Cette cinquième partie de « La Panamericana en KTM , voyage en moto solo en KTM 890 Adventure » se déroule le long de la via Panamericana de Lima au Pérou à Bogota en Colombie.
Du 13 mars au 2 avril 2024
3 semaines
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Aujourd’hui commence la longue chevauchée vers Bogota , la Tropicana Express avec la première étape de plus de 500 km.

Motita listo ! ( prête) 

L’extraction de Lima est moins pire que redouté grâce à une pénétrante qui permet de se dégager , le flux du matin étant dans l’autre sens.

Cependant, l’étendue de la métropole nous impose près d’une heure et demi de cabotage dans les faubourgs pauvres et sales de la capitale avant de retrouver le désert.

Le retour du désert  

La Panamericana est en grande partie au format autoroute , qui redevient route pour des traversées laborieuses comme celle de Chimbote.

Dans le long trajet entre les cordillères pré andines et le Pacifique , apparaissent des concessions minières étendues.

La route joue avec le Pacifique sans vraiment l’atteindre puis reprend des couleurs agricoles

De larges champs ouverts produisent des fruits et légumes en partie vendus en direct en bord de route.

La ville de Paramonga affiche la forteresse en briques de pisé du 14 ieme siècle , qu’elle doit au peuple Chimu.

Le désert encore jusqu’à Chao 

Chao est une ville moyenne traversée par la Panamericana avec sa place d’armes et son service de motos- tricycles sponsorisé par la Vierge Marie.

Les camions format USA et les autocars de la Panamericana à Chao.

Le petit hôtel spartiate mais correct est bienvenu.

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Pour cette étape de la Tropicana Express , nous avons encore réveillé de bon matin les chiens de rue et suscité leur courroux…

Par contre, sur la Panam c’est déjà la queue des autocars et des camions format USA à la station service.

Je me faufile entre les mastodontes et grappille un peu d’essence en payant en liquide sans facture.

Avec le soleil on découvre le retour des cultures.

Des exploitations agro-industrielles de dimensions conséquentes, produisent du riz , de la canne à sucre, de la banane ( pour ce que j’ai identifié).

Canne à sucre 
 Banane 
Riz 

Des installations de préparation et de conditionnement sont associées.

En remontant vers le nord la chaleur s’intensifie, avec 33 deg vers 11:00.

La KTM est ici une curiosité, dès le pied à terre je dois répondre à des questions et faire des photos avec les curieux…

Je n’ai pas résisté à cette dédicace felino- egyptologique, les destinataires se reconnaîtront!

Les villes sont pour la plupart submergées par les ordures qui longent les routes , et souvent même les rues.

Avec la chaleur , des odeurs pestilentielles s’en dégagent.

A partir de Chiclayo la route s’éloigne rapidement du Pacifique vers la Sierra, où on rejoint Olmos.

C’est une petite ville incrustée au bord de l’ancienne Panamericana ( la nouvelle passe par Piura) avec des rues de terre et des maisons en travaux perpétuels.

L’auberge  

Pas de quoi s’éterniser, en cherchant un petit resto « riz-poulet » , je passe pour un gringo perdu …et j’échoue dans une “polleria” (boui-boui qui sert du poulet) de bord de route.

L’ambiance de l’auberge du bord de route est agitée, travaux de construction tard dans la soirée, marchands ambulants avec hauts parleurs, sono avec musique colombienne, pas l’idéal pour récupérer d’une étape de la Tropicana Express, qui frise les 10 heures de route.

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Cette troisième étape de La Tropicana Express est celle du “ça passe ou ça casse”, car il s’agit d’entrer en Équateur , pays qui s’est déclaré en état de guerre interne, contre les narcotrafiquants.

Depuis le 11 janvier le gouvernement équatorien a promulgué un décret exigeant un certificat appostillé de casier judiciaire et traduit par traducteur assermenté.

Document que je n’avais pas pu obtenir avant mon départ de France le 14 janvier.

Le réseau de motards voyageurs Horizons Unlimited , consulté, faisait état de motards ayant pu obtenir , sans le susdit document, un visa de transit.

Ce matin a réveillé les chiens d’Olmos et même le soleil.

L’étape est courte jusqu’à Macara ( Équateur) mais le passage de frontière sera délicat.

La route monte vers la sierra avec un changement prononcé de la végétation, plus dense et plus tropicale.

