Par Jeff87
Road trip en VTT et en autonomie de 480km planifié sur 10 jours. Itinéraire de Reykjavik au Laudmannalaugar (Route 1, F26 et F225) et retour par l'est en passant par Vik (F208 puis Route 1)
Août 2018
7 jours
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Itinéraire planifié sur 10 jours : 480km 3310D+ soit 48km/331D+ par jour

Itinéraire finalement réalisé en 7 jours (tracés de couleurs) : 514km 3633D+ soit 73km /519D+ par jour

Plus de détails via l'onglet 'Itinéraire' du google sheet ci-dessous

https://docs.google.com/spreadsheets/d/1XnkXW4IZ7JzqiQMNWK10QuEW7A1z38qqlkixKzNJHMg/edit?usp=sharing

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Réveil 5h30, aouch, mais c'est parti pour l'aventure !

17kg de matériel et nourriture m'accompgane pour 8 jours d'autonomie sur les 10 planifiés. Le 1er jour de nourriture sera acheté sur place ainsi que le dernier en fonction de l'avancée de l'itinéraire.

Plus de détails via les onglets 'Equipements' et 'Nourriture' du google sheet ci-dessous https://docs.google.com/spreadsheets/d/1XnkXW4IZ7JzqiQMNWK10QuEW7A1z38qqlkixKzNJHMg/edit?usp=sharing

Direction la gare routière de Perrache afin de prendre le bus de 8h15 qui me déposera au terminal sud de l'aéroport d'Orly. Je m'y rend en voiture afin de ne pas trop suer dans les transports en commun , nous somme le 7 août 2018 et la canicule règne impitoyablement depuis quelques jours. Le km séparant la voiture de la gare me confirme que la randonnée à pied n'est plus pour moi 😀 mais cela reste à comparer avec le VTT qui sera une 1ère.

Assis dans le bus, le chauffeur démarre et c'est partiiiii ... ha non, faux départ, bus en panne...chauffeur en mode mécano mais sans succès, il contacte alors son responsable et un bus de rechange arrive 1h30 après. Par précaution j'avais prévu large à l'aéroport, mon avion de la compagnie Transavia décolle à 22h.


A l'aéroport je décide d’emballer mon sac tel un gros cadeau de noël, histoire de gagner en sérénité, car la tente et les gourdes sont attachées à l'extérieur du sac => https://www.safe-bag.com/fr/. Prix : 12€.

Seul un petit sac en toile contenant un peu de nourriture, mes papiers, un oreiller de voyage, une polaire, un bonnet et une moitié de pantalon convertible me tiendra compagnie dans l'avion. La température à Reykjavik est d'environ 10 degrés soit environ 25 degrés de moins qu'ici...


Assis à côté d'un couple de Français, nous discutons Islande entre autre choses. Serré comme une sardine au fond de cette boite de métal, le sommeil ne vient pas malgré l'oreiller de voyage confortable acheté à l'aéroport. Il semblerait que les architectes d'Airbus n'ont pas adapté l'avion aux personnes d'1m90 :/

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Arrivé avec 30 min d'avance à l'aéroport international de Keflavik (45km au sud de Reykjavik), il est minuit 30. L'Islande est habillée d'une atmosphère fraîche (environ 6 degrés) , j'enfile rapidos le bonnet, la polaire et la moitié de pantalon.

1ère étape, récupérer de l'argent auprès d'un distributeur de l'aéroport. 40 000 couronnes islandaises (environ 340€) sont retirées afin de pouvoir payer la 1ère nuit de camping à Reykjavik, le petit-dèj, la nourriture du 1er jour et la bonbonne de gaz. Le taux de change à cette date (07/08/2018) est de 1 euro pour 124,45 couronnes. Ajouté à cela 515 couronnes de taxe aéroportuaire ainsi que 10,86 euros (3,3% du retrait) de frais bancaire pour retrait à l'étranger, mon taux de change fut en réalité de 1 euro pour 118,90 couronnes.

Etape suivante, se rendre au camping de Reykjavík, pour cela je repère dans le hall 'arrivé' le membre de la compagnie de bus 'Grayline' auprès de laquelle le trajet fur réservé.

