Et bien voilà, peur de rien et on s'attaque à la fameuse "Haute route : La Jarjatte - Zermatt" ! Et puis si on s'arrête en route, au moins, nous serons partis :)
Du 20 mars au 3 avril 2022
15 jours
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Et bien, sacrée première étape !

Donc dans l'ordre, réveil matinal, un peu plus que nécessaire, ça devait être l'excitation de prendre la route !

Montée au col des aiguilles sous un ciel chargé. Agrémenté d'une légère giboulée de neige et malgré tout de quelques chants d'oiseaux, pour partir. C'était un peu jonglage d'une plaque de neige à l'autre. Le col proprement dit s'est fait ski sur le dos !

Un col qui demande de jongler d'un point blanc à l'autre et ce vallon des aiguilles, qui devrait être plus blanc que cela ! 

Versant Dévoluy aussi, il manque de neige, même si j'ai pu glissé presque jusqu'au col du Festre.

Et à partir de là, la pelouse, sur laquelle d'ailleurs, j'ai fait une bonne pause.Merci les Mélèzes.

Ambiance de fin d'hiver au col du Festre - Pause, à l'abri du vent 

Une petite heure à porter encore avant de traverser les domaines skiables de la Joue du loup, puis de Super-Dévoluy. Descente par un très joli chemin sur St Etienne en Dévoluy, mais, de nouveau skis sur le dos.

Aperçu 4 chevreuils qui déguerpissaient sous les mélèzes.

Un bon 1500 m de deniv, de la longueur, et bien 2heures de portage des skis, j'étais content de trouver le gîte, dans le camping municipal, et d'y être fort bien accueilli, avec beaucoup d'attention par le responsable.

Bref une mise en route plutôt exigeante physiquement qui met dans l'ambiance du voyage !!!

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Reposante et très plaisante petite étape après la bonne bambée d'hier.

Et tout d'abord une grasse matinée, et le temps de... prendre mon temps avant de décoller. C'est vers 9h et demi que j'ai commencé à grimper, dans un sympathique petit air frais et sous un pur ciel haut alpin !

Bye bye le Dévoluy, sous une lumière nettement plus sympathique que la veille

250 m de Grimpette dans les alpages printaniers avant de changer de versant et de vérifier que le vent du nord a chichement accumulé de la neige, dont il reste juste ce qu'il faut !

1500 m, versant nord, tout heureux de trouver la neige. Pas de quoi slalomer néanmoins ! Levant le nez : les arêtes de Truzieau .

Congères et langues de neige m'ont néanmoins tranquillement conduit jusqu'au col du Noyer. Bye bye Dévoluy, au pied du col, le Champsaur et sa multitude de petits villages parsemés. Et au delà, l'Oisans, que l'on attaque demain, avec Yves.

Les 2 premiers virages sous le col ont accumulés la neige, et après... Pedibus ! 

Mais pour l'instant descente du col, par la route, puis par un agréable sentier. Le paysage est magnifique, je me régale de cette journée plutôt tranquille, en récupération de la veille.

Au village du Noyer, il me reste juste à faire la sieste, en attendant ma fille, qui vient me récupérer pour une soirée familiale. Il n'y a pas qu'Yves qui soit papy !

Pas mal pour une sieste au soleil 
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Magnifique étape, où le plaisir de skier, vient enfin compléter le bonheur d'être en montagne.

Ce matin, 7h, Yves était bien là au RV chez Marie, pour me prendre, et c'est depuis la station de Chaillol que nous chaussons les skis. Sympa de décoller à 2 après 2 premières étapes solitaire. Neige artificielle à donfe, et fragile ruban blanc sous les mélèzes...

On ne va quand même pas bénir les canons à neige, mais c'est vrai qu'ils nous permettent de partir skis aux pieds. Pas pour bien longtemps, en fait car dès la sortie du domaine skiable, nos skis retrouvent leur place sur le sac à dos.

