Fiançailles au Pays de la Pluie des Sakura !

Par
Le Japon, c'est la Planète Mars ! Surtout dans les années 90 ! Alors pour aller y chercher une "Future Mariée", c'est toute une épopée, Et le choc de la découverte !!!
Avril 1991
4 semaines
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En 1978, mon mari et moi, avons fait la connaissance d'un ami Japonais, "Tadao", étudiant en Matématiques à l'Université. Il a su par sa gentillesse, nous sensibiliser à son pays, ses coutumes et ses habitants. Nous sommes restés très proches pendant de nombreuses années. Et un jour ...

La Mariée dans les Bambous !  

Tout commence pour nous, un soir de ce mois d'août 1990, sur un canapé de cuir, noir comme une laque, dans le salon de notre ami . Après un long silence, il nous interpelle : "Savez vous que je vais me marier l'année prochaine ?" Comme nous ne lui connaissions aucune "Petite Amie" en France à l'époque, nous sommes interloqués ! Les questions fusent : avec qui, quand, où, la connaissons nous ? Et la réponse tombe, comme la foudre dans un ciel sans nuage ! " Avec "Fumiko" ! Vous savez la jeune fille que je vous ai fait connaître en 1978 ! Je l'aime depuis toujours, mais sa famille nous a fait attendre 13 ans pour que nous soyons sûrs de notre amour et aujourd'hui, ils nous ont donné leur accord. Nous pouvons donc organiser la cérémonie des fiançailles au Japon. Mais pour cela, nous avons besoin de vous, comme "Couple Entremetteur", chargé d'aller me "réserver" ma fiancée ! Accepteriez vous d'être mes "Témoins" ? Si nous n'étions pas assis, nous serions tombés de notre chaise ! 13 ans d'attente avant les fiançailles ! Vous auriez attendu tout ce temps, vous ? J'ai demandé à mon mari, si il aurait eu cette patience. Romantique à souhait, il m'a dit : "Oh, moi j'aurais attendu 13 jours, au moins !" Pas de comparaison possible, les Français sont incorrigibles ! L' Espace-Temps n'est pas tout à fait le même au Japon ! Et nous ne faisons que le début de cette longue expérience .

Bien sûr, nous n'aurions voulu pour rien au monde laisser passer cette occasion et nous avons dit "Oui !", avant lui ! Ceci dit, tout s'organise très vite et en avril 1991, nous voilà prêts à partir pour un mois au Japon, pour "Réserver" une fiancée à notre ami Japonais ! Là-bas, être "Témoins de Mariage", ce n'est pas rien !

Le Japon nous a touché d'une flèche en plein coeur !  
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Prêts pour l'aventure ! 

Après quelques sacrifices financiers, beaucoup de rêves, de lectures, de préparatifs, l'effervescence des 6 derniers mois est déjà typiquement japonaise. De nombreux contacts sont pris avec différentes agences de tous poils et de toutes ailes. Nous entassons les documents, dépliants papiers administratifs et nous faisons le plein de rêves. Nous partirons avec la compagnie aérienne japonaise ANA qui organise cette année ses premiers vols intercontinentaux directs. J'en profite, sur les conseils éclairés de "Tadao", pour apprendre à lire les deux séries d'écriture phonétique les plus usitées au Japon : HIRAGANA et KATAKANA. Elles s'apparentent aux divers phonèmes de notre écriture syllabique, un peu comme nos écritures en script et en lié : PA, Ti, MO, etc ... La troisième écriture est le KANJI, qui est une suite d'idéogrammes où un dessin correspond au sens d'un mot, un peu comme un picto. Cela déclenche pas mal de réactions amusées, mes efforts sont inutiles, puisque nous aurons un guide permanent sur place, mais on ne sait jamais ! Pascal, quant à lui, préfère se lancer dans la langue orale. A nous deux, nous serons opérationnels. En tant qu'orthophoniste, je m'en voudrais de me sentir illettrée sur le sol étranger, non mais ! Le jour fatidique approche, les bagages sont prêts, les adieux effectués, nous partons vers l'aventure !

Avec ce type de mélange graphique, les enfants japonais ou même les étudiants ne peuvent lire complétement un quotidien comme "Le Monde" que vers 18 ans. Il n'existe que 0,01% d'illettrés au Japon ! Un rêve pour ma profession !

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Restez Zen sur la terrasse de Méditation ! 

Ce jeudi 25 avril 1991, à 13h30, les parents nous accompagnent en voiture jusqu'à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle. Une légère angoisse s'élève au cours du trajet : la carburation donne des signes de lassitude et le moteur tousse régulièrement à grande vitesse. Nous espérons, malgré ces hoquets imprévus, arriver quand même à l'heure. Ouf ! le parking du terminal 1, avec ses allures de " Boîte à Fromage " est en vue. Il est 15h, l'envol est à 18h30. Cela nous laisse un peu de temps pour le premier contact avec la Compagnie Japonaise souriante et courtoise. Le service des douanes ouvre ses portes et ...

C'est l'horreur !!! Pascal présente son passeport, hélas périmé depuis 2 mois ! Il nous est impossible d'embarquer, les services de l'immigration japonaise ne nous laisseront jamais débarquer sur le sol du Japon ! C'est la panique ! l'affolement ! Les discussions sont inutiles, rien n'y fait ! Le passeport doit être prolongé de 5 ans pour pouvoir partir et le départ ne peut se faire aujourd'hui ! Pour une fois, je suis incapable de prononcer une parole, " sidérée je suis ! " comme dirait "Yoda" ! C'est exceptionnel chez moi ! tous les amis vous le diront ! Nous cherchons rapidement des solutions et déjà le Japon nous vient en aide. Comme l'agence de voyage parisienne aurait dû vérifier tous les papiers elle-même pour un voyage de cette distance, la compagnie aérienne ANA nous propose de retarder notre départ et notre retour de 3 jours, ce qui nous permettrait de garder le même planning sur place. A nous de nous débrouiller pour obtenir une prolongation du passeport en 1 journée chez nous.

Nous faisons chauffer le téléphone ! Préfecture, Mairie, l'aide des amis est exemplaire et la solidarité n'est pas un vain mot dans cette période ubuesque ! Grâce à Claude, Madeleine, Anna, le lendemain à midi, Pascal aura en main son passeport prolongé pour 5 ans. En attendant, le retour de Roissy est plus que morose et le camping de 3 jours à la maison, valises dans le hall, complétement anachronique ! Néanmoins, quelques flashes d'humour se déclenchent malgré tout ! La voix de notre amie coiffeuse, qui, me croyant à Osaka, ne comprend pas quand je lui demande un rendez-vous pour un brushing ! Le silence effaré de notre voisine Marie-Claire, qui suivait déjà notre périple sur une carte du Japon et la gentillesse de nos amis japonais, acceptant ces impondérables et les changements inévitables dans l'organisation de notre planning ! Le Japon nous présente déjà son image immuable de sérénité !

La Lanterne (Toro) et l'entrée de la Villa Katsura à Kyoto !  
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Notre superbe Boing et une vue de l'aéroport de Narita en carte de téléphone !  

Ce dimanche 28 avril à 14h30, après la deuxième série d'adieux familiaux, les enfants partis en vacances de printemps, nous sortons pour la deuxième fois le paquet de 2 kilos de fromages du jura du congélateur, où nous l'avions laissé une nuit sur les conseils de l'affineur. Ce cadeau de fiançailles parfumé est réservé à la famille de notre ami et plus spécialement à son père, en souvenir impérissable de ses études à l'Institut Pasteur en 1950. Franchement, quelle idée avons nous là !

De nouveau, nous voilà sur la route de l'aéroport, où cette fois la voiture ronronne régulièrement. Arrivés au terminal 1, les hôtesses nous reconnaissent immédiatement et viennent vérifier, tout sourire, que cette fois tout est en ordre. Ouf ça y est, c'est correct ! Un dernier café au bar, près des fontaines, puis c'est la montée aux escalators et l'accueil à la salle d'embarquement. Nous nous envolons à 19h30 ! Japon, nous voilà !

2 kilos de fromage français comme cadeau pour des fiançailles japonaises, on est fou !  

En salle d'embarquement, nous ne voyons que des visages orientaux. Visiblement nous sommes les seuls occidentaux dans l'avion. Il est fuselé, élégant , bleu et blanc, assorti à la veste que je porte ! Le grand chic ! Les hôtesses s'affairent, la musique est douce, apaisante. Pour la première fois, nous est présentée une petite serviette chaude, humide et parfumée, délicatement offerte avec des pinces à gâteaux argentées. Détente, rafraîchissement, nous fondons devant ce confort délicat ! L'écran vidéo s'allume sur les renseignements d'usage et sur l'art et la manière d'utiliser les déprimants, mais néanmoins indispensables, matériels de survie.

Tout à coup le film change ! Nous prenons alors conscience que nous roulons sur la piste d'envol. La sensation est merveilleuse de visionner notre décollage sur l'écran vidéo, grâce à une caméra placée juste sous le nez de l'avion. L'impression de vitesse est stupéfiante, c'est mieux qu'en char à voile ! L'avion décolle ! Au revoir la France ! A peine avons nous le temps de voir le paysage défiler en dessous de nous, que nous sommes déjà à 10000 pieds (3km) Le temps est clair, la visibilité excellente, le confort parfait.

Le premier repas est bien sûr entièrement Japonais ! Eh bien, ce n'est pas triste de manger avec des baguettes, sur une petite tablette coincée entre 2 sièges de Boing, de longs spaghettis verts et froids aux épinards, que l'on plonge généreusement dans une vinaigrette au soja et aux algues ! En catimini, nous observons nos voisins, visiblement très à l'aise ! Ce n'est pas du jeu ! Eux sont du coin ! Donc, il semble tout à fait normal de faire des grands " Sloops" à la Jacques Brel, en mangeant ces pâtes ! Tant pis pour notre savoir-vivre français, à partir de maintenant ce sera la tradition japonaise. Le goût est exotique, mais bon.

L'hôtesse qui nous sert s'appelle Kumiko ! Elle est adorable et aux petits soins pour nous deux. Elle nous bichonne particulièrement. Nous trinquons d'un thé au jasmin parfumé à la santé de la famille et des amis restés en France ! Le commandant fait quelques annonces que nous ne comprenons pas, puis brusquement s'exprime en Français. Surprise, l'hôtesse nous apprend que c'est pour nous et la première fois qu'il essaie de parler notre langue. Merci Commandant, mais je pense que je pourrais lui donner quelques leçons, car son accent est un peu difficile à comprendre. Cependant les conditions climatiques sont excellentes et son effort est vraiment admirable !

Kumiko, notre hôtesse de la compagnie ANA !  

Rassurés, nous profitons de ce moment de sérénité ! Il fait nuit, Nous survolons doucement des pays pleins de lacs, de villes disséminées un peu partout, entre de grandes étendues d'eau bleu nuit ! Des lumières vacillent et ressemblent à des milliers de guirlandes de Noël ! C'est superbe ! Il est 21h en France, à 1000km/h nous devons être au dessus de la Scandinavie !

Sakura !  
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Il me semble indispensable de vous faire profiter des nombreuses heures de lecture faites auparavant, non mais !

Le japon se trouve à 10 350 km de la France en liaison directe trans-sibérienne. Ce vol sans escale appelé " Soleil Levant " atteint la capitale japonaise en 11h50 et ce, avec 85 tonnes de kérosène dans les ailes. Monsieur le mécanicien aéronautique, vous êtes prié de ne pas fumer ! Durant cette période, nous survolerons Bruxelles, Amsterdam, Oslo, Helsinki, Reykjavik, Copenhague, Léningrad, Moscou, Vlim, Vladivostok, Niigata et Tokyo. Le Japon couvre une superficie de 370 000 Km/2, soit les deux tiers de la France. Il est habité par quelques 130 Millions de personnes, vivant sur cette " crevette rose ", battue par les vents, secouée par les tremblements de terre, coincée sous la neige, à la merci des 300 volcans peut-être pas tous aussi endormis qu'ils en ont l'air !

Les quatre îles principales, parmi un millier d'autres, sont Kyushu, Shikoku, Honshu, Hokkaïdo. Le Japon se déploie en arc de cercle sur une longueur de 2200 km en s'approchant au Nord à 300 km des côtes de l'URSS, et au Sud-Ouest, à 100km des rivages de la Corée. Les latitudes correspondent au Nord de l'Italie jusqu'au Sud de l'Egypte. Avec ses 3776 m, le Mont Fuji est le plus haut sommet du pays. Les chaînes de montagnes couvrent les trois-quarts du territoire et une vingtaine de sommets dépassent les 3000 m. Rien d'étonnant au fait que la majorité de la population soit concentrée sur deux régions : La vaste plaine du Kanto et celle du Kansaï autour d'Osaka ! Les zones habitables ne se trouvent que le long du littoral.

Le Mont Fuji !  
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La Nuit dans la forêt de Bambous et dans les rues de Kawagoe  

Vers 22 h, notre hôtesse est venue fermer les rideaux assombrissant ainsi l'avion. Cette nuit artificielle protège l'habitacle de la chaleur intense du soleil, non filtré par les couches nuageuses, à cette altitude. Nous visionnons 2 films avec traduction japonaise et anglaise, en dégustant notre thé japonais. Puis nous profitons de quelques 6 h de sommeil !

Le réveil vers 10h30, puis après une petite toilette à l'aide produits de Marque Shiseïdo bien sûr, nous permet d'admirer le soleil sur les montagnes de l'Oural enneigées. C'est magnifique ! Puis l'hôtesse vient s'assoir de nouveau à nos côtés pour un atelier de vocabulaire français et de phonétique. Bienvenue, Bonjour, Merci, Au revoir ! Une consultation orthophonique à 15 000 m d'altitude et à 1000 km/h, qui dit mieux ! Le montant des honoraires sera effectué grâce à de menus cadeaux pour les enfants et la famille : photos d'avions, cartes de téléphone et même une photo dédicacée de notre hôtesse, merci Kumiko ! Nous attaquons notre 2ème repas dans l'avion, aussi original que le premier ! Comme petit déjeuner, nous recevons de la choucroute garnie et des desserts sucrés rose pâle et vert pomme ... Il faudra se faire à ce remplaçant du Café-Croissant !

Avec le repas, les "Troupes Fraîches" arrivent et Pascal est tout heureux du nouveau cours de Français et des nouveaux cadeaux de la nouvelle hôtesse. Décidément, 11h seront à peine suffisantes pour assumer correctement nos rôles d'ambassadeurs de la langue française ! Déjà nous survolons Niigata, première ville japonaise entr'aperçue sur le sol japonais, hélas au milieu des nuages. Nous préparons notre arrivée sur Tokyo, l'atterrissage visionné de la cabine est parfait ! Konishiwa, Japon !

Tokyo, nous voilà !  

Nous récupérons nos bagages, nous passons sans encombre devant le douanier, en présentant nos kilos de fromage comme "Cadeau de Mariage", ce qui nous vaut un sympathique sourire ! Pascal fait du change et nous téléphonons à "Tadao" qui, toujours confiant sur notre sens de l'orientation, nous gratifie d'un ton paniqué : "Surtout ne sortez pas de l'aéroport !" Nous sommes pliés de rire ; Non, nous ne bougerons pas de la salle d'embarquement ! Oui, tout va bien, les papiers sont en règle ! Il doit être vraiment stressé de nous voir arriver ! Néanmoins, provocateurs en diable, nous sortons de l'aéroport exprès, Na ! Nous sommes Français, que diable !

Notre promenade dans l'aéroport de Narita est enrichissante, nous y retrouvons plus de gens du Maghreb que de Japonnais, comme à Roissy ! Nous avons 5h à attendre avant le vol pour Osaka et engageons la conversation avec une jeune maman accompagnée de son bébé, dont le mari travaille dans la compagnie ANA. L' envol est prévu à 19h30 en Boing 767, nous avons hâte d'arriver maintenant.

Le temps est de plus en plus mauvais pour cette dernière partie du voyage. L'avion tangue dans les trous d'air. L'arrivée à Osaka sera visiblement retardée et les explications japonaises sont incompréhensibles. L'angoisse monte. Il n'en finit pas de tourner au dessus de l'aéroport cet avion ! Je pense que je vais être malade ! Puis, enfin, les roues touchent le sol, de justesse, le coeur et le corps se rejoignent. J'attends quelques minutes avant de quitter mon siège. Je dois être verte ! Je passe relativement rassurée devant quelques dames japonaises à peine mieux loties que moi ! Ouf, c'était normal ! Une avarie sur la piste d'atterrissage, pas dans l'avion !

Deuxième récupération des bagages et nous retrouvons le sourire en même temps que les tickets de bagages oubliés par Pascal au fond d'une poche ! L'accueil de nos amis est digne des stars d'Hollywood ! Toute la famille est là ! Tadao à la vidéo, sa maman cachée derrière une gigantesque gerbe de fleurs qui me croûle dans les bras, Fumiko et sa soeur Michi se précipitent sur nos bagages . Cela me donne l'effet d'un bain chaud bienfaisant et nous sommes tout émus . Une limousine avec le chauffeur de l'hôpital où travaille le père de Tadao est à notre disposition. Nous passons un coup de fil en France pour rassurer la famille et nous roulons enfin vers notre première soirée japonaise. Nous voici arrivés à Sakaï, dans un quartier résidentiel de la banlieue d'Osaka !

La première nuit au Pays des Sakura !  
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Enfin arrivés dans notre maison de Sakaï !  

La maison qui nous est allouée pendant la durée de notre séjour, est une maison individuelle, entourée d'un grand jardin (25 x 15m), avec une pelouse, des arbustes, des arbres de toutes sortes et 2 lanternes typiquement japonaises (les "Toros"). Elle comporte une étage. Elle appartient à la famille de notre ami et sert de logement pour les invités de passage. elle a plus de 20 ans et est entièrement meublée.

Le hall d'entrée est lambrissé, spacieux, muni d'une meuble à chaussures pour recevoir celles des invités qui doivent toujours se déchausser avant d'entrer. Quelle joie pour les ménagères ! Nous passons dans le salon meublé à l'occidentale des années 1970, avec canapé fleuri et pendule à carillon. Pour fêter notre arrivée, le champagne français est servi,avec des petits fours sucrés. Nos cadeaux sont appréciés ! Kampaï !

Nos amis courtoisement se retirent et nous visitons le reste de la maison. Attenante au salon , derrière un "Shoji" à glissière, en bois et papier de riz, nous trouvons la pièce japonaise de cérémonie. Au sol, des tatamis supportent une table basse, qui se déplace pour être remplacée par des "Futons" avec couettes et oreillers de riz (très durs !) La salle de repas devient ainsi chambre à coucher ! A côté, la cuisine est tout équipée avec un séchoir à vaisselle, un four à gaz, un frigo, une table transformable en barbecue et une cave-trappe. L'air est conditionné et les téléphones sont partout ! La salle de bains est attenante aux toilettes, avec une douche carrelée de galets émaillés antidérapants. Le bain est prêt, à presque 40 degrés, dans une baignoire carrée de 1m x 1m, mais de 1m20 de profondeur. Ce bain termine de nous détendre et nous installons les futons pour notre première nuit de "camping" à la japonaise.

La Cadillac "Marron Glacé" de notre voisin, dans les rues de Sakaï !  
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Dans les rues, chez nous, c'est les poteaux ! Comme le chantait Félix Leclerc ! 

Mardi 30 avril, Le réveil à 7h30 nous met tout de suite dans le bain. Le mot "Grasse Matinée" sera rayé du vocabulaire ! Notre emploi du temps sera à la mesure de leur "Shinkansen", le train à grande vitesse , soit 200km/h. D'ailleurs nous n'avons aucune envie de lambiner, le temps est clair, le café apporté par Tadao est excellent, nous nous sentons en pleine forme, sans effet du décalage horaire. Pourtant le décalage est de 8h. A ce sujet, pour nous y retrouver, nous avons solutionné le problème en visualisant le fait que , quand je prends mon café vers le repas de midi, les Américains prennent leur café du matin et les Japonais leur soupe du soir ! Cela permet d'éviter de réveiller les gens vers 2h du matin en leur demandant le temps qu'il fait dehors !

Nous laissons à notre ami la joie du petit déjeuner japonais : riz chaud nature, thé aux algues salées et pickles au vinaigre ! Quelquefois, ils peuvent aussi consommer de la soupe de poissons avec du bouillon et des légumes. Le pain est pratiquement inconnu et le café est réservé aux hôtels et établissements occidentaux. Nous optons sans hésiter pour le café-croissant, ramenés courtoisement par notre ami, même si un léger scrupule nous tenaille. Fauchon et Hédiart sont ici les seuls fournisseurs de ces délices. Pour la transition gastronomique, faisons dans le luxe !

Cela continue dehors, d'ailleurs ! Notre voisin, comme tous les matins, sort sa voiture ! Il arbore une superbe Cadillac couleur "Marron Glacé" . Décidément, je ne porterais pas souvent le jogging et les baskets, dans ce pays. J'aurais l'air de quoi, vraiment ! Les voitures sont un sujet de comparaison inépuisable et étonnant. En effet, seules les voitures vendues à l'exportation possèdent des serrures fermant à clef. Pour les voitures restant au Japon, elles ne possèdent pas de fermeture, ce n'est pas nécessaire, il n'y a pas de vol au Japon. Par contre, vous n'êtes pas autorisé à acheter une voiture, si vous ne pouvez pas justifier de la possession d'un garage ou d'une place de stationnement attitrée.

