Comme chacun sait, dans un massif karstique l'eau a tendance à creuser et à dissoudre le calcaire comme le café un morceau de sucre. À l'air libre, cela donne des gorges profondes qui séparent les plateaux ; en souterrain, une foule de cavités multiformes, gouffres, abîmes, avens... Sous le causse, cherchez la grotte.
Au-dessus et à l'ouest de Meyrueis, s'élève le causse Noir, séparé du causse Méjean par les gorges de la Jonte. Le causse Méjean s'enorgueillit de son grand trou : l'aven Armand, à voir peut-être une autre fois. Sur l'autre rive, le causse Noir n'est pas en reste, avec la grotte de Dargilan, à moins de 10 km de Meyrueis et juste en bordure du plateau. L'arrivée sur le site offre déjà un beau point de vue sur les gorges de la Jonte.
C'est parti pour la visite : stala -ctites et -gmites, colonnes, draperies et fistuleuses (fines aiguilles creuses suspendues au plafond)... la collection des curiosités spéluncales est à peu près complète. Sans vous infliger un cours de grottologie, sachez que les concrétions calcaires sont de couleur claire en l'absence d'autres éléments, se teintent de nuances rouges en présence de fer, et de gris lorsqu'il y entre du manganèse, dont on repère également la signature le long des falaises des gorges de la Jonte et du Tarn.
Notez la variété de couleurs le long de la grande paroi qu'on dirait tapissée de méduses.
La grotte ne présente pas de vraiment grande salle, elle s'étire surtout en longueur et en hauteur, on ne cesse de descendre ou de gravir des escaliers. Les couloirs se resserrent par endroits, sans toutefois devenir oppressants.
La sortie de la grotte débouche directement en balcon au dessus de la vallée de la Jonte : vue magnifique. J'ai observé plusieurs vautours planant près des falaises.
L'après-midi étant bien entamé, je roulai sur le plateau vers l'ouest en direction de Veyreau, d'où une énième petite route va dégringoler jusqu'à un pont sur la Jonte, au Maynial. Passage rive droite et fin des gorges de la Jonte par la route du bas (D996).
Au Rozier, la Jonte se jette dans le Tarn ; je me jetai quant à moi d'un pied droit lourd sur la D907/D907B qui remonte les gorges de ce dernier, pressé par l'heure et le soleil déclinant. Presque personne sur la route, un vrai bonheur. Je me méfiais un peu des gorges du Tarn, spot touristique obligé, mais il faut reconnaître que ces grandes falaises ont de la gueule et méritent au minimum le détour.
Rapidement rendu au village des Vignes, je m'engageai dans la montée vers le "Point Sublime", une belle chaussée en lacets bien dessinés. Après quelques kilomètres supplémentaires sur le plateau, je trouvai désert le belvédère dominant un coude important de la rivière. La profondeur des gorges surtout frappe le regard et justifie le déplacement. Superbe coup d'oeil en particulier vers l'amont.
En continuant sur le plateau (causse de Sauveterre), j'avisai dans le hameau de Cauquenas une construction en pierre, voûtée, qui ne semblait pas récente : ancien four à pain, abri de berger ? J'ai posé la question à la mairie de La Malène, la commune concernée. Je ne manquerai pas de fournir ici la réponse — si toutefois elle vient un jour. Il était temps de rejoindre le bas de la vallée, et le pittoresque village de La Malène.
Je profitai des derniers rayons pour poursuivre le long du Tarn jusqu'à Sainte-Énimie.
Rive gauche, on trouve le hameau de Hauterives, accessible à pied ou depuis la rive droite uniquement en barque, et ravitaillé non par les corbeaux, mais grâce à une sorte de télébenne pour transborder des charges. Au-delà de la jolie carte postale, les habitants se plaignent que ce dernier soit laissé en panne, et que d'une manière plus générale le village soit complètement abandonné des autorités compétentes, à tous points de vue : eau, assainissement, sentiers d'accès, entretien des berges...
Un peu plus loin, traversée de la localité de Pougnadoires, adossée à la falaise, et paraît-il partiellement troglodytique. Plusieurs petits tunnels se succèdent aussi sur cette portion de la route.
Enfin, voilà Sainte-Énimie, jolie bourgade établie en amont d'un pont, où j'allais trouver un petit restaurant simple, tout à fait correct, et surtout, ouvert ! Un très vaste parking inondable en bordure du Tarn, désert ce jour-là, laissait imaginer ce que peut être la fréquentation estivale...
Repu, je traversai le pont pour rentrer de nuit à Meyrueis à travers le causse Méjean, en prenant garde aux animaux très dangereux dont regorge la région, mais pas encore trop à cette saison...
Circuit du jour (sens horaire)