La fin de l'année scolaire approche, les vacances de printemps (printemps en octobre) sont enfin là. Je voulais un bol d'air, on peut dire que j'ai été servie !
Le Coromandel
Après une première semaine passée à garder les filles, je m'incruste dans les bagages de ma famille pour une virée au Coromandel (du samedi au mardi) où j'ai la chance d'aller pour la deuxième fois. 3 jours de détente, fun, plage, et surtout pas de réseau et ça c'est plutôt cool pour couper un peu ! Ce week-end là était vraiment fantastique: paisible à souhait (ce n'est pas encore la haute période, les plages sont quasi désertes) et moments privilégiés avec les filles et mes host parents loin du quotidien de l'école et du boulot, on en avait tous un peu besoin...!
J'ai conscience de l'importance que ma famille d'accueil a eu dans ma bonne intégration ici et pour mon bien-être général, mais le sentiment est encore plus fort dans ces moments-là. Je me rappelle chaque jour que j'ai énormément de chance d'être si bien tombée. Évoluer dans un cercle familial est forcément gage de stabilité mais aussi de sécurité lorsque l'on s'en va aussi loin ! Et c'est d'ailleurs ce même cercle familial qui m'aide toujours à passer les moments un peu difficiles. Il semble que je leur apporte une sorte d'équilibre aussi, c'est plutôt agréable de se sentir autant à sa place. Bon après on va pas se mentir je fais aussi surtout beaucoup de bêtises avec les filles 😀 mais il faut bien s'amuser un peu ! Bref, voici un aperçu de ces 3 jours passés ensemble :
Great Barrier Island - Aotea Track
De retour du Coromandel le mardi à midi, me revoilà partie le mercredi matin à 5h (ça pique) pour une rando de 3 jours sur une île non loin d'Auckland appelée Great Barrier Island, Aotea en Maori. L'île compte environ attention... 900 habitants, soit 3habitants au km2, autant dire qu'on ne se marche pas dessus !
Great Barrier a été une expérience source de beaucoup de réflexions et d'émotions, un moment singulier et transformateur. J'ai dû attendre d'être un peu plus à froid pour écrire l'article tant il a été difficile de revenir, et tant le bouleversement a été important.
Bref, l'expérience commence dès l'arrivée à l'aéroport, où un minuscule avion nous attend (8 personnes à bord DONT le pilote), c'est drôle ! 30 minutes de vol plus tard avec en prime l'observation des baleines, moi et mon backpack sommes arrivés. L'"aéroport" ressemble plus à un petit hall de gare, mais une petite dizaine de vols arrivent et partent quand même quotidiennement de l'île !
Le départ de la rando se situe environ à 1h30 de l'aéroport, j'avais donc prévu de marcher jusque là en faisant du stop. Mais on peut dire qu'une fois de plus, j'ai été chanceuse: un ami des gens qui étaient avec moi dans l'avion s'est proposé pour me déposer au départ du circuit ! Tony vit à Auckland mais c'est un habitué de l'île, il y vient régulièrement depuis quarante ans et y possède des parcelles de terrains où il fait toutes sortes de trucs de jardinage. Faire des rencontres comme celles-ci, ça met du baume au coeur et de bonne humeur ! Tony me propose même de me récupérer à la fin de la boucle le vendredi, ce que je ne refuse bien évidemment pas 😀
Voici donc le circuit que je suis partie pour faire :
Jour 1
3 jours de marche donc 2 nuits passées en huts au milieu de la forêt. La boucle fait 25 km en tout, environ 8km par jour et entre 3 et 4heures de marche en fonction de la nature du terrain, j'ai le temps. La brochure annonce un circuit partagé entre étapes faciles, escaliers, montées & descentes assez raides et ponts balançoires au milieu de paysages spectaculaires... et on peut dire que la description est adaptée !
Le circuit paraît dès le début très bien aménagé et surtout, je commence la marche sous un temps d'été.
La première heure est super agréable car assez plate donc facile, et entourée d'une végétation typiquement NZ. Je passe même au bout de 45minutes vers une source chaude, typique aussi de la Nouvelle-Zélande avec une concentration de sulfure importante dans l'eau qui donne cette odeur vraiment pas super agréable, mais je fais quand même une petite pause et profite d'être seule au monde pour tremper mes pieds hihi. En marchant, j'ai croisé en tout et pour tout sur les 3 jours une seule famille...! Les montées et escaliers commencent à apparaître après la première heure de marche. Mais avec les montées apparaissent les paysages et vues, une vraie récompense 😀
La partie la plus douloureuse du premier jour mais aussi l'ultime récompense est certainement la dernière demi-heure de marche, où j'arrive quasiment au sommet des montagnes, et aussi l'arrivée à la hut où la vue est juste à couper le souffle (et les photos ne sont pas à la hauteur...):
Pas vraiment de mots pour décrire ce sentiment de bout du monde et surtout le sentiment de paix que dégage l'endroit. Je reste quelques heures seule mais suis rejointe pour la soirée et la nuit par une famille de 4, ça met un peu de vie !