Peu importe on grimpe par un très agréable sentier fort régulier, sous le mélèzin, dans la fraîcheur du versant nord. On apprécie néanmoins de trouver le soleil lorsque que le sentier change de versant, et que soudainement, la vue s'ouvre sur tout le Champsaur à nos pieds.

 2200m, la vue s'ouvre sur le lointain tandis que quelques restes de neige laissent espérer de bientôt chausser.

Chausser les skis, ce n'est que vers 2350m que nous aurons ce plaisir. Mais peu importe, la montagne est juste magnifique.

Elle est chichement là, mais cela nous suffit 
On monte un peu au dessus du col, inspiré par une belle pente de neige qui s'offre à nous. 


Depuis la crête, bien aérienne , au dessus du col, nous découvrons notre versant de descente. On va enfin pouvoir skier....

La descente va se révéler très correctement enneigée dans le versant nord du vallon. Du bon ski en perspective  

👍👍Et bien oui 👍👍 Du velours en haut, du slalom entre les vernes, (arbustes montagnards, flexibles) un peu plus bas, du ski acrobatique à mi pente, et du ski démerde comme tu peux dans les traversées de couloirs d'avalanche ! Mais du ski, du vrai, du bon , dans des espaces bien, bien, sauvages 😀

Du ski acrobatique à mi pente... 
Et du ski démerde comme tu peux dans les traversées des couloirs d'avalanche 
Et nous voici arrivés dans ce célèbre lieu, où il ne s'est donc rien passé, le hameau des Borels, vallée de Champoléon 
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Une belle journée dans la grande solitude montagnarde, pas de doute, on est bien en Oisans. Le val d'Estreche, que nous avons remonté, taillé au coup de sabre au coeur de montagnes raides, donne accès à des espaces grandioses, qui s'ouvrent sur des sommets et crêtes bien effilés.

Le vallon s'ouvre après une grimpette plutôt encaissée.  Au fond la pointe des Moutières. Plus qu'une centaine de mètres...

Vers midi, on est au sommet : vers le nord, en face de nous l'Olan, les Rouies, les Bans,et dans le fond de la vallée, aux pieds, la Chapelle en Valgaudemard, notre destination du jour.

Sur la crête, puis sur l'autre versant, au fond, les Rouies, les Bans... 

Le départ en versant nord, pour notre descente est plutôt raide, débutant par un joli passage de la corniche. Nous apprécions que les conditions soient super stabilisées et enchaînons prudemment les premiers virages. 1000 m de glisse, dans une neige plutôt exigeante, dans la partie haute, mais douce et bien revenue sur le bas.

Engagement dans la pente versant nord.  

Halte appréciée devant une cabane d'alpage avant de remettre les skis sur le dos, de passer au village abandonné de Navette, puis au très joli hameau des Portes, avant de dégringoler les 200 derniers mètres jusqu'à la Chapelle en Valgaudemard.

Nous y sommes installés comme des princes dans le foyer de fond.

Sieste, courses et cuisine au programme de l'aprem...

Probablement pas de réseau demain, donc pas de nouvelles. Au programme : les amis, Marie, Olivier, Claudie nous rejoignent. On monte au refuge du Pigeonnier. Après demain, ce seront les Rouies et la redescente sur la Bérarde.

Bises à tous...

Sympa la cabane d'alpage, et bien perdue au fond de la vallée 
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Quelles magnifiques, 2 journées nous venons de vivre ; de la montagne, de l'alpi, et du grand ski, au coeur des espaces sauvages et infinis de l'Oisans.

Hier matin donc, Marie, Claudie et Olivier, nous ont rejoint à la chapelle en Valgaudemard. On espérait pouvoir avancer sur la route, grâce à leur voiture, mais rapidement une grosse coulée d'avalanche à confirmé que nous n'en avions pas fini avec le portage. Mais sur la route c'est moins rigolo !

Pause casse croûte, au chalet du Giobernay avant d'attaquer la grimpette au refuge du Pigeonnier
En montant au Pigeonnier, belle vue sur le vallon qui grimpe aux Bans. 
800 m plus haut, arrivée au refuge, non gardé, mais fort accueillant pour notre petite équipe.  

