouve le phare. La place principale n'a rien de particulier par rapport à d'autres villes de la région et même l'église ne se distingue pas. Un marché géant y est installé et les premiers vendeurs commencent à plier bagage en laissant tous les invendus à même le sol, faisant ici et là, la joie de certains chiens et chats des rues. En allant vers le phare, je passe devant une remorque de camion avec une terrasse installée devant. Eh mais attendez… C'est le Burger King le plus improbable que j'ai vu jusqu'à aujourd'hui ! En n'ayant rien dans le ventre depuis tôt ce matin, je me sens obligé de tester. Faut pas se fier à la remorque, qui fait penser à une vieille baraque à frite abandonnée sur une aire d’autoroute, ça reste un Burger King mais avec des roulettes. Seules les toilettes et les lavabos sont un peu différents: une cabane en bois au fond du terrain et un énorme seau rempli d'eau pour se laver les mains.

En allant vers le phare, je longe le front de mer qui est parfois totalement découvert mais aussi souvent caché car des maisons sont construites directement au bord de l'eau. La vue depuis l'intérieur doit être sympa mais en cas de tempêtes, vu l'état général des bâtiments, les piloris assez fins qui les supportent ont plutôt intérêt à être bien résistants. Malgré ça, l'ambiance carte postale est totale entre le bleu de l'océan, le vert de la végétation mêlée aux palmiers et les couleurs vives des petites barques de pêcheurs qui attendent sagement que la nuit passe pour de nouveau jeter les filets au large. En arrière plan, baigné par les derniers de rayons de soleil de la journée, le Conchagua veille.

La zone a été aménagée et une bonne quinzaine de restaurants sont implantés. Même pas dix secondes après mon entrée, telle une nuée de vautours, les rabatteurs de tous les restaurants se jettent sur moi. A des années lumières de la cuisine locale, le choix ici se partage entre des restos chinois, des burgers ou des pizzerias. Je monte au sommet du phare et là... des gamins partout. Ça court, ça hurle, ça tombe dans les marches et au final ça pleure. La vue depuis le phare n'apporte rien de plus que celles qu'offre le littoral.

Le lendemain, le gars de la Guest house me dépose au "terminal", disons plutôt une aire de stockage de bus. Quand l'un d'eux s'apprête à partir, tous les mecs autour se mettent à hurler la destination. Je pars pour San Miguel, dans l'idée de grimper sur le volcan du même nom situé un peu plus au sud. Actif, pas très haut, avec un diamètre de plus de 800 mètres pour son cratère crachant de la fumée, ça devrait être prometteur.

Arrivé en ville, pas d'office de tourisme ou de bureau d'informations ... jusque là c'est assez normal. Un type me conseille de demander aux flics qui eux devraient savoir. Je me dirige donc vers le commissariat pour avoir des infos, trouver un guide ou au moins savoir où aller pour organiser tout ça. C'est avec une certaine déception que j'apprends qu'il n'est pas possible d'y aller car en plus du guide il faut se payer une escorte policière pour être en sécurité. Pour ne rien arranger, en ce moment c'est mort de chez mort car il n'y a pas d'effectifs disponibles. Apparemment ça sera plus simple d'organiser ça depuis San Salvador avec une agence. Vu la tête que je dois faire, l'agent en face de moi essaye de trouver une solution pour me proposer quelque chose à faire dans le coin. C'est comme ça que je pars pour El Cuco, une des plages les plus réputées de la côte salvadorienne. A défaut de galérer sur les pentes sableuses je vais passer l'après midi à siroter des cocktails, me baigner dans une eau bien chaude et me prélasser au soleil. Il y a certainement bien pire comme plan B !

Même si ce sont des plages parmi les plus fréquentées du pays, elles sont suffisamment vastes pour que chacun se trouve un coin de tranquillité. El Cuco est une toute petite ville et seul le front de mer est assez animé avec son alignement de bars, restos et écoles de surf. Ici les vagues sont vraiment grosses et quand un bateau est mis à l'eau, le départ peut parfois être délicat, à la limite du chavirage quand il prend mal une vague. D'ailleurs la priorité va aux bateaux et non aux baigneurs. Si tu es tranquille dans une zone depuis un moment et que l'un d'eux décide de partir juste à cet endroit là, on t'ordonne de dégager et si tu ne le fais pas, on t'engueule allègrement à l'aide de sifflets et mégaphones. A part ça, pas beaucoup de gens se baignent, les vagues sont suffisamment hautes pour t'envoyer valdinguer et la température de l'eau fait que tu pourrais te croire dans une piscine chauffée.

Pour retourner à San Miguel, il faut attendre un bus qui devait partir depuis déjà 20 minutes mais qui est toujours stationné sur la place du village. Le chauffeur arrive, ouvre les portes pour que l'on s'installe et roule ma poule. Sauf que non… Il faut encore attendre pas loin de 20 autres minutes car il est retourné s’attabler à la terrasse d'un bar. Les gens ont l'air, et c'est l'une des premières fois que je vois ça, passablement énervés. Le plus dérangeant dans tout ça, ce n'est pas l'attente mais l'odeur qui règne dans le bus. Je ne sais pas d'où ça vient mais ça devient assez irrespirable là dedans. C'est seulement, quand je vois la petite dame devant moi sortir une poche et manger un poisson qui a l'air à moitié cru et plus très frais, que je comprends que le trajet ne va pas être si facile. Rien que l'odeur me fait me sentir mal, alors manger ça… Grand respect à son estomac !

Un autre truc pénible dans ce bus bondé, c'est qu'il y a seulement deux sièges qui ne sont pas bien fixés. Et surtout, devinez qui est assis sur l'un des deux ? Au moindre chaos il bouge et vibre tellement fort que les vibrations créées parcourent tous les os de mon corps. Sans parler du bruit métallique ultra strident qui accompagne chaque chaos. Le point positif du trajet c'est qu'avec les fenêtres ouvertes, l'odeur du poisson a disparu. J'ai beau avoir pris plusieurs dizaines de bus de ce style-là, je crois que l'on ne peut jamais vraiment savoir ce que l'on pourra vivre une fois en route. Bref encore un retour de plage qui restera autant dans ma mémoire que dans mes vertèbres traumatisées. C'est quand même bien moins épique que l'incroyable trajet retour de Las Penitas, mais je n'avais vraiment pas vu venir le coup du poisson. Chaque fois que je prends une journée ou une après-midi pour glandouiller au bord de la mer, il semble que ça doit irriter une puissance supérieure qui me le fait gentiment payer par la suite. Ou alors j'ai vraiment pas de bol…

15
fév

Départ matinal pour arriver cette fois dans la capitale. Là pour le coup le bus c'est le grand luxe, enfin par là, je veux dire qu'il y a une place assise pour tout le monde et une clim. Si on fait une recherche rapide sur San Salvador, on ne peut pas dire que l'on débarque en territoire totalement paisible mais après avoir parler avec des Salvadoriens, il suffit apparemment d'éviter le centre historique après une certaine heure et les barrios aux alentours pour que ça se passe sans trop de soucis. Le bus s'arrête dans la ville de Soyapango qui est un des lieux les plus sensibles de la capitale. C'est vraiment une bonne idée d'avoir mis l'un des plus gros terminal du pays dans la zone où on trouve le plus de gang. Qu'est ce que ça doit être sympa d'arriver de nuit ici !

