Septembre 2020
15 jours
Partager ce carnet de voyage
1
1
Publié le 8 septembre 2020

Les bruits de pas de tonton montant et descendant les escaliers de façon énergique me sortent de mon sommeil assez rapidement. Il est 3h du matin et nous nous apprêtons à entamer une nouvelle aventure qui promet d'être une fois de plus enrichissante en tous points. Cela fait précisément 1 an jour pour jour que nous commencions, Angélique et moi même, ce voyage qui aura été le précurseur de toutes ces autres et belles aventures. Des petits coups frappent à la porte pour nous indiquer qu'il est l'heure de se préparer. Je tourne ma tête pour regarder ma voisine de droite qui est à moitié éveillée; elle semble avoir passé une nuit toute aussi courte que la mienne mais tente de grapiller le peu de minutes qui lui restent. J'entends tonton qui se presse, presque aussi excité de nous amener à l'aéroport que nous de devoir partir. Je laisse ma coloc dans le lit gonflable préparé pour l'occasion et sors de la chambre doucement. Je croise Angélique dans le couloir qui, malgré son teint fatigué, arbore une étincelle dans ces yeux qui doit refléter celle que je dégage au même instant. Nous connaissions cela, ce sentiment qui nous fait nous sentir vivantes, prêtes à partir à la conquête du monde et à vivre ces moments encore inconnus mais qui, nous le savions déjà, seront inoubliables. Nous nous habillons en vitesse et refermons notre petite valise cabine tant bien que mal avant de la confier au père d'Angélique qui avait loué une voiture spécialement pour l'occasion. L'aéroport était à 1h de chez eux, c'est pourquoi nous avions décidé de dormir ici cette nuit afin de limiter le trajet. Quelqu'un descend de l'escalier; il s'agit de Megan qui est prête à son tour, encore endormie et fatigué de notre courte nuit. Et oui, cette année nous serons trois. Bien que ma cousine pour compagne de voyage reste pour moi la meilleure, nous avons tout de même accepté la venue de notre petite anglaise qui a laissé mon frère sur place. Un voyage entre filles, c'est exactement ce qu'il nous fallait toutes ! 3h45, nous montons dans la voiture et nous faisons conduire par notre chauffeur attitré directement à l'entrée de l'aéroport de Toulouse Blagnac. Celui-ci est désert, personne à l'horizon. Les conditions sanitaires du moment ont envahi les lieux et ont emporté avec elles tout ce qui faisait que cet endroit vivait. Une certaine impression que le monde est coupé, bloqué par ce virus que ne cesse d'evoluer. Mais nous étions là, avec notre valise et nos masques, marchant d'un pas décidé dans le grand couloir donnant sur notre lieu d'embarquement. Après plusieurs annulations et déceptions ces derniers mois, nous avions enfin réussi à trouver à partir. Un petit échappatoire, une bouffée d'air frais que nous avions bien mérité. C'est quand je nous vis alors toutes les trois sur ce long corridor que je compris que ce voyage prévoyait d'être une sacrée folie et que l'équipe que l'on formait était celle qu'elle devait être. Megan avait elle aussi cette envie, cette passion de l'aventure qui ne demandait qu'a être exploiter. Une longueur d'ondes qui s'alignait complétement avec ce que nous étions. Le moment d'embarquer arrive très vite et nous prenons place dans la file d'entrée où une femme nous demande nos pièces d'identités, billets et un document que nous devions remplir informant les autorités sur le lieu où nous serions les prochaines 24h. Angélique présente son papier et déjà la femme chargé de nous faire avancer commence à nous faire paniquer. Le numéro de vol qui est inscrit sur le formulaire n'est pas le bon, nous ne pouvons pas embarquer .. Nos regards se croisent, impossible de rester ici quand l'aventure nous attends là bas en nous tendant les bras! Megan sort alors son document où elle avait préalablement indiqué nos noms pour l'accompagner. Hallelujah ! Ça passe. Encore un petit signe qui nous confirmait que sa place était bien là, parmi nous. Nos places dans l'avion sont dispatchées dans différents endroits, nous séparant alors durant les 3heures de voyages suivantes. Nous profitons de ces quelques instant pour nous retrouver seules avec nous même, ce qui s'avère nécessaire sachant que nous allions passer ces prochains 15jours ensemble, partageant tout, le bon comme le mauvais. Ça allait être parfois compliqué je le savais, mais ça ne pouvait qu'être une expérience nouvelle qui nous permettrait de grandir davantage. Je ne peux m'empêcher tout de même de faire un petit Coucou à ma cousine au fond de l'avion avant l'atterrissage, jetant par la même occasion un coup d'oeil sur le paysage à travers le hublot. Les montagnes surplombaient la grande étendue d'eau floutée par une légère couche de nuages dispersée au dessus de celle-ci. Quelques îles se dessinaient au fur et à mesure que l'avion descendait et je dû retrouver ma place le temps de l'atterrissage. Dans le hublot voisin, la ville commençait à se faire distinguer, les plages paradisiaques et les reliefs au loin me plongeait déjà dans cet atmosphére Adriatique; Athènes nous voilà !