Très joyeuse soirée dans ce chouette refuge en excellent état, avec plein de baies vitrées. On goûte entre autre le coucher de soleil, dans cette belle ambiance montagne.

Dernières lueurs sur la montagne 

Départ ce matin, au lever du jour. En crampon depuis le refuge, puis à ski.

On chausse les skis, le soleil n'est plus bien loin -  Dernières pentes un peu raides avant de prendre pied sur le glacier. 

Lorsque nous atteignons le glacier vers 3200, le paysage s'ouvre sur ce plateau glaciaire que domine le sommet des Rouies.

Nos premières vues sur le sommet, alors que nous prenons pied sur le glacier 

La fin de l'ascension se fait en crampons, dans la dernière pente raide. Il faut brasser quelque peu dans de la neige déposée par le vent.

Les derniers mètres sous le sommet.tout le monde n'a pas monté les skis. 
Le moment d'émerveillement... et de clic clac, ce n'est plus Kodak !

Remarquable point de vue, qui s'étend du Mont Blanc par delà la Meije, au Ventoux , du Vercors au Mt Viso. Les aiguilles de Lus, bien entendu me font un petit signe.

De retour sur le plateau glaciaire, c'est le moment de laisser les amis redescendre sur la Chapelle, par l'itinéraire de monté, tandis que tous 2, avec Yves, nous basculons sur le versant nord-est.

1700 m de ski sur du velours nous attendent. Neige juste revenue comme il faut, et surtout, ce paysage de dentelles, sauvage et grandiose autour de nous.

Dans la descente, du velours... 

Bon, il nous faudra bien porter encore une fois les skis avant d'atteindre la Bérarde. Mais c'est sans rechigner, après le cadeau de cette descente.

Ceci dit, c'est bien KO que nous avons trouvé nos matelas pour la sieste !!!!

Bonne nuit en perspective 🛌

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Ce matin, on prend notre temps. Au programme juste la montée au Chatelleret, 500m de dénivelé. Et exploration des conditions alentours pour voir la meilleure manière de passer sur l'Alpe de Villard d'Arène, car paraît il le col de la casse déserte envisagée est tout en glace, faute d'enneigement. 2 autres options à voir donc ...

Le vallon du Chatelleret, dominé par la face sud de la Meije 
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Nous voici au Lauzet, en versant sud du col du Lautaret, après une magnifique et bien ensoleillée traversée de l'Oisans. Demain nous attaquons le massif des Cerces, avant de basculer sur la Maurienne.

2 dernières étapes sans réseau, donc pas de nouvelles, aussi il me faut revenir peut être un peu rapidement sur ces étapes.

Samedi nous sommes montés au refuge du Chatelleret, dans le large vallon qui conduit à la majestueuse face sud de la Meije.

Majestueuse ! 

Dimanche, notre objectif était de franchir la barrière est du vallon, pour rejoindre l'Alpe de Villard d'Arène.

Par où aborderons nous la zone crevassée ?

Infos prises auprès de personnes au refuge, c'est bien par le col de la Casse déserte (3483m) que nous passerons. Et nous nous en réjouirons, vue la belle ambiance dans la remontée du glacier.

Belle ambiance, dans notre cheminement entre les séracs. Nous avons sorti la corde !
Le haut du glacier, et l'arrivée au col. 
Coup d'oeil sur la Barre des Ecrins, depuis la brêche


Belle vue sur la Barre des Écrins, au col, puis petit couloir pour rejoindre le glacier de Casse Déserte.

Yves, au démarrage dans le couloir.Neige trop tendue pour tenter un quelconque virage. Tout en dérapage prudent ! 

Puis de nouveau une longue descente, 1600 m, jusqu'au plan de l'Alpe. Mais neige beaucoup moins bonne qu'à la descente des Rouies. Et sous un ciel couvert, qui n'empêchait pas de goûter à la grandiose sauvagerie des lieux.

