Nos premiers pas au Maroc, il était temps !
Du 7 au 14 septembre 2024
8 jours
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Cette semaine au Maroc en famille sera pour nous 4 une découverte totale, un vieux rêve qui se réalise enfin. C’est court, ce sera une mise en bouche avant d'y revenir plus longtemps !

Après avoir atterrit à Marrakech, acheté une carte SIM, récupéré la voiture, fait le plein (on nous donne le véhicule à sec !) et changé des euros, nous voici sur la route de Ouarzazate par la nationale 9. Nous passons le fameux col de Tizi n’Tichka, à 2 260 mètres d’altitude. Très belle route de montagne, souvent déviée à cause des effondrements dus aux inondations catastrophiques des 2 derniers jours. C’est hélas une météo grise et venteuse qui nous suit toute la journée. Arrêt dans un restaurant en bord de route, omelette berbère et brochettes de poulet, un délice.

Avant d’arriver à Ouarzazate, arrêt à Aït Benhaddou, superbe village en pisé, très bien conservé et théâtre de tournages de nombreux films (Gladiators, Games of Thrones…). Tout est gris, et la pluie nous fait rebrousser chemin trop vite.

Aït Benhaddou 

Ouarzazate a encore de nombreuses ruelles inondées, et pour arriver à notre hébergement, il faut faire un détour. Nous arrivons à l’hôtel Bivouac Lot Of Stars, qui s’avère être également un camping (places pour camping-cars). Nous pensions dormir dans des tentes mais les chambres sont en dur, les murs recouverts de tentures font illusion.

On nous montre nos chambres respectives, et sommes accueillis avec thé à la menthe et dattes toutes fraîches cueillies. On se sent si bien ici qu’on reste y manger, à la Marocaine (sur des coussins au sol) on a eu raison : tajines de poulet et de keftas extras !

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Petit déjeuner royal composé de thé menthe/café/jus de fruit, pain, beurre, confiture, miel, pâte de sésame, olives, œufs durs, fromage (type kiri), chocolatine (!), et msemens (sorte de crêpe). Sans oublier des dattes que l’on va directement cueillir sur l’arbre.

Le ciel est gris, aussi nous décidons de visiter Ouarzazate au retour. Direction les Gorges de Dadès. Nous traversons cette vallée en n’étant pas sûr d’arriver à destination à cause des ravages des inondations, la route est marquée par la furie des eaux, souvent recouverte de boue, de gravats et éboulis. Mais nous passons.

A l’entrée de Skoura, un marché à ciel ouvert, authentique à souhait, où nous passons un moment à capter l’ambiance qui y règne. Des enfants nous suivent, nous aident et nous escortent, dans l’attente d’une récompense… qu’ils auront bien sûr.

Nous entrons dans la vallée des roses, des champs immenses au milieu de la poussière où rien ne semble pousser. Achat d’eau de rose et produits cosmétiques dans une boutique d'El Kelaa Des M’Gouna. Nous longeons l’Oued Dadès, boueux et rouge, où les enfants ont droit à une attraction inédite : la baignade. Les villages que nous traversons ont tous leurs quartiers anciens, composés de fragiles bâtisses en terre, où la population vit encore, parfois à côté de décombres.

A Boulmane, nous empruntons la route des Gorges de Dadès pour faire une boucle qui nous mènera aux gorges de Todgha. La terre est rouge, rose, ocre, les villages se fondent dans cet environnement. Arrêt bienvenu du côté de Tamellalt, on se régale d’omelettes berbères et brochettes de keftas.

Route vers les Gorges de Dadès 

On en prend plein les yeux, la vallée est remarquable. Avant d’entrer dans les gorges de Dadès, nous traversons la vallée des doigts de singe et les falaises de Tamellalt composée d'étonnantes formations rocheuses.

 Vallée des doigts de singe

Nous entamons à peine l’entrée des Gorges qu’il faut rebrousser chemin, la route est sous l’eau. Retour sur Boulmane.

 Gorges de Dadès

Pour nous rendre dans les gorges de Todgha, nous traversons Tineghir et sa magnifique palmeraie. Nous y passerons la nuit. Route grandiose, mais la pluie arrive. Entre le risque important d’éboulis (nombreux gravats de récentes chutes présents sur la route) et la montée des eaux, une fois de plus, on rebrousse chemin.

 Tineghir et entrée dans les gorges de Togdha

Comme souvent à l'approche des grandes villes, d'horribles cubes de béton sortent de terre, et viendront hélas peu à peu supplanter les habitations en pisé.

