Il est 20h10 lorsque nous arrivons à Medan, grande ville (on ne s'attendait pas à atterrir dans un si grand aéroport) située dans la province nord de l'île de Sumatra. Welcome to Indonesia ! 😀 Il est temps de reculer notre montre d'une heure ! Nous avons à nouveau 6h de décalage avec la France.
Pour la première fois du voyage (et de notre vie), nous sommes attendus à l'aéroport. Oui oui, un monsieur nous attend avec un panneau entre les mains où il est inscrit "Julie et Romain", trop la classe ! Qui dit endroit très peu touristique, dit aussi peu d'attrape touriste. Pour la petite histoire, nous voulions rejoindre le plus rapidement possible le petit village de Ketambe, notre premier stop dans le pays, en plein coeur d'une forêt primaire. Oui mais voilà, il y a 150 kilomètres à parcourir.. Et là, ce n'est pas comme en Malaisie, il ne va pas nous falloir 1h30 pour les parcourir ! Avant d'arriver à Medan, nous avions pris contact avec Jhony pour notre trek à Ketambe, après de (très) longues recherches pour réaliser un trek authentique. C'est lui qui a appelé pour nous le taxi partagé que l'on va prendre ce soir. Le temps de retirer de l'argent, d'acheter une carte sim et nous sautons dans la voiture. C'est parti pour... 9h de trajet, de nuit, après une demi-journée de voyage et tout cela pour un prix de bus local. Incroyable mais vrai, le prix est transparent, il est même inférieur à celui mentionné sur internet. Et surtout, nous économisons une nuit en guest house. C'est parfait !
Il est 21h, nous partons de l'aéroport. Les présentations sont faites avec les deux conducteurs qui se relayeront cette nuit mais aussi avec la musique locale qui bat son plein ! Je cite : "PARTY TONIGHT!" ! Au début, on était partant comme d'habitude mais après une heure de route, nous avons juste envie que son auto-radio se noie et ne fonctionne plus jamais. Au fait, à la sortie de l'aéroport, il a tenté de nous faire payer le parking mais non, désolé, on connaît la combine ! Le temps de récupérer d'autres personnes, nous partons de Medan pour de bon à 22h30. Il était temps ! Nous vous passerons les détails du trajet qui fût éprouvant. Nous n'avons pas dormi de la nuit, vous imaginez que la route était pourrie (150km en 9h, ceci explique cela), que des routes de montagne donc que des virages avec un conducteur qui fait penser à un go fast. Pour couronner le tout, le petit assis à côté de moi m'a vomi sur tout le short, la jambe et la chaussure à 3h du matin. Génial. En même temps je le comprends, comment ne pas avoir le mal des transports qui plus est à cette allure ? Il est 6h15 du matin, nous sommes heureux d'arriver et de nous coucher. Jhony avait prévenu la guest house que nous arriverions très tôt. C'est la basse saison, nous sommes les seuls touristes alors il n'y a pas de problème. Nous tombons de fatigue (après que je me sois douchée quand même, pas question de puer le vomi plus longtemps) !
Le soleil se lève sur Ketambe... Et nous dormons encore à poings fermés ! Nous émergeons aux alentours de 11h. Bon, autant vous dire que le réveil a sonné bien avant... Il est 9h, nous entendons (enfin Romain entend) un homme tapé à notre porte : "Selamat pagui!" ; "Hello!" ; Romain part ouvrir la porte du bungalow, c'est à ce moment là que je me réveille, ne comprenant pas trop ce qu'il est entrain de se passer. C'est Jhony, heureux de pouvoir faire notre connaissance ! Hum, comment te dire que c'est vraiment très gentil de ta part Jhony mais nous nous sommes couchés à 6h30 et nous sommes crevés... Grâce à Romain, Jhony comprend rapidement que nous ferons connaissance un tout petit peu plus tard, probablement en fin d'après-midi.
