Conclure un écrit est toujours un exercice difficile. Depuis trois ans Béatrice voyage avec moi à vélo. Nous avions fait un premier essai à l'été 2020 en faisant le tour de la Vendée. Cette première expérience fut une découverte pour elle qui avait très peu pratiqué le vélo et loin de la rebuter nous avons au contraire voulu aller plus loin, et l'année suivante.... sur un VAE "bicloo" loué à Nantes Métropole nous sommes partis de Genève. Nous avons remonté le Rhône jusqu'à sa source puis en suivant le cours du Rhin jusqu'à Cologne nous avons rejoint Copenhague. Du Danemark pour revenir en France nous avons longé les côtes de la mer du Nord aux Pays Bas puis la Meuse et la Moselle pour revenir en France vers Mulhouse.
Béatrice était devenue alors "addict" au voyage à vélo et nous avons alors investi dans un VAE pour poursuivre plus loin nos périples.
Grâce à Jean-Paul j'ai pris goût à la découverte du voyage à vélo dans son itinérance, aller d'un endroit à un autre, découvrir chaque jour une nouvelle route un nouveau paysage, des compagnons de route. Je suis complètement admirative de la force de Jean Paul, de son endurance. J'ai même du mal à le suivre avec mon VAE, sauf dans les côtes où je me fais plaisir en le doublant. Si la première année je me suis complètement laissée guider, cette année nous avons partagé l'itinéraire, le choix des lieux visités. Chacun à soutenu l'autre au moment les plus difficiles pour faire de ce voyage une aventure à deux.
C'est comme cela que l'an passé nous nous sommes retrouvés au Cap Nord, voyage difficile dans le vent, le froid, l'humidité mais l'environnement et les paysages somptueux compensèrent largement ces dures conditions météorologiques.
Cette année pour bénéficier d'un temps plus clément nous avons fait le choix de partir vers les rives de la Méditerranée et de l'Adriatique. En partant au printemps nous avons fait le bon choix car nous n'avons pas vraiment eu des journées trop chaudes. (sauf un peu sur la fin en Allemagne). Si l'Italie n'est pas toujours très facile pour y rouler à vélo, ses richesses patrimoniales nous ont enchantés, l'accueil et le contact avec les habitants ont toujours été très sympathiques.
C'est sans doute l'Albanie que nous aurons le plus apprécié. Pays décalé par rapport aux autres, ces habitants sont toujours prêts à rendre service, curieux, accueillants, ce pays souffre sans doute trop de sa réputation sulfureuse de trafics en tout genre. C'est vrai la proportion incroyable de voitures haut de gamme présentes dans ce pays pauvre interrogent sur leurs provenances. Les énormes investissements touristiques réalisés par des promoteurs peu scrupuleux et sans doute pas les mafias font craindre le pire pour l'avenir de ce petit pays. Mais il reste une Albanie rurale et intérieure très riche de ses cultures et de son histoire qui respire une réelle authenticité.
Nous aurons aimé les côtes croates mais un peu moins la conduite dangereuse des automobilistes croates.
En arrivant en Slovénie, nous entrons dans un petit pays montagneux où circuler à vélo devient plus simple. Séduisant pays et facile d'accès, le lac de Bohinj est une pépite encore peu connue, il faut en profiter sans trop faire sa publicité car il pourrait devenir surfréquenté comme son voisin, le célèbre lac de Bled.
La capitale Ljubljana est une petite Copenhague dont l'architecture et son urbanisme rappelle la puissance de l'empire austro hongrois.
Sur la route du retour, rouler en Autriche c'est parcourir un pays alpin aux itinéraires vélos toujours bien tracés entre forêts, alpages, villages aux chalets fleuris dont les vastes toits nous rappellent qu'il peut pleuvoir et neiger beaucoup en hiver.
Enfin la traversée de la Bavière d'Est en Ouest si elle fut superbe nous fit mal aux muscles tant l'itinéraire vélo du Königssee au Bodensee fut exigeant et difficile.
Les rives du lac de Constance et le retour vers la France en longeant le Rhin jusqu'à Strasbourg nous aurons offert une belle récupération, les côtes et les descentes progressivement ne furent plus que des souvenirs et le vent de sud nous aura propulsé presque sans effort vers la gare de Strasbourg.
La roulante balade de Béatrice et Jean-Paul
Auteur : Jacques Nicolle
D’hier à aujourd’hui et peut-être demain,
Le nez au vent et sur la selle l’arrière-train,
Du matin au soir les pieds rivés aux pédales,
Voilà l’sud d’Italie si loin de Peymeinade.
À la tombée du jour, quand ce n’est de la pluie,
Ils cherchent un naturel gîte pour la nuit.
Ou, las de rustiques couches rêvent d’un vrai lit,
Et s’courbent sur le WEB avec l’oeil qui luit.
Près d’villes historiques aux peintures enivrantes,
Acceptent caresses tôlières d’ritales autos,
Se délectent du legs florentin de Giotto.
Enfin du sud Pouille l’Adriatique enjambant
Atteignent rives D’Ulysse puis frontière d’Albanais,
Où l’aventure reprend si l’chargeur libérait
L’énergie shimanesque à Bea nécessaire
À égaler d’Jean-Paul les muscles septent’naires.
Quand un matin le triste NO du Shimano,
Contraignit notre imaginatif duo
D’s’enterrer en Split, via l’albanaise Mercedes,
Pour subir Croate absence d’charge japonèse.
Puis l’accueillante, verdoyante Slovénie offrit
L’arpion d’Jean-Paul aux crocs d’cannibales goupils,
Et sans rougir, compatissant parcours santé,
Puis voie ferroviaire pour pallier l’infirmité.
Enfin l’Autriche vallonnée,
L’Allemagne bien gravillonnée,
Un' persistante canicule…
Et ils en eurent plein le "cul"
Pour d’un réel coup de reins Suivre les rives du Rhin,
Réserver deux places de train,
Pour à Vertou inscrir' FIN.
Jacques Nicolle est un ami de jeunesse. Nous nous étions perdus de vue depuis près de 50 ans et nous nous sommes retrouvés à l'été 2019 alors que je terminais la traversée à pied des Alpes du Nord au Sud par le GR 5. Il vit près de Cannes à Peymeinade et c'est de chez lui que nous avons débuté ce voyage à vélo. Après une belle carrière professionnelle comme ingénieur et consultant, Jacques est aussi écrivain. Outre un ouvrage professionnel "Le management par projet", il a publié "Mozart a raté l'avion" et "Errances" qui racontent ses souvenirs de randonneur et d'alpiniste sous une forme onirique. C'est avec Jacques que j'ai commencé dans les Pyrénées la haute montagne, c'était en 1967...Jacques ensuite installé dans le sud de la France a poursuivi les randonnées et les courses alpines. Le guide de haute montagne, Hervé Gourdel, assassiné en 2014 par des terroristes islamistes en Algérie, était l'un de ses grands amis avec qui il avait fait de très belles courses. Il lui rend hommage dans "Mozart a raté l'avion". Merci à lui de nous offrir cette belle conclusion.
Voilà donc la fin de ce récit de voyage. Nous remercions toutes celles et ceux qui nous ont suivis, encouragés. Nous n'avons pas toujours répondu car souvent le soir la fatigue nous gagnait...c'est avec plaisir qu'à l'occasion de nos rencontres nous échangerons avec vous sur ce beau voyage.
Béatrice et Jean Paul