 Tineghir, nouveaux quartiers

Notre hébergement Les Chandelles (chez l’habitant) est idéalement situé. Essaïd nous accueille, sa maison est belle, propre, calme, chambres spacieuses avec vue sur la palmeraie. Sur place, nous mangeons divinement bien. Avec Abdou, son aide en cuisine, ils nous préparent du Zalouk (purée d’aubergines/tomates/oignons/coriandre/huile d’olive/citron et ail), un tajine de légumes et keftas, salade de fruits et thé à la menthe. Discussion fort intéressante une bonne partie de la soirée.

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Réveil sous un ciel limpide, vue à tomber depuis la terrasse. Après l’excellent petit déjeuner concocté par Abdou, ce dernier nous propose de nous accompagner au quartier juif où nous souhaitons faire quelques achats. Nous traversons le souk et la rue des femmes, puis la kasbah, une vraie fourmilière ! les passages sont nombreux, sombres et étroits. Sans lui, nous serions passés à côté de ce quartier.

 Tineghir et sa kasbah. Panneaux indicatifs en arabe et en berbère

Il nous fait connaître son ami Abdelaaziz, un marchand de tapis berbères faits sur place. Après la cérémonie du thé à la menthe pour faire plus ample connaissance, nombreuses explications sur les différents styles de tapis, procédés de fabrication, et les multiples signes berbères qui y figurent. Comme le veut la tradition berbère, la future mariée offre à son futur époux un tapis, qui comporte des messages composés de signes qui représentent entre autres la clef du paradis, une étoile pour le bonheur, un arbre de vie pour les enfants etc… Les matières sont diverses (soie végétale - fibre de cactus, laine). La provenance des couleurs : rouge (coquelicot ou henné), bleu (indigo), jaune (safran), noir (khôl).

 Chez Abdelaziz, vue depuis sa terrasse. Signe de la femme berbère sur une porte

Nous quittons à regret Tineghir pour notre prochaine étape : Zagora, dernière ville avant le désert. Traversée de l’Atlas qui nous mène au col Tizi N’Tazazert d’où la vue est à couper le souffle.

Au col se trouve le « camping » de Brahim (entendez par camping la possibilité de passer la nuit avec un camping-car, et hébergement chez l’habitant). Brahim vient à notre rencontre, fier de nous montrer son gîte (minuscules chambres superbement décorées avec vue surplombant l’Atlas), qu’il continue d’agrandir avec son fils. Sa femme nous sert des boissons pendant que sa mère tricote des petits souvenirs colorés. C’est un havre de paix ici, il est dur de s’arracher à la contemplation de cette étendue minérale et silencieuse.

Tizi n'Tazazert 

Quelques kilomètres plus loin, arrêt au camping Tiza d’où la vue sur le Jbel Saghro nous attire. Nous parcourons cette route en longeant de magnifiques formations rocheuses, traversons de minuscules villages où les écoles sont reconnaissables à des kilomètres tant elles sont colorées. On apprend qu’à l’école, les langues obligatoires sont le berbère et l’arabe, puis au choix, le français et l’anglais. Sur les murs, des messages en faveur de l'écologie.

 Djbel Saghro

Nous entrons dans la vallée du Drâa qui nous conduit jusqu’à Zagora. C’est une oasis qui s’étend sur 200 km, tout au long du fleuve éponyme qui fait 1100 kms. De magnifiques petits villages, certains fortifiés, aux murs en pisé, agrémentent le parcours. On se dit qu’il nous faut absolument revenir pour y passer plus de temps et prendre le pouls de la vie dans ces magnifiques palmeraies. Les récentes inondations, si elles ont fait des dégâts considérables, ont réjoui l’intégralité des habitants qui ont subi 7 ou 8 ans de sécheresse. Beaucoup de palmiers sont morts ou en passe de le devenir.

Nous arrivons à Zagora, aux portes du désert, marquée par les ravages des inondations. Les routes sont boueuses et poussiéreuses. Quelques filous malins font semblant de dégager la route « spécialement pour nous », afin de gagner quelques dirhams !

Rien ne laisse imaginer ce qui se trouve dans ces ruelles étroites en terre battue, et derrière ces portes. Quand on entre chez Brahim, au Dar Toda, la surprise est de taille. Le patio à ciel ouvert est garni de canapés, de tapis colorés, on n’a plus envie de bouger de là. L’accueil est encore incroyable.

Nous sommes les premiers touristes de la saison, et la réservation tardive fait qu’ils sont encore en train d’effacer les traces des trombes d’eau qui se sont abattues sur leur maison. Aussi, nous leur laissons le temps de tout mettre en place et en profitons pour aller sur les dunes de Tinfou.

En bordure de route se trouve un hôtel abandonné. Un ancien panneau indique Tombouctou à… 52 jours ! à dos de chameau évidemment (d'ici partaient ou arrivaient les caravanes en provenance du Mali). Au soleil couchant, les dunes prennent une autre dimension, une autre couleur.

