3 jours pour découvrir une capitale espagnole aux multiples visages : du musée du Prado aux majestueuses artères habsourgeoises en passant par les petites ruelles aux façades colorées des bars à tapas
Septembre 2024
3 jours
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J1
après-midi

Une fois n'est pas coutume, je profite d'un déplacement professionnel pour poser quelques jours de congés et m'offrir un petit city break européen. Cette fois-ci ma réunion a lieu un mercredi et un jeudi à Madrid et ça tombe très bien puisque c'est une ville que je n'ai jamais visitée. Je prolonge donc mon séjour pour le weekend.

Comme ma réunion finit assez tôt le jeudi, je file déposer mes affaires dans l'auberge de jeunesse que j'ai trouvée juste à coté de la station de métro Tirso Molina (plus centrale et beaucoup moins chère que l'hôtel où j'étais). A peine arrivée, je repars vers le musée du Prado qui est à peine à 15 minutes de marche. C'est un des musées emblématiques de Madrid et l'un des plus beaux musées d'art du monde. Le lieu est magnifique et la collection d’œuvres de toute l'Europe, accumulées par les Habsbourg puis les Bourbons du 14ème au 19ème siècle, est fabuleuse. Peinture italienne, espagnole, flamande, française, allemande, tout y est et je pense que le Prado n'a d'équivalent que le MoMA à New York pour l'art moderne et contemporain.

C'est une émotion incomparable que d'admirer les toiles de Goya, de Valasquez, de Titien, du Greco, du Caravage, des peintre flamands Bosch et Bruegel l’ancien…et surtout devant le triptyque de Bosch, le Jardins des Délices que j’ai enfin pu voir en vrai et qui est l'un de mes tableaux préférés. Je me perds près de 3h dans le musée en suivant le parcours le plus long de l'audioguide, qui est très bien fait. Il existe des parcours en 1h, 2h, 3h et la collection complète en 9h !

À la sortie du musée, comme pour rajouter à la magie et à l’émerveillement, le Prado se pare d’un bel arc-en-ciel ! Ma découverte de Madrid commence très bien !

J2
matin

Le lendemain matin, je poursuis ma visite du Madrid ville d'art avec le musée Reina Sofia, situé à quelques mètres du musée du Prado mais consacré exclusivement à l'art moderne. On y découvre les œuvres surréalistes de Dalì, les toiles de Mirò, de Picasso, le rêve d’un monde féministe de Angeles Santos avec cette planète carrée « Un mundo » mais également l’art étroitement imbriqué dans l’histoire de la guerre civile espagnole avec tous ces peintres espagnols qui soutiennent l’idée d’une république qui finira malgré tout par s’effondrer devant le franquisme.

Même si j'ai une nette préférence pour l'art moderne, je reste bien moins longtemps au Musée Reina Sofia qu'au Prado. En effet, la muséographie est moins bien faite et surtout l'audioguide ne présente que peu d’œuvres. Malgré tout, et même si le musée Reina Sofia est loin d'être le plus riche des musées d'art moderne, il abrite l’impressionnante et immense toile Guernica et honnêtement cette œuvre à elle seule vaut le détour, d'autant qu'elle est présentée accompagnée des études préliminaires qui ont menées à sa construction. J'avais déjà vu la reproduction murale de l’œuvre à Guernica où j'avais visité le musée de la paix. La toile est encore plus impressionnante.

J2
après-midi

Après la culture, un peu de verdure ! D'autant plus qu'il fait encore très beau à Madrid à la mi-septembre. A proximité immédiate du musée Reina Sofia, se trouve le jardin botanique royal qui offre une jolie balade (entrée payante mais pas très chère) avec notamment une belle collection de bonsaïs.

Mais pour une vraie grande balade et un bon bol d'air, il y a surtout, à peine un peu plus loin le parc del Buen Retiro. C'est le rendez-vous des madrilènes dès qu'il fait beau. Ses allées ombragées, ses lacs et ses cascades apportent une extrême sérénité au lieu. L’emplacement est d’ailleurs bien choisi pour l’émouvant monument en hommage aux victimes des attentats du 11 mars 2004 : un lieu paisible propice au recueillement et au devoir de mémoire, pour ne jamais oublier les 192 victimes de ces attaques qui furent les plus meurtrières en Europe.

