Je ne vais pas faire office de guide touristique. Il y a suffisamment de sites sur la toile pour vous parler de cette PERLE.
Mes photos et vidéos seront plus efficaces que mes blabla.
Mais quand même. QUELLE VILLE SUBLIME!!!
Des palais, des monuments, des places gigantesques, des colonnades, des statues, des musées, encore des musées et quels musées ! L’eau est omniprésente à Saint-Pétersbourg traversée par la majestueuse Neva et tous ses canaux. La ville compte plus de 340 ponts qui se soulèvent la nuit pour laisser passer les bateaux.
Tu peux te promener le nez en l'air. Aucun risque de marcher sur un truc qui porte bonheur quand c'est le pied gauche qui fait connaissance. C'est d'une propreté toute germanique. Vraiment plaisant.
Les bémols.
- La circulation. Trop de véhicules qui circulent vite et bruyamment. - - La sécurité. La police, les militaires, les vigiles, les milices..... Il y en a partout ! Les portiques idem. Ils en mettent partout.
Mais que j'ai ADORÉ cette ville💟.
Je suis rentré le premier soir sur les rotules. La visite de Peter certes mais aussi la subtilité des transports en commun. Le centre ville est à 40 mn. C'est le bus nº22 qui y mène. 18h, je décide de rentrer. Il pleut, j'ai faim et j'ai les pieds mouillés. Le 22 arrive, bondé. C'est l'heure de pointe. Je réussi à y grimper et roule jeunesse. Je suis coincé entre 4 bonhommes. Et comme il n'y a pas de barre verticale pour t'accrocher (une autre subtilité des bus), je tangue en fonction des mouvements du véhicule. Eux, ils sont habitués ! Ils ont développé un pied marin pour garder l'équilibre. Mais moi, petit Barinquais, j'ai pas de transport en commun dans mon village. Quand je vais boire le café chez les copains ou acheter du pain, je suis assis dans ma Safrane.
Note de l'auteur: je n'ai plus de Safrane mais ça me plaisir de l'évoquer.
Je bouscule donc tantôt l'un, m'accroche à l'autre, prends la main du troisième et explose en vol contre le quatrième, le plus costaud. Mais ils sont sympas. Ils font comme si je n'existais pas (surtout le costaud). Cela dure comme ça un petit moment. Et puis, petit à petit, le bus se vide et je peux même m'asseoir.
Je trouve le temps bizarrement long tout de même. J'essaye de me repérer. Mais tintin. Tout se ressemble en banlieue. En plus avec cette pluie....
Toujours est-il, après une bonne heure de transport, le chauffeur s'arrête, se tourne et dit un truc que j'ai pas compris. Je me tourne pour voir à qui kil cause. Eh bééé. Y'a pu personne !!! C'est moi l'heureux destinataire de ce phrasé cyrillique?
- kezako m'sieur?
- terminus
- comment terminus! Vous allez pas à Chossé Revolutsi? (Adresse de Tamarat)
- non
- vous êtes pas le 22?
- si. Mais pour Chossé Revolutsi il faut prendre le bus 22. Moi je suis le tram 22.
- 😢🤤😖😨😭
Les bus et les trams se ressemblent. Intérieurement et extérieurement. Le tram à juste un crochet électrique que je n'ai pas vu. Et combien même....
Le chauffeur m'explique que je suis à cinq bornes de mon arrêt. Il y a bien un bus qui peut me rapprocher mais il me restera 2 bornes à pied. Tant pis j'y vais.
Je suis arrivé à 21h. J'enlève mes chaussures, mets mes chaussons (on ne rentre jamais dans une maison avec ses pompes chez les russes). Je passe la tête en cuisine (oh que ça sent bon!) et salue Tam (je vais dire Tam c'est plus court)qui me tourne le dos et qui grommelle un truc. Oups, elle est pas contente la dame. A cause de l'heure probablement.
Le temps de me changer et de me laver les mains elle me dit à table. Miam miam miam.
Je m'installe, elle me sert une soupe de légumes et s'assied à ma droite. J'ai fini ma deuxième cuillerée :
- t'es pas rentré à midi? Sur un ton de reproche.
Ma troisième cuillerée reste en suspend. Voyons, me dis-je, il me semble pas lui avoir dit que je rentrais ce midi.
- Il faut me prévenir quand tu rentres pas. Pour te faire un sandwich. Ceux qui viennent chez Tamarat sont en pension complète.
Je l'ai remercié en lui confirmant que les midis je les passerai en ville. Les choses ainsi clarifiées j'ai fini ma troisième cuillerée.
Et puis arriva la suite.... des choux farcis. Il me semblais bien avoir reconnue l'odeur en rentrant. Quel délice. Les mêmes que faisant môman. Pour suivre une compote maison et du thé. Elle a dû cuisiner une partie de la journée.
Pendant mon régal, Tam m'a évoqué sa vie.
Elle a 75 ans. Veuve depuis 2 ans. Son mari Ruslan était retraité de la marine. Elle a un fils (j'me souviens plus du prénom) qui vit à 300 km de là. Il est éducateur. Elle ne le voit pas souvent. Et ça l'attriste, je le ressent à sa voix. J'ai voulu lui dire que c'est la vie ; tu fais des gosses et tu attends qu'ils s'en aillent. Puis, quand ils sont partis, tu attends qu'ils reviennent. Je me suis abstenu et puis elle aurait pas compris dans mon jargon multi-langues.
Tam ne loue pas sa chambre pour de l'argent. Elle recherche plus de la compagnie. Une présence autres que ses animaux. Elle dit que ses voisines l'embêtent. Elle les aime bien mais quand elles se retrouvent entre elles, c'est pour pleurer la mort du mari et le départ des gosses.
On a parlé ainsi un bon moment. J'ai compris un cinquième de notre conversation mais j'ai compris l'essentiel. Tamarat est vraiment quelqu'un de bien.
Le lendemain, le petit déjeuner était installé. Yaourts, fruits, pain, charcuterie et fromage et confiture maison. Je lui demande si elle attend du monde.
- non non. C'est pour toi. Faut que tu manges.
En fait, comme la veille j'ai tout mangé, elle a doublé les rations.
Et avant de partir, elle sort une poche du frigo. Mon casse-croûte.
Un soir, en rentrant, je lui demande si elle a, par hasard, des pastilles pour les maux de gorge. Qu'est ce que j'ai pas demandé là ! Elle a abandonné le repas pour me préparer une inhalation! Puis une mixture (écoeurante) pour me gargariser la gorge. Et le repas accompagné d'une infusion d'herbes bizarres. J'ai dû m'y plier. Heureusement que la veille je ne lui ai pas dit que j'avais mal aux pieds. Elle m'aurait sûrement préparé une bassine avec une décoction secrète. T'imagines la scène ?
Un matin alors que je m'apprêtais à sortir :
- ne mets pas tes mains dans tes poches aujourd'hui
- ⁉
- il a gelé cette nuit. Si tu tombes, il vaut mieux avoir les mains libres.
J'ai failli lui répondre "oui maman".
Mon séjour c'est passé ainsi, entre des plats et de douces réprimande qui me rappelaient ma p'tite maman.
Je l'ai quitté un dimanche. Le matin je lui ai acheté un bouquet de fleurs. On a déjeuner ensemble. C'était la première fois.
Et puis on s'est serré bien fort mais rapidement. J'en avais gros sur la patate. Et, descendant l'escalier, je me tourne une dernière fois et je surprends Tamarat me faisant le signe de la croix.
Une tradition paraît-il.
Moscou à nous!