Arrivé au "Reykjavík Campsite, Sundlaugavegur 32" vers 1h30 du matin (3h30 heure française) dans un état de fatigue déjà bien avancé, je plante ma tente et prévoit de payer la nuit le matin comme prévu dans le cas d'une arrivée nocturne. Il s'agit de 2400 couronnes soit 19,38 euros.

Suite à un petit-déjeuner rapidement avalé, l'étape suivante est la récupération du VTT (montain bike) réservé par internet www.bikerental.is, auprès d'un loueur sélectionné parmi d'autres suite à quelques devis réalisés par e-mail. Il est équipé de 2 sacoches étanches de 20L, un casque, un petit antivol et d'un kit de réparation de crevaisons (chambre à air, pompe et rustines). Il s'agit d'un VTT de 29 pouces avec des pneus de 2,4 pouces, bref un VTT de bonne facture pour l'aventure. PRIX : 52850 couronnes pour 10 jours de locations soit 425,92 euros, oui la location d'un vtt est extrêmement cher et encore je m'en sors bien par rapport à d'autres loueurs contactés. Plus de détail via l'onglet 'devis VTT' du google sheet : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1XnkXW4IZ7JzqiQMNWK10QuEW7A1z38qqlkixKzNJHMg/edit?usp=sharing

J’attache la tente sur le guidon grâce aux sangles du sac de trek, et laisse le sac chez le loueur. Je rempli les sacoches ainsi que mon sac à dos de 30L et procède ensuite à l'accomplissement de l'étape 'bonbonne de gaz'. J'ai calculé qu'une bonbonne de 230g Primus suffirai largement car celle-ci permet de faire bouillir 20 litres d'eau soit 2 litres par jour et je devrai avoir besoin d'un demi-litre quotidiennement.

Une des station essence que j'avais localisé à proximité est malheureusement 'solde out' en gaz et les autres stations du coin n'ont pas de boutique :/ je retourne alors au camping et récupère 3 bonbonnes entamées (une de 450g , une de 240g et une de 100g avec une contenance respective si pleine de 810ml, 420ml et 178ml de gaz ) en espérant que cela suffira. Au final la bonbonne de 450g aura suffit et j'estime avoir utilisé environ 550ml de gaz sur 7 jours.

"Le camping de Reykjavik offre la possibilité de laisser ses bonbonnes de gaz entamées afin qu'elles soit éventuellement récupérées par d'autres randonneurs"

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VTT jour 1 : Heure de début 11h30, heure de fin 20h30. Nombre de Km parcourcus, 58 mais uniquement 44km de l'itinéraire prévu. Dénivelé réalisé, 507D+ 489D- mais uniquement 372D+ de l'itinéraire prévu.

La sortie de Reykjavík vers la route 1 est extrêmement compliquée, la capital est assez vallonnée et les grands axes ne sont pas vraiment conçus pour les VTT, par chance quelques pistes cyclables m'aident a rejoindre la route 1.

Une fois sur la route 1, la dangerosité de la situation reste assez élevée du fait de rafales de vent de 2/3 face et aux camions rasants qui m'emportent dans leur aspirations et me font dévier de ma route.

Route 1 : camions et accotements non praticables 

Le trajet est alors modifié par la prise de chemins parallèles (ou non) réservés aux passage de chevaux (sans doute). Il est déjà 14h et je sors à peine de la capitale.





Cependant le paysage commence à devenir sympa :

Région du Sudurland (sud de l'Island)

15km après la sortie de Reykjavik, une station service "Litla kaffistofan" est atteinte a grande peine. Celle-ci offre une piste jusqu'à la station géothermique "The Geothermal Energy Exhibition". Cela rallonge mon itinéraire mais j'ai pour la première fois un vent dans le dos, quel bonheur.

Un peu après je tombe sur des bains bouillonnants à flan de colline. Quelques touristes curieux s'y sont arrêtés. L'odeur de souffre devient vite insupportable et ne m'y attarde pas trop.

Près de l'auberge Skíðaskálinn í Hveradölum 

Peu après un chemin parallèle à la route 1 s'avère être un cul de sac et m'oblige à couper à travers champ afin de reprendre la route 1 et en portant le VTT sur le dos pour enjamber la séparation haute de 50cm située au milieu de la route.

Quelques km après me voici face au village de Hverargerdi, la vue est magnifique et la descente s'annonce technique.

Surplombant Hverargerdi 

Par sécurité je passe par un chemin fait de gravillon, terre et petits rochers.