Les maisons se tropicalisent avec des éléments comme les avancées et les hamacs…

Nouveaux aussi les panneaux annonçant les ralentisseurs artisanaux : ralentisseurs construits par les riverains et officialisés a posteriori par les autorités.

Il faut dire que la profusion de ralentisseurs dans les localités ne faiblit pas, j’en ai compté 60 sur 120 km.

Certains pueblos ne lésinent pas sur les moyens pour interpeller les visiteurs de passage !

Ton sourire me donne du bonheur reviens vite 

Après un simple contrôle routier des Douanes péruviennes, j’arrive à 10:30 au poste frontière de Macara un vaste édifice commun aux deux pays.

La Douane péruvienne inspecte la moto et les documents mais préfère que la Police équatorienne se prononce avant de me déclarer ma moto “sortie du Pérou”… au cas où l’entrée au Pérou me serait refusée.

L’agent du bureau des migrations péruvien contrôle mon passeport mais n’appose pas le tampon de sortie du Pérou…

L’agent du bureau des migrations équatorien me demande le certificat de casier judiciaire: je n’en ai pas.

Il me refuse l’entrée en Équateur !

Le décret … 

Je fais un break, et envoie un mail à l’Ambassade de France au Pérou.

Je ne publierais pas la réponse par charité chrétienne envers ces bureaucrates desséchés.

Un couple de motards allemands semblent aussi en difficulté sur le sujet.

Nous échangeons sur les options possibles , celle du visa de transit paraît la meilleure.

Il s’agit de déclarer formellement que notre but de voyage est la Colombie, de produire un itinéraire précis avec les hébergements en Équateur et une réservation d’hébergement ferme en Colombie.

Je consulte l’agent équatorien qui semble ouvert et appelle une autorité par téléphone, 30 minutes après il engage le processus.Je suis passé près d’un aléas notable de planning , comme les allemands qui vont aussi en Alaska.

Je passe sur les détails pratiques de messageries etc , pour constituer le dossier, et s’intercaler dans le flux des autres personnes qui espèrent passer la frontière vers l’Equateur.

Mon visa de transit pour 8 jours est tamponné à 12:30.

Retour vers les péruviens qui se déplacent chez les équatoriens pour être sûrs que tout est bien ok.

L’agent des migrations péruvien tamponne le passeport, l’agent de la Douane péruvienne déclare ma moto sortie …il reste l’entrée de la moto en Équateur …il est 13:00 , l’heure de la pause déjeuner !

Entre Pérou et Équateur, frontière en suspend  

Le douanier équatorien me renvoie vers un autre bâtiment…le péruvien m’y accompagne. Une agente équatorienne me prends en mains !

L’exotisme du motard français a l’air de l’intéresser. Tout est traité dans le détail, photos de la moto numéros divers , permis de conduire français, carte grise de la Motita par le menu, adresses, mail , téléphone…

Enfin le document d’importation temporaire en Équateur est tamponné il est 14:00.

Je retrouve la Motita qui fond sous le soleil , il fait 33 deg et 90% d’humidité.

Direction Macara, mais à 500 m nouveau contrôle de la Douane équatorienne, un officier en tenue: question avez vous payé pour avoir vos documents ?

Non

S’ensuit une autre série , où aller vous d’où venez vous etc…play again

Un nouveau record de durée de passage de frontière est établit : 4 h

Macara n’est qu’à 5 km …

La ville est petite mais bien mise, des rues sans poussière et un centre tranquille sans hordes klaxonnantes , ça repose de l’agitation compulsive péruvienne.

Macara en fin d’après-midi  

Le sujet carte SIM Claro Ecuador est rondement mené. Il est temps de préparer la suite de la Tropicana Express .

Aujourd’hui c’était mon anniversaire 49 ans de moto et le troisième vol d’essai du lanceur Starship de SpaceX …

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Cette quatrième étape du Tropicana express est équatorienne.

Un échange avec des autochtones me conforte sur le choix de l’itinéraire pour Cuenca , se sera la Ruta 35 , troncal de la Sierra, 384 km essentiellement de montagne …

La seule station service de Macara ..ouvre à 7:00 , une file d’attente bon enfant m’invite à papoter.

L’essence se paye en liquide ( !) , Dollars US sans facture…

Pour mimimiser les risques d’agression j’observe des règles strictes issues des recommandations du ministère des affaires étrangères français.

