Au milieu du quartier bourgeois de Christianshavn et loin, très loin, de l'esthétique hygge, se trouve la ville libre de Christiania, un incontournable de Copenhague et un lieu assez unique en Europe.
Christiania est fondée sur le site abandonné d'une ancienne caserne et autoproclamée ville libre en 1971. Elle est à l'origine, un lieu investi par des squatteurs, des marginaux et des hippies et le produit direct des grandes utopies, et notamment de l'autogestion, qui apparaissent dans les années 70. Le projet est pensé par le journaliste Jacob Ludvigsen qui rédige avec d'autres une charte de la ville libre. Cette charte précise notamment que "L'objectif de Christiania est de créer une société autogérée dans laquelle chaque individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière. Notre société doit être économiquement autonome et nous ne devons jamais dévier de notre conviction que la misère physique et psychologique peut être évitée". Le gouvernement danois laisse faire puis reconnait la ville libre de Christiania comme une expérience sociale, à l'origine pour 3 ans. Cette expérience durera finalement 40 ans.
La ville dispose de son propre drapeau et de son propre système monétaire, de lois propres et d'une autorité exercée par une assemblée générale et des assemblées de quartier. Le modèle économique repose sur quelques industries phares dont la fabrique du vélo typique avec un plateau à l'avant, mais aussi et surtout sur la vente de cannabis. En 2011, un accord entre le gouvernement et la cité libre de Cristiania a permis aux habitants de racheter près de 8 hectares de terrains sur les 34 d'origine. En 2013, une loi adoptée par le parlement Danois met définitivement fin au statut spécial dont bénéficie Cristiania depuis sa création.
Aujourd'hui, Christiania existe toujours et il est possible de la visiter (il existe des visites guidées en juillet et août tous les jours à 13h et 15h et le reste de l'année le weekend à 15h). Comme je visite le quartier seule et qui plus est de nuit, je choisis de rester sur les artères principales et notamment Pusher Street où la vente de cannabis a toujours lieu à l'air libre. Attention, il est interdit de prendre des photos à cet endroit !