Kyoto, aux portes du Palais ! 

Nous partons pour Kyoto pour une visite de la Villa Katsura, une maison avec un jardin appartenant au Palais Impérial.

C'est un avantage réservé aux touristes, car les Japonais peuvent attendre plusieurs mois une hypothétique autorisation de visite. Les membres d'un même groupe sont limités et Fumiko ne sera pas autorisée à nous accompagner malgré le dévouement de ses démarches.

Dans le train !  

Pour l'instant nous montons dans le bus pour Izumigaoka, station où nous prendrons le métro pour Uméda, puis le train " Limited Express" pour Kyoto. Tout cela nous prendra facilement 1h.

Mais la discipline et la fréquence des transports en commun laissent rêveur. Les métros passent toutes les 2mn et les trains toutes les 10mn, ponctuellement. Les wagons sont bondés à cette heure, mais d'une propreté et d'une tenue irréprochables. Des petites musiques annoncent aux Japonais endormis la prochaine station et sont émaillées de publicités, de formules de politesse et de savoir-vivre à l'usage des plus jeunes. On n'arrête pas le progrès ! Nous achetons un ticket à la machine, nous le mettons dans le composteur et nous le gardons pour la sortie où il sera avalé par un dernier composteur. Pas de détritus au sol ! Rien ne traîne ! C'est aussi propre qu'en Suisse ! Quel bonheur ! Les trains passent à ciel ouvert, rasent les maisons et les routes. Impressionnant !

Dans les trains ou les métros ! 

Les maisons semblent humides sous leurs toits de tuiles émaillées et vernissées. Elles brillent au soleil en couleur bleu électrique, vert amande, rose pâle ou ocre ! Ce sont des tons peu habituels chez nous, mais gais et lumineux. De nombreuses enseignes publicitaires en tout genre, me confortent dans mon idée première, le Japon est le pays de l'écriture ! Tout est écrit en idéogrammes, sans aucune écriture "Romanji" c'est à dire européenne. Il n'y a quasiment pas de photos ou de dessins des objets publicitaires. J'essaye de m'entraîner à retrouver certains sons, ça va être facile, tiens !

À côté de nous, les gens dorment. Ils dorment tous vraiment, d'un sommeil profond, dodelinant au rythme des mouvements du train, s'appuyant sur votre épaule à l'occasion. Ils procèdent en sommeil-flash, fractionné en plusieurs moments courts dans la journée, nécessaires pour récupérer des nuits trop courtes et du travail trop absorbant. Pascal arrivera à prendre le rythme, moi pas ! Nous arrivons à Kyoto pour régler les détails administratifs de notre visite du lendemain, premier mai, début du Golden Week. C'est un des rares week-end fériés de quelques jours au Japon.

Autour de nous s'étale un parc immense, aux allées couvertes de graviers blancs, encerclant des murailles rayées noires et blanches à 5 panneaux, comme le veut le chiffre impérial. Elles sont recouvertes de toits d'ardoises à charpente de bois entrelacé, sans clou, ni vis. Tout cela nous donne la mesure de la qualité du travail des charpentiers d'un autre siècle. Calme et recueillement ! Peu de promeneurs, pas de touristes, Seuls quelques élèves nous dépassent en courant. Short bleu, sweat blanc aux couleurs de l'école, ils sont en plein cours de gym. J'imagine les élèves du lycée Henri IV envahissant la cour de l'Elysée pour leur jogging du lundi matin ! Impensable ! Nous sommes très sensibles à l'esthétique de ces adolescents en uniformes, changeant suivant les classes ou les écoles. Nous quitterons le parc en croisant des joggers du 3ème âge.

Après un court moment de détente dans un café-bar où le repas sera expédié en 30mn, déjà il faut partir. Tadao nous apprend que nous serons ses derniers clients ! Il ferme ses portes définitivement aujourd'hui ! Pas à cause de nous j'espère ! Sur un passage-piéton, surprise ! Une petite musique se met en route quand nous pouvons traverser. "C'est pour les sourds !" intervient Pascal ! Après un instant de silence, c'est un fou-rire de bon coeur qui nous prend ! Fumiko et moi sommes bon public, on marche à tous les coups ! Mais quelle leçon de civisme et de respect pour les différents handicaps ! Les trottoirs sont spécialement aménagés pour guider les aveugles ou les personnes à mobilité réduite, utilisant des plots colorés, des matériaux irréguliers, de granulométries différentes, qui se retrouvent partout, sur les trottoirs, les passage-piétons, les quais de gare, de métro, devant les portes des TGV... La conscience collective à son summum !

Le "Chemin de la Philosophie" à Kyoto !  
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Photo by Cosmin Serban on Unsplash

"Shi shi odoshi" La fontaine à dent de lion
Shi Shi Odoshi La Fontaine à dents de lion ! 

Notre premier restaurant est l'exemple même de ce que nous allons vivre en matière de gastronomie durant tout le voyage ! Un étourdissement de saveurs, de couleurs, d'odeurs et de rituels, bien compliqués et difficiles à s'approprier pour des occidentaux.

Où sont les restaurants ? 

Une porte de bois coulissante est cachée derrière une portière de tissu imprimé, annonçant les mets servis : grillades, brochettes, poissons crus, sushis ... De chaque côté, 2 petits tas de sel encadrent les montants de bois. Ils servent à purifier l'établissement et à chasser les mauvais esprits. Un comptoir, une dizaine de tables et de chaises à l'occidentale nous accueillent. Nous ne serons pas pliés en 4 sur le tatami, cette fois , merci !

Ce premier repas est composé d'énormes sushis de riz collant, d'algues Nori, larges et noires, de concombre et de Wasabi (Du Raifort au goût moutardé) Nous essayons de les attraper avec des baguettes, raté ! Ceux là se mangent avec les doigts, mais pour l'instant n'ayant pas le mode d'emploi, nous les faisons passer à coups de bière légère Asahi et Kirin, les plus connues localement et peu alcoolisées . Tout de suite après, Tadao nous prévient que nous mangerons le plat suivant ailleurs ! Ah bon ! On s'en va ! La digestion risque de s'avérer difficile quand nous sommes habitués à la tradition française !

Nous prenons un taxi limousine noire, avec chauffeur en gants blancs, dentelle sur les appuis-têtes et télé intérieure. On se croirait dans un film avec Al Pacino !

Le Jardin du Pavillon d'argent
Shi Shi Odoshi
Le Pavillon d'argent, Ginkaku ji  

En 30mn, nous sommes au Pavillon d'argent, le temple du Ginkaku-Ji ! Nous y sommes entourés de jardins Zen, de rocailles majestueuses. Ce temple nous apparaît au bout d'une longue allée, où quelques échoppes proposent des billets d'astrologie. Nous tentons notre chance ! Pour l'instant, l'avenir se présente sans danger immédiat (Pas fous les Dieux !) Super ! On continue !

La promenade est agréable. Les jardins sont superbes, émaillés de petites clôtures de bambous et de cascades rafraîchissantes. Les petits cônes et les rivières de sable blanc pur, ratissées soigneusement, sont incomparables sous la lune, dit-on ! Tout est calme et serein !

Merveilleux jardins ! 


Vers 16h, nous quittons le temple, pour prendre le 2ème plat du repas de Midi ! Bizarre, le dessert doit être servi à 20h ! Bien entendu, nous apprenons à nos dépens, qu'en plus, il n'y a jamais de dessert et que les plats se mangent n'importe quand, dans n'importe quel ordre !

Les Lanternes ! Toros 

Changement de décor, ce sera un restaurant Odon traditionnel, avec des tatamis recouverts de quelques coussins, des panneaux coulissants (Les Shojis) en bois et papier et des serveuses en kimono et ghetta (Des chaussures en bois à talon central) Elles nous proposent, sur un plateau laqué, de longs spaghettis nageant dans de la soupe aux algues parfumée et salée, agrémentée de champignons et de poulet (Les fameuses "Ramen") Nous mangeons bruyamment, comme tout le monde, en signe de notre plaisir gustatif, en buvant du Saké chaud de Hiroshima, dans des verres cubiques en bois de Gingko. On nous amène aussi du Tofu (De la pâte de soja cuite et séchée. On dirait un flan aux oeufs salé !) présentée dans le même bouillon. Délicieux et reconstituant !

Au restaurant ou à la maison, on mange à genoux sur le tatami !  

Nous changeons souvent notre position à genoux. Fumiko nous rassure, les jeunes Japonais commencent aussi à éprouver des difficultés à maintenir cette position traditionnelle. Ils préfèrent les sièges à l'occidentale, nettement plus confortables il est vrai !

Vers 17h, nous reprenons notre promenade le long du "Chemin de la Philosophie", longue allée bordée d'arbres, de camélias, de rhododendrons et de lanternes japonaises (Toros) . Nous accompagnons, sur le parcours, un vif ruisseau, clair comme une source. Le calme est envoûtant !

Le chemin de la philosophie à Kyoto ! 

Nous approchons d'un temple où nous apprenons la tradition des bougies posées près des pierres, symbolisant les dieux protecteurs des enfants. Nous participons au rituel en pensant aux nôtres. Continuant notre promenade, par un sentier pédestre, nous retrouvons le centre de Kyoto, tout en haut d'un aqueduc, jusqu'au tramway. Nous l'attendons patiemment, en observant sur les collines opposées, la marée de fleurs de rhododendrons rouges et roses entremêlées qui montent jusqu'à leur sommet.

Près du temple !  

Dans l'effervescence commerciale du Centre de Kyoto, où le tram nous a déposés, nous essayons d'apercevoir des Maïkos (Les Apprenties Geïshas) Nous sommes à l'heure, dans ces petites ruelles, où bars et restaurants se côtoient, mais malgré nos bonnes intentions, Nous n'en verrons aucune ! Seules quelques notes aigrelettes et nostalgiques de "Shamisen" (Instrument à cordes traditionnel) s'échappent de certaines maisons de thé. Mystère du passé et du Présent ! Rêve qui ne sera pas éveillé ! Kyoto l'envoûtante gardera son secret !

Douceur de vivre !  
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Les Buildings d'Osaka , le jour, et la nuit ! 

Nous retrouvons le centre ville et l'atmosphère urbaine des grandes métropoles. La nuit vient de tomber en quelques minutes. Nous reprenons le train pour Uméda, où nous souperons de "Yakitori", (brochettes frites dans l'huile) au 28ème étage du Building Kushikatsu.

Affamés, Pascal et Tadao auront raison des 35 sortes de brochettes différentes du menu. Elles sont présentées sur des plateaux à encoches, en face du récipient de sauce qui les accompagnent. Les brochettes sans sauce sont placées en biais. Elles se ressemblent toutes et nous ne pouvons savoir quel aliment est frit, avant d'avoir goûté.

Ce qui donnera la réaction de surprise à la 35ème brochette, où, dans l'ordre, les couches qui la composent sont : de la chapelure frite, entourant des lamelles de poulet, entourant ... une boule de glace à la banane !

Ça doit être leur version du dessert ! Mais tous les "Chefs" Français doivent se retourner dans leur tombe !

Sortant du restaurant, du 30ème étage, nous admirons la vue panoramique d'Osaka by Night ! L'étendue de la ville illuminée paraît sans fin ! Cet espace de 70 kilomètres carrés donne une impression d'infini et le décor fastueux, le luxe et le calme sécurise et rassure. Nous sommes bien ici entre amis !

Nuit Japonaise à Osaka !  

Nous rentrons à Sakaï en train, puis à pied. Dans la nuit, Tadao se perd au milieu des immeubles, sans indication de rues, de quartiers, ni même de numéro de bâtiment . Finalement, nous rencontrons un adolescent à mobylette, qui nous indique le bon chemin ! Et dire que nous avons un guide, résidant dans la ville !

Un coup de téléphone du Dr K., un de nos amis universitaires, nous apprend que le planning de notre voyage à Tokyo, a changé. Cela nous prépare à la multitude des transformations de l'emploi du temps initial, qui vont survenir jusqu'à la fin du séjour.

L'emploi du temps japonais évolue à la vitesse du Shinkansen ! On ne peut ni réagir, ni anticiper, ou même préparer une stratégie. Il faut attendre et assumer avec philosophie et humour les changements qui surviennent. Je commence à avoir les deux !

Dans les rues d'Osaka, on s'y perd ! 
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La villa Katsura et son jardin !  

Mercredi 1er mai !

Comme en France, ce jour est celui de la fête du travail et aussi le début du Golden Week, 3 jours fériés au Japon ! Leurs vacances annuelles sont de 20 jours par an, qu'ils n'utilisent pas toujours d'ailleurs ! Mais la différence est de taille avec l'occident ! Car le jour de la fête du travail, ici tout le monde travaille, bien sûr ! Les jours de semaine ressemblent au dimanche, tout le monde travaille, comme tous les jours !

Ce matin, nous démarrons à grande vitesse comme les gens d'Osaka, vers 7h45, pour attraper le train de Kyoto. Le raz de marée pousseur à la gare, nous aide un peu et maintenant sur la banquette de velours rouge, j'ai 40 mn de détente ! Tadao revient avec le petit déjeuner, des sandwichs pastels à l'omelette mayonnaise. Ok !

Il n'y a pas autant de monde que cela ! N'est ce pas ?  

Autour de nous, les gens dorment, comme d'habitude, assis ou debout, en sommeil flash, tenus solidement aux anneaux suspendus au plafond, se balançant au rythme du train et se réveillant ponctuellement aux annonces des stations.

À la gare de Kyoto, nous accélérons le pas jusqu'à l'entrée de la "Villa Katsura" , située dans un quartier un peu excentré. Elle est entourée d'un immense parc.

Villa Katsura !  

En arrivant, un groupe d'étudiants occidentaux nous interpellent en Anglais, cherchant le guichet d'entrée.

Leur accent est tel que Pascal leur conseille de parler français, on les comprendra mieux ! Stupeur ! ce sont des étudiants de l'École Nationale d'Architecture de Villeneuve d'Ascq, venus en stage à Kyoto ! Les Gars du Nord sont vraiment de grands voyageurs ! Néanmoins, ils ne bénéficient pas de notre confort, puisqu'ils sont logés à 35 dans le même Ryokan ! Par contre, ils ne nous quitteront pas d'une semelle pendant la visite, profitant des explications de notre guide-ami personnel nous la traduisant en Français !

L'entrée et le jardin !  

Cette visite nous laisse émerveillés de sérénité, de calme et de beauté du jardin et de la nature, des lacs et de cette harmonie partout présente. Le temps n'a pas de prise sur Katsura ! Et la présence des guides et de la garde impériale n'altère en rien la perfection du paysage. Ces bâtiments appartiennent et servent encore à l'administration impériale et nous ne pourrons les visiter. Chaque groupe de touristes étrangers ne peut dépasser 10 personnes et nous ne devons être accompagnés que d'une seule personne japonaise. Finalement, ces limites restrictives nous permettent d'accéder à une visite presque privée. Mais nous avons été désolés de l'absence de Fumiko !

Les azalées de la Villa Katsura !  

Des éclats de rire ponctuent tout à coup la fin de la visite. Un visiteur japonais, particulièrement véhément autour du guide, finit par lui avouer, qu'il vient de le reconnaître. Mais oui, bien sûr, c'est lui qui a présenté cette même visite, qu'il avait effectuée, 20 ans auparavant ! Très honoré, lui dit l'autre, mais je n'ai commencé ce travail que depuis 1 mois !!!

Nous quittons la Villa et rentrons, traversant des ruelles calmes et étroites, bordées de jardinets constitués d'une accumulation de pots de fleurs déposés à même le sol. Le manque de place, chez ces amoureux de la nature, autorise toutes compromissions !

Sur le chemin du retour ! 

Au détour d'un chemin, au milieu d'un espace vert, une équipe d'élèves d'une école d'horticulture apprend à ébourgeonner les pins centenaires, comme cela doit être fait, tous les printemps, suivant des règles bien précises, en coupant les aiguilles aux ciseaux à Bonzaï ! Ils obéissent, disciplinés, aux conseils de leurs Senseï ( Maître à penser ) qui les dirigent en dessous des échelles sur lesquelles ils sont juchés !

Un peu plus loin, nous nous arrêtons près d'un temple Bouddhiste. La fumée de l'encens de purification est attirante et la vieille balayeuse en costume traditionnel nous présente une image hors du temps.

Tadao nous propose de "réveiller les Dieux" !

Sa version de la religion est assez iconoclaste ! Nous nous lavons les mains au moyen des petites louches en bois, installées près d'un petit lavoir où coule une source fraîche. Nous sonnons donc 2 fois à la grande cloche de bronze installée sous l'auvent du temple. Puis nous tapons 2 fois dans nos mains pour attirer l'attention du Dieu ! Le clapotis de l'eau fraîche, la fumée de l'encens sous l'auvent de purification, nous éloigne encore plus du monde moderne.

Ici l'âme se repose !

Près du temple bouddhiste ! 
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Urbaine, vous avez dit " Urbaine " !  

Nous reprenons le train pour Osaka et nous mangeons des petits biscuits salés en faisant attention aux miettes ! Vers midi, nous voici revenus au pied des 32 étages du Building où nous avions soupé la veille. De jour, il semble encore plus impressionnant !

Cependant, aujourd'hui, notre repas sera souterrain.

Après l'Alpinisme, c'est la Spéléo ! et nous entamons la descente au 3ème sous-sol de la ville souterraine qui court sous Osaka ! Cela semble délirant d'imaginer une ville entière, avec ses moyens de transports, ses commerces, ses parkings, ses cinémas et ses restaurants au 3ème sous-sol. Et pourtant les gens vont et viennent normalement, au milieu des ruelles, des carrefours ponctués de fontaines lumineuses. Ils pourraient vivre ici en permanence sans revoir le jour !

En touristes, nous avançons dans le sens opposé à la foule et le raz de marée humain de la sortie du métro nous donne l'impression de marcher à reculons !

Dans la ville souterraine d'Osaka ! 

À la vitrine des nombreux petits restaurants , larges comme des couloirs, sont représentés tous les plats du menu en résine synthétique, qui semblent plus vrais que nature . Ici, on choisit du doigt, sans barrière linguistique.

Ici, on choisit du doigt ! 

Nous pénétrons dans un restaurant indien, nous installons sur des hauts tabourets de bar, où nous sommes servis de curry indien, rouleaux de printemps, omelette, riz et potage, le tout présenté sur un plateau, prêts à consommer dans le plus parfait désordre en moins de 10mn. Tadao se lève, paye et on repart.

Stop ! pouce ! on passe ! Pascal ne suit plus !

Tadao nous dépose alors dans " Son Café ", près de la maison familiale à Abéno.

Le confort, la musique et le décor sont anglais, le verre d'eau offert et les serviettes chaudes sont japonaises, le café mousseux pourrait être italien, un rêve ! On resterait là des heures, à entamer une conversation improbable avec les propriétaires, si courtois qu'ils vous donnent l'impression de comprendre tout ce que vous leur dîtes !

Dans le quartier d'Abeno ! 

À l'entrée de l'établissement, les pots de fleurs côtoient les pots de parapluie, inséparables des Japonais. Ils accompagnent toute leur vie. On les laisse à l'extérieur, dans des réceptacles prévus à cet effet. Les magasins fournissent des housses de protection en plastique pour ne pas humidifier le sol. Elles seront, bien sûr, rendues à la sortie et personne ne prendra votre parapluie, si vous le laissez dehors. Ils servent de parasols aux Dames qui ne supportent pas le soleil et donnent un style Anglais Bon Chic aux Messieurs, les jours de pluie. Ils sont omniprésents, comme les sacs en papier cartonné, fournis dans les magasins, qui contiennent toutes vos affaires et vos achats, qu'il ne viendrait jamais à l'idée de personne de dérober.

Au Japon, il y a peu d'agression, quasiment pas de criminalité ! Quel dépaysement !

On rentre à la maison ! 

Nous écrivons quelques cartes et rentrons dans la nuit !

Le changement de programme est devenu une seconde nature. La fatigue due au décalage horaire nous oblige à annuler le Match de Base-Ball où nous devions aller ce soir, qui sera remplacé par un repas tranquille dans le quartier, chez un "Chinois-Japonais-Cantine-du-Coin".

À pied, sur la route, tranquillement, nous regardons les étoiles et tout à coup, nous entendons des bruits de cigales !

Tadao nous explique que ce sont des "Mimizus" ! Des vers de terre japonais qui chantent la nuit ! Bon, nous, on veut bien, mais avant l'apéritif, son attitude nous inquiète ! Restant néanmoins sur cette position, la famille et les amis nous expliquerons que de tout temps la même réponse est faite à tous :

Ce sont des vers de terre spéciaux qui chantent la nuit !

Énigme de biologie animale du "Mimizu" ! Des recherches universitaires jumelées particulières devront être effectuées afin de résoudre ce mystère et nous rentrerons en France sans réponse scientifique satisfaisante. Et surtout pourquoi nos vers de terre français ne chantent ils pas, eux ? Ont ils chanté un jour ? Et alors, pourquoi se sont ils tus ? Nous continuons ces discussions phoniatriques et existentielles autour d'un repas chinois : une soupe et des raviolis grillés. Bien entendu la logique japonaise fait que l'on me sert les raviolis dans le potage et avec des baguettes, s'il vous plaît !