Emprunter seulement les routes principales, ne pas s’arrêter au bord de la route sauf aux stations services et postes de Police.

Il en résulte que je suis pauvre en photos, et que les contacts avec la population sont très restreints.

Le Troncal de la sierra , est rapidement enveloppé de brouillard , et la chaussée est ponctuée d’éboulements à contourner.

Au franchissement du premier col un poste de contrôle militaire bien achalandé, une compagnie de fantassins en tenue de combat ,casque lourd, M16 , mitaines…le jeune lieutenant à l’air déterminé.

Dans la montée très sinueuse de la Sierra le guidonnage a repris de plus belle dans les virages à gauche , ce qui m’oblige à contrecarrer et fatigue à la longue.

Il est temps d’effectuer un arrêt entretien KTM, de ravitailler le pilote et se réchauffer un peu.

Près des cieux, la station service de Cotacocha “Virgen de Fatima”, café US et gâteau maison 1,25 USD, la sono diffuse des tubes des 60’s… c’est cool.

La pluie tombe par intermittence sur la Sierra et il fait froid 10 deg. Je croise un motard au long cours.

La route est effondrée par endroits avec un panneau “falla geologica” ( faille géologique), le joker des ponts et chaussées ?

La route est belle mais l’entretien semble délaissé, on contourne les éboulements qui obstruent partiellement les voies.

Les tronçons sans asfalte surgissent sans le moindre signalement.

La divagation des animaux est fréquente.

La moyenne horaire ne dépasse pas 50 km/h , ce qui conduit à de longues journées de selle.

Cuenca est une des trois plus grandes villes d’Equateur , elle est située à 2500 mètres d’altitude.

Grâce à un périphérique et un tramway son accès est plutôt fluide pour un vendredi.

Vers 18:00 des forces conjointes de la Police et de l’Armee se sont déployées dans le quartier de mon auberge, probablement dans le cadre de l’état d’urgence et de guerre intérieure décrété fin 2023 après une vague d’émeutes dans les prisons et d’évasion de caïds de la drogue suivis de prises d’otages et d’assassinats de policiers.

Certains militaires portent un masque tête de mort type des forces spéciales. Il règne une atmosphère très particulière, les passants et les riverains observent certains approuvent. A la nuit tombée les camions militaires sont toujours là.

La KTM a couché dans l’entrée de l’Hostal , le gérant pensait que je voyageais en 49,9 cc , il avait surestimé son “parking” !

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La cinquième étape de la Tropicana Express mène à Ambato , à 300 km plus au nord, avec une météo froide et pluvieuse dans les cordillères andines.

A l’aube , la KTM qui a dormi dans le hall de l’auberge reprend le mors aux dents.

La sortie de Cuenca a été simple , suivie de 15 premiers kilomètres “d’autoroute “.

Au delà , le tracé de la Panamericana est plus doux que la veille, bien que montagneux.

On passe d’une vallée à l’autre, par un col à flanc de montagne à des altitudes autour de 3000 m.

Depuis hier, la KTM guidone ( oscillations du guidon ) dans les virages particulièrement coté gauche ce qui est très gênant voire dangereux.

Ce peut être simplement les pneus neufs qui ne sont pas “rodés” sur la zone de prise d’angle…ou un problème plus sérieux fuite d’amortisseur avant…

Je m’applique , comme lors de la formation moto, à imprimer une accélération appuyée en sortie de virage pour roder le pneu.

Cette journée redoutée se transforme en belle sortie moto montagnarde, car mis à part une séquence de brouillard et le froid dans les cols , le soleil nous accompagnait.

Sortie moto en Équateur 

La surprise du jour a été le péage « privé » sur la Panamericana tenu par des habitants mécontents de leur expropriation pour modification du tracé de la route. Comme motard j’ai été exempté!

L’approche d’Ambato est laborieuse, c’est samedi , les marchés sont actifs, les familles en habits de sortie, en particulier les indiennes à chapeaux .

Ambato la 3 ieme ville du pays , reconstruite à la hâte après le terrible séisme de 1949 , n’a plus de centre historique.

C’est une capitale économique des Andes équatoriennes où s’échangent les productions agricoles et les biens de consommations.

On y trouve des motos chinoises au rayon électroménager !

