Paysages Lettons

"Je m'en allais dans les bois car je voulais vivre intensément et sucer la moelle de la vie. Et ne pas, quand je viendrai à mourir, découvrir que je n'aurai pas vécu." - David Thoreau

C'est parti pour 7 jours de folie dans le grand froid d'un pays balte : la Lettonie.

Je vous passe les détails du long voyage qui nous a mené de Toulouse à Riga. Passons vite au moment crucial où nous récupérons nos valises avec ce fameux stress toujours présent qu'elles aient été perdues pendant le voyage. Une fois cette étape primordiale passée nous partons chercher notre chère voiture de location qui nous emmènera un peu partout cette semaine mais qui surtout nous tiendra chaud. En effet, il fait déjà -15°C. Nous montons donc à bord du véhicule où la température ambiante est de 29°C et partons pour une quarantaine de minutes de route dans la forêt enneigée. Nous arrivons à notre petit chalet où un gros Monsieur bien cliché mais trop mignon nous accueille. Il est 2h du matin et il ne parle pas un mot d'anglais. Il nous explique comment fonctionne le chauffage, la cheminée etc. et s'en va. On s'installe et courrons dormir! Demain nous partons à l'aventure!!!

Au menu du petit déjeuner aujourd'hui : petits gâteaux secs aux épices (cannelle/gingembre) et vin chaud froid sans alcool.

Un thé et nous voilà en route pour une longue journée dans l'ouest de la Lettonie. Nous commençons par Jaunpils. Un château médiéval sous la neige. Nous avons droit à une visite guidée privée avec une jeune lettone. Nous faisons le tour, passons dans de petits couloirs à la hauteur des chevaliers de l'époque. Nous avons visité de vieilles salles du 14ème siècle mais aussi des salles rénovées qui servent pour les mariages et pour donner des cours de musique et de danse aux enfants de la ville.

A l'extérieur, nous avons vu comment les chevaliers punissaient les voleurs ou méchants. Ils les faisaient se tenir debout sur un bout de mur pentu, les mains dans le dos. S'ils avaient le malheur de tomber ils atterrissaient sur du verre pilé et tranchant.

Nous avons continué la visite dans une cave où les barons avaient l'habitude de boire leur vin. Il y avait des épées, des haches, des cotes de mailles et un gros casque. La guide nous a raconté l'histoire du gentil fantôme qui hante le château. C'est le seul du pays qui soit un homme.

Alors que le baron était ruiné et voulait vendre deux de ses maisons à des marchands, ce dernier égara les papiers permettant de vendre ses propriétés. Alors qu'il se bourrait la gueule au vin dans sa cave il entendit des sons de sabots et la porte s'ouvrit sur un chevalier. Il déposa les papiers perdus sur la table et s'en alla. Le baron suivi le chevalier mais il n'y avait plus personne. Ivre comme un coing il pensa qu'il avait rêvé mais non! Les papiers étaient sur la table... Brrrr! La légende raconte que les méchantes personnes qui dorment aujourd'hui dans le château sont hantés par les bruits de sabots.

Les descendants de la famille qui habitait le château habitent maintenant en Allemagne mais viennent chaque année pour une fête médiévale.

A la fin de la visite, la guide a fait explosé le canon (elle a mis un pétard à l'intérieur et ça a résonné) rien que pour nous! Ils ont un autre rapport à la conservation du patrimoine que nous. Elle nous a ensuite laissé voir les chambres d'hôtel qu'ils proposent aux touristes. La chambre d'un chevalier et de la baronne.

Maintenant, direction Skrunda3!!

A l'entrée, un gentil monsieur letton qui se fait comprendre comme il peut avec son anglais approximatif et deux barrières avec deux gros STOP dessus. De quoi en dissuader plus d'un, mais pas nous!

Nous voilà sur une ancienne base militaire de l'époque soviétique. Ici vivaient les militaires et leurs familles lors de l'occupation de la Lettonie. Nous découvrons alors les ruines d'un théâtre, d'un gymnase, d'un hôpital, d'un hôtel et de plusieurs appartements. Nous nous baladons aussi dans le sauna et la prison. Les bâtiments servent aujourd'hui de lieu d'entraînement pour le tir. En effet, il y a des douilles de balles partout, des sacs de sable et même des cibles dans les différents bâtiments. Après avoir trouvé des journaux d'octobre 1990, des toilettes cassées et des livres poussiéreux nous ressortons de ce cimetière d'immeubles. Nous repartons avec une sensation de jeu vidéo apocalyptique tel que Call of Duty. Nous discutons un moment avec le monsieur de l'entrée qui nous raconte que son prénom est estonien: Néémé. C'était un chef d'orchestre très connu à l'époque dans le pays.

Nous reprenons la route en direction de Liepaja! Nous arrivons et courrons manger tels des ventres sur pattes (il est 16h)! Au menu : soupes de viande, poulet et légumes avec vermicelles et tout le tointoin, petits beignets de jambon et fromage, Goulach accompagné de patates bouillies, coleslaw, carottes râpées et deux petites tranches de cornichons. On se remplit bien la panse et arrivent les desserts : coulis de cassis? Grenade? Myrtille? On sait pas trop... avec une espèce de cheesecake au citron sur le dessus, gelée/glaire/vomi d'on ne sait quoi (à l'aspect d'escargots morts) avec de la chantilly sur le dessus et une chantilly avec des petits copeaux de chocolat. Le tout nous a coûté seulement 20€!!!