On arrive bien KO en bas, il nous reste une centaine de mètres à remonter, et nous apprécions divinement l'accueil de Sylvie dans son chaleureux et très personnalisé refuge de Chamoissière. Grosse sieste pour l'après midi 😀


Dédiée à ma cousine Béatrice : La montagne des Agneaux, sa calotte disparue, le couloir Piaget n'est plus que fin liseré blanc !
Il manque quand même 60 bougies ! 

Et pour la journée d'aujourd'hui, pas le temps de tout raconter, car c'est mon anniversaire, et on a de la visite : Brigitte et Véronique

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Bon nous en étions resté le 28 mars, pour une soirée gourmande et qlq bougies. Depuis 3 étapes, pour traverser les Cerces et basculer sur la Maurienne. Véronique est repartie pour la Jarjatte, tandis que Brigitte, la compagne d'Yves c'est jointe à nous pour ces 3 journées.

Depuis le Lauzet, on démarre de nouveau skis sur le dos. La neige est à l'Alpe du Lauzet, on chausse et atteignons le col du Chardonnet, d'où nous pouvons saluer le massif des Écrins, d'une dernière photo.

Bye bye l'Oisans, depuis le col du Chardonnet, alors que le ciel annonce un changement de temps. 

Tres belle glisse vers la vallée de la Clarée. On a vraiment changé de massif, les reliefs sont plus doux, l'ambiance est beaucoup moins austère. On apprécie le contraste.

Présence de l'eau, espaces grands ouverts et doux vallonnements ...
Doux vallonnements n'empêchent pas qlq passages scabreux, sous les mélèzes.Brigitte à la manœuvre ! 
Pose casse croûte après une chouette descente, et avant de remonter au refuge du Ricou... sans neige !

Soirée "Marins des cimes" au Refuge du Ricou. En effet était présente toute une équipe de 6 navigatrices, Vendée Globe et autres aventurières des tours du monde, dont la première femme à l'avoir réalisé en solitaire. Repas, partagé avec elles, puis soirée petits films. Pour ma part, une découverte de cet univers qui m'est bien étranger, et une très chaleureuse soirée vraiment inattendue.

Le lendemain au démarrage, peu avant de pouvoir chausser avec une journée à la visibilité... toute en blanc...

S'en suivent 2 journées de "perfectionnement navigation", mais pas sur la mer : blanc au dessus, blanc dessous, blanc devant autant que derrière...

Blanc, blanc, blanc... 

Merci le GPS ! nous passerons le col de la grande tempête, puis le col de Névache. Eclaircie bienvenue pour 800m de descente sur le refuge de Terre Rouge.

Puis aujourd'hui passage du pic du Thabor, puis col du cheval Blanc, avant de bénéficier, de nouveau d'une éclaicie, bienvenue, pour la descente sur Val Frejus.

Refuge de Terre Rouge - Tout ce que nous verrons du Thabor, la fugace percée d'un pâle soleil. 

Val Fréjus, terminus de l'aventure, pour Yves et Brigitte, Véronique, amie du CAF de Veynes est là pour prendre le relai .

13h, nous sommes pile à l'heure au RV 😀 pas mal quand même après 12 jours d'itinérance !

Petit resto à Modane, puis nous voici à l'hôtel à Termignon. Demain nous attaquons la Vanoise, par la montée au refuge de la Femma. La météo ??? Et bien on devrait poursuivre dans la série des jours tout tout blancs, et continuer notre perfectionnement "navigation aux instruments" !

Au programme refuges, de la Femma, puis du Prariond, puis Benevolo...

Probablement pas de réseau les jours suivants. Mon prochain coucou devrait être depuis l'Italie...

Bizzzz à tous

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Et bien ce n'est pas depuis l'Italie que je vous écris ce soir, mais depuis la Jarjatte ! A défaut du grain de sable, c'est la plaque de neige qui était là sur notre trace 😦 skgrogneugneuuuu.