Dans le parc, on peut également admirer l'étonnant Palais de Cristal, un bâtiment tout en verre et en métal qui normalement se visite mais qui était en travaux lors de mon voyage. La structure est tout de même très belle et se reflète dans un joli lac artificiel au bord duquel on peut voir des tortues. Je passe du temps à flâner dans les allées du parc qui est immense. Enfin à la sortie, on trouve un grand plan d’eau où les madrilènes profitent d’une balade en barque !

J2
soirée

En fin de journée, je décide de me balader dans les quartiers populaires de Lavapiès et La Latina à proximité de mon auberge de jeunesse. Ici, les petites ruelles aux façades colorées donnent à Madrid des airs de village. On y perçoit bien la vraie vie de quartier qui anime la ville. C'est d'ailleurs le parfait endroit pour une pause tapas et sangria dans l'un des nombreux bars très animés à cette heure.

J3
matin

Ce matin, je pars à la découverte du Madrid des Habsbourg avec la visite de l'incontournable Palais Royal. Comme je n'ai pas réussi à réserver de place sur internet, j'y vais dès l'ouverture à 10h et après une bonne demi-heure de queue je peux enfin rentrer dans le palais, situé juste en face de la cathédrale de la Almuneda et qui est encore aujourd'hui la résidence officielle des rois d'Espagne. Bien que la famille royale n'y réside pas, le palais est utilisé pour des cérémonies protocolaires.

Une visite avec audioguide (en supplément mais je vous le conseille vivement) permet de découvrir les appartements richement décorés de ce palais construit à partir de 1738 sur les ruines de l'ancien Alcazar, une forteresse musulmane récupérée par les rois castillans et transformée progressivement en palais renaissance par les Habsbourg puis détruite en 1734 par un incendie. Le nouveau palais, construit pour Felipe V, 1er roi Bourbon d'Espagne qui succède à la dynastie des Habsbourg, est un parfait exemple de palais baroque. La salle Gasparini recouverte de stucs et de boiseries et la salle des porcelaines sont particulièrement belles. La visite permet également d'en apprendre plus sur la famille royale d'Espagne et les cérémonies protocolaires qui se déroulent au palais. Il faut prévoir une bonne heure et demi pour la visite.

J3
après-midi

A la sortie du Palais Royale, je me rend jusqu'au Temple de Debod, un étonnant temple égyptien authentique en plein Madrid. La visite est gratuite mais comme le temple est très petit, il faut s'inscrire en ligne à l'avance et il n'y a malheureusement plus de créneaux de visite quand je tente ma chance. Je repars donc en direction de la Plazza Santa Ana rendue célèbre par le réalisateur Almodovar. Cette charmante place avec ses terrasses animées sert notamment de décor au film Talons Aiguilles.

Changement de cadre avec la place Mayor et retour au Madrid plus monumental héritage des Habsbourg autrichiens avec cette place entourée d'arcades au milieu de laquelle trône une statue équestre de Philippe III et qui constitue le cœur du Madrid de Los Austrias.

J3
soirée

Après une rapide pause à l'auberge de jeunesse, je me rends dans le quartier de la Latina pour assister à un vrai spectacle de Flamenco. Il y a des tablao de flamenco un peu partout dans Madrid et on peut réserver sur internet avec un verre de vin ou un repas. J'ai choisi le spectacle de Las Carboneras et je n'ai pas été déçue. C'était mon premier spectacle de flamenco, j'aime beaucoup la danse qui transmet pour moi des émotions très fortes. Le flamenco c'est un véritable voyage où la danse s’entremêle avec la musique, l’accompagne et y participe. Il y a là l’expression d’une puissance tout en contrôle, des mouvements suspendus toujours sur le fil qui semblent exprimer le deuil, la colère, la passion et l’amour tout à la fois.

