Récit d'une escale dans la capitale de l'île de Porto Rico, le temps d'avoir un aperçu de San Juan et de ses environs. Le temps aussi d'en apprécier ses charmes.
Mars 2020
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En cette période où les idées de voyages à l'étranger sont à oublier (ou on l'espère plutôt, à différer), il est bon de voyager avec ses souvenirs ... c'était en mars 2020, dans les Caraïbes.

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Le temps d'une escale à San Juan de Porto Rico, j'ai découvert au début de mars dernier quelques lieux parmi les plus intéressants à visiter dans la capitale de cette île du nord des Caraïbes. Bienvenue à Puerto Rrrrrico ! A prononcer avec un accent chantant et en faisant rouler les « r » comme aiment tant le faire les habitants de l'île.

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Abordées par la mer, les côtes portoricaines se dévoilent peu à peu … l'agglomération de San Juan est maintenant bien en vue. Des fortifications dominent la ville, sur un versant de falaise apparaît un quartier haut en couleurs, plus loin, on distingue dans la brume des plages et un alignement de buildings.

A mesure que l'on progresse dans la rade, c'est la vieille ville fondée par les conquistadors que l'on détaille du regard : une imbrication d'habitations et une imposante demeure blanche, celle des gouverneurs du territoire.

Voici 5 lieux au programme de nos visites, il en reste 5 autres à découvrir en suivant notre itinéraire d'une dizaine d'étapes dans cette agglomération de plus de deux millions d'habitants.

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A placer en tête des visites à effectuer à San Juan de Porto Rico, celle de son Vieux quartier. Pour y apprécier notamment le charme de ses anciens monuments et de ses habitations au style colonial espagnol et pour y côtoyer également la décontraction de ses habitants au comportement très latino.

Il faut parcourir les rues de ce secteur historique, arpenter la rue Santo Cristo ou Fortaleza, les plus fréquentées, les plus animées. Mais bien entendu, on ne doit pas hésiter à cheminer vers les petites rues de traverse, quitte à tomber sur une impasse ou à s'y égarer.

On y découvre des façades aux multiples couleurs, de belles décorations murales, des balcons et des ferronneries ouvragées. Un style inspiré par la lointaine Espagne, nous voilà plongés dans l'atmosphère coloniale du Nouveau Monde, celle des conquistadors des XVe au XVIe siècle.

Des maisons coloniales et des commerces longent les rues principales. Restaurants, bars, boutiques de souvenirs, galeries d'art et quelques magasins d'articles de luxe. Un exemple parmi d'autres avec au 202 de la Rue Santo Cristo, une entrée par un porche qui dévoile une cour intérieure, un vrai patio qui ne détonnerait pas en Andalousie.

On continue la flânerie en battant le pavé du Viejo San Juan. Justement, au sujet de ces pavés, leur teinte bleutée étonne. On apprendra que ces pavés étaient utilisés comme ballast dans les cales des navires marchands à l'époque de la colonisation et que leurs reflets bleus satinés sont dus à l'usure du temps.

La façade inondée de lumière de la Cathédrale de San Juan domine de sa hauteur tout le quartier. Le premier édifice édifié ici date de 1521 mais il n'a pas résisté aux ouragans tropicaux fréquents sous ces latitudes. L'aspect actuel est plus récent, précisément de 1917.

Plus loin, notre déambulation nous mène de rue en rue, de la place ombragée de l'édifice catholique à la Place de l'Hôtel de ville. Là encore, la plupart des bâtiments témoignent du passé colonial de la ville ; les bâtisses restaurées dans le pure style de l'époque, il n'en manque pas dans le Viejo San Juan, on en compterait près de quatre cents.

A l'extrémité de la rue Fortaleza, on parvient à cette imposante maison blanche appelée aussi « Fortaleza ». Perchée sur les falaises, elle domine toute la baie de San Juan. Sur la photo, on ne voit qu'une partie seulement du bâtiment construit à partir de 1533. L'édifice rénovée depuis son origine a été utilisé à certaines périodes d'arsenal et de prison.

Une bâtisse où résident les Gouverneurs de l'île. Ainsi, ce sont quelques 170 Gouverneurs qui se sont succédé à la tête de cette colonie ultramarine... L'île de Porto Rico s'honore d'être la première colonie espagnole du Nouveau Monde. Sur une des places de la ville trône la statue de l'illustre Ponce de Leon, un vaillant explorateur qui fut le premier Gouverneur de Porto Rico en 1509.

Après la guerre hispano-américaine, l'île est passée sous domination américaine, c'était en 1898.De nos jours Porto Rico a un statut particulier au sein des USA. Un État libre mais associé aux États-Unis. Les Porto Ricains ont la nationalité américaine mais ils ne votent pas pour les élections présidentielles des États-Unis. Le Gouverneur de l'île bénéficie d'une large autonomie de gestion de son territoire insulaire.

