Quand on change de vie pour s'aventurer en mer hors des sentiers battus et de nos vieilles habitudes, nous vivons des "premières" - bonnes ou mauvaises - qui nous laissent un souvenir impérissable 😄
Novembre 2016
1 jour
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Pour notre 2e saison, fin 2015, nous prenons enfin avec succès le cap vers les Canaries depuis le Portugal, à la hauteur de Lisbonne. La traversée de 12 jours se passe plutôt bien. Alors que nous approchons enfin du but, un calima (vent de sable du désert) fait baisser la visibilité et nous ne voyons toujours pas l'île de Lanzarote se dessiner à l'horizon.

Un peu avant le coucher du soleil, une grande bande de dauphins vient nous accompagner durant un long moment, jouant avec l'étrave du bateau et sautant tout autour. C'est toujours un spectable magique ! Nous sommes sur le pont à les observer quand soudain le voile de brume se dissipe miraculeusement. Entourés des dauphins, nous découvrons alors Lanzarote avec le coucher de soleil illuminant ses montagnes volcaniques 🤩🤩

Nous garderons toujours ce merveilleux souvenir comme la première et la plus belle des arrivées sur une île lointaine.

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Départ stressant pour ma première traversée du Golfe de Gascogne

Lors de notre premier départ en novembre 2014, Thierry a pris des équipiers pour traverser le Golfe de Gascogne. Son fils et moi avons rejoint le bateau à Porto. J'ai ensuite repris l'avion pour rentrer du sud du Portugal. Je n'ai donc pas fait de grande navigation. En novembre 2015, cette fois j'embarque à Bénodet pour la traversée du Golfe de Gascogne, réputée difficile, surtout à cette saison. J'appréhende cette première grande navigation hauturière automnale ! Je pars donc stressée pour ces jours de mer. La première journée se passe assez bien avec des conditions pas trop difficiles. Je reprends confiance. Mon premier quart de début de nuit se déroule sans problème.

Incendie à bord 🥵

Alors que je dors dans la cabine arrière, Thierry tient le quart de nuit et soudain met le moteur en marche. Ça me réveille et m'intrigue car le vent souffle. En alerte, je sens une odeur de plastique brûlé. Je me lève pour aller aux nouvelles. Le carré est envahi de fumée ! Panique : un incendie à bord... le feu est ce qui est le plus dangereux ! Thierry m'informe qu'il n'y a plus ni traceur ni pilote et me demande de venir prendre la barre. Il m'enjoint de m'habiller chaudement et j'enfile salopette et veste de quart en un temps record. J'arrive à la barre dans le noir total, paniquée, incapable de savoir où va le bateau et ce qu'il convient de faire !

Youenn (16 ans) se réveille lui aussi et vient me rejoindre à la barre. Il me trouve en état de choc et me dit "t'inquiète, papa gère !"... sa confiance m'émerveille 😃. Il reprend la barre et parvient à remettre le bateau dans le bon cap. Nous avons vraiment un super moussaillon 👍

J'aperçois à l'horizon les lumières d'un cargo : si on doit évacuer le bateau, les secours ne sont pas trop loin...

Pendant que nous gérons la marche du bateau, Thierry fonce vérifier le pilote dans la cabine arrière : le problème n'est pas là. Il revient au tableau électrique et découvre le gros câble d'alimentation de l'éolienne rouge incandescent ! Court circuit. Muni de gants de cuir, il arrache le domino pour stopper net le début d'incendie. C'est la gaine plastique du câble qui brûlait et dégageait cette odeur et cette fumée.

Fort heureusement il n'a pas relié ensemble les câbles d'alimentation du tableau et l'incendie n'a pas endommagé d'autres câbles. En cinq minutes à peine il rétablit le courant et tous les instruments de navigation fonctionnent à nouveau ! Il ressort du carré toussant et crachant mais le bateau est sauvé. Il lui faudra un bon moment pour décrasser ses poumons... Et moi, pour retrouver mon calme... Quelle frayeur pour ma première nuit de traversée 😱

Pourquoi cet incendie ?

Quelques jours avant notre départ, alors au ponton visiteurs à Bénodet, un voilier de 15 mètres est venu "emplâtrer" notre bateau. Il a heurté violemment l'arrière et abîmé notre radeau de survie. L'éolienne placée au dessus ne semblait pas touchée. Toutefois elle a vrillé sur son axe et endommagé le câble sans que nous le repérions, d'autant que nous avions bloqué l'éolienne inutile au port.

Après cette première journée de navigation, Thierry a remis en route l'éolienne pour fournir du courant durant la nuit. Le câble abîmé a chauffé et commencé à fondre, déclenchant un court circuit et ce début d'incendie.

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Novembre 2014. Premier départ de Lambarena, avec à son bord Thierry et deux équipiers, pour la traversée du Golfe de Gascogne. Thierry, épuisé par les travaux du bateau et stressé par cette préparation, débute la navigation par trois jours de mal de mer. Il laisse ses équipiers gérer le bateau. Au quatrième jour il retrouve son énergie et peut prendre un quart de nuit. Alors que le bateau glisse sous voile dans la nuit noire, tous ses sens en alerte, il entend des bruissements bizarres. Il regarde la mer autour de lui et il est alors ébloui par le spectacle qui s'offre à lui le long de la coque. Des méduses phosphorescentes font comme de grosses lanternes chinoises. Des dauphins nagent au milieu et laissent des traînées lumineuses, chaque mouvement illuminant des gerbes de plancton phosphorescent. Les vagues d'étrave contribuent elles aussi à créer ces bouquets de points lumineux. C'est comme si des cierges magiques étaient allumés tout autour du bateau ! Spectacle grandiose et rare dont se délecte Thierry seul sur le pont au milieu de la nuit. C'est la récompense de ces mois de travail acharné ! Un petit coup d'œil au ciel étoilé et le spectacle pyrotechnique est à 360 degrés.

