Réveil sous un ciel limpide, vue à tomber depuis la terrasse. Après l’excellent petit déjeuner concocté par Abdou, ce dernier nous propose de nous accompagner au quartier juif où nous souhaitons faire quelques achats. Nous traversons le souk et la rue des femmes, puis la kasbah, une vraie fourmilière ! les passages sont nombreux, sombres et étroits. Sans lui, nous serions passés à côté de ce quartier.
Il nous fait connaître son ami Abdelaaziz, un marchand de tapis berbères faits sur place. Après la cérémonie du thé à la menthe pour faire plus ample connaissance, nombreuses explications sur les différents styles de tapis, procédés de fabrication, et les multiples signes berbères qui y figurent. Comme le veut la tradition berbère, la future mariée offre à son futur époux un tapis, qui comporte des messages composés de signes qui représentent entre autres la clef du paradis, une étoile pour le bonheur, un arbre de vie pour les enfants etc… Les matières sont diverses (soie végétale - fibre de cactus, laine). La provenance des couleurs : rouge (coquelicot ou henné), bleu (indigo), jaune (safran), noir (khôl).
Nous quittons à regret Tineghir pour notre prochaine étape : Zagora, dernière ville avant le désert. Traversée de l’Atlas qui nous mène au col Tizi N’Tazazert d’où la vue est à couper le souffle.
Au col se trouve le « camping » de Brahim (entendez par camping la possibilité de passer la nuit avec un camping-car, et hébergement chez l’habitant). Brahim vient à notre rencontre, fier de nous montrer son gîte (minuscules chambres superbement décorées avec vue surplombant l’Atlas), qu’il continue d’agrandir avec son fils. Sa femme nous sert des boissons pendant que sa mère tricote des petits souvenirs colorés. C’est un havre de paix ici, il est dur de s’arracher à la contemplation de cette étendue minérale et silencieuse.
Quelques kilomètres plus loin, arrêt au camping Tiza d’où la vue sur le Jbel Saghro nous attire. Nous parcourons cette route en longeant de magnifiques formations rocheuses, traversons de minuscules villages où les écoles sont reconnaissables à des kilomètres tant elles sont colorées. On apprend qu’à l’école, les langues obligatoires sont le berbère et l’arabe, puis au choix, le français et l’anglais. Sur les murs, des messages en faveur de l'écologie.
Nous entrons dans la vallée du Drâa qui nous conduit jusqu’à Zagora. C’est une oasis qui s’étend sur 200 km, tout au long du fleuve éponyme qui fait 1100 kms. De magnifiques petits villages, certains fortifiés, aux murs en pisé, agrémentent le parcours. On se dit qu’il nous faut absolument revenir pour y passer plus de temps et prendre le pouls de la vie dans ces magnifiques palmeraies. Les récentes inondations, si elles ont fait des dégâts considérables, ont réjoui l’intégralité des habitants qui ont subi 7 ou 8 ans de sécheresse. Beaucoup de palmiers sont morts ou en passe de le devenir.
Nous arrivons à Zagora, aux portes du désert, marquée par les ravages des inondations. Les routes sont boueuses et poussiéreuses. Quelques filous malins font semblant de dégager la route « spécialement pour nous », afin de gagner quelques dirhams !
Rien ne laisse imaginer ce qui se trouve dans ces ruelles étroites en terre battue, et derrière ces portes. Quand on entre chez Brahim, au Dar Toda, la surprise est de taille. Le patio à ciel ouvert est garni de canapés, de tapis colorés, on n’a plus envie de bouger de là. L’accueil est encore incroyable.
Nous sommes les premiers touristes de la saison, et la réservation tardive fait qu’ils sont encore en train d’effacer les traces des trombes d’eau qui se sont abattues sur leur maison. Aussi, nous leur laissons le temps de tout mettre en place et en profitons pour aller sur les dunes de Tinfou.
En bordure de route se trouve un hôtel abandonné. Un ancien panneau indique Tombouctou à… 52 jours ! à dos de chameau évidemment (d'ici partaient ou arrivaient les caravanes en provenance du Mali). Au soleil couchant, les dunes prennent une autre dimension, une autre couleur.
Sur le chemin du retour, arrêt à Tamegroute, dont la principale activité est la poterie. Sa couleur verte, obtenue grâce à une glaçure à base de cuivre, est une particularité locale. Chacun y trouve son bonheur.
Retour chez Brahim qui nous accueille à bras ouvert, avec son comparse Mubarak. Nous mangeons avec eux, c'est un festival de saveurs, et passons une soirée mémorable à parler à bâtons rompus, et à rire avec Mubarak qui, tellement heureux de cette soirée, sort la chicha qui fait le tour de la table. Nous finissons avec des chéchias sur la tête pour une séance photo mémorable.
Avec eux nous programmons les 2 prochains jours, accédant à notre souhait de passer une nuit dans le désert, ce qui s’avère possible grâce à son cousin Youssef qui viendra nous chercher demain à 14h.