On est très en retard dans la chronologie mais on ne s’arrête plus dans nos périples. On va vous parler de nos vacances aux Marquises.
L’archipel des Marquises se situe à 4h d’avion au Nord-Est de Tahiti, 1 400 km les séparent les deux archipels. C’est le plus éloigné, et aussi le plus différent d’un point de vue géologique, du fait de son jeune âge. On ne visite pas les îles Marquises pour les lagons et les plages, il n’y en a pas. Ici on vient pour le relief volcanique, les montagnes abruptes, les falaises, les pics basaltiques, mais surtout on vient pour l’homme et pour sa culture. Du fait de son éloignement, l’archipel a pu conserver sa singularité à travers ses traditions, ses danses (haka signifie danse en marquisien), ses légendes, sa langue, son artisanat (sculpture sur bois, sur os, sur nacre, tatouage : il en est d’ailleurs le lieu de naissance), ses sites archéologiques cérémoniels pré-européens…
En marquisien du Nord : Henua Enana, en marquisien du Sud : Fenua Enata, ce qui signifie « la terre des hommes ».
12 îles, seulement 6 sont habitées, au Nord, Nuku Hiva, Ua Huka, et Ua Pou. Au sud Hiva Oa, Tahuata, Fatu Hiva. 9 000 habitants en tout. Nous avons visité 3 d’entre elles : Nuku Hiva et Hiva Oa (les 2 plus grandes, la capitale du Nord et la capitale du Sud, les 2 seules à posséder un aérodrome) et Tahuata, accessible en bateau depuis Hiva Oa.
KAOHA NUI ! « Bonjour » en marquisien.
On part le 14 avril (oui je vous ai dit qu’on était en retard) pour atterrir à Nuku Hiva, où on restera jusqu’au 19.
A l’arrivée, un atterrissage mouvementé avec du vent d’une intensité angoissante.
Ce qui se voit d’ailleurs à nos tronches…
Pour se rendre à la baie de Taiohae, « centre ville » situé à l’opposé de l’île par rapport à l’aéroport, il faut environ 1h de trajet, sur des routes aux virages infinis et à travers des paysages à couper le souffle. Faut quand même avoir l’estomac bien accroché…
On commence notre première journée par une petite balade vers les alentours de notre pension. On y croise les habitants locaux : les chevaux sauvages des Marquises.
Deuxième journée : on attaque la randonnée du plateau de Toovii. Des conifères, des grandes prairies bien vertes où paissent des vaches et des chevaux, non non nous ne sommes pas en Suisse mais bien aux Marquises ! A 800m d’altitude, la randonnée assez fraiche, assez plate et longue de 13km du plateau de Toovii nous amène jusqu’à des panoramas exceptionnels sur la baie de Hatiheu, de l’autre côté de l’île.
On vous présente les tiki de Taiohae, vous allez encore en voir plein, ici ils sont partout et veillent à nous protéger.
Et après la rando, Étienne, notre hôte, nous amène à bord de son bateau de pêche dans la baie de Hakatea pour une petite baignade. C’est la seule façon d’y accéder, pas de route, pas d’habitation, et en plus une plage sympa !
Le lendemain, visite de la baie de Hatiheu avec Jocelyne, notre hôte. On y découvre la fougère tatouage, c’est cool tu peux customiser tes vêtements ou ton corps avec ça et rejoindre ainsi l’équipe des All-Black. On fait aussi la rencontre de cochons sauvages, de fleurs de café et d’immenses cascades au loin.
Et une fois arrivés au fond de cette baie, on ne se lasse pas du paysage…
Sur le chemin du retour, on s’arrête sur le site archéologique de Teiipoka, qui a été restauré à l’occasion du festival des Marquises en 2011. Là se dresse un banian gigantesque, l’arbre sacré, le plus gros qu’on ait jamais vu. Son âge est estimé entre 650 et 750 ans.
Ensuite on a fait la petite randonnée de la sentinelle Est de la baie de Taiohae. Encore une vue assez exceptionnelle sur l’entrée de la baie et le Motu Nui.
Puis sur le chemin du retour on a trouvé une petite plage dans une crique cachée où on était absolument seuls… Plutôt sympatoche !
Et ceci est le centre de détention de Taiohae. On voulait le mentionner parce qu’en plus d’être la plus petite prison de France, elle a aussi la particularité d’être une prison sans murs ni enceinte fermée. Les détenus sont autorisés à se promener dans le jardin, dans les bâtiments, et le parloir se passe sous le manguier. Voilà.
En cette journée du 17 avril, Jocelyne et Étienne nous ont fait la surprise de préparer un repas d’exception pour l’anniversaire de Pierre : Étienne ayant une bande de copains réunionnais (de par son parcours militaire), en apéro c’était samoussas, en entrée, langoustes, en plat principal, un cabri massalé ATTENTION « meilleur que tous ceux que Pierre n’ait jamais goûtés » accompagné d’un parfait petit rougail tomates, et en dessert, un gâteau au chocolat bien plus gros que nos estomac ! Et comme Juju avait prévu les bougies, tadaaaaam !
Le lendemain, pour notre dernière journée à Nuku Hiva, on a pris le bateau avec Étienne, parce qu’après 5 jours sans plage on ne tient plus, et on a navigué jusqu’à la baie d’Anaho, que je vous laisse admirer…
On a ensuite fait une petite marche jusqu’à la baie suivante, la baie de Haatuatua, inhabitée, où on a quand même trouvé, à notre grande surprise, le potager du bout du monde avec un maraîcher qui nous a vendu pamplemousses, tomates cerises et corossols. Improbable et incroyable !