Le soir tombe sur Osaka ! 

Au fait, connaissez vous l'exercice d'apprentissage de tenue des baguettes, proposé aux jeunes enfants pour affiner leur dextérité ? Et bien, vous prenez 2 bols, vous en remplissez un de petits pois frais écossés et vous devez faire passer, avec les baguettes, chaque petit pois dans l'autre bol vide ! Bon courage !

Si, si, Vous réussissez ou vous mourrez de faim ! Nécessité fait loi !

Malgré tout, nous aurons quand même la primeur du match de Base-Ball, retransmis à la télé et commenté par Tadao. l'hilarité est à son comble. Nous laisserons un bon souvenir dans le quartier.

Dans la Nuit d'Osaka ! 
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Le quartier d'Umeda à Osaka ! 

Jeudi 2 mai !

Dès le matin, c'est la grande forme ! le réveil se fait à 9h30 avec un café "Carte Noire" et des Croissants de chez "Fauchon" ! Ici, toutes les pâtisseries et viennoiseries sont françaises et se nomment : Fauchon, Hédiart, Bocuse, Maxim's ... Leurs enseignes s'intitulent : La Poire, Saint Étoile, la Cuillère, la Sonnette ... Le pain, les gâteaux et tout ce qui correspond à un dessert sucré n'est consommé que par les occidentaux et ce sont des produits de grand luxe.

Maintenant, nous sommes prêts pour une journée de courses dans les grands magasins !

À Namba ! 

Nous rejoignons nos amis dans leur maison familiale à Abeno. Ils ont eu la possibilité d'annexer 2 maisons voisines et leur espace vital est plus agréable que la plupart des maisons japonaises d'Osaka. Néanmoins, ils n'ont pas de parking, mais une place louée dans un garage voisin. Donc, pas de sortie nocturne en voiture, puisque le garage ferme ses portes à 22h. Avec un tarif de location de 535 Euros par mois, en moyenne à Tokyo pour un emplacement non couvert, cela ne pose visiblement aucun problème aux Japonais, car le flot des voitures en ville semble ininterrompu !

Les voitures sont toutes luxueuses, de grosse cylindrée : Rolls, Cadillac, Buick, Porsche, Bentley, et des grosses limousines Japonaises moteur V8 et V12. Par contre, elles vous préviennent déjà du statut de leur propriétaire : Les Mercedes sont supposées être les exclusivités des membres de la Mafia : Les fameux "Jacuza", véritable régulateur invisible du monde du Jeu et des Affaires et les BMW sont les voitures des Stars du Cinéma, de la Télé et du Show business !

Les voitures sont omni-présentes ! 

Nous nous dirigeons maintenant vers le grand magasin "Takashimaya", soit 20 étages de luxe et de rêve pour toute femme normalement constituée et ici aussi pour les Hommes ! La mère de notre ami nous accompagne et nous dirige avec vélocité vers ce haut lieu de perdition !

D'après Tadao, la vitrine de Takashimaya est le meilleur remède à ses problèmes de jambes et nous en avons la preuve à l'intérieur du magasin où nous avons du mal à la suivre !

Le parking du magasin est composé de 2 buildings de 14 étages chacun, constitués d'alvéoles tournantes et électroniques, sur lesquelles les voitures sont rangées et récupérées par des ascenseurs robotisés et des gardiens en gants blancs.

Les dames patientent dans un salon chauffé, avec table de repos et télévision, en attendant le bus du magasin qui vous amène à la porte d'entrée.

Chaque vendeuse du magasin, mince et souriante, habillée en uniforme sombre, nous accueille et nous salue plus bas que terre. Dans les ascenseurs, des liftières en gants blancs, jupe courte plissée, jaquette bleue nuit et canotier de paille, nous présentent les divers étages du magasin et leur spécialité, avec des voix douces d'hôtesse de l'air !

Pascal veut rester dans l'ascenseur pendant que nous faisons les courses, prétextant qu'il n'a pas bien compris leurs indications. Mais pas question, non mais ! Je menace d'acheter tout le rayon Christian Dior avec la carte bleue du ménage, alors, il cède et nous suit dans les étages, déçu !

Aucun homme ne doit être laissé seul au Japon ! Il y a trop de concentration de jolies femmes au mètre carré ! Elles sont toutes chic, habillées avec luxe, minces et se comportent avec classe et savoir-vivre ! Les Européennes peuvent aller se rhabiller !

Nous montons à l'étage des restaurants, les autres étages étant réservés aux produits de luxe internationaux et haute couture ! C. Dior, Gucci, Versace, Chanel, Cartier, Van Cleef et Harpels ...

Notre hôtesse nous entraîne au milieu des rayons, sur le rythme digne d'une balle de golf de Masako Ohya, surnommée "Pink Lady", la célèbre golfeuse internationale. Maintenant, installés au restaurant, nous commençons à déguster une multitude de mets divers, présentés dans des bols de laque noire sur des plateaux décorés à la feuille d'or.

Tout en légèreté ! 

Tous les plats sont en petite quantité, très variés et se mangent dans n'importe quel ordre. Tout est en mélange ! Il y a des plats d'aliments crus, bouillis, nature, grillés, frits, présentés sans sauce, ni aromate, ni sucre sous aucune forme, (Voilà pourquoi les Japonaises sont minces et sveltes !) ni laitage d'aucune sorte. Comme il y a plus d'une trentaine de sommets de plus de 3000m, il n'y a quasiment pas d'élevage bovin, caprin ou ovin, donc pas de production de lait, sauf à base de soja. Il n'y a, non plus, ni fruit, ni entrée, ni dessert. Cela nous semble bon, mais fade pour nos palais occidentaux. Ici Ducrocq ne se "décarcasse" pas beaucoup ! Nous aimerions un peu plus d'herbes aromatiques ! Le dessert unique sera une portion de melon d'eau !

L'art visuel avant l'art gustatif ! 

On nous complimente sur la tenue de nos baguettes, mieux que certains Japonais semble-t- il ! Merci Tadao, pour ton apprentissage ! Après le thé et le potage chauds, nous partons faire du lèche-vitrine, pendant que Pascal porte son appareil au service de réparation hi-fi de Sony. Avec diligence et compétence, l'appareil sera prêt en une semaine, pour un prix modique, avec un devis et la courtoisie nippone, s'il vous plaît !

Détente et dégustation ! 
Dans la nuit de Namba ! 

Les nuages s'amoncellent et la pluie brutale nous oblige à acquérir un joli parapluie vert-pomme ! Ici, même les nuages sont pressés ! Un quart d'heure après le soleil est revenu ! Nous rentrerons en taxi-limousine-noire-6 portes, de type Mercedes, avec un chauffeur en gants blancs et têtières en dentelle ! La télévision fonctionne à l'intérieur, on se prend pour des "Jacuzas" !

De retour à la maison familiale, le père de Tadao vérifie l'état de sa voiture ! Notre ami a l'habitude fâcheuse de tomber dans les caniveaux, qui sont très étroits et profonds à cause des pluies fréquentes.

Leur maison, petite pour les occidentaux, s'ouvre sur 3 pièces pleine de livres jusqu'au plafond ! Au sol, des boites de marque Takashimaya recouvrent une partie des tatamis, notre hôtesse prépare les fiançailles et le futur mariage, on dirait une annexe du magasin.

Nous acceptons volontiers le thé avec le gâteau spécial du 5 mai ( Jour de la fête des Garçons ! ) appelé : "Kashiwamotchi". Il est présenté roulé dans des feuilles de bambous et ressemble à une petite batte de Base-Ball ! le goût est celui de la pâte d'amande, fourrée de crème de marrons ! Délicieux ! En réalité, il s'agit d'une pâte de haricots rouges.

Pour la fête des Garçons, il est de tradition de monter dans le jardin un mât de cocagne, où sont accrochées plusieurs manches à air de taille décroissante, en forme de carpes Koï ! Elles volent ensemble au vent, de toutes les tailles et de toutes les couleurs ! C'est superbe !

Le 5 Mai, la fête des garçons et les Carpes Koï volent au vent ! 
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Les lumières de la ville ! 

Aujourd'hui, nous devions poster les courriers et aller à la banque. Il est déjà plus de 3h, c'est trop tard, nous ferons du change demain.

Donc pourquoi pas une visite au Pachinko ! Pour arriver dans ces salles de jeu traditionnel typiquement japonais, nous nous promenons dans les petites rues typiques d'Osaka. Devant nous, une voiture de police utilise un haut-parleur pour rappeler les consignes de sécurité routière aux automobilistes, pendant que dans le ciel, au dessus de nous, un avion plane, en faisant de la publicité, avec le même système de haut-parleur ! Étourdissant !

Nous descendons maintenant dans la ville souterraine d'Osaka au 2ème, puis 3ème sous-sol en direction des lignes de métro, où des galeries marchandes de luxe se disputent l'espace avec les fontaines lumineuses et les restaurants. Tadao nous fait visiter son jardin d'enfance !

Nous remontons au soleil ! Nous passons dans les quartiers chauds aux rues minuscules : C'est Namba !

Face au Temple Shinto, nous nous arrêtons ! Les "Dieux", ici, sont si paresseux qu'il faut sonner 2 fois et taper 2 fois dans les mains pour les réveiller ! Tiens, nous voici devant le Dieu de la Guerre, recouvert de mousse ! Lui, on le réveille en lui jetant une louche d'eau en pleine figure ! Il va certainement se mettre en colère, car nous l'arrosons copieusement. Puis au tirage de la "Bonne Aventure", nos billets nous prédisent le bonheur, mais petit à petit. Pas fou le Dieu ! Pascal plie le petit billet et l'accroche à l'arbre des souhaits pour qu'il soit meilleur la prochaine fois !

Les Dieux que l'on encense  !
Et les Dieux que l'on douche ! 
L'arbre aux souhaits ! 

Nous nous dirigeons maintenant vers l'hôtel Nikko, pour prendre un plan d'Osaka en Anglais. C'est un hôtel de grand standing, très chic qui se trouve près des salles de "Pachinko" !

Il s'agit d'un flipper vertical où l'on gagne des petites billes dans un bruit d'enfer ! Ces billes sont ensuite échangées contre des produits de consommation : cigarettes, briquets, chocolats, qui sont revendus à l'extérieur dans des boutiques. La loi interdit les jeux d'argent ouverts au public !

Les salles de Pachinko ! 
Le fameux flipper vertical ! 

Nous traversons d'autres salles de jeux, pour salariés stressés qui peuvent passer leurs nerfs en tapant avec un maillet sur des têtes de crocodiles sortant comme des diables de leur boîte. Fumiko décide de monter dans un simulateur de vol d'avion de chasse qui tourne dans tous les sens, comme une boule de loterie nationale !

Le simulateur d'avion de chasse ! 

Nous continuons notre promenade et recevons des paquets de mouchoirs en papier publicitaires, donnés par des "Punks" décolorés et zébrés en rose flashy et vert fluo, vêtus de blousons cloutés, qui vous saluent en douce, comme si ils vous refilaient de la drogue ! Surpris et inquiets, nous vérifierons quand même dans les mouchoirs !

Nous passons devant les magasins de kimonos, mais à 7700 Euros pièce, nous ne nous arrêterons pas ! Tadao nous entraîne alors dans une arrière boutique et il nous prévient que le "Patron" est très exigeant. Il n'y a que 3 petites tables à servir. Elles sont bordées de banquettes de cuir donnant sur un canal illuminé et des jets d'eau.

Silence et chuchotements !

Osaka au bord de l'eau !satoshi-nagao-teeoUOM50hI-unsplash.jpg 

Un vieux Monsieur sort d'une pièce, nous prépare, sans dire un mot, une boisson rose pâle, puis repart ! Il faut boire tout de suite, sinon, on se fait sortir ! C'est un cocktail de jus de fruits, à base de fraises, avec plein de goûts inconnus et de crème ! Nous fondons de bonheur devant tant de délices !

Nous ne pourrons pas filmer ce lieu, où les élèves du restaurant Paul Bocuse d'Osaka viennent glaner quelques secrets culinaires.

Nous rentrons pour nous préparer à la réception prévue au Restaurant-Piscine dans le quartier de Minami. ( la police y est aussi accueillante qu'en Floride ! )

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Dans le Ryokan ! 

Ce soir, le Restaurant-Piscine nous ouvre ses portes pour un avant-goût de Fiançailles.

Nous nous retrouvons pour la première fois en repas de cérémonie officielle avec les 2 familles des fiancés. Ce restaurant haut de gamme nous replonge tout de suite, à l'époque Édo, où les traditions, l'esthétique et la sérénité des temps anciens, géraient la vie quotidienne. C'est un restaurant traditionnel, avec des tables basses et des tatamis, recouvert d'un toit de paille et de bambous, comportant des pièces individuelles et des serveuses en kimono. Elles nous apportent des petits plats apéritifs et des salades coupées en lamelles pendant que nous essayons de faire connaissance avec les parents de Fumiko, en utilisant tous les moyens possibles de communiquer. Français, Anglais, Simili-Japonais, Dico "Petit Fuji", et même les dessins sur papier. Je pense que, si nous avions pu amener un catalogue de "La Redoute", ça aurait été plus simple ! Mais bon, on ne se plaint pas, Tadao et le Saké sont là pour nous faciliter la vie et aider à la traduction !

Les parents de Tadao nous expliquent que nous ne pouvons être installés au bord de la piscine qui trône au milieu de la grande salle, car il y avait trop d'attente. Nous sommes donc bénéficiaires d'un salon particulier, lambrissé de bois doré et de papier de riz incrusté de décors à la feuille d'or et de nacre. Nous apprécierons à sa juste mesure, ce bonheur précieux un peu plus tard !

Dans le salon privé à côté du nôtre, un chanteur s'entraîne au Karaoké. Qu'est ce qu'il chante faux ! mais visiblement, tout le monde est content et l'applaudit. Il s'arrêtera rapidement heureusement !

On nous apporte des serviettes chaudes et parfumées pour le visage et les mains des Messieurs et les mains des Dames. La bière est légère et rafraîchissante ! Nous sommes bien !

Premier service ! La porte de papier et de bois coulisse lentement et une serveuse en kimono nous dépose le plat caché sous une cloche en argent ! Elle soulève la cloche et ...

Une magnifique Dorade crue apparaît, la tête découpée posée sur une feuille de salade, la queue disposée pareillement à l'opposé et, au milieu, la chair du poisson, découpée en minuscules éventails, de la taille d'une pièce de 2 euros, reconstituant le corps du poisson ! Une splendeur ! Les invités sont à l'honneur ! la Maman de Tadao me fait signe de me servir, je prends mes baguettes et là ... ???

Pour bien comprendre la situation et vous éviter des erreurs de savoir-vivre au Japon, il faut toujours suivre les consignes que l'on vous donne ! Ne tentez surtout pas de faire les choses autrement qu'on vous les a expliquées ! J'ai voulu déroger à cette maxime première et c'est bien fait pour moi, Na !

On m'a demandé de me servir en me présentant le plat juste devant moi, c'est à dire, devant le milieu du poisson ! Que voulez vous, je n'ai jamais su obéir aux consignes ! Me voilà donc balayant du regard, d'un bout à l'autre, la belle dorade couchée sur son lit de salade devant moi ! Et, je bloque !!!!

Je sursaute en regardant la tête coupée, où la bouche du poisson bouge encore, semblant chercher un air qui s'amenuise ! Je m'accroche à mon verre de saké chaud, en pensant qu'il serait vraiment inconvenant de s'évanouir à table, chez des gens qu'on ne connaît pas ! Ça ne se fait pas, vraiment, de tomber le nez dans la salade d'entrée !

Tadao rigole sous cape en me voyant changer de couleur et il déplace légèrement le plat. Mais là, c'est la queue de la dorade qui se trouve devant moi et qui, elle aussi, frétille encore ! Je prends alors une décision magistrale ! Quoiqu'il arrive je serais la digne ambassadrice de la France, Non mais !

Je bois coup sur coup, sous les yeux amusés des convives, 3 verres de Saké et 2 bières et là, étonnamment, j'arrive à me servir, souriante et à avaler ! Ouf ! le plus dur est passé ! Vive le Saké Japonais ! Kampaï !

Après le service de tous, le plat repart ! Très peu pour moi ! Nous allons alors apprendre que, dans ce type de restaurant spécialisé, entre le moment où le poisson est pêché dans la fameuse piscine centrale et celui où on nous l'amène, découpé sur la table, il se passe moins de 3mn. On peut difficilement faire mieux en matière de fraîcheur et de diligence ! Je comprends mieux, maintenant, les réticences de nos amis à s'installer au bord de la piscine ! Nous terminerons ces aventures en devisant agréablement autour de thé et de Saké chaud avant de rentrer dans la nuit.

Cela a quand même déclenché une franche rigolade !

Quand je vous dis que c'est de l'art ! 

Nous rentrons dans un train bondé, tranquillement !

Les lumières dans la nuit ! 

Tout le monde ici poinçonne son billet et le rend à la sortie au contrôleur. Si on a, par inadvertance, oublié de le prendre, ce qui n'arrive jamais à un Japonais normalement constitué, le contrôleur vous proposera de payer la distance depuis la dernière station et non tout le voyage ! Et bien entendu, si vous êtes monté au départ de la ligne sans ticket, ils ne leur viendraient jamais à l'idée de mentir au contrôleur, en gommant 2 ou 3 stations. Il n'y a pas de fraude au Japon !

Il y a beaucoup de vent dans la nuit et toute la maison chante ! Par delà le lac, derrière le parking, non loin de notre maison, nous entendons les courses folles d'autos et de motos, que les jeunes font sur les portions d'autoroutes, un peu dégagées, la nuit ! La police les laisse faire jusqu'à 5h du matin. Après, la folle escapade se termine et ils rentrent chez eux, Les services spéciaux viennent alors tout nettoyer ! Le dépaysement est total !

Sur les ponts d'autoroutes ! 

Que penser de ces démolitions rapides ? Un coup de bulldozer et tout s'effondre comme un jeu de cartes. Tout se reconstruit et se détruit sans arrêt ! Les entreprises de BTP travaillent souvent toute la nuit, sans problème, pour réparer ponts et routes et ça ne dérange, ni les ouvriers, ni les dormeurs, dans des logements aux vitres complétement isolées phoniquement ! Rien ne passe, aucun bruit ! Les magasins et les petites boutiques sans porte, inutile puisqu'il n'y a pas de cambriolage, étalent leurs produits sur les trottoirs, se disputant la place avec les vélos omniprésents et les pots de fleurs.

Ici, tout est apaisant, sécurisant, clair, net ! Tous les employés travaillent avec des gants de couleur claire, ce qui vous permet de voir leur propreté ! Il n'y a pas d'ordures qui traînent, peu de poussière, pas de papiers oubliés ! S'il vous arrive de laisser tomber, malencontreusement, un papier de votre poche, immédiatement, sortie de nulle part, une personne munie d'un balai avec ramasse-poussière, vient le ramasser en s'excusant du dérangement qu'elle vous crée ! "Sumimasen". On croit rêver !

La nuit bleue d'Osaka ! 
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Le Temple du Todaï-ji à Nara ! 

Ce vendredi 3 Mai, après 40mn de train, l'ensemble des temples de Nara nous apparaît entre pluie et soleil ! C'est le même climat que chez nous, dans les Hauts de France. Ici, il fait beau "Plusieurs fois par jour !", comme disent aussi les Bretons !

L'entrée du Temple ! 

Dans ce parc de plusieurs hectares, qui protège le Temple du Todaïji, et ses 7000 lanternes, nous suivons le flot des touristes, venus prier le Bouddha par la purification de l'eau et de la fumée d'encens.

Le Daïbutsu, le Grand Bouddha, le Parc et les lanternes de Nara ! 

Le parc est rempli de daims et de biches sacrés qui vous mangent dans la main, et nous rencontrons de multiples personnages hauts en couleurs !

Les Daims sont partout ! 

Nous croisons une multitude de "Vrais" et de "Faux" Bonzes, des jeunes Prêtresses Shintos, des groupes scolaires de tous âges et de toutes les couleurs d'uniformes, des groupes d'Écoles d'hôtesses de l'air et des touristes de toutes les parties du Monde ! Il y en a partout, au Temple de Février, au Temple de Mars, sur la galerie suspendue de Temple des Glycines et, surtout, autour de la petite Marchande de patates douces, qui les régale, en cuisant les tubercules sur son poêle à bois !

Les Prêtresses Shinto, la Tour d'Or et la marchande de Patates douces ! 

Nous pique-niquons dans le parc en marchant d'un temple à l'autre. Dégustant un thé vert de Cérémonie ( Matcha), nous devisons au milieu des massifs d'azalées colorées, de glycines en fleurs, cascadant au bord des étangs, où évoluent lentement des carpes Koï, jaunes, bleues, vertes et rouges ! Ce sont de jolis poissons de 2 à 3 kg !

Les carpes Koï ! 

L'après-midi se poursuit tranquillement, dans une atmosphère de dépaysement serein !

