Après avoir parcouru de nombreux pays dont le Maroc, la Turquie, la Tunisie en moto, j'ai décidé d'emmener ma Baleine Bleue ( Yamaha XT1200ZE ) jusqu'à Dakar et de la ramener jusqu'en Normandie.
Du 31 mars au 4 mai 2019
34 jours
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Pour le motard , c’est le mythe du Rallye Paris-Dakar, et les fabuleuses victoires de Stéphane Peterhansel sur Yamaha XT850 Super Tenere.

Peterhansel en Yamaha XT 850 sur Paris-Dakar en 1998 et 1995  

Pour le natif du Maroc c’est l’appel des villes impériales et celui du désert avec les nomades du Grand Sud, et de Mauritanie.

Porte de la Medina de Fes 
Désert en Mauritanie… 

Pour l’ingénieur aérospatial, c’est la route de l’Aeropostale de Saint Exupéry...Tanger , Casablanca , Tarfaya, Villa Cisneros, Saint Louis du Senegal , Dakar.

La ligne aeropostale de Saint Exupery  France - Senégal  /Saint Ex au Maroc

Alors après 10 ans à en rêver , et de beaux voyages , Maroc, Turquie, Sicile, Tunisie, le projet bénéficie en 2019 de la conjonction des planètes : du temps disponible , une moto équipée et un motard encore en forme, une région pas trop agitée.

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Ma Baleine Bleue Yamaha XT1200ZE , "Spirit Of Cengiz", du prénom de mon meilleur ami motard turc , tué en moto à 30 ans par un chauffard , partira avec 13850 km au compteur pour un voyage de 12000 km. Elle est équipée pour le grand tourisme trail avec des accessoires Yamaha , déflecteurs de fourche, et GIVI sabot moteur, crash bars , platine de béquille latérale, boîte à outils rigide, sac de réservoir , valises et top case alu, filets de rangement, rack de top case. Quelques goodies perso, une prise de recharge avec socket 12V, un support d'iphone, 2 porte-bidons, un compresseur, un manomètre , du ruban adhésif large, 2 sandows, et mon fétiche "Petit Prince".

la Supertenere bénéficie d'une préparation issue du REtour d'EXpérience de mes voyages antérieurs et d'autres motards. Pour ce voyage les modifications spécifiques sont : boitier de protection de l'iphone, sacs étanches pour valises et top case, jerrican souple pour 10 L de carburant supplémentaires , inscription sur la moto des numéros d'urgence Espagne, Maroc, Mauritanie, Senegal.

Le parcours apporte des contraintes particulières : diversité des conditions météo (pluie , froid, chaud) et des terrains ( bitume, sable, cailloux, boue). Cela impose de s'équiper hiver - été , et de changer de pneumatiques en cours de voyage à Algésiras en Espagne avec des Continental TKC80 ( 50% route- 50% piste).

La masse de la machine seule dépassera les 320 kg auquels il faut ajouter le matériel du voyage :

Vêtements de moto hiver et été, combinaison de pluie et surbottes, équipement de camping, duvet, matelas, médicaments, répulsifs moustiques, filtre à eau potable, trousse de secours, cartes et guides, ...

L'ensemble frisera les 400 kg tous pleins faits.😬

La bonne pratique est de réaliser une répétition en vraie grandeur avec tout le chargement en place et l’équipement pilote. Ceci afin de détecter des corrections nécessaires, position des matériels...


Test routier effectué le 7 mars par temps sec :

rupture du cable d’alimentation iphone inadapté au boitier de protection, câble adapté à trouver

rupture de la fermeture de sachoche de réservoir ( usure ) à remplacer

défaut d’étanchéité d’une botte ( usure ) à remplacer !

J’ai retenu , pour ce voyage ,après essais comparatifs avec NAVMII et MapMe, le navigateur GPS Google Maps en mode Hors Connexion sur Iphone 6 protégé par un boitier GIVI.

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Pour réduire les aléas et les risques inhérents à ce type de voyage, la préparation du pilote et de l'itinéraire est aussi importante que celle de la moto.

Il s'agit de réduire les risques santé, soins dentaires, visite médicale, contrôle de la vue, vaccins, et de se mettre à niveau physiquement , poids , endurance, régime alimentaire et psychiquement , sommeil, « coolitude »..

L'itinéraire est construit sur des étapes de 300 à 400 km ,exceptionnellement jusqu'à 700 km, afin de ne jamais rouler de nuit et ménager des temps de pause réguliers.

grandes lignes de itinéraire prévu, retour  en ferry de Tanger à Sète

Il n'est pas prévu de piste de sable , toutefois certaines sections de routes sont en passage à gué ,ensablées, sans revêtement ou en construction.

L'itinéraire tient compte des recommandations de sécurité du Ministère des Affaires Étrangères français et des autorités nationales des pays visités.

Tous les hébergements catégorie « petit budget » sont prédéfinis avant le début du voyage : campings, Auberges de Jeunesse, petits hôtels, chambres d’hôtes. Une liste de lieux à visiter est établie, sera adaptée en temps réel.

Une checklist est à dérouler au départ et à l'arrivée de chaque étape, les points de ravitaillement en carburant sont identifiés en relation avec l'autonomie de la moto et les repos nécessaires du pilote.

les démarches administratives suivantes sont effectuées:

enregistrement sur le système Ariane du Ministère des Affaires Étrangères français

mises à jour du carnet de vaccination ( fièvre jaune, hépatites A et B )

permis de conduire international

carnet de dédouanement ATA

visa pour la Mauritanie

assurance voyage

assurances moto locales

téléphone local et cartes de téléphonie locales

Toutefois le plaisir de la préparation du voyage c'est surtout de s'intéresser aux pays visités, histoire, langues, musique, actualités, géographie 🙂

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Départ comme prévu de Normandie, frisquet au petit matin (4 deg ) mais ciel bleu.

top départ  

Crochet par l’esplanade du Trocadéro à Paris...

Bords de Seine face à la Tour Eiffel  

Tranquille jusqu’à Coudes , 600 km au soleil...

pause repas… 
Pause repos… 
Coudes et sa rivière à saumon 

Une première étape d’échauffement bienvenue.


Le beau temps étant de la partie, je lève une option pour la deuxième étape en ajoutant un crochet dans l’Aveyron.

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Le crochet dans l’Aveyron rallongeant l’étape, décision est prise de prendre la route dès 7:00.

Le charme du lever du soleil sur les Monts du Cantal n’a d’égal que la fraîcheur du fond de l’air.

La batterie de l’iphone ne tarde pas à se mettre en rideau, à cause du froid, plus de GPS.😬

On enchaîne, Lozère, Aubrac, autour de 1000 mètres d’altitude.

Pause photos vintage en Lozère  
Le grand viaduc de Milliau 

Aux portes de l’Aveyron la température est plus humaine, l’occasion de musarder.

Sculptures en métal soudé  

Le but de ce crochet en Aveyron est de retrouver un ami d’enfance, pas revu depuis 40 ans , devenu , sur le tard, neo rural dans la charmante petite ville de Coupiac.

Croisée des chemins pour l’Aveyron 
Le château de  Coupiac 

Une région de moyenne montagne, qui vaut le détour.

Vers Salvetat 

Avec le printemps la nature reprend des couleurs, l’odeur des grumes fraîchement coupées...

Une région d’exploitation forestière  raisonnée 

Côté détours on est pas déçu, mais les retrouvailles avec l’ami Marc-Henri les valaient bien.

Il m’a affirmé que j’ai à l’époque saoulé mon chien au whisky...je n’avais pas ce souvenir 😳 ! Pauvre chien (c’était du Johnny Walker Red Label).

Le Minervois, le Haut Languedoc, avant la plongée vers la belle bleue, il est 19:00 à l’arrivée sur Perpignan.

Déjà plus de 1000 km depuis le départ, et une escapade en montagne.

L’usure des pneumatiques est la préoccupation , car il faut qu’ils tiennent jusqu’à Algésiras, où des pneus neufs nous attendent.

Alors pour limiter l’usure je roule à un train de sénateur. Les 115 chevaux de la « baleine bleue » piaffent.

Demain on passe chez les Ibères, en espérant échapper à la pluie, et ne pas trop consommer le capital de pneumatiques.

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Je quitte Perpignan sans avoir pu visiter le Centre du Monde , la gare chère à Salvador Dali...

Estacion de trenes de Perpignan (S Dali) 

Au moins ai-je rejoins à Perpignan la route de l’Aeropostale qui ralliait Dakar au départ du Bourget , via Bordeaux puis Toulouse...

 Carte attribuée à Jean Mermoz 

La météo de cette longue étape , plus de 700 km d’autoroute, vers Elx au sud d’Alicante promet d’être mouvementée.

A l’arrivée en Espagne/Catalogne, ciel chargé, brume et froidure.

 Changement de carte pour la route 

Au premier arrêt carburant on constate pour de bon le changement de pays.

En espagnol et en catalan 

La station REPSOL , rappelle aux amateurs de courses de moto Grand Prix que les pilotes Dani Pedroso et Marc Marquez sont sur les podiums depuis plusieurs années sur Honda REPSOL aux couleurs de soleil !


La Baleine aime le REPSOL 
Le champion espagnol de Moto GP  Marc Marquez 

La vitesse sur les Autopistas et Autovias est limitée à 120 km/h, avec très peu de radars , ce qui détend bien.

Les espagnols sont épargnés par la radarite, et ont décidé de ne pas reconduire les concessions d’autoroute ( 50 ans) à partir de fin 2018.

Autopista AP-7 près de Tarragona 

Les nuages chargés jouent au chat et la souris...avec nous crescendo.

Première alerte à la pluie 

En attendant je profite du parfum de fleurs d’orangers, en longeant des dizaines de kilomètres d’orangeraies.

Elles céderont bientôt la place à de vastes oliveraies.

On remarque une inquiétante faiblesse du débit des fleuves tout le long du trajet en ce début de printemps, l’irrigation massive des cultures finit par avoir raison des réserves hydrauliques de la péninsule ibérique.

En début d’après-midi on passe , de quelques gouttes de pluie , à de violentes averses violentes de grêle.

Avec des pneumatiques usés le risque d’aquaplanning s’accroit, il m’a fallu m’arrêter à 2 reprises sous un pont.

Les devoirs du soir à Elx , c’est séchage express !

C’est le soleil prévu demain sur l’Andalousie qui fera la finition.

Séchage de l’équipement

Côté pneumatiques cela devrait tenir jusqu’à Algésiras ...plus que 600 km.

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Ce matin le nord de l’Espagne est en alerte météo neige ...et les températures nocturnes sont négatives.

Au départ d’Elx , j’actionne les poignées chauffantes car le froid pénètre les gants encore légèrement humides, l’équipement hiver limite la casse.

Sauf la batterie de l’Iphone, qui n’aime toujours pas le froid 😟

L’autoroute AP-7 s’enfonce après Murcia vers l’intérieur du pays et la moyenne montagne, le soleil radieux peine à faire monter le mercure.

Près de Lorca 

On découvre à main gauche la Sierra Nevada enneigée et étincelante, en parcourant des paysages tantôt agricoles et préservés, villages troglodytes, vignobles et oliveraies d’altitude, tantôt des forêts ou des versants arides.

La neige de la Sierra Nevada sous le soleil 

Le point culminant du trajet est le col du contador (1380 m) dans la Sierra de Huetor avant de plonger vers Granada.

Descente du puerto el contador 

En filant vers Granada, on aperçoit maintenant des incitations à rejoindre l’autre rive de la Méditerranée.

 Tickets à vendre pour le Maroc dans une station service près de Granada 

L’autoroute nous ramène maintenant vers Malaga. En dehors des grandes villes cet axe autoroutier supporte principalement un trafic routier de poids lourds.

Cette fois je suis invité lors de ma pause par un camionneur, lui aussi en pause déjeuner, à prendre un thé à la menthe , plutôt 2 , car dans la tradition marocaine on ne peut refuser que le troisième.

La menthe vient de Marrakech, l’homme est d’Agadir. Il conduit un semi remorque Volvo de 40 t PTAC du Maroc vers l’Europe et vice versa. 300.000 km par an.

Tariq trouve le métier de camionneur international agréable , il se promène en Europe tous frais payés, avec des durées maximales de conduite très strictes enregistrées par un disque,( pause d’une heure minimum toutes les 4 heures). Au Maroc pas d’enregistreur, des durées de conduites excessives...Tariq n’aime pas trop cette partie des trajets.

Le camionneur Tariq et son Volvo 

Tariq a conduit le semi remorque d’assistance du Rallye des 4L jusqu’aux dunes de Merzouga.

Un grand moment: la remorque aménagée comprenait, l’atelier, l’infirmerie, le studio vidéo,et le bar.

Nous reprenons la route, le gros Volvo salue Yamaha qui file vers Malaga , de deux coups de corne de brume...Hasta la vista !

Nous longeons bientôt la côte branchée de Marbella, qui donne une idée des dégâts occasionnés par les extravagances de mauvais goûts . Les condominiums et les golfs se succèdent transformant en Disneyland cette côte autrefois sauvage.

Un des golfs de la côte dominé par en résidence bling bling 

Pub vue près d’Algésiras , on comprends pourquoi ma moto ne boit plus que du REPSOL.

Marc Marquez 6 fois Champion du Monde 

On a pas évoqué les pneumatiques , c’est pour demain.