Je vous en dit plus demain, simplement j'ai bénéficié d'un autre moyen de transport pour mon retour ...

J'avais pourtant prévu de rentrer en train !!!! Bonjour mon bilan carbone 😦 !!! 
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Et alors, ces 2 dernières étapes et ce retour prématuré ?

Vendredi matin, nous quittions Termignon, très aimablement accompagnés en voiture jusqu'au fond du vallon, au pont du Villard, à 1 400 m d'altitude, par notre hôtelier . 4 km environ de route goudronnée à plat évité, merci à cet hôte, amoureux de la montagne et sensible à notre aventure.

Un traditionnel et confortable chemin muletier démarre de là pour grimper 1 000m plus haut, au Plan du Lac.

Un confortable chemin muletier pour démarrer, avec Véronique qui a pris la relève d'Yves
Content  de pouvoir chausser.

Vers 1700m nous pouvons chausser les skis, alors que quelques cm de neige tombés dans la nuit ont légèrement blanchi le paysage.

En plein nuage, alors que le relief n'est plus que creux et bosses, nous en sommes, même à un moment, réduit à sortir la boussole, en complément de la position GPS, pour rejoindre le refuge du Plan du Lac.

arrivée au refuge du plan du lac 

Pose boisson chaude, au refuge, avant de repartir pour 2 bonnes heures de progression plus ou moins en courbe de niveau, puis à plat en fond de vallée, pour remonter le vallon de la Rocheure jusqu'au refuge de la Femma. Content d'arriver après cet interminable plat en fond de vallée.

Nous partageons notre table avec 2 randonneurs, eux aussi montés depuis Termignon, alors que dehors, la neige tombe régulièrement. La météo annonce des éclaircies pour le lendemain et une fin des chutes de neige dans le cours de la nuit.

Le lendemain, c'est dans un froid très très vif, (onglée même avec les gants !) mais sous un ciel immaculé que nous démarrons, alors que la montagne a revêtu un somptueux manteau blanc aux belles courbes épurées - véritable décor à la Samivel !

Décors à la Samivel au petit matin, en quittant le refuge de la Femma 

Premiers à quitter le refuge, nous attaquons la trace en direction du col du Pisset. Des petits soucis de peaux qui commencent à ne plus trop coller (elles étaient pourtant neuves au départ) me contrarient un peu.

450m plus haut. Nous sommes rejoints par nos 2 compagnons de tablée de la veille, qui nous remercient pour la trace. Ils devaient partir vers la pointe de Méan Martin, sur la droite, et nous vers le col du Pisset, sur la gauche. Fort gentiment, et en remerciement de la trace dont ils ont bénéficié, ils se détournent de leur objectif, pour à leur tour, tracer jusqu'au col, dans la bonne trentaine de cm de poudreuse. Super sympa, on apprécie vraiment. C'est donc avec eux que nous atteignons le col (3030m).

Nos compagnons de tablée, peu avant d'arriver au col du Pisser, traçant dans la profonde. 

Chaleureuse séance de photo, malgré le ciel qui vire de plus en plus au blanc généralisé, avant de partir chacun dans notre direction.

Devant nous, et 200m en contre bas, un grand plateau vallonné, et au delà, le col de Bézin à 2930m d'altitude. Même dans la descente nous devons pousser sur les bâtons, tant la couche de neige fraîche nous ralenti. Quelques virages dans la faible visibilité ambiante, Véronique profite de ma trace pour glisser un peu plus. En remettant les peaux, je lui dis que la prochaine fois, c'est elle qui passera devant, il s'avère que je n'ai pas eu de suite dans les idées...

Grand plateau vallonné, vu depuis l'helico, le lendemain. Au fond le col de Bézin... Pas franchement de grandes pentes !