Nous sommes sous la protection de ce Grand Bouddha de bronze, de 11 mètres de haut, à l'ombre de son temple de bois, datant du 13ème siècle. En fin de journée, une petite fringale nous tenaille ! Nous tentons ces appétissantes brochettes frites au bout de longues piques de bambous ! Hum ! Délicieuses ! Ce sont des beignets japonais chauds et salés !

Et comme d'habitude, je me fais avoir ! Trop curieuse, je veux voir ce que je croque ! Décidément, je n'ai pas encore retenue la leçon ! En regardant ce qu'il y a dedans, j'y découvre des tentacules de poulpe coupés en morceaux ! Cette fois ci, sans Saké, j'ai du mal à avaler ! Wahouuuu !

Nous terminerons la soirée sous les lanternes, dans le jour qui s'amenuise !Le temps est doux, la nuit s'annonce apaisante, teintant de bleu toutes choses !

Paix et sérénité, la Méditation Zen est née à Nara !

Sous les lanternes de Nara ! 
17
Le début d'un grand jour ! 

Dimanche 5 Mai !

Pour bien commencer la journée, nous allons visiter le parc de Sakaï, où se trouve le plus grand tombeau de Shogun du Monde. Il date du 7ème siècle et ressemble à une immense colline boisée, entourée de maisons. Il y a, vis à vis de l'histoire du pays et de l'archéologie en particulier, une attitude "Politique de l'Autruche" un peu spéciale !

Nous apprenons qu'aucune fouille, ni recherche archéologique, historique ou même préhistorique ne peut se faire officiellement au Japon. Seuls les tremblements de terre mettent à jour des trésors historiques qui sont étiquetés et rangés, sans que le public soit mis au courant de leur découverte, puis recouverts en attendant le prochain cataclysme. Le Japon tient à préserver la croyance de son origine divine !!!!

Phénomène récurrent au Japon, ce pays balance entre tradition et Modernité ! Dans le même parc, nous côtoyons une exposition de voitures solaires plus que futuristes ! L'anachronisme est le plus total !

Le plus grand tombeau de shogun à côté du prototype de voiture futuriste ! 

Nous partons maintenant vers l'Hôtel Hilton Plaza, temple occidental de toutes les décadences ! Il est aussi luxueux et impersonnel que partout ailleurs dans le monde. En plus, il refuse de nous faire du change ! Nous ne sommes pas clients de l'hôtel ! Ah bon ! Nous n'oublierons pas leur attitude et nous nous attacherons depuis cette époque, à ne jamais y louer une chambre, dans aucun pays où nous irons ensuite. Nous nous présentons donc dans un hôtel de luxe Japonais, "l'Hôtel Shinjuku Washington", qui nous offrira, avec un thé de cérémonie, leur sourire et la transaction demandée.

Hôtel "Washington" à Shinjuku ! 

Et bien évidemment, les "Aventures" me poursuivent, à mon corps défendant !

Connaissez vous les "Toilettes TOTO Ltd" ? Eh bien, moi, je les ai vues de près !

Juste avant notre départ pour la cérémonie, Tadao nous propose d'aller "voir ses Toilettes" : Étonnement général ! Que peuvent elles avoir de particulier ?

D'abord, il faut se déchausser avant de rentrer dans la pièce, comme dans toute maison japonaise bien tenue. Puis, nous devons mettre des sandales "spéciales toilettes" en plastique, de type Tongs, qui, du même coup, signalent aux personnes extérieures que le lieu est occupé. Alors nous sommes confrontés à un engin bizarre qui tient plus du tableau de bord de Boing 747 que d'une chasse d'eau ordinaire. Il y a des boutons et des lumières partout !

Nous allons avoir notre premier cours de fonctionnement des "Toilettes électroniques des Établissements TOTO Ltd" !

Un vrai tableau de bord ! 
Ça c'est la Classe de la chasse ! 

En premier lieu, grâce à un enregistrement personnalisé, il est possible de régler la température de l'abattant de la cuvette. Cela est mémorisé pour tous les membres de la famille : 35° pour Papa, 37° pour Maman ... Puis après une utilisation normale de l'engin en question, une petite tige sort de l'arrière de la cuvette, pendant qu'un aspirateur se met en route. La tige est munie à son extrémité d'un petit plumeau en papier de soie permettant un nettoyage sérieux de la zone personnelle utilisée précédemment et, ce, avec des orientations différentes, homme ou femme. Ensuite, le plumeau se détache et un jet d'eau tiède se met en route, là aussi orienté spécifiquement, pour laver les parties concernées. Et c'est à ce moment des explications que Tadao, joignant le geste à la parole, appuie sur la touche prévue et l'active ... Je me suis retrouvée douchée par les Toilettes Toto !

Immense fou-rire franco-japonais !

À la suite de cette explication pratique, la suite sera plus théorique ! De nouveau une nouvelle tige se met en place, c'est un séchoir "Spécial Fesses" ! Pour terminer l'évacuation normale sera suivie, pour les derniers appareils les plus perfectionnés, par une sortie sur une imprimante spéciale située sur le haut de la cuvette, des analyses d'urine et/ou de selles destinées au personnel médical ! Heureusement, il y a également une simple poignée pour l'arrivée d'eau, sinon, nous y serions encore !

La Planète Mars, je vous le dis !!!

Calme et pondération ! Tout va bien, c'est ça le Japon !

Takebayashi, la forêt de bambous ! 
18
Un cortège de mariage shinto ! 

Et nous voilà déjà en ce jour mémorable attendu par les 2 familles !

Pour la première fois, nous nous dirigeons seuls en bus, métro et train, vers la maison du Fiancé. D'abord il faut prendre un bus pour Izumigaoka, c'est le terminus, donc cela ne pose pas de problème ! Puis, nous demandons le prix du train pour Nakamozu à un contrôleur. Très fiers d'être compris, nous descendons par le passage souterrain vers la rame de métro pour Nishitanabe. Tout va bien. Vive l'écriture Hiragana ! Vers 9h30, nous sommes à la station de métro et nous finissons le chemin à pied !

Tadao, toujours au téléphone, nous montre d'un signe les divers objets étalés sur la table, spécialement préparés pour la cérémonie ! Il y a de tout ! De multiples plateaux décorés d'objets en forme de tortues, de cigognes, d'ibis, des sapins, des éventails et des branches de cerisiers se bousculent dans un joyeux capharnaüm. Ils accompagneront les 2 plateaux de bois qui ramèneront la réponse de la famille de Fumiko.

Traditionnellement, la famille du Fiancé doit offrir à sa "Belle", 3 mois de salaires en dot et un kimono de soie tressé de fils d'or et d'argent pour la cérémonie. D'autre part, la famille de la future épouse offre la totalité de l'aménagement du ménage. C'est à dire, 10 fois plus ! Les mariages traditionnels reviennent à 500 000 yens, une somme pour l'époque !

Avant l'étape décisive du Mariage, programmée depuis 13 ans maintenant, il nous faut passer par toutes les étapes protocolaires indispensables aux conventions japonaises. Nous bénéficions du statut exceptionnel de "Couple Entremetteur", ce qui équivaut à être les "Témoins" des Mariés, mais qui engage notre responsabilité bien au-delà de ce même statut en Europe.

Les "Entremetteurs" doivent participer à toutes les phases de la Vie des futurs Mariés et sont entièrement responsables du Bonheur et de l'avenir des Fiancés ! Nous passons donc notre soirée-avant-fiançailles à écrire un long discours, réservé à la famille de la future épouse, vantant les mérites de notre ami, mais surtout, ce que nous ne savions pas, nous engageant sur l'honneur au Bonheur du Jeune Couple !

Et si, un jour, ils divorcent ? Que se passe t il ? On nous envoie les "Jacuzas" ? Brrr !!!

Ce discours doit être lu aux parents, lors d'un premier repas officiel, normalement sans les amis et nous devons le dire en Japonais, car la famille de Fumiko ne comprend pas l'Anglais, ni le Français ! Nous devons convaincre les 2 familles. C'est du sérieux et nous avons passé une partie de la soirée et de la nuit à peaufiner notre discours !

Il est à noter que ces démarches sont toujours d'actualité, puisque, aujourd'hui encore, il existe, le plus souvent, au dernier étage des hôtels de luxe, un "Salon des Entremetteurs", réservé à cet effet !

La Modernité et le Passé, toujours liés ! 


Pour tout vous dire, nous avions prévu de jouer la carte de l'humour, pour cette demande en mariage peu orthodoxe, par Témoins interposés ! Eh bien, croyez moi, c'est raté !

Arrivés chez notre ami dès le matin, nous nous rendons vite compte que le moral n'est pas au beau fixe ! Ses parents ne sont pas contents du tout, car le Fiancé ne doit pas assister à la cérémonie de demande, c'est contre la tradition ! Néanmoins devant nos arguments leur signifiant notre incapacité à comprendre la langue et à traduire le discours et les réponses officielles en Japonais, Tadao a la faveur exceptionnelle de nous accompagner lors de ce moment fatidique ! Sur le chemin vers la maison de la fiancée, je révise mon discours, anxieuse, je dois impérativement laisser l'humour de côté ! On ne rigole pas, c'est très sérieux, tout ça ! Les parents seraient capables de dire "Non" et on repartirait pour 13 ans de plus ! Ah la, la ! On va pas leur faire ça, quand même ! Recentrons nous et posons nous pour un moment de Méditation !

Ressourçons nous ! 

Dès notre arrivée, nous sommes accueillis dans une petite pièce traditionnelle, avec tatamis, coussins et tables laquées. Nous sommes présentés officiellement comme "Entremetteurs" à la famille de Fumiko. Le Père, la Mère de la Fiancée s'installent à genoux dans un silence quasi religieux, l'atmosphère est pesante et nous n'en menons pas large ! Les sourires de bienvenue ont disparu. Le sérieux et le poids des conventions reprennent le dessus ! Tout le monde attend ! La jeune soeur de Fumiko, déjà mariée et mère de 3 enfants, venue spécialement de Tokyo pour cette cérémonie, nous envoie un premier sourire de détente. Bon, on y va ! On se lance !

À genoux sur le tatami, nous commençons notre discours officiel, dans un silence hors du temps. Il sera lentement traduit par un Tadao, légèrement courbé en position de respect :

"En ce jour de joie, nous sommes heureux et fiers, à la demande de Mr et Mme M. de vous prier d'accepter le témoignage de fiançailles entre Mr Tadao M. et la très honorable Melle Fumiko T. Cependant, nous sommes confus de venir ainsi troubler la sérénité de votre famille, en y retirant son joyau le plus précieux. Mais nous pouvons vous assurer de la qualité du bonheur qui l'attend au sein de la très respectable famille M."

Ouf ! C'est fait !

Le Père de Fumiko nous écoute sans nous montrer la moindre expression. Aucun signe d'émotion ! Il accepte cependant les cadeaux de fiançailles. Mme T. légèrement en retrait derrière son mari, nous sourit doucement en les rangeant avec méthode et lenteur dans la niche religieuse prévue à cet effet. Maintenant, toujours à genoux, (Nous y resterons à peu près 2h en se demandant comment se déplacer, manger ou même respirer, sans rester coincés !) nous offrons nos propres cadeaux français.

Pour l'instant, on ne peut pas savoir si notre prestation a été honorée ! Pas de réponse ! Pas d'émotion ! Il faut attendre !

Ça y est, la chaleur du sourire revient et devient communicative ! Les boissons aussi arrivent et achèvent de détendre l'atmosphère ! Un banquet nous est offert sans que nous sachions si la réponse est positive. En cela, les "Entremetteurs" ont le beau rôle, car même si les familles refusent, ils gagnent quand même un repas dans chaque famille, plus celui du mariage, si l'accord est accepté. Je pense que nous pourrions en faire une profession annexe assez lucrative à la retraite !

Pendant le repas de fête, nous avons tout le loisir de déguster des yeux et du palais, tous les plats de cérémonie préparés pour l'occasion : Gâteaux de fêtes roses et blancs, poissons crus (Non vivants, eux !) sushis, crabes, tempuras de crevettes, beignets de fleurs de lotus et d'aubergines, du riz, des pâtes, de la dorade grillée, dont la Maman de Fumiko s'amuse à retirer les arêtes, une par une avec ses baguettes !!!! Tous ces plats sont arrosés de Saké chaud, de potages et de thé vert de cérémonie contenant des feuilles d'or et des fleurs de cerisiers !

Les petits plats dans les grands ! 

Nous rassurons la famille inquiète de l'éloignement futur de leur fille, qui viendra vivre quelques années en France avec notre ami. Nous discutons également de leur mariage, qui est prévu dans quelques mois, dans notre ville et notre jardin, en France.

Ensuite, nous recevons un cadeau témoignage de notre geste d'amitié, les honoraires de notre prestation ! Dans un magnifique foulard de soie de kimono, nous découvrons un appareil photo ultra perfectionné. Domo Aligato !

Nos remerciements confus sont appréciés et Mr T. se lève pour nous ramener, dans les plateaux décorés du début de la fête, le parchemin paraphé de son sceau, en signe d'acceptation du Mariage. Ouf ! Ils sont d'accord !

Les parchemins sont scellés à la cire rouge, comme aux temps des rois. Les Chefs de famille portent une chevalière gravée ou possèdent un sceau aux Kanji de leur nom. Ils le trempent dans l'encre, puis sur le papier, pour signer leurs chèques ou plus officiellement, dans la cire rouge chaude pour y imprimer leur marque.

Les rouleaux de parchemins officiels ! 
Parchemin du Trésor National ! 

La Famille de Tadao sera très satisfaite de notre prestation. Ils devaient quand même avoir très peur ! Peut on vraiment faire confiance à ces Gaïjins Français ?

Nous repartons en longeant le lac M. , creusé par un ancêtre de la famille de Tadao. Il nous reste quelques heures de détente, avant la soirée commune officielle de fiançailles entre les 2 familles. Nous en profitons pour une promenade digestive dans le quartier d'Abeno, en faisant une visite de courtoisie à la tante de notre ami. C'est une Dame charmante, vivant dans une superbe maison japonaise traditionnelle, avec un jardin minuscule, mais aménagé à la perfection dans le style le plus pur. Elle vit avec une servante, dans un décor français d'époque 1900. Elle fut la "Muse" d'écrivains et de peintres de cette époque. Après tous ces souvenirs d'un grand romantisme, nous prenons congé, et nous dirigeons vers la maison de Masako Ohya, "Jet-Seteuse" et Golfeuse de niveau International ! Une Milliardaire, "Figure" d'Osaka ! Sa maison est quelques rues plus loin.

En réalité, sa maison ressemble plus à un "Bunker" avec des murs bétonnés de plus de 2m de haut, surmontés de frises de barbelés et couverts de caméras à chaque angle ! Bref, c'est très moche !

Voici quelques éléments du "Pedigree" de cette "Pink Lady", toujours vêtue de rose ! !

"Masako Oya au château d'Humières

Veuve d'un homme politique japonais, cette francophile est à la tête d'une fortune d'environ 100 milliards de francs, issue de l'immobilier. Après avoir eu le coup de foudre pour la Normandie, elle a fait construire une première maison à Omaha Beach, avant d'en ériger la copie conforme sur son golf du château d'Humières (150 hectares dans l'Oise). Elle est propriétaire de deux autres golfs : à Murou, au Japon, et à Sandford Spring, au sud de Londres. Mais c'est ici, derrière ses façades rose saumon, qu'elle s'épanouit vraiment. Cette amie de la France a reçu la Légion d'honneur après avoir financé la rénovation de l'Opéra Garnier. " (L'Express)

En voici quelques photos !

https://www.google.com/search?sxsrf=ALeKk03aVvDueQzpCnyW7652Ss2BDGbBPw:1612718043175&source=univ&tbm=isch&q=photos+Masako+Ohya&client=firefox-b-d&sa=X&ved=2ahUKEwi93NfwotjuAhWt3eAKHTwkCWgQ7Al6BAgEEEI&biw=1264&bih=720

Nous discutons des prix des terrains et des appartements dans ce pays où le moindre mètre carré est hors de prix. En effet, nous venons de voir une publicité pour la location d'un appartement de 240 m/2, pour la somme modique de 2 Millions de yens. Pour le même prix, nous pourrions obtenir celle d'un terrain de 530 m/2. Nous calculons le prix du nôtre, en France, avec ses 4000 mètres carré. Au secours !

La maison de la Tante de Tadao qui pourrait être estimée à 1 Million d'euros, au vu de son excellente situation, dans ce quartier calme et excentré. Dans ces conditions, souvent fréquentes, les familles ne peuvent pas payer les droits de succession et transforment ces superbes maisons en "Ryokans" , pensions de famille de luxe, pour 4 ou 5 clients, triés sur le volet : Stars de cinéma, acteurs, chanteurs, personnalités politiques, etc ... D'autres fois, ces maisons sont revendues pour payer les taxes.

Le repas de fiançailles du soir se fait dans un restaurant chinois, encore à genoux sur les tatamis, devant des tables à plateaux tournants pour proposer les plats et vous les présenter. L'atmosphère détendue et conviviale entre les 2 familles, continuera tard dans la nuit. Nous en profitons pour offrir aux jeunes fiancés le livre d'or que nous leur avons réservé.

Tard dans la nuit, tous ensemble, nous regagnons à pied nos habitations. Le père de Tadao m'entraîne à déchiffrer les immenses affiches lumineuses toujours couvertes d'écriture, Kanji ou Katakana. Dans la nuit d'Osaka, le Saké aidant, nous nous amusons beaucoup de mon illettrisme Japonais. Je ferais mieux la prochaine fois !

Nuit de Neige ! 
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Bonjour Tokyo ! 

Lundi 6 Mai, c'est le matin du départ pour Tokyo. Les bagages sont prêts et nous reprenons la route en voiture pour le centre d'Osaka.

L' accueil traditionnel chez nos amis est toujours de mise, avec le verre d'eau fraîche, les serviettes chaudes et parfumées, les petits biscuits secs et le thé au jasmin. Tout cela est délicat, finement décoré, léger dans tous les sens du terme. Les femmes japonaises n'ont aucun mal à rester minces, la cuisine japonaise est basse calorie, sans sucre, ni graisse, ni aromate !

Nous partons pour un building de verre et d'acier : "Le Times" !

Le restaurant y propose un plat typique, le "Shabu Shabu" ! C'est une fondue de viandes et de légumes, cuits dans un bouillon de légumes salés. Une version light de la fondue bourguignonne ! Les tables sont aménagées avec des poêlons à fondue, des aspirateurs de vapeurs et d'odeurs, incorporés au centre des tables. C'est un système à induction qui permet le chauffage. Merveille de l'électronique au service de la tradition !

Nous y plongerons des lamelles persillées de boeuf de Kobe, fines comme du papier de soie, (qui sont très rares et goûteuses et qui coûtent une fortune, ici !), ainsi que du chou, du tofu, des nouilles de soja ! Tout cela cuit rapidement en les trempant avec les baguettes dans le bouillon brûlant. Lors de la cuisson, le bruit fait "Shuaaaa Buuu !" d'où le nom du plat, semble t il !

Sur le chemin du retour, nous validons le "Rail Pass", qui nous permet d'utiliser les lignes nationales de trains et de métros du Japon gratuitement, sans limite de kilomètres et ce, pendant tout notre séjour. Nous l'avions demandé en même temps que nos billets d'avion en France. Quel avantage sur place !

Métros et trains toujours et partout ! 

Nous nous dirigeons vers la gare de "Shin Osaka" afin de prendre le "Shinkansen Hikari", le train TGV super-express pour Tokyo. Sur les quais, un monde fou attend sagement. De nombreuses files sont alignées dans un ordre parfaitement symétrique, sur une zone matérialisée, qui s'avère être l'emplacement de chaque porte du train. Tranquillement les gens attendent sans bousculade, souriants, cédant la place à la personne partie se rafraîchir au distributeur de boissons et ce, sur les 50 mètres de files en parallèle !

Il est 4h. Toutes les 4 minutes, les trains arrivent, des gens descendent et personne n'y monte. Bizarre !

Nous commençons à donner des signes d'inquiétude, décidément la "Zénitude" japonaise n'est pas notre force ! Serein, Tadao nous explique que nous attendons le train spécial de 5h qui arrive vide et nous permettra de faire le voyage du "Golden Week" en évitant d'être debout pendant 3h. Soulagés, nous nous détendons en observant nos voisins, leur calme dans les files parfaitement installées sur les zones qui sont de granulométrie différente, prévues pour les personnes malvoyantes.

Le train arrive et nous nous installons confortablement. Wahouuu ! Quel luxe ! Le téléphone et la télévision sont à portée de mains, les journaux et les informations sont en Japonais et aussi en Anglais. Confort maximum ! C'est étonnant, car l'Anglais, cette langue soi-disant internationale, brille jusqu'à présent par son absence dans ce pays ! Avis aux amateurs illettrés en Japonais que nous sommes ! Pendant 3/4 d'heure, Pascal restera debout avec courtoisie, laissant sa place à une jeune dame qui semble beaucoup apprécier cette galanterie toute française ! En effet, descendue à Nagoya, elle restera sur le quai en attendant le départ du train, nous remerciant de 1000 et une courbettes et de sourires d'amitié.