Pas motivé pour goûter le cochon d’Inde rôti, spécialité locale, ni le gâteau multicolore, je me contente du poulet avant de préparer l’étape de demain.

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La sixième étape du Tropicana Express nous mène en 220 km à Cayambe au Nord de la capitale Quito, écartée pour motif de sécurité.

J’ai maintenu le régime lève-tôt pour éviter les pluies de l’après midi et profiter de quelques heures de jour pour les activités logistiques.

La sortie d’Ambato , un dimanche s’est relativement bien passée avec des équatoriens moins extrémistes dans les violations du code de la route que d’autres sud américains.

Le trajet emprunte la Ruta 35 Panamericana une autopista à péage ( modique pour les motos) qui ondule sur la cordillère à plus de 2500 mètres d’altitude, et se réduit parfois à une route à double sens.

Comme les jours précédents le froid et le brouillard sont de la partie plusieurs heures jusqu’à la percée du soleil.

Aux deux tiers du parcours, la Ruta 35 contourne par l’ Est la métropole de Quito sur plus de 40 km avec une forte intensité de trafic.

Côté sécuritaire, un important check point militaro- policier à la sortie sud de Quito.

Plus impressionnant le dispositif militaire déployé autour de la prison de Latacunga au sud de Quito : blindés, patrouilles en armes…

L’équateur géographique , latitude 0 deg, passe à quelques kilomètres au sud de Cayambe.

Monument marquant l’équateur sur la  Panamericana

Plus rigoureux , un musée tenu par une équipe de scientifiques , posé sur la ligne de l’équateur propose des rappels sur la rotation de la terre par rapport au soleil .

Il est proposé une vision de l’équateur ligne qui rassemble les continents et non qui divise la planète entre le Nord et le Sud…

L’expédition géodésique française de 1736  
La Terre tourne autour du Soleil, les solstices 
Redécouverte de l’astronomie précolombienne  
La ligne de l’Equateur en 2024 
Et le jardin botanique de plantes endémiques 

La ville de Cayambe doit son nom au volcan situé à 20 km.

Avec une altitude de 5800 m , il n’est dépassé que par le Chimborazo et le Cotopaxi.

Sa dernière éruption date de 1786 mais il est considéré comme actif.

En ce dimanche soir à Cayambe, petite ville au nord de Quito, les familles et les jeunes flânent dans le grand parc autour d’un plan d’eau à pédalos , dégustent la spécialité locale le cochon d’Inde à la broche !

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La septième étape du Tropicana Express a pour arrivée San Juan de Pasto en Colombie à 271 km.

L’étape est courte mais le programme ne l’est pas. Le dispositif levé tôt reste en vigueur.

Le parcours montagneux mène jusqu’à la frontière à Rumichaca située à près de 3000 mètres d’altitude.

Les variations de températures et la pluie me contraignent soit à effectuer des changements lourds de tenue , soit à supporter le froid ou le chaud.

La sortie d’Equateur est rapide malgré une nuée de facilitateurs, cambistes et autres , vendeurs de cartes SIM , d’assurance , mais l’ambiance n’est pas agressive.

Même les chiens sont tranquilos.

Entre Équateur et Colombie 

L’entrée en Colombie s’avère plus laborieuse, dans le minuscule bureau des Douanes.

Mieux vaut être patient , j’attends assis sur un muret , qu’un douanier veuille bien s’occuper de ma moto…

Une bonne demi heure après , j’ai le sésame.

Encore un effort pour acheter une carte SIM dans une échoppe , et une attestation assurance ,probablement fausse, dans une autre…

Je pars directement pour San Juan de Pasto.

Dans la première station service colombienne une belle Renault 4…

La quantité de motos en Colombie est impressionnante, des cylindrées petites 50 à 250 cc , surtout chinoises ( Pulsar, Boxer…) , un peu japonaises ( Honda , Yamaha) , ou Autrichienne ( KTM).

Cela génère une activité de service très importante qui occupe les rues: rechanges , réparation, équipements …parkings.

Autant dire que je papote souvent car la Motita intéresse les motards locaux.

Curieusement tout cet énorme cheptel est nourri à l’essence “Coriente” ( normale 85 indice d’octane).

La KTM préfère le 95 , le super local est du 92 , mais il est introuvable.

De guerre lasse j’ai opté pour de l’additif avec du coriente…

San Juan de Pasto est une grande ville dont l’accès est compliqué par une numérotation des rues très spécifique à la Colombie.