En effet, arrivés au col de Bézin, après avoir bien ramé dans la poudreuse, et avec une traîtreuse envie de glisse, c'est moi qui m'embarque le premier. J'aurai, malgré le froid ambiant, pu prendre un peu plus mon temps, et peut-être rejeter un oeil sur la carte, et voir que tout au début de la descente il y avait 2 courbes de niveaux un peu plus resserrées, qui indiquaient une pente légèrement plus raide en tout début de ce vallon qui s'annonçait globalement en pente douce. C'est en tous les cas ce que nous avions tous les 2 en tête, nous ne devions à aucun moment traverser une pente au delà de 30°, ce qui est pour tous randonneurs le repère quand au risque d'avalanche.

Dans le brouillard, 2 courbes de niveaux légèrement plus resserrées 

Je m'avance donc, confiant, en traversée, dérapage, tout doux, vu que tout est blanc devant, tandis que Véronique termine de ranger ses peaux. Et soudain, le sol se dérobe sous mes skis. Je suis sur une corniche qui s'effondre, ressaut brutal et non visible de 50cm à 1 m, je ne sais. Cela aurait pu s'arrêter là, si je n'avais pas atterri sur une plaque à vent, de neige déposée par le vent du nord au cours de la chute toute récente. Je réalise tout de suite que je suis embarqué dans une avalanche de plaque, et bataille tout de suite pour me maintenir en surface, une douleur au genou, quelques secondes et l'avalanche s'immobilise, la pente globale ne lui permettant pas d'aller plus bas. Premier réflexe, merci, je suis en surface, il n'y avait pas matière à être enseveli. Deuxième réflexe, constat, j'ai un ski coincé, sur lequel je n'ai pas déchaussé, je sais que mon genou a eu mal. L'autre ski, mes 2 bâtons sont à proximité. J'arrive à me dégager, tandis que Véronique me rejoint, et m'aide. Je tâche de me mettre debout, une fois, je m'écroule avec une violente douleur au genou, une deuxième fois, délicatement, bien dans l'axe, nouvelle douleur qui me fait m'effondrer une deuxième fois.

Il me faut me rendre à l'évidence, ça sent l'évacuation, le beau rêve va devoir s'arrêter là. Je parle d'hélico à Véronique, qui très justement me répond : "s'il arrive à venir". En effet le temps ne s'est pas arrangé, et la visibilité ne va pas vers le mieux. On arrive à contacter les secours, et tout de suite, on s'active à la construction, d'un abri. Avec la température ambiante, nous ne pouvons pas rester immobile. Véronique creuse avec une belle énergie, me fait passer les blocs, que, sur une jambe, j'empile. Très vite nous prenons conscience que nous sommes là pour un moment, et que de simple abri, il nous faut penser véritable igloo. Il y a une certaine probabilité que nous passions la nuit là. On adapte notre "architecture", bouclant le cercle, et tâchant de rapprocher les blocs plus ou moins consistants, pour refermer notre toiture.

Une après midi bien occupée ! Selfie sous igloo. Esteban et Antonin nous ont rejoint

Coup de fil des sauveteurs, on nous annonce que 2 aides gardiens montent depuis le refuge du Fond des Fours. Notre igloo, quasiment refermé, nous avons creusé le petit tunnel d'accès, aplani une bonne banquette, nous laissons volontairement une ouverture en toiture, afin d'entendre les voix ou appels de ceux qui doivent nous rejoindre.

Petit tunnel d'accès - Nous n'avons pas posé la clef de voûte. Il nous faut pouvoir entendre l'extérieur. 

15 ou 16h, je ne sais, nous avons la joie de voir arriver Estéban et Antonin, qui nous apportent couvertures et grand thermos de thé depuis le refuge, plus quelques douceurs chocolatées, bienveillante attention de Claire, la gardienne. Du coup on achève de fermer la toiture, et à 4, nous nous tenons chaud, moralement et physiquement, partageant outre les gourmandises et paquets de petites graines, petites histoires et connaissances (le monde de la montagne, n'étant pas si vaste) et quelques essais de chant, mais cela sans succès ni persévérance pour ce qui concerne nos vocalises !.