Ça y est, nous sommes arrivés ! Tout le monde sort, sans bousculade, et part vers sa destination. À nous, Tokyo !

La foultitude vraiment !  

Rien ne m'énerve plus que les images stéréotypées ! Tout ce que les Médias occidentaux nous présentent du Japon ! Cependant, à défaut de prendre ses propres références, nous partions quand même avec quelques idées préconçues. Tokyo, mégapole, capitale, les gens et les buildings, comme dans une fourmilière, affairés sans un moment de repos ! Tout cela était encore gravé dans notre mémoire !

Quel contraste sur place ! Bien sûr, une ville de 250 KM/2 ne peut se montrer sous un jour calme et tranquille, comme une petite station de ski des Alpes Japonaises ! Mais, l'image principale de Tokyo, ne peut laisser ce visage maussade et pluvieux que lui donnent les Occidentaux !

Émaillée de jardins, de Temples, de parcs réservés aux amoureux de la nature et de toutes choses, Tokyo, ville bruissante de travail, de recherches et de vie, est follement tonique, riche de passé et d'avenir. Cette ville est pleine d'humour, jusque dans les taxis qui nous emmènent dans le centre ville, dans le quartier de "Shinjuku", en passant sous le Palais Impérial, afin de ne pas déranger l'Empereur en traversant le parc situé en plein milieu de la ville ! Imaginez une autoroute passant sous l'Élysée pour ne pas déranger le Président !

Nous arrivons en plein centre du quartier des affaires et des recherches, à 300 mètres de l'Université où nous attend le Dr K., collègue de Pascal, qui nous a rendu visite en France à plusieurs reprises. Visites de courtoisie, d'amitié, d'accords entre les idées, les peuples, les "Hommes" ! Tout est là ! Nous sommes chez des amis !

Tokyo Center, les deux Tours !
C'est graphique, quand même ! 

Nous descendons au pied des tours de l'administration de la Ville de Tokyo, 2 tours immenses de 60 étages chacune, jumelles en tous points, qui nous font immanquablement penser à celles de New York ! Dans la nuit, l'impression est encore plus prégnante !

Nous nous dirigeons vers notre hôtel, luxueux et international ! 30 étages avec vue sur le quartier des affaires de "Shinjuku" ! Mais, cependant, le prix de la chambre pour l'époque, est plus que raisonnable, que ce soit en chambre simple ou double et avec tout le confort et les services des grands hôtels internationaux. L'entrée de la chambre se fait par carte magnétique, quelle découverte pour l’époque !

Étant sensibles à notre fragilité d'Occidentaux, la gentille demoiselle de la réception nous propose de nous loger dans un étage pas trop élevé : Le 20ème, cela vous convient ? De peur de paraître un peu angoissés, nous acceptons. C'est vrai qu'il y en a encore 10 au-dessus de nous !

La chambre n'est pas grande, mais les fenêtres sont solides et bien isolées phoniquement ! La salle de bains comporte tout le nécessaire. Après une remise en forme rapide et un repas léger, nous sortons déambuler pour une visite de Tokyo by Night !

Le quartier de Shinjuku donne une impression de démesure qui s'accentue encore face aux Buildings et aux lumières de la ville. Mitsubishi, Mitsui Bank, Sumitomo Bank, Universite, Rank Xerox, Sony ...Tout est délirant, hors norme et fascinant !

A côté de ces grands buildings illuminés comme en plein jour, sur leurs 30 à 60 étages (Travaillent ils encore à cette heure tardive ?) , un petit marchand de soupes aux nouilles, cuites sur son feu de bois, vend son repas à de jeunes amoureux qui le dégustent lentement, assis tranquillement sur un banc de square. Tokyo nous présente, dès la première nuit sous ses étoiles, ce qui caractérise de la façon la plus originale, la spécificité du Japon, l'harmonie toujours actuelle du Passé et du Présent, vivant ensemble, sans opposition, mais avec complémentarité et efficacité. Ce soir, je me sens l'âme très japonaise, en accord avec ces limites du temps qui se rejoignent sans s'opposer ! La nuit sera douce, calme et apaisante, comme ce pays qui nous ouvre son âme !

Les lumières de la Nuit ! 
Tradition Tokyoïte ! 
20
Ici, tout est parfait ! 

Dès notre arrivée, notre ami le Dr K. nous fait part du désir du Président de l'Université privée d'Ashikaga de nous recevoir pour une visite de courtoisie.

Elle se situe à 140 km de Tokyo et notre ami y assure des cours réguliers, ainsi qu'à Tokyo. Cette administration privée représente le summum de l'esprit de tolérance, symbole du Japon en matières d'idées et de religions. Le président de cette université est un moine bouddhiste qui gère les fonds de 17 Temples, vivant de dons de sympathisants et administrant des écoles primaires et des crèches. Les étudiants y travaillent 9 mois par an. L'inscription ou droit d'entrée de cette université est de presque 30000 Yens de l’époque, par an sans matériel, ni nourriture.

À notre arrivée le Président ne peut nous recevoir, mais le Vice-président nous accueille avec tout le cérémonial dû à des hôtes de marque. Il s'exprime de façon spontanée et très sympathique, dans un français presque sans accent. Il nous apprend qu'il a fait ses études en France dans les années 1950 et qu'en plus, il est catholique pratiquant. Comme notre ami est de religion Shinto, nous sommes admiratifs devant la diversité et la tolérance de l'établissement. Un échange de cartes de visite et de cadeaux français nous permet de jeter un pont entre les peuples et les kilomètres.

Un pont entre les peuples et les religions ! 

Nous mangeons au restaurant universitaire, sous une tonnelle de glycines, en écoutant les vocalisations intenses des étudiants du cours de Kendo ! Nous ne pourrons à regret assister à leur cours, mais le souvenir des documentaires nous permet d'imaginer les combats au bâton, les costumes aux longues jupes noires et les impressionnants masques grillagés traditionnels. Après le thé et une discussion très détendue, nous laissons notre ami préparer son cours, pendant que son assistant nous accompagne pour une visite de la ville !

Cours de Kendo ! 

La ville d'Ashikaga est superbe ! Elle est blottie au milieu des collines, les petites rues pavées sont insérées entre les parcs, les jardins et les temples Shinto aux auvents de bois et aux étendards colorés de vert, de bleu et de rouge ! Tout est calme et silencieux et nous voilà revenus quelques 100 ans en arrière. On s'attendrait même à voir apparaître un Shogun en armure, à cheval, au détour d'une ruelle ! Nous grimpons sur les hauteurs de la ville pour admirer la beauté des parcs en fleurs ! C'est le chatoiement des Glycines !

La fête des Glycines (Fuji) au Parc d'Ashikaga !

C'est vraiment magique ! Même les tissus trouvés dans les boutiques s'associent aux couleurs de ces merveilleuses fleurs de printemps !

Nous approchons de l'école chinoise. C'est un bâtiment neuf, reconstruit à l'identique, sur le modèle d'une architecture extrêmement précise d'il y a quelques siècles, installé au milieu d'un jardin de bambous de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Un peu plus loin, un petit pont de bois et de bambous, nous permet de nourrir de superbes carpes Koï, vraisemblablement centenaires.

Ashikaga Gakko

Cette école est considérée comme la plus ancienne du Japon. On dit même que l’éducation scolaire aurait débuté ici et c’est qui lui aurait valu d’être classée site national historique.

Il y aurait plusieurs théories concernant la création originelle de l’école (c’est un peu flou même si on estime qu’elle devrait dater de 832) : Il s’agirait plutôt d’une académie ou d’une université qui accueillait à son apogée, dans les années 1500, plus de 3000 étudiants venus de tout le Japon. Promouvant l’apprentissage tout au long de la vie, l’esprit d’auto-enseignement, l’école était gratuite et ouverte à tout le monde même s’il s’agissait en majorité de moines, d’étudiants bouddhistes. Au programme? Des matières très éclectiques comme la médecine chinoise, la divination, les tactiques militaires et surtout le confucianisme.

Ashikaga Gakko ! 
Aquarelles d'Ashikaga ! 

Nous sommes en route, maintenant pour le Ryokan où nous logerons cette nuit. Trois jours de luxe nous serons ainsi offerts par l'université. Pendant toute la durée de notre séjour, elle va mettre à notre disposition, toutes les facilités et le confort le plus optimal. Nous avons été reçus comme de véritables ambassadeurs de la France. Qu'ils soient encore ici remerciés !

Nous apprenons que cette région est jumelée avec le département du Vaucluse. Climat et végétations vont de pair !

L'entrée du Ryokan apparaît derrière sa clôture de bambous tressés, digne des meilleurs films de Samouraïs. Luxe, calme et sérénité sont ici réservés aux hôtes de marque triés sur le volet ! Beaucoup de personnalités se sont reposées dans ces murs. Il y a une salle spéciale d'expositions pour que les artistes présentent leurs oeuvres ou les photos de leurs prestations ou de leurs films.

C'est une grande maison à 1 étage, entourée d'un magnifique et immense jardin de pierres, de verdure et d'eau, harmonieusement imbriqués en un savant mélange. L'art est de faire disparaître la technique au profit de l'esthétique ! Certains groupes de danse traditionnelle viennent y faire des présentations très remarquées.

Là où le temps s'arrête !

Nous sommes installés dans une chambre double avec de la moquette moelleuse et des Kimonos de nuit (Les Yucatas) sont installés à notre disposition sur le lit. Nous partagerons ce souper officiel en excellente compagnie, avec notre ami, son assistant et son épouse, un jeune cardiologue qui a fait ses études de médecine à Nice. Les quelques heures à genoux sur le tatami sont contraignantes, mais la vie japonaise mérite quelques sacrifices musculaires. Nous sommes assis sur des chaises avec dossier, mais sans pied, comme des coussins posés à même le sol !

Après le repas, la discussion à bâtons rompus se terminera tard dans la nuit, dans le salon occidental du Ryokan. Celui ci est décoré comme le serait l'appartement de "Sherlock Holmes" à Baker Street !

Tout y est ! Le violon, les portraits du "Maître", la pipe, les cornues de chimie !

Étonnante nuit où nous referons le monde, en langue anglaise, dans un salon à la décoration typiquement britannique, entre deux verres de Saké Japonais, à 10 000 km de l'Europe, entre amis de pays si différents. Et, dans le couloir, derrière la paroi en papier de riz, deux statues de Samouraï , armés jusqu'aux dents, nous attendent et veilleront sur notre sommeil toute la nuit !

Cette nuit, nous ne sommes ni Français, ni Japonais, ni Anglais, nous ne ressentons qu'un sentiment commun d'être "Humains" tous ensemble !

Ici, nous sommes tous " Citoyens du Monde " ! 
21
Les Murs ciselés des Temples de Nikko ! 

Mercredi 8 Mai .

Après un petit déjeuner, occidental pour nous, plus asiatique pour nos amis, qui se régalent de riz chaud cuit nature, de pickles au vinaigre et de thé vert salé, nous prenons, en voiture, la direction des Temples de Nikko, qui se situent à 2 h, au nord de Tokyo.

Le trajet nous semble court, car la voiture est confortable, la musique relaxante et l'amitié vraiment apaisante ! Malgré notre difficulté à nous exprimer en Anglais, nous devisons agréablement.

Les montagnes qui nous entourent, nous donnent une image des Alpes japonaises, avec des gorges profondes, une végétation luxuriante, des cascades et des lacs qui s'y étendent. Les petits villages sont nichés dans les vallées fleuries d'azalées, roses, rouges et blanches. Nikko fait partie de ces sites grandioses que l'on n'oublie pas !

Dans la Vallée de Nikko ! 

Au milieu des pins, à flanc de montagne, au coeur des bosquets d'azalées et de rhododendrons, les divers Temples qui nous apparaissent, semblent nous attendre de toute éternité.

Nous passons sous le grand "Torii", rouge et blanc, qui garde l'entrée de chaque lieu sacré du Japon, puis nous avançons pour nous purifier les mains et la bouche, avec une louche en bois de "Gingko Biloba", (L'arbre Sacré du Japon) que nous plongeons dans l'eau fraîche du "Tsukubaï " traditionnel. Il s'agit d'une pierre ou d'un rocher, creusé sur le dessus contenant l'eau pure d'une fontaine ou d'une source !

Les Tsukubaï ! 

Nous sommes alors autorisés à gravir les 207 marches qui mènent au tombeau du Shogun "Tokugawa Ieyazu", au bout du Chemin de la vie ! Ensuite, nous allons réveiller les "Dieux" !

Le Tombeau du Shogun ! Du monde pour la visite, n'est ce pas ? 

Notre visite se passe juste au même moment qu'une cérémonie d'actions de grâce et nous avons tout le loisir d'admirer les rituels et les costumes traditionnels, des "Kannushis", les prêtres Shintos agitant leurs plumeaux de papier blanc, accompagnés de leurs jeunes servantes, en rouge et blanc, sous les fumées de l'encens !

Cérémonies et prêtres Shinto ! 
Jeunes Prêtresses Shinto ! 

Nous reprenons notre découverte au "Temple du Dragon qui pleure ! "

À l'entrée, des billets d'horoscope chinois nous prédisent un bonheur de longue durée ! C'est toujours mieux que la météo ! Pour cet horoscope, Pascal est lapin , le Dr K. est un Rat, et moi, je suis Dragon !

À l'intérieur du Temple, sous une magnifique coupole sculptée, couverte d'or et de stucs, nous tapons 3 fois des mains , le bruit retombe en pluie, comme des pleurs ! Magique !

Le Temple du Dragon qui pleure et la Pagode à 5 étages ! 

De retour dans les jardins, nous pouvons admirer toute la beauté des sculptures et de l'architecture des Temples de Nikko ! C'est un ensemble de style "Thaï" , qui plaît peu aux Japonais. Il y a trop de dorures, de sculptures, de bas-reliefs colorés, de stucs et d'entrelacs en tous genres. Le style épuré noir et blanc des Villas Impériales traditionnelles, n'est ici pas de mise !

Mais, les touristes sont fascinés par le travail du bois, les charpentes entrelacées, sans clou, ni vis et toutes les façades décorées. Les heures de travail sur ce site ont dû être innombrables !

Les charpentes de bois entrelacés ! 

Nikko, un site classé à l’UNESCO

Les trois lieux classés sont : le sanctuaire Tōshō-gū qui abrite le mausolée de Ieyasu Tokugawa (à l’origine du shogunat éponyme) et les temples Rinno-ji et Futarasan-jinja fondés au 8e siècle par le moine Shodo Shonin, à l’origine de l’introduction du bouddhisme à Nikkō.

le sanctuaire Tosho gu, un patrimoine mondial

D’une beauté à couper le souffle, le sanctuaire vaut à lui seul le détour ! La douzaine de bâtiments qui le composent sont très colorés et recouverts, en partie, de feuilles d’or. Le complexe abrite 55 styles d’architectures différentes dont 8 « Trésors nationaux » et 34 « Biens culturels importants ». Un style flamboyant inhabituel pour un lieu de culte japonais, qui le rend unique. On dit qu’il aurait fallu entre 40 et 100 milliards de yen actuels pour créer le site ! Et pour cause : les artisans les plus célèbres de l’époque ont été recrutés pour façonner, sculpter et peindre les bâtiments du sanctuaire.

Le Gardien du temple ! 

Terminant notre visite, nous sommes attirés par la "Maison des Prêtres ", dont la porte est ouverte.

Une jeune femme vient d'arriver au volant d'une voiture "Honda"rouge, flambant neuve. Un "Kannushi", tout enrubanné commence à bénir, de son plumeau sacré, la voiture, son habitacle, le moteur et sa propriétaire. Un peu interloqués, nous restons à les regarder. Ce spectacle est étonnant !

Notre ami nous explique que la religion fait ici partie de la vie quotidienne de tout Japonais moderne et ces rituels sacrés permettront à cette jeune femme et à sa voiture de ne pas avoir de panne, ni d'accident.

Les prêtres ont un très grand pouvoir encore actuellement et bien des buildings ne sont construits qu'avec leur accord, sur un site spécifique et avec une orientation particulière. Tout cela sera, bien sûr, accepté sans broncher par les architectes !

Nous finissons la soirée dans un restaurant français à la décoration "Belle Époque" dans le parc de Nikko !

Ce repas gastronomique, offert à notre ami, digne des plus grandes tables françaises, est servi dans de la porcelaine de Limoges, les couverts sont en argent et les verres en cristal sont de Sèvres !

Nous ne savons plus où nous sommes, d'un pays à l'autre, les Mondes s'emmêlent et se rassemblent ! Quel Pays !

Paix et Sérénité d'un Monde à l'Autre ! 
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Belle journée lumineuse et sereine ! 

Nous voilà de retour pour notre première nuit dans le plus grand Ryokan de la ville. Une Mercedes est garée devant cette belle villa de 3 étages. Une armada de servantes en kimono nous accueillent dans l'entrée, où, pour la énième fois, nous quittons nos chaussures, pour les sandales d'intérieur japonaises.

Il est à noter que, si vous voulez être à l'aise au Japon, vous devez, avant le départ, vous munir d'une quantité de chaussettes suffisamment nombreuses et originales, pour vous sentir à l'aise en toutes circonstances. À cet effet, j'ai fourni à Pascal un certain nombre de paires de chaussettes de marque "Achille", avec des décors de dessins animés, "Tex Avery", de "Geishas", de "Disney", de "Betty Boop", de telle manière qu'il ne pouvait passer inaperçu. C'était l'occasion d'une franche rigolade ! Et nous avons lancé la mode !

Le personnel se précipite sur nos bagages et nous conduit dans un dédale de couloirs plein de recoins, de pièces séparées par des cloisons (Shojis) de papier de riz, vers une suite qui nous est réservée.

Tout est feutré, silencieux et si discret que durant tout notre séjour, nous ne verrons aucun autre client de l'hôtel ! L'impression qui s'en dégage est celle que nous sommes les seuls clients privilégiés de cette villa de luxe. À côté de l'établissement, se trouve un Musée, au milieu d'un parc naturel, qui côtoie un des 17 Temples Bouddhistes parrainant l'Université d'Ashikaga.

Notre suite comporte deux salons et chambres à coucher, où nous attend du thé vert, servi au bord d'un petit patio donnant sur le jardin. Nous sommes en admiration devant la délicatesse du service et la qualité des prestations dont nous bénéficions. Avec un peu d'amertume, nous évoquons la réalité de nos réceptions françaises, lors de la visite de nos homologues étrangers. Nous avons encore beaucoup à apprendre du savoir-vivre asiatique.

Le Jardin du Ryokan ! 

Nous voici plongés dans la vie japonaise la plus traditionnelle, où tout geste doit être pensé, pesé, et symbolique ! Pas de place pour les faux-pas !

Nous sommes donc conviés à prendre un bain traditionnel à la japonaise, avant de nous rendre, en yucata, le kimono d'intérieur, dans un salon particulier pour un repas de cérémonie. Nous remercions le personnel, qui s'explique avec notre ami. Un fou-rire se déclenche quand il nous traduit les paroles de nos hôtes. Nous parlons très bien le Japonais, sans accent, mais nous ne comprenons absolument rien aux réponses qu'on nous fait. Nous avons vraiment raté la deuxième leçon de Japonais de Tadao. Mais il paraît que nous sommes charmants ! Merci beaucoup ! Domo Aligato !

Les salles de bain à la japonaise ! 
Les bains de pétales de fleurs ! 

Nous apprenons que les bains pris en commun, toutes les femmes ensemble et tous les hommes ensemble dans des salles de bains spéciales, sont réservés aux autochtones et nous en sommes soulagés.

La salle de bain comporte un petit salon-vestiaire avec le nécessaire de démaquillage, les serviettes, le shampoing et les savons indispensables. En pénétrant dans la salle de bains, notre coup d'oeil circulaire enregistre les miroirs au mur avec, devant chaque glace, un baquet en bois, avec sa louche, une grosse éponge végétale et des robinets d'eau chaude et froide, avec un petit banc de bois pour s'assoir et se savonner. le sol et les murs sont carrelés du haut en bas et toute l'eau est évacuée par des petites bouches à même le sol. La pièce est grande comme un salon. Dans le fond de la salle, une baignoire surélevée, recouverte à demi de son couvercle de bois, nous attend. Les vapeurs chaudes et parfumées nous appellent à la détente.

Nous devons respecter l'ordre chronologique de la cérémonie du Bain Japonais !

En premier, après le démaquillage, nous devons effectuer un shampoing et un savonnage approfondi à l'éponge, puis un rinçage soigneux avec la louche et le baquet de bois, devant le miroir. Ensuite parfaitement propres, nous pouvons nous plonger dans cette baignoire commune, emplie d'eau brûlante et couverte de pétales de fleurs embaumant la pièce ! Elle s'utilise comme un "Jacuzzi", pour le délassement, mais titre au moins 40°, attention aux cardiaques ! Nous ne pourrons y rester que quelques minutes, faute de quoi, nous ressemblons très vite à des écrevisses ! Elle ne sera vidée qu'à la fin de la journée !

Le coeur cogne malgré tout ! Mais il recogne de plus belle en sortant du bain pour regagner le vestiaire !

À mes pieds se déplace un "Mukade" ! C'est une sorte de mille-pattes de 10 cm de long, de couleur rouge et noir ! Je hurle ! Au Secours !!!!!