La nuit est douce à Algésiras , 18 deg à 19:00 😉

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Ma moto ayant découché sur un parking public du Port d’Algesiras, il me tarde de vérifier qu’il n’en manque pas un morceau.

Moto intacte  

Beau temps et douceur ce matin pour trouver le Motoroddar Taller dans Algésiras.

Motorrodar , c’est la  porte de garage verte ouverte au rez de chaussée

Une bande de fans de motos installée dans un garage au pied d’un immeuble.

J’avais déniché cette équipe depuis la France, Yamaha Algésiras étant incapable de traiter une demande venant de l’étranger de manière réactive.

Mais l’organisation de cette maison de Hobbits très professionnelle, voilà ma Baleine entre de bonnes mains.

A voir les merveilles qui sont bichonnées ici ...

Triomphe vintage de course et Oldie Yamaha style Harley Davidson à restaurer  

Mes pneus de route étant devenus « carrés » il est temps d’en changer pour des pneus mixtes.


16000 km avec le même jeu de pneus je mérite le prix du conducteur Continental 

Petite visite matinale dans ce quartier « classes moyennes » d’Algésiras bien propre et agencé.

Algésiras côté jardin 

Décidément tout est à l’échelle 1/2 , le café suggéré par le mécano doit faire 25 m2, mais l’ambiance y est chaleureuse.

Mini café, bonne ambiance 

Petite promenade matinale pendant que la Baleine se fait refaire une santé.

« Ils sont beaux mes pneus »

On est pourtant à 2 kilomètres du Port qui tient de la cour des miracles.

D’innombrables personnes s’affairent à vendre des bricoles, à attendre ...

On mesure ici cette dimension d’Algésiras porte de l’Europe pour la jeunesse d’Afrique.

L’influence marocaine y est grande , ce qui assure une transition en douceur avant de retrouver Tanger pour de bon.

Fast food marocain  

On rencontre aussi des globe trotters improbables comme ce basque arrivé dans l’Auberge de jeunesse.

L’ancien postier visite le monde à pied en tirant un sac à roulettes.

Jean-Louis estime qu’à 77 ans il est temps de découvrir le monde.

Il arrivait de Malaga en Flixbus après un Bayonne-Lisbonne , puis un Lisbonne-Séville en vols low-cost et un Séville - Malaga en bus.

Le garçon poursuivra vers la Maroc...

Son rêve , aller de Séville à Saint Jacques de Compostelle (600 km). L’homme semble, sérieusement, porté par la Foi...

Petite visite du Marché couvert sur recommandation d’une Algesiroise.

Poisson et bière font bon ménage dans les gargotes.

Le marché du port d’Algésiras 

Direction Gibraltar 🇬🇮 pour l’après-midi, avant que le Brexit rende la frontière moins fluide.

La ville de Linea de la Conception, est frontalière avec Gibraltar.

Ce nom est magique pour moi, car, enfant , ma nurse espagnole revenait de ses vacances avec des cadeaux (gâteaux, bonbons,jouets), venant de la Linea.

Je pensais que c’était un pays merveilleux...c’est une ville modeste sans charme particulier...

Bienvenue à la Linea 
La Linea de la Conception centre moderne  

Le rocher de Gibraltar ( de l’arabe Jebel Tariq ) est géographiquement relié au continent mais fait partie de la Couronne Britannique.

Le Rocher vu de la Linea 
Batterie d’Harlington 1764 
Phare de la Pointe de l’Europe 

Gardes frontière, Bobbies, livre sterling, signalisation tout est british, mais on roule à droite !

Dangereux pour un anglais 

C’est une place forte de Sa Gracieuse Majesté aux airs un peu surannés.

Plage d’une petite marina vintage 

A la fois réserve naturelle, site historique et base militaire de la Royal Navy.

Mosquée de Tariq 

La frontière avec l’Espagne est matérialisée par la piste de l’aérodrome de Gibraltar , qu’il faut traverser.

Lors d’un décollage ou atterrissage, le passage est momentané interdit avec flegme.

En face la piste d’atterrissage et la tour de contrôle  

Le vent souffle bien en cette fin de journée.

La météo annonce un vent fort et de la pluie pour demain sur le détroit de Gibraltar et tout le nord du Maroc.

Une belle corrida en vue jusqu’à Rabat et probablement au delà.

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La pluie et le vent sont de la partie à Algésiras. Nous voilà avec un motard allemand ,rencontré la veille, à attendre l’embarquement pour Tanger.

A droite la Baleine Bleue à gauche Martin et sa 700 Deauville 

Pas de bureau de douane espagnol sur la plateforme d’embarquement, on me propose de retourner en ville pour faire tamponner mon carnet ATA, je jette l’éponge au sens propre du terme sous la pluie battante.

....difficultés à prévoir au Sénégal.

Nous sommes bientôt rejoints par un couple de portugais en Honda 1000 Africa Twin en provenance de Lisbonne.

Ferry « Las Palmas de Gran Canaria«  

Embarquement original sur le ferry de Tradmediterannea, car ils font monter les motos à l’étage .

Le sol métallique de la rampe du garage du ferry déjà huileux à souhait est détrempé, le rendant encore plus glissant.

On stresse tous un maximum , en particulier le pilote portugais avec son Africa toute neuve.

On se fait des plans, échanges de conseils avant de passer.

Les motos patinent et partent en travers mais arrivent toutes en haut sur leurs roues ✌️

Les motos avant leur sécurisation pour la traversée  

Le navire appareille avec 2 heures de retard , et accuse 2h 30 de retard à Tanger Med après une traversée agitée.

Arrivée à Tanger Med  

Les portugais , pas équipés pour la pluie, décident de faire relâche à Tanger en attendant une amélioration météo.

Martin l’allemand, roi de l’improvisation, décide d’aller à Chefchaouen dans le Rif.

La pluie et le vent redoublent, mais il faut passer les contrôles d’entrée au Maroc,

Le Terminal ...pour l’embarquement 

Policiers et douaniers nous font passer en priorité, nous épargnant la queue sous la pluie, il y a quelques petits avantages à être motard.

Suivent les opérations de change d’argent , euros en dirham, et l’achat d’une carte de téléphone marocaine.

Le pilote portugais est nerveux car il n’a plus de GPS et trouver un hôtel dans Tanger sous la pluie quand on ne parle pas français c’est un challenge.

Je ne tarde pas à m’apercevoir que la fonction guidage de mon GPS hors connexion ne fonctionne pas non plus...

Commence 275 km d’autoroute vers Rabat avant une météo exécrable.

Un fort vent latéral souffle depuis l’Ocean, rendant les dépassements délicats.

Malgré la combinaison de pluie l’eau s’infiltre progressivement et le vent accentue la sensation de froid.

Je concède 3 haltes sur ce trajet dont une pour le carburant , une pour un premier thé à la menthe.

Fête des grenouilles marocaines  
Premier plein dans une station Afriquia 

Trouver le rbnb sans guidage GPS , retour au guidage à l’ancienne , le Guidage Par le Sol gtace aux piétons marocains.

Ma mémoire de la ville et l’aide des rbatis , règle la partie en 3 itérations.

J’accuse 4 heures de retard, mon hôte commençait à ce demander ce que j’etais devenu.

La pluie et le vent redoublent, pas de balade ce soir, je sors un joker, je ferai relâche ici, afin de reprendre la route vers le sud après demain , la perturbation météo s’atténuant.


Tous les espoirs sont permis  
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Le muezzin du quartier des Orangers a fait le réveil matin, mais les courbatures se font ressentir, bras, jambes, cou, la conduite en moto avec vent fort est très fatigante.

Le séchage a bien progressé pendant la nuit !

Visite pédestre de la Capitale avec une pèlerinage dans le quartier Pietri. ( du nom du ministre François Pietri, un Corse de Bastia à la carrière bien remplie)

Un quartier qui s’est transformé plutôt en bien.

Portrait de femme en mosaïque  
La clinique qui va vu naître  

Naître au dessus d’un garage et en face du Touring Club du Maroc , ça marque !

L’appartement familial au premier étage à gauche du TCM 
L’école mixte maternelle et primaire Pierre de Ronsard 

Le quartier est devenu tendance

Guide du routard 
Le Bistrot du Pietri 
L’Urban  Palace Le Pietri 
Restaurant Pietri Palace 

A quelques centaines de mètres le Musée d’Art Contemporain Mohamed VI qui met en valeur l’influence du Maroc sur la peinture depuis le 19s.

Musée Mohamed VI 

L’avenue Mohamed V reste le centre de la capitale en dépit du développement de nouveaux quartiers.

Le haut de l’avenue vers la gare 


A hauteur du Palais de Justice 
Les arcades de l’avenue Mohamed V vers la Médina  
La monarchie Alaouite en photos  

Petite incursion dans la Médina, en cours de modernisation, j’ai surtout retenu les pâtisseries !

De la crème et des couleurs 

En poussant vers l’ouest on atteint le front de mer.

Plage près des Oudaias 
En arrière plan les remparts de la Casbah des Oudaias 

J’ai zappé la Casbah des Oudaias pour cause d’impossibilité de se garer à moins d’un km.

Sur l’embouchure du fleuve Bouregreg qui sépare les villes de Rabat et de Sale, le site de la Tour Hassan et le mausolée du roi Mohamed V père de l’indépendance.

Le pont Hassan II entre Rabat et Salé 
La Tour Hassan du 12 s inachevée  
 Le Mausolée du roi Mohamed V le père de l’indépendance du Maroc (1957)

Les propriétaires de moto sont comme les maîtres de chiens: ils se parlent d’histoires de chiens.

Sur le parking du Mausolée, discussion comparée avec un gardien de voitures entre son cyclomoteur Peugeot Fox 49,9 centimètres cubes et ma Yamaha Supertenere 1200 centimètres cubes.

les remparts de la ville restaurés régulièrement lui conserve du charme.

Vers le quartier des Orangers 
Orangers du quartier  
Vers le Palais Royal  

Le Palais Royal quant à lui ne se photographie pas.

Rabat regorge de maisons et d’immeubles post Bahaus, de style paquebot

Immeubles années 50 

Après l’effort le réconfort

Thé à la menthe  
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Beau temps pour le départ de Rabat mais le fond de l’air est frais.

Je prends l’autoroute A5 vers Casablanca, qui dessert les stations balnéaires du sud ouest de Rabat Temara, Skrirat, les sables d’or, connues aussi pour les tentatives de putsch militaire des années 70 contre le roi Hassan II.

Forêt au sud de Rabat  

On contourne ensuite la capitale économique Casablanca et sa banlieue pauvre qui s’étend sur des dizaines de km.

En s’éloignant de Casablanca on retrouve des paysages agricoles.

Campagne entre Rabat et Casablanca 

Progressivement les activités agricoles deviennent de plus en plus modestes.

Petites parcelles séparées de murets, petits troupeaux, ânes et mulets.

Le labour à traction animale, cheval ou duo de mules est pratiqué.

Je quitte l’autoroute pour El Jadida ( La Nouvelle ).

Une ville plantée de palmiers 

Il s’agit d’une des anciennes cités portugaises du Maroc.

Centre national du cheval pur sang arabe, site classé au Patrimoine de l’UNESCO , la ville semble résister encore aux ravages du tourisme de masse.

Elle est agrémentée de palmiers avec un front de mer et jardins qui mènent à la forteresse de Mazagao ( Mazagan) joliment restaurée.

Front de mer ( océan !) 

La citerne offre un jeu de lumière troublant.

Reflets dans la citerne 
Les fortifications  
L’accès à l’´Ocean 

Je quitte Mazagan à regrets.

La circulation se densifie rapidement jusqu’à se bloquer.

Me voilà dans une immense foire, marché aux puces, souk , fête sur des kilomètres.

Bientôt apparaissent des tentes et des chevaux apprêtés.

Tentes et chevaux arabes  

Le comprends aux bruits de coups de feu que c’est jour de fantasia.

Les équipages  

Les peintres orientalistes, en ont fait un mythe, qu’il est ici l’occasion de rencontrer sans l’ombre d’un touriste.

Cet art équestre , simulacre d’assaut de cavalerie , reste largement pratiqué au Maroc, par des dizaines de milliers de cavaliers et cavalières.

Les équipes sont jugées sur la coordination du mouvement ( galop , simultanéité du coup de feu ) et sur l’esthétique de l’équipage (cavalier, cheval)

Je ressors du tableau de Delacroix , pour reprendre la route côtière qui devient un parcours de conduite.

Un mouton, resté seul du coté gauche décide de rejoindre le troupeau du côté droit.

Mise en pratique des exercices d’évitement , freinage d’urgence ( l’ABS se déclenche) , pas de méchoui aujourd’hui.

Bientôt je croise mes premiers dromadaires vaquant à leurs occupations (se nourrir).

L’interprétation du code de la route par les camions et autres pickup est de plus en plus libre...

Le plateau qui surplombe l’Ocean devient plus aride et le vent froid malgré un soleil radieux.

Le plateau près de Safi 

Safi se présente comme une ville industrielle du phosphate et un port, dont les installations écrasent les remparts de la cité portugaise.

Port et chimie  

Il subsiste des fortifications de la cité portugaise.

Remparts de Safi 

La traversée de la zone industrielle offre cette ambiance dantesque des installations pétrochimiques où on ne cherche pas à s’attarder.

Le revêtement de la route devient hasardeux avec, tantôt une zone nids de poule géants ( d’autruches) et tantôt une portion fraîchement refaite ce qui maintiens réveillé.