Nous avons des nouvelles de l'équipe de secouristes qui s'annonce pour dans 2 heures et effectivement vers 18h, 4 gaillards, CRS du secours en montagne arrivent avec la barquette qu'ils ont déjà traînée sur 500m de dénivelé, depuis le "Pont de la Neige". Ils viennent de Val d'Isère. Peu d'hésitation, l'évacuation va se faire vers le refuge du fond des Fours, ce qui nécessite de repasser le col de Bézin une 60 aine de mètre au dessus. Affaires promptement rassemblée, Igloo défait pour récupérer skis et bâtons, charpente partielle de celui-ci, et me voici contraint de m'allonger dans cette barquette, ce qui ne me faisait, mais vraiment pas très envie.


On démoli l'igloo pour récupérer skis et bâtons, et me voici proprement saucissonné...

Et me voici conditionné, saucissonné, avec attention et délicatesse, mais tout de même complètement saucissonné pour un moment. La corde des sauveteurs, plus la mienne leur permettent d'envisager un mouflage vers le haut. En théorie c'est simple, mais je les entends batailler comme des malades. Pas d'hélico, sauvetage à l'ancienne, ça va être effectivement une bataille : Descente, grand replat, courte remontée, descente, nouveau replat, nouvelle petite remontée... ils en suent et je les entends batailler, échanger sur les meilleurs manières de s'y prendre, galérer... Et moi je suis saucissonné dans ma barquette, je voudrai exploser, sortir, filer mon coup de main, même sur une seule guibolle. Jusqu'à maintenant j'ai été actif, pas eu le temps de penser à la déception, pas eu le temps de revisiter ma journée, l'enchaînement des décisions, des options qui auraient pu être légèrement différentes. Avoir fait les choses plus posément au col, avoir ressorti la carte, avoir veillé à ne pas bloquer ma fixation, avoir dérapé légèrement moins et un peu plus traversé, avoir anticipé la possibilité de cette congère de vieille neige, formée par le vent du sud, alors que c'était à priori la neige récente déposée par le vent du nord de la nuit qui constituait le danger, réalisé que justement cette vielle corniche, avait permis l'accumulation de neige récente dans le versant au vent... Et merde, et merde et merde, inactif, saucissonné dans ma barquette, alors qu'autour de moi je les entends galérer, tirer, souffler, hésiter sur la meilleure manière de procéder, redémarrer, retirer, reposer... Jusqu'à maintenant j'ai été actif, pas le temps de ruminer la situation. Maintenant je ne suis plus que poids mort, ballotté dans les ressauts du terrain, à l'origine, responsable de toute cette généreuse énergie dépensée autour de moi, alors que 10 m un peu plus à droite, et nous serions arrivé au Prariond... Aller Philippe, ça ne sert à rien, respire, concentre toi sur ta respiration. Tu le sais il y en a pour un sacré moment. A quoi sert de ruminer ainsi ?

Je les entends batailler... 

J'analyse, j'ausculte, où a été mon erreur ? Sacrée leçon que je viens de prendre. Comportement, compréhension, connaissance de la montagne, sûr que c'est une sacrée leçon. Plus de 3 heures que va durer cette saucissonnade en barquette jusqu'au refuge, et le temps d'y réfléchir, entrecoupé des moments où j'ai envie de m'éjecter de cette barquette et de rejoindre ceux qui autour de moi sont dans la suée de l'énergie dépensée. Une sacrée leçon d'humilité que vient aussi de me donner la montagne : 2 semaines royales, magiques, à franchir cols, crêtes et sommets, à jouer à saute massifs. Quelle griserie. 14 jours à sentir mon corps dans la plénitude de l'effort, dans la jouissance du rythme juste. Et puis, la glisse et toute la distance qu'elle permet, d'une vallée à l'autre. Qu'importe que les skis soient aux pieds ou sur le dos, le dénivelé ont l'avalait. Au soleil ou dans le nuage, de cette montagne sauvage je faisais parti, et il me suffisait de lever les yeux, l'émerveillement, partagé ou gardé au fond de moi, était là. Et voilà, un angle de dérapage, un peu trop prononcé, une simple petite précipitation à redémarrer, au col dans le froid, et me voici saucissonné, ballotté, pris en charge, fini la griserie, fini le saute massif ! Quelle leçon je viens de prendre, oui, une sacrée leçon d'humilité. Tu peux jouer à saute massif, mais attention, à chaque instant il te faut garder la conscience de ta fragilité, subtil équilibre, tu peux être grisé par la douceur de laglisse d'une courbe à l'autre, mais à chaque instant il te faut rester posé, vigilant, réfléchi.