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Durant nos premiers voyages en Europe nous faisons peu de mouillages et allons plutôt dans les marinas. Lors de notre retour en Bretagne en avril 2016 nous remontons la côte de Galice à la pointe nord-ouest de l’Espagne. Cette côte est très venteuse avec beaucoup de courants et nous luttons des heures chaque jour pour un maigre résultat, bien souvent guère plus de 25 milles pour plus de dix heures de navigation !

Un soir qu’aucune marina ne nous offre un abri confortable, nous allons mouiller au fond d’une vaste ria. Peu avant la nuit nous jetons l‘ancre devant une plage de sable. Thierry active sur sa tablette Ipad l’application Anchor qui permet d’être alerté si le bateau dérape.

Affamés par cette longue journée, nous sommes surtout intéressés par un bon dîner copieux au chaud dans le carré. Alors que je m’attaque à la vaisselle, je fais remarquer à Thierry que le bateau gîte beaucoup. Il regarde alors sa tablette et voit une alerte dérapage qui clignote... sans bruit car il a malencontreusement désactivé le son ! Pour notre premier dérapage nous battons le record absolu : nous sommes à un mille de notre point de mouillage !? 😰 Fort heureusement le bateau s’est éloigné doucement vers le centre de la ria et n’a rien heurté... ça tient du miracle 🫣😇

Reste à revenir nous ancrer devant la plage... Et cette fois veiller à ce que le son de l’alarme reste activé 🤣

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Starlink : grande nouveauté technologique !

Le célèbre Elon Musk a lancé il y a peu (2019) un réseau de télécommunications par satellites qui fonctionne partout dans le monde, sur terre comme en mer. Les marins les plus fortunés se sont rués dessus ! Petit à petit le système s'est généralisé à une grande majorité des navigateurs au long cours.

Comment ça marche ?

Je ne vous ferai pas une explication technique... Vous achetez une antenne qui recherche et capte automatiquement les satellites. Un petit boîtier, semblable aux boitiers wifi usuels que chacun a chez lui, diffuse l'internet en réseau autour de lui. Il suffit que chaque téléphone, tablette ou ordinateur s'y connecte pour disposer d'une connexion internet à haut débit (200 Mbits).

Le contrat avec Starlink se gère depuis une application. Plusieurs possibilités sont offertes selon votre mobilité. Pour nous marins, nous activons le mode Roam lorsque nous arrivons dans un pays. Ce mode fonctionne jusqu'à environ 30 milles des côtes. Internet est alors illimité et fonctionne à merveille. Lorsque nous sommes en mer nous activons le mode "mondial" un peu plus onéreux et limité en données, mais largement suffisant pour avoir la météo, la messagerie, WhatsApp et quelques recherches sur le web.

Les tarifs sont tout à fait abordables !😃

On l'a adopté en 2024 sur le bateau et ça nous change la vie !

C'est un nouvel outil qui facilite et sécurise la navigation. Avoir la météo au jour le jour permet de planifier au mieux les départs pour éviter coups de vent, vents contraires voire calmes plats et vagues désagréables. Le trajet peut être peaufiné pour profiter au mieux des vents attendus. Aujourd'hui la météo est très fiable sur plusieurs jours ! Les logiciels de navigation indiquent aussi les courants marins qui permettent d'optimiser les trajets. Grâce à Starlink toutes nos navigations de l'hiver 2024 ont été tranquilles !

Vous pouvez aussi appeler un technicien compétent en cas de panne, faire une téléconsultation médicale... et déclencher les secours🤞...

L'autre avantage est de rester connecté à ses proches. Nous sommes habitués depuis des années à pouvoir communiquer au quotidien avec famille et amis et nous retrouvons cela en voyage.

Certains regrettent peut-être le temps lointain où il fallait approcher un cargo en mer, lui envoyer un courrier au lance-pierre et espérer que la lettre arrive un jour à destination ! J'avoue, pas moi !

Sans revenir aux époques d'antan, depuis l'avènement des téléphones portables la vie des navigateurs s'est déjà bien améliorée. Toutefois, à chaque arrivée dans un nouveau pays, il nous fallait courir à la recherche d'une carte SIM locale et d'un forfait internet, bien souvent cher et limité, de sorte qu'il fallait aussi courir sans cesse après les recharges... Avec Starlink tout cela est un vieux souvenir ! Dès l'arrivée nous trouvons immédiatement où se trouve le distributeur de billets, la supérette locale ou tout commerce utile 😃.

A l'heure de Starlink les voyages ne sont vraiment plus ce qu'ils étaient 😉 ! Nous y gagnons en confort... Mais peut-être y perdons nous en dépaysement ? 🤔

Thierry ajoutera à cela qu'être informé des nouvelles du monde n'est peut-êtrel pas une source de bonheur 🫣...

Quelques inconvénients...

L'antenne et le boîtier sont gourmands en électricité... Alors gare à vos batteries si vous le laissez branché non-stop !

Vous avez internet à bord... mais seulement à bord ! Lorsque vous partez en balade vous ne pouvez plus, par exemple, contacter celui qui est resté au bateau, sauf à trouver une connexion wifi bien sûr.

Par contre, notez que le GPS de votre téléphone fonctionne toujours pour vous guider.