A travers le tube vers Hverargerdi

J'essai de rouler un maximum pour ne pas prendre trop de retard sur mon planning mais vers 20h et avec la baisse de la température il devient urgent de trouver un coin abrité du vent pour planter la tente. Problème : la région offre uniquement des parcelles de terrains privées et donc clôturées, ainsi que peu d'endroits vallonnés. Finalement j'arrive au niveau d'une église et après un gros moment de réflexion, y plante la tante du côté abrité du vent qui est aussi le côté des pierres tombales, heureusement il y subsiste une zone de gazon suffisamment grande pour la tente.

Eglise Kotstrandarkirkja 

Vers 22h30, des bruits de portes de voitures qui claque me réveil, j'ai peur alors d'être délogé par des islandais mécontents. Après un bon moment d'attente et quelques bruits de portières, je décide d'aller à leurs rencontres pour expliquer ma situation. Ouf il s'agit enfait d'un couple de touristes passant la nuit dans leur auto sur le parking de l'église . Le bruit des portière était occasionné par leurs aller et venu vers un robinet attenant à l'église (sans doute utiliser pour l'arrosage des plantes). Chouette de l'eau disponible sans efforts 😀

Afin de ne pas devenir fou par le bruit du vent hurlant dans les oreilles, les boules-quies se sont révélées être une bonne solution.

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Réveil 7h30 après une nuit fraîche et venteuse, la route est reprise vers 9h30. Quelques km après voici le jolie village de Selfoss (6500 hab). Très fatigué, je décide de faire une sieste vers 13h en contre-bas de la route, quelques minutes après avoir fermé les yeux un duo de cycliste me réveil. L'un d'entre eux m'adresse la parole. Il semble être islandais , son accent et sa longue barbe le trahisse. Il me demande si tout va bien 😀 et lui répond que je me repose. Nous échangeons sur nos itinéraires et s'assurant de ma bonne santé il repart quelques minutes après. Un peu plus tard un autre cycliste me réveil, je lui fais un signe de pouce levé et il repart. Décidément, la route fut pauvre en cycliste jusque là et au moment ou je décide de dormir, bam 3 d'un coup.

Sur le chemin quelques montons froussard détalent :

Moutons qui décampent 

14h31, arrivé à l'intersection de la route 1 avec la F26 . Je suis censé la prendre un peu plus loin après avoir emprunté les chemins F264 et F268. Cependant au vue du retard prit, la méconnaissance des revêtements des chemins Fxxx et la connaissance du revêtement de la F26 (bitume) qui semble peu fréquenté , je décide d'emprunter la F26 qui me permettrait de rattraper un peu de retard. Tant pis pour les paysages des Fxxx.

Après avoir rechargé les gourdes dans la station-service placée à cette intersection, ainsi qu'avoir acheté un petit aérosol de lubrifiant pour chaîne de vélo, je repars et emprunte la F26. Vent de face en montée, quel cauchemars ! En plus des chevaux me narguent 😀

Au loin les glaciers Mýrdalsjökull et Eyjafjallajökull.

Glaciers en vue 

Un des nombreux centre équestre le long de la F26

Après 14km sur la F26, je suis à bout et décide de m'arrêter vers 17h et pose la tente dans une clairière privée que j’atteins en ouvrant et refermant une clôture de manière furtive afin de ne pas être repéré.

A 19h, des bruits de klaxons au loin me sorte de mes occupations. Les bruits se rapprochent et sont suivis par des bruits de sabots sur le bitume ! A travers le feuillage le spectacle est stupéfiant, des cheveux qui trottent "poussés" par des 4x4 ...

Repas du soir : colombo de poulet lyophilisé, un vrai délice ! Merci le vieux campeur 😀

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Réveillé par le jour vers 5h30, la nuit a été assez reposante pour une fois. Je reprend la route vers 6h45 avec une motivation énorme pour prendre de l'avance sur l'itinéraire. Sans cela il est incertain de pouvoir terminer le circuit prévu et je serais sans doute obligé de faire demi-tour avant de me retrouver trop loin de Reykjavik !

Au cours de la matinée, un oiseau voltige à quelques mètres au dessus de ma tête pendant quelques minutes, il m'accompagne pendant mon effort, émotion...