Les oueds en crue charrient des alluvions ocres de l’Atlas.

Les ocres de l’Atlas  

La Baleine est narguée par une charriote à 1 cheval animal.

Cabriolet vs moto trail 

La route côtière domine la falaise bordée d’un ruban bleu de l’océan et blanc des rouleaux de vagues.

Falaise bordée de vagues 

A l’approche d’Essaouira le plateau se couvre à perte de vue d’une forêt « méditerranéenne « qui tranche avec la maigre végétation qui nous accompagne depuis Safi.

La forêt autour d’Essaouira 

En cette fin d’après-midi le soleil rend l’océan argenté. La vue offerte aux villas somptueuses qui parsèment la côte explique pourquoi des fortunes du monde entier s’y installent en villégiature.

A l’arrivée sur l’axe Essaouira - Marrakech, retour aux larges avenues et des les premiers rond-point, les sollicitations de jeunes proposant, restaurant, locations...

La cité est submergée par le tourisme de masse.

Les 600 km du jour, de 8:00 à 18:00, ont été fatiguants , relâche demain.

En attendant la météo se présente bien.

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Malgré un beau soleil la température ne grimpe pas.

La médina d’Essaouira est classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les fortifications de la cité de Mogador (.Mûgadir en amazigh) ont été érigées par les portugais.

L’enceinte de Mogador  

Essaouira c’est aussi de grandes plages.

Des courageux se baignent 

Essaouira reste un vrai port de pêche avec près de 9% du tonnage atlantique du Maroc.

 Chantier de réparation des chalutiers  
Flottille de barques 
Les poissons directement transbordés dans les camions frigorifiques 
La vente directe tous les matins  
Ça intéresse le chat 
Le port de pêche de Mogador  

Dans l’enceinte de la cité , principalement des boutiques pour les touristes , mais aussi des commerces de la vie quotidienne locale.

Le créneau très pointu du resto vegan égyptien  
Ruelles loin du flux  
Commerce du quotidien  
Axe de la Médina
Boutiques de musique  

Essaouira est une région de musique Gnaoua , festival annuel, très connectée à la World Music depuis la venue de Jimmy Hendrix.

World Croute Art  

Essaouira était très prisée de Delacroix.

Une école de peinture marocaine s’y est développée

L’argan sous toutes  les formes 

Essaouira est une région productrice d’argan , les forêts alentour sont peuplées d’arganiers.

Cornes de gazelles excellentes  
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550 km de route vers le sud, on rentre dans le dur.

Entre Essaouira et Agadir les plantations d’arganiers et la production d’huile sont omniprésents.

Forêt d’arganiers au sud d’Essaouira 
Noix d’argan  

A l’approche d’Agadir la végétation se raréfie.

Avant de plonger vers Agadir 

Agadir , reconstruite après le tremblement de terre de 1969, est livrée au tourisme de masse marocain et étranger , tous les excès de promoteurs immobiliers de résidences pieds dans l’eau etc...semblent permis.

Je traverse vite, si l’on peut dire, après m’être perdu dans la ville. ( le GPS hors connexion à des défauts ).

La route nous dirige vers Tiznit avec une forêt d’Eucalipthus qui tente de retenir les premières dunes de sable.

Près de Tiznit 
Vendeurs de menthe sous une peinture murale 
Entre Tiznit et Guelmim  

A l’approche de Guelmim on sent le désert avec un fort vent latéral qui balaie du sable sur la chaussée et rend difficile la progression en moto.

Guelmim ( Goulimine) a bénéficié de l’effort de guerre dirigé vers l’annexion du Sahara Occidental.

C’est un centre militaire important.

La ville est particulièrement bien dotée dans un style parfois surprenant.

La porte de Guelmim 
Deco florale  
En direction du Sahara 
Entre Guelmim et Tan-Tan 

Tan-Tan est principalement une base militaire des Forces Armées Royales.

El Ouatia , Tan-Tan Plage, est un fantôme de station balnéaire dont il reste des traces.

Ex gloire du tourisme 
La plage de Tan-Tan El Ouatia au crépuscule  

Côté circulation de plus en plus de créativité.

Un 30 tonnes renversé dans le fossé, des dépassements sur ligne continue rendus inévitables par les engins qui circulent à des vitesses de 20 à 120 sur simple voie.

Des motos sont apparues dans le même sens que moi.

Un espagnol de Pampelune en 750 Yamaha supertenere de 1982 ( l’arrière grand mère de la Baleine) illustre reine du Paris-Dakar.

Un marocain de Zurich en Honda 1200 Crosstourer toute neuve, qui va en Gambie !

Les contrôles de Police et de Gendarmerie se font plus fréquents , tous les 50 à 100 km , 2 fois avec contrôle des papiers, toujours avec courtoise.

10 heures de route aujourd’hui, ce sera plus court demain pour rejoindre Laayoune.

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Il fait frisquet , ciel couvert et vent à décorner les bœufs à El Outia ce matin.

La route passe devant le port de pêche industriel.

Le rond point d’accès au port de pêche industrielle  

Alors que l’on se dirige vers Tarfaya le paysage devient quasi désertique.

Entre Tan-Tan et Tarfaya  

Un vent violent tourbillonnant oblige à réduire la vitesse et redoubler de vigilance.

La route est construite sur un plateau fendu de temps à autre par un fleuve (oued) dont l’embouchure offre un beau spectacle sur l’Ocean

Oued « ma fatma »

Les dunes de sables se font de plus en plus présentes et le vent crée des langues de sables sur la route.

Un film de sable balaie la chaussée  
Un engin déblaie une congère dans laquelle une voiture est bloquée  

À Tarfaya on constate combien l’ensablement est une difficulté quotidienne.

Le centre de Tarfaya ensablé  

La petite ville recèle un musée Saint Exupery en mémoire des séjours de Saint Ex et en particulier de son Petit Prince inspiré par les lieux.

Dessines moi une moto 
Dessin original à gauche 

La route vers Laayoune est l’objet d’une activité importante de construction d’une voie parallèle avec un impressionnant déploiement de machines et véhicules de chantier.

On longe plusieurs champs d’éoliennes, on comprends pourquoi !

Je me suis habitué au panneau mais pas aux bêtes qui traversent nonchalamment.

Petit dromadaire avec sa mère  

Les checkpoint de police se multiplient à l’approche du Sahara avec à l’entrée de Laayoune la remise d’une fiche et photos de la moto.

L’armée marocaine , la Police, sont fortement présentes dans la ville.

Ça et là un véhicule de la force de l’ONU MINURSO.

Véhicule de l’UN (MINURSO) 

Laayoune garde des traces de son passé de colonie espagnole.

Place de l’époque espagnole 
Immeubles et place marocains récents 

Un effort de construction exceptionnel est mené par le Maroc pour intégrer ces territoires au Royaume.

Côté moto je m’inquiète de nouveau pour mes pneumatiques qui semblent s’user vite pour 1500 km alors qu’ils faut qu’ils tiennent encore 6000 de plus je prépare un plan B à Dakar

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Départ au lever du soleil car l’étape pour Dakhla est longue , 530 km , dans une zone désertique de la Saguiat El Hamra.

Ciel couvert , fond d’air frais , vent de l’océan...

Le Maroc a renforcé les infrastructures de Laayoune avec de nombreuses entreprises françaises, Lafarge,Cegelec , Bouygues...

Un tapis roulant transporte en continu à travers le désert les phosphates de la mine de Bou Craa jusqu’au centre de traitement de Laayoune.

On longe pendant 5 km le mur d’enceinte de Phosboucraa l’entreprise qui gère ce business.

Le mur d’enceinte de Phosboucraa  

Les checkpoints se multiplient dès la sortie de Laayoune, puis tous les 50 km , puis tous les 100 et à l’entrée et la sortie de chaque localité.Je commence à être bien rodé.

Sortie sud de Laayoune 

Au delà de Laayoune et vers Boujdour des dunes de sable réapparaissent, avec de nouveau des langues qui mordent sur la chaussée.

Le retour des dunes de sable  

On retrouve ensuite la côte Océane et les aplombs du plateau.

Le plateau domine l’océan

Près de Boujdour apparaissent les premières tentes nomades saharaouis.

Tente de nomades 

Boujdour est aussi une ville de la Marche Verte qui a vu des centaines de milliers de marocains répondant à l’appel du roi Hassan II , marcher vers le Sahara.

L’entrée de la ville rend compte de cette marche triomphale...avant que la guerre n’éclate dans la région.

La voie royale de Boujdour 

De Boujdour à Dakhla rares sont les endroits permettant de faire une pause.

Cette station hors d’âge fait l’affaire.

Une station service de roadtrip 

Au delà et pendant près de 100 km il faut rouler sur des tronçons de route en construction, par moment un lit de gravier, d’autre fois de la terre battue.

Je passe fréquemment en pilotage debout ( mode trial) plus fatiguant mais permettant une meilleure visibilité et un meilleur contrôle.

Je me lance à gauche ... 

J’ai presque oublié d’admirer ces tables qui parsèment cette région.

Tables géologiques  

Dans les derniers 100 km avant Dakhla , la route étant terminée , je peux musarder.

Une plante intrigante colore des surfaces du désert en rouge.

La plante gorgée d’eau 
Tapis rouge pour la Baleine Bleue 

Avec un pneu de camion je fais une composition.

En moto tout est dans le pneu 

Plus je rencontre un troupeau de dromadaires flegmatiques dont l’un est passionné de moto

Dromadaire curieux 

Peu avant d’arriver à Dakhla on est saisis par un paysage somptueux de dunes de sable clair et de bleu-vert océan.

Les dunes et l’Ocean 

Ça et là des spots de kitesurf , ...on sent que les promoteurs ne sont plus très loin.

Encore « sauvage » ... 

Une porte triomphale nous accueille à Dakhla, sous l’égide du roi Mohammed VI.

L’entrée de Dakhla 

Je reviendrai sur Dakhla lors du trajet retour ...

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Petit rappel sur le contexte régional.

La traversée du Rio de Oro va nous conduire à la frontière entre le Sahara Occidental et la Mauritanie marquée par un No Man’s Land de plusieurs kilomètres tenu par le Polisario.

C’est un point de tension avec les Forces Armées Royales, surveillé par des observateurs de l’ONU (MINURSO).

A partir de là, a été construit vers le nord par le Maroc , avec l’appui technique de la France et des USA, un mur de sable de 2500 km équipé de surveillances électroniques terrestres, et aériennes.

Le mur marocain au Sahara Occidental  

Ce mur sépare le Sahara Occidental , ancienne colonie espagnole, en 2 parties.

A l’ouest sous contrôle du Maroc 80% des richesses minières et halieutiques, et les principales villes.

A l’est , aux confins de l’Algérie, sous contrôle du Front Polisario, des camps de réfugiés dont la majeure partie est située près de Tindouf ( Algérie).

Une République Arabe Sahraouie Démocratique à été décrétée.

Le sort des populations reste à régler entre un référendum d’autodétermination dans le cadre d’un processus de décolonisation comme le demande le Polisario , ou une autonomie au sein du Royaume du Maroc comme le propose Rabat.

Le territoire du Sahara Occidental est sur la liste du Comité Spécial de l’ONU pour la décolonisation.

Des échanges ont repris en 2018 entre les parties sous l’égide de l’ONU pour tenter de régler ce conflit vieux de 40 ans.

Véhicules des Nations Unies à Bir Ganduz 

Au départ de Dakhla , ciel couvert et fond d’air frais.

J’emprunte l’avenue triomphale après un plein à raz bord de carburant par précaution.

La station improbable en semi lethargie 
L’avenue triomphale 

La sortie de la péninsule de Dakhla passe par 3 contrôles de la Gendarmerie Royale.

Toujours avenant un jeune gendarme me demande où je vais : « tu vas en Afrique ? », de son point de vue le Maroc n’est pas , vraiment en Afrique !

Le soleil peine à percer des nuages denses.

L’ocean à l’horizon 

Je ferai étape à Bir Ganduz (multiples translitérations), 240 km.

Lagouira est le point le plus au sud du Sahara Occidental  

Peu après être sorti de Dakhla , je passe le Tropique du Cancer , parallèle de 23° 26' 12.555" de latitude nord.

La  faute d’orthographe  n’excuse pas la stupidité des tagueurs 

La route , en état moyen , longe , à gauche des dépressions, à droite l’océan Atlantique, jusqu’au Tropique du Cancer

A droite l’Ocean 
A gauche une dépression  

Plus loin la végétation se raréfie et le relief s’estompe.

Étendue sans relief avant Bir Ganduz 

Le sable revient en force avec le vent formant des congères qui occupent une bonne moitié de la chaussée rendant impossible le croisement des véhicules.

Au loin un camion arrêté sur la voie de droite feux de détresse allumés.

Je ralenti pour éventuellement apporter une aide.

Arrivé à quelques dizaines de mètres j’aperçois le chauffeur du camion faisant sa prière du vendredi dans le désert...

La Baleine ayant soif je m’arrête à la première station de Bir Ganduz.

C’est déjà l’Afrique comme dirait le gendarme.

On the Road to Africa

De nombreux véhicules immatriculés en Mauritanie y font halte.

Je discute avec le jeune pompiste qui a remarqué mon Petit Prince mascotte, au sujet de Saint Exupery. Il connaît l’histoire mais pas le lien avec la région.

Le Petit Prince, connu dans le monde entier  

La station faisant hôtel de voyageurs je décide d’y faire étape au lieu de pousser vers la frontière et trouver les bureaux fermés.