tout cela se terminera à la frontale  

21h30, et quelques costaux de plus, venus à notre rencontre, et nous voici au refuge, chaleureusement accueillis par l'équipe. Repas chaud, et pour moi une nuit à ruminer, décidément j'ai de la peine à accepter.


Lever de soleil au refuge du fond des Fours. Grand bleu pour le vol en hélico. 

Le lendemain, quand même, une compensation assez magique vu les conditions de temps, ciel au grand bleu, et magnificence de la montagne toute fraîchement enneigée : un vol en hélico absolument magique. Mon baptême en la matière. On a survoler tout notre itinéraire de la veille et de l'avant veille. avec un bonus au dessus des glaciers de la Vanoise, et le contournement de la dent Parrachée. Rasement des parois enneigées, passage à raz du col de Labby (sauf erreur), virage serré au dessus d'un chalet, avant de plonger dans la vallée, et de rejoindre la base des CRS à Modane. Il paraît qu'ils avaient un nouvel appareil qui demandait donc quelques tests, ce qui nous a valu ce petit complément de vol totalement magique.


L'hélico doit être là d'ici qlq minutes - calme avant la poudre plein les yeux, ça déménage !
La grande Casse depuis l'hélico

Avant de clore le récit de cette, néanmoins magnifique aventure, je voudrai mentionner ma gratitude vis à vis de toutes les personnes rencontrées ou qui petitement ou grandement ont partagé un moment de cette traversée. Chaleur, accueil, bienveillance et attentions, je n'ai rencontré que du bonheur relationnel dans cette aventure. Et ceci, tout particulièrement avec mes partenaires d'aventure :

Yves, tout d'abord, qui en tant que guide a une expérience de la montagne, infiniment plus grande que la mienne. Réflexions, choix techniques, partage des décisions. Les 10 journées que nous avons partagées n'ont été que du bonheur, mais aussi pour moi un très riche complément d'expérience montagnarde.

Véronique, belle pêche, entrain, bonheur partagé d'être en montagne,.. Bien qu'elle ne soit venue, pratiquement que pour de la montée (démarrée à 1 400 m pour finir à 3 000 après juste avoir goûté quelques rares virages dans l'univers blanc), elle avait encore le sourire et le même entrain quand nous nous sommes quittés. Grand merci à tous 2 pour leur amical compagnonnage.

Et puis aussi gratitude et profonds remerciement à toutes l'équipe des 4 CRS qui se sont démenés tout ce qu'ils pouvaient, dans le froid et la nuit tombante. L'un Olivier en a eu l'extrémité des doigts gelés, et son collègue avait l'extrémité d'une oreille gelée. Merci, merci à eux quatre pour leur généreux et très physique engagement.

Et puis aussi, une fière chandelle à Estéban et Antonin, ainsi qu'à Claire toute l'équipe du refuge de fond des Fours. Estéban et Antonin, venus avec couverture et gros thermos de thé, ainsi qu'avec les kinders et autres gâteries glissées dans le sac par Claire la gardienne.

Plongée dans le voyage, l'itinérance que j'adore, la montagne sauvage et grandiose, le bonheur du ski, l'amitié et la bienveillance rencontrée tout au long du chemin, même si je ne suis pas arrivé au bout, quel bonheur d'être parti 😀

Bises à tous

Philippe