Lors de notre séjour à Bangkok, nous avons rencontré une guide Servas nommée Sunisa. Elle nous avait proposé de visiter le quartier Asiatique (c’est son nom) pour une soirée. Il s’agissait d’un sordide centre d’attractions touristiques au bord du fleuve Chao Prayah avec ses restos branchés hors de prix. Néanmoins, la vue sur la ville y était magnifique et le poulet grillé une décadence. Comme Sunisa était une grande amatrice de plongée, nous avons discuté avec elle des meilleurs choix qui s’offraient à nous dans les îles du sud. De toutes les options, Koh Tao rassemblait le plus grand nombre d’avantages. Ile pas très grande, elle a probablement la plus haute densité d’écoles de plongée au monde, il y en a plus de 80 apparemment. Les sites de plongée sont superbes et proches de l’île, donc pas de longs déplacements en perspective. Egalement, l’île offre aussi beaucoup d’options pour le snorkeling. Située dans le golfe de Thaïlande, la faune et la flore exotiques y sont très riches, mais son eau est apparemment un peu trouble. Avec notre faible expérience de l’eau paradisiaque, on a trouvé que la visibilité était très bonne.
Et c’est donc en direction que Koh Tao que nous avons quitté Bangkok deux jours plus tard. Quand on se procure un ticket pour ce genre de trajet, le bus et le bateau sont combinés, les transferts sont synchronisés, pas besoin de réfléchir, on se laisse porter. Si Bangkok était la ville des chats, Koh Tao est clairement l’île des chiens. Ils sont partout, surtout endormis sur la plage, en train de « chasser » les poissons ou bien à jouer les assistants plongeurs.
Arrivée à Koh Tao Nous avions réservé l’hébergement dans un centre de plongée, Coral Grand divers, sur les conseils de Sunisa. Aurélie voulait compléter sa certification Open Water et JF voulait faire un cours de refresh. Après 27 ans d’inactivité, ce n’était pas un luxe.
Arrivés sur place, déjà on se trouvait un peu décentré par rapport à la ville. Nous étions à environ 1km du mini centre ville qui lui était environ à 2km du port. On nous montra notre chambre qui était ultra de base. En fait, c’était simplement une boite de planches. Quand le voisin éternue, on reçoit des postillons (façon de parler).
Notre hébergement sur Koh Tao et les alentours.Ce centre donnait aussi le cours de refresh Open Water, mais les prix semblaient un peu élevés, et avec 80 écoles sur l’île, je ne pouvais pas croire que la concurrence n’offrait pas mieux. Donc, quand Aurélie faisait son premier jour d’Open Water, j’ai écumé toutes les écoles, ou presque, et j’ai trouvé pas mal moins cher, dans un centre PADI 5 étoiles, rien de moins. L’école Isla Tortuga me semblait professionnelle et son staff était très sympathique. J’accorde beaucoup d’importance au premier contact, la clarté des informations, des tarifs et le déroulement du cours.
Le lendemain, j’avais rendez-vous avec Gus (Gustavo, oui, c’était une école essspanole) pour mon refresh. Pour le même prix, j’avais deux plongées fun dive incluses. Je suis donc parti avec eux en après midi vers Mango bay. Ma première plongée dura 20 minutes, je n’arrivais pas à descendre au fond, je flottais comme un bouchon et je devais ramer comme un malade, la tête en bas, pour rester en flottaison. Bilan, à travailler comme un beau diable, j’ai épuisé ma réserve d’air très rapidement. Ma seconde plongée fut encore plus courte, 10 minutes, je ne pouvais plus descendre, je n’arrivais plus à égaliser la pression dans mes oreilles. Je me rendis compte, après avoir consulté Ben (ami plongeur au Québec), que je devais être victime de l’otite du plongeur. L’eau salée et les micro-organismes irritent l’oreille et provoquent de l’inflammation, rendant impossible l’essentiel équilibrage.
Pour sa part, Aurélie compléta sans mal sa formation et fit ses deux plongées, à son plus grand bonheur (Note d’Aurélie : le bonheur n’est pas arrivé de suite, c’était très effrayant au début. Il fallait taire cette petite voix qui disait que c’est contre nature d’aller sous l’eau et qu’on s’en allait vers une mort certaine. Les premières plongées étant consacrées à l’apprentissage, on n’a pas le temps de profiter du moment et de la raison pour laquelle on plonge : voir la faune et la flore sous marine.)
Je me suis beaucoup amusé à voir évoluer la faune de plongeurs sur le bateau. Éminemment sympathique, elle était composée de « dude », qui s’interpellaient entre eux par le sobriquet « dude ». Les dudes, blonds, grands et musclés étaient surexcités par la plongée et tout ce qui l’entourait. Sauter dans l’eau du toit du bateau de deux étages, faire des cabrioles et piéger leurs autres amis dudes avec des blagues potaches les amusaient au plus haut point. L’un d’entre eux d’ailleurs semblait au paroxysme de l’excitation quand à sa seconde plongée il vit un tortue de mer. Déjà, il monta les marches du bateau d’une seule enjambée en lâchant un « SHIIIIIIIIIIIITTTT » à l’intention de tout le monde présent. Il alla aussitôt voir un de ses dudes pour lui dire « SAW A TUUURTLLEEEE!! » pour ensuite s’élancer par dessus la rambarde et exécuter une belle bombe dans l’océan.