Les véhicules mauritaniens ne lassent pas de m’intriguer sur leur capacité à supporter un usage très au delà de ce pour quoi ils ont été conçus.

La terrasse de la station service/gargote /bar/restaurant/hôtel donne lieu à des discussions variées.

J’aide à pousser une Renault 12 hors d’âge dont le démarreur est HS pour la faire démarrer.

Je partirai tôt demain pour couvrir les 80 km restant avant la frontière de Guerguerat et patienter dans la queue de sortie du Maroc, traverser le No Man’s Land, puis faire la queue d’entrée en Mauritanie.

La journée sera longue demain pour rejoindre Nouakchott la capitale de la République Islamique de Mauritanie.

Je m’attarde à régler la logistique avant le segment « africain » du voyage.

À la demande d’une lectrice assidue mais qui a du mal à suivre le trajet 😉

Bir Ganduz c’est le point bleu ! 
Le compteur de la Baleine Bleue : 5030,9 km depuis le début du voyage 
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Départ de Bir Ganduz dans la lumière du soleil levant , 480 km pour arriver dans la capitale de La République Islamique de Mauritanie.

Lever du soleil sur le désert à Bir Ganduz  
Yamaha moto du pays du soleil levant 

Les 80 km qui nous séparent de la frontière voient des évolutions surprenantes du désert.

Avec du relief propice au congères de sable.

Le panneau qui fait flipper la Baleine 

Vient ensuite une zone plane parsemée de rochers creusés par le vent

Désert parsemé de rochers creusés par l’erosion

Apparaît une longue file de camion à l’arrêt que je remonte allègrement.

File de camions à la frontière du Sahara Occidental sous contrôle du Maroc

Le passage de la frontière côté marocain se déroule bien , traité en 30 mn.

On entre alors dans le chaos du no man’s land ni marocain ni mauritanien et sans route.

Photos

Sur les quelques centaines de mètres encore goudronnés , la chaussée est entièrement occupée par des centaines de camions sur 2 files qui attendent d’entrer au Sahara Occidental.

Files de camions attendant d’entrer au Sahara Occidental

Passé le poste marocain c’est le chaos du no man’s land

Véhicules dans le désordre à l’entrée du no man’s land 

Il faut faire passer la Baleine sur le sable profond , cauchemar de motard ...de route.

Il ne me faut pas attendre plus de 200 m pour qu’elle se couche gentiment dans le sable sans dégât, 400 kg à relever ...puis reprendre la piste.

Plus loin un message de sahraouis en détresse.

Message de saharaouis 

Spontanément, par compassion , un jeune mauritanien m’ouvre la voie à vitesse réduite avec une vieille Audi pendant les 5 kilomètres dantesques du no man’s land , fait de gris rochers en saillie et zones de sable.

Enfin l’entrée de la Mauritanie , le plus dur est fait.

Commence une course de lenteur.

On commence par le policier mauritanien tamponneur de visa.

On attends ensuite les douaniers qui viennent de Nouadibhou pour établir le « passavant » (autorisation de circuler moyennant une taxe )

Puis on attends l’homme des assurances pour établir l’assurance temporaire et on finit par l’homme du « bureau de change informel ».

Pas un ouguiya ( monnaie de Mauritanie) de bakchich de versé malgré une tentative explicite d’un garde frontière.(j’estime que l’on ne rends pas un service au pays hôte à s’accommoder de la corruption).

La frontière mauritanienne  

2 heures à papoter avec des guides du désert et se faire offrir du lait de chèvre, puis un thé, puis un autre thé.

 Mokhtar Haiba , saharaoui ,guide du désert.

Ce n’est pas le chaos mais un processus agile !

Je prends la route pour Nouakchott en m’apercevant que la corrida dans le no man’s land a consommé beaucoup plus de carburant que prévu.

Pour une raison que j’ignore les rares stations service n’ont plus d’essence , seulement du gasoil.

Le beau plan de ravitaillement construit en Normandie s’écroule comme un château ..de sable.

A ce jeu je finis pas approcher de la réserve, avec 230 km restant à parcourir.

Je décide de m’arrêter dans une « station-service sans essence » , au nom parisien, pour aviser.

Station Gare du Nord (sans essence) 

Je fini par négocier à prix d’or un bidon de 20 litres d’essence de contrebande.

Le bidon arrive au bout d’1 heure d’attente

Convoyé par un homme au look de nomade.

Contrebandiers de carburant 

L’ensablement de la route est fréquent avec des engins qui repoussent le sable.

Le desensableur 

Je croise en une heure 2 motards solitaires avec des motos du même calibre que la Baleine Bleue , grand signes de salut.

D’ailleurs camion, taxis collectifs et piétons font des saluts à notre passage.

Est-ce par pitié ou par nostalgie des Paris-Dakar , il semble que cela tienne des deux ! Jean-Pierre Lartigue , pilote titré de Citroen de la grande époque, a laissé des souvenirs impérissables.

La route est sérieusement dégradée, le revêtement part en plaques. Au point qu’une déviation soit mise en place.

En fait on roule tout simplement dans le désert.

Off road obligatoire 

La terrible « tôle ondulée « et des zones de sables sur plusieurs kilomètres histoire de garder la forme.

Côté checkpoints on a changé de style, plus décontracté qu’au Maroc , et seulement 5 en 300 km, mais la gendarmerie nationale mauritanienne n’a pas les mêmes moyens que ses homologues marocains.

Les paysages varient , du désert de sable intégral à des étendues piquées de petits végétaux.

Variations végétales 
Le Yamahatier du  désert 

Très peu de villages sur les 300 km jusqu’à Nouakchott , soit en dur , soit en toile, mais très rudimentaires...certains parfois que le respect des personnes m’interdit de photographier.

A gauche cabanes éparses, à droite village avec mur d’enceinte  

La route nous réserve des images insolites

Petits vendeurs de carburant de contrebande  
Squelette de voiture  

L’approche de Nouakchott est agrémentée d’une belle route à 4 voie , avenue triomphante mais sans drapeaux !

L’autoroute à l’entrée de Nouakchott  

Après 10 heures de tribulations , la halte sera appréciée.

Quand il est 12:00 à Nouakchott il est 13:00 à Rabat et 14:00 à Paris.

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Côté météo on a changé franchement de registre, on ne supporte plus le polaire

Pas de risque de précipitation... 

En ce dimanche c’est week-end donc moins de circulation au cœur de Nouakchott à potron minet au départ de ce trajet de 300 km.

Par contre, l’activité est intense dans autour de la route qui mène au Sénégal.

Après discussion avec un mauritanien je décide de franchir la frontière à Diama au lieu de Rosso initialement prévu.

En s’éloignant de Nouakchott le désert est particulièrement dénudé, mais un champs d’éoliennes attends le vent.

Éoliennes à l’arrêt  

Une route toute récente alors que on m’avait indiqué que ce trajet serait très difficile vu l’état de la route...

Belle chaussée  

Helas, à une trentaine de km nous sommes déviés directement dans le désert pour cause de travaux de réfection de la route.

Déviation dans le désert

Dans les déviations il faut négocier les zones de sable, et les zones de tôle ondulée.

Sable et tôle ondulée au menu 

Sur la route, ce qu’il en reste, il faut éviter, trous , effondrements, ornières de sable ...

Effondrement de chaussée  

Près de 150 km à ce régime , sous un soleil de plomb.

D’après les mauritaniens Diama est maintenant reliée par une route de 85 km.

Outre que cette route est touchée par la désagrégation de son revêtement , elle s’arrête à 45 km de Diama.

Elle se poursuit par une piste alliant tôle ondulée sévère et zones de sable.

Cette piste traverse le Parc National du Diawling.

Nombre de voitures et camions sont en panne le long de la piste en général cardan ou fusées cassées...

Train avant cassé  

En l’absence de panneaux de signalisation, à la plupart des séparations de pistes et sans guidage GPS le risque de faire un mauvais choix est élevé.

Une première fois , alors que je m’interrogeais à un embranchement je vois arriver 2 motards en BMW 1200GS venant de Diama. Ayant déjà fait le trajet en sens un inverse ils me confortent sur le choix de piste...mais me promettent de grands moments de pilotage.

Plus loin je n’aurai pas la même chance.

je fini par arriver sur un poste de gendarmes de brousse tout étonnés de me voir là.

Ils me donnent des explications probablement compréhensibles par des gens du coin mais pas par moi.

Je rebrousse piste sur 10 km , sans âme qui vive, jusqu’à arriver sur un groupe de tentes.

Un jeune m’indique sans hésiter une petite piste.

Ia piste dégénère peu à peu en chemin étroit parfois ensablé mais souvent assez ferme.

Grand moment de solitude à faire progresser ma Baleine dans une forêt de petits arbres clairsemés.

A deux reprises elle part en embardées dans ...mais reste finalement sur ses roues.

Dromadaires, chèvres, surgissement de phacochères , je commence à imaginer de bivouaquer si d’aventure je ne retrouvais pas ma route.

La réserve de carburant baisse évidemment et des signes de déshydratation apparaissent.

Heureusement je finis pas tomber sur une piste large.

Le GPS en mode dégradé affiche un point et une distance par rapport à une cible, mais sans itinéraire.

Je choisis un sens et me remets en piste.

La piste du salut... 

Bonne pioche, au bout de quelques kilomètres je débouche sur un embranchement de piste à l’entrée du parc naturel de Diawling.

Plus qu’une quinzaine de km de pilotage en longeant une digue et me voila au barrage.

La végétation qui prospère le long de la digue  

Il ne me reste plus qu’à affronter les fonctionnaires mauritaniens et sénégalais et les multiples « facilitateurs » improvisés.

Côté mauritanien, les stratagèmes vont ,de la demande explicite de bakchich, à l’imposition de fausses taxes.

Pour les fausses taxes je m’incline...

Côté sénégalais rien à signaler, hormis les sollicitations de change de devises, de carte téléphonique et autres propositions.

L’ensemble des formalités est réglé en une heure.

En attente au poste de douane mauritanien  
Entre le poste mauritanien et le poste sénégalais...personne ne fait le nettoyage 

Le barrage de Diama est singulier car il possède des fonctions supplémentaires à celle d’un barrage classique.

Non seulement il retient les eaux du fleuve Sénégal pour fournir de l’eau douce d’irrigation, mais aussi il empêche l’eau salée de l’océan de pénétrer dans les terres protégeant ainsi les cultures.

De plus il comprend un système d’écluses qui permet aux bateaux de circuler.

Enfin il supporte une route qui relie les deux rives du fleuve.

Il est d’ailleurs appelé pont spécial

Vue depuis la rive mauritanienne du fleuve Sénégal  
Fleuve Sénégal  

Dès la frontière l’ambiance change.

Route correcte et végétation fournie 😀

La première différence est que les femmes invisibles en Mauritanie, sont tout en couleurs au Sénégal.

La deuxième est le côté plus chaleureux des sénégalais.

Nous voilà à Saint Louis et son célèbre pont Faidherbe.

Au loin le pont metallique Faidherbe 

Si en matière de pilotage moto le no man’s land était une entrée, Nouakchott - Diama , c’est plat , dessert et fromage.

En avoir plein les bottes ! 

Espérons que le trajet retour ne me conduira pas à l’indigestion.

Saint Louis comprend un centre de style colonial et une vaste agglomération récente au développement anarchique.

Des bâtiments de l’ancienne ville coloniale  
En face , le quartier  pauvre des pêcheurs

Demain direction Dakar, avec de sérieuses douleurs musculaires vu les efforts de la journée.

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Les dégâts musculaires de l’étape d’hier m’imposent de passer par la case pharmacie avant de visiter le Musée Jean Mermoz aviateur pionnier de l’Aeropostale.

Saint Louis étant jumelée avec Toulouse, le Musée installé dans le plus ancien bâtiment en dur de la ville, bénéficie d’échanges.

Une des salles du Musée Mermoz  

Une excellente vidéo d’images d’archives met en perspective cette aventure , et complète les posters de l’exposition, centrée sur le pilote Jean Mermoz.

un tronçon mythique 

Saint Louis était un des aeropostes ( ancêtre des aéroports) de la ligne Toulouse-Dakar , puis Paris-Santiago du Chili via Dakar.

Il est près de 11:00 et il fait déjà très chaud quand je quitte Saint Louis pour une étape de 280 km , relativement courte sur le papier.

Le paysage se transforme progressivement vers de la savane.

Savane et ligne voie unique du Far South 
Supertenere à l’ombre d’un arbre dont j’ignore le nom ... 

Mon rétroviseur gauche commençant à se dévisser, probablement du fait de la séance de tôle ondulée d’hier, je décide de faire une petite pose mécanique...

A l’ombre d’un arbre , idéalement placé près d’un passage à niveau à environ 150 km de Dakar.

Intervention bénigne sur un retroviseur 
Pilote cramoisi  

L’occasion de méditer sur l’état des moyens de transport du pays.

Taxi collectif surchargé  
Passagers clandestins accrochés à l’arrière d’un car vintage

Reprenant la route je constate que le trafic se densifie à mesure que l’on approche de la capitale et que l’on avance dans l’après-midi.

Cela se transforme en un embouteillage effarant où tout les coups sont permis.

Il me faudra plus de 2 heures pour parcourir les 25 derniers kilomètres.

Pannes de camions, accidents, taxis brousse en double file, travaux, actions désordonnées des gendarmes , indiscipline rien ne m’est épargné.