Le centre piétonnier de San Juan de Pasto 
Un Escobar qui n’a pas réussi dans la Blanche 

L’aubergiste , une Franco-Colombienne, me raconte sa vie en France, le pays basque , la Corse …

Je lui demande plus prosaïquement si ma route du lendemain est difficile , elle me réponds : un peu…

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Pour l’opération Tropicana Express , rejoindre Bogotá plus rapidement, j’ai construit une huitième étape de San Juan de Pasto à Garzon, via Mocoa , 351 km.

Google Maps affiche une durée de plus de huit heures de route…

Le départ à l’heure du laitier est toujours stressant du fait de la visibilité encore faible , entre chien et loup, et du comportement des colombiens qui grillent systématiquement les feux rouges …

Les premières dizaines de kilomètres, sur la Ruta 10, sont plutôt tranquilles même si il fait 8 deg dans la montagne.

Il se confirme l’absence d’essence Super…il n’y a que de la “Coriente” 85 octane,

Je fais tout de le plein et y ajoute de l’additif.

J’aborde bientôt une zone sans asfalte, non signalée, simple tronçon en travaux ?

C’est avec surprise que je vois la Ruta 10 se transformer en piste de montagne redoutable , pierres et boue, passages à gué, effondrements de chaussée éboulements, le scénario péruvien en plus dur.

Au bout de 20 km je trouve des cantonniers au travail.

Ils me confirment le pire , il y en a pour 70 km de montagne jusqu’à Mocoa.

Par moments la situation est critique , croisement de camions avec les roues au bord du précipice, blocs de pierres, zones de sable…

Sur la piste de Mocoa 

Je n’atteins Mocoa qu’à 12:00, 6 heures de route pour effectuer 151 km.

L’hypothèse d’une arrivée à Garzon après la tombée de la nuit ne peut plus être écartée.

D’autant que la Ruta 45 est un pointillé de tronçons d’asfalte et de piste.

Interminables attentes  

Le tout agrémenté de zones de travaux avec circulation alternée.

A partir de Mocoa , on passe dans un régime tropical chaud ( plus de 30 deg avec plus de 80% d’humidité ) similaire à celui de la Guyane.

On retrouve des nuées de motos, mais le port du casque est largement omis.

C’est bien essoré que j’arrive à Garzon , il est près de 17:00 soit 11 h de route.

A cette heure Garzon fourmille et les motos tiennent le haut du pavé.

Peu de temps pour se reposer et préparer la dernière étape du Tropicana Express.

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Cette dernière étape du Tropicana Express est la plus longue en kilomètres, 428 km.

Le départ à l’aube est devenu la norme…

La sortie de Garzón s’effectue sans trop de difficulté, je m’habitue peut être !

La route en double sens alterne avec le format autopista.

Le tout jalonné de péages gratuits pour les motos !

Le tracé dans un relief modéré pourrait être très agréable , sans les travaux 🚧 et autres zones défoncées.

Attente ordinaire , circulation  alternée 

Je passe à Neiva dans les temps pour une arrivée à Bogota vers 15:00.

Bonne nouvelle on retrouve du 95 octane à la pompe , mauvaise nouvelle le guidonnage est toujours là très sensible en virage sur bon revêtement à vitesse un peu sport.

La chaîne Terpel propose l’îlot spécial motos dans ses stations service !

La route est bordée d’arbres tropicaux généreux qui forment une belle voûte végétale.

La Panamericana remonte vers Bogota dans un paysage qui alterne les rizières et les fruitiers.

Des panneaux exotiques nous incitent à la prudence.

A une centaine de kilomètres de la capitale , la circulation est brutalement interrompue.

Un bouchon géant de camions obstrue les voies de l’autoroute.

Les camionneurs m’invitent à remonter les files. Au bout de 2 bons kilomètres j’arrive sur un barrage de protestataires, qui me laissent passer directement…je ne saurai pas quel était le motif de ce bloqueo à la colombienne !


La montée finale vers Bogota en fin d’étape est particulièrement pénible.

La ville est à 2600 m d’altitude, dans la montée la température dégringole , le brouillard et le crachin s’en mêlent.

Pour atteindre ma destination, le quartier de Fontibon , près de l’aéroport El Dorado, il me faut contourner la ville par l’ouest à l’heure de pointe , il est 16:00.