Je débarque sous l'œil de militaires encagoulés et fusils à la la main qui vérifient tous les documents des arrivants. Le géant bien baraqué qui contrôle mon passeport, s'exclame l'œil pétillant "Oh un Français ! Bienvenido !". Plutôt cool comme accueil ! S'ils portent une cagoule c'est pour éviter que des membres de gangs prennent en photo leurs visages, fassent des recherches sur les familles, menacent ou tuent l'un des membres. Ambiance…

J'ai à peine 10 dollars sur moi et les taxis demandent bien plus pour aller jusqu'au centre. Après avoir essayer de négocier avec trois d'entres eux, je me résous à commander un Uber et j'attends en dehors du terminal. Me voyant seul devant l'entrée, un jeune couple vient vers moi pour me dire que c'est mieux de rentrer et d'attendre à l'intérieur. Ils ajoutent de surtout bien vérifier la plaque avant de monter et décident de rester avec moi jusqu'à l'arrivée du chauffeur. Ça peut paraître un peu exagéré, mais ce dernier me confirmera que c'est la base pour être en sécurité par ici. Il me déconseille également de me déplacer à pied de jour comme de nuit et d'éviter de prendre les bus lorsque cette dernière est tombée. Par contre entre 5h et 8h du matin, pas de soucis dans le centre et les marchés, car comme le dit si bien le chauffeur : "il n'y a que les gens honnêtes dehors à cette heure là, les voyous sont soient endormis soient morts…"

J'ai réservé une chambre chez une famille dans ce qu'on appelle ici la zona rosa, un quartier résidentiel où il y a pas mal de restos, tous les bureaux des grandes entreprises et des vigiles armés et des policiers à tous les coins de rue, bref un quartier où il est possible de flâner à presque toutes heures du jour et de la nuit. Il ne faut pourtant pas trop s'en éloigner vu que juste à côté, il y a une "no gone zone" qu'aucun taxi ou transport ne traverse. Je dépose juste mes affaires et pars pour le centre historique, histoire de me dégourdir les jambes. De l'appartement il suffit de prendre un bus qui mène directement au centre. Sur le trajet, il faut prendre une passerelle pour enjamber la route qui offre une superbe vue sur le volcan San Salvador, dominant toute la ville. À première vue, il n'a absolument pas la forme typique d'un volcan avec son pic à droite qui se dresse vers le ciel. Mais si on fait l'effort de regarder plus attentivement, on peut voir que c'est parce que le volcan a été tout simplement décapité net lors d'une éruption passée.

Le bus arrive et m'emmène jusqu'à l'avenue principale que je dois remonter entièrement à pied pour arriver dans le centre historique de la capitale. Sur cette avenue il y a des dizaines et des dizaines de stands, une sorte de grand bazar où on peut trouver tout et n'importe quoi. Quelqu'un a besoin d'une balayette rose fluo pour les toilettes ? Ça tombe bien, la personne qui en vend s'engage à faire profiter de la fameuse offre "une achetée, des écouteurs offerts". Et ce n'est qu'un très maigre exemple de tout ce que l'on peut trouver ici, quand l'inédit se mêle à l'utile.

Evidemment il y a aussi beaucoup de marchands de nourriture, notamment fruits et légumes, mais souvent les stands ne sont pas fixes et les gens passent brouette en main et criant à gorge déployée les prix pour attirer le badaud. Ici c'est pareil qu'en Bolivie sur l'énorme marché de El Alto, où tout le monde se promène avec son sac à dos devant et en l'enlaçant fortement. En même temps avec le dédale sans fin qu'offrent ces allées étroites et éphémères, se faire taxer un ou deux objets discrètement dans son sac à dos, ne doit pas être un événement si rare que ça.

Au bout du cette avenue, se dresse l'imposante cathédrale faisant face au palais de la présidence et du gouvernement. A part deux ou trois rues et places, le centre n'est pas spécialement beau, et ça ressemble plutôt à une ville moderne avec une architecture triste et épurée. Au détour d'un coin de rue, je tombe nez à nez avec une sculpture "I love SS". Ce sont les initiales de la capitale mais, surpris, mon cerveau a d'abord tiqué bien différemment. En ce milieu d'après-midi, le centre est assez animé et ce qui me marque le plus, c'est qu'après avoir pu lire ou entendre diverses choses peu reluisantes sur cette ville, le contraste est impressionnant. Je m'attendais à trouver des gens froids, nerveux et/ou sur la défensive se méfiant de tout et tout le monde, mais c'est plutôt le contraire. Ils ont l'air de profiter calmement d'une balade en famille, poussette en main, sans montrer de signes de nervosité. C'est peut être dû aussi à l'impressionnant dispositif de flics patrouillant et quadrillant toute la zone du centre historique.

Toujours sous la surveillance de plusieurs militaires encagoulés qui ne quittent pas du regard l'immense place centrale, je passe devant un type qui vend des journaux et remarque totalement par hasard qu'il y a un match de première division cet après-midi, dans la banlieue de San Salvador. Ce n'est plus vraiment un secret maintenant, mais j'aime bien regarder des matchs dans les différents pays que je traverse, histoire de m'imprégner en quelque sorte de l'ambiance. Ni une ni deux, je saute dans un bus pour revenir sur mes pas et, très étonnamment, j'ai un doute sur la ligne. Le chauffeur s'aperçoit rapidement que c'est bizarre qu'un gringo aille dans cette direction et me demande ma destination. D'accoooooord ! C'est donc pas du tout la route du stade. Il me dépose sur le bord de la route au niveau d'un embranchement en m'indiquant le bon numéro du bus qui n’emmènera jusqu'à ma destination. Enfin ça c'est la théorie parce que les bus passent bien ici mais n'ont pas tous la même lettre accolée, ce qui signifie qu'ils ne vont pas tous au même endroit... évidemment. Je monte au hasard dans l'un qui passe et je vous laisse imaginer ce qui se passe par la suite. Bingo, ce n'était pas le bon. Alors dans mon erreur je ne suis qu'à quelques minutes à pied du stade, je reste positif je me dis que l'on peut considérer ce trajet comme une quasi réussite.