 Dunes de Tinfou

Sur le chemin du retour, arrêt à Tamegroute, dont la principale activité est la poterie. Sa couleur verte, obtenue grâce à une glaçure à base de cuivre, est une particularité locale. Chacun y trouve son bonheur.

 Tamegroute

Retour chez Brahim qui nous accueille à bras ouvert, avec son comparse Mubarak. Nous mangeons avec eux, c'est un festival de saveurs, et passons une soirée mémorable à parler à bâtons rompus, et à rire avec Mubarak qui, tellement heureux de cette soirée, sort la chicha qui fait le tour de la table. Nous finissons avec des chéchias sur la tête pour une séance photo mémorable.

Avec eux nous programmons les 2 prochains jours, accédant à notre souhait de passer une nuit dans le désert, ce qui s’avère possible grâce à son cousin Youssef qui viendra nous chercher demain à 14h.

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La matinée est consacrée à parcourir Zagora avec Mubarak qui nous guide jusqu’à sa maison en terre, dans la palmeraie. Ici se trouvent des bains de sable, excellents pour soigner les problèmes de peau et les rhumatismes. Mubarak nous présente son épouse. Dans un minuscule local en terre, à même le sol et en compagnie de sa mère, elle fabrique bijoux, foulards et autres tissus.

 Zagora

Nous voulions des babouches et des épices, Mubarak nous amène chez des connaissances à lui. Le marchand d’épices et produits cosmétiques est agréable, et on y trouve des produits de qualité en quantité, Mais le vendeur de babouches nous incite à fuir, il veut absolument nous vendre tapis et bijoux.

Dans la Kasbah, même sentiment suffocant qu’à Tineghir, un labyrinthe de terre, des ruelles et des passages étroits dans tous les sens. Les enfants profitent de l'eau providentielle pour se baigner, un habitant de la kasbah profite des coulées de boue pour fabriquer des briques. Une jeune femme nous fait visiter la synagogue, en terre du sol au plafond, une bien belle surprise.

 Zagora

Il est 14h, Youssef est là avec son 4X4, et nous décollons après de chaleureuses embrassades à Brahim et Mubarak. Il s’arrête dans diverses épiceries pour faire des achats qu’il distribuera ensuite à quelques nomades. A Tagounite, nous constatons une fois de plus les dégâts des pluies, des maisons sont littéralement effondrées.

Nous entrons sur une piste au milieu des dunes où nous passerons la nuit, avec pour but de voir le coucher du soleil. C'est tout simplement beau. Nous croisons quelques campements de nomades, une oasis où l'on s'arrête le temps que Youssef ravitaille l'habitant qui nous réclame une cigarette. Et là, gros dilemme, la piste, que Youssef connait sur le bout des doigts, a par endroit soit disparu, soit est recouverte de boue impraticable. Nous nous souviendrons longtemps de sa maîtrise du terrain et du véhicule, car à plusieurs reprises, il est contraint de rebrousser chemin, le soleil descend, disparaît, la luminosité baisse et le stress de rester coincés sur la piste est palpable… finalement nous arrivons in extrémis à bon port grâce à sa parfaite connaissance des lieux et à l'aide des indications d'un autochtone qui a vu passer des véhicules dans l'après-midi. Pas de coucher de soleil donc, mais le bonheur de pouvoir passer la nuit à la belle étoile grâce à la douceur de l’air, après un repas divin sous les étoiles filantes et la voie lactée.

 Erg Chegaga
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Une petite brise nous réveille, nous filons sur les dunes assister au lever du soleil, moment magique. Quel plaisir d’assister à ce spectacle dans le silence, nous sommes seuls, quel luxe !

Puis il est l’heure de petit déjeuner, Youssef installe une tente car à 8h le soleil cogne déjà. Il est difficile pour chacun d’entre nous de devoir quitter la sérénité et la beauté des lieux pour revenir à la civilisation.

Arrêt sur une oasis histoire de nous dégourdir les jambes. Youssef nous mène sur un lieu où il est possible de voir des autruches, sans succès, nous ne verrons que des chameaux.

Après des adieux émouvants et promesses de revenir à Zagora car comme le dit Brahim et ses acolytes : « à Zagora tu reviendras », nous reprenons la direction de Ouarzazate. Arrêt photo sur l’un des rares cimetières que nous verrons, et pour cause : des pierres levées font office de stèles, elles sont tout juste visibles.

Nous dormirons à l’hôtel « les gazelles » qui n’évoque en rien le Maroc : froideur des lieux, service minimum. Nous mangeons divinement bien dans un restaurant pourtant nommé « La Gironde » !