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Là, il ne s'agit pas d'un lieu précis à voir mais plutôt d'une vision qui s'impose au regard lorsque l'on se balade dans les rues de San Juan. La ville est pavoisée presque à chaque coin de rue de drapeaux aux couleurs portoricaines.

Dans une des rues passantes de la vieille ville il y a même un immense drapeau qui concurrence le bleu du ciel. Immense, ce voile fait office de décor et tamise les chauds rayons du soleil tropical. Ce drapeau local avec ses teintes bleues, blanches et rouges n'est pas sans en évoquer un autre, celui de l'île sœur, la proche Cuba. En effet, le graphisme est identique entre les deux étendards mais les couleurs sont inversées. Triangle bleu et alternance de bandes horizontales blanches et rouges pour Porto Rico et tout l'inverse pour celui de Cuba (triangle rouge et bandes blanches et bleues). Une certaine harmonie donc mais dans la différence, une idée inspirée à l'origine par le parti révolutionnaire cubain. La signification de ces teintes ? Le bleu pour le ciel et la mer, le blanc évoque la paix et le rouge le sang versé pour la patrie.

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Une vraie mosaïque aux teintes éclatantes, ce quartier de « La Perla » accroché aux falaises qui font face à l'océan. Il vaut assurément le coup d’œil et même un peu plus.

La meilleure vision est celle que l'on a depuis la mer, d'ailleurs on en avait bénéficié en arrivant depuis le large. A présent, nous longeons ce quartier ouvrier en parcourant la route de la corniche. Quel bric-à-brac avec ses modestes maisons dont certaines sont en piteux états … mais les couleurs sont là, tentant d'égayer à grand renfort de coups de pinceaux. La misère semble plus belle en technicolor. Tenez, là ! une façade est parée des couleurs de l'étendard portoricain, une tradition sur cette île. Longtemps ce quartier populaire de San Juan a eu une mauvaise réputation : trafic de drogue et insécurité … autant dire que les visiteurs évitaient de s'y aventurer. Mais depuis 2017 la situation a changé, beaucoup de touristes vont y faire un tour et pas seulement pour sa palette de couleurs vives. Connaissez-vous Luis Fonsi ? Et la musique entêtante de son titre phare, « Despacito » ? Ce chanteur portoricain a tourné son clip dans les ruelles de La Perla, aussi, des amateurs de ce morceau très « caliente », véritable hymne à la séduction latino, sont attirés ici. Ce clip de janvier 2017 a été un tube mondial et serait même le plus « streamé » de l'histoire !

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Après la visite de la vielle ville, il faut en faire le tour, on pourrait presque parler de balade sur un long chemin de ronde tellement la périphérie du quartier est protégée de fortifications et de murailles. Les conquistadors savaient que leur colonie était convoitée, ils ont fait en sorte de bien la préserver. Quelques mots d'histoire à ce sujet. En 1595, ce sont les troupes de la marine anglaise qui attaquent, sans succès ! Puis c'est au tour des Hollandais en 1625 de tenter la prise de San Juan, ils réussirent à accéder à une partie de la cité mais furent repoussés par des Espagnols, ardents défenseurs de leur possession. En 1797, un nouvel assaut des Britanniques et un nouvel échec. Mais face aux bombardements américains de 1898, les militaires espagnols ont cette fois capitulés … San Juan et l'île de Porto Rico passèrent ainsi sous domination des États-Unis.

La route sur la corniche nord fait passer au pied d'imposantes murailles. Voici le Fort San Cristobal, une forteresse qui avait de bons atouts pour dissuader toutes attaques étrangères. Construit à partir de 1634, ce massif château fort fait honneur évidemment au célébrissime explorateur Christophe Colomb. Perché sur une colline, il domine l'ensemble de la ville, les falaises et surtout l'océan. Depuis le large, les éventuels assaillants l'apercevaient ainsi de très loin, aussi ils comprenaient vite ce a quoi il devaient s'attendre !

Tout au bout de la corniche, juché sur un promontoire rocheux on voit maintenant plein cadre le Fort San Felipe del Morro. Cette autre forteresse est idéalement située à l'entrée de la rade. Sa construction est antérieure à celle du Fort San Cristobal elle a débuté en 1539. A cette époque, il était facile de trouver de la main-d’œuvre … on parle de centaines d'esclaves enrôlés dans ces gigantesques travaux !Un fort, un phare et à proximité une église et son cimetière au nom à rallonge : Santa Maria Magdalena de Pazzis. Un cimetière avec vue privilégié sur l'horizon marin, dommage que les morts qui y reposent en paix ne puissent en profiter ! L'impression de puissance que dégage le château amplement fortifié par ses murailles est contrebalancée par la douceur de la luminosité et par cette étendue verdoyante. La colline couverte d'herbe fait penser à un green de golf. On ne peut pas mieux dire … en effet, plus tard, lorsque ce lieu défensif a été investi par les troupes américaines, sur ces pelouses un terrain de golf a été aménagé pour les loisirs des soldats US !