En fin de matinée, le pédalier commence a émettre un bruit de craquement a chaque coup de pédale. Aie ça sent l'axe du pédalier usé ça... ! Mentalement c'est compliqué mais je ne peux que continuer en priant pour qu'il tienne et qu'il ne se dévisse pas. En plus du retard, l'aventure s'annonce périlleuse..

Pour me rassurer je décide de gérer les montées en restant assis, à la "miguel hindurain" afin de ne pas mettre trop de poids sur les pédales.

Quelques centaines de mètres avant la bifurcation vers le chemin F225 menant au landmanalaugar le paysage commence a devenir désertique

Montagne "Búrfell " (669m)

11h43, F225 nous y voila ! Les choses sérieuses commences, adieu bitume et bonjour chemin chaotique.

Premier constat ma vitesse moyenne chute drastiquement. Second constat je vais devoir me ranger régulièrement sur le bas côté pour laisser passer les 4x4.

Début de la piste F225 

Les 4x4 soulèvent des longes traînées de poussière, l'idée pour ne pas se la prendre en pleine poire et pour ne pas en avoir sur la chaine, est de repérer le sens du vent et d'essayer d'anticiper chaque passage de 4x4 afin se ranger du bon côté

A propos le volcan Hekla n'est pas loin..essayons de ne pas le réveiller

Volcan Hekla 

Champs de lave a proximités

 Champ de lave mangé par la mousse

La piste F225 est faite de bosses, de zig, de zag, de sable, de poussières et de petits rochers, on se croirait presque dans un désert par moment. Purée que c'est sportif !

En chemin un motard s'arrête à mon niveau, un français 😀 et un clemontois de surcroît. Il me raconte qu'il est partit de Clermont 3 jours auparavant et qu'il a ensuite pris un ferry au Danemark pour arriver à l'ouest de l'Islande. Ferry gratuit pour les motos d'ailleurs. Il est bluffé par mon entreprise et en reste un peu sans voix.

Accrocher un drapeau français sur le porte bagage fut une bonne idée pour rencontrer des français ou se faire encourager lors des montées quand un 4x4 me dépassait.

Au vue des couleurs il semblerait que je me rapproche du landmannalaugar :

En chemin, au milieu de nul part, je tombe sur une remorque abandonnée, normal...mais que c'est beau !

Un panneau indique Landmannahellir, je ne doit vraiment plus être loin du Landmannalaugar. Pour info le Landmannahellir est une petite grotte située dans la zone d'influence du volcan Hekla. C'était un abri pour les fermiers avec leurs moutons. Aujourd'hui, il sert le tourisme. Quelques huttes ont été construites près de la grotte.

Vers le landmannahellir 

Une petite dizaine de km plus loin, ça y est je suis au Laudmannalaugar ! L'objectif est atteint ! En 2012, lors d'un trek entre amis je n'avais pas pu arriver jusqu'ici à cause d'ampoules ainsi lorsque je vois le panneau je ne peux retenir mon émotion, une sorte de sentiment de revanche et de fierté se mêlent dans ma tête . Yearrrrrr !!! Et en plus je suis désormais en avance sur mon tracé.

Arrivé au Landmannalaugar 

Vers 19h , 10h15 après avoir donné le premier coup de pédale, j'arrive sur le lac de Frostastadavatn et décide d'y installer mon bivouac. Le lieu est magnifique et paisible !

Lac Frostastadavatn 
Lac Frostastadavatn 

Quel magnifique journée que ce jour n°3, 77km parcourus et 933D+ !

Seul bémol, comme je ne me suis pas encore lavé, les moucherons du lac m’apprécient énormément et doit ainsi courir pour rentrer dans la tente avant de dormir afin de les semer et avoir le temps de fermer les zip de la tente derrière moi 😀

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Le froid me réveil vers 5h, je m'active alors pour me réchauffer et reprend la route vers 7h15. 1h plus tard le motard clermontois me recroise et raconte que cette nuit fut froide, environ 3 degrés ... Il raconte également que la veille il a raté les panneaux indiquant le landmannalaugar car il roulait trop vite. Je comprend alors mieux ses allers et venues bizarre d'hier sur le chemin. Il dit qu'il s'agissait un peu du lièvre et de la tortue en direction du laudmannalaugar nous deux. 😀

Aujourd'hui, je traverse une vingtaine de gués et décide de garder mes chaussons d'eau, tant pis pour le style, je privilégie l'efficacité ! La plupart des gués ne sont pas profond et je les passe sans poser pied à terre. Seul une demi-douzaine obligent a marcher à côté du VTT. Pour se rafraîchir les pieds s'est parfait :/

Un passage de gués sur la F208

Malgré le ciel couvert, les paysages restent magnifiques.

