Mercredi 8, jeudi 9, vendredi 10 mars
On quitte Babeth, Jean-Jacques, Omar et sa maman pour de nouvelles aventures à Puebla. Un départ comme celui-ci on est une fois encore un peu tiraillé entre l'envie de partir pour changer de paysages, découvrir, explorer encore... Mais avec un petit pincement au cœur pour ceux qu'on a croisé, connu et avec qui on a sympathisé. Ça aussi ça fait partie du voyage ! 😉
Les loulous admirent les albums immortalisant tout le chemin parcouru, les instants de vie partagés, nos belles découvertes...Sur la route, à l'approche de Puebla, on commence à apercevoir les majestueux volcans Popocatépetl et Ixtaccíhuatl se dessiner à l'horizon.
Le volcan Popocatépetl dresse son cône presque parfait à 5 426 m d'altitude. Depuis l'éruption de fin 1994, qui sonna son réveil après 70 ans de sommeil, le "Popo"est un multirécidiviste. Fin 2000, d'abord, forçant les riverains à évacuer préventivement leur village. Il est vrai que quand le géant toussote, il ne fait pas dans la demi-mesure avec parfois des cendres qui montent jusqu'à 3 km de hauteur ! Puis il a remis ça en 2005, 2012, 2013, et encore en 2016 où il est entré en colère 4 fois dans l'année, et plus récemment en janvier 2020. Bien qu'il n'en ait pas connu depuis près de 1 200 ans, une explosion majeure pourrait menacer des centaines de milliers, voire des millions de personnes, notamment les habitants de Puebla et de ses environs. Inutile, donc, de caresser l'idée de grimper dessus pour aller voir de plus près si la lave est à bonne température, son ascension est formellement interdite.
A côté du "Popo" se découpe la silhouette d'un autre grand volcan, l'Ixtaccíhuatl (5 230 m), dont le nom signifie " la femme endormie". Beaucoup plus docile puisqu'il est éteint.
Aujourd'hui encore, le Popocatépetl conserve une aura mythologique auprès des populations locales. Plusieurs fois l'an, les villageois le gavent d'offrandes, notamment en hommage à celui qu'ils appellent Don Goyo. Car ils croient que le "Popo" abrite l'âme de Tlaloc, le dieu de la pluie, et qu'il est en mesure d'intercéder en leur faveur pour de bonnes récoltes. Il semble que les Aztèques pratiquaient déjà de tels rites.
On découvre enfin Puebla au pied des 2 volcans. L'homme est ainsi fait qu'il montre le contraire de ce qu'il est. Puebla est baroque. Ultra-baroque, même, à l'image du mole poblano, sa spécialité : des dizaines d'épices, du piment... et du chocolat. Baroque à l'image des angelots et des chérubins qui partent à l'assaut des retables dorés des églises. Baroque comme ses façades fardées de céramiques, les fameuses talaveras. Cette fille de l'Espagne, a volé dès le XVIe siècle la suprématie à sa voisine, l'indigène Cholula. Fondée à 2 160 m, dès 1531, sous le nom de Puebla de los Ángeles.
Elle a prospéré grâce au commerce, à mi-chemin du Pacifique et du golfe du Mexique. C'est aujourd'hui la 4ème ville du pays. On en traverse un petit bout en allant au RV Park Las Americas pour les 3 prochains jours (1 jour pour arriver et s'installer, 1 jour pour visiter et le dernier pour se reposer et gérer toute la logistique) , Puebla nous en mettant plein la vue avec toutes ses rues, ses fast-foods américains comme Mac Donald, KFC..., ses centres commerciaux partout, le monde, la musique assourdissante des enseignes publicitaires, la grandeur... On est tellement loin du Mexique dans lequel on vit depuis plusieurs semaines, le contraste est saisissant et déroutant !