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Un passage obligé mais néanmoins intéressant pour toutes celles et tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'île. Le monumental Capitolio de style architectural néoclassique avec ses colonnes et son dôme a été construit à partir des années 20. Siègent ici les élus du territoire.

La pierre est éclatante de blancheur sous ce soleil et sur ce fond de ciel bien bleu. Je l'ai cadré ainsi en intégrant cet avant-plan constitué par les bandes horizontales du passage piétons et ce, afin d'accentuer l'effet de contraste avec la verticalité des colonnes de la façade. Sur cette grande avenue de la Constitution, il faut aussi se promener le long du Paseo de los Presidentes. C'est juste en face du Capitolio. Là, son alignées les statues de bronze, grandeur nature, des présidents américains ; enfin de ceux qui ont fait une visite dans l'île au cours de leur mandat. Donald Trump n'y figure pas … pourtant il est bien venu à Porto Rico en 2017 après le dévastateur ouragan Maria. Mais le président tweeter et gaffeur n'a pas laissé un très bon souvenir aux habitants de l'île ni aux autorités de l'île. Leur souligner leur incompétence et leur corruption n'est pas la meilleure façon d'être apprécié … et d'ajouter aussi :«Je déteste te dire ça Porto Rico mais tu déstabilises notre budget » et « l'aide ne sera pas éternelle ! ».Quant à Joe Biden ... il faudra, bien sûr, encore attendre pour le voir sur cette esplanade.

Arrêt-on nous face au président Barack Obama, il semble nous tendre la main. Bon, côté traits du visage, il est nécessaire de faire un petit effort pour bien le reconnaître.

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Quittons maintenant le cœur historique de San Juan pour aller découvrir un autre aspect concernant l'origine d'une partie de la population portoricaine. A quelques kilomètres voici Loiza avec ses quartiers peuplés essentiellement par les descendants des esclaves venus d'Afrique. Une population noire déportée au temps où les espagnols régnaient en maîtres dans leur colonie de Porto Rico.

Ici, nous sommes dans une cabane qui témoigne de ce passé en mettant à l'honneur cet héritage et quelques traditions afro-portoricaines. Des masques et des peintures évoquent les danses coutumières et des tambours rappellent les rythmes d'origine africaine. La « Bomba », était le style musical en vogue à partir du 17e siècle parmi les esclaves travaillant dans les plantations de l'île. Rythme et percussions sont les piliers de cette tradition musicale.

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Depuis la cabane-musée de Loiza, il nous a suffit de seulement traverser la route côtière pour bénéficier d'une large vue sur l'Océan Atlantique.

Ce rivage, comme d'ailleurs une bonne partie nord de l'île de Porto Rico, a subi de nombreux dégâts en septembre 2017 : deux ouragans à seulement deux semaines d'intervalle ! Irma et surtout l'ouragan Maria ont fait des victimes et d'importants ravages … ils n'ont pas épargné, on s'en doute, la végétation et les cocotiers. Ici, seuls quelques spécimens ont résisté aux bourrasques, à l'image de celui-ci, courbé et solitaire. Plus loin, les palmiers ont fait front face aux coups de vent, cette baie est sans doute moins exposée et de plus elle abrite une jolie plage de sable fin. Une plage populaire qui doit être bien plus fréquentée durant les week-ends.

Plus vers l'ouest, à l'horizon, s'étend la skyline de San Juan avec l'alignement des buildings des quartiers modernes de l'agglomération. Avec ce contre-jour, les silhouettes des immeubles se détachent entre ciel et mer. Une luminosité qui donne une nuance argentée à la surface de l'eau, pas mal du tout cet aspect plutôt photogénique.

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Avec sa concentration de buildings contemporains, ses résidences haut de gamme et ses hôtels de luxe, le quartier de Condado est parfois surnommé le « Manhattan portoricain ». A voir dans le secteur, surtout le front de mer avec une succession de jolies plages. Mais mieux vaut orienter son regard vers l'océan pour contempler les flots bleus et les vagues qui viennent lécher le sable blond ; car du côté opposé, le béton règne en maître. La vue de l'alignement de hautes résidences et d'hôtels n'est sans doute par l'aspect le plus esthétique des lieux.

Fin d'après-midi sur une des plages de ce littoral … le moment où les silhouettes en ombres chinoises s'allongent sur le sable. Au passage, vous pouvez distinguer mon ombre, c'est celle tout à droite sur la photo. Me voilà pris … en train de prendre la photo.