Effet miroir 
Lac Kullngavatn 

Le chemin s'élève brutalement vers 11h, et je fais l’accordéon avec un camping car de touriste français qui s'arrête régulièrement pour prendre des photos. Les encouragements pleuvent 😀

Non l'Islande du sud n'est pas plate

La route s'élève encore et de la neige devient visible par endroit. Voici l'entrée du parc national du glacier Vatnajokul

Parc national du glacier Vatnajokul 

13h30 après pas mal de montées, quelques descentes et de gués, je gravis une énième pente mais la vue que celle-ci offre une fois au sommet restera longtemps dans ma mémoire , quelle claque ! Je dois être au point le plus élevé de mon circuit. Émotion et sensation d'être sur le toit de l'Islande !

Sur le toit de l'Islande 

Le reste de la journée se déroule globalement en descente . Au total le dénivelé négatif aura été de 1236 mètres sur cette journée.

La descente est réalisée a toute allure, quel pied ! De la verdure et le vent de la plaine pointent le bout de leurs nez.

A propos il y a beaucoup de Cairn en Islande 
Repéré !

Au cours de la descente, je me retrouve nez à nez avec 3 moutons skoittant le milieu de la route. Pris de panique ils détallent à toute allure sur leurs fines jambes et je m'étonne alors qu'ils ne glissent pas ou ne dérapent pas vu leur stress ! Moment drôle 😀

Vers 19h alors que les environs sont a nouveau remplis de zones privées dédiés au chevaux il devient urgent de trouver un emplacement pour le bivouac abrité du vent. La recherche d'une zone s'avère compliquée et stressante. Je dois gravir une petite colline à travers champs afin d'être isolé de la vue des habitations et de la route. Cet effort m'achève, la journée fut une nouvelle fois longue, belle et sportive. Mais je ne suis pas au bout de mes peines ...

En déballant les affaires de couchage, je constate une odeur chimique émanant de la sacoche contenant entre autre le sac de couchage. Horreur, celui-ci est imbibé par le lubrifiant de chaîne de vélo. qui était pourtant dans un sac plastique. L'aérosol contenant le liquide est vide et le capuchon n'est plus là....

Il est 20h30, la température du jour baisse ainsi que ma température corporelle d'autant plus que je suis extrêmement fatigué et que le lieu du bivouac n'est pas complètement abrité du vent.

Ne pas paniquer...Je décide de sortir la couverture de survie, le moment est vraiment bien choisi pour cela, j'emballe ensuite le sac de couchage dans la couverture de survie afin de bloquer les émanations chimique et décide d'y dormir avec mes habits de pluie afin de ne pas servir d'éponge au liquide. Un maximum d'aération sont laissées afin de ne pas s'asphyxier. Je tente ensuite de m'endormir quelque peu anxieux..

Quelques minutes plus tard, je commence a avoir la tête qui tourne et ne me sens pas très bien.. pris de panique je sors du sac de couchage et de la tente pour respirer à plein poumon...il fait presque nuit.

Que faire ? rester éveiller jusqu'au lendemain ou tenter de dormir dehors quitte à avoir froid ? moment de doute. Je tente alors de dormir à l'extérieur de la tente, sous le haut-vent afin d'avoir un toit sur la tête, mais malheureusement les émanations qui remonte du sac de couchage et arrivant dans mes narines sont trop fortes, je ne me sens à nouveau pas bien...galère..

Finalement je dors dans la tente avec la tête a l'extérieur isolée au maximum par les fermetures de la tente arrivant jusqu'au cou. Nuit stressante et inconfortable en perspective.

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Après une nuit peu reposante, la route est reprise tardivement vers 9h45 et me situe alors au point le plus éloigné de Reykjavik, c'est à dire à 250 km. Avec un sac de couchage qu'on ne peut plus vraiment nommé de la sorte, la fin du voyage s'annonce compliquée.