Il est 18:00 quand je gare la moto pour les 2 prochains jours.

En me connectant sur internet j’apprends que la Cathédrale Notre Dame de Paris est en feu..les sénégalais eux aussi ,à plus de 6000 kms de Paris , n’en croient pas leur yeux !

Depuis Saint Louis j’ai mis en place les actions préventives contre le paludisme, une nouvelle nuit sous moustiquaire se profile.

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Je suis installé à environ 10 km du centre de Dakar.

J’hésite entre me remettre en moto dans le chaudron de la circulation dakaroise, ou pendre un moyen de transport local.

Sur les conseils de mon hote , lui-même motard, j’opte pour le taxi noir et jaune.

Dakar c’est l’embouteillage permanent entre 7:00 - 20:00.

Les vendeurs ambulants arpentent les files , boisson , nourriture, vêtements...

Arrivé à la Gare ferroviaire de Dakar, Je vais vers l’embarcadère de l’île de Gorhée.

Superbe gare en cours de restauration 
Le hall d’embarquement pour l’Ile de Gorhée 

Située à quelques encablures de la côte , cette île était un des principaux points de départ des esclaves vers les Amériques.

Depuis quelques décennies , elle est fait l’objet d’une exploitation touristique, de bon aloi...car de grandes fortunes et stars internationales y possèdent des résidences.

La « chaloupe » , en fait un caboteur de plus de 200 places, assure la traversée en 20 mn.

La « chaloupe « 
Les pêcheurs en pirogue , un métier très dangereux 

Depuis ma première venue , 1979, l’île a évoluée. La fréquentation me semble bien plus élevée notamment par des enfants des écoles.

La visite de la Maison des esclaves reste un moment poignant.

Les esclaves étaient triés entre hommes , femmes, enfants.

Les malades jetés à la mer.

Les hommes de moins de 60 kg engraissés.

Les femmes non vierges et les hommes sous 60 kg classés en second choix.

3 mois d’attente entre les cargaisons, enchaînés 2 par 2 au cou et aux chevilles avec un boulet de 10kg.

Statue offerte par la Guadeloupe 
En haut les appartements des vendeurs d’esclave, en bas les esclaves 
Les appartements 
Les cellules  
Ne jamais oublier  

L’esclavage n’est pas éradiqué dans le monde ...comme en Mauritanie

40 millions d’esclaves en 2017

Aujourd’hui l’effort de mise en valeur touristique se poursuit, mais les marchands du temple sont là.

Un aménagement plutôt réussi  
En quittant l’ile 

De retour de l’île je me rends au nouveau musée de Dakar : Musée des Civilisations Noires.

Situé en face du Théâtre National, de forme circulaire sur 3 niveaux.

Signe de la montée en puissance de la Chine , c’est un don de l’Empire du Milieu...

Le don de la Chine 

Il comprend 11 espaces différents l’ensemble étant africano centré sans être outrancier, mais qui interpelle...

Le baobab symbole du Senegal 
De gauche à droite et bas en haut : L’homme se répand à partir de l’Afrique , l’apport de l’Afrique à la métallurgie du fer, techn...

C’est parti pour un nouveau tour de taxi jaune et noir sans compteur.

J’aurai pu prendre un « car rapide », Yalla ou Hamdoulilah ou Bismillah , moins confortable , plus aléatoire.

J’essayerai d’illustrer le propos demain en quittant Dakar.

En attendant Je me prépare pour demain , le Lac Rose mon objectif !

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Je quitte Dakar avec près de 20000 km au compteur de la Baleine Bleue.

Départ de Yoff  ( Dakar)

Le GPS en mode hors connexion me fait des surprises en voulant bien faire.

Je vagabonde une bonne demi heure dans les faubourgs encombrés et poussiéreux de Dakar , avant de retrouver un axe routier.

30 km plus tard dont 3 de piste, Je découvre Le Lac Rose , lieu mythique des motards , pour avoir été celui des arrivées des Paris-Dakar de la grande époque.

Je touche le point extrême de ce voyage. Demain commencera la longue remontée vers la France.

Le motel - camping se prête au farniente: tente mauritanienne, piscine...je m’embourgeoise.

Chiens sénégalais en farniente 
Tente mauritanienne 100% motard compatible 
Piscine du camping - motel 

On doit pouvoir facilement se laisser marabouter par les lieux.

En premier lieu effectuer le Check up moto prévu au programme.

Paré pour le check-up  

Pneumatiques bien usés mais devraient tenir jusqu’en France

Présence d’une grosse épine plantée dans le pneu AR : crevaison évitée

Huile moteur nécessite un complément à faire en station rapidement:

10-W40 ou 5-W40

Le chef du camping lance son chauffeur factotum à la recherche un bidon d’huile ...Inch Allah

Liaisons boulonnées desserrées, sur la zone avant tête de fourche / compteur et sur la zone arrière/supports de valises latérales.

Liquide de refroidissement ok

En attendant le bidon d’huile, farniente.

Farniente au camping-motel du lac Rose 
Lézard sénégalais (15 cm) 
Lézard motoïde 

Un petit tour au Lac Rose en attendant.

C’est avant tout un site d’extraction du sel qui provient de l’eau salée infiltrée depuis l’Ocean tout proche.

Sel fraîchement extrait   
L’eau du Lac est bien rose 
Un lac menacé de disparition  

la couleur de l’eau tient à la présence d’une bactérie spécifique à ce milieu.

Toutefois le lac est menacé dans son existence par une régulation de cours d’eau en aval et l’endiguage.

Sa surperficie diminue rapidement...

Le factotum trouvé de l’huile ✌️, Allah est Grand

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C’est avec une Baleine Bleue ravigorée que je prends la route pour le voyage de retour vers Saint Louis du Sénégal.

Huile de moteur idoine  

Un petit au revoir au Lac Rose et nous entamons une lente progression par la Route Nationale , Thies, Louga ...

Un dernier salut au Lac Rose 

La route est bordée de constructions et de petits business .

Au delà, des étendues peu denses boisées de palmiers, de baobabs, ...et des centaines de chèvres et chevreaux en semi liberté qui traversent la route à l’improviste jouant sur mes nerfs.

La Baleine et le Baobab 
Beau spécimen  

Outre les chèvres , le trafic doit composer avec des véhicules surchargés et poussifs, des accidents, des camions en panne et d’effroyables ralentisseurs , sans oublier les gendarmes sénégalais qui « contrôlent » cette cohorte.

Pratique générale de surcharge des minibus  
Camions vétustes et poussifs  
Pickup ...11 places ! 
Amdoulilah 

A partir de 11:00 du matin la chaleur est telle que l’air est chaud même à 100 km/h , et le goudron est liquéfié sur la chaussée par endroits.

Pause rehydratation à une halte organisée  

De localité en localité, de ralentissements en ralentisseurs, 6 heures de route ont été nécessaires de pour parcourir 250 km.

Je retrouve avec plaisir Saint Louis du Sénégal aux airs provinciaux comparé à la fureur de Dakar.

La Poste de Saint Louis et son fronton d’époque  

Quelques préparatifs avant la grande étape de demain vers Nouakchott, en passant cette fois par le poste frontière de Rosso.

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Lever avant le soleil au premier appel du muezzine, à l’heure où les pirogues des pêcheurs de Saint Louis prennent la mer.

Cette étape s’annonce comme l’une des plus difficiles du voyage s’agissant du pilotage.

Par rapport à l’aller , une partie de l’itinéraire est différent , pour environ un tiers du trajet, car je passe pas le poste frontière de Rosso , au lieu de Diama.

Le nombre de kilomètres de piste devrait être d’environ 100 km sur les 200 du segment mauritanien.

La température sous abri prévue est de 40 deg ressenti.

J’ai amélioré ma préparation avec un départ plus matinal, une hydratation plus régulière.

Le trajet entre Saint Louis et Rosso fait découvrir de vastes terres agricoles généreusement irriguées par le fleuve Sénégal et ses affluents.

Des rizières et des maraîchers s’étendent jusqu’à Rosso

Rizières au Sénégal entre Saint Louis et Rosso 
Petits cabanes d’ agriculteurs près des rizières  

Aux 100 km de belle route au Sénégal va succéder le chaos de Rosso.

Une longue file de véhicules annonce le poste frontière.

Véhicules en attente à la frontière de Rosso 

Je suis encadré dès cet instant par des facilitateurs très pressants, presque menacants qui opèrent sous l’oeil bienveillant des Policiers ,Douaniers et Gendarmes.

Facilitateurs, les gueules de l’emploi 

Les formalités et les bakchich du côté sénégalais, n’auront rien à envier à ceux du côté Mauritanien.

Le passage des frontières, traversée du fleuve Sénégal en bac comprise m’aura pris plus de 3 heures avant de sortir de Rosso côté Mauritanie.

L’accès au bac sur la rive sénégalaise à Rosso 
Sur le bac de Rosso 

Sur la rive droite, en Mauritanie, le paysage de forêt, devient ensuite désertique, le long d’une route correcte.

Forêt au sortir de Rosso en Mauritanie  
Le désert mauritanien après Rosso 

Mais 40 km après Rosso la route d’abord fortement dégradée devient une piste.

C’est le début de plus de 100 km de tôle ondulée et de zones ensablées dans la chaleur et la poussière des camions et autres véhicules.

A mi-parcours le vent se lève amenant une brume de sable et formant des congères.

A l’approche de Nouakchott vers 16:00 le trafic s’intensifie et dépasse en anarchie ce que j’avais vu jusqu’ici.

A 17:00 , l’étape est terminée.

Il est temps de se réhydrater, pour l’étape de demain.

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Grosse étape , 535 km, pour remonter de la capitale de Mauritanie à Bir Ganduz au Sahara Occidental.

Afin d’éviter d’être à court de carburant, compte tenu de l’autonomie de la Baleine et de la rareté des stations service vendant de l’essence sur ce parcours, j’embarque 10 litres de carburant supplémentaires dans mon jerrican souple.

Ce samedi matin l’activité à Nouakchott est faible.

L’autoroute vers le nord est traversée par des dromadaires...

Le désert reprend rapidement ses droits.

Au sortir de Nouakchott  

Il prélève son tribut sur les véhicules qui le sillonnent.

Camion en panne sur la voie de droite  

C’est bientôt la réapparition des dunes, avec en conséquence l’envahissement de la chaussée.

Dunes sous le vent 

A mi chemin , l’accès à la réserve du Banc d’Arguin.

L’entrée de la réserve  

Dans la seule ville du parcours , Chami, je mets en œuvre ma réserve de carburant supplémentaire.

Jerrican souple vidé

La vente massive de groupes électrogènes traduit l’absence de réseau électrique dans cette région.

En arrière plan une boutique de groupes électrogènes  

J’entame la partie la plus lunaire de ce trajet mauritanien.

Le désert total 

Mais une longue bande sombre bouge à l’horizon.

Je m’aperçois qu’il s’agit d’un train.

A l’examen de la carte , il s’avère que je ne suis pas loin de la ligne à voie unique du train minéralier mauritanien qui relie les mines de fer de Zouerate, au port de Nouadhibou.

Je me promets de tenter de filmer le train au croisement proche de la frontière du Sahara Occidental.

Une heure après me voilà au passage à niveau.

Le passage à niveau RN2 - ligne du minéralier 

29 minutes après le panache de fumée des locomotives apparaît à l’horizon.

Le minéralier ! 

Un des plus longs trains au monde , 2 km, qui fait trembler le sol pendant 5 minutes.

Une grande chance d’avoir croisé le train !

la voie du minéralier  

20 km plus plus loin j’entame le passage des frontières.

Je retrouve côté mauritanien, le guide Mokhtar .. et le jeune poisson pilote du no man’s land.

 Camions en attente

La sortie de Mauritanie sans bakchich.

Le pilotage dans le no man’s mans sans être une partie de plaisir bénéficie de mon expérience de l’aller et des centaines de kilomètres de pistes parcourues depuis...et l’aide du jeune mauritanien.

Par contre le passage de la frontière marocaine tourne au gag façon Astérix chez les Romains.

Le poste frontière est en cours de reconstruction, et des centaines de personnes errent...de bureau en fonctionnaires.

Le clou de la procédure étant le passage systématique au scanner entier de tous les véhicules du camion à la moto.

Il m’aura fallu une heure et demi avant de reprendre la route pour les 100 km me séparant de Bir Ganduz.

Le soleil descends sur le désert il fait presque frisquet ... mais peut-être est ce les onze heures de voyage qui commencent à peser.

L’hotel Barbas , incontournable hôtel de Bir Ganduz au Sahara Occidental sorte de relais -oasis avec une architecture inclassable et son jardin intérieur est bienvenu.

Le Barbas 

Demain poursuite de la remontée vers le nord.

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Départ de l’extraordinaire Hôtel Barbas en retard sur le programme du fait de discussions bien intéressantes avec des personnes du coin.

Le Barbas de Bir Ganduz  

Quelques problèmes locaux , provoqués par une coupure de courant: baisse de pression de l’eau et pompe essence hors service.

Je pars donc pour Dakhla avec une réserve de carburant insuffisante pour effectuer 280 km.

Malgré cette préoccupation, la journée s’annonce idéale.

Les « Voies Romaines » construites ou reconstruites par les marocains sont royales.

Soleil généreux , température douce, vent modéré, Baleine en pleine forme.

Même les check point de la Gendarmerie Royale Marocaine sont plus souples. Effet du dimanche ?