Pour ceux qui me connaisse bien, vous savez que ce pays a une place particulière dans mon cœur et inévitablement, le bahasa indonésia (le langage) aussi.. Ce sont mes premiers (nouveaux) pas en Indonésie depuis que j'ai quitté ce pays il y a longtemps. Cela fait seulement 12h que nous sommes arrivés et déjà beaucoup de souvenirs me rattrapent...
Un peu plus tard dans la journée, nous faisons la connaissance de Jhony qui nous accueille très chaleureusement. Il ne possède pas de guest house, il vit uniquement de son activité de guide et en hors saison (comme maintenant), il travaille également en tant que chauffeur (comme le taxi partagé que nous avons pris la nuit passée). Jhony à 29 ans, il a été adopté quand il était petit et possède une histoire de vie assez compliquée. Il connaît la jungle comme sa poche puisqu'il la parcoure depuis presque quinze ans. C'est son père et son grand père qui lui ont tout appris. Par dessus tout, dès nos premiers changes, la première chose qui nous marque est son amour pour la jungle.
Nous échangeons brièvement à propos du trek, il nous rappelle ce que nous devons absolument emporter avec nous et ce qu'il n'est pas nécessaire de prendre avec nous. Il nous explique dans les grandes lignes l'organisation prévue pour trois jours mais nous comprenons vite que beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte. En fait, dans la jungle, on peut rien prévoir. Concernant les primates qui vivent dans cette forêt primaire, là aussi, Jhony nous répète que nous ne verrons peut être pas de singes, que cette jungle est totalement préservée de l'activité humaine et que nous devons rien attendre d'elle. Voilà qui est dit, et nous sommes ravis ! Dans un petit coin de ma tête, je pense déjà aux petites et grosses bêtes que nous sommes susceptibles de rencontrer... A la question "You have last questions ?", je n'ai pas pu m'empêcher d'aborder la situation d'un face à face avec un serpent. Sa réponse ne m'a pas rassurée du tout, le serpent attaque toujours celui qui est le plus nerveux car il le ressent. Génial, je vais me contenter de ça pour essayer de me relaxer mais c'est loin, très loooooooin d'être gagné 😀
3 jours et 2 nuits dans le Gunung Leuser National Park
Jour 1
7h30, le réveil sonne. La nuit a été très agitée, les orages et un déluge de pluie se sont abattus sur le village la majorité de la nuit. Ce matin, il ne pleut plus, heureusement pour nous. De toute façon, nous ne pouvons rien prévoir des trois jours qui vont suivre, ça nous l'avons bien retenu. Du temps qu'il va faire aux animaux que l'on va croiser.. Le temps est imprévisible et la forêt appartient aux animaux, pas à l'Homme.
8h. Nous prenons notre petit déjeuner à la Guest House. 9h, Jhony nous rejoint. Il est temps de partir dans la jungle.. J'avoue, on ne fait pas trop les malins. Le Gunung Leuser National Park est une vaste forêt de 8000km2 qui recouvre une grande partie de la région nord de Sumatra. Cette forêt primaire forme un immense écosystème... Actuellement, moins de 10% de la planète est recouverte de forêt primaire. Avec l'Amazonie, l'Indonésie est un des derniers endroits qui en possèdent.
Le déluge de la nuit ne va pas arranger nos affaires. Dès nos premiers pas dans la jungle, on comprend vite que ces trois jours ne vont pas être qu'une partie de plaisir. Le chemin, enfin l'endroit où nous marchons pour être plus réaliste (il n'y a pas vraiment de chemin) est à certain endroit de la pure boue. En plus de ça, à peine entrés dans la forêt, Jhony nous arrête devant une plante pour nous mettre en garde sur sa toxicité. C'est une feuille d'arbre, identique aux autres à un petit détail près : si vous la touchez et que vous la mettez en contact avec une muqueuse, vous mourrez. Voilà, le décor est planté.