Arrivé au stade je demande à un flic où je dois aller pour trouver le guichet et il fait signe à un gars sur le trottoir pour qu'il vienne me vendre une entrée. 3 dollars pour un match de première division, ça va c'est plutôt très honnête même si le match risque de ne pas être génial. Il n'y a pas grand monde, mais tous ont un maillot, une écharpe ou un accessoire permettant de reconnaître l'équipe qu'ils supportent. Je m'installe dans un coin pas très loin des ultras locaux, qui sont eux-mêmes à côté les ultras de l'équipe adverse. Mais ici, pas de comportement de demeuré. Ils se contentent juste de chanter, jouer du tambour ou du tuba et de temps en temps se chambrer. Dire que je détonne un peu dans cette tribune est un euphémisme et rapidement un groupe de jeunes vient me parler et me proposer de partager avec eux bières et chips.

Je n'attendais pas grand-chose de ce match et surtout du niveau vu ce que j'avais pu voir au Nicaragua, mais il faut avouer que le match est plutôt plaisant à suivre. Techniquement ce n'est pas fou mais au moins les mecs se donnent et l'ambiance est bonne enfant et super détendue. Apparemment l'autre équipe de la capitale a une atmosphère un peu plus caliente dans les tribunes lors de ses matchs. La rencontre se termine alors que la nuit est tombée et le seul moyen pour rentrer c'est de prendre le bus. Justement le groupe de jeunes rencontrés dans la tribune prend lui aussi le bus direction le centre et il me dit l'endroit où je dois descendre. Heureusement qu'ils sont là car sinon, Dieu seul sait où j'aurai bien pu me retrouver...

Pour mon deuxième jour à San Salvador je décide de monter au parc du Boqueron, au sommet du volcan San Salvador. Pour y arriver il faut que je retourne juste à côté du stade et prendre un autre bus qui apparemment monte jusqu'à l'entrée du parc. Dans le premier bus, un gars monte avec les pneus de vélo autour du cou et me propose d'en acheter . Devant mon refus il me propose ce qu'il me jure d'être une véritable Rolex pour 15 dollars... la marque suisse doit être vraiment heureuse d'avoir des commerciaux aussi convaincants que celui-ci. Je refuse encore mais le gars est plutôt sympa et comme mon accent se remarque, il veut me parler pour pratiquer son anglais. Ça fait des mois que je n'ai pas lâché un seul mot d'anglais, alors dans ma tête c'est carrément le chaos. Je réfléchis en français avant de le traduire en espagnol et là je dois en plus le traduire dans une troisième langue. Mon pauvre ami, tu n'as vraiment pas tiré le bon numéro…

Tant qu'à faire, j'en profite pour lui demander où se trouve le bus pour monter. Comme prévu, on est repassé à l'espagnol car on a vu que ni l'un ni l'autre ne sommes efficace. On aurait dit deux mecs saouls essayant de communiquer. Pas de bol il n'a aucune idée d'où peut partir le bus, mais la femme assise à côté de moi monte justement là-haut. Il y a deux façons d'y accéder, un bus classique ou alors une sorte de camion pour le bétail où tout le monde grimpe à l'arrière et reste debout tout le trajet en s'agrippant au barreau de la remorque. Elle me dit que la seule différence est le coût du bus à cause du confort mais le premier à partir est le camion. Aller va pour tester ce nouveau moyen de transport, de toute façon il fait déjà chaud et au moins je suis assuré de sentir le vent pendant que l'on roule. On est environ 25 à l'arrière mais il y a suffisamment de place pour tout le monde sans être trop compressés les uns contre les autres. La traversée de la ville est tranquille comme il n'y a pas de chaos sur la route et le chauffeur n'a pas l'air d'être trop bourrin dans sa conduite. Juste avant d'entamer la montée, le camion s'arrête et deux militaires lourdement armés s'accrochent au camion, un pied dedans, un dehors, une main pour s'agripper et l'autre jamais très loin de l'arme.

Arrivé à l'entrée du parc, des coatis se chargent de l’accueil. Comme en Argentine, on pourrait leur donner le bon dieu sans confession, mais ils vérifient toujours s'ils ne peuvent pas chiper un ou deux trucs à grignoter dans nos sacs ou dans nos mains. Dans le parc, il est possible de faire une petite balade sur les rebords du cratère jusqu'à arriver à un mirador où l'on a une vue sur l'immense bouche, autrefois bien plus dangereuse. Ce volcan possède la particularité d'avoir un cratère dans le cratère. A l'intérieur de cet immense cratère, un tout petit cône, surnommé le Boqueroncito qui veut dire littéralement petit Boqueron, s'est formé lors de la dernière éruption en 1917. Il est apparemment possible de descendre tout en bas du cratère à condition de trouver le chemin et vu les pentes abruptes la descente et surtout la remontée ne doivent pas être une partie de plaisir.

Le sentier est plutôt galère à trouver et plusieurs guides proposent leur service. Ici pour survivre et ramener un peu plus d'argent chez soit il faut être polyvalent et, tout comme le vendeur de pneus et de rolex, en plus d'être guides ils sont aussi vendeurs de miel. Pour tout avouer, je ne suis pas du tout tenté de descendre au fond juste pour voir un minuscule cône et rien d'autre. Je préfère me diriger vers une sorte de station avec les antennes que j'ai repérée un peu plus loin sur la crête. C'est en fait un resto qui offre un superbe point de vue.

Lors de la descente vers San Salvador je m'arrête à mi-chemin dans une zone aménagée où se tient une sorte de bar resto offrant une vue incroyable sur la capitale. San Salvador est au premier plan, avec juste derrière le lac Ilopango qui est en réalité une immense caldeira qui s'est formée suite à l'effondrement d'un volcan lorsqu'une gigantesque éruption l'a pulvérisé. Au fond se dresse l'imposant San Vicente qui lui n'a visiblement pas encore explosé. Le parc Boqueron était sympa mais ce n'est pas un incontournable sauf pour avoir une vue sur la vallée et la ville. D'ailleurs, le meilleur moment de la journée fut le quart d'heure au mirador. Pour redescendre, un nouveau camion passe, s'arrête et je saute à l'arrière. Cette fois il n'y a quasiment plus de place, du coup c'est un pied dedans un pied dehors et les cheveux au vent que je retourne à San Salvador.