En fin de matinée lors d'une pause abricots sec/noix de cajou, un homme sur un vélocipède passe sur la route...je n'en reviens pas. Assis sur son engin, sa tête est située à environ 2,50 m du sol et il avance a plutôt bonne allure. Je dégaine malheureusement mon appareil photo trop tard.

Quelques kilomètres plus loin, une curiosité géologique apparaît au bord de la route. Il s'agit d'un champ de lave nommé "Laufskalavarda". Je demande a un touriste de me prendre en photo, tiens encore un français 😀

4h et 40km après, vers 16h, me voici déjà aux abord du village de Vik et celà malgré une longue pause déjeuner.

Je rencontre alors un islandais téméraire escaladant une colline pour prendre une belle photo d'une cascade. Sans doute islandais car il est en t-shirt alors que je suis en polaire malgré l'effort du vtt.

Cascade et touriste téméraire 

16h15, arrivé au village de Vik, curieusement l'émotion m'envahit en voyant ce jolie village paisible. Quelques couples de randonneurs m'adressent des sourires et me saluent.

Fameux pic rocheux de Reynisfjara près de Vik

L'émotion est de courte durée et une énorme côte se dresse devant moi. C'est le moment de se mettre en t-shirt pour la première fois du voyage.

Par la suite je prend un plaisir fou avec le vent dans le dos et m'amuse à calculer ma vitesse moyenne sur certaines distances. Pour cela je chronomètre mentalement le temps entre les panneaux annonçant certain lieux et ces lieux une fois arrivé a leurs hauteurs. J'arrive a certaines moyennes de 25km/h.

Repéré ! 

Vers 19h, le temps se dégrade et la pluie ne semble pas loin, il devient urgent de se rapprocher des collines environnantes afin de trouver un lieu pour le bivouac. En chemin un baraquement abandonné se trouve placé là au milieu de nul part . Je tente d'y entrer. Malheureusement les portes et fenêtres sont solidement clouées :/ dommage ça aurait été un refuge sympa 😦 Un peu plus loin je trouve une petite cuvette herbeuse à flan de colline entouré d'arbres, parfait ! A moment de monter la tente, la pluie commence à tomber ! Le ciel ne pouvait pas attendre quelques minutes de plus ? j'enrage mais me dépêche ! La météo se dégrade encore et des bourrasques de vent arrives à se faufiler jusqu'à mon bivouac que je croyais pourtant abrité. J’attache la tente au vtt pour plus de sûreté.

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Réveil difficile vers 7h, la pluie ne s'est toujours pas arrêtée depuis la veille. Points positifs je n'ai pas eu froid cette nuit et mon couchage en mode survie est au point.

Je décide de repartir vers 9h15 malgré la pluie car n'ayant aucune information sur la météo.

Quelques km plus loin me voici au croisement de la route 1 avec la piste menant à la carcasse d'un avion DC-3 . Le détour est de 7km aller-retour mais apparemment il s'agit de quelque chose à voir absolument. La piste est en mauvaise état et l'avancée est compliquée. Malgré la pluie, le vent et l'heure assez matinale (10h), de nombreux touristes sont présents.

Arrivé à la carcasse, elle me sert d'abris. Mes pieds et mains sont gelés mais tente de garder le sourire pour la photo ci-dessous.

Carcasse du Douglas DC-3  
Carcasse du Douglas DC-3  

Le Douglas DC-3 a attéri d'urgence le 21 novembre 1973 sur le Solheimasandur, une plaine côtière du Sud du pays. L'appareil appartenant à la Navy venait d'acheminer du matériel militaire à l'aéroport de Hornafjörour pour la station radar de Stokksnes. Il est confronté au retour à un important dépôt de glace sur la carlingue qui l'alourdit et l'oblige à atterrir, ne pouvant plus maintenir son altitude de croisière. L'équipage choisit le Sólheimasandur comme site et l'avion s'immobilise sur une rivière gelée dont la glace cède sous le poids de l'appareil. La carcasse de l'avion est abandonnée sur place et constitue depuis un site touristique de cette région de l'Islande

Vers midi la situation devient périlleuse mais par chance une épicerie est placée là . J'entreprend de m'y reposer et d'y sécher un peu mes gants et chaussures. Le gérant me prête même un torchon, sympa !

A proximité, la fameuse chute de skogafoss

Skogafoss 

Pour faire bonne figure, j'achète un paquet de cacahuète et un café.