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Impossible de visiter le palais de la kasbah de Taourirt pour cause de divers effondrements dû au tremblement de terre de 2023, travaux de réfection toujours en cours. Flânerie rapide, peu de ruelles sont accessibles.

 kasbah de Taourirt

On s’échappe en direction d’un mirage : l’Oasis de Fint, une bouffée d’oxygène, de fraîcheur et de chlorophylle, un décor de cinéma ! On ne souhaitait pas être escortés mais finalement, la compagnie d’Aziz est bienvenue car il nous guide là où nous ne serions pas passés, avec moultes explications sur la vie ici, l’histoire de l’arrivée des Berbères en provenance du Mali, les diverses cultures (maïs, luzerne, piment pour harissa, henné etc… au milieu de dattiers qui regorgent de dattes qui seront bientôt récoltées). Les femmes du village viennent récupérer leurs enfants à la sortie de l'école.

Nous parcourons un ancien village, actuellement aménagé pour les besoins du tournage d’une production américaine qui sortirait sur les écrans en 2025 : « la nouvelle Eve ». D’ailleurs, Aziz a lui-même été, comme tant d’autres villageois, figurant dans le film « Mission Cléopâtre ». Un thé à la menthe plus tard, il est temps de reprendre la route. Merci à Aziz de l'Oasis !

Pour rejoindre Marrakech où nous passerons les 2 dernières nuits, la météo clémente nous incite à repasser par Aït Ben Haddou pour revoir (de loin) le site sous le soleil.

Aït Ben Haddou 

Pour éviter de reprendre la même route qu’à l’aller, nous passons par la vallée de l’Ounila, villages et kasbahs de couleurs ocres qui jouent à cache-cache dans un paysage multicolore, des vergers en terrasse, maisons troglodytiques, géologie de toute beauté. On s’arrête dans le salon de thé « chez Del Maroc » en bordure de route, nous sommes accueillis pour une famille adorable. Sous nos yeux, femmes et enfants participent à la reconstruction d’une bâtisse.

 Vallée de l'Ounila

Arrivés à Marrakech, on se retrouve en plein cœur de la Médina où se trouve notre riad, et c’est la claque ! ça grouille de monde, ça circule en mobylette dans tous les sens, ça nous frôle, c’est bruyant, malodorant, un sacré contraste avec les jours précédents ! La porte du riad s’ouvre sur un petit patio coloré et chaleureux, le calme après l’agitation.

Nous partons à la découverte de cette médina, avec la bonne surprise de ne pas être importunés et harcelés par les artisans, alors que nous nous étions préparés mentalement ! on peut ainsi déambuler sereinement et profiter de ces étalages de couleurs, de produits artisanaux en tous genres, d'échoppes diverses et variées pour arriver à cette fameuse place Jema El Fnaa. C’est très animé mais pas insupportable. Attention : à chaque photo on nous réclame des dirhams ! Nous mangeons au Zeitoun, sur une terrasse qui surplombe la place, avant de rejoindre notre Riad.

 Marrakech
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Après un petit déjeuner plus que copieux, notre souhait de visiter la mosquée de la Koutoubia tombe à l’eau, elle est fermée. Beaucoup de bâtiments sont en cours de restauration. On renonce devant la cohue présente au Palais Bahia, préfèrant aller boire un thé à la menthe au café Bahia, un bâtiment remarquable.

 Café Bahia

On déambule non-stop dans un dédale de ruelles, dans les souks, où d’innombrables scènes de vie nous captivent. C'est sans fin !

 La vie grouillante dans la médina

Après réservation sur internet pour bloquer un créneau horaire, l’incontournable Jardin de Majorelle, même s’il est très beau, nous laisse un petit goût amer tant il y a de monde. Des gardiens veillent à ce que nous fassions le parcours dans le bon sens comme dans un célèbre magasin Suédois... et la foule nous gêne pour profiter pleinement du site. Cela ne vaut pas le prix prohibitif du billet d’entrée.

 Beaucoup de patience pour un Jardin Majorelle sans personne sur les photos !

Nous regrettons de ne pouvoir entrer sans aucune mosquée, accessibles uniquement aux Musulmans comme l’indiquent les panneaux à leur entrée…

Après diverses emplettes et une bonne douche, on termine la soirée en terrasse au Restaurant Le Slimana, pour finir en beauté avec ces saveurs orientales qui nous auront régalées durant cette semaine.

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Nous quittons ce magnifique pays avec des étoiles plein les yeux et une furieuse envie d'y revenir très vite : extrême gentillesse des Marocains, beauté des paysages, authenticité, douceur de vivre, couleurs, saveurs... tout nous porte à vouloir parcourir à nouveau ces terres brûlées, s'enfoncer plus en avant dans les villages reculés et prendre le temps de partir à la rencontre des habitants.

Aéroport de Marrakech