18
fév

Au Salvador il y a deux endroits vraiment très touristiques : la côte nord ouest, très prisée des surfeurs ainsi que des baigneurs et le complexe volcanique près de Santa Ana. C'est pourquoi cette ville accueille quelques touristes de passage dans le pays et par là je veux dire que l'on en croise au maximum seulement quelques dizaines lors d'un séjour salvadorien. Au terminal de San Salvador il y a plusieurs bus qui partent toutes les heures et vont jusqu'à Santa Ana mais en empruntant au moins 6 ou 7 routes différentes. Du coup avec la chance que j'accumule dans les transports depuis un moment, il est fortement possible que je prenne le mauvais et me retrouve à faire un détour de plusieurs heures dans la campagne et des patelins bien perdus. Au final, le bus dans lequel je monte fait le trajet entre les deux villes sans s'arrêter. Je reste méfiant, cette chance soudaine me paraît plutôt suspecte.

Je débarque au milieu d'un immense marché contenant trois des terminaux de bus de la ville. Ça me fait penser au terminal chaotique de Léon au Nicaragua. Vu l'étroitesse de la rue, entre les stands et les bus passant au milieu de ceux-ci, il y a à peine la place pour que les passants puissent circuler. Va falloir être vigilant pour pas se prendre un coup de rétro en marchant. Pour la première fois depuis mon arrivée dans le pays je suis en "zone sécurisée" selon le gouvernement français car la carte qu'il met à disposition place Santa Ana et tout l'ouest en jaune et non plus en orange comme la partie orientale du pays.

En marchant à peine 150 m au milieu de tout ce chaos je tombe nez à nez avec l'hôtel que j'avais repéré sur Internet. Après une négociation très brève, j'ai la chambre pour 11 $ la nuit. C'est vrai que la zone est bruyante et il est plutôt difficile de s'y repérer une fois à l'intérieur mais je suis à moins de trois minutes des bus. Et le point positif c'est que si je cherche n'importe quoi, j'ai tout à portée de main avec le marché. Avant que je parte en balade le proprio me met en garde de ne pas rentrer à pied dans le coin après 22h. Le mieux si je compte revenir c'est de prendre soit un taxi soit un Uber. Et c'est le plus naturellement du monde qu'il me répond « Je vais être franc avec toi, ici on est sur le territoire d'un gang mais avec les patrouilles de ces derniers mois on ne les voit quasiment plus, même la nuit. Mais bon, on ne sait jamais…" Au moins le gars est honnête et ça met plutôt en confiance.

Tout près de Santa Ana se trouve le lac de Coatepeque qui est en fait une immense caldeira contenant un lac. Elle se serait formée il y a environ 60 à 70 000 ans à la suite d'une série d'explosions importantes. Pour y aller c'est simple comme bonjour. Un bus part du marché et il suffit d'attendre d'arriver au fond sur le bord du lac pour descendre quand bon me semble. Vu depuis le bord de l'eau, le lac ne semble pas vraiment impressionnant même si les rebords laissent deviner que l'on est sur les vestiges d'un édifice plutôt gigantesque. Certaines années, le lac change de couleur à cause d'algues et de micro-organismes pour devenir bleu azur. Pas de chance pour moi, l'eau restera bleu "normal". Au bord de l'eau, des hôtels et des restaurants sur pilotis sont sortis de terre comme des champignons et avancent leurs terrasses en grignotant de l'espace l'eau. Ces activités permettent à toute la population vivant près du lac de vivre du tourisme, et de façon plus prospère qu'il y a plusieurs années en arrière. Au milieu du lac, l'île hyperchic de Teopan où toute la haute société salvadorienne vient se détendre.

Même si a première vue, le lieu paraît calme et idyllique, la réalité est un peu différente. L'endroit ressemble beaucoup plus à une base de loisir qu'à un lieu calme pour se ressourcer. Plusieurs gros bateaux proposent de faire des tours sur le lac et sont accompagnés par une dizaine de jet-ski faisant des va et vient incessants près de la plage. La cerise sur le gâteau sort directement grâce aux nombreuses enceintes des restaurants, et Amérique Latine oblige, le choix n'est pas trop diversifié : du reggaeton en veux tu en voilà. Malgré tout ça, le cadre reste quand même extra mais la meilleure vue pour profiter du paysage se trouve tout en haut sur le bord de la route où des restaurants ont là aussi émergé. Heureusement, on trouve aussi sur les rives du lac, quelques plages calmes où les bateaux de pêcheurs très colorés mouillent en attendant tranquillement leur prochaine sortie pour aller remonter les ressources des profondeurs du lac et ainsi approvisionner les restaurants. D'ailleurs dans celui où j'ai décidé de m'arrêter, il est possible de choisir soi-même le poisson que l'on veut commander si les bateaux reviennent juste de la pêche. Prochain concept : donner une canne au client et il devra se contenter de ce qu'il aura remonté.

Pour accéder au mirador en haut, il me faut au moins une heure de marche et avec pas loin de 40 degrés, je mets un peu de temps pour me motiver et lancer la machine. J'ai pensé à la solution de facilité qui serait d'attendre que le bus repasse et reparte en sens inverse, mais ici les horaires sont plutôt fluctuants, pour ne pas dire inexistants. Je préfère marcher plutôt que d'attendre au minimum 40 minutes à me tourner les pouces. Et ce coup-ci, je dois admettre que j'ai plutôt bien senti le coup car même pas 5 minutes après avoir commencé à marcher une voiture s'arrête à ma hauteur et me demande si je veux monter. Me voilà donc une nouvelle fois à l'arrière d'un pick-up, à l'air libre avec une vue sur le lac qui se dégage au fur à mesure de la montée.

Vers la moitié du chemin, on passe devant une sorte de mirador naturel où aucun arbre n'obstrue la vue. Je demande alors au chauffeur de me laisser ici. Il me dit qu'il peut m'attendre mais comme j'ai envie de profiter un peu du coin, je me vois mal le faire poireauter pendant une dizaine de minutes. Après cet arrêt imprévu, je dois donc me taper la deuxième partie de la montée et toujours sous un soleil de plomb. Moins de 100 mètres après être reparti, une autre voiture s'arrête de nouveau et, sans un mot, me fait signe de la tête et me montre avec sa main l'arrière du pick up. C'est tellement cool de voir qu'ici les gens s'entraident et viennent en aide même à un parfait inconnu sans n'avoir rien demandé. Ça me change des 5 heures de stop dans le sud du Chili où parfois les gens passaient sans même me regarder. Ici, aucune tentative de stop, deux voiture qui passent et deux qui s'arrêtent… 100 % d'efficacité.