Entre les résidences, une place animée et un espace vert ... à nouveau un drapeau aux couleurs portoricaines, il flotte au gré des vents en se jouant des rayons du soleil. Et si avant de débarquer sur l'île je n'avais aucune idée de l'aspect du drapeau de Porto Rico, il n'aura fallu que peu de temps pour apprendre à le connaître.

Décidément on les voit vraiment partout ces emblèmes de l'île. Sur mes photos, ils apparaissent, pourrait-on dire, comme un fil rouge (enfin, bleu et blanc !) tout au long de mon récit.

La voie rapide qui relie les quartiers périphériques au centre de la ville historique de San Juan, offre au regard du visiteur deux visages de l'agglomération. D'un côté, les immeubles cubiques et confortables du secteur bordant l'océan et de l'autre, le secteur plus populaire avec des alignements de modestes habitations. Deux aspects, presque deux mondes avec des modes de vie bien différents, mais un seul pays … quel contraste !

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Son évocation est ici incontournable, comme d'ailleurs dans beaucoup d'îles des Antilles. Je veux bien entendu parler du célèbre découvreur du Nouveau Monde en la personne de Christophe Colomb.

Nous voici de retour dans la vieille ville de San Juan, au pied d'une colonne sur laquelle est juchée une statue du navigateur. C'est en 1493, au cours de sa seconde expédition dans les Caraïbes qu'il a abordé cette île, ajoutant ainsi à l'empire espagnol, une nouvelle colonie.

La Place Colomb fait partie des lieux incontournables de San Juan, particulièrement fréquentée et animée en fin d'après-midi, la proximité de nombreuses terrasses de restaurants et de bars n'y est sans doute pas étrangère. Quant à l'ambiance musicale, vous l'imaginez aisément, Porto Rico étant le pays de la dansante salsa !

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D'une autre manière on pourrait dire : vaut la peine d'être vu mais surtout d'être bu … Flânant dans la vieille ville et plus précisément en passant au 104 de la rue commerçante Fortaleza, il faut jeter un coup d’œil à cette maison à la façade rose.

Rien d'exceptionnel dans son architecture mais une plaque informe le visiteur sur la particularité du lieu. C'est dans cette construction qu'a été créée la boisson emblématique de Porto Rico : la savoureuse Piña Colada. C'était en 1963.Un cocktail simple à réaliser, du jus d'ananas, du lait de coco et du rhum … mais pour le rhum, ici on vous vantera la production locale: le célèbre ron Bacardi ! Du blanc ou encore du Gold, c'est encore meilleur ou pourquoi pas un mix des deux.

Bacardi est devenu une institution à Porto Rico ; dans la grande distillerie située près de San Juan, on produit dit-on, 100 000 litres par jour ! Cette distillerie, parfois nommée la « Cathédrale du rhum », se visite pour en apprendre beaucoup sur l'élaboration du fameux Ron sans oublier la dégustation qui ravit (et enivre !) les visiteurs.

Bacardi était à l'origine une marque cubaine, la première distillerie (1862) se trouvait à l'époque précisément à Santiago de Cuba. Quant à l'emblème de la marque, une chauve-souris toujours en bonne place sur les bouteilles, la petite histoire raconte que c'est l'épouse du fondateur qui en a eu l'idée, tant il y avait de chauve-souris dans la charpente de la distillerie. Et puis, l'animal était paraît-il un symbole de bonne santé …

Les occasions de déguster un cocktail ou un petit verre de rhum ne manquent pas à San Juan. De nombreuses terrasses et bars vous y invitent. Sur la photo de cet établissement très couleur locale, on constate que les bières sont aussi proposées en nombre.

Finalement c'est à une terrasse, entre vieille ville et port, que se fera notre pause cocktail. Est-ce par esprit de contradiction ? mais mon envie se portera non pas vers une piña colada mais pour un classique rhum coca (light) ; une touche de saveur locale avec du rhum associée à une plus américaine avec le coca, on peut même y ajouter une pensée pour l'île sœur de Cuba puisque la fameuse boisson est aussi nommée Cuba libre … allez, santé !

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Ainsi s'achève notre courte escale à San Juan. Seulement une bonne dizaine de sites visités … mais vous vous doutez qu'il y en a bien d'autres à découvrir : monuments et musées côté culture et puis bien d'autres ambiances à ressentir en compagnie des habitants de Porto Rico. Et au-delà de la ville, plus dans l'intérieur de l'île, une nature tropicale exubérante attend les visiteurs …

Des visites touristiques qui en cette période de pandémie ne peuvent être que virtuelles ! Pour l'évasion et les voyages, il nous faudra donc attendre des jours meilleurs, c'est ainsi.


Jean Saint-Martin - San Juan de Porto Rico – 2020