Chaque fois que je veux vous raconter en détail mon travail de volontaire, un évènement extraordinaire se produit ! Ça donne donc l’impression que je ne travaille pas beaucoup mais détrompez-vous… Profe Youstine est une femme active, une professeure investie dans son travail qui, bien que son emploi du temps soit très chargé, consacre toutes ses matinées au soutien scolaire (apoyo en espagnol) pour des petits loups en difficulté (quelle généreuse cette profe !).
Ca y’est j’ai fini de me lancer des fleurs (d’ailleurs… j’y réfléchissais et je me disais que ça doit être compliqué de se lancer des fleurs en hiver…Il n’y a pas grand-chose qui pousse à cette époque-là), passons maintenant aux choses qui vous intéressent vraiment (bien que vous soyez tous très sensibles à mes jeux de mots ravageurs et mon auto estime surdimensionnée).
Comme je vous l’expliquais donc, tous les matins de semaine, je pars à 8 h 29 de la maison des volontaires avec mon sac Barbie et mes bouquins sous le bras pour entamer le soutien scolaire dans le jardin du centre à 8 h 30.
5 des enfants arrivent très tôt et j’ai souvent le plaisir de les avoir derrière la grille de la maison des volontaires vers 7 h 30 pendant mon petit déjeuner… « PROFEEEE ON COMMENCE QUAND ? PROFEEEE TU ME PRETES UN JEU ? PROFEEEE TU DEJEUNES QUOI ? LAISSEZ-MOI TRANQUILLE, PROFE YOUSTINE C’EST A 8 H 30 PAS AVANT !
Quand vient l’heure de l’apoyo, ils sont déjà tous à fond et levé depuis 5 h du matin (ça change des enfants français). Tout le monde sort ses devoirs et je fais un tour d’ensemble pour voir ce qu’il m’attend pour ma matinée puis je me concentre sur un enfant et l’aide à faire son travail, lui explique les choses qu’il ne comprend pas, l’aide à se concentrer, à s’organiser.
Les enfants arrivent au compte-goutte jusqu’à 9 h30. Ils arrivent seuls et certains marchent 30 minutes ou 1 h pour venir jusqu’ici. Ils s’autogèrent et s’ils sont absents…ce n’est pas grave. Pas besoin d’appeler les parents ou demander de certificat médical ! Ici les enfants sont comme de petits adultes !
J’ai au maximum 18 élèves et le mardi, mercredi et jeudi, j’ai la chance d’avoir l’aide de Barbara, Rachel ou Pauline, mes colocs. C’est plus facile et confortable d’être 2 car c’est quand même beaucoup de travail et il n’y a rien de plus frustrant qu’un enfant qui repart sans avoir fait tout son travail par manque de temps…
Mon petit groupe est très hétérogène. Ce sont tous des enfants qui vont à l’école l’après-midi et les âges vont de 5 à 16 ans (de la grande section à la 3ème). Les niveaux sont tous différents aussi ; très bons élèves et enfants en grande difficulté, enfants sérieux et petits perturbateurs… C’est un beau mix qui rend ce travail très intéressant.
Ce qui n’est, par contre, pas du tout intéressant, mais alors PAS DU TOUT…Ce sont leurs devoirs ! Ici on est à un point zéro sur l’échelle de la pédagogie ! Voilà quelques petits exemples de consignes :
1- Ecrire les chiffres de 1 à 1 000 de 3 en 3
2- Ecrire 30 mots avec les sons Bla, ble, bli, blo, blu et les recopier 10 fois
3- Ecrire les chiffres romains de 1 à 1 000
4- Résoudre les 50 divisions suivantes
5- Recopier et apprendre par cœur l’hymne bolivien
Bref, on est sur du bourrage de crâne plus que sur de l’apprentissage et je peux vous dire que quand on doit écrire les chiffres de 1 à 1 000 et qu’à 21 on est déjà bloqué…la matinée peut s’avérer trèèèèèès longue ! Je dois donc avouer que dans certains cas extrêmes…je prends ma plus belle écriture d’enfant et je termine à leur place…(ah oui, parce que s’ils ne finissent pas, la prof leur donne le double ou le triple à refaire pour le lendemain en guise de punition).
Ensuite, l’autre chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que tous ces cours...sont en espagnol ! Mes premiers jours ont été assez folko surtout en math…allez expliquer les divisions décimales ou à plusieurs chiffres à un enfant qui ne sait même pas faire 6 : 2… Mais avec un peu de persévérance et d’imagination, ça fonctionne toujours !
Vers 10 h 45, ma tâche est souvent accomplie, les enfants contents (moi aussi) et il nous reste 1 h 30 pour décompresser et jouer avant le midi !
Je pensais en arrivant, utiliser ce temps pour faire des activités mais les enfants jouent énormément seuls et adorent ça ! Un avion en papier et c’est 2 h de jeu non-stop qui commencent ! Nous faisons donc de la dinette/Tambouille (je n’ai jamais fait autant de gâteaux de boue de ma vie…), des jeux de cartes, du foot, un peu de guitare, des bracelets...
Les enfants qui ne mangent pas au centre, rentrent chez eux quand ils veulent et les enfants de l’après-midi qui mangent ici arrivent petit à petit.
L’après-midi c’est Rachel et Barbara qui s’occupent de l’apoyo accompagnées par une prof embauchée par l’association, Jacqui. Elles ont entre 30 et 40 enfants de 14 h 30 à 17 h 30. J’ai eu l’occasion de les aider quelques fois et c’est assez différent du matin mais tout aussi intéressant !
Malgré leur manque de concentration, leurs devoirs horribles, leur odeur tout aussi horrible parfois, ces enfants sont incroyables et très attachants ! Ils n’ont peut-être pas de cahier, pas de chaussures, qu’un seul pantalon à se mettre mais ils ont de l’affection et de la bonne humeur à revendre.
Je m’efforce à ne pas penser au départ qui va être très dur…
Je m’efforce aussi à ne pas plus écrire car je pourrais encore rédiger des pages et des pages sur mes matinées, les petites anecdotes, les enfants…mais vous venez déjà de lire un sacré pâté donc on va s’arrêter là !
N’hésitez pas à poser des questions parce que des choses qui me paraissent évidentes, ne le sont peut-être pas pour vous !
De grosses bises à vous tous !
(Prochain épisode : la cantine)