La congestion de la ville est à son comble malgré la limitation de circulation suivant le numéro d’immatriculation ( pico y plata).

C’est la loi de la jungle , les camions et les bus sont sans limites, une petite moto se fait broyer la roue avant , le camion ne s’arrête même pas !

Trouver une destination dans le système colombien de numérotation des rues relève de l’exploit.

Même Google Maps patine !

J’y parviens par itérations successives, mieux vaut parler un peu l’espagnol.

Il est 17 heures: le Tropicana Express est terminé et réussi sans aléas.

C’est le début de la saison des pluies à Bogota, une averse tropicale rinse la ville et il fait frais ce soir.

La journée de préparation au transfert aérien Bogota- Panama commence par la KTM.

Il faut la déposer demain vendredi au terminal cargo de Bogota , elle partira en avion cargo samedi , je partirai le dimanche et je la récupérerai lundi au terminal cargo de Panama City.

Les prerequis sont , moto lavée, réservoir à 1/2 , pas de récipients sous pression, produits inflammables.

Le lavage des véhicules est une activité très développée à Bogota, j’avais l’embarras du choix.

Bien bichonnée la KTM française avec son Petit Prince plus propre que jamais !

Pour le reliquat de carburant je commence à bien connaître les paramètres de la machine, je suis parvenu à « atterrir » sur le 1/4 de réservoir sans avoir à soutirer d’essence ou tomber en panne sèche !

J’ai donné les produits interdits de vol, au laveur de moto.

Il reste à trier dans les bagages , le minimum indispensable à garder avec moi dans les limites du bagage cabine.

J’en suis réduit à n’emporter que la toile interne de ma tente pour la nuit à Panama city. Tout le reste partira avec la moto. A Panama il fait 35 deg le jour et 25 la nuit.

Listo ! ( prêt)

Ce vendredi matin , c’est moi qui ai réveillé mon alarme de téléphone !

Mon QG n’étant qu’a 2 km de l’aéroport pas vraiment de soucis pour être à 7:00 chez Air Cargo Park.

Camillo, un vieux briscard d’Air Cargo Pack plein d’entrain, se charge de 3 motos pour Panama. 2 argentins , Royal Enfield 650 interceptor et Honda 350 et 1 français KTM 890 adv.

Le processus commence par une interview des pilotes ( disponible sur demande ) avant une séquence de chariot élévateur singulière.

Puis pesage de la machine et photos sous toutes les coutures.

Sniffage global par un chien de berger hollandais anti drogue.

Transfert en zone sécurisée.

Collage des stickers sur le mur, distribution au personnel !

Le mur des stickers 

Dépose et ouverture des sacs et bagagerie, nouveau sniffage detaillé par un chien militaire anti drogue.

Une fois tout replié , emballage de la moto avec du film plastique étirable.

Mais à 11:00 , Arrêt total des opérations.

Un accident du travail, une employée Air Cargo Pack de 25 ans décédée il y a deux jours, une messe est prévue dans l’entreprise.

Prêtre catholique en grande tenue, chanteur à guitare, le tout en langue espagnole de Colombie, intervention du Chef d’Entreprise, sermon , chants , c’est toujours émouvant.

Les 3 motards conviés sont recueillis mais pas au diapason religieux, espérons que cela n’a pas trop choqué.

L’office terminé, c’est la pause déjeuner.

Il reste à effectuer les démarches de dédouanement par la Douane colombienne…

On tue le temps dans la cafétéria des Douanes, en attendant un WhatsApp de Camillo.

Vers 14:30 mouvement vers une grande salle d’attente des Douanes, re attente et soudain branle bas , tout est signé en 2 mn , ouf c’était la fin de la vacation de la douanière qui part en week end dans la foulée ! Camillo a du métier.

D’ailleurs on ne se quitte pas sans un passage dans les bureaux d’air cargo pack pour un rituel des stickers.

De gauche à droite Jean-Pierre (KTM) Augustin ( Honda) et Juan-Pablo ( Royal Enfield)

Il est 16:00 , nous sommes des cow-boys sans chevaux

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Il s’agit maintenant de préparer mon passage au Panama , le point dur étant les contrôles migration.

Panama a un dispositif renforcé de contrôle qui exige des personnes entrantes une preuve de ressources ( 500$ par mois ou une carte de crédit majeure ) et une preuve de continuation ( billet de transport de Panama vers une autre destination avant la date limite de séjour autorisée).

