Depuis le début du voyage, nous pensons à ce jour. Ce jour est arrivé, nous partons de Cusco en minibus pour aller au Machu Picchu.
Après 6h de route sur les flancs de montagne nous arrivons à l'usine hydroélectrique. D'ici nous continuons à pied. Nous suivons sur 8Km la voie de chemin de fer qui ondule en suivant les courbes du fleuve Vilcanota. Ce fleuve fait en réalité le tour de la montagne où se situe le Machu Picchu. Par moment, nous apercevons des terrasses ou bien des habitations. Le rugissement du train retentit dans la vallée, nous nous écartons de la voie ferrée pour laisser passer le train bleu électrique qui transporte vivres et passagers.
Arrivé à Agua Calientes, le village au pied de la montagne, nous allons à l'hôstel que l'agence nous a réservé. En fait la réservation n'a pas été prise en compte, nous devons aller dans un autre. Le soir nous ne tardons pas car demain une grosse journée nous attends.
Il est 3h30 et nous sommes au pied levé. À l'aide de nos lampes, nous empruntons le chemin vers le pont qui marque l'entrée du site. La file s'agrandit au fil des minutes. Les grilles s'ouvrent et nous commençons l'ascension de la montagne. Quelques 1700 marches nous attendent. Au début ce fut dur, puis nous trouvons notre rythme de croisière et avalons les marches une à une. Au bout de 45 minutes nous arrivons aux portes du site.
Le guide vient d'arriver, nous pouvons débuter la visite. L'épais brouillard nous empêche de voir le site. Nous arrivons à distinguer quelques silhouettes fantomatiques de bâtisses disposées en terrasses. La pluie s'invite peu à peu, le guide nous explique la conception du site: la montagne était nue avant l'arrivée des Incas. La terre vient du site d'Ollantaytambo à 75 km de là. Ensuite, ils ont du tailler la montagne pour y bâtir leurs terrasses. La question de la maintenance se pose, comment ont ils pu organiser un tel chantier sachant qu'ils ne connaissaient pas la roue ni les chiffres ? On peux se demander aussi pourquoi construire tout en terrasse ? En fait géographiquement, le Pérou est recouvert à 30% d'un désert aride, 60% est recouvert par l'Amazonie. Le peu restant est recouvert par les Andes, c'est donc pour cela que les cultures étaient en terrasses, afin de gagner de l'espace. Lors de l'invasion Espagnole au 16eme siècle, les habitants de la ville sont partis se cacher dans l'Amazonie où ils se feront massacrés, laissant la ville en chantier. L'ironie du sort, est que la ville ne fut découverte qu'en 1911 par un explorateur américain du nom de .
La pluie redouble d'intensité, nous sommes trempés jusqu'aux os et le moral pourtant au zénith ce matin est tombé bien bas. Nous nous réfugions dans une maisonette qui fut rénovée pour rendre compte du résultat final. La foule s'amasse dans ce petit espace. Nous patientons que la pluie se calme, en vain. Guillaume décide de faire un tour. Après plus d'une heure nous n'avons pas de signe de sa part. Nous décidons avec Angélique de trouver des ponchos en plastique pour continuer la visite malgré la pluie. Le brouillard se lève et nous pouvons voir d'avantage le site. On se rend compte de l'étendue de ce chantier jamais terminé. Nous prenons de la hauteur et allons vers la maison du gardien qui domine le village pour prendre la photo que tout le monde connait. Le soleil tente une percée à travers ce manteau nuageux très épais. Au bout de quelques minutes, les rayons parviennent jusqu'à nous et nous remontent le moral. Bientôt, le soleil, mettra en lumière la totalité de la montagne. C'est un autre Machu Picchu que nous découvrons, tout de suite plus majestueux. Les murs gris parfaitement allignés tranchent avec le vert criard de l'herbe ainsi le ciel devenu bleu azur.
Nous retrouvons Guillaume qui en fait est monté en haut de la montagne par les 1900 autres marches nécessaires à l'ascension. Nous poursuivons la balade. Nous découvrons le temple du Soleil, la pierre sacrée qui prend la même forme que la montagne qui se trouve derrière, l'observatoire astronomique... Autour de cette montagne gravitent une multitude de sommets qui font une toile de fond incroyable. Tout en bas on peut voir le filet marron que forme la rivière Vilcanota. Les lamas déambulent parmis les ruines, il n'est pas rare de se retrouver nez à museau avec un d'eux avant qu'il poursuive sa balade. La foule commence à s'amoindrir, en quelques heures le site paraît totalement vide. Nous sommes sur les terrasses supérieures, le regard fixé, comme si nous voulions télécharger chaque pixels de cette carte postale plus vraie que nature, pour ne jamais oublier ce moment privilégié.
Nous décidons de rester jusqu'à la fermeture. Le village est paisible mais l'on ressent une telle attractivité... Juste dernière nous les grilles se referment, nous étions les derniers. Avant de commencer la descente, nous ne manquons pas d'apposer le tampon du Machu Picchu sur notre passeport. La nuit tombe sur la vallée, la pleine lune illuminé notre chemin jusque Agua Calientes.
Cette journée fut un véritable ascenseur émotionnel. Nous sommes passés par l'excitation de le voir, ensuite par la détermination d'affronter ces marches, ainsi que par la désillusion avec ce temps, suivi de la frustration de ne pas voir le site. Puis l'espoir avec les premiers rayons de soleil, suivi par la joie quand tout s'est dégagé. Enfin nous finissons par l'émerveillement devant un tel spectacle.
Le lendemain nous faisons la route en sens inverse pour rentrer à Cusco. Une dernière fois nous levons les yeux sur cette montagne, comme un dernier au revoir. Sans aucun doute, ce fût le plus bel endroit qu'il m'ai été permis de contempler. De part la beauté du site et l'incroyable travail accompli par ce peuple.
Un jour, je reviendrais...