Nous descendons de l'avion pour rejoindre la petite navette qui nous amène à l'aéroport. La température exterieure nous change du tout au tout par rapport à celle que nous avions en partant de Toulouse. Il est 11h du matin ici et il fait déjà 28°. Le bus nous conduit devant le sas et un petit comité d'acceuil nous attend pour entrer dans le pays. Nous voyons quelques personnes misent sur le côté afin d'être testées pour la Covid 19. Plein de petites cabines en contreplaqué sont alignées les unes à côté des autres avec dans chacunes d'elles un infirmier chargé d'enfoncer gentiment un coton tige géant tout au fond de ton nez. Autant vous dire que nous prions pour ne pas passer par cette case et continuer notre chemin. La femme qui nous contrôle à l'arrivée nous demande de sortir notre document contenant nos coordonnées respectives et, sans en connaître la raison, nous dirige dans la file devant faire le test. Nous sommes toutes trois dépitées; surtout Megan qui commence à paniquer à l'idée qu'un objet aussi gros puisse entrer dans son nez. Nous essayons tant bien que mal de connaître la raison de cette sélection quand une jeune fille derrière nous nous explique qu'ils se basent alors sur le numéro inscrit sur le papier pour choisir leurs cobayes. Celui que Megan avait rempli et que nous avons toutes trois présenté commencait par le numéro 7. Un peu plus loin, un autre Monsieur chargé de repartir les gens dans les petites cabines de torture revérifiait les documents. Nous vient alors une idée; Angélique et moi même avions également rempli ce formulaire individuellement et le numéro de base était différent. L'adresse n'était pas bonne mais nous decidons tout de même de tenter de le présenter espérant que la ruse marcherait et nous éviterait de subir ce moment fort désagréable. Nous présentons la substitution au gentil grec devant nous et attendons sa réaction. Celui-ci, perplexe, nous demande en anglais pourquoi nous étions en train d'attendre ici? Comme je vois que le subterfuge commence à fonctionner, je lui réponds dans un anglais précaire que je ne comprends pas la raison, accentuant alors mon expression naïve et innocente. Il nous fait alors signe de sortir et de continuer notre chemin comme nous l'avions commencé, nous faisant passer sous la banderole de délimitation. Nos regards se croisent et nous pressons le pas jusqu'à arriver assez loin pour exploser de rire de soulagement. Nous avons réussi à passer à travers le filet ! Encore une fois de plus l'équipe fût soudée et la chance entre nous commençait à régner. Tout sourire aux lèvres, nous partons à la recherche de la personne s'occupant de la location de notre voiture pour les 5 jours à venir. Un Monsieur avec un panneau de la compagnie attend à la sortie et nous commençons à le suivre vers un minibus rempli qui nous amenera à l'agence. Nous découvrons pour la première fois les rues delabrées et pauvres des alentours. Le paysage autour d'Athènes se compose principalement de bâtiments et de blocs de bétons servant d'habitation à la population locale, ce qui nous met dans le contexte économique de ce pays d'entrée. L'agence de location se trouve dans une place au milieu de nulle part, une zone industrielle où peu de monde circulait à cette heure. La femme chargée de nous louer la voiture commençait à nous expliquer la procédure dans un anglais très accentué caché derrière un masque et une plaque vitrée. Déjà quand nous étions en Écosse un an auparavant, nous avions galéré à comprendre l'accent et les démarches à suivre, alors autant vous dire que là c'était juste impossible pour moi de percevoir quoi que ce soit! La réaction que nous eûmes avec Angélique était tout naturellement de se tourner en direction de Megan dans l'espoir qu'elle traduirait à merveille. Elle comprenait elle aussi avec difficultés, surtout que notre interlocutrice voulait nous faire payer une centaine d'euros supplémentaires pour une assurance encore plus complète. Nous avions pris la réservation sur Internet avec le site de la compagnie aérienne et ils indiquaient que l'assurance était déjà comprise dans le prix, mais la dame en face de nous nous assurait le contraire. Ne réussissant pas à trouver le fin mot de l'histoire nous décidons d'abandonner et de prendre le supplément dans le doute. Ceci n'était pas tellement prévu dans notre budget et cela donnait à notre début de vacances un léger gout amer. Malgré tout nous nous dirigeons vers notre petite Nissan 4 portes blanc cassé qui m'a l'air d'être une bonne compagne de voyage pour les prochains jours. L'installation se fait et nous remplissons le coffre et l'arrière de la voiture avec tout le nécessaire à notre voyage. En route pour la conquête de cette nouvelle culture et ces paysages de folies qui nous attendent! Notre première étape du voyage consistera à nous rendre dans la petite ville de Nauplie, tout au sud de la Grèce. La première partie du voyage sera basée uniquement sur les points excentrés de la capitale que nous aurions du mal à accéder autrement qu'en voiture. Nous voilà donc parties pour 180km en direction des plages du Sud. Sur notre route nous découvrons des paysages désertiques, asséchés par la température arride. La végétation est très peu existante, teintée principalement de couleur paille. C'est au moment où nous traversons Athènes pour rejoindre la grande route du Sud que nous nous rendons compte de la pauvreté du pays. Les bâtiments sont pratiquement semblables à des bidonvilles, les murs de chaque rues et chaque bâtiments sont tagués grossièrement et la pollution physique et sonore reste présente tout du long. La première caractéristique grecque que nous découvrons est bel et bien leur conduite qui est complètement catastrophique ! Les voies ne sont même pas définies sur le sol, à tel point que la circulation est complètement aléatoire. Quelques uns dépassent par la droite, d'autres par la gauche, les scooters par dizaines sont chevauchés par plusieurs personnes quelques fois, la plupart du temps sans casques et chaussées de simples savates. Les priorités je pense, ici, n'existent pas; c'est à qui s'insère en premier qui passera. Il est vrai que tout autour de nous, les marques et l'état des voitures restaient assez pitoyables; en même temps il serait un peu dangereux d'investir dans ce luxe si les chances de les garder en état étaient moindres. Une fois la ville passée, nous nous rendons vers la petite ville de Corinthe située en front de mer donnant sur le golfe portant son nom.