Cours de PADI Open Water avec Kray, instructeur patient et efficaceLe snorkeling des jours suivants ne nous laissa pas en reste. Au début, on se contentait du récif en avant de notre auberge. Se contenter était un bien grand mot car les spécimens de poissons tropicaux étaient très variés et colorés. On voyait beaucoup de poissons perroquets. Ce dernier est assez baquet et imposant par sa taille, il est facilement reconnaissable à ses couleurs, semblables à celles dudit volatile. Vert vibrant et bleu avec des reflets métalliques, il croque sans relâche les coraux pour se nourrir. Les petits curieux que l’on retrouve partout, jaune rayés noir viennent nous voir de très près et si on les laisse faire, commencent à nous mordiller le bout des orteils. Il y a aussi beaucoup de moon fish, semblables aux couleurs du poisson perroquet, il est beaucoup plus petit et effilé. Il a environ la taille d’un gros cigare. Certains de ces spécimens, pas tous, on appris à repérer les blessures et viennent rapidement pour tenter de croquer la peau morte. Il n’y vont pas avec le dos de la main morte et ça fait assez mal. Ce sont eux aussi des poissons de coraux et leur mâchoire conçue pour les coraux n’ont aucun mal avec la chair molle des humains. Il y a aussi les nettoyeurs, de la taille d’une sardine en boite ils ont un peu une forme de missiles et sont facilement reconnaissables à leurs deux bandes bleues fluorescentes. Eux aussi adorent mordiller les orteils, mais vu leur taille, il est facile de s’en débarrasser. Il y a les razor fish, très fins et allongés de couleur argenté. Il ressemblent à de fines lames de métal. Ils sont si fins qu’on se demande bien où sont les organes dans ce corps. Un poisson qu’on voit beaucoup mais qui n’aime pas trop notre présence est le poisson ange, avec sa très longue et ondulante nageoire dorsale. Rayé jaune, noir et blanc, de forme presque carrée et doté d’un bec assez effilé il se déplace lentement, avec grâce. Et évidemment, le sol est jonché de concombres de mer, des petits, des gros, des foncés, des clairs, des avec des pics, etc. Il y a aussi beaucoup d’oursins avec leur très longs pics et on peut apercevoir dans le fond leur bouche.
Le lendemain, nous sommes allés dans une autre baie où dès les premiers pas, le fond descendait très rapidement. Mais comme partout, la grande quantité d’eau ne change rien, les poissons se tiennent dans les coraux, pas de coraux, pas de poisson. Quand on a la tête dans l’eau, on peut entendre de partout autour de nous le bruit des coraux qui craquent sous la dent des poissons. Ça fait un peu comme un grand bol de rice krispies, cric crac croc.
Et dans une des dernières baies que nous avons visitée, nous avons eu la chance de voir un poulpe et un groupe de bébés requins. Pareils à leurs parents avec la tache caractéristique sur la nageoire dorsale, ces derniers se montrent très timides et fuient aussitôt qu’on s’approche d’eux.
Durant ces sorties en snorkeling, et en plongée profonde, il fallait rester alerte pour le titan triggerfish. Le signal que l’on fait entre plongeurs pour l’identifier est le pistolet avec les doigts. Ce poisson est énorme et peut se montrer très territorial quand vient le temps de la nidification. Il fonce sur les plongeurs et croque tout ce qui est à portée, doigts, bras, palmes, etc. Sa morsure est redoutable, n’oubliez pas, son menu habituel est du corail. Il est préférable de se défendre avec ses palmes et fuir à reculons. Il ne faut pas tenter de le passer par le dessus, son territoire ayant une forme de cône inversé, il poursuivra ses attaques en montant. Si on voit un triggerfish de loin, on le contourne et si jamais sa nageoire dorsale est dressée c’est qu’il est énervé, on fuit en quatrième vitesse.
Poissons tropicaux ! Photos prises lors du snorkeling uniquement.Le soir venu, c’était apéro à la bière dans un verre plein de glaçons pour observer le soleil se coucher. Nous avions trouvé un bar avec musique d’ambiance lounge house et bean bags sur la plage. C’est là que nous avons passé tous nos apéros. Les derniers jours, il était inutile de passer commande, tout nous était servi selon nos désirs au moment de poser notre séant sur le sac de billes de styromousse géant. Inutile de vous dire que ce fut un choix déchirant quand il a fallu se décider à quitter l’île. Nous avions aussi trouvé notre resto favori qui faisait un excellent pad thaï, le Su Chili. Nous avions notre petit couple de papi-mamie qui vendait des fruits en bord de rue pour un prix ridicule. Nous avions aussi le vendeur d’ananas succulents. Ses fruits étaient aussi bon que celui-ci était antipathique, ce qui n’était pas peu dire. Et il y avait aussi un occidental qui confectionnait des sandwichs au poulet frit. Le tout Koh Tao faisait le détour pour aller s’en régaler. À lui seul, il devait faire plus de 200 sandwichs par jour !
Koh Tao en vrac Mais les choses étant ce qu’elles sont, cette démangeaison sous la semelle de nos souliers se fit sentir et après 8 jours dans cet endroit, il fallait partir.
Ce n’est qu’après notre départ que nous avons été informé des dangers de cette île. Apparemment, quelques familles mafieuses contrôlent tout sur cette île et on déplore bien des meurtres d’occidentaux non élucidés.
https://www.dailystar.co.uk/travel/travel-news/625806/Koh-Tao-Thailand-death-island-backpacker-murders