S’agissant du voyageur en moto ( ou en auto , ou cycliste etc …) , la dernière condition ne peut pas être remplie.

Des sites asiatiques proposent des bordereaux de réservations de billet d’avion, vrai vol toutes destinations, contre 12 dollars, valables 48h , disponibles en 20 mn.

Ce subterfuge mondialement pratiqué est manifestement toléré et traité à la tête du client.

J’ai choisi un Panama - Miami American Airlines du 7 avril …! Sur le site Bestonwardtickets.

C’est la compagnie aérienne qui achemine le passager au Panama qui est chargée de vérifier avant l’embarquement que le passager remplit les conditions exigées par le Panama.

Ainsi je reçois un WhatsApp d’Augustin et Juan-Pablo dans la soirée me disant qu’ils avaient été refoulés à l’aéroport de Bogotá avant l’embarquement , on leur a demandé la facture d’achat du “billet “ qu’ils n’ont pas pu produire!

Ils ont présenté leurs plans de voyage jusqu’en Alaska , le billet d’avion de leurs motos , rien n’y a fait.

Jeunes et argentins ….victimes idéales des ronds de cuir.

Les voilà contraints d’acheter un vrai billet remboursable pour un vrai vol , passer la nuit à l’aéroport avant de pouvoir attraper un nouveau vol pour Panama.

Me voilà sous pression jusqu’à Panama.

En attendant je vais visiter Bogota en bus , mon QG étant à plus de 10 du centre historique.

Le système de transports de surface de Bogota TransMilenio est structuré autour de 2 lignes Nord - Sud et Est - Ouest de bus modernes à propulsion électrique pour la plus part , qui alimentent des lignes , locales plus classiques.

Le système alphanumérique de désignation des lignes et des arrêts est aussi obscure que celui des rues.

Google Maps ( version online) permets de s’en sortir sans trop de dommages !

Faute de temps , j’ai écarté la visite du centre dédié aux victimes de la guerre civile , Fragmentos.

Après plus d’une heure de trajet chaotique de trajet chaotique , Je débarque en plein centre ville au museo del Oro , une référence sur le sujet en Amérique du Sud.

Des porte dignes d’une banque 

Très bien structuré et parfaitement tenu , la visite commence par des fondamentaux de métallurgie.

Martelage en feuilles et placage 
Fusion 
Moulage à la cire perdue 
Techniques de réparation 
L’or dans la cosmologie 
Un moyen de se transformer  et se transporter entre  les différents mondes
Des offrandes aux divinités  

J’ai apprécié la mise en relation avec la cosmologie des mondes précolombiens.


A quelques rues du Musée de l’Or le Musée Botero , issue de la donation par l’artiste de son œuvre et de sa collection personnelle a la Banque Nationale, qui lui a dédié une belle maison coloniale.

Main du désert façon Botero ? 

On y découvre l’œuvre picturale de Botero moins connues que ses sculptures voluptueuses.

Joconde Botero 
Couple dansant 
Famille  
Christ 

Et une grande collection de sculptures Botero

Couple 

La collection personnelle de Botero , avec des œuvres des plus grands artistes du XX s

Buste retrospectif de femme 
Chagall 

Du Musée Botero on flâne dans les rues piétonnes de la Candelaria , encombrée de vendeurs , et d’animations de rue.

On glisse vers la Plaza Bolivar bordée par les édifices institutionnels du pays

Plaza Bolivar 
La Catedral  Primada 
Palais de Justice 
Capitolio Nacional ( siège du Congrès) 
Palais Liévano ( mairie de Bogotá )

En quittant vers l’ouest on se fait avaler par le marché artisanal qui regorge d’objets tentant , sans se faire harceler.

Dans la calle 10 
Centro artisanal Bolivar 

Après une nouvelle heure et demi chaotique de bus , il est temps de saluer l’Amérique du Sud de la Panamericana en KTM, demain je m’envole pour l’Amérique Centrale.

Burger a la banane , garniture avocat , viande et bière colombiennes 

La suite du voyage vers le sous carnet intitulé “ A traves de America Central « , cliquer sur le lien ci-dessous:

https://www.myatlas.com/Kalliste/panam-en-ktm-de-bogota-a-san-cristobal