Nous reprenons la voiture et partons vers la plage. Ici la mer est à moitié gelée, à moitié libre. La neige recouvre le sable et les premiers mètres d'eau sont recouverts d'une espèce couche de glace. Rapidement l'eau reprend le dessus et nous retrouvons de grosses vagues glacées face à la mer.Le soleil montre le bout de son nez à travers les nuages.

Fun fact n°1 : Les lettons ont une réputation de méchants antipathiques à l'image des russes. Nous les avons trouvé tous très sympa depuis qu'on est arrivés et surtout : ils ont besoin de parler! BEAUCOUP!!!

Nous repartons vers la cathédrale orthodoxe de Liepaja. Une grosse église aux dômes et gravures dorés. Elle est entourée d'HLM communistes, gris, tristes et délabrés ce qui détonne complètement face à sa splendeur.

Notre premier arrêt se fait à Araisi. Comme par hasard, c'est fermé mais la dame de l'accueil ouvre le musée en plein air, rien que pour nous! C'est alors dans le plus grand froid de la semaine que nous visitons une forteresse lacustre du Xème siècle. C'est un hameau de cabanes en bois au milieu d'un lac. Lac gelé et enneigé en hiver ce qui rend les attaques bien plus faciles. On a pas trop compris l'intérêt. Devant chaque petite maison il y a des mobiles en bois comme des attrapes-rêves. La cabane du chef se trouve au centre du village, autour nous retrouvons le four du boulanger et une maison avec un lit d'époque qui avait l'air super confortable.

Nous ressortons de cette île et allons visiter une forteresse du XIVème siècle qui se trouve juste à côté. On va pas se mentir, y avait juste trois pauvres cailloux superposés en dessous de gros tas de neige.

Nous avons poursuivi la visite avec un village de l'âge de bronze et de pierre. Ici, il y avait des cabanes en paille, en bois, des espèces de tipis et un canoë.

De là nous avons pris la voiture et avons rejoins Cesis. C'est une ville emblématique de la Lettonie. Tellement que tout letton qui se respecte doit y avoir été en vacances au moins une fois dans sa vie. Nous avons visité les toilettes de l'office de Tourisme et fait le tour du château par l'extérieur. Nous nous sommes ensuite promené dans la ville pour voir les ruelles, les portes de la ville (deux pauvres cailloux), la maison en bois la plus vieille du village qui aujourd'hui est une bibliothèque, des statues magnifiques (on a trouvé la vraie quelques minutes plus tard) et enfin l'église! Nous repartons de là, un peu bredouilles. La dame de l'office de Tourisme nous a quand même conseillé une balade, consciente que son village n'a rien d'extraordinaire. Elle nous a d'ailleurs avoué avoir très froid et que ces températures n'étaient pas normales à cette époque de l'année. Normalement, il pleut et les températures sont plus hautes.

Nous suivons donc ses indications pour aller faire notre petite randonnée où de grandes falaises qui valent le détour nous attendent. Avant de se lancer à l'aventure nous mangeons le pic-nique que nous avons préparé à la maison dans la voiture, le froid ne nous permettant pas de tenir plus d'une minute à l'arrêt à l'extérieur d'un chauffage.

Une fois repus nous entamons notre balade dans la forêt froide mais accueillante. Nous découvrons que des castors vivent par ici et que dans le moyen âge ils étaient dévorés par les humains. Tellement qu'ils ont disparu du pays, ce n'est qu'en 1975 qu'un couple de castor norvégien a été inséré en Lettonie. Nous voyons ensuite les fameuses magnifiques falaises qu'il ne faut absolument pas rater.

Chacun sa notion de merveilleux, hein, mais bon. On va dire que des falaises de 30m ne nous impressionnent pas trop. Enfin, dans un pays où la plus haute colline n'atteint pas plus de 200m, on ne va pas chipoter. Il y a d'ailleurs des stations de ski pas loin! Ils sont fous ces lettons! En poursuivant la balade nous tombons sur une source d'eau potable où nous nous abreuvons grâce à un gobelet métallique. L'eau n'est pas si froide que ça et elle est bonne! Nous finissons la balade en patinant sur un ruisseau gelé.

Fun fact n°1: Il y a des bulles d'air qui continuent de passer sous la glace.

Fun fact n°2: La moitié de la grosse rivière est gelée et l'autre est de l'eau courante.

Nous reprenons donc la route vers le château de Turaida. A nouveau, nous sommes les seuls et uniques touristes du site. C'est un château qui a été construit par l'archevêque de Riga pour concurrencer un château voisin. Nous sommes montés à la tour d'où on a pu admirer une vue sur toute la forêt environnante.