Arrivé en haut, et toujours sans un mot, le cowboy derrière le volant me serre la main. Au niveau du mirador, les bars se succèdent sur quelques centaines de mètres. C'est plutôt bien fait, tout est en bois, à moitié dans le vide et offre une vue imprenable sur le lac. La fin d'après-midi permet d'avoir une luminosité et des contrastes qui embellissent toutes les couleurs du paysage. Dans le bar, je remarque qu'en guise de déco, le proprio a accroché plusieurs plaques d'immatriculation dont plusieurs salvadoriennes. Elles sont au couleur du drapeau du pays et ce sont les plus belles que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Dans tous les pays que j'ai traversé depuis le début du voyage, j'ai essayé de me procurer des plaques à ramener en guise de souvenir, mais mis à part au Panama, toutes mes recherches se sont soldées par un échec ou un abandon. J'essaye d'obtenir des infos sur le moyen de m'en procurer et sans le savoir cette recherche m’amènera à vivre une petite "quête" qui deviendra une des situations les plus imprévisibles de mon voyage. Mais avant d'en arriver là, il commence à se faire tard et il faut que je songe à rentrer à Santa Ana. Le bus passe juste devant les restos et, vu son allure, il faut faire signe bien avant pour qu'il s'arrête.

Le voyage pour rentrer a duré bien plus longtemps que je ne le pensais, et c'est à la nuit tombée que j'arrive dans le centre ville. A cette latitude, la nuit tombe vers 18h30 et la vie dans la rue s'arrête en même temps que l'obscurité s'installe. A 19h30, il n'y presque plus personne dans les rues, et seules quelques voitures circulent encore. Pour rentrer jusqu'à l’hôtel, je dois entièrement traverser le marché. Tout est fermé dans les étals en dur et pour les stands de rues, seules des bâches entourées de gros scotch et de tendeur protègent les marchandises. Ici et là, des chiens errants cherchent quelques restes à grignoter accompagnés par une ou deux silhouettes qui déambulent dans le noir quasi total. L'éclairage public n'a jamais été installé par ici et, même s'il n'est pas tard, l'ambiance est déjà bien pesante.

Même lieu mais monde complètement différent : une fourmilière géante la journée qui devient un désert froid et austère une fois la nuit tombée. La seule source de lumière provient d'un garage entrouvert, d'où s'échappent les paroles des chants religieux de la trentaine de fidèles se retrouvant tous les soirs. Je comprends maintenant pourquoi le gérant m'a déconseillé de rentrer à pied après 22h. Si il se passe quelque chose ici, on se retrouve totalement seul pour s'extraire d'une embrouille ou d'une malheureuse rencontre. Il y a quand même un vigile pour couvrir sept rues, autant dire qu'il vaut mieux qu'il soit au bon endroit au bon moment s'il veut être efficace.

Derrière le lac se trouve le complexe volcanique qui attire tous les touristes dans la région. Ce complexe est composé de trois volcans qu'il est possible de grimper. Le problème c'est qu'il y a peu de départs chaque jour car la visite doit se faire obligatoirement avec un guide et une escorte armée, prérogative sécuritaire du pays… Du coup un seul bus part tôt le matin et malgré le fait que le volcan ne soit qu'à une trentaine de kilomètres de Santa Ana, il ne faut pas loin de deux bonnes heures de route pour y arriver. La rando coûte environ 6 dollars qui serviront à rémunérer entre autre le garde qui nous accompagne. Aujourd'hui, il est seulement possible de faire l'ascension du Santa Ana, appelé aussi Ilamatepec en langue nahuatl. L'autre volcan, l'Izalco, est bien moins populaire et un peu plus difficile, les ascensions ont donc lieu seulement les weekends. A 10h du matin tout le monde se regroupe devant le sentier du départ sans que l'on puisse encore partir et il faut attendre de longues minutes sans trop savoir pourquoi. En réalité le garde n'est toujours pas arrivé et les guides ne peuvent pas monter sans lui.

L'habit ne fait pas le moine, mais en voyant le garde débarqué, je ne suis pas totalement persuadé que la sécurité soit plus assurée avec sa présence. Clairement, on peut voir qu'il n'a absolument aucune envie de grimper. Tout au long de la marche il sera bien derrière le groupe pour au final s'arrêter à mi-chemin et attendre que le groupe redescende. On doit ne pas être loin d'une quinzaine de nationalités représentées et l'ascension ne se passe pas comme prévu pour tout le monde. Randonner en tong représente sûrement un challenge et une difficulté un peu plus relevée. Les guides font remarquer à trois Américains que ça risque de ne pas le faire. Sur les trois, deux sont plutôt d'accord mais le dernier, une grande gueule bien exubérante, se marre et dit au guide de se détendre. Oh punaise, il va falloir rester à côté pour profiter du spectacle et se marrer un peu ! Après seulement 25 minutes de marche, le terrain devient accidenté et les deux premiers abandonnent laissant le plus bruyant, et saoulant, continuer seul. Rectification : il faut vraiment rester loin de lui, je n'en peux déjà plus de ses informations et commentaires scientifiques (de comptoir) à tout va. On progresse rapidement sur le chemin qui s'élève progressivement et, même si localement certains passages sont un peu plus abrupts que d'autres, ce n'est pas vraiment difficile.

L'ascension continue jusqu'à un mirador, alternant passages boisés et paysages lunaires où seuls quelques agaves arrivent à sortir de terre et se développer sur ce terrain inhospitalier. À ce stade le groupe est totalement dispersé et l'un des guides ne souhaite pas que l'on passe devant lui pour "raisons de sécurité". A partir de maintenant on avance par petits groupes de quatre ou cinq personnes et le guide nous lâche finalement pour attendre une autre partie.

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Au fur et à mesure, L'Izalco et le Cerro Verde se découvrent. Ces deux volcans qui nous font face se sont formés directement sur le flanc du Santa Ana. Les trois volcans qui composent en partie le complexe sont indirectement connus dans le monde entier, et presque tout le monde les a déjà aperçu de près ou de loin via la littérature car ils ont inspiré les trois volcans de l'astéroïde B 612 où s'ennuie le Petit Prince. Ce n'est pas un hasard car la femme d'Antoine de Saint-Exupéry est salvadorienne ; elle est nait et a passé son enfance dans un village au pied de l'Izalco, à seulement quelques kilomètres de là.