La route du désert joue avec le rivage de l’océan dans un jeu de couleurs et de formes fascinant.

Rencontre avec l’ocean 

Des nappes de sable courrent sur la chaussée et laissent derrière les véhicules des volutes.

Un voile de sable flotte sur la chaussée  

J’attends avec quelque inquiétude de trouver du carburant...

Banco avec un check point de la Police ...au niveau d’une station service délabrée de bout du monde, mais qui délivre de l’essence !

La station de Desert  Road  

Ambiance étrange dans un café où s’ennuie quelques jeunes.

Le thé sahraoui, très amer, à du mal à passer , car je suis habitué au thé à la menthe beaucoup plus doux, mais je reprends la route tout rasséréné.

Thé sahraoui au check point 

Je me laisse aller à profiter du paysage.

Entre  El Argoun et Dakhla 

La péninsule de Dakhla approche, bientôt la capitale du Rio de Oro.

En quelques check points on retrouve la corniche et les imposants bâtiments régaliens marocains.

Ambiance un peu plus sahraouie dans le petit marché local encore assoupi en début d’après-midi.

Sahraouis à , vieille, Mercedes  

Je discute avec un jeune tailleur ( de vêtements) sahraoui de Dakhla qui m’explique, dossier à l’appui, son projet de création d’un café artisanal, plutôt bien monté à base de tentes sahraouies...

Le Maroc a déclaré le Sahara zone franche et donne le terrain aux investisseurs...

Dakhla s’est animée pour un match de foot de la Bundesliga retransmis en direct à la télévision ! Les cafés sont pleins de fans et les maisons résonnent des commentaires en arabe.

Le souk s’anime en fin d’après-midi.

Tailleur sahraoui 

Grosse étape demain pour rejoindre Laayoune.

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Une longue étape de 540 km pour rejoindre Laayoune la capitale de la Sakiat Al Hamra.

Ciel voilé et fond de l’air frais au départ de Dakhla.

Je mets en place le dispositif jerrican supplémentaire pour parer à toute éventualité en matière de carburant...

10 litres de carburant dans le dos  

Entre Dakhla et Laayoune la route est jalonnée de quelques villages récents en dur, et de campements

Village récent de pêcheurs  
Troupeau de dromadaires près d’un campement , à droite ,au sol , des réservoirs souples d’eau 

Le paysage alterne entre zones rocheuses et sablonneuses.

Le désert rocheux  

Après Boujdour , dans les derniers 100 km avant Laayoune , les dunes ciselées par le vent en croissant ponctuent le désert lui conférant cette douceur fascinante.


Croissant de dune 

Je prélève un peu de sable en souvenir.

Marchand de sable ! 

Une haie de dunes accompagné l’entrée sud de Laayoune rompant avec la traditionnelle avenue triomphale.

Avant l’entrée sud de Laayoune 

J’ai retenu le même hébergement qu’à l’aller, qui accueille des membres de la mission de l’ONU.

Me voilà invité par des militaires la mission des Nations Unies (MINURSO) à prendre un pot... au rhum pur.

Dans le groupe 2 népalaises, 1 kazakh, 1 togolais, 4 ghanéens.

Avec les militaires ghanéens de la MINURSO  

Les ghanéens me proposent de partager leur dîner un plat de purée de patate douce et de poulet à la sauce piment , ce que j’accepte volontiers.

Ils m’expliquent le fonctionnement de la mission , qu’ils considèrent relativement facile , vu l’absence de combats.

Ils patrouillent sur tout le Sahara Occidental zone occupée par le Maroc en deçà du mur de sable et zone non occupée au delà du mur.

Ils n’ont pas d’autorisation de tir.

37 pays contribuent à la MINURSO avec un commandement tournant.

Leur affection de 4 mois est renouvelable jusqu’à 1 an.

Une belle école de coopération internationale.

Demain je quitte le Sahara Occidental pour Tan-Tan, pas l’étape la plus difficile , avant de m’engager dans le Maroc de l’intérieur , en espérant ne pas prendre la pluie sur les pentes de l’Atlas dans quelques jours...

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Ciel couvert et fond de l’air frisquet, je repasse en veste moto d’hiver !

Un peu plus de 300 km pour quitter le Sahara Occidental et rejoindre Tan - Tan.

La route longe le littoral sur le plateau en surplomb de l’océan.

Brèche du plateau littoral  

De temps à autre , à la faveur d’une petite vallée creusée par un oued, on redescend au niveau du rivage.

Percée dans le plateau littoral  
Près du rivage 

L’embouchure des oued est propice au maintien de zones humides , indispensables à la faune.

Zone protégée à l’embouchure de l’Oued Chbika

Un peu avant Tarfaya se dresse un grand champs d’éoliennes, qu’il est possible d’approcher.

Champs éolien de Tarfaya Energy Company 

Même la Baleine se sent toute petite ...

Le ciel très nuageux laisse pleuvoir une courte ondée mais au loin des nuées apparaissent...

Averses sur le désert  

En remontant vers Tan-Tan les dunes se font plus fréquentes, avec un sable de couleur plus chaude.

Dunes près  de Tan Tan 

Une immense galerie de sculptures éphémères de sables s’offre à nous.

Petites et grandes œuvres du vent du désert  

Tan-Tan apparaît un peu isolée dans le quasi désert.

La ville de Tan Tan au loin 

J’arrive juste à temps pour éviter une belle averse.

Averse à Tan-Tan 

Tan-Tan n’a rien d’une ville touristique, et même Tan-Tan Plage a perdu de sa superbe.

Tan-Tan avant le regain d’activité de 18:00 
Avant le coucher du soleil on fait ses courses 

Demain je prends « la route du désert « comme ils disent ici, vers l’Est du Maroc, en espérant progresser à bonne allure sur un parcours plus sinueux .

Étonnamment depuis la frontière de Bir Ganduz les contrôles au check points sont moins fréquents et moins pointilleux pour moi qu’à l’aller.

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Tan Tan est encore endormie quand je quitte la ville pour notre prochaine destination à 300 km, Icht, entre Guelmim et Zagora.

Tan Tan endormie  

Je roule vers l’Est face au soleil levant, je passe mon casque en position en visière fumée.

Lever du soleil sur le désert  

En progressant vers Guelmim , le sable devient ocre et le paysage martien.

Baleine martienne  

En bifurquant vers Assa , la route traverse une vallée balayée par un vent fort et froid ( sous les 10 deg).

Je passe en gants d’hiver et cagoule , j’actionne le chauffage des poignées de la moto.

Des bourrasques de sable s’abattent de proche en proche sur la route.

On longe un relief aride aux plissements géologiques saillants.

Rapidement la route s’élève en lacets vers un col dont on passe le sommet par une route en travaux.

Redescendu dans la vallée, on croise un dromadaire et son petit, que la Baleine n’empêche pas de têter !

Ravitaillement en vol d’un dromadairon 

La température remonte mais le vent redouble, je fait une pause dans la ville d’Assa.

Une ville particulièrement bien agencée.

Remarquant une Maison des Jeunes , je vais y faire un tour.

Le manager me fait visiter volontiers.

Il s’agit d’une structure du ministère de la jeunesse et des sports qui travaille avec les associations locales.

musique, théâtre , fitness, cours de langue, ... 

Les 70 derniers kilomètres sont rendus très difficiles par le vent de travers, mais j’arrive à Icht ( Borj Biramane) en début d’après-midi.

Retour aux fondamentaux  

Demain grosse journée aux confins de l’Anti Atlas jusqu’à Zagora.

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À Borj Biramane on trouve une multitude d’engins qui roulent, de la moto au camion 6x6 , en passant par les camping car et 4x4 plus ou moins équipés.

On croise ici des motards qui arrivent de l’aéroport, pour une semaine de moto « all inclusive », des poor lonesone cowboys, ...

C’est une base d’excursion pour les Tour operators européens , qui accepte à la marge le motard de passage.

Rencontre improbable avec Éric un ancien mécanicien d’appareils photo de photographes professionnels, devenu lui-même photographe de presse.

A 70 ans, retraité il descend au Senegal en duo avec sa fille ( qui le rejoint à partir d’Agadir) ...depuis Paris en Honda 700 Deauville !

Fan de mécanique et d’aviation , ex d’une Honda Africa Twin 650 RD04, on aurait pu passer la journée à raconter nos histoires ...

Je décolle à 8:30, un peu tard pour une journée qui s’annonce chaude avec plus de 400 km de route.

Direction Tata, avec juste assez de carburant...

Je fais route plein Est avec les montagnes de l’Atlas à main gauche, puis encerclés par des contreforts.

La route traverse une étendue de reg , avant de rencontrer les premières oasis.

La roche foncée et anguleuse, est enchâssée dans du sable rond et doux, dans un mélange sucré salé.

Une oasis de la  région de Tata 
L’ancien ksar à gauche 

Les 2 stations service de Tata ne désemplissent pas car elles assurent le ravitaillement de toute la région sur un rayon de 150 km.

Remplissage de bidons pour le ravitaillement des villages alentour  

Tata semble déployer de gros efforts , avec un soutien international, France et Allemagne , pour sauver les oasis , milieu très fragile, menacées de toutes parts.

Dans l’oasis de Tata 

Surexploitation touristique, ensablement, urbanisation,pollution ...

Au sortir de Tata, la dureté du paysage s’accentue encore avec le silence quasi total de la nature.

La route longe des réseaux de canyons déserts.

Pas si désert que cela , avec un peu de curiosité, comme ici près de Tissint.

Le soleil est bientôt au zénith , la température doit frôler les 40 deg à l’ombre ...mais il n’y a pas d’ombre.

La pleine qui s’étend de Foum Zguid jusqu’à Zagora est un désert de pierres piqué d’arbres et arbustes épineux, qui luttent contre les éléments.

Des tourbillons de sables zigzaguent comme de petites tornades.

un tourbillon s’élève  ( centre de la photo )

La route rectiligne qui file jusqu’à Zagora , fait oublier qu’il y a encore 20 ans , c’est par une piste que l’on reliait Zagora à Foum Zguid ...

Zagora s’est étendue bien au delà du ksar ancien aujourd’hui un peu perdu.

Elle a une certaine unité architecturale façon ksar aux tons ocres, sans être vraiment attirante.

Une des places de la Zagora récente  

Cette terre étant berbère on trouve assez souvent des inscriptions bilingues ou trilingues

Arabe, français, Tamazigh 

Demain grosse étape vers Errachidia.

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Zagora , Errachidia, Erfoud, Rissani, Agdz, Tineghir...autant de villes et villages mythiques du sud marocain aux portes du désert.

Je quitte Zagora au soleil levant, en direction de Ouarzazate, pas le chemin le plus court pour Errachidia ...

Un ksar à la sortie de Zagora , éclairé par le soleil levant, au fond la palmeraie  

La route serpente dans la vallée de l’oued Draa occupée par la palmeraie pendant près de 70 km, jusqu’à Agdz, comme un fleuve de verdure.

L’oued Draa , encaissé à la sortie nord de Zagora 
La plaine du Draa en remontant vers Agdz  

La route grimpe en lacets après Agdz dans le Djebel Anaour, par le col Tizi-n-Tinififft (1660 m).

Dans l’ascension du col 
En descendant vers Ouarzazate  

De la montagne, ça change du désert, une météo de rêve, une route bien dessinée, la Baleine à des fourmis dans les roues.

Mais nous sommes très chargés, alors on reste calmes.

La plaine vers Ouarzazate  

Je laisse le Lac du barrage El Mansour à droite, puis à gauche , le complexe d’énergie solaire de Noor, un des plus puissants au monde.

La tour de concentration des rayons solaires les renvoie sur des capteurs contenant un fluide caloporteur.

Le trajet ne fait qu’effleurer Ouarzazate mais mêmes les avenues de contournement sont au standard de grand centre touristique aux couleurs ocres de ksars.

Nous voilà sur la « route des kasbah dans la vallée du Dades.

Les groupes de motards en tour organisés « all inclusive » se succèdent...

Petites kasbah isolées... 

La route des kasbah a perdu de son charme, car avec le développement , les kasbah anciennes sont noyées dans les fausses kasbah en moellons...

Seule Tineghir , comme Ouarzazate, a fait la part des choses : une ville moderne façon kasbah bien agencée, et partie préservée de kasbah anciennes restaurées.

La palmeraie de Tineghir  

A Tineghir je décide de lever une option , faire un crochet par Erfoud pour remonter la vallée du Ziz jusqu’à Errachidia.

La surprise viendra du fait que la route étant en travaux une partie du trajet est de la piste...

Le désert entre Tineghir et Erfoud.

La petite oasis de Jorf près d’Erfoud 

Les 500 km du jour ont été bien sollicitants, et pas seulement de par le soleil de plomb...

En ce vendredi la présence de nombreux enfants souvent très jeunes au bord de la route dans les localités, attirés par la moto, exige une vigilance de tous les instants.

Demain , un trajet plus court en distance mais long en durée car il faut franchir le moyen Atlas pour rejoindre Meknès, ville impériale.

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Le trajet d’Errachidia nous fait passer des plaines du sud tournées vers le désert et l’Afrique , à l’une des villes impériales du nord tournée vers le cœur économique et politique du pays.

Départ de bon matin pour cette étape vers Meknès.

Errachidia , ville de garnison de la Légion Étrangère, sous le nom de Ksar es souk , est aujourd’hui une importante garnison des Forces Armées Royales.