L'épicerie propose une connexion internet via un wifii gratuit 😀. top !

La météo indique que la pluie s'arrêtera normalement vers 18h et que demain sera le dernier jour de beau temps avant 2 jours de pluie. Je décide alors d'arrêter mon aventure quoi qu'il arrive demain soir et prendrai alors à ce moment là un bus de la société Straéto pour rentrer à Reykjavik. Je juge trop risqué d'affronter un jour de pluie identique à celui-ci.

Les bus de la société Straéto https://www.straeto.is proposent le transport de vélo (3-4 vélos max) sur un porte-bagage arrière. Le billet peut être acheté directement auprès du chauffeur mais les sangles pour attacher le vélo ne sont pas fournies. Les bus numéro 51 et 52 circulent sur la route 1 au sud de L'île.

Voici les villages situés sur la route jusqu'à Reykjavík et proposant des arrêts de bus :

  • Skogar (3km en arrière) : je pourrai ainsi rentrer le soir même ...
  • Hvolsvöllur, situé à 45km de l'épicerie . Comme la pluie est censée stopper en fin de journée, cette destination semble atteignable.
  • Hella, situé à 58 km de l'épicerie et à 94km de Reykjavík
  • Selfoss, situé à 84 km de l'épicerie et à 68km de Reykjavík
  • Hveragerdi : situé à 107 km de l'épicerie . Il s'agit du dernier village avant Reykjavík qui est située 45km après.

Situé à 152 km de l'arrivée, il me reste un jour et quelques heures de beau temps. J'enrage, je n'arriverai sans doute pas au bout 😦

Vers 16h30, l'averse s'arrête enfin et la route est reprise pied au planché, direction Hvolsvöllur. Le village est atteins à 18h57 avec une vitesse moyenne de 18km/h. Tant que le vent est de dos je peux a peu près rouler l'esprit tranquille. Je décide alors de pousser un peu plus jusqu'à Hella, après tout ce n'est que 13km en plus, mais que les derniers km furent pénibles...

En chemin sur la route 1

Un peu avant l'arrivé à Hella je décide de me faufiler dans une petite foret pour y installer le bivouac.

Alors que je m'apprête a me coucher après un bon dîner lyophilisé (couscous de poulet), j'entend des bruits de voix ainsi que les aboiements d'un chien. Les bruits se se rapprochent ! Zut me voilà repéré. J'aperçois alors des silhouettes, puis les bruits s'éloignent.

Quelques minutes après un quad se met a circuler en rond autour de ma position. Ce n'est sans doute pas une coïncidence , je décide de décamper et m'installe ensuite le long d'une rivière traversant Hella, non sans avoir aperçu un panneau "camping forbidden"... tant pis le risque est prit, et me pose le plus loin possible d’habitations.

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Réveil à 5h et départ du lieu de bivouac vers 6h, histoire d'éviter toutes visites de courtoisies d'Islandais. Le petit-déjeuner est prit vers 9h et je profite d'une jolie éclaircie ensoleillée pour faire une sieste dans l'herbe. En chemin certains lieux familiers apparaissent, notamment la station service situé au croisement de la F26 dans laquelle j'ai acheté un lubrifiant pour chaine de vélo qui m'aura causé tant de tord.

Station service ÓB Holtahreppur Vegamót 

L'église qui m'aura servi de bivouac le 1er jour est également à nouveau en vue. J'en profite pour remplir mes gourdes et jeter tous mes déchets et autres objets superflu afin de m’alléger au maximum avant ce qui s'apparentent au sprint final vers Reykjavik.

Arrivé dans la ville de Selfoss je me met en quête d'un sac de couchage. Après avoir fait toutes les boutiques, j'arrive a en trouver un convenable ayant un bon rapport qualité-prix, cependant dans mon état de saleté il serait dommage de l'utiliser. Je rêve des douches chaude du camping de Reykjavík.

15h et encore 50km à parcourir. Arrivé à Hverargerdi vers 16h30 un mur se dresse devant moi :

Cette fois-ci dans le sens de la montée : 11km et 300 mètres de dénivelé 

Que faire ? prendre le bus le soir ou tenter de passer et terminer comme je peux jusqu'à Reykjavik ? Au pire si il m'arrive un pépin physique je pourrai toujours revenir à Hverargerdi . Par contre si le pépin arrive dans quelque chose comme 20 ou 30km, au milieu de rien, a mi-chemin entre la capitale et Hverargerdi, il sera alors tard et la météo sera mauvaise...