Je vous le promets, il va me sauter dessus !!!!! Horreur !

À mes cris, Pascal accourt, mais il a des difficultés à occire l'animal à coup de chaussure ! Quelle sale bête ! La piqûre de cet animal serait assez dangereuse paraît il ! Que d'aventures !

Mais nous restons imperturbables, en sortant de la pièce pour nous rendre dans le salon particulier pour le repas du soir !

Le Mukadé, quelle sale bête ! 

Notre ami nous attend, à genoux sur le tatami, devant une table basse, laquée de noir et rouge. Nous prenons place à genoux également, après les courbettes d'usage ! La serveuse en kimono nous apporte de l'eau, des serviettes chaudes et parfumées, de la bière, du Saké et du thé vert. Viennent ensuite le potage aux fleurs de cerisiers et les alcools chinois très forts qui titrent 45° d'alcool. Les plats se suivent à intervalles réguliers, ils nous semblent innombrables, nous en compterons plus de 40.

Les mets arrivent en très petites quantités, nombreuses et variées, dans des bols à sauce, des petites assiettes à dessert décorées d'or ou d'argent, ou en "Cloisonnés", c'est à dire émaillées sur un support d'or ou d'argent !

Tous les goûts sont mêlés. Poissons, brochettes, potages, grillades, salés, sucrés, en alternance, nous mastiquons des petits bâtonnets de raifort "Wasabi", ou de piment, permettant de séparer les goûts et de différencier les saveurs. Nous aurons même les honneurs du foie gras du Périgord, du sorbet à la framboise servi dans de l'eau de vie de framboise, juste avant un bol de saumon fumé de la Baltique et du riz aux algues dans du thé chaud ! Tout est bizarre, mais savoureux ! Nous aurons même le droit à un vrai dessert ! Des fraises à la crème !

Ce repas est une réplique d'un menu de mariage et a été préparé en notre honneur par le chef ! Merci beaucoup !

Nous rejoignons nos chambres, où des serveuses nous apportent des boissons et de l'eau fraîche pour la nuit. Puis de cette lointaine chambre de Ryokan, au fin fond du Japon traditionnel, nous reprenons des forces pour continuer le voyage.

Par tous les temps, quelle merveilleux pays ! 
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Le Mont Fuji rose ? Vous voulez des Glycines roses ? Mais non, ce sont des Sakura ! 

Jeudi 9 Mai.

Après avoir quitté notre superbe Ryokan, nous prenons la direction de Tokyo, pour rejoindre l'autoroute, qui en 3 h, nous amènera au bord du lac de Hakone, où nous espérons apercevoir la silhouette du Mont Fuji.

Nous croisons beaucoup de camions assez imposants comme aux USA. Ils possèdent au-dessus de la cabine du conducteur, 3 phares de couleurs différentes. Ils s'allument afin de signaler, par un code connu de tous, la vitesse à laquelle ils roulent. De cette manière, les dépassements se font toujours sans danger, car les conducteurs venant en sens inverse, peuvent régler leur vitesse de dépassement sur celle indiquée par le camion. Encore une leçon de civisme adaptée au code de la route !

Les ponts suspendus ! 

Nous traversons Tokyo par toute une série de ponts suspendus, qui s'imbriquent et s'élèvent les uns au-dessus des autres. C'est très impressionnant, car il y a des bouchons un peu partout et le flot ininterrompu des voitures provoque des mouvements de roulis et de tangage des différents viaducs surplombant les maisons. Cela semble nous donner une petite idée de séisme. Eh bien, c'est très désagréable, mais heureusement de courte durée !

Nous quittons Tokyo, et au bout de quelques heures de route, nous pénétrons dans une zone de montagne, escarpée et sinueuse. Nous avons choisi la voiture, mais il existe d'autres alternatives pour atteindre la vallée d'Owakudani, dans la préfecture de Kanagawa, lieu privilégié de sources chaudes volcaniques sulfureuses, où on vient faire cuire dans les eaux brûlantes, des oeufs durs ( jude Tamago ) qui deviennent noirs sous l'effet du soufre et vous garantissent 7 ans de vie supplémentaire, à chaque fois que vous les mangez. Nous en avons mangé 3, ce qui nous permettra de gagner encore quelques années à "amuser la galerie" !

Nous avons fait, lors d'un autre voyage, le trajet en train, puis en train à crémaillère, puis en funiculaire, en téléphérique, pour terminer la descente vers le lac de Hakoné où nous avons effectué la traversée sur un bateau de pirate. Un vrai voyage de "Jules Verne" !

Toujours aussi jolis, les transports Japonais ! 

Et si vous avez le "Coeur Pur", le Mont Fuji s'offrira à vous, dans toute sa splendeur !

En voici un florilège ! 
Et à toute heure ! 
Même la Nuit ! 

Nous repartons en visitant un Musée de peinture de Hakone, où nous admirons la délicatesse des peintres de l'époque "Edo": Hokusaï, Hiroshige ...

Puis nous faisons une pause-histoire au "Check-Point", un ancien poste de douane, où les individus tentant de passer d'un "Shogunat" à l'autre sans autorisation, étaient décapités. Karrglll !!! Les photos en noir et blanc nous indiquent que cette époque n'était pas si lointaine.

Le Musée du Check Point de Hakone ! 

Dans la soirée, nous prenons la route pour retrouver Tadao à Hachioji , petite ville où nous dormirons. Sur la route, nous prenons le temps de s'enthousiasmer de ce qui fait la richesse ancestrale du Japon, les rizières et les champs de thé !

Du Thé et du Riz ! 

Nous devisons toute la soirée dans l'atmosphère intime d'un "routier sympa", où Pascal se battra en duel avec des "Sashimis" de seiches et de poulpes impossibles à mastiquer, en louchant désespérément sur mes "Gambas" grillées ! Tout cela passera, quand même, à grand renfort de "Asahi et Kirin Biru", associées à du Saké de Hiroshima et nous terminerons cette journée "Coeur Pur", comme beaucoup de japonais, c'est à dire, bien gais ! Nous préparons des cartes postales pour les amis français, le courrier sera acheminé de notre hôtel vers un autre, qui se charge de la poste. Pas de concurrence de ce côté là, non plus ! Quelle liberté d'esprit !

Nous quittons notre ami, le Dr K., pour préparer notre séjour du lendemain vers les "Alpes Japonaises" ! Nous découvrirons la région de Matsumoto, en passant par Kamikochi, jusqu'à "Hakuba", dans la Pension Azumi mula, dans cette petite station de ski dans le parc de Norikura.

Nous faisons voyager nos bagages avant nous par une société de transport, ce qui permet d'éviter le poids supplémentaire dans les trains. Il s'agit toujours de régler les détails avec le summum d'organisation et d'efficacité !

Et maintenant, bonne nuit !

Les Rizières de Kyushu ! 
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La rivière Azuza, dans le parc de Kamikochi !  

Vendredi 10 Mai, Vers Kamikochi !

Après 5 mn de marche vers la gare, nous attendons tranquillement le train JR Line pour Matsumoto , dans la préfecture de Nagano. C'est un petit train de banlieue qui nous amène dans une gare qui fait également office de Marché aux fleurs. Cette ville regorge de trésors cachés, Châteaux à étages, Spectacles de "Samouraï", champs de production de "Wasabi", cette racine de raifort, qui, avec la sauce au Soja, sont les condiments les plus prisés de la cuisine japonaise. Les découvertes sont nombreuses et toutes plus originales, les unes que les autres.

Y compris ce magnifique village de "Shirakawa-go", composé de maisons à toits de chaume, constructions ancestrales obligent ! Un véritable "Écomusée" !

Les Maisons ancestrales aux toits de chaumes !  
Shirakawa-go !  

Le temps passe vite et, à regret, nous quittons cet espace de paix pour reprendre un train dans la gare de Shin Shima Shima, où nous laissons les bagages à main à la consigne pour se restaurer dans un "Routier Sympa".

Le bus arrive. Le conducteur, assez jeune, descend et se fait remplacer par un nouveau conducteur plus âgé. Tout un cérémonial se met alors en place ! Salutations, courbettes, reculs des 2 personnes et de nouveau, salutations et courbettes presque jusqu'au sol ! Que de civilités, ça dure un long moment , puis le jeune conducteur continue à saluer le bus, avec de multiples courbettes cérémonieuses jusqu'à ce qu' il soit complétement disparu. Étonnés, nous interrogeons Tadao, qui nous explique que notre chauffeur plus âgé effectue avec nous son dernier voyage, juste pour son départ à la retraite et qu'ainsi, tous ses collègues plus jeunes lui rendront un hommage respectueux à chaque gare et arrêt sur le trajet en cours ! Merveilleuse reconnaissance de plusieurs dizaines d'années de travail accompli !

Quand la Gare de Matsumoto devient un marché aux fleurs !
Au Chateau de Matsumoto ! 
Les champs de Wasabi dans la vallée de Matsumoto ! 
La Vallée de Matsumoto ! 

Nous décidons de faire la visite du parc dès cet après-midi et installés sur des strapontins du bus, nous arrivons bientôt dans ce coin de paradis nommé Kamikochi !

Cascades, Verdures, sentiers de randonnées, petits lacs, sources claires, routes sinueuses, ce parc correspond aux rêves les plus fous des passionnés de montagnes, d'écologie, de photographies et de nature préservée ! La réalité dépasse largement toutes les documentations que nous avions pu lire sur le sujet, ainsi que les livres feuilletés avant le départ. Après 2h de pur bonheur, nous reprenons le bus en longeant la rivière Azuza, qui serpente, claire comme du cristal.

Dans les Alpes Japonaises ! 
Kamikochi ! 
La rivière Azuza à Kamikochi ! 

De retour à la gare de Shin Shima Shima, le bus nous amène à un carrefour où une camionnette nous attend, avec une précision digne de la Suisse, pour nous transférer à notre hôtel ! Nous arrivons dans le petit village de Hakuba, où les pensions de familles et les hôtels pour "fous de ski" , se nomment les Edelweiss ou Grindelwald ... Le délire continue !

Nous sommes accueillis dans une superbe pension de famille, dans un immense chalet montagnard tout en bois, au décor Suisse, mais à la réception très japonaise ! Dans le salon, il y a une grande corne de montagne, cet instrument de musique, qu'en France on nomme, le "Cor des Alpes" ! Au mur est accroché un "Coucou" Suisse et dans la prairie face au chalet, les marmottes jouent à "Saute-Rochers" ! Une immense photo de la petite fille des propriétaires, jouant dans un champ de coquelicots, trône dans le salon ! C'est magnifique !

Le repas sera "Alpin" également, avec de la soupe à l'oignon et son fromage, un steak aux petits légumes, de la salade et une glace au melon !!! Et comme nous ne sommes plus à une décadence près, avant de rejoindre notre chambre lambrissée, meublée à l'occidentale, nous finissons la soirée en refaisant le monde avec le propriétaire, en buvant du cognac Français et en visionnant les derniers dessins animés japonais des deux meilleurs animateurs : Miyasaki et Takahata : "Mon voisin Totolo" "Michi la petite sorcière" et en Japonais, s'il vous plaît !

Nous voilà près pour la randonnée de demain !

C'est vraiment superbe ! N'est ce pas ?  
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Splendide et Poétique Nature ! 

Samedi 11 Mai 1991

Le petit déjeuner occidental, dans notre pension de famille "Alpino-Nippone", nous donne des forces pour la future randonnée qui s'annonce. Notre hôte nous a concocté un circuit magnifique dans le parc du Mont Norikura : Une promenade pédestre au milieu des bois de bouleaux, dans cette réserve naturelle protégée , emplie de plantes alpines référencées.

Nous commençons par 3h de marche, longeant des rivières, des cascades, des forêts de bouleaux aux feuilles encore absentes, en cette saison trop printanière. Nous avançons avec précaution sur les caillebotis sur pilotis, prévus pour protéger les champs de "Mizubashos" sauvages. Ce sont de petits "Arums" très rares par ici et sérieusement bichonnés. Nous admirons cette nature préservée en profitant pleinement de ce moment de bonheur et d'amitié ! Tout est apaisant, vivifiant et source de détente et de beauté ! Quelle paix ! Merci, les amis, de nous offrir un tel cadeau !

Les Mizubashos !  

Nous nous arrêtons sous un auvent de bois protecteur, car il fait chaud et le soleil est vif aujourd'hui ! À la buvette qui y est accolée, nous dégustons un repas barbecue typique, en faisant griller avec des baguettes, des côtes de mouton entières sur un réchaud à gaz, tout en buvant du lait frais des vaches des pâtures voisines !

Nos voisins sont si étonnés de voir des occidentaux participants au repas avec des baguettes, que nous sommes félicités, filmés et photographiés comme des curiosités. Nous rentrons tranquillement à l'hôtel en passant par les pistes de ski. Le soir, nous découvrons que le patron nous a lui-même cueilli, dans les champs alentour, les fleurs qui décorent notre table et nos chambres.

Dans les environs, les magasins sont ouverts une demi-heure avant l'heure prévue, sur simple demande des clients par téléphone ou en frappant à la porte, sans notion de dimanche ou de jour férié. Ici, le respect de l'autre atteint son maximum !

Luxe,  calme et Beauté !  

Nous n'aurons cependant pas le temps de visiter le parc des "Onsen". Ces sources chaudes et sulfureuses sont des bains publics en plein air, où l'on peut se baigner dans de l'eau brûlante, au bord des rochers enneigés, l'hiver ! Quel décor ! ce sera pour la prochaine fois !

Ça donne envie, n'est ce pas ?  

Nous sommes si loin de la vie folle d'Osaka ou de Tokyo, des pompes à essence accrochées au plafond des stations, des architectes "fous" qui inventent de manière de plus en plus délirante ! Le dernier projet en date, serait celui d'un immeuble d'Osaka, placé au coeur de la ville et qui aurait 2000m de hauteur ! Oui, vous avez bien lu, 2km de hauteur ! Même si une partie est enterrée, c'est tout un programme ! Et un ascenseur contenant une salle de cinéma, serait prévu pour la montée et la descente, afin de faire patienter les clients pendant les 45 minutes, durée nécessaire pour atteindre les derniers étages. Un autre projet fou est celui d'une autoroute construite au-dessus de la Mer du Japon et longue de 300 km ! Cristo et ses enveloppements de tissu rose des ponts parisiens, peut aller se rhabiller, pour comparer les projets les plus farfelus !

Dans les rues de Takayama ! 

Dimanche 12 Mai 1991

C'est déjà le départ, tôt le matin, vers 7h, un taxi nous emmène à 2200m, à travers les cols des volcans enneigés, mais aussi enfumés de vapeurs, signes de leur constante activité. Nous passons près du "Yakedake", dont la dernière éruption date de 1962, jusqu'à la petite ville de "Takayama", près de la Mer du Japon.

Nous y passerons quelques heures à faire du shopping et à visiter les temples colorés traditionnels où trônent les Dieux protecteurs des enfants. Par le train limited-Express, nous arrivons à "Toyama" ,où nous réservons nos billets du train de retour vers Osaka. Puis, nous arrivons à "Kanazawa", Ville-Jardin, emplie de temples et de parcs, les protégeant des promoteurs immobiliers trop gourmands. Ici, les temples et leurs étendues de jardins qui ne peuvent en aucun cas, être constructibles sans l'autorisation de tout un collège de prêtres. Ce n'est pas demain la veille, qu'ils donneront leur autorisation et c'est très bien comme ça !

 Dans les parcs de Kanazawa ! 
Le Parc du Kenrokuen ! 

Le parc du "Kenrokuen" , est connu pour la beauté de sa réalisation, ses entrelacs de bambous protégeant les arbres centenaires du poids des ans et de la neige, et pour ses lanternes spéciales "Toros", illuminant les massifs et les lacs ! Nous sommes en admiration devant le travail des jardiniers et des sculpteurs, leur précision et leur talent !

Les lanternes de Kenrokuen ! 
Magnifiques jardins ! 

Ici, tout est beau, délicat et d'une esthétique poussée à l'extrême ! Même les descentes de gouttières des maison de thé sont aussi esthétiques qu'efficaces ! Ce sont les "Katsuri-Doï" !

Au Japon, même les descentes de gouttières sont belles ! Alors, on les a ramenées en Picardie !  

Ces chaînes de pluie, appelées" Rainchain" dans les pays anglo-saxons, sont présentes partout et surtout sur les bâtiments traditionnels, où elles guident les eaux de pluie, en cascades scintillantes et cristallines. L'hiver, elles se transforment en cascades de glace gelées. Au Japon, elles sont faites en bronze et maintenant en résine. D'autres pays les ont créées en cuivre rouge. Elles représentent les calices des fleurs symboliques, comme les nénuphars, les lotus ou les chrysanthèmes, les tulipes ... C'est magique !

Nous finirons notre visite de Kanazawa, avant notre retour à Osaka, en nous attardant dans les petites rues anciennes, bordées de "Maisons des Samouraï", conservées précieusement pour l'Histoire, la Culture et les Films !

Quant au retour, comme nous sommes décidément d'incorrigibles délinquants Français, nous rentrerons par le dernier train, en ayant de nouveau dérangé le préposé de la gare, pour récupérer nos bagages à la consigne qui venait de fermer et sauter dans le wagon avec 5 minutes de retard ! Ouf !!!

Speedy Gonzalez a certainement des cousins japonais !!!

Dans les rues des Maisons de Samouraï !
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La Belle en Kimono ! 

Lundi 13 Mai 1991

Après une matinée de détente qui nous fait du bien, nous prenons le train pour Namba. Pascal est très fier d'avoir réussi à demander son chemin en Japonais et d'avoir été compris.

Nous nous rendons au Grand Magasin Takashimaya, où nous attendent Fumiko et la maman de Tadao, pour l'achat du Kimono de la mariée.

Takashimaya, Temple du luxe et du Shopping !  

À notre arrivée, nous sommes conduits dans un salon particulier, entièrement lambrissé, avec, trônant en son milieu, une immense table de bois très longue, entourée de fauteuils de cuir à l'anglaise. Installées chacune dans un fauteuil, Mme M. et Fumiko nous attendent, gardées par 2 vendeurs du magasin, debout derrière elles.

Sur la table sont installées des pièces de tissu de kimono, en soie sauvage, de toutes les couleurs, pailleté d'or et d'argent, scintillant de tous leurs feux ! C'est le moment du choix du tissu du Kimono de la mariée ! Et on me demande mon avis ! Je suis vraiment très honorée !

Fumiko me fait avancer les pièces de tissu, qui se déroulent devant moi en coulant sur la table comme un arc en ciel coloré. Tout est magnifique, chatoyant de lumière ! Elle me demande mon avis, sur la beauté des couleurs, le tracé des fleurs, la douceur de la soie !

Nous choisissons ensemble une soie vert amande, sans motif placé, couvertes de petites branches de cerisiers en fleurs blanches et rose pâle ! Comme les cerisiers au printemps ! On nous félicite de ce choix judicieux, tout en délicatesse ! Je pense que Fumiko fera une magnifique mariée dans un kimono de cette couleur ! Les pièces de tissu repartent dans les réserves du magasin et le gérant revient avec des plateaux portant le thé de cérémonie, des petits gâteaux, dans un délicat service de porcelaine. Nous discutons tranquillement de notre acquisition.

De toutes les formes,  
Et de toutes les couleurs, les Kimonos sont très présents partout !  

À ce moment, Tadao nous traduit le discours de sa maman qui s'adresse à moi, sur un ton très solennel ! Même les vendeurs du magasin se sont redressés d'un geste encore plus guindé que lors de notre arrivée. Il doit se passer quelque chose d'important, encore un discours à faire ?

Non, simplement, Tadao m'explique qu'il y a une confusion, ce tissu de kimono n'est pas pour la mariée, mais pour moi. C'est un cadeau d'amitié, offert par les 2 familles. Le souffle me manque ! Quelle gentillesse !

Rapidement, je calcule le métrage du tissu pour faire une petite jupe, mais sidérée, une grande boîte revient dans les mains de Mme M. qui me l'offre avec le sourire ! Je m'inquiète de la taille du paquet et j'apprends que l'on ne coupe pas un rouleau de tissu de kimono, on l'achète entier ! Ah Bon ! Et il y en a 12 mètres ! Heureusement que je suis assise ! Multiples et multiples courbettes et remerciements, Domo Aligato, chers amis ! Promis, j'utiliserais tout ce tissu, dès mon retour en France, pour vous faire honneur lors de ce mariage ! En attendant je reprendrais bien une tasse de ce délicieux thé pour me remettre de mes émotions !

Alors que je tremble encore d'émotion, sous le regard amusé de nos amis, Mme M. nous emmène, sans faiblir, dans les 8 étages du magasin pour continuer ses emplettes.

Nous les finirons dans une boutique de fabricants de poupées japonaises traditionnelles pour les filles et de costumes de samouraï pour les garçons. Là aussi, nous aurons droit, assis au milieu des tissus, des poupées et des armures et sabres pour enfants, au thé de cérémonie et aux petits gâteaux de fête, offerts aux clients de marque ! Et nous n'oublierons pas les chaussures de Geishas et les Zoori ( Sandales ) pour nos amis.

