Le soleil se lève derrière les grands arbres qui ombragent mon camp et la douce chaleur, déjà présente, annonce une belle journée.
Quelques canidés, venus se rafraîchir et accompagnés de leurs promeneurs, viennent me saluer pendant mon petit déjeuner.
Au loin, derrière moi, la ville s'agite et je quitte se brouhaha ambiant sur une Loire paisible.
L'eau est noire; la Loire est profonde. Mon embarcation avance au rythme des coups de pagaie dans l'eau. Et puis, ici et là, des masses claires orangées attirent mon regard. Des blocs de roches et des bancs de sables me rappellent que le fond n'est pas si loin.
Pour mieux voir, je me hisse sur mon fût solidement arrimer à la poupe de mon navire. Assis et droit sur mon rafiot tel Jack Sparrow en gilet de sauvetage, la pagaie balance de gauche à droite tandis que mon regard scrute le fond de l'eau. Les alluvions récents ont disparus et laissent place aux couches géologiques plus dures et aux formes surprenantes. Je vais découvrir tout au long de se parcourt d'incroyables paysages.
Leur forme rappellera tantôt les ondulations sableuse des dunes du Pilât tandis que là-bas, je croirai survoler le Grand Canyon! Ces grandes plaques fissurées provoquent de petites accélérations de courant que je m'amuse à emprunter. Parfois, le fond manque et je m'échou lamentablement m'obligeant à mettre le pied dans l'eau pour pousser ma barcasse...
A d'autre moment le sol sableux est couvert de galets de toutes les couleurs. Orange, rouge, gris, noir, vert! Ces couleurs me rappellent les petites barrières de corail des pays tropicaux!
Ici et là, les algues, en forme de petit sapin retourné, ondulent langoureusement dans le sens du courant et viennent souvent se frotter à la coque, ralentissant malicieusement mon avancée. Lorsqu'elles forment un tapis géant, tel une forêt dense, je prend bien soin de garder mes pieds dans l'embarcation, des fois qu'une créature oubliée du Jurassic vienne me grignoter les orteils...
Entres deux algues, un nuage de sable indique la fuite d'un gros poisson qui a probablement du aller se plaindre de ma présence au poisson cannibale jurassien!
Coincée entres deux roches, une cannette résiste au temps et arbore encore fièrement les couleurs de sa marque. Non loin de là, une cousine éloignée, bien érodée par le temps et dépourvu de publicité tente de briller encore un peu au fond de l'eau.
Sur un fond plat, un vieux pneu défraîchi prend son bain tandis que son cousin bronze sur la berge.
Par moment, je relève la tête, pour admirer l'envol des hérons, aigrettes, martin-pêcheurs et autre volatile qui s'éloigne doucement à mon approche pourtant discrète.
Soudain! Un grondement terrible et sourd qui a même fait vibrer mon gilet retenti! Les poissons se cachent! Les oiseaux s'envolent à des kilomètres à la ronde! Ce bruit est-il annonciateur de la fin du monde?! Inquiet et fébrile je lève la tête et regarde le ciel du coin de l'œil! Rien! Pas de nuage! Un bleu éclatant!
Ce n'est que le gargouillement de mon estomac qui a faim! Il est temps de mettre pied à terre et de dresser le campement pour le soir. Je songe déjà à ma nuit... J'espère que le vorace aquatique n'a pas encore appris à marcher...