Heureusement en sortant un peu des sentiers, on trouve toujours de la simplicité et de l'authenticité ! 5 siècles ont passé, et le legs de la vice-royauté espagnole est de toute beauté. On parcourt à pied le centre historique, inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco: demeures du XVIIIe siècle, églises baroques à tous les coins de rues, petites places charmantes, quartiers pittoresques...
On commencera les découvertes par celle de la cocina poblana, savant assemblage d'influences aztèques, espagnoles et même séfarades, un cocktail de saveurs baroques au Mercado de Sabores Poblanos. Bâtiment moderne abritant une foultitude de comptoirs flanqués de tables et chaises. Idéal pour goûter le fameux mole poblano (sauce à base de cacao), les chalupas (petites tortillas à la sauce avec des morceaux de poulet), sans oublier les jus frais et les célèbres camotes poblanos, ces confiseries à base de fruits et de patate douce.... C'est parfois délicieux et parfois inattendu ! 😉
Puis direction la fabrique de céramique Uriarte. En entrant, on se retrouve dans le magnifique patio couvert de talaveras, nom donné ici aux azulejos. C'est en fait le nom d'une petite ville espagnole proche de Tolède, d'où la technique artisanale fut importée. Les 6 couleurs utilisée n'ont pas changé depuis 450 ans d'existence : vert, jaune, orange, noir, bleu ciel et le fameux bleu cobalt. En revanche, les motifs ont subi diverses influences, italienne, espagnole, arabe et chinoise aussi...
Ambiance particulière pour la visite du centre historique de Puebla puisqu'elle a lieu le lendemain de la journée de la femme où on devine que les manifestations ont dû être importantes. Le Zócalo, sa fontaine de l'archange San Miguel et les murs des bâtiments portent encore les stigmates partout des affiches, des tags prônant la femme, sa liberté, la reconnaissance, la justice... Et aujourd'hui les ouvriers de la ville tentent de restaurer les façades des bâtiments historiques.
Dans ce contexte, on avoue qu'on est un peu plus attentifs aux différents messages laissés que par la beauté du Zócalo en lui-même. Mais la visite de la cathédrale nous recentre sur les trésors que Puebla peut offrir ! Imposante bâtisse de pierre grise. Construite à partir de 1575 et consacrée dès 1649, elle arbore différents styles. Waouh c'est édifiant ! La coupole Baroque en diable, recouverte en extérieure de talaveras, les 2 tours de 74 m qui sont les plus hautes de tout le pays, l'autel à baldaquin qui devance l'autel des rois orné d'un bronze de la Vierge immaculée Conception piétinant le serpent biblique qui pèse une tonne... Après la traditionnelle petite prière les loulous sous les explications d'Olivier parcourent le chemin de croix... depuis le temps qu'il le demandaient !!! 😊
On continue notre tour par la superbe Biblioteca Palafoxiana, la plus ancienne bibliothèque publique des Amériques (1646). Fondée par l'évêque Juan de Palafox. Une bonne partie des livres anciens a été héritée des collèges des jésuites quand cet ordre fut expulsé du Mexique. Au total plus de 45 500 volumes, dont plus de 5 300 manuscrits et 9 incunables, un atlas d'Orbelius imprimé en 1548 à Anvers et ... une grammaire égyptienne de Champollion. L'ensemble est classé Monument historique et inscrit au registre de "Mémoire du monde" par l'Unesco.
On finira l'exploration de Puebla par son Templo de Santo Domingo avec ses magnifiques retables et leurs ribambelles de saints. Mais le clou de la visite de toute cette ville reine du Baroque étant la capilla del Rosario. Datant de 1690, cette chapelle est un joyau du baroque churrigueresque. C'est une débauche de sculptures dorées en stuc, bois, marbre et onyx. Des angelots semblent surgir de partout. On est scotché !!
La journée se termine par la préparation d'une compote de higos de chumbo d'Omar (en compote avec du sucre, on se dit que ça sera moins acide ! 😅) par Olivier avec le précieux soutien de Netflix !!! 😉😁 Pendant que je blogue, blogue, blogue !
A très vite pour de nouvelles aventures...