Avant de revenir vers Riga nous sommes allés voir à quoi ressemble une piste de Bobsleigh/luge. C'est un grand tube d'1.5km rempli de glace et avec plusieurs départs à différents niveaux. Certains s'entrainaient. Ils avaient la combi, le casque et pas une luge en plastique pourri. Ils ont mis 40 secondes à descendre la piste. Ils étaient remontés en camion, déposé au pied de la piste et la camion redescendait les chercher.

Nous avons fini la soirée dans un bar typiquement letton. On vous laisse imaginer notre tête quand nous avons entendu du français et de l'anglais dès que nous sommes entrés dans le pub/restaurant. Et oui, le bar le plus touristique de Riga mais il nous réserve bien des surprises!!

Il y avait de la musique traditionnelle jouée par un accordéoniste et une violoniste. Alors que nous commencions à manger du pain fris à l'ail certains clients du bar ont rejoint la piste de danse! Et plus il y avait de chansons, plus il y avait de monde. Ils étaient de tout âge, vraiment. De la vingtaine à la soixantaine, tous connaissaient les pas et les paroles des chansons. Tout le monde danse avec tout le monde, pied nus ou en talonnettes, en jean/t-shirt ou en costume : tout le monde se donne à fond et transpire! Ils tournent, tournent et tournent encore avec des pas compliqués ou non mais toujours différents!! Faut pas être ivre pour danser ça! (Par contre celui qui a inventé les chorées devait être bien entamé).

Nous avons bu : une bière aux cranberries, une bière au miel et au gingembre (au goût de l'odeur du Canard WC d'après moi), du vin blanc de pomme (le truc le plus immonde jamais bu) et un vin rouge pétillant de différents fruits (fraise, myrtille, cassis...). Lorsqu'on a demandé pourquoi ils appelaient ça du vin vu que ça n'y ressemblait en rien, le serveur a juste répondu : Because it's wine!! Alala! Ces lettons et leurs inventions bizarres...

Nous revoilà dans la voiture en direction d'on ne sait pas trop quoi mais on y va.

Premier arrêt : le jardin d'un letton qui s'amuse à créer des scènes avec des sac de sable. Il les habille, leur peint des visages et créé des tableaux. Des petits enfants à l'école, d'autres qui font de la musique ou de la balançoire...

Après cette petite visite artistique nous avons continué notre route vers les vignes les plus septentrionales du monde! 650 pieds sur 1 hectare et demi. Ces vignes ont une grande histoire mais le meilleur passage est quand même que le Président de la Lettonie ait planté... un... pommier! Pour fêter les bonnes récoltes. Il y a d'ailleurs des arbres fruitiers exotiques en haut de ces vignes : un abricotier, un pêcher et un noyer. Vive l'exotisme! L'entrée aux vignes est payant. 70cts pour les adultes, 40cts pour les enfants et étudiants. Et quelle visite!! A ne pas rater, vraiment!!

Leur vin est donc, comme tout le monde le sait, extrêmement connu et apprécié dans le monde entier! Tellement que nous n'en avons pas trouvé de bouteille. Papa a donc décidé d'acheter du vin de rhubarbe. Logique. La bouteille est d'ailleurs plus cher qu'un bon vin de Rioja.

La journée se poursuit par la magnifique visite d'un musée contemporain en plein air. Il est normalement payant mais personne ne se manifeste alors nous entrons gratuitement. Quelle chance nous avons! Nous marchons donc sur un petit chemin pour atteindre les premières statues non ensevelies par la neige. Mais quelle surprise! Le chemin s'arrête après quelques mètres et la neige atteint nos genoux.

Nous continuons notre heureuse visite de ce musée à l'air libre et tombons des nues à chaque nouvelle statue. Chaque fois plus impressionnante et originale que la précédente.

Nous rentrons donc à la maison avant de repartir à Riga. Nous partons voir un ballet à l'opéra national de Riga : Giselle !! Tout le monde est super bien habillé, ceux qui avaient des baskets dehors s'empressent de les enlever pour mettre de jolies chaussures bien cirées. On va pas se le cacher, on se sent dégueu et moche à côté de tant de classe. La salle est magnifique. Au plafond il y a une grande rosasse dorée et rouge, les sièges sont rouges bordeaux et la salle est pleine de dorures. Le ballet dure deux heures et il y a un entracte de 20 minutes. C'est l'histoire d'une paysanne qui tombe amoureuse d'un prince qui est déjà fiancé à une princesse. Je vous spoile pas la suite mais c'est pas très joyeux. En tout cas c'était super beau!

Fun fact n°1: Les danseurs de la première partie ne sont pas venus saluer à la fin du ballet.

Fun fact n°2: Tous les danseurs n'étaient pas hyper synchro et il y avait même des ballerines qui suivaient les autres parce qu'elles connaissaient pas trop les chorées, haha !

Fun fact n°3: Ici, ils écoutent "beaucoup" de musique française. A la radio nous avons entendu : Christine & The Queens, Willy William, Bazil (sombre inconnu au bataillon mais il est apparemment français).

Fun fact n°4: En 2008, le pays a adhéré à l'Organisation internationale de la francophonie. 1% de la population parle aujourd'hui français mais ils continuent de l'enseigner dans les écoles et les personnes haut placés (comme l'ancienne présidente) le parlent souvent.