J4
matin

Le lendemain matin, je choisi de visiter la maison-musée de Joaquin Sorolla. La visite est gratuite le dimanche matin mais j'attends plus d'une heure pour rentrer. L'attente valait le coup car la maison est un superbe petit écrin de verdure, décorée de belles mosaïques. Le jardin invite à la flânerie et il a d'ailleurs été le cadre de nombreuses toiles du peintre.

Au-delà du cadre très agréable, c'est surtout l'occasion de découvrir une belle collection des œuvres de ce peintre de la lumière. Je vous conseille vivement l'audioguide pour mieux comprendre l’œuvre de Joaquin Sorolla marqué par un style impressionniste où la lumière joue un rôle essentiel. L'artiste est surtout connu pour son œuvre méditerranéenne avec ses peintures de bords de mer et de plages mais aussi pour ses portraits et ses toiles bucoliques. La visite est vraiment très agréable et je passe la fin de la matinée dans le musée.

J4
après-midi

A l'heure du déjeuner, je regagne le quartier de Chueca et je me rends au Mercado San Anton pour déguster quelques tapas. C'est une grande food court moderne et assez branchée et même si les tapas ne sont pas particulièrement bon marché, ils sont bons et la pause est agréable.

C'est ma dernière après -midi et je dois reprendre l'avion tôt le lendemain matin. J'en profite donc pour faire une dernière grande balade du quartier de Chueca aux petites ruelles qui bordent la Plaza Santa Ana en passant par la Puerta Del Sol et le Madrid Del Austrias. Les quartiers s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. En quelques centaines de mètres, le paysage change complètement et les artères majestueuses qui rappellent la gloire des Habsbourg succèdent aux lacis de ruelles où les façades des bars à tapas sont hautes en couleurs. Madrid est définitivement une ville aux multiples visages que j’ai adoré parcourir !

Mes coups de cœur : Le musée du Prado est à mon sens un incontournable à voir absolument, le Parc del Buen Retiro est aussi à faire par beau temps et si vous aimez la peinture la maison-musée de Joaquin Sorolla vaut vraiment le coup. Je vous conseille aussi de prendre le temps d'aller voir un spectacle de Flamenco.

Quand partir et combien de temps ? En septembre ou octobre, il fait encore très beau à Madrid et on évite l'affluence touristique même si Madrid est beaucoup moins fréquentée que Barcelone (et de ce point de vue là bien plus agréable). En un long weekend on peut avoir une belle première approche de la ville. Rester plus longtemps c'est avoir l'occasion de faire plus de visites, y compris un peu à l'extérieur de la ville et prendre plus de temps pour découvrir les différents quartiers.

Budget : Même à plus de 5 ans d'intervalle, j'ai trouvé Madrid nettement moins chère que Barcelone que j'ai visité en 2019, en particulier sur les visites. Il faut compter par exemple 15 euros pour le Prado (gratuit pour les moins de 18 ans et les étudiants), 15 euros pour le Palais Royal et 12 euros pour le musée Reina Sofia (gratuit pour les moins de 18 ans et les étudiants). Certains musées proposent aussi des créneaux gratuits comme la maison-musée Joaquin Sorolla le dimanche matin ou le Prado du lundi au samedi de 18h à 20h et le dimanche de 17h à 19h. Il existe aussi quelques billets combinés que je n'ai pas trouvé spécialement intéressants. Pour le Prado, attention à bien acheter vos billets sur le site officiel du musée ici au risque de les payer 5 à 7 euros de plus !

Hébergements : Comme dans toutes les grandes villes, l'offre hôtelière est très variée et il y en a pour tous les budgets. En auberge de jeunesse, moderne, confortable et dans le centre, il faut compter entre 25 et 45 euros la nuit en dortoir selon la période et les dates (c'est plus cher le weekend !). De ce point de vue là, c'est aussi un peu moins cher que Barcelone. Pour un hostal 2 étoiles, il faut compter entre 60 et 150 euros la chambre double selon la période.

Transports : Le centre de Madrid se parcours très facilement à pied et pour les distances un peu plus longues, le réseau de métro est très efficace. Tout est très bien desservi et les stations sont proches les unes des autres. Il existe des cartes à la journée mais ce n'est pas nécessairement le plus avantageux si vous marchez un peu.