En quelques minutes, nous nous enfonçons dans la jungle et nous comprenons très vite l'utilité des chaussettes anti-sangsues fournies par Jhony quelques minutes plus tôt. Les sangsues sont partout. Jhony nous a prévenu, c'est d'ailleurs pour ça que nous avons enfilé notre accessoire de clown à savoir ces espèces de chaussettes rouges hyper amples qui montent jusqu'aux genoux. Sexy n'est ce pas ? Sexy ou pas, de toute manière, on en a très vite eu rien à faire quand nous avons compris qu'elles allaient nous adorer. Le cou, les chaussures, le pantalon, les bras, les cheveux, elles s'accrochent partout et se déplacent à une vitesse folle. Quand elles trouvent un bout de peau sans vêtement, elle ne le lâche plus et le suce tant que possible. C'est effectivement le principe d'une sangsue, je suis d'accord, et en plus, on ne s'en rend pas forcément compte. Résultat, parfois, c'est que une ou deux heures après qu'on l'arrête et les dégâts sont déjà faits ahah ! Saloperie de petite bête.
Il fait chaud, l'endroit est très humide, aux alentours de 300% d'humidité (toujours plus) ! En fait, c'est comme si nous étions sous la douche. A côté de ça, nous sommes entrain de vivre une expérience unique. Nous sommes au beau milieu de nul part, la végétation autour de nous est immense et incroyablement luxuriante.. Nous retombons en enfance, nos yeux s'écarquillent devant le moindre insecte ou la moindre plante qui se fait remarquer par sa forme, sa couleur, son odeur. Le premier singe que nous apercevons est un gibbon noir. Nous sommes chanceux car c'est un singe qu'il est rare d'apercevoir d'après Jhony. Et pour cause, ça fait trois mois qu'il n'en avait pas vu ! Nous avons vu une feuille bouger au loin et nous avons fait signe à Jhony, il se trouve que c'était un gibbon noir. Autant vous dire que nous ne sommes pas spécialistes, que l'on a eu un énorme coup de chance du débutant et que c'est la seule fois pendant les trois jours où nous avons trouvé un singe avant lui. Car c'est juste mission impossible ! Petite précision, toutes les photos de monkeys qui vont suivre dans cet article sont prises avec le gros zoom de l'appareil photo, nos yeux les voyaient de bien plus loin...
Jhony sillonne la jungle depuis 15 ans, il connaît les lieux comme sa poche. Il nous impressionne par sa vivacité, son œil attentif et son oreille attentive.. Rien ne lui échappe. A côté de ça, il est d'un calme incroyable, il prend son temps et se laisse guider par la nature. Il n'y a pas à dire, la jungle c'est un tout autre monde !
Il est 12h30, nous arrivons au bord d'une rivière. Jhony nous explique que nous dormirons là cette nuit. Nous faisons la connaissance de Hasbin, l'assistant et porteur de Jhony. C'est lui qui s'occupera du camp et des repas. Jhony part toujours en trek avec la même personne et nous repérons rapidement leur complicité. Nous sommes heureux de partager ces premiers moments à quatre ! Nous mangeons une assiette de noodles, nous déposons notre gros sac et nous repartons dans la jungle.
Cette après-midi, nous marchons pas loin de 3h, cette fois-ci sans le sac. J'avoue que le rythme est loin d'être "cool", on ne s'ennuie pas avec Jhony et on a intérêt à le suivre car on a vite fait de perdre sa trace (c'est arrivé plus d'une fois) !
Jhony nous fait signe de la main de le suivre et de ne pas faire de bruit. Dans la jungle, il est important de parler tout bas en permanence pour ne pas effrayer les animaux, c'est en tout cas ce que Jhony nous explique. Nous le suivons rapidement en éviter de faire craquer dix branches sur le passage et nous finissons par apercevoir, là devant nous, une maman Orang-Outang et son bébé. Wahou ! Ils ne sont pas très loin de nous, c'est incroyable. C'est la première fois que nous voyons ça de notre vie, nous sommes en admiration et nous les observons un très long moment... Les Orangs Outangs réalisent des gestes très lents et il est facile de comprendre ce qu'ils veulent faire ou ne pas faire. Jhony en profite pour répondre à nos questions, nous apprenons par exemple que ces singes vivent en moyenne cinquante ans (ce qui est très long) et qu'ils changent tous les jours de nids pour dormir.. Chaque jour, ils construisent un nouveau nid pour être sûrs qu'un serpent ou autre animal dangereux ne se soit pas logé dans leur habitat.