Mais le coup vaut la peine d'être tenté ! Le t-shirt est de rigueur, j'avale quelques gorgées d'eau et quelques poignées de fruits sec , cacahuètes/noix de cajou et me lance dans l’ascension. Mentalement je suis au taquet ! Vu d'un automobiliste passant par là, je suis un cycliste en t-shirt rouge vif chahuté par le vent dans cette grosse montée, par une météo humide et fraîche, et restant assis sur sa selle.

La montée s'avère être interminable. A 2 reprises des débuts de crampes jouent à me faire peur.. je prie pour que ça passe...je rage mais me bats !

Au sommet, la polaire et le k-way sont enfilés le plus vite possible, j'avale un peu d'eau et quelques calories tout en gigotant afin de rester "chaud" et espère que le re-démarrage se passera bien. C'est souvent à ce moment là que les problèmes musculaire arrivent

Ouf ça tient ! I did it !!

Vers 19h voici les abords de la capitale ! Victoire ! A 21h je suis de retour au camping, j'ai 3 jours d'avance et 3kg en moins.

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Le road trip fut inconfortable la plupart du temps (retard sur itinéraire prévu, craquements au niveau du pédalier, sac de couchage souillé, difficultées a trouver des lieux de bivouac, peu de sommeil) mais l'émotion ressenti à plusieurs moments ainsi que la satisfaction d'y être arrivé malgré tout, compense largement cet inconfort.

J'ai pu constater que l'instinct de survie n'est jamais bien loin lorsque la gravité des problèmes augmente. J'ai pu également découvrir des ressources mentales que je ne soupçonnais pas.

Le corps humain tel une machine à convertir des calories en énergie s'est avéré réagir de plus en plus efficacement et rapidement à l'apport de nourriture.

Je retiens la montée finale à Hverargerdi le dernier jour sous un temps exécrable, et la sensation qu'en cas d’arrêt je ne pourrais ne plus jamais repartir et que ce voyage serait un échec. La rage d'avancer a été la plus forte.

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  • Nourriture : en moyen 2877 kcal ont été avalés par jour, ce qui s'est révélé clairement insuffisant comme j'ai perdu 3kg sur les 7 jours. Cependant je n'ai pas eu de problèmes physiques. Plus de détails via l'onglet 'nourriture' du google sheet : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1XnkXW4IZ7JzqiQMNWK10QuEW7A1z38qqlkixKzNJHMg/edit?usp=sharing
  • Erreurs commises
  1. Emporter de la spiruline : impossible à manger 'nature' avec de l'eau.
  2. N'avoir pas regarder si il existait des campings dans les villages traversées afin de me simplifier la vie pour la recherche d'un emplacement pour la tente.
  3. N'avoir pas mieux repérer les pistes cyclables pour sortir de Reykjavík
  4. N'avoir pas penser à prendre un peu d'équipement pour réparer le VTT (clés 6 pans etc). Par chance je n'ai pas eu de problème avec le vélo.
  5. Equipement inutile : la casquette, le peu de temps ou je n'avais pas le casque, j'avais de toute façon le bonnet. La boussole, inutile étant donné que je connaissais les chemins à prendre par cœur et qu'il y avait peu de chance que je me retrouve perdu au milieu de nul part. Lentilles journalières, j'ai finalement utilisé uniquement mes lunettes de vue.
  6. Avoir rangé le sac de couchage a proximité de l'aérosol de lubrifiant pour chaîne de vélo.
  7. N'avoir pas été mieux équipé contre la pluie au niveau des pieds et des mains. Le k-way , pourtant censé être étanche (acheté au vieux campeur) a montré également quelques problèmes.
  • Trucs / astuces
  1. Afin d'éviter la monotonie de certaines portions de route, la musique s'est révélé un bon allié. Attention à ne pas mettre les 2 écouteurs afin de garder une oreille attentive sur la route.
  2. Boule quiess contre les moments de fort vent.
  3. Repérer le sens du vent et anticiper le passage des 4x4 lorsque le circuit s'effectue sur piste afin d'éviter leurs traînées de poussière.
  4. L'eau de ruisseau peut être bu directement tant que celle-ci n'est pas stagnante.