Nous sommes étonnés, car les achats que nous avons fait ont tous disparu. Ici, on achète, on paye et on repart à un autre étage, les mains libres ! Quid de nos achats ? Eh bien, ils sont emballés avec précision dans un délicat pliage d'origami ou dans une boîte décorée et ils vous attendent, dans les mains d'un vendeur, devant votre voiture, qui sera descendue électroniquement de l'ascenseur à voitures, faisant office de parking.

Les chaussures de Geishas et les Zoori !  

Pendant les soirées passées entre amis, nous avons évoqué beaucoup de sujets qui nous semblaient typiquement japonais et originaux. On peut démystifier quelques idées reçues sur le Japon traditionnel !

Connaissez vous les " Tayus " ?

Souvent confondues avec les Geishas, formées à la culture et la musique, Les " Tayus " étaient les prostituées de "Haut Rang" , directement liées aux Empereurs ou aux membres des familles dirigeantes. Elles vivaient dans les "Quartiers des Plaisirs", des grandes villes impériales. Ces quartiers étaient clos, les portes s'ouvraient de 17 à 24 heures. Les divers établissements autorisés à commercer à l'intérieur des murs, étaient gardés par de la milice privée, les fameux "Yacuza", qui, également, supervisaient la partie économique, commerciale et tous les transports du pays.

Souvenirs de printemps ! 

Pour terminer cette étape par une note d'humour, en restant dans le Japon traditionnel, je vais vous raconter comment " Le Lapin devient un oiseau ! "

Dans la langue japonaise, un suffixe est attaché à chaque classe d'objets, suivant des thèmes spécifiques. Ainsi, tous les animaux qui marchent, qui volent, se voient attribuer le suffixe "patte" ou "aile", sauf dans un cas très particulier : " Le lapin ", qui se voit attribuer le suffixe des " Oiseaux " !!!

Autrefois les moines, comme dans beaucoup de sociétés, étaient les détenteurs des écritures des textes sacrés. Cependant à l'époque la tradition leur interdisait de manger la chair d'animaux à 4 pattes. Puisqu'autour des temples les lapins pullulaient, ils ont contourné la difficulté en décidant que le mot lapin serait référencé avec le suffixe des oiseaux. Le lapin devenu oiseau pouvait se consommer sans offenser les Dieux, qui n'en demandaient pas tant ! Aujourd'hui encore, les lapins se comptent avec le suffixe " Ailé " ! Ah, que ne ferait on pas, pour calmer son estomac !!!

À l'entrée du Temple !  
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Sur les chemins de Kamakura !  

Au cours du temps qui passe !

Notre dépaysement est toujours à son comble ! Les différences de modes de vie, de coutumes et de traditions sont si importantes que nous avons du mal à gérer toutes ces informations et je m'efforce de noter à chaque fois tout ce qui me semble si différent !

En voici donc un concentré pour vous permettre de vous repérer dans ce Japon d'hier et d'aujourd'hui !

Totalement liés, le Passé et le Présent !

L'image qui reste la plus présente à mon esprit, pendant tout ce voyage, est celle du lien si fort entre les traditions du passé et les besoins de la modernité d'aujourd'hui ! Cet accord est permanent entre ces temps qu'en occident nous opposons quotidiennement. Ici, rien ne les éloigne, pas de priorité de l'un sur l'autre, tout est réfléchi, choisi, pesé dans cette harmonie toute asiatique ! Et ça marche !

Tokyo vue du ciel !
La Mariée à la flûte !
Le Présent et le Passé sont toujours liés ! 

L'exemple le plus frappant qui nous a été donné, est celui de la rencontre avec une équipe de travaux d'un building en construction, dans le centre de Tokyo, prés du "Park Yoyogi " ! Il s'agissait de la construction d'un immeuble de 40 étages. L'équipe au grand complet se composait de l'architecte, du promoteur, du chef des travaux et d'un personnage tout de blanc vêtu, un chapeau en forme de barque noire renversée sur la tête, affublé d'un chasse-mouches en papier de soie d'un blanc immaculé, qui n'était autre qu'un "Prêtre Shinto" !

Nous sommes restés un long moment à les regarder, se déplacer, s'interroger, discuter avec force courbettes et un pas de recul, un pas de côté, dans une chorégraphie très compliquée qui nous interpelait.

Après quelques instants, nous avons interrogé notre ami sur cette cérémonie bizarre. Visiblement la construction et l'emplacement même du nouvel immeuble d'une très prestigieuse banque internationale posaient quelques problèmes ! Non que les talents de l'architecte, sa compétence ou celle du chef des travaux soient remis en cause. Non, c'était le prêtre Shinto qui n'en démordait pas ! Cet immeuble, construit sur le terrain d'un ancien temple, n'était pas dessiné suivant les règles élémentaires du Feng Shui et/ou du Shintoïsme ! Bref ! Il ne changerait pas d'avis ! Cela ne se fera pas, sauf si on déplaçait l'immeuble de 5 mètres vers la droite et qu'on le tournait d'un quart de tour à gauche, Na ! Eh bien, croyez moi si vous le voulez, tout le monde a cédé et ce magnifique édifice de 40 étages s'est déplacé suivant l'ordre du prêtre ! Tout le monde étant content, ils sont tous allés fêter leur accord d'une tournée de Saké au petit bar du coin ! Ça, c'est ce que l'on suppose ! Vous imaginez la même scène chez nous, en accord avec le curé de la paroisse ?

Quant aux buildings, construits avec des normes antisismiques, certains sont conçus sur le modèle des bambous, un étage correspondant à un noeud de cette plante et comme elle, creux à l'intérieur ! Ils plient, se balancent lors des séismes, mais ne rompent pas ! En plus, vu de l'intérieur, c'est magnifique !

Intérieur de la Banque Sumitomo
Eh oui, ça travaille là dedans !
Esthétique, ergonomique et sécuritaire !  

En parlant de sécurité !

Je vous ai déjà signalé l'absence de criminalité et d'incivilités sur le sol japonais ! Que c'est agréable de se promener sans risque d'être attaqué ou volé même dans cette ultra-mégapole qu'est Tokyo !

Il est possible et même fréquent vers 22h le soir, de croiser de jeunes enfants d'une dizaine d'années ou même moins, rentrant seuls de certaines écoles, les "Jukus", c'est à dire, littéralement, "L'école après l'école" ! Ce sont des lieux de travail pour des révisions supplémentaires que les parents imposent régulièrement à leurs rejetons ! Pas question de toucher à un cheveu des enfants, ils se promènent dans la nuit sans danger ou menace d'aucune sorte !

De la même manière, si un touriste, un peu tête en l'air, a le malheur d'oublier sa caméra ou son téléphone sur la table extérieure en terrasse d'un petit-bistrot-cantine-du-coin, il est des plus probables que revenant le lendemain, il ne le retrouve pas au même endroit, mais rentré à l'intérieur du bar, posé sur le coin du comptoir, parce que la météo avait prévu de la pluie. Sinon le patron se serait débrouillé pour, cherchant son propriétaire, lui ramener directement à son hôtel.

Lors d'une discussion avec notre ami, nous nous sommes étonnés de voir des tampons encreurs au nom des plus fréquentes familles du Japon, trôner sur les présentoirs extérieurs des buralistes. Ces tampons servent à signer les chèques lors des achats. En bons occidentaux que nous sommes, nous nous projetons déjà dans un scénario plus pragmatique, mais surtout plus illégal : Nous achetons un tampon encreur au buraliste avec le nom de notre ami, le soir en douce, nous prenons son carnet de chèques et nous lui vidons allégrement son compte ! Ah, Et bien, non ! ça ne viendrait jamais à l'idée d'un Japonais de voler ni le carnet de chèques, ni les comptes, quelle idée ! Ça vous étonne qu'en arrivant en Europe, ils soient des proies faciles pour les délinquants occidentaux !

Une autre anecdote nous a été rapportée, au sujet de "l'Homme d'après 5 heures" ! Ce sont les Salarymens qui quittent leur travail vers cette heure là, pour finir leur journée dans les bars, jusque tard dans la nuit, avec leurs collègues de travail ou leur patron et qui règlent leurs différents ou leurs problèmes devant des bières ou du Saké. Ils leur arrivent même, ayant manqué le dernier train pour rentrer chez eux, de dormir dans des "hôtels à capsules", trop ivres pour rentrer chez eux ! Quelque fois, ils font trop de tapage dans les bars et le patron appelle la police du quartier, qui arrive pour les sermonner ! Elle ramène le salarié chez lui, avec un collègue policier qui lui conduit sa voiture. Et le lendemain, dégrisé, le salarié prendra le temps de se déplacer avant l'heure de son travail, pour aller s'excuser auprès du patron de bar pour le désagrément et l'attitude déplacée qu'il a eue la veille et auprès du commissariat de police pour le surcroît de travail qu'il leur a donné ! On rêve !

Pas de porte, on ne vole pas au Japon ! 
Les hôtels à capsules pour salariés ou touristes fatigués !  


Le respect de l'autre est à son maximum !

Ainsi, lorsque nous sommes arrivés, nous avions emporté dans nos bagages, toute une série de petits cadeaux français pour nos familles d'accueil ! En tant qu'"ambassadeurs", nous les avions sélectionnés avec soin et nous avions prévu des bouteilles de parfums connus, comme symbole de la France pour les Dames. Quelle ne fût pas notre surprise de nous rendre compte qu'aucune d'elle ne les portait ! Elles avaient semblé heureuses et touchées de les recevoir, mais lors des promenades ou des sorties, pas de parfums pour le shopping ou les visites ! Interrogées, leur réponse nous laissa pantois ! Non, elles ne se parfumaient pas lors des sorties quelles qu'elles soient ! Elles utiliseraient ce parfum pour elles à la maison ! Car, peut-être, dans la rue, le train ou le métro, ce parfum pourrait gêner un de leur voisin de wagon, trop sensible ou intolérant ! Donc, pour ne pas gêner l'"Autre", on ne se parfume pas, on sent le propre, c'est tout et suffisant ! Le respect de l'autre avant tout ! Quelle leçon de civisme !

Et pour terminer, je vais vous raconter la merveilleuse expérience du quartier de Namba !

À cette époque, nous devions régulièrement retrouver nos amis dans leur quartier de Nishitanabé à Osaka. Nous avions maintenant l'habitude de prendre le bus, puis le train puis encore le métro pour les retrouver chez eux, avant de commencer la journée ! Cependant ce jour là, un dimanche, ce fut un peu différent ! Nous avons pris nos différents moyens de transport, comme d'habitude et cette fois là, le train pour Namba s'arrête dans une station inconnue et ne redémarre pas !

Nous nous interrogeons du regard ! Que se passe t il ? Progressivement tous les passagers descendent du train et nous restons les seuls dans le wagon ! Visiblement c'est le terminus pour aujourd'hui ! Que faire ? Toutes les stations sont écrites en Kanji, donc intraduisibles pour nous ! Nous réfléchissons un moment, nous demandant quelle solution adopter, quand une Dame qui venait de descendre du train, revient sur ses pas, nous regarde par la vitre et remonte dans le wagon. Elle s'approche de nous, nous salue d'une courbette délicate, nous prend à chacun la main qu'elle ne lâchera plus et nous interroge : " Namba ? ". Nous faisons oui de la tête et elle nous fait signe de la suivre. Nous nous dirigeons dans la station, guidés comme des enfants, vers un tunnel qui débouche sur un guichet, où notre "Ange Gardien" achète 3 billets de train, puis repartant vers un nouveau tunnel, nous guide vers un autre quai et monte avec nous dans un autre train, où elle nous fait assoir, conservant toujours nos mains dans les siennes.

Le train démarre. Regards, sourires, silences, douceur, et quelques petits mots où reviennent souvent "Mandaï Naï " ( Pas de Problème ! ) et Namba ! Finalement, nous arrivons à notre station, où la Dame nous fera descendre et repartira en sens inverse, par le même train, avec des gestes et des sourires d'au revoir !

Nous sommes sidérés de tant de gentillesse envers des inconnus et étrangers de surcroît, car nous imaginons des gens de notre pays guidant des Japonais en prenant le métro ou le train et les emmenant à leur destination en leur payant leurs billets de train. Vous y croyez vous ?

Nous en gardons pour toujours un souvenir ému !

Un merveilleux souvenir de la délicatesse japonaise ! À prendre pour modèle !

Peut être est ce " La Dame du train " !  
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Un peu de fraîcheur pour amadouer les Dieux et commencer la journée ! 

Mardi 14 Mai 1991

C'est le matin ! Après le petit déjeuner, nous planifions notre journée et discutons des us et coutumes des environs ! Toutes les nuances de la langue Nippone sont importantes ! Rien que dans un simple mot, comme : Bonjour !

En France, l'expression consacrée au "Bonjour du matin" pourrait se traduire par "Comment allez-vous ?". Au Japon, lorsqu'on rencontre quelqu'un, l'expression habituelle correspond à "Où allez-vous ?" Et la réponse qui lui correspond peut se traduire par "Juste là bas !", suivie évidemment par une deuxième réponse logique : "Ah, très bien, retournez y vite !". À Osaka, l'expression la plus courante pour le Bonjour se traduit par "Comment vont les affaires ?"

Et que penser de la traduction littérale d'un seul mot d'excuse : "Sumimasen !" Dans le dictionnaire, il est traduit par : " Excusez moi, je n'en finirais pas d'être redevable vis à vis de vous pour me faire pardonner ma faute !"

Ouf ! Et il faut dire tout ça d'un seul trait ! Maintenant vous pouvez respirer !

Bienveillance et Tolérance du Bouddha ! 

L'anachronisme sémantique se retrouve même dans la gastronomie !

Il existe au Japon une formule de restauration rapide rappelant nos fricadelles-frites du Nord, que l'on appelle "Oden" ! C'est une sorte de mélange de soupe, composée de bouillon, légumes, pâtes et protéines, servi chaud dans des petites roulottes, devant les boutiques, sur les trottoirs. Ce sont les "Baraques à Frites" du coin ! Les Japonais ont donné aux diverses accommodations de ce même plat des noms d'animaux ! "Renard" = des nouilles accompagnées de poissons et de sauce, "Blaireau" = nouilles accompagnées de champignons et de soupe ! Ainsi, à la sortie du cinéma ou du concert, les conversations évoluent dans le style : " Ce soir, je me sens Blaireau et toi ? Alouette ou Renard ? "

La Soupe aux Nouilles ! 
Procession dans le quartier d'Asakusa ! 

À Bicyclette !

Au Japon, le sens de la propriété est moins fort que chez nous ! C'est le moins que l'on puisse dire !

Les bicyclettes par exemple sont légions et comme pour les parapluies, font l'objet de réactions très curieuses pour nous Occidentaux, de la part de leur propriétaire. Il y en a partout ! Tellement de gens se déplacent à vélo que, dans certains endroits des grandes villes, comme Tokyo ou Osaka, à la sortie des métros ou des gares, les vélos s'entassent les uns sur les autres et on ne peut plus retrouver le sien.

Pas de problème ! On récupère n'importe lequel se trouvant à proximité et on rentre tranquillement chez soi ! Arrivé à la maison, on le nettoie, on le regonfle, on le bichonne et on le garde à l'abri jusqu'au lendemain, comme le sien !

Peut-être que demain, au même endroit, quelqu'un aura ramené le vôtre, aussi bien entretenu que vous l'avez fait ! Rien n'est moins sûr, mais cela n'a aucune importance, l'objet "Vélo" devient collectif !

Ils ont même des "ascenseurs" à vélos, rendez-vous compte !!! 

Quant à l'identité personnelle, elle semble très réduite au Japon ! L'individualisme n'est pas de mise ! Par exemple dans la langue où le terme "Watachi", ce qui se traduit par "Moi", est très peu usité ou de mauvais goût. Les Japonais préféreront une expression comme "Japon fait ceci ou cela" reprenant ainsi l'idée d'une société globale où chaque individu se fond dans le Tout !

Ainsi, lors d'une invitation chez des amis, même si nous sommes nombreux dans de tout petits appartements, il semble absolument nécessaire à la fin de la soirée, de sortir tout le matériel et de faire le ménage, surtout quand ce n'est pas chez soi ! Tout le monde s'y met ! Certains font les poussières, d'autres lavent le sol, les vitres, font la vaisselle ou sortent les poubelles ! Lorsque tout le monde rentre chez soi, la maison est propre comme un sou neuf et la maîtresse de maison n'est pas fatiguée ! Cela permet de se recevoir régulièrement sans aucun remord et toujours avec plaisir ! J'adore ce respect de l'autre dans les coutumes journalières !

Toujours propre comme un sou neuf ! 

Dès l'enfance ces gestes du quotidien sont devenus habituels. Depuis la maternelle et jusqu'à une scolarité avancée, les élèves, par groupe d'âge, nettoient leur classe à la fin de chaque jour et les équipes de nettoyage ainsi formées, changent de type de travail, tous les jours. Ce qui leur permet de prendre conscience de la valeur et de la difficulté de chaque tâche. Ils apprennent à se respecter et à respecter le travail de l'autre. Et se crée ainsi un groupe soudé où les incivilités sont vraiment mal vécues.

Peut-être aurions nous des leçons à prendre !

Belle journée lumineuse et sereine !  
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Vive le "Flou Artistique" ! 

Mardi 14 Mai 1991

Nous sommes en route pour Osaka, après avoir déposé nos bagages au service spécial qui les envoie avant nous pour notre prochaine visite à Tokyo . Pour l'équivalent de 30 Euros, nous voyageons les mains libres.

À cette époque du séjour, il nous faut refaire du change ! Après le restaurant-café-cantine-du-coin, nous voici dans les bouchons du centre d'Osaka, pour arriver dans le quartier des banques avant 15h, heure de fermeture ! Quelle chaleur et quel trafic ! Nous mettons 1h30 pour faire 17km.

Nous arrivons enfin à notre banque homologue japonaise, la BNP, mais, au 20ème étage d'un building de 30, les guichets sont fermés et très aimablement nous sommes orientés vers un hôtel international qui utilise les Cartes Visa !

À l'entrée de l'hôtel, des Rolls-Royces blanches et limousines six portes côtoient les Buicks, Porsches, Ferraris et autres Maseratis ! Le salon d'accueil est plus grand que 3 halles de sport et la moquette est moelleuse comme une couette. Au fond du hall d'entrée, une paroi de verre haute de 3 étages, abrite les clients d'une chute d'eau en cascade et d'un jardin tropical intérieur. Nous restons ébahis devant ces merveilles !

Toujours plus haut, toujours plus fou ! 

Avec la Carte Visa, je me prépare à prendre de l'argent au distributeur de l'hôtel. Ça y est ! Ça commence ! La machine refuse de m'obéir ! Pas moyen de la faire réagir. Rien ne sort ! Que se passe t-il ? Nous comprendrons plus tard que, malgré ma demande initiale en France et le paiement annuel qui s'y rapporte, la Carte Visa que l'on m'a fournie, n'est pas initialisée comme une carte internationale, mais nationale. Ce qui veut dire que je ne peux pas retirer d'argent en dehors de la France ! Une grossière erreur de la Banque ! Merci la Société Générale ! J'enrage, mais qu'à cela ne tienne, Pascal vient à mon secours et sort la sienne ! Espérons que la banque n'a pas fait 2 fois la même erreur ! Ouf, non, visiblement le distributeur accepte la carte, mais horreur, dans l'ambiance de l'instant ou le stress du moment, il est incapable de se souvenir de son "code secret" ! Nous ne pourrons pas obtenir d'argent par le distributeur !

Mais, dans ce pays, il n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions !

Donc, direction la Banque de France où nous espérons obtenir de l'argent liquide avec un chèque, comme on nous l'a assuré ! Eh bien, croyez moi, si vous le voulez, mais la Banque de France ne donne pas d'argent liquide aux clients français ! Mais non, même en montrant "Patte Blanche" et carnet de chèques, cartes visa et passeports ! Au Japon, la Banque de France n'a pas de sous ! Elle sert à quoi, on se le demande ? À faire jolie, dans le paysage, mais à part ça, Rien n'y fait !

En réalité, le Service des Cartes Bleue ou Visa est géré par la Banque Sumitomo, qui assure toutes les transactions. Encore une fois, comme pour les hôtels, ce sont les organismes japonais qui nous viennent en aide avec rigueur, courtoisie et efficacité !

Méditons un moment ! Ça calme ! 
Quand il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème ! ( Proverbe Shadock ) Restons Zen !

L'heure tardive ne nous permet pas de visiter le château d'Osaka, mais nous passons devant le Building Panasonic, formé de 2 tours jumelles immenses séparées par une passerelle de verre, suspendue au dessus de l'autoroute. 20 000 personnes y travaillent en permanence, jusqu'à une heure avancée de la nuit !

Nous continuons cette journée un peu folle, dans un petit bar-cantine à déguster des brochettes de poulet grillé accompagnées d'une sauce aux prunes rose pâle ! ( Sic !!! ) Nous sommes les seuls occidentaux et de ce fait très remarqués ! Il y a du monde et l'ambiance est agréable.

Les gens téléphonent partout et sans cesse ! Les cartes téléphoniques sont disponibles et personnalisables dans chaque quartier ou magasin. On peut y mettre des photos-couleur du propriétaire ou de la famille et même les dorer à la feuille sur demande en quelques heures. Les collectionneurs peuvent se régaler des publicités en tout genre.