Un peu plus loin, nous faisons la connaissance de Thomas Sleeve, d'autres monkeys tout aussi fascinants à observer. Ils se déplacent systématiquement en groupes, et souvent même en très grands groupes. Ils sont reconnaissables grâce à leur visage vraiment différent et leurs deux couleurs : le gris et le blanc. C'est mes petits préférés 😀
C'est fatigués mais très heureux que nous rentrons au camp. Il est environ 18h30, le temps de nous doucher dans la rivière et d'enfiler un survêtement propre, nous voici prêts à nous asseoir près du feu où Hasbin prépare le repas. Avant ça, nous allons quand même vous parler de notre camp. Nous allons dormir tous les quatre dans une tente transparente à même le sol, rien de plus rudimentaire. Tout est très simpliste, mais c'est bien ce que nous recherchions...
Nous tentons une approche, nos quelques mots en Indonésien font la différence et permettent d'entrer en contact avec lui. Il ne parle pas bien anglais, qu'importe, cela ne nous empêchera pas de passer d'agréables moments. Avec un wok de fortune et quelques aliments portés sur son dos, Hasbin réalise une très belle démonstration... Il fait nuit, il cuisine à la lampe torche et ça sent vraiment très bon. Nous allons nous régaler...
Ce soir, nous mangerons dans la tente sur les conseils avisés de Jhony. L'orage approche, il ne va pas tarder à pleuvoir.. Le repas est succulent, nous sommes rassasiés. Nous avons découvert des spécialités du coin, un bonheur pour nos papilles. Nous discutons un long moment jusqu'à ce que la fatigue nous rattrape...
Jour 2
Le jour se lève, nous avons passé une très bonne nuit. Nous avons dormi à même le sol avec pour coussin notre backpack, il a énormément plu, j'ai eu peur toute la nuit qu'un serpent me mange toute crue ou qu'une petite bébête vienne dormir avec nous. Vous l'aurez compris, c'est un peu de l'ironie. Nous n'avons pas très bien dormi, en fait, nous n'avons pas bien dormi du tout. Nous avons très peu fermé l'œil, il fallait s'y attendre 😀 !
Ce matin, nous partons marcher aux alentours du camp où nous avons passé la nuit. Il fait humide, l'air est chaud et le soleil commence à faire son apparition. Nous déposons notre gros sac derrière un arbre, perdu en plein milieu de la jungle. Nous le récupérerons après pour partir et rejoindre l'endroit où nous allons camper cette nuit. Clairement, cet arbre est quelconque et tous les moyens de repères que nous trouvons n'en sont pas. Autant vous dire que si nous avions à retrouver nous même notre sac, ce n'est même pas la peine, nous pouvons d'ores et déjà le considérer comme perdu !
Ici, tout se ressemble. C'est impossible de savoir sur quel chemin nous sommes, dans quel direction nous allons, quelle distance nous avons parcouru entre tel point et tel point.. Le dénivelé est énorme. La matinée nous réserve une marche intense, des montées, des descentes, sur des terrains très très glissants. Ce n'est pas compliqué, nous avons fait de belles chutes ! Heureusement, plus de peur que de mal mais quand même, il faut être prudent. Ce n'est pas le moment de se tordre la cheville.