Jour 2
Au matin du deuxième jour, le temps est plus maussade, il y a du brouillard mais il ne pleut pas et c'est bien là l'essentiel. Je prends mon temps le matin puisque je sais que le second jour est censé être le plus court. Dès les premières minutes de marche, je réalise que c'est sûrement le plus court mais aussi le plus dur... toute la première partie consiste en l'escalade d'un mont avec à la clé un point de vue imprenable, pas moins de 400 marches, bon ben là j'ai cru mourir !
et tout ça pour arriver au point de vue et voir... ben du brouillard et juste du brouillard. Tant pis pour moi 😀 la montée de tous ces escaliers s'ensuit d'une redescende aussi raide, mais un peu moins longue heureusement. Les jambes flageollent un peu au bout d'une heure, mais heureusement, le chemin s'adoucit et le temps s'éclaircit peu à peu. Les paysages sont assez différents du premier jour: plus rocheux et montagneux, très vastes, et pas mal de séquelles de glissements de terrains dus aux inondations du moins dernier. Au fur et à mesure de la redescente, je me rapproche du cours d'eau Kaiaraara et toute la seconde partie du jour 2 se fait en fait quasiment au bord de la rivière, c'est plutôt agréable !
J'atteins la deuxième hut au bout d'environ 3heures de marche. Il est encore assez tôt et ma doc indique qu'un village sympa se situe à 3km de la hut, je me dirige donc vers Port Fitzroy après m'être allégée de quelques bagages que je laisse à la hut (puisqu'il semble que je sois toute seule encore!). Sur la route en direction de Port Fitzroy, je découvre progressivement en sortant de la forêt la beauté du décor...:
Je finis par arriver au village après 45min de marche ébahie. J'y trouve un petit magasin d'alimentation générale à côté du port et d'un (tout) petit centre d'information pour les touristes. L'endroit vit, quelques personnes se baladent, c'est mignon et agréable. Je prends conscience là-bas de la manière dont les gens vivent sur l'île: au-delà d'être 100% détente (pire que les kiwis de base!), ils sont dans l'isolation quasi extrême, un cadre de vie digne d'une carte postale, et forment en même temps une communauté où tout le monde se connaît plus ou moins. Ça me semble à la fois impensable et idyllique.
En rentrant à la hut, je constate que je suis toujours toute seule. Je commence à me dire que ce sera peut-être un peu bizarre de passer la nuit seule ici, mais d'un autre coté, tout est si paisible et agréable que ça ne me pose pas vraiment problème. Et puis quelques minutes plus tard, j'entends des cris et des rires d'enfants... de la vie humaine ! Je vois dans la foulée arriver 4 mecs qui m'annoncent que je vais donc passer cette soirée et nuit en compagnie des 24 adolescents qu'ils encadrent ! Inattendu 😀 mais je ne suis pas mécontente d'avoir de la compagnie. Ça me permet de discuter avec les anims mais aussi les ados qui sont super curieux, c'est mignon ! Et j'ai au final passé une soirée agréable en leur compagnie.
Jour 3
Bon, là ça va être très court: je me suis fait littéralement trempée pendant 3h30 où la pluie ne s'est pas arrêtée. Donc pas de photos pour ce dernier jour, à part à la toute fin ! Mais en fait, la pluie n'a même pas entamé mon enthousiasme. Par contre elle a bien entamé l'état de tout ce que j'avais dans mon sac, et m'a aussi montré que mon imperméable n'était pas si imperméable que ça... mais ce sont des détails 😀 Le dernier jour était certainement le plus facile niveau terrain, malgré quelques montées qui ont bien fini de m'achever. Après 4heures de marche, j'arrive au point final de la rando où comme prévu, Tony m'attend pour me récupérer. Et je dois dire que je suis très heureuse de le voir, je n'aurais probablement pas été capable de marcher 2 heures supplémentaires....! J'arrive littéralement trempée de la tête aux pieds, mais juste trop contente. Et en plus, le beau temps revient petit à petit (maintenant que j'ai fini quoi!).
Après un bon chocolat chaud, Tony me montre l'une des plages les plus connues de l'île, et une fois de plus, je suis scotchée...
Puis Tony finit par me redéposer à l'"aéroport" où le début de la fin commence 😦 J'ai l'impression d'avoir fait une retraite méditative et de subir un retour forcé à la réalité. Je dois revenir ici, voilà la seule chose que je me dis au moment du départ. Il y a quelque chose de spécial ici que je ne saurais pas forcément expliquer, mais je dois revenir, c'est certain.