Vous voyez l’idée à peu près.
Allez, 19 avril, on décolle pour Hiva Oa, 40 minutes d’avion, encore très très secoués mais on a réussi à atterrir !
Peut-être que certains ont déjà entendu parler de l’île de Hiva Oa, elle est connue notamment pour avoir été l’île qui a accueilli deux grandes figures, d’abord Paul Gauguin qui y termina sa vie entre 1901 et 1903 et y décéda, et ensuite Jacques Brel, qui vient s’installer à Atuona avec sa compagne Maddly en 1975 et y décède en 1978.
Tous deux y trouvèrent beauté et sérénité et ne voulurent plus repartir. Mais comme le dit si bien le chanteur, « gémir n’est pas de mise aux Marquises », et les conditions de vie y sont rudes, surtout à l’époque.
Alors on passe leur rendre un hommage sur leurs tombes respectives.
À Atuona, commune principale de Hiva Oa, un joli détour au musée Gauguin.
Le peintre a passé seulement 2 années à Atuona, il était avant ça installé à Tahiti depuis 1895, mais il a pourtant été très bien accueilli et intégré par les polynésiens, grâce à sa défiance et à sa lutte contre l’administration coloniale et la toute-puissance de la mission catholique. Il devient président du comité des fêtes de Atuona en 1902.
Mais bon depuis la découverte du fait qu’il fréquentait (pour être gentil) de très jeunes filles marquisiennes, il est un peu moins considéré qu’avant on va dire…
Et un passage au centre culturel Jacques Brel.
Jacques Brel et Maddly s’impliquèrent beaucoup dans la vie du village d’Atuona et furent vite appréciés par la population. En plus de participer à de nombreux projets pour aider la ville, Brel assurait régulièrement des évacuations sanitaires vers Papeete, avec Jojo, son avion Beechcraft que vous pouvez admirer ci-dessous.
On se balade autour du village…
Jusqu’à arriver au site archéologique de Upeke dans le secteur de Taaoa.
Le marae polynésien, comme celui de Taputapuatea précédemment cité par exemple, s’appelle le meae en marquisien (en effet la langue marquisienne ne possède pas de lettre r).
Ici le meae de Upeke, ainsi que plus loin derrière le tiki que vous pouvez voir, reste le plus beau site archéologique qu’on n’ait vu à ce jour, celui qui nous a le plus touchés, du fait de son architecture mais aussi de l’ambiance et de l’énergie que dégageaient le lieu.
On rentre à la pension pour l’apéro du soir et la jolie vue qui va avec !
Aujourd’hui direction la vallée de Hanaiapa, qui est le point de départ de la randonnée de Hanatekuua, qui fut notre coup de cœur aux Marquises, vous allez vite voir pourquoi !
Petit quartier si mignon et si bien entretenu où le temps semble s’être arrêté, on y a fait de belles rencontres et on espère y revenir un jour !
2h de randonnée aller-2h retour, c’est le seul moyen pour arriver au cœur de cette vallée où il y a un seul habitant à l’année ! Et l’impressionnante vue au moment où on a aperçu la plage de Hanatekuua…
Voilà, cachée au milieu de nulle part, on l’a élue par nous-mêmes plus belle plage de Polynésie !
Un petit cabri ça vous dit ?
C’est parti à la découverte du tiki souriant ! Un tiki bien conservé perdu au milieu d’une clairière…
Les hypothèses fusent quant à sa signification mais bon encore une fois, vu qu’on n’a pas d’écrits de cette époque, impossible d’être sûrs de quoi que ce soit…
Ces tiki là sont plus récents mais sont des reproductions inspirées d’anciens tiki que l’on retrouve encore aujourd’hui, cachés au fin fond des vallées et des montagnes… Le mystère reste entier et si vous avez l’âme d’un archéologue c’est ici que vous trouverez votre bonheur.
Allez on entame une autre journée marquisienne avec une excursion à l’autre bout de l’île, direction Puamau, la deuxième commune d’Hiva Oa. Pour cela, il nous faut traverser de multiples vallées regorgeant de plus en plus de mystères et d’authenticité.
Tiens un autre curieux tiki, il ne vous fait pas penser à une œuvre d’un certain Rodin ?
A l’occasion de la fraîcheur d’une matinée, notre hôte nous embarque dans une balade archéologique, se frayant un passage dans une vallée oubliée à l’aide d’une machette tel Indiana Jones à la découverte de pétroglyphes et d’imposants meae.
Avec tous ces tiki découverts, on commence à être inspirés et on se lance alors dans un atelier insolite : sculpter notre propre tiki !
On part alors d’un bois brut, ici du bois de rose que l’on va grossièrement tailler pour donner la taille et la forme de notre tiki. Puis ponçage laissant découvrir de magnifiques nuances de couleurs de bois. Vient ensuite la sculpture, grâce à un petit couteau à bois, on écrit notre propre histoire représentée par des symboles marquisiens. Pour finir et l’éterniser, une bonne couche de cire d’abeille.
Bon c’est vrai ils sont petits… Mais petit tiki deviendra grand !
Voilà, s’achève ce périple sur la terre des hommes, où l’on a fait le plein de mana, l’énergie spirituelle des polynésiens. On repart avec des légendes plein la tête, le sourire aux lèvres et des colliers autour du cou !
Promis chères Marquises, on reviendra !
On vous laisse sur ces belles paroles :