Des quartiers « classes moyennes » se sont développés en périphérie dans un style Kasbah moderne et pelouses arrosées bien vertes.

La route quitte Errachidia par le nord en suivant l’oued Ziz.

On contourne le barrage Hassan Haddakhil , puis on emprunte les gorges du Ziz qui s’élargissent après le tunnel de Zaabal

Le barrage sur le Ziz 
Vallée du Ziz 
Le tunnel de Zaabal 

Commence alors l’ascension du col Tizi-n-Tairhem (1900 m).

Je supporte la petite laine ( en polaire !) et les gants d’hiver...

En descendant vers Midelt on traverse le plateau de l’Arid à près de 1500 m d’altitude.

Les sommets enneigés de l’Atlas soufflent un vent froid.

La pause café s’impose à Midelt une ville de moyenne altitude vivifiante.

Café réputé long ... 

C’est en franchissant le col du Zad (2200 m) que l’on entre dans le versant méditerranéen de l’Atlas.

La route s’attarde dans les prairies d’altitude jusqu’à Timahdite , puis s’engage dans la forêt de cèdres d’Azrou.

Les prairies d’altitude , fleuries 

Arrêt impératif pour saluer nos cousins les singes magots qui y vivent en liberté.

La forêt de cèdres d’Azrou 
Un panneau peu fréquent  
Famille de singes , le petit tête sa mère... entre les 2 parents  

Azrou avec ses toitures à pentes nous projette dans un monde alpin et propret.

On descend d’Ifrane , station de sport d’hiver et Palais d’été de la famille royale , vers Meknès dans une forêt de chênes.

La vallée très fertile est restée en partie plantée de vigne.

La circulation intense de la grande ville du nord nous happe, et pour compliquer la manœuvre ma visière de casque se détache, une des fixations a lâché.

En ce samedi soir les meknassi flânent, comme ici sur la Place El Hedim, rayon pâtisseries !

La porte dans la Médina  
A quelques jours du début du Ramadan on croule sous les pâtisseries  

Demain, ballade dans la ville.

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Pour y avoir passé mon enfance, j’ai plaisir à retrouver quelques repères de la ville en dépit de décennies de transformations.

La ville est restée lisible avec la Médina et les palais impériaux , d’une part et le centre « moderne « ( années 50) d’autre part.

La ville moderne s’est transformée mais il subsiste , dans des états de conservation variables, de nombreux bâtiments du XX siècle , en particulier de style paquebot.

Place Afriquia
Place d’Armes, Café Mermoz  
Face à Carrefour Market 

Plus imposant, le bâtiment de la Poste Centrale

La Poste Principale de Meknès 
Immeuble fin des années 30 près du Cinéma ABC 

Un des joyaux en péril est le cinéma Le Caméra, dont la décoration des années 30 est entièrement d’origine.

Le Camera, 1938, Place Afriquia
L’escalier menant aux places « Balcon » 
La scène vue du Balcon 
Peintures murales en péril  

La petite église moderne de la place d’Armes a trouvé un autre usage, probablement faute de paroissiens.

L’Eglise recyclée place d’Armes 

L’école Jean-Jacques Rousseau et le collège et Lycée Paul Valéry de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger , semblent qu’en à eux avoir résisté au temps et composent avec une certaine modernité...

La médina s’est modernisée au sens de la voirie, des réseaux, tout en gardant son caractère.

Tour de remparts, et séquence gâteaux ...dans la Médina.

Dans les remparts  

Pause thé à la menthe au Palace, près du Camera !

C’est le dérapage sucré 😳

En attendant je me prépare pour la prochaine étape.

Grosses avaries de bottes de moto..., et réparations style « jeune escrimeur « ...

Demain , trajet de Meknes vers le port de Tanger Med avec une marge pour aléas ...

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Beau temps chaud encore ce lundi pour cette dernière étape africaine , relativement courte , 340 km, vers le port de Tanger Méditerranée

J’ai retrouvé le quartier des réparateurs auto de Meknès, où , enfant, j’ai passé des après-midi entières dans les casses auto et les petits garages crasseux à la recherche de pièces et de solutions pour construire des karts à moteur de Mobylette et autres engins décrits dans la revue Système D !

Un réparateur « Honda et toutes marques toutes machines » , une caverne d’Ali Baba de mécano, me trouve au premier coup d’oeil la vis et la rondelle qui vont bien pour ma visière de casque.

Le casque avec sa nouvelle vis ! 
L’échoppe Honda ✌️

L’homme , 70 ans , motard et ancien mécanicien moto, a la distinction et la justesse de langage devenue rare...

Il possède deux motos vintage une 125 Yamaha deux temps et une 750 quatre temps Honda.

On évoque le tour du Maroc et la nostalgie des belles mécaniques, puis je prends la route vers Tanger.

On traverse les vallées agricoles très fécondes de cette région, avec l’inconvénient d’une forte activité en ce lundi matin.

La campagne Meknassie 

La sortie de Meknès est très laborieuse par la route nationale ,en très mauvais état, jusqu’à Sidi Kacem , encombrée de véhicules très lents , avec ligne continue , dépassements dangereux ...la panoplie des plaies de circulation.

Un peu avant Sidi Slimane je me détends , en traversant de vastes forêts d’eucalyptus sur des dizaines de kilomètres.

Forêt d’eucalyptus entre Sidi Slimane et Kénitra  
Exploitation de la forêt  

Ayant mis 2 heures pour parcourir 70 km, Je décide d’arrêter les frais et de rejoindre l’autoroute Rabat - Tanger afin de conserver une marge pour aléas.

Surprise au bout de 80 km , pas de carburant dans la station de l’autoroute !

Station Total , totalement à sec ... 

Je me console avec des cornes de gazelle qui sont bien à portée de gourmandise dans ma sacoche de réservoir !

Version aux amandes mais sans sucre glace ... 

Sur l’aire d’autoroute suivante 30 km plus loin , il y a du carburant !

La remontée vers Tanger est marquée , à l’approche du détroit de Gibraltar, par le fort vent habituel dans cette région, mais toujours préoccupant en moto.

Hormis quelques frayeurs de piétons qui traversent l’autoroute , le trajet nous amène jusqu’à Tanger Med sans encombre.

Les formalités de sortie du Maroc sont traitées en 1 heure et demi , avec une priorité aux motards , un groupe de 10 « roulent toujours » français adeptes du radada dans les dunes, et moi.

On se sera rejoint par un groupe de suisses en BMW , impeccablement équipés comme il se doit, mais pas locaces.

Tanger Med un port passagers très bien organisé  
Le pôle des compagnies maritimes  
Au contrôle  de Police marocain , à gauche la belle natte d’une motarde roumaine, fort sympathique, en BMW 1200GS 
« Roulent toujours « en attente d’embarquement 

Nous sommes dans le ferry italien de la GNV à 17:00 , il doit appareiller à 21:30 pour Sète.

Le pont des motos 
D’horribles chaines ...parfaitement casse-gueule 

Nos pauvres montures sont enchaînées dans la cale comme des galériens.

Finalement le navire largue les amarres à 22:45 , le scénario d’une arrivée à Sète avec un retard conséquent se profile.

En attendant 36 heures de navigation en Méditerranée nous attendent.

Les vibrations des machines et des hélices avec un léger roulis en guise de berceuse pour la nuit.

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Le ferry GNV Atlas a été adapté spécifiquement à cette desserte.

Langues des annonces et de la signalisation , équipement pour le culte musulman...

La clientèle n’est d’ailleurs que marginalement faite de touristes, il s’agit essentiellement de marocains, souvent en famille, et bon nombre de « chibanis » (anciens) se rendant en Europe.

Vers 9:00 du matin , après une nuit de navigation, le navire est à la verticale d’Oujda (Maroc) au large d’Almeria ( Espagne ).

Nous naviguons à une allure modérée, sur une mer d’huile et un beau soleil.

Un léger tangage invite à la sieste ...

La magie du bateau opère encore.

Vers midi nous sommes à la hauteur de Murcia ( Espagne ) et à la verticale d’Oran ( Algérie ), globalement cohérent avec l’horaire d’arrivée.

Il me revient d’ innombrables souvenirs de voyages en bateau , depuis le luxueux Paquebot Mermoz, de Tanger-Marseille, aux traversées entre Corse et continent, où vers la Grèce, vers la Turquie, vers la Sicile, vers la Finlande , vers les Îles Lofoten, les îles du Salut, vers Porquerolles, vers le Château d’if, en passant par la campagne du Porte-Hélicoptères Jeanne d’Arc...en Afrique et aux Amériques.

Ces mers , ces océans, fascinants comme les déserts mais aujourd’hui gravement menacés par les activités humaines...

Vers 21:00 le GNV Atlas est à la hauteur de Palma de Mallorca ( Espagne ) et maintien vaillamment l’allure.

Ce soir à bord de l’Atlas soirée de concert de musique marocaine au synthétiseur , violon électronique et voix reste à connaître le nom des morceaux...

C’est parti jusqu’à minuit ! 

A 8:45 le 1 mai le GNV Atlas est à la hauteur de Rosas ( Espagne ) , d’après l’équipage nous accosterions vers 14:00 ...en avance sur le programme !

La côte d’Espagne vers Rosas 

Finalement le ferry accoste en avance sur l’horaire !

Belle opération d’entraide entre les motards, même les suisses, pour sortir les motos ...en marche arrière sur le réseau de chaînes ( du jamais vu de mémoire de motard !) .

Nous sommes en France.

La frontière française est expédiée en 20 minutes...au moins pour les motards.

Le port de Sète, on pense à Georges Brassens  

La remontée vers la Normandie est engagée, ce soir ce sera une halte dans le Vaucluse.

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Il peut sembler au lecteur que ce voyage se dilue maintenant dans l’espace...

Mes accointances personnelles avec la région stéphanoise et particulièrement avec Firminy, m’obligent à y faire relâche avant de boucler la boucle en Normandie.

La Baleine se fera refaire une santé chez Yamaha Technic Moto pendant que le pilote retrouvera quelques vieux amis le temps d’un week end.

Le trajet dans la vallée du Rhône vers Firminy a tenu toutes ses promesses.

Avec des averses transformées en séquences de prélavage à froid du pilote et de la machine sur l’autoroute.

Pas vraiment d’autre solution que se transformer en astronaute et redoubler de vigilance en remontant la file continue de camion qui foncent sous la pluie.

Arrêt opportun sur le 45 eme parallèle Nord pour affronter la pluie 
Combinaison de pluie  
La robe flottant dans le mistral...style années 50´s 
L’Unite d’Habitation le Corbusier de Firminy 
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La Baleine a passé 24 heures aux bons soins du vétérinaire Yamaha de Firminy pour un check-up , remplacement des filtres, huile moteur, huile de boîte de vitesse , huile de cardan...

Les pneus pourront boucler la boucle 😀

Le mécano m’a dit avoir eut plaisir à travailler dessus, en se promettant de faire un tel voyage à la quarantaine !

Tout est prêt pour la dernière étape...

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600 km pour boucler cette dernière étape, dans un froid hivernal.

Météo du 5 mai 2019 , matin 

Il me faut passer en configuration hiver, veste , gants, cagoule, polaires, sous vêtements thermolactyl, chauffage des poignées activé.

 bruine  glaciale au départ de l’Unité d’Habitation Le Corbusier dé Firminy
Chauffage des poignées au maximum  

Les averses et le vent se succèdent en ce premier dimanche de Mai ...

Configuration hiver du pilote... 

8 heures après, la Normandie bien verdoyante est là.

Un lavoir normand 

La Baleine Bleue est de retour avec 12 000 km de plus au compteur.

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Pas besoin d’une Yamaha XT1200ZE Supertenere pour faire le voyage.

Au contraire, en le faisant avec une moto moins lourde , 700 ou 750 cc , on doit pouvoir être plus à l’aise , surtout les petits gabarits et les moins costauds !

Certes, avec le sable, le cardan de la Supertenere c’est un soucis de moins, par rapport à la chaîne.

Mais la moto à cardan légère reste à inventer ( nouvelle 850 Motoguzzi ?)...les fans de Honda Deauville ne pas lynchent pas !

Même une 125 cc peut faire l’affaire à condition de ne pas fondre le moteur sur l’autoroute en étant au taquet tout le temps...et d’avoir des jerricans.

Côté pneumatiques, les TKC 80 Continental m’ont bien aidé sur les portions difficiles, mais j’ai rencontré en Mauritanie une BMW chaussée en pneu 100% route, le pilote avait l’air bien fatigué quand même...et l’histoire ne dit pas si il est encore vivant.

Ces pneus m’auront déjà supporté pendant 8000 km ce qui est plus qu’honorable.

encore du potentiel, pneu AR et pneu AV 

Il faut dire que j’ai pris le parti d’une conduite fluide et strictement dans les limites autorisées voire au dessous pour réduire la consommation de carburant, réduire l’usure des pneus et réduire les risques de chute ou d’accident.

Autre règle strictement suivie, ne pas rouler de nuit en Afrique.

Côté entretien de la moto , un check up à Dakar, avec une frayeur sur le niveau d’huile moteur , qui était une fausse alerte.

Bref , inutile d’emmener de l’huile moteur ça se trouve facilement.

Surveiller les pneumatiques de près et fréquemment.

Tout ce qui se plante dans le caoutchouc et y reste , peut finir par une crevaison.

Le contrôle du serrage de toutes les liaisons boulonnées est indispensable après les séquences de piste tôle ondulée.

