Cette journée commence par la toute première étape du rallye. Autant vous dire que je commence légèrement à stresser sur l'orientation. Il s'agit de la warm up. Comme son nom l'indique, elle nous permet de nous mettre en jambe, de nous familiariser avec le tripy, la boussole, le road book et notre véhicule. Comme nous prenons le départ par ordre d'équipage, je prend le temps de prendre quelques photos du bivouac. Nous sommes au milieu de nul part et la lumière matinale est très appréciable. Nous devons récupérer toutes nos affaires. Notre passage à Errachidia est rapide. La nuit qui suit, nous dormirons à Merzouga.
Nous vérifions la pression des pneus, l'huile, nos casques sont sur nos têtes et c'est parti!
Je fais une toute petite parenthèse. Dans ce blog spécial, nous parlerons de paysages, de rencontres mais aussi beaucoup de sentiments, de ressentis et d'émotions. En même temps, n'est-ce pas tout cela à la fois qui alimente un voyage?
Je fais mes premiers caps, bien concentrée, je demande à ma pilote de nous arrêter à chaque case que je suis avec précision, du moins j'essaie. Oui nous sommes bien au Maroc, dans le désert. Nous découvrons nos premiers oueds, nos premières dunettes. 33 km à parcourir pour cette épreuve. C'est une découverte à chaque instant. Nous ne savons pas si c'est beaucoup, et ce qui nous attend les prochains jours. Au final, nous la faisons sans encombres. Juste un petit moment de doute sur une piste mais rien de plus. Aucune pression. Véronique se régale à faire ses premiers pas en conduite dans les oueds. Elle apprend à contrôler son Nissan Patrol, à voir jusqu'où il peut aller, comment il fonctionne.
Première étape terminée. Nous avons un événement qui nous tient à cœur, la journée de solidarité. Oui, parce que le rallye n'est pas uniquement une aventure sportive. Nous devions récolter du matériel de puériculture et d'hygiène pour l'association "Les Enfants du Désert". Nous allons donc au village de Haroun pour les rencontrer. Nous sommes attendues pour un repas chez l'habitant. Après avoir déposé nos dons, nous sommes prises en charge par l'organisation qui nous mène dans la maison d'une famille du village. Des équipages sont déjà installés et ont déjà pris le thé à la menthe. Nous faisons de même. Notre hôte nous a préparé un couscous maison bien entendu. Il faut noter que c'est un village très pauvre, les 4 femmes ayant préparé notre repas ont été payées par notre organisation. La famille a le sourire, ils sont contents de nous recevoir. Nous essayons tant bien que mal de discuter par les gestes, les sourires. Les jeunes filles nous proposent de nous faire du henné. Nous acceptons pratiquement toutes. Plus tard, un interprète se joint à nous. Nous parlons de la vie en général, de la religion, des mariages, de la gastronomie, des coutumes. Un moment très important pour moi, que j'apprécie toujours. Etre au plus proche des habitants. Ce qui m'a marqué c'est que dans cette pauvreté, les demoiselles ont tout de même un téléphone portable ainsi que la dame, qui je pense, était leur grand-mère. Une fois le repas terminé, l'hôte me voit prendre quelques photos et me propose de monter à l'étage pour que je visite sa maison. De nombreuses filles nous suivent. Il s'agit d'une maison en terre, sur la terrasse il y a le linge étendu, le four, des dates en cours de préparation, des lapins... Elle est heureuse de nous présenter son habitation.
Nous poursuivons cet instant dans les ruelles de Haroun. C'est très petit, nous passons devons une crèche qui a été récemment construite par l'association. De nombreuses choses sont mises en place comme la construction de puits, de maisons pour les familles les plus démunies. Les enfants sont tous souriants. Ils nous prennent par la main pour nous emmener à l'école, là où se déroule l'animation.
Après avoir fait un tour dans les toutes petites ruelles de Haroun, nous rejoignons les autres pour les activités. L'association a mis en place des activités manuelles comme peinture, dessin, confection de bijoux, danse... Dans l'école règne une très bonne ambiance. Ils ne parlent pas français mais avec les enfants c'est d'autant plus amusant de communiquer. Nous rencontrons alors Fouad un chirurgien ophtalmo basé sur Meknes. Il fait le tour des villages pour effectuer des dépistages. Cela permet aux enfants d'être diagnostiqués sur certaines pathologies et de pouvoir être corrigés par des lunettes de vue. Le but étant d'apporter à ses jeunes un savoir, une éducation : Mieux voir pour mieux apprendre. Il nous explique que ce jour, il a déjà vu 12 enfants et que deux sont atteints d'un kératome. Ce qui est énorme. Ceux sont le sable et le soleil qui entraînent cette sécheresse et rendent les enfants pratiquement aveugles. Cela reste des interventions assez urgentes. L'association organisera une hospitalisation prise en charge totalement pour que ces enfants bénéficient d'une greffe de cornée. Moment très intéressant, surtout pour nous infirmières, qui avons pu discuter longuement avec ce professionnel de santé.
Après ces moments plein d'émotion, nous partons chacune rejoindre le campement de Merzouga. Nous ne voulons pas arriver trop tard car le soir nous attend l'épreuve de nuit tant redoutée par les co-pilotes. Sur le chemin nous croisons forcément de beaux paysages, nos premiers dromadaires, se baladant seuls au milieu de nul part, ainsi que quelques instants de vie.
L'arrivée sur le bivouac est superbe. C'est la fin de journée, les dunes sont pratiquement oranges. Nous nous installons pour 3 nuits. Au niveau des sanitaires c'est un chouilla plus luxueux. A la tombée de la nuit nous sommes attendues pour notre seconde étape de la journée : la Star Wars. Ou plutôt la nocturne de 13km environ. C'est avec la boule au ventre que nous passons l'arche de départ. Mais au final rien de bien compliqué, du moins le niveau technique est assez facile. Seulement un plateau. Niveau navigation... et bien tu fais confiance au road book et tu pars à tâtons dans le noir au niveau de ton cap. Mais nous ne nous sentons en aucun cas perdues car nous apercevons les phares des autres 4x4 au loin. Le but étant de faire le moins de coupes possibles et bien suivre le trajet imaginaire. Nous finissons par une petite dune. Véronique n'y est pas allée assez fort pour sa première. Certainement l'appréhension. Mais en s'y reprenant à plusieurs fois, elle réussi. Certains équipages vivent leur premier ensablement. Nous sommes fières car nous terminons 8ème de la course sur 140 équipages. Plutôt pas mal. Passé l'arrivée, nous recevons notre road book pour l'étape du lendemain : La wonder Woman. 170 km de pistes nous attendent. Là, le jeu commence réellement, les distances deviennent longues et la technique plus compliquée. Nous nous couchons tôt car je sens tout de suite qu'une longue journée nous attend... Et c'est peu dire.