Bien qu'ils soient très proches, ils ne se ressemblent en rien car le Cerro Verde est totalement recouvert de végétation alors que l'Izalco est totalement dénudé laissant seulement apparaître les roches le composant. Ayant connu sa dernière éruption dans les années 60, la végétation n'a pas encore pu reprendre possession de ses flancs et les recouvrir. Avec cette teinte froide, sombre et uniforme, il fait penser au repère de Sauron, la célèbre Montagne du Destin, dans la saga du "Seigneur des Anneaux". C'est d'ailleurs le plus jeune volcan du Salvador car il s'est formé en 1770. Étant extrêmement actif entre 1770 et 1958 et vu sa position très proche du Pacifique, il gagna le surnom de "Faro del Pacifico" car les marins pouvaient l'apercevoir en mer depuis de très longues distances. D'ailleurs une petite anecdote sur ce volcan : lors de la dernière éruption un nouveau cratère s'est crée et a menacé le village juste en dessous. Les habitants ont érigé une statue de la Vierge pour protéger leur village et comme par miracle la dernière coulée de lave s'arrêta juste au niveau de la statue. Vrai ou pas ? En tout cas, c'est ce que raconte la légende.

J'ai la chance de n'être accompagné que de trois autres personnes lorsque j'arrive sur les lèvres de l'immense cratère en moins de deux heures. D'ici, sont visibles les nombreuses fumerolles crachant dans l'atmosphère une quantité phénoménale de dioxyde de soufre. Elles surgissent des entrailles du volcan et disparaissent en ne laissant que des trainées jaune-orangées sur les rebords de la caldeira. Ceux qui nous ont rejoints, se cachent le nez pour atténuer l'odeur d’œuf pourri qui nous entoure, mais grâce au vent qui balaye assez fortement le sommet, l'odeur semble vite se dissiper. Les émanations de soufre via les fumerolles traduisent l'activité du volcan et nous ne pourrons rester qu'une demi-heure en haut à cause de la toxicité du gaz. Même si le Santa Ana n'est maintenant pas très actif, il est étroitement surveillé en raison de sa dangerosité car lors de sa dernière éruption en 2005, il provoqua une coulée de boue dévastatrice et propulsa dans l'atmosphère des blocs de la taille d'une voiture.

On continue notre progression le long de la petite crête jusqu'à ce que l'œil du volcan apparaisse. Le lac d'acide est d'une incroyable couleur bleu jade scintillante et occupe le fond d'un cratère au centre d'un ensemble de quatre anneaux, quatre caldeiras, s'étant formées lors de grosses phases explosives. A 2381 m, au sommet du plus haut volcan du pays, le paysage est sensationnel. Avec d'une part la roche rouge s'accumulant sur les bords, la couleur étincelante de l'eau, les dépôts jaunes vif de soufre et de l'autre la superbe vue à 360° sur le Pacifique et le lac Coatepeque, c'est difficile d'imaginer un lieu aussi merveilleusement incroyable et photogénique.

Alors que plusieurs Salvadoriens immortalisent l'instant en déployant le drapeau national et posant fièrement en photo devant le paysage, on devine que l'Américain arrive car on l'entend gueuler à des kilomètres. Quand il apparaît, tous ceux qui l'accompagnent ont l'air passablement énervés. Au sommet, il se met à hurler de plus bel, à sortir des bières et à vouloir faire des checks que presque tout le monde décline. Il y a un panneau qui interdit d'aller plus loin à cause notamment du terrain fortement accidenté et du vent violent. Le seul survivant du gang des tongs décide d'arrêter ses explications foireuses sur le volcan et de passer outre l'avertissement pour s'aventurer plus loin car selon lui la vue est "nettement meilleure". Parce que oui, c'est un expert dans tous les domaines. Petite devinette : d'après vous qui a ramassé une énorme gamelle en glissant sur un rocher et a donc du se taper la descente en boitant tout du long ? Tout ça pour ne rien voir de plus, se faire une entorse et obliger les guides à l'aider pour redescendre. Là on en tient un très très bon ! Mais heureusement qu'il est là, un cador de ce niveau, ça aurait quand même été dommage de passer à côté…

La descente est super facile, si on ne boîte pas évidemment, et en moins d'une heure je me retrouve au point de départ. Il me suffit d'attendre un bus pour ramener tout le monde jusqu'à Santa Ana mais aucune idée de l'heure à laquelle il doit passer. En demandant au proprio d'un hôtel à côté, à un guide et à un habitant, j'ai droit à trois horaires différents. C'est avec plein d'espoir que j'attends celui qui devrait être là dans 15 minutes. Comme jusqu'à présent la journée a été vraiment parfaite, cela ne se produira pas. Je reste à attendre avec seulement quatre autres personnes, et même si tout le monde parle espagnol, c'est la foire aux accents. Entre l'italien, l'allemand, l'anglais et le français, c'est un joyeux mélange. il nous faudra attendre pas loin de 2 heures avant d'entendre un moteur et apercevoir enfin un bus, comme d'habitude très coloré, sortir d'un virage de cette route de montagne sinueuse.

20
fév

Pour mes deux derniers jours au Salvador, je vais me concentrer sur les alentours de Santa Ana. Le premier endroit que je veux absolument voir est Joya de Cerén, un site archéologique maya situé entre ici et San Salvador. Cette petite cité est surnommée la Pompéi d'Amérique car comme pour la célèbre cité romaine, elle a été détruite et ensevelie lors d'une éruption du volcan Loma Caldera vers 535. Pour y aller c'est plutôt simple mais il faut au moins prendre deux bus. Le premier m'amène jusqu'à la sortie de la petite ville de Opico et au lieu d'attendre le deuxième bus, avec ma réussite lors de ces derniers jours, j'essaye de nouveau le stop. Il faut seulement quelques minutes pour que je me retrouve à bord d'une voiture en compagnie d'une charmante famille et leur immense chien. Je dois d'ailleurs lutter avec pour avoir un peu d'espace sur la banquette arrière. Une fois déposé pas très loin de l'entrée, je constate avec dépit que le site est fermé pour encore quelques mois à cause de travaux de rénovation... C'est vraiment la loose, et c'est totalement dépité que je tourne les talons pour m'éloigner. Retour à la case départ donc, mais cette fois-ci un bus arrive juste quand j'atteins la route et je m'empresse de lui faire signe pour monter. Il ne m'a pas vu... J'attends donc que le prochain passe, absolument seul sur le bord de la route, sans la possibilité de faire du stop, car aucune voiture ne circule par ici.