Les parties avant et arrière sont les plus sensibles , avec des desserrages sur les bloc avant , et arrieres ainsi que les accessoires.

check up au Lac Rose 

Un regret , ne pas avoir changé le filtre à air à Dakar...je pense que la Supertenere aurait mieux respiré...

Pour ma défense le changement de filtre à air est une galère au passif des ingénieurs Yamaha, qui , par ailleurs, ont conçu une bonne machine.

Un check up a été effectué par Yamaha à Firminy , avant la dernière étape , avec changement du filtre à air , du filtre à huile moteur, de l’huile de BV et de cardan.

Pour la conduite sur de telles distances, le régulateur de vitesse , de série, est très , très appréciable.

commandes du regulateur de vitesse sur le commando gauche 

De même dans le sable, la désactivation de la fonction Traction Contrôle (TDS off) , de série , m’a bien aidé à ne pas m’enfoncer sous la roue arrière.

Les suspensions et les amortisseurs sont prévisibles , même lorsque on rate un évitement de nid d’autruche. ( ammortisseurs réglés sur « Hard 1 » , suspensions réglées sur le mode « pilote + bagages »)

pression des pneus nominale, sauf pistes sable, 500 gr de moins.

La selle , option Yamaha selle basse d’origine, mérite une mention spéciale car à 10 heures par jour dans ces conditions j’aurai pu souffrir.

J’ai des souvenirs émus de ma regrettée Honda 750 Africa Twin avec sa selle « noyaux de pêche «

La bulle haute et les déflecteurs ( accessoires Yamaha) ont fait le job.

Le sabot de protection de carter moteur GIVI , m’a évité au moins 2 fois d’exploser le carter sur les cailloux.

traces d’impacts sur le sabot  

Mention très bien aux valises et top case Givi, mais le top case a du jeu du fait de l’usure des butées en caoutchouc ( à changer)

la butée de droite de la platine MONOKEY GIVI de top case GIVI TREKKER OUTBACK  est détruite, la gauche est usée  

Les sacs intérieurs Givi ont été très pratiques aux étapes et ont été effectivement étanches.

sacs intérieurs, valise D, valise G , top case 

la sacoche de réservoir GIVI EA118, avec système tank lock a été parfaite, cependant la manoeuvre de déverrouillage mais était devenue très dure sur les 5 derniers jours, tout est redevenu normal avec une lubrification au spray silicone

A gauche la platine de fixation ( sur le réservoir ),  à droite le dispositif de verrouillage ( sous la sacoche) 

Par contre mes chaussures, IXON SOLDIER, neuves au début du voyage , bien que très confortables et efficaces, ont littéralement explosé aux deux tiers du parcours et sont irrécupérables !

Je pense les avoir utilisées très au delà de ce pourquoi elles ont été conçues !

destruction des bottines G et D  sur des modes de défaillance différents  

Le casque NOLAN N44 modulable ,utilisé en version jet, a encore une fois parfaitement fait le job , avec un écran fumé pare soleil retractable très efficace face au soleil bas en début et fin de journée.

J’ai utilisé 2 vestes moto en textile cordura, une Dainese hiver ( vintage rouge et noir), sans sa doublure, mais avec les renforts et une veste Tuareg été ventilée (vintage noire) avec les renforts.

Contre le froid un ensemble thermolactyl et /ou un polaire.

Pantalon de moto Dainese (vintage noir), sans sa doublure, mais avec les renforts.

Ceinture abdominale Bering portée en permanence.

Je roule en équipement complet, c’est contraignant, mais cela réduit les conséquences d’une chute éventuelle (expérience de 40 ans de moto) et de quelques gamelles.

Les goodies:

L’alimentation 12 V branchée directement sur la batterie, parfait pour recharger le téléphone sans le 220V, et alimenter le compresseur.

compresseur alimenté par la prise 12V  latérale  

l’iphone est monté sur un support « RAM MOUNT » qui a parfaitement supporté conditions sévères.

Il est alimenté par un cable standard Apple , sur une prise 12V au tableau de bord ( faible puissance).


support et bras à double rotules  

le boitier GIVI de protection pour smartphone ( pluie et sable) a été totalement inopérant, fonction tactile quasi nulle , reflets sur l’écran, contraintes sur le cable d’alimentation ...


Le jerrican souple 10 Litres , précieux pour éviter l’angoisse de la panne ...à condition de s’en servir à bon escient... 😂

le jerrican souple , plié à G , plein à D 

La batterie externe pour IPhone , indispensable pour éviter la panne sèche de téléphone à l’étape.

batterie externe , chargeur de batterie, cable d’alimentation et iphone 

Les bidons d’eau montés à la cycliste, parfaits pour la route...mais il faut les remplir régulièrement...il ne manque que le mélangeur pour faire un lavabo : côté gauche eau chaude ( à cause de la sortie de ventilateur de radiateur ) côté droit eau froide.

bidons gauche et droit  

Sur les longues étapes j’ai eu tendance à ne pas boire assez de par la concentration sur la conduite et la navigation.

J’ai corrigé en m’imposant de boire tous les 50 km.

Le rack de top case, parfait pour fixer du bardas...

rack GIVI S150  

Les pochettes plastique renforcées, parfaites pour proteger les documents et ne pas les perdre.

A6 et A4 avec zip  , ultra pratique

En matière de navigation , j’ai utilisé :

  • Google Maps hors connexion , sans guidage de navigation...
  • Des cartes routières de base
  • Les plans des guides du Routard / Petit Futé suivant les pays
  • La navigation assistée par les humains !

En combinant les 3 ça marche très bien.

Je ne suis « vraiment » perdu qu’une fois, au Sénégal.

Le ravitaillement en carburant , une de mes obsessions avec l’état des pneus !

Sur le papier il y a des stations service à des fréquences suffisantes pour l’autonomie de 300 km.

Dans la pratique, en particulier en Mauritanie, de nombreuses stations n’ont pas de Super, uniquement du gasoil, ou sont fermées.

D’où le jerrican, et un principe simple, faire le plein chaque fois qu’il y a du Super dès que tu atteins 50% du réservoir.

Même sur l’autoroute Rabat - Tanger , je suis tombé sur une station service qui n’avait plus de carburant, une boulangerie sans pain !

Penser au fait que la moto surconsomme dans les zones difficiles, piste, sable, embouteillages , fort vent contraire, autoroute , d’autant qu’elle est chargée comme une mule.

Assurances , formalités et contrôles:

Pour le Sénégal, une police AXA souscrite en France avant le départ m’aurait épargné, de prendre une assurance CEDEAO sur place.

Côté formalités, j’ai payé en France un carnet ATA pour rien, les « passavant » , établis contre paiement d’une taxe, par les douanes de Mauritanie et du Sénégal , gratuitement au Maroc, suffisent.

A G assurance CEDEAO sénégalaise, à D passavant marocain 

Les contrôles de sécurité:

Les check points police , gendarmerie et douanes ont des fréquences et une intensité variables.

Plus stricts au Maroc en particulier dans le sud et au Sahara Occidental.

Cela va du simple signe de passer, au contrôle effectif des papiers, passeport, CG, assurance.

La pratique , c’est la remise d’une copie de la fiche de renseignements ( renseignée ) à chaque controle, j’en ai distribué près de 40.

fiche excel format A4 , vierge


Au Maroc il y a régulièrement des contrôles de vitesse par la Police à la jumelle laser et de la verbalisation.

Aucune tentative de corruption au check points.

2 demandes explicites de fonctionnaires mauritaniens, au passage de la frontière, que je n’ai pas acceptées.

Le pilotage est évidemment la préoccupation majeure.

La concentration doit être absolue et permanente, car les surprises sont innombrables: véhicules sans feux de stop ni clignotants, changement de direction, demi tour intempestifs, arrêt brutal, véhicule très lents , charrette, véhicules en panne, marche arrière en plein trafic, circulation à contre sens , dépassement par la droite, dépassement sur ligne continue, en virage, non respect des balises et des stop, excès de vitesse ...toute la gamme est couverte sauf peut être la conduite en état d’ivresse.

Mais , d’après certains marocains les sénégalais fument des joints !

L’état de la route , sable, nids d’autruches, travaux non signalés, ralentisseurs , les animaux et piétons , en particulier enfants, qui traversent n’importe où , le vent, la chaleur, le froid et la pluie, complètent la panoplie des risques.

En conséquence, les moyennes horaires sont faibles et la durée des trajets s’allonge , compter 50 km/h de moyenne maximum et on finit l’étape un peu rincé.

Le motard solitaire est plutôt bien perçu, à condition de respecter le principe universel d’être poli et respectueux : bonjour, merci, au revoir, s’il vous plaît , c’est déjà 50% du contact établi. Je ne tutoie pas a priori.

Mais on échappe pas pour autant au harcèlement des touristes , parfois insupportable, mais sans que cela atteigne la menace.

Dans le sud du Maroc, au Sahara Occidental et au nord de la Mauritanie, parler l’espagnol aide bien.

S’agissant de la téléphonie et d’internet, je n’ai utilisé qu’un téléphone basique avec petit forfait au Maroc. Iphone en mode avion sauf si Wifi disponible.

Autrement tous les hébergements et de nombreux autres lieux ont le Wifi gratuit, car les gens du cru sont accrocs au portable ...autant qu’en Europe et peut être plus.

Whatsapp est l’application reine du voyage pour rester en contact avec la base !

Pour les hébergements, j’ai utilisé toutes les formules « économiques « , du camping à l’hôtel 2 étoiles ( standard local) inclus, en passant par RbnB, les Auberges de Jeunesse (Hostelling International) mais pas de camping sauvage pour des raisons de sécurité.

Mieux vaut parfois un camping spartiate qu’un hôtel pourri.

J’avais fait le choix de tous les l’hébergements avant le départ et je m’y suis tenu, à 2 exceptions près.

Pour la sustentation , j’ai pratiqué les gargotes locales avec un principe simple , si il y a du monde c’est que c’est bien...

Évidemment il ne faut pas vouloir des ortolans.

Le standard c’est salade de tomates/oignons et plat poulet-frites ou poulet-riz, ou brochettes exceptionnellement spaghettis bolognaise.

Le couscous ou le poisson grillé...en extra !

Au déjeuner , les fruits et gâteaux / biscuits des marchands de rue font parfaitement l’affaire.

Thé à la menthe ( au Maroc) , café plus au sud , ou jus d’orange authentique pour la pause en route.

Comme boisson , eau en bouteille ou eau en bouteille, Coca ou Fanta ...pour l’apéro.

La photographie et la vidéo font partie du voyage.

Je n’ai pas emmené mon appareil photo, pour pas le massacrer, mais je n’ai pas emmené non plus de GoPro...ce que je regrette.

Mes photos sont 100% iPhone , ce qui limite le champs des possibles, et ne permet pas de restituer les moments critiques de pilotage en particulier.

Ce blog qui bénéficie de ces photos est une contrainte en fin de journée, car l’application exige un bon débit internet pour « up loader « ce qui n’est souvent pas le cas...et réduit la durée du sommeil !

Côté budget le poste principal sans surprise la moto , pneus, carburant, péages, bateau.

Il est possible d’optimiser , sans affecter la santé et la sécurité :

  • 1 semaine de moins
  • une moto de cylindrée inférieure
  • Un hébergement 100 % camping et AJ

Bonne route

Appel de phares ✌️

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Je dédie ce voyage à mon frère Lionel, ami fidèle des sahraouis.

Je salue amicalement les lecteurs et lectrices du blog que j’espère avoir intéressés à cette petite histoire, malgré les nombreuses imperfections de mes publications ( omissions, coquilles, fautes de français...), et l’omniprésence outrancière de ma moto.

Je remercie Marc-Henri et Claude qui m’ont accueilli avec la Baleine Bleue , en cours de route dans l’Aveyron et le Vaucluse.

Je remercie les personnes rencontrées au gré du chemin : Tariq le camionneur en Volvo, l’équipe de l’AJ d’Algesiras, José et les mécanos de Motorrodar Taller, Martin le motard allemand en Honda Deauville, le couple de portugais anonyme en 1000 Honda Africa Twin, Dolly mon hôte de Rabat, le prof de techno de Rabat, le tailleur sahraoui de Dakhla, Moises et les observateurs de la MINURSO à Laayoune, Mokhtar le guide sahraoui, le jeune pisteur mauritanien du no man’s land, les contrebandiers d’essence de « gare du nord » près de Chami, « Pokora » à Nouakchott, le chef de l’Auberge du Sud à Saint Louis, Pierre-Yves et Daba au Calao du Lac Rose, Fabio de Ker Jakarlho à Dakar, les facilitateurs de Rosso, l’équipe du Barbas à Bir Ganduz, le vendeur de beignets de Tan-Tan, Éric le motard ex journaliste en 700 Honda Deauville , les « roulent toujours » du GNV Atlas, le mécano Honda distingué de Meknes, le business man tunisien du recyclage de fripes , le directeur de la Maison des Jeunes d’Assa, le motard helvetico-marocain en route vers la Gambie en 1200 Honda Crosstourer, Jean-Louis le globe trotter basque septuagénaire, le projectionniste du cinema Camera de Meknès, et tous les anonymes qui ont partagé un peu de leur histoire.

Un grand coup de chapeau aux pionniers de l’Aeropostale , et aux motards du Dakar héroïque.

Dédicace spéciale et bisous à Françoise qui m’a aidé dans la préparation et m’a soutenu à distance pendant le voyage.