Il n'est pas loin de 12h et nous n'avons toujours pas récupéré notre sac. Le lieu où nous allons camper ce soir est à plus d'une heure et demi de marche, Jhony nous dit qu'il ne faut pas trop perdre de temps. Hum oui, c'est vrai que nos estomacs commencent à crier famine avec toute cette marche.. Ca y est, on se plaint encore, ce n'est pas possible ça ! Roh. Nous récupérons le sac et nous partons longer la rivière en contre haut. A peine partis, Jhony fait aussi tôt demi-tour et se met à courir en nous faisant signe de le suivre.. Mais qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi il court ? Nous n'avons rien entendu, pas une seule feuille bouger et pas vu l'ombre d'un animal. Et pourtant si, c'est bien un ENORME Orang Outang qui se tient très loin de nous, tout en haut de l'arbre. Doucement, il s'approche (tout en restant loin bien entendu). Même Jhony n'en revient pas.. Impressionnant, je n'ai pas de mot pour vous décrire ce que c'est de voir un si gros primate devant soi. Et ce regard qu'il nous adresse..
Il est près de 13h lorsque nous prenons le chemin du camp. Et oui, la jungle c'est ça, c'est l'imprévu.. Jhony a raison, on ne sait jamais ce qu'il nous attend. Le chemin que nous empruntons est semé d'embûches, il faut être très prudent. Un pas de travers et c'est dans la rivière, environ 10 mètres plus bas, que la balade se terminera... Et dans quel état, je ne préfère pas imaginer. Le paysage est très beau, toujours très vert. Même si nous nous trouvons dans la même forêt, à certains endroits, on découvre un tout autre décor. Les arbres ne sont pas de la même taille, ils ne sont pas de la même épaisseur, ça donne des effets complètement différents.
Nous arrivons sur notre camp de ce soir où nous retrouvons Hasbin, au bord de la rivière, juste à côté des Hots Springs. Nous avons senti de loin l'odeur de souffre, ce n'est pas compliqué, ça sent l'œuf pourri, pas très glamour c'est vrai mais l'idée de nous baigner dans une source d'eau chaude nous fait oublier le reste ! Pour la baignade, il faudra être un peu patient, nous allons d'abord manger un bout et ensuite nous allons repartir marcher dans la jungle.. On vous l'a dit, ici ça ne rigole pas ! Sérieusement, Jhony n'oblige en rien, il nous propose, si nous nous sentons de repartir nous acceptons autrement ce n'est pas un problème, il comprendrait que nous souhaitions nous reposer. Notre choix est fait, nous préférons profiter à fond de la jungle et du savoir de Jhony : la baignade ça sera pour ce soir !
Cette après-midi, nous partons découvrir une autre partie de la forêt, la marche est un peu difficile, il faut faire très attention où nous mettons les pieds. Les descentes sont raides (les montées aussi du coup) et le chemin est très accidenté. Et BIM ! Une, deux, trois chutes.. Avec Romain, on alterne et on en rigole car à chaque fois, on se fait surtout plus peur que mal. Notre pantalon lui, commence vraiment à avoir mauvaise mine. Je tiens quand même à préciser que Jhony aussi est tombé, et plus d'une fois depuis hier ! Comme quoi, il n'y a pas que les débutants qui se prennent les pieds dans les lianes (même si on tombe bien plus souvent que lui hum hum).
De retour sur le camp, c'est sans attendre que nous partons nous baigner dans la rivière, à l'endroit où l'eau fraîche de la rivière rencontre l'eau bouillante des Hots Springs. Il faut être très prudent, d'un côté, éviter de se faire brûler au troisième degré et de l'autre côté, éviter de se faire emporter par le courant de la rivière. Nous passons un excellent moment de détente en compagnie de Jhony, le décor est juste à couper le souffle... Nous sommes là, tous les trois, il y a personne à des kilomètres à la ronde et nous profitons d'un bain chaud dans une rivière d'eau froide avec pour décor une jungle luxuriante et quelques macaques curieux. Le BONHEUR.