J'avais aussi repéré un autre endroit, d'autres ruines Maya, situé à une dizaine de kilomètres dans la petite ville de Chalchuapa. C'est déjà le quatrième bus que je prends de la journée mais cette fois-ci avec la chaleur du début d'après-midi, le bus devient un vrai four et le trajet se transforme en un véritable enfer. Heureusement cela ne dure qu'une vingtaine de minutes et une fois arrivé dans la petite ville je me mets en marche pour trouver l'entrée, tout en priant intérieurement que ça ne soit pas également fermé. Dans une rue, des dizaines de stands sont dressés, et tous vendent des article "artisanaux", mais j'ai l'impression que pas mal de trucs sur les échoppes sont plutôt du bon vieux "Made in China".

Tazumal a été un complexe important qui selon toute vraisemblance fut une des plus grandes ville de cette partie de Mésoamérique. Comparativement aux immense ruines et cités que l'on peut visiter au Mexique, le site est assez petit. En son centre une pyramide se dresse et constitue le principal attrait du lieu. Même si elle a été le théâtre d'une rénovation, il est impossible de s'en approcher et encore moins de monter dessus, et c'est tant mieux. A part les deux palmiers à l'entrée, l'absence de végétation donne un air un peu artificiel au lieu. C'est aussi vrai qu'après avoir vu Tikal et Copan, ce site n'a rien de véritablement impressionnant mais a au moins le mérite de me donner un avant goût et me préparer pour la découverte du Yucatán et de ses ruines mayas. Malgré les 5 ou 6 structures, sans panneaux explicatifs, je fais le tour en moins d'une heure. Une fois rentré, j'en profite pour me mettre en quête de la tant recherchée plaque d'immatriculation que j'ai évoquée précédemment..

Je n'ai absolument aucune idée par où commencer. Je demande, à tout hasard, au proprio de l'hôtel s'il a une petite idée et il me répond qu'il y a peut être un endroit où je peux trouver mon bonheur. Il suffit de descendre de deux rues puis tourner à gauche et dans huit rues, je devrais arriver à une pharmacie où il est possible d'en trouver une. Euh, une pharmacie ? Est-ce que je me suis trompé en m'exprimant, parce que je me vois mal arriver et demander s'ils ont une plaque... Il persévère et insiste pour que j'aille voir là-bas. C'est plutôt septique mais en suivant ses indications que je constate que le marché est en réalité bien plus grand que ce que j'ai pu voir car il continue encore plusieurs rues plus loin. Dans la pharmacie, c'est en effet une découverte assez étonnante car effectivement on y vend aussi bien des médicaments que tout un tas de vieux bouts de ferraille. En fait la pharmacie partage le même local qu'une ferraillerie. La personne vendant des sirops a l'air aussi étonnée que moi de me voir et j'explique péniblement l'objet de ma venue. Ce que je retiens dans sa réponse, c'est qu'il faut que je trouve "El Seco" un peu plus bas dans la rue. Elle m'indique une sorte de hall où je devrais probablement le trouver, sinon je dois demander aux gens car le type est connu pour avoir la bougeotte.

La première étape à présent terminée, j'entre dans le hall d'une habitation et je me fais remarquer par les trois personnes attablées, bière à la main, à l'intérieur. C'est reparti pour une explication, mais je pense ne être pas au bon endroit car rien ne laisse présager qu'il y ait quoi que ce soit à vendre ici. Quand je finis de parler, un des trois s'exclame "El Seco". Cool, je suis donc bien sur la bonne piste. Par contre je n'ai pas le droit de repartir d'ici... avant qu'ils ne m'offrent une bière ! C'est certainement pour me donner la force d'aller au bout de l'aventure. Si je continue de descendre la rue, je vais finir par sortir de la ville, mais après quelques centaines de mètres, j'arrive devant une sorte de bric-à-brac avec du multimédia étalé devant sur le trottoir. Il y a un homme à l'intérieur et direct je lui demande si il s'appelle "El Seco". Son surnom lui colle parfaitement à la peau : grand, très mince, un visage anguleux et une grande moustache. Je reçois comme réponse seulement un "ça dépend, qui le demande" plutôt froid. C'est à ce moment-là que je m'imagine dans un film ou une quête de jeu vidéo vu l’enchaînement de gens et de situations que j'ai rencontrés durant la dernière demi-heure. En espérant que c'est la dernière fois, j'explique mon problème. Je vois dans son regard qui baigne dans l'ombre de son chapeau de cow boy bien trop grand, comme une sorte de révélation.

Il a peut-être ça quelque part mais avant de chercher la plaque, il veut savoir combien je suis prêt à mettre. Je n'en ai strictement aucune idée mais on arrive à un arrangement pour 10 dollars, ce que je trouve plutôt honnête. La même sur internet, coûte au minimum dans les 50 €. Je dois revenir dans 15 minutes et il devrait avoir eu le temps de retrouver la plaque dans tout le bordel autour de lui. Il faut dire que dans le local des pneus, des magnétoscopes, de vieilles télés toutes démontées, des cadres ou des roues de vélo et de scooter jonchent le sol et côtoient une quantité incroyable de pièces détachées de voitures occupant le reste de l'espace. En fait il fait de la récup, répare et revend tout un tas de matériel pour vivre. Ça a l'air de très bien marcher car quand je reviens de nouvelles pièces ont fait leur apparition sur le trottoir et il est en train de les examiner pour savoir si il pourra en tirer un bon prix.

Il me tend le précieux sésame, et même si la plaque n'est pas en parfaite état car elle est gondolée, je ressens une grande satisfaction d'avoir réussi à mettre la main dessus. Je me demande si durant ce quart d'heure il a vraiment rechercher la plaque dedans ou s'il est sorti avec une clé, a trouvé une voiture et l'a juste dévissé pour me le vendre. Bon au final je m'en fous pas mal et je lui donne les dix billets. Je conçois qu'à lire l'histoire n'est pas folle, mais à vivre ce fut un vrai régal, avec plusieurs rencontres atypiques. En bonus, j'ai en même temps visité un peu Santa Ana. Evidemment je n'ai pas vu les lieux les plus dignes d’intérêt, mais au moins j'ai pu croiser et discuter avec des gens, ultra sympathiques, prêts à m'aider dont je n'aurais même pas imaginer l'existence le matin même. Tout ceci me conforte encore plus dans l'idée que j'avais des Salvadoriens en général.

