Coquille de noix, coquille de noix ? Est ce vraiment pour moi ???
Me voici dans le train, sur le trajet du retour, après ces 14 journées de stage, bien bien intensif. D'où mon silence, il n 'y avait pas trop d'espace, de temps pour raconter mes petites aventures... Car oui pour moi c'était l'aventure, vraiment la découverte d'un nouvel univers.
Une première semaine pour de couvrir les bases de la conduite d'un voilier, sur des "5 - 7" ; 5 pour long de 5m et 7 parce que 5 + 2 font 7 et que le 5-7 fait 2m de large. ! Aussi simple et logique que la navigation !
Une deuxième semaine en embarqué, de port en port, sur un croiseur de 10m, habitable pour nous 6.
(...) Suite du récit, alors que je suis revenu à mon point de départ, pour l'anniversaire de mon fiston, à La Motte, Mont St Vincent, depuis 2jours, et après avoir perdu ce que j'avais rédigé dans le train !!!! Grrrr....
Difficile pour moi de revenir sur les divers et multiples moments vécus qui, chacun, aurait pu justifier un petit récit de ma part. Je vais me contenter de vous faire part de mon impression générale, ce qui probablement restera comme souvenir d'ensemble de cette découverte maritime.
Pour résumer, les premiers mots qui me sont venus finalement tout naturellement sont : "franchement, aucun doute je suis bien à ma place dans mon petit vallon de montagne !"
Peut être étais je venu goûter la confrontation aux éléments, le vent, l'espace, la force d'une nature puissante, le chaud, le froid, la glisse sur l'eau, les variations de temps d'atmosphère.
Or la première confrontation que j'ai rencontré, et plus particulièrement, sur le voilier habitable, c'est une confrontation avec un outil technologique complet et complexe. Et petit à petit, entre les moments grisant de sensations nouvelles, les moments de brouillard complet sous l'avalanche de termes, de compréhensions à intégrer et à commuter en réflexe, les passages à l'eau (2 fois !!!), les phases nauséeuses de mal de mer, les découvertes des contraintes sécurité-règlementation (tenue bien contraignante d'un journal de bord, à chaque moment clef de la journée...), petit à petit donc est née en moi le constat, qui en fait est une évidence : le sentiment de liberté, cette effective liberté d'aller par delà les mers, s'abriter dans des petites criques sauvages et inaccessibles au terrien, ce sentiment de liberté est en fait bien chèrement payé en dépendance à la technologie et à l'outil.
Et nous voici faisant étape dans les ports de plaisance, amarrés au ponton, parmi quelques centaines de voiliers, tous plus grandioses les uns que les autres, concentrés d'extrêmement coûteuses coquilles, non de noix, mais de plastoc sophistiqué, d'électronique, de pilotes automatiques. Ah oui, je venais voir : peut-être acquérir une compétence me permettant un jour de voyager par delà les mers sans devoir prendre l'avion. Pas sûr que la démarche soit plus écologique. Certes ces voiliers existent déjà, alors autant qu'ils naviguent pour conduire le voyageur vers d'autres horizons, plutôt que de rester à l'attache au port. Mais quand même, amarré au coeur de ce concentré de plastic et de technologies coûteuses, j'avais un peu le sentiment de ne pas être à ma place. Clairement, une petite tente, une paire de godasse et 2 mules sur les sentiers de nos montagnes, oui sans aucun doute, cela ressemble plus à ma juste place. Et la jouissance de la liberté d'être soi, autonome sur cette planète, me semble alors, beaucoup, beaucoup plus éclatante.
Une autre confrontation, qui m'a je dois l'avouer, assez déplaisamment bousculé, est la confrontation avec ma propre capacité d'apprentissage des codes, techniques et sensations d'un univers totalement nouveau. Sacré expérience ! A 65 ans, j'ai de mon expérience de vie plutôt le souvenir d'une agilité d'apprentissage, dans mes plus jeunes années, plutôt correct, honorable. Et là, clairement j'étais le papy !!! Le papy entouré de jeunes, 30, 40 ans, qui percutaient très sensiblement plus rapidement que moi 😦 vexant non ? Alors, oui, il me faut bien l'admettre, mon agilité neuronale pour associer rapidement sens du vent, allure du voilier, faséyement de la voile, juste geste approprié, coordination avec les équipiers, position sur le bateau, a trop souvent à mon goût présenté un certain temps de retard ! Admettre et ne pas renoncer à apprendre et à aller au devant de situations nouvelles... Et oui, peut être que ça tangue, mais pour la suite, il y a intérêt à s'accrocher...
Et puis, il y a l'équipe, la vie à bord... Et là, que des mecs ! Dire qu'il manquait de féminin dans notre équipe est une lapalissade. Mais dans le cas présent, une lapalissade caricaturale, avec 2 gars qui dans leur lourd égocentrisme, ont pu donner à des moments, une idée de ce qui peut amener une irrésistible envie de toucher terre lors d'une traversée transatlantique !!! Par contre coup de chapeau remarquable à notre moniteur, solide par son passé pédagogique, qui a su gérer cette équipe sans que cela ne tourne au vinaigre ! (Et 2 autres bien chouettes gars par ailleurs).
Mais il ne me faut pas oublier quelques bien beaux moments, dont l'instant magique où 2 dauphins viennent accompagner notre bateau. Les magnifiques lumières qui effleurent la cote et soulignent les complexes escarpements de la rive, les temps à la barre où la sensation du juste cap s'imprime au bout du bras, et les moments grisants où le gîte du voilier nous entraîne dans une joyeuse sensation de vitesse...
Et pour finir cette escapade "biclou, coquille de plastoc" se termine ce soir un chouette we festif, ici à la Motte, pour les 40 ans de mon fiston.Et promis, je ne vais pas tarder à ajouter qlq photos à ce succinct récit. Mais là il est tard et je vais dormir.
Bises et bonsoir ...