Que préférez vous sur votre carte de téléphone ? La Gare ou le Mont Fuji vu du Ciel  ?

En sortant du métro, nous nous dirigeons vers la Banque Sumitomo pour obtenir enfin du change.

Nous décidons de prendre l'ascenseur dont les portes se referment. Mais, Horreur, toutes les indications sont en idéogrammes Kanji, même le nombre des étages ! C'est ça le pays de l'écriture ! Comment allons nous sortir ? Allons nous rester bloquer 3 jours en appelant à l'aide ou en effectuant le Yoyo, d'un étage à l'autre, du 30ème au 5ème sous-sol ? Finalement Pascal a repéré l'idéogramme de sortie, il appuie sur le bouton et Miracle ! La porte s'ouvre sur le palier où nous étions. Ouf, sauvés ! Sans n'y rien paraître, nous nous dirigeons pour prendre l'escalier vers le 2ème étage, où Pascal pourra enfin obtenir de l'argent prélevée grâce à sa Carte Bleue française, dans une Banque Japonaise, mais refusée par les Banques françaises d'Osaka. Allez comprendre quoique ce soit à la Finance Internationale !

Restons Zen ! Tout va bien ! Nous pouvons dorénavant continuer notre séjour sans souci financier !

Nous sentons plus à l'aise néanmoins, même si nous sommes quand même un peu " SDF "! ( Sans difficulté Financière )

la Nuit sous les ombrelles ! 
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Maison de bois, jardin de fleurs ! 

Mercredi 15 Mai 1991

Ce matin une pluie diluvienne nous oblige à emporter nos jolis parapluies vert et rose achetés quelques jours auparavant. Nous avons rendez-vous à Namba, chez Tadao, pour les courses de dernière minute. Hélas nous nous préparons à quitter notre Maison Japonaise. Elle nous a chaudement abrité pendant notre séjour et nous sommes un peu nostalgiques de sentir arriver la fin du voyage.

Dans la galerie marchande de la ville souterraine, nous flânons chez Marusen, comme des habitués de cette grande librairie-papeterie où les livres, papiers, documents, parchemins et brochures en tout genre se mêlent dans un étal tout en délicatesse et en créativité ! la décoration est une pure merveille !

Nostalgie de la pluie sur les pas Japonais ! 

À Nishitanabé, la famille nous attend pour une expérience qui va me laisser un souvenir impérissable et les messieurs vont attendre au café du coin, comme tous les hommes qui se respectent !

Nous allons chez le coiffeur !

La pluie, je veux bien, mais la couleur, c'est pas ça ! 

Le salon de coiffure est petit, feutré, apaisant ! Il donne l'impression d'être là depuis des siècles, tout est délicat ! La décoration traditionnelle se mêle cependant à quelques éléments discrets qui nous dévoilent la qualité de la prestation fournie. Il y a du monde, mais l'accueil est tellement personnalisé que nous avons le sentiment d'être ici les seules clientes privilégiées ! Nous n'attendons pas ! Déjà, le "Maître" des lieux me prend en mains ! Mes cheveux sont brossés soigneusement et analysés par l'oeil pertinent du technicien, absolument ravi de coiffer une "Blonde Occidentale" !

Puis nous sommes dirigées vers des lits électroniques, comme chez les dentistes. Nous nous allongeons complétement, les pieds dans des gouttières et les lits basculent vers l'arrière, nous mettant légèrement la tête en bas ! Cette position favorise l'irrigation du cuir chevelu pendant le lavage des cheveux. Une gaze opalescente est posée sur mon visage pour tamiser la lumière et éviter les éclaboussures. Une musique apaisante augmente la relaxation et je flotte dans une vapeur ouatée et parfumée ! Après la pose d'un masque reconstituant, je reviens dans le salon pour un massage traditionnel du crâne, des cervicales et des épaules, à petits coups précis des mains et des poings des apprenties. C'est très relaxant et apaisant ! Je me sens tout à fait remise en forme ! Le brushing se fera au séchoir pas trop chaud pour ne pas sensibiliser mes cheveux secs. Mme M. se fait faire une mise en plis.

J'observe néanmoins des différences significatives dans la pratique de la coupe. Ici, le coiffeur lave les cheveux de sa cliente une première fois, puis lui coupe les cheveux et fait un deuxième shampoing après la coupe pour éliminer tous les petits débris pouvant rester sur le cuir chevelu. Ça ne gratouille pas, et surtout ça ne blesse pas les clientes. Les cheveux des Japonais sont si drus et raides qu'après la coupe, ils peuvent se planter comme des aiguilles sous la peau et créer des blessures fréquentes. C'est un excellent moyen de sortir propre et net du salon. Depuis je réclame le même protocole à mes coiffeurs français.

Le coiffeur m'explique qu'il a fait son apprentissage plusieurs mois à Paris chez "Carita" et qu'il en garde un merveilleux souvenir. Je lui confirme que mon souvenir des salons de coiffure japonais sera équivalent au sien. Il est ravi ! Pascal vient nous retrouver et nous dégustons ensemble dans un salon de détente attenant à la salle de coupe, du thé, du café et des gâteaux de cérémonie offerts par le coiffeur. Quel accueil et quel souvenir !

En rentrant, nous achetons un bouquet de fleurs fraîches pour nos hôtes et nous envisageons d'acheter une nouvelle paire de chaussures pour Pascal. À force de marcher les siens sont usés. Les magasins de chaussures du quartier de Namba sont tous ouverts sur la rue et nous avons un choix étonnant. Pour une même forme de chaussures et une même pointure, on peut choisir des couleurs différentes, des hauteurs de talons différentes, des largeurs d'orteils et de chevilles différentes ! Du sur-mesure en libre-service ! Un rêve !

Tradition et Modernité, Passage obligé ! 

Le soir au restaurant de Sukiyaki, Michi, la soeur de Tadao, nous offre ses cadeaux d'amitié : Baguettes de mariage décorées en bois de Gingko Biloba, Boîtes de Bento en Bambou, fabriquée par un très vieil artisan de 84 ans, connu pour la perfection de son travail. Ici, on les appelle les "Trésors Vivants". Ces "Maîtres" d'Art, sont reconnus et adulés dans tout le pays et le gouvernement les paye jusqu'à la fin de leur vie pour transmettre leur art à quelques apprentis privilégiés triés sur le volet ! Ainsi les traditions millénaires continuent elles à vivre.

Dans la nuit, nous achetons des quotidiens de la ville, puis nous rentrons en voiture, en discutant de la chances de Tadao au Pachinko, où en 10 minutes, il a gagné : 1500 yens, soit 6 paquets de cigarettes, 1 briquet et du chocolat. Fumiko, pendant ce temps, prépare les bagages pour la France, car elle pense envoyer 80kg de malles à Lille. Décidément mes bagages sont vraiment réduits ! Puis nous nous quittons pour préparer, nous aussi, notre départ du lendemain vers Tokyo, dernière étape de notre voyage !

Nostalgie des derniers jours ! 
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Hors du Temps, le Passé lié au Présent ! 

Jeudi 16 Mai 1991

Aujourd'hui, nous voici prêts pour un dernier adieu à la maison qui fut la nôtre depuis ces dernières semaines.

Nous prenons la direction du petit lac " Sakaï ", bordé par un grand espace vert un peu abandonné. Là, nous découvrons des plantes grasses, tropicales et un jardin de pierres. Un peu plus loin des joueurs de tennis s'entraînent avec ardeur ! Les eucalyptus et les yuccas nous accompagnent jusqu'à la route. Cet ancien parc botanique est inconnu de nos amis, qui n'ont pas souvent le temps comme nous de s'y promener.

D'un Parc à l'autre ... 
Toute la beauté des jardins japonais ! 

Maintenant, nous rentrons chez Tadao pour prendre ensemble notre dernier repas, puisque nos amis s'envolent avant nous vers la France et les jours prochains se passeront à Tokyo, sous la protection amicale de notre ami le Dr K.

Nous arrivons à " Shin Osaka " dans les couloirs de la gare du Shinkansen. Fumiko est sur le quai avec Mme M. qui nous offre un paquet-goûter traditionnel, dans un petit sac en papier : " Bento ".

Nous sommes très touchés de cette délicate attention très intime et familiale. Souvent les Mamans donnent à leurs enfants ce genre de goûter, qui est bien rangé dans une boite en bois de Gingko, avec une petite serviette et des baguettes. Cela sert de repas pour le midi ou la collation avant de se rendre aux différents écoles de soutien après la classe. On y retrouve du riz cuit, des sauces, des brochettes, des makis, etc ...

Baisers Français, sourires, émotion et beaucoup de courbettes, le moment du départ est arrivé. Nous sommes très émus et nous leur adressons un sourire crispé, les larmes aux yeux. Le train démarre et s'éloigne, nous distendant le lien des derniers regards et des derniers gestes d'amitié ! Sayonara, Osaka !

Nostalgie du Souvenir ! 

Vendredi 17 Mai 1991

Arrivés à Tokyo sans fatigue au bout de quelques heures, nous avons été conduits à notre hôtel par un taxi un peu fou, qui a confondu sa voiture avec un TGV. Le rythme des prestations est ici très japonais et donc très "Speedé "! Nous passons une excellente soirée dans le quartier, en nous promenant de nuit dans les petites rues de Tokyo, passant du restau chinois aux lumières des néons des grandes artères illuminées. L'hôtel est bien insonorisé et notre repos sera parfait.

Après le petit déjeuner occidental pour une fois, notre ami vient nous chercher vers 9h pour nous emmener passer une journée de promenades, en commençant par le quartier de Shinjuku !

Intriqués et improbables, tout est étonnant !

Il fait beau, il fait chaud, 25 à 26 ° ! il y a plein de monde dans les rues ! Les gens sont à l'aise, souriants, c'est les vacances ! Quelle sensation bizarre d'être un touriste dans les rues d'une mégapole comme Tokyo ! Nous longeons les tours jumelles du Métro Office Building, qui contient l'hôtel de ville de Tokyo !

Et nous arrivons au Shinjuku Chuo Park. Juste derrière les bâtiments administratifs se trouve un très grand espace vert avec des bancs de bois, des fontaines et un petit temple shinto très ancien, mais toujours très bien entretenu, ce qui permet de l'éloigner des dents trop longues des promoteurs. Tout terrain entourant un temple est sacré !

Des étudiants lisent, peignent la nature environnante ou rêvent en écoutant le bruit de l'eau cascadant des fontaines. Un peu plus loin, un grand père accompagné de son petit fils entreprend de l'initier en l'aidant à nourrir les pigeons qui peuplent le parc. Tout est tranquille !

Près du temple , un employé en costume gris et foulard bleu, ratisse méthodiquement les feuilles dans les allées. L'esprit au repos, nous grignotons quelques sandwiches, puis nous visitons le quartier tranquillement, tous les deux.

La tradition est toujours présente, dans la nature, 
Et dans les sanctuaires ! 

Nos pas nous amènent devant le "Yoyogi Park" !

Quelle Merveille ! Plusieurs hectares d'espaces verts et de jardins entourent les lieux consacrés au Temple Meiji ! Ce temple est dédié à l'Empereur ! Tout l'ensemble est en parfait état de décoration et d'entretien, cela lui donne l'aspect d'une forêt immense au milieu de la ville. Au bout d'une longue allée d'arbres centenaires, dirigés sur le chemin par les lanternes de papier et accompagnés par les cris des corbeaux immenses qui habitent le parc, nous arrivons près d'un auvent de bois, protégeant une lanterne de purification, avec sa louche en bois de Gingko et son eau claire et murmurante. Devant nous se dresse un immense Torii de bois clair, orné du Chrysanthème, symbole de l'empereur. En passant cette porte, nous entrons dans un autre monde ! Après l'ombre rafraîchissante des arbres, la lumière qui éclaire la cour centrale, semble encore plus éblouissante et renforce l'impression de pénétrer dans un lieu sacré, dans une autre dimension !

Nous rejoignons cette cour centrale en descendant un grand escalier. Elle est entourée de bâtiments recouverts de tuiles vernissées. Un grand arbre est planté au centre de la cour. Ses branches, à peine couvertes de jeunes feuilles vertes, le sont cependant de toutes petites feuilles de papier blanc. C'est " l'arbre des souhaits " ! Il s'agit de tous les voeux écrits par les visiteurs du lieu qui les ont attachés là, dans l'espoir d'une réalisation rapide. Tout est possible ! Même le voeu étrange d'une Américaine, regrettant la perte de sa caméra dans laquelle il y avait la vidéo du dernier match de Sumo présenté à Tokyo !

Soudain, nous sommes attirés par un sourd roulement de tambour, à la résonance impressionnante, après le silence de la forêt. Un temple Shinto se dessine , un peu à l'abri des regards, au milieu du bâtiment central. On y accède de tous côtés, par des chemins couverts, comme dans les cloîtres des monastères. Nous approchons et nous admirons les décors sobrement colorés des objets rituels des cérémonies Shintos.

Lentement, de l'une des entrées de côté, un prêtre et des aspirantes pénètrent dans le temple et viennent se placer devant nous, de l'autre côté de la grille de bois où sont reçues les offrandes. Les roulements de tambour s'intensifient et la cérémonie commence. Il s'agit d'une cérémonie d'action de grâces et de purification. L'impression de vivre un moment sacré est telle que nous ne bougeront ni ne filmeront pas cet instant hors du temps ! nous sommes dans un autre temps, celui des Shoguns, des Samouraï et des Geishas de l'époque Edo, à mille lieux des buildings de Tokyo !

Nous quittons à regret cet endroit enchanteur, apaisés et ressourcés par cette incursion sur le chemin du Sacré !

Nous finirons la soirée dans le quartier de Sasazuka, pour une visite du laboratoire d'université de notre ami, et la soirée officielle offerte par l'Institut Psychiatrique de Tokyo. Et comme d'habitude nous rentrerons à pied, dans la nuit Tokyoïte, en refaisant un monde multilingue et multiculturel !


Quand la Nuit se fait Douceur ! 
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Shinjuku, Passé, Présent, Futur ! L'Esprit du Japon ! 

Samedi 18 Mai 1991

L'assistante de notre ami, Mariko, est venue nous chercher ce matin pour une promenade dans le quartier le plus connu de Tokyo : ASAKUSA. Nous prenons le métro jusqu'au grand temple de la déesse KANNON, déesse de la lumière et de la pureté !

Pourquoi les appareils photos les plus connus du Japon portent ils ce nom là ? Certainement à cause des flashes !

C'est le jour du festival ! La longue rue, bordée de boutiques aussi anciennes que dans les vieilles rues de Samouraï de Kanazawa, regorge de kimonos, de papiers de riz colorés, de gâteaux et de tous les symboles des fêtes religieuses. Il y a des glycines et d'énormes lanternes rouges partout ! Nous faisons nos dévotions dans la fumée de l'encens devant le magnifique temple de la déesse, au son des roulements de tambours toujours aussi impressionnants.

Les Lanternes rouges de Asakusa ! 

Dans les rues du quartier, des porteurs par séries de 6 à 8, apparaissent, pliés sous le poids de châsses religieuses contenant des reliques des Dieux. Leur approche du temple est rythmée par le roulement de gros tambours de bois et de cuir. Nos amis sont étonnés, eux-même n'avaient jamais été présents lors de cette cérémonie. En se balançant régulièrement selon un roulis bien réglé, les participants de la cérémonie s'avancent vers le temple en scandant et psalmodiant des sortes de "Mantras". un long frisson parcourt l'assistance lorsqu'ils passent devant nous. Toute la ferveur irradie de ce moment !

Dévotion à la déesse Kannon ! 

Il fait chaud, maintenant et nous cherchons l'ombre fraîche que nous trouvons au Park UENO . C'est un immense espace vert agrémenté d'un lac avec des bateaux et des nénuphars, en plein centre de Tokyo. Il est délimité par des petits chemins verdoyants, où des bancs de bois vous attendent pour le repos ou la méditation. Un peu plus loin, un musée des traditions anciennes et un musée de peinture d'un ancien habitant du quartier, très réputé, achèvent de nous apporter encore un peu plus de culture de cet étonnant pays ! Nous en profiterons pour continuer avec la visite du Musée de HIROSHIGE, maître en la matière !

Un peu de fraîcheur, sous les ombrages ! 

Sortant de ce lieu de repos et de culture, changement de style ! Retour à la civilisation moderne ! Tokyo nous montre un visage quelque peu différent ! À deux pas de là, voici des rues bondées, des Occidentaux, des magasins Français, des touristes et même des vendeurs à la sauvette et des musiciens de rue européens faisant la manche sans conviction !

Nous nous réfugions vite dans un minuscule petit établissement traditionnel, où nous serons réconciliés par du thé vert à la fleur de cerisier et des minuscules gâteaux japonais, servis avec tout le décorum nécessaire, par une serveuse en kimono. Nous préférons ce Japon là ! L'après-midi se finira en retournant au jardin d'iris du YOYOGI PARK, pour garder de Tokyo, ce souvenir d'éternité ! Le jardin, les oiseaux, les prêtres, le bruit de l'eau et le silence de la prière, après les roulements des tambours. Ici, tout est silence calme et éternité !

Calme, prière et méditation ! 

Le soir, au retour, nous prenons la direction de SHINJUKU, pour le dernier repas officiel dans Tokyo. Notre ami nous a retenu une table au Sky-restaurant au 29ème du building de 30 étages, juste en face du Washington Hôtel ! Wahouuu ! la vue est impressionnante ! Le building est creux à l'intérieur. Les structures sont uniquement situées sur le pourtour du bâtiment, comme des galeries courant d'un étage à l'autre. Cela ressemble à la structure d'un bambou, creux et annelé régulièrement. Notre ami nous explique que ce sont les normes antisismiques qui imposent ce genre de constructions, qui bougent mais ne cassent pas, même à très grande hauteur. Un ascenseur extérieur nous emmène au 29ème étage où nous surplombons tout Tokyo. Seul le building de la Sumitomo Bank, toujours lui, est plus haut que nous. Lui possède 60 étages ! Ce dernier soir, ce sera un dîner parfait devant un Tokyo by Night, jusque tard dans la nuit. Nous redescendrons par l'ascenseur extérieur illuminé et la vue de Tokyo y est inoubliable !

De nuit comme de jour, hors norme ! 

Nous reprenons la voiture au garage de l'hôtel Washington, où nous attendrons notre ami en compagnie d'une faune un peu bizarre, de punks colorés en rose-fluo et vert, version " Lierre panaché ", des acteurs de cinéma, des émirs enturbannés sortant de grosses limousines blanches à 6 portes et vitres noires. Tokyo n'en finira pas de nous étonner ! Demain sera un autre jour !

Lumières dans la nuit ! 
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Le temps coule d'une source à la cascade, puis jusqu'à la mer ! 

Dimanche 19 Mai 1991

Les bagages sont prêts, les papiers sont préparés, tout est en ordre et nous prenons en voiture la route de l'aéroport de Narita, situé à 40km du centre de Tokyo. Nous partons à 7h du matin pour laisser du temps à l'enregistrement. À l'aéroport nous passons de justesse, car un évènement inconnu entraîne une surveillance accrue de la police, qui ne laisse passer que les voitures contenant des étrangers, sur présentation de nos passeports. Les voyageurs Japonais devront prendre le train.

Place de l'hôtel de ville de Tokyo
Comme toujours, du Passé au Présent ! 

Après avoir déposé nos bagages, nos amis nous offrent un dernier cadeau : Une assiette décorée à la main par un peintre de leurs amis, une pièce unique, représentant le Mont Fuji ! Nous ne découvrirons cette merveille qu'à l'aéroport, après leur départ. Toujours, cette délicatesse japonaise !

Souvenirs de Tokyo, de toutes les couleurs ! 

L'enregistrement, la douane, le départ se rapproche, tout semble en ordre pour la Compagnie ANA. Il est 10h55 et nous embarquerons par la porte 34 ...

Aéroport de Narita ! 

Nous atterrissons à Roissy Charles de Gaulle à la suite d'un vol sans histoire, hormis l'ambiance tonique donnée par une équipe de football française en goguette. Puis la compagnie Ana prévient ses gentils ressortissants des désagréments qu'ils auraient à subir en France par un film de 20 mn : chapardages, vol à la tire, agressions, car-jacking, etc ... C'est la réalité, mais quelle image de marque ! Nous nous enfonçons dans nos sièges ! Nous voici arrivés à Roissy, en passant devant la réception des bagages, puis la douane, nous nous sentons agressés ! Les gens parlent trop fort, gesticulent, crient, s'invectivent, se bousculent et courent partout ! Le sol est jonché de papiers, de bouteilles, de poussière et de mégots. L'image est forte et nous saurons plus tard que comme d'habitude, le " Sport National Français qu'est la Grève" avait encore frappé. Mais Pascal et moi nous regardons :

Et si nous retournions, tout de suite, au Japon finir avec tous nos amis de là-bas, la saison de la pluie des Sakura !

À suivre dans un futur carnet de voyage !

Paix et sérénité au Pays du Soleil Levant ! 
Sayonara Japon ! Kokolo-San, Pays de mon coeur !