Ce soir, la pluie s'abat rapidement sur notre camp. Comme hier soir, nous mangeons à l'abri dans la tente où nous allons dormir. Apres le très bon repas préparé par notre chef, Jhony nous apprend un petit jeu de cartes facile à retenir et vraiment sympa. Une partie à suffit pour venir à bout du peu d'énergie qu'il nous restait. Nous nous glissons dans nos duvets, prêt à nous endormir... C'était sans compter sur Hasbin qui est arrivé et qui nous a dit qu'il y avait comme un léger problème. Nous dormons juste à côté de la rivière, il pleut des torrents et l'eau arrive bientôt à la hauteur de la tente. Si il continue de pleuvoir ou si un arbre se coince en amont de la rivière, nous sommes condamnés à finir à l'eau! Voilà qui est rassurant, surtout que Jhony n'a pas manqué cette occasion pour nous raconter des anecdotes dans le genre. Du coup, nous ne dormons plus. Tous les quatre, nous restons sur nos gardes, prêts à partir au cas où. L'orage ne s'arrête pas pendant que la pluie semble s'arrêter doucement. Nous luttons contre la fatigue car nous ne sommes pas rassurés par la situation mais nous finissons quand même par nous endormir, en espérant que Jhony nous réveille au moindre problème ahah ! La nuit se déroulera sans problème..
Jour 3
6h30, mes yeux sont grand ouvert. J'aperçois Jhony qui se baigne dans la rivière. Ni une ni deux, j'attrape mon maillot de bain encore trempé de la veille et je l'enfile. Hum, quel bonheur de mettre un maillot de bain trempé sur soi à 6h30 du matin, à peine réveillé. Et oui, autre petite chose à savoir, ici rien ne sèche, avec un taux d'humidité pareil... Bref, c'est pas tout à fait bien réveillée que je rejoins Jhony cent mètres plus loin. La tempête de cette nuit à fait des dégâts, un arbre est tombé juste à côté du camp rendant difficile les quelques mètres à réaliser à pied (encore plus avec des tongs, qu'elle idée aussi). C'est juste le bonheur d'être là, de se baigner comme hier soir dans ce décor.. Ce moment est magique et j'ai envie d'être nul part ailleurs. Nous restons pas loin d'une heure et demi à discuter avec Jhony, tout en faisant attention de ne pas se faire emporter par le courant de la rivière.
Nous finissons par apercevoir Romain qui émerge doucement de cette douce et belle nuit passée dans la tente...
Ironie ! Il en a plein le dos, principalement au sens propre, tant le sol est dur. C'est clair que c'est rudimentaire comme confort, ça nous convient très bien et c'est le jeu. On veut de l'authenticité, nous sommes servis. Après, on pense qu'au bout de 5 ou 6 nuits passées dans la tente avec des journées entières de trek dans la jungle, tu dois sérieusement commencer à le sentir. Rien de plus normal. Après, on doit avouer (enfin pour ma part), que nous avons mieux dormi la deuxième nuit dans le sens où nous n'avions plus autant d'appréhensions.
C'est partie pour une nouvelle et dernière journée dans la jungle. Juste avant, nous prenons un délicieux petit déjeuner préparé par notre chef. Au menu : pancake à la banane pour Romain et Nasi Goreng (spécialité indonésienne à base de riz) pour Hasbin, Jhony et moi. Trop bon ! A présent, il va falloir se bouger. Au programme, un bon nombre de traversées dans la rivière. La veille, Jhony nous a dit qu'il avait aperçu un animal dans l'eau qui avait l'allure d'un petit crocodile. Rassurant, on adore !
Nous traversons d'un côté, puis de l'autre, à chaque fois avec l'aide de Jhony. Le courant de la rivière est assez important, on est très vite déséquilibrés. Une fois dans la journée, Jhony n'a pas voulu que l'on garde notre sac sur le dos de peur de tout perdre.. En fait, même lui n'était pas trop sûr de son coup. Il a beaucoup plus cette nuit et le courant s'est intensifié par rapport à hier ! Autant vous dire que quand il a traversé avec mon appareil photo dans une main et tout notre argent dans l'autre, on a un peu serré les fesses. Bien sûr, on n'aurait pas voulu qui lui arrive quelque chose ! Chasser le naturel et il revient au galop, difficile de se détacher du matériel...