Le lendemain pour mon dernier jour je décide de me faire une journée tranquille en parcourant une petite partie de la célèbre route des fleurs. C'est l'une des plus grandes routes touristiques du Salvador et traverse plusieurs villages coloniaux pour arriver jusqu'à Ataco, petite ville très célèbre pour ses fresques et ses rue colorées. Je décide de faire la route dans le sens inverse et je commence donc par Ataco. Comme d'habitude il faut prendre plusieurs bus pour arriver à destination. Cette petite ville présente tous les caractéristiques coloniales que l'on peut voir dans la majorité des villes d'Amérique latine. Les rues pavées mènent à une place où se trouve une église immaculée toute blanche, le tout baigné dans un cadre naturel typique de l'Amérique Centrale entre montagnes et végétation luxuriante. Pour mieux voir le village je décide de monter jusqu'au Mirador de la Cruz, pour une vue d'ensemble de toute la région. D'en haut, la ville construite au fond d'une cuvette laisse dépasser le dôme de l’église, de très nombreux toits colorés ici et là et de la végétation. A l'arrière-plan, comme protecteur de la ville, se dresse en toile de fond, la silhouette du Chingo.

Mais le principal attrait du coin sont les fresques plus colorées les unes que les autres que l'on retrouve parsemées dans les quatre coins de la ville. Entre celles qui représentent une scène de l'héritage historique de la région du temps des Mayas, d'autres célébrant un jumelage entre le Salvador et la Corée du Sud ou les citations, toutes mélangent les couleurs parfaitement et donnent une unicité aux différentes rues proches du centre historique. Comme des images valent mieux que milles mots, je laisse les photos parler pour moi. Il y a aussi un atelier tenu par deux frères très connus et originaires du coin. Ils ont créé et développé un style et un art que l'on retrouve aussi bien sur des tableaux que sur des fresques plus grandes. Les personnages que l'on voit sur toutes les œuvres sont des Memitas, une figure féminine représentant selon eux la femme salvadorienne avec un visage rond des yeux en demi-lune. C'est vrai que c'est très beau et en rentrant dans leur atelier où sont exposées les peintures, on en prend vraiment plein les yeux. C'est une véritable tempête de couleurs qui s'abat sur le visiteur. Mais il faut aussi avouer que les tarifs sont à la hauteur des œuvres et je ne veux pas prendre le risque d'en acheter une que je devrais ramener dans mon sac à dos. Avec encore un mois de voyage restant au Mexique où je vais sûrement faire pas mal de kilomètres en bus, je crains que l'ensemble s’abîme. Crainte encore plus forte pour mon vol retour où, connaissant la légendaire douceur de certains bagagistes aéroportuaires, je suis presque sûr que la toile n'arrivera pas en un seul morceau à Paris.

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Après cette halte, je reprends la route jusqu'au deuxième village de la route, Apaneca. Bien plus petit qu'Ataco, il présente les mêmes caractéristiques entre ses rues pavées, ses maisons colorées, les fresques plus modestes et son église également parfaitement blanche. Je repère sur mon appli GPS un chemin qui mène à une croix en haut d'un petit sommet dominant le village. Sur le chemin je croise, dans une des dernières rues du village avant de pénétrer dans la forêt, au moins 70 personnes occupées à trier, mettre dans d'énormes sacs en toile et charger des grains de café dans un camion. Dans cette chaîne humaine, chacun à un rôle à jouer et c'est avec rapidité que le camion sera totalement plein car lors de mon retour, la rue sera redevenu déserte. On est en pleine zone cafetière et c'est d'ailleurs la ressource numéro principale du village.

Dès le début, le sentier n'est pas clairement visible, quant à des indications ou un éventuel balisage, je n'en parle même pas. Il faut que je demande mon chemin à une personne récoltant le café dans son champ. Apparemment, je suis bien sur le chemin qui ne présente aucune difficulté pour arriver jusqu'en haut. Il me suffit de suivre le sentier jusqu'à un embranchement où il se séparera en deux et de prendre celui de droite. Super, ça a l'air plutôt simple et je m'enfonce de plus en plus dans la forêt. Par alternance, la végétation se raréfie et laisse entrevoir le village en contrebas situé dans une cuvette entourée par plusieurs sommets. Quelques minutes plus tard j'arrive bel et bien à l'embranchement mais, surprise, ce n'est pas deux chemins qui se séparent mais bien quatre. Je regarde sur mon GPS et évidemment, il m'indique que je ne suis pas sur un sentier mais au milieu de nulle part. Après avoir essayé trois d'entre eux, j'emprunte le dernier et j'arrive enfin jusqu'à la croix. Avec mes détours, je n'ai plus d'eau et en haut pas moyen de trouver un coin d'ombre pour me protéger du soleil brûlant de l'après-midi. Pas trop le temps d'en profiter, il faut que je reprenne un bus pour rentrer jusqu'à Santa Ana car ayant un vol le lendemain matin de bonne heure, je ne peux me permettre de rater les derniers bus en direction de la capitale partant en fin d'après-midi.

Arrivé à San Salvador, je trouve une petite chambre dans un hôtel juste en face du Parlement. Vu la situation géographique je me dis que je vais avoir droit (enfin) à un bon hôtel, mais ce fut un des pires. De toute façon je ne compte pas m'y attarder et je sors dès le début de soirée pour voir si l'ambiance est différente de celle que j'avais pu voir quelques jours auparavant. Ce soir c'est très animé, avec quelques scènes ou des musiciens se produisent, des artistes de rue et des jeunes jouant au foot sur les places. Le tout bien évidemment sous l’œil vigilant des forces de l'ordre et des militaires qui quadrillent encore plus le terrain.

Le Salvador c'est fini et ce fut pas seulement une surprise, mais un véritable coup de cœur. J'avais quelques appréhensions avant d'y mettre les pieds, notamment à cause de toutes les informations qui nous parviennent à nous autres Européens. C'est vrai que la violence est un gros problème ici, surtout pour les locaux qui en sont les premières victimes. Mais les Salvadoriens sont vraiment d'une gentillesse incroyable, et me font penser aux Paraguayens. Peut-être que lorsque que l'on est un touriste dans un pays peu visité, les gens sont plus accueillants et prêts à aider bien plus facilement les gringos que nous sommes. Je ne me suis jamais senti en insécurité durant ces 9 jours, mais j'ai évidemment suivi des règles basiques pour éviter au maximum d'éventuels problèmes. Quand il y a un doute, il suffit de demander aux locaux si c'est possible d'aller dans tel ou tel endroit. Donc en gros, même si ce pays a un problème récurrent de violence, j'invite tout le monde aimant voyager hors des destinations touristiques à aller y faire un tour pour découvrir ses paysages et ses gens.