Le jungle c'est être face à un décor exceptionnel...
mais aussi face à des petits êtres vivants... (les gros non merci, sauf les monkeys hihi)
Nous terminons la matinée par le point le plus haut de la forêt, la vue en contre bas est impressionnante. La photo n'est pas très représentative mais juste devant nous, le sol est très pentu. Pour autant, nous ne dominons toujours pas la forêt, il y a toujours plus grand que nous ici ! Nous profitons de ce petit stop pour immortaliser l'instant avec Jhony.
Après avoir mangé, nous récupérons notre sac et nous repartons pour deux ou trois heures de marche. Au programme, sortir de cette vaste forêt.. Et oui, cela fait déjà trois jours que nous sommes là. Dire que nous n'avons pas vu le temps passer serait un mensonge, il ne faut pas exagérer. Ces trois jours ont été très intenses, il faut le reconnaître. Par contre, c'est vrai que le temps est passé très vite, nous sommes restés admiratifs du début jusqu'à la fin, nous avons enchaîné les découvertes.. La nature est exceptionnelle ici, elle impose le respect.
Nous faisons nos derniers pas dans la jungle. Jhony n'a pas dit son dernier mot et comme toujours, les chemins que nous empruntons nous déstabilisent plus d'une fois.. La fatigue commence sûrement à s'accumuler aussi. A un moment, je crois qu'en l'espace de dix minutes, on est tombé deux fois chacun. Ca n'a pas arrêté. A certains moments, on avait presque envie de rester par terre, surtout quand il faut se relever en pleine descente avec le gros sac. Pour ça, je dois dire que pendant trois jours, Romain et moi on s'est beaucoup aidé et soutenu !
Sur la fin du trajet, nous entendons un énorme bruit et nous voyons une ombre passer à toute vitesse juste là, devant nous. Ce sont des cochons, ils nous ont fait trop peur ! Jhony nous explique qu'il y en a beaucoup à cet endroit. Qui dit cochon, dit boue, dit que nos chaussures sont entrain de signer leur arrêt de mort. En plus de ça, on a choisi cet endroit pour tomber une énième fois, sinon ce n'est pas drôle. Nous sommes définitivement archi sales et nous sentons la transpiration a plusieurs mètres ! Serait-il temps de prendre une petite douche ?
Nous terminons la marche par un endroit différent que celui que nous avons emprunté pour entrer dans la jungle. Jhony est plein de surprises et nous amène jusqu'à un magnifique point de vue. Depuis là, nous surplombons tout le village de Ketambe et nous avons vu sur une autre partie de la forêt, juste en face. C'est magnifique, ce village est posé là, en plein milieu d'une immense forêt primaire. Nous admirons le paysage pendant plusieurs minutes avant de descendre vers le village...
C'est ici que notre trek prend fin. Nous sommes contents de pouvoir retrouver un minimum de confort et de pouvoir nous doucher. Même si c'est au sceau et avec de l'eau froide ça n'est pas grave, nous faisons mousser le gel douche, le bonheur... Nous récupérons l'autre gros sac que nous avions laissé à la guest house et nous trions nos affaires. Il va falloir faire une machine de toute urgence, ça sent vraiment pas bon par ici ! Mais ça devra attendre. Demain matin, nous prenons la route vers Berastagui, Jhony doit se rendre à Medan, il nous a proposé de nous conduire pour le même prix que le bus local. Nous acceptons volontiers, c'est l'occasion de passer encore un peu de temps ensemble. En tout cas, cette expérience restera longtemps gravée dans notre mémoire. Nous avons maintenant hâte d'aller à la rencontre de la population locale, des petites villes, hâte de découvrir vraiment Sumatra.. Pour le moment, nous nous sommes pas confrontés réellement à la "civilisation", mais ça va venir, chaque chose en son temps. Ce soir, nous